Tag impulsivité

Les lettres de ta vie, les lettres de nos vies ! Partie 3 

 

Parents,

 

Parents, donnez-vous le droit…

 

Ma fille, je l’aime et je ne la changerais pour rien au monde. Si elle m’a choisie comme maman, c’est qu’elle savait qu’ensemble, nous saurions trouver les solutions pour qu’elle s’épanouisse pleinement. Que nous transformerions son TDAH/I pour qu’il ne soit plus un obstacle, mais bien une de ses plus grandes forces.

 

Mais ça demande du travail. Chacun de nous qui vit avec un enfant « différent » (que ce soit avec un TDAH, un TSA ou autre différence), ça nous demande un grand investissement. Et je crois que nous ne nous donnons pas assez le droit de ne pas être parfaits. Alors moi, j’ai décidé de me donner cette chance. Je me donne le droit :

 

1.  De pleurer

Parce que mon intervention n’a pas fonctionné. Parce que j’en ai ras le bol de toujours être à 110 % de ma capacité. Parce que je suis triste des fois, et que je me sens seule, très seule.

 

2. D’être dépassée et fatiguée

Ma fille me demande souvent de me renouveler. De trouver de nouvelles façons d’intervenir, de trouver des trucs pour lui faciliter la vie. Mais parfois, je suis à court de ressources. Je suis dépassée, fatiguée et je voudrais que ce soit facile comme avec ma grande.

 

3. De demander de l’aide

Juste d’en parler des fois, ça fait du bien. Demander un break à mamie ou papi ou encore à un ami. Si tu as besoin d’aller plus loin, ton CLSC peut t’aider. Tu as la chance d’avoir de bonnes assurances privées? Lance-toi au privé pour un psy, un psychoéducateur, etc. J’ai la chance d’avoir un bon réseau, mais ça ne suffisait pas. Je me suis entourée de professionnels pour m’aider.

 

4. De perdre patience

Malgré toute ma bonne volonté, je perds patience parfois (souvent). J’ai appris à me pardonner. C’est arrivé et ça arrivera encore. Je m’excuse à ma fille, j’en parle avec elle.

 

5. De faire des erreurs

Je ne suis pas parfaite, personne ne l’est. Ce n’est pas le nombre de fois que l’on tombe qui compte, mais bien le nombre de fois qu’on se relève. Permets-toi de te tromper, ça prouve que tu essaies.

 

6. De souhaiter disparaître

Oui, parfois, c’est difficile, on n’en peut juste plus. Souhaiter disparaître sur une île déserte seule et sans enfants nous paraît la meilleure solution. Ne t’en veux pas de penser ainsi, ça nous arrive tous. Lâche prise, mais le lendemain, relève tes manches et bats-toi plus fort.

 

 

Mélanie Paradis

Les lettres de ta vie (TDAH/I)

Les lettres de ta vie ( TDAH/I) partie 1</a

Les lettres de ta vie ( TDAH/I) partie 1

 

La médication : la suite

 

Il y a une suite à ce matin-là. Tu as avalé la pilule comme une grande, d’un seul coup. Tu étais tellement fière de toi. Moi, j’angoissais, j’avais peur. Deviendrais-tu un zombie? Deviendrais-tu l’ombre de toi-même? Est-ce que je venais de tuer ta spontanéité, ta créativité? J’ai attendu, avec toi. Il y avait de l’école ce jour-là, mais je t’ai gardée avec moi.

 

Ça faisait maintenant une heure que tu avais cette pilule dans le ventre et que moi, j’avais une enclume d’inquiétudes dans le mien. Je te trouvais différente, encore plus impulsive, plus agressive. Je me suis dit que ce n’était peut-être qu’une mauvaise journée. Si seulement ça n’avait été qu’une dure journée…

 

Ce soir-là, je me suis couchée. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil. Je ne savais plus trop quoi faire. La médication devait t’aider, pas tout empirer! Le lendemain, matin, je t’ai donné la pilule avec une certaine appréhension. Et c’est là que trente minutes plus tard, tu as explosé.

 

Une crise d’une telle intensité que je ne savais plus quoi faire. Moi, éducatrice spécialisée de formation, j’ai figé. Tu me frappais fort, trop fort. Je suis sortie de ma torpeur. J’essayais de te calmer avec des paroles. Rien n’y faisait. Tout, tout, alimentait ta colère. J’ai eu peur pour tes sœurs, j’ai demandé à ton grand frère de les amener au sous-sol avec lui. Et j’ai fait ce que je ne croyais jamais faire avec mes enfants, de la contention. Je n’avais plus le choix, tu lançais tout ce qu’il y avait à ta portée. Tu te frappais. Je n’en pouvais plus. Je t’ai tenue contre moi… Et j’ai attendu que la crise passe. Tu me vomissais des injures, des insultes, en te débattant férocement. J’encaissais à grands coups de bleus sur le cœur. Je pleurais. Tu étais devenue Mr. Hyde. Une fois calmée, je t’ai conduite à l’école; nous étions aussi épuisées une que l’autre.

 

Je suis revenue à la maison. Je n’arrivais plus à contenir mes larmes. Je peinais à respirer, je paniquais. Je ne sais pas comment, mais j’ai réussi à appeler la pharmacie. Ils m’ont dit : « Tu arrêtes maintenant et tu appelles ton médecin ». C’est ce que j’ai fait. J’ai raconté notre histoire de façon maladroite à sa secrétaire, mais elle a senti l’urgence. Elle m’a fait patienter quelques minutes au bout de la ligne. Elle m’est revenue en me disant : « Est-ce que tu peux venir maintenant? Le médecin t’attend. » J’ai cette chance-là, d’avoir un médecin super.

 

Il m’a expliqué que nous n’avions pas la bonne molécule, qu’il fallait en essayer une autre. Il m’a dit que malheureusement, avec le TDAH, c’est de cette façon qu’on fonctionne, avec des essais et des erreurs. On a changé la molécule…

 

Cette fois-ci fut la bonne. Je reçois des billets de bons comportements de l’école. Tu es même l’élève du mois. Tu as retrouvé ton sourire. Tu recommences à croire que tu peux y arriver. Tu ne parles plus de vouloir mourir. Tu apprends à être fière de toi.

 

Est-ce que tout est parfait… non. La médication nous aide, mais elle ne règle pas tout. On continue de travailler fort avec toi. On poursuit le suivi en psychoéducation.

 

Et ce matin, en prenant ta pilule, tu m’as dit : « Maman merci! Le monstre dans mon ventre est calme. J’arrive à me concentrer, tout est plus calme dans ma tête. Il n’y a plus de tempêtes. Je t’aime maman! »

 

Mélanie Paradis

 

Les lettres de ta vie (TDAH/I)

La médication

Ce matin-là, le cadran a sonné à 5 h 30, comme

La médication

Ce matin-là, le cadran a sonné à 5 h 30, comme tous les matins. Contrairement à l’habitude, il ne m’a pas réveillée, je l’étais déjà. Je ne pourrais pas dire depuis quand je fixais le plafond. Une heure, deux, peut-être même trois. Je savais que ce matin-là serait différent. Car c’est ce matin-là que je te donnerais pour la première fois ta médication. On a vu le médecin la veille, il a confirmé ce que l’on savait déjà : TDAH/I,  beaucoup trop de lettres de l’alphabet pour une aussi petite fille.

Vers six heures, je vous ai réveillées, les trois merveilles de ma vie. J’étais de bonne humeur, trop, je ne suis pas comme ça le matin. Je rechigne, je bougonne. J’ai besoin de ma tasse de café et ensuite, je commence lentement ma journée. Pourtant, ce matin‑là, je faisais tout pour que tu ne voies pas mon stress. Que tu ne vois pas mon cœur en miettes. Que tu ne voies pas les larmes dans mes yeux ou encore ma main qui tremblait en te donnant la fameuse pilule.

Je ne doutais pas de notre décision. Ton impulsivité t’amenait dans un endroit sombre. Tu t’en voulais, tu regrettais, tu culpabilisais. La tristesse te gagnait à un tel point qu’un jour, tu as dit à ta grande sœur que tu voulais mourir. Ta grande sœur est rentrée en pleurs dans la maison, en me répétant tes mots. Mon cœur a sombré, je me suis écroulée. On ne peut pas vouloir mourir à six ans.

Tous nos efforts, nos rencontres avec la psychoéducatrice, nos interventions, ce n’était pas assez. Nous n’avions pas compris à quel point les lettres de ta vie t’affectaient.

Tu n’avais pas compris quelle petite fille merveilleuse tu es.

Nous devions agir et vite. Ton cerveau avait besoin d’aide, nous allions la lui donner.

Après tout, on ne prive pas un enfant qui voit mal de ses lunettes ou un enfant diabétique de son insuline. Ton cerveau en a besoin, pour trouver les bons chemins.

Il nous reste du travail à faire. Pour que tu te voies, comme nous te voyons. Une petite fille merveilleuse, avec un potentiel sans limites. On trouvera le chemin qui augmentera cette estime de toi.

On trouvera ensemble le chemin du bonheur. Parce ta vie, tu ne le sais peut-être pas, sera exceptionnelle.

 

Mélanie Paradis

 

À toi qui crois que je ne sais pas élever mon enfant!

<span style="margin: 0px; line-height: 107%; font-family: 'Times New

Je ne sais pas si tu es prêt à lire ce texte. Tu trouveras sans doute mille et une excuses pour me le remettre sur le nez. Tu me sortiras sans doute des pseudo-études, me disant que le TDAH n’existe pas, que je suis seulement un mauvais parent. Tu me diras sûrement que je me trouve une ou des raisons pour excuser, selon toi, ma ratée de fille…

 

J’aimerais te dire que je suis loin d’être une mauvaise mère, que mon chum est sûrement le meilleur des pères. Je te dirais que des trucs pour aider ma fille, j’en connais tellement que je pourrais en écrire un livre.

 

Tu veux en savoir plus sur la parentalité positive? Ben viens me voir, j’ai tout lu ce que je pouvais trouver sur le sujet. 

 

Est-ce que tu sais qui est Brigitte Racine? Moi oui, elle est devenue ma meilleure amie (même si elle ne le sait pas). Ses livres sont fabuleux, mais pas miraculeux.

 

J’investis tellement de temps avec ma fille que parfois, j’ai l’impression de négliger mes deux autres filles.

 

Et tu sais quoi? On se sent tellement dépassé avec son TDAHI (ben oui, on a une lettre de plus nous, « i » pour impulsivité) qu’on a demandé de l’aide. Chaque semaine, une psychoéducatrice vient à la maison pour nous aider et pour aider ma cocotte. J’applique, chaque jour, les trucs, les conseils qu’elle me donne. Encore une fois, ce n’est pas miraculeux, mais ça nous aide.

 

Et tu vois, malgré tous les efforts, tout ce temps passé, ben, il arrive encore qu’elle pète une solide coche dans un magasin. Qu’elle me crie des insultes, me frappe ou lance quelque chose. 

 

C’est là, à ce moment précis, que tu me juges. Parce que, parfois, je suis dépassée et je n’interviens pas. Tu ne sais pas que c’est la centième crise que je gère aujourd’hui. C’est là que tu décides que je ne sais pas élever mes enfants. Que je sors l’excuse du TDAH pour me déculpabiliser.

 

Alors que toi, tu crois que je ne sais pas élever mes enfants, moi, je te dis ceci : j’élèverai ma fille tellement haut qu’elle découvrira que son TDAHI deviendra sa plus grande force. 

 

La prochaine fois que l’envie te prend de dire que le TDAH n’existe pas, repense à moi et à tout ce que je fais pour ma fille. Tu croiras peut-être qu’il y a une petite chance que ce ne soit pas une invention, parce qu’on travaille fort avec notre fille.

 

Et souviens-toi de ce proverbe amérindien : ne juge aucun homme (tu peux remplacer ici homme par le mot parent) avant d’avoir marché avec ses mocassins pendant deux lunes.

 

Mélanie Paradis