Tag journée mondiale de la prématurité

Tu es arrivé trop vite !

<span style="c

Comme le temps est long avant que tu ne sois avec nous, chez nous ! Et ces temps-ci, le temps nous donne une belle leçon… car il faudra du temps avant que tu n’aies tous les réflexes et les aptitudes d’un bébé né à terme. Comme une grossesse qui se poursuit pour toi, les semaines de vie que tu accumules à l’hôpital seront déduites de ton âge pour quelques années à venir. Ce sera ton « âge corrigé » dont parlent tous les parents de prématurés. C’est tout de même ironique de t’avoir avec nous et de devoir soustraire ces semaines à ton âge plus tard ! Comme si on nous volait du temps ensemble…

 

Ces douze semaines manquantes ne m’auront jamais parues si importantes ! Importantes pour toi, pour que tu sois parfaitement en forme. Importantes pour moi, pour me préparer à ta venue, mais surtout, pour profiter de cette belle bedaine que j’avais et qui me faisait me sentir si belle… Oui, il me faudra bien du temps pour faire le deuil de cette bedaine que j’aimais tant et de ce moment merveilleux de grossesse… Il faudra que le temps passe, que mon âme accepte cette rupture brutale, cette séparation de toi si rapide… Mais le temps va passer, mon cœur, et maman ira mieux elle aussi. Promis.

 

Il faudra de la patience aussi à tes parents qui t’espèrent à la maison, qui regardent ta chambre pas prête, tes meubles à peine déballés de leur boîte de livraison et tes vêtements reçus en cadeau, posés çà et là avec le cœur gros… Il nous faudra être patients. Patients avec nous-mêmes, avec les larmes qui nous montent souvent aux yeux, encore bouleversés que nous sommes par tous ces évènements. Patients pour apaiser la tempête qui fait rage dans le cœur d’une maman qui n’a pas pu mener à terme sa grossesse et qui s’en veut tellement de ne pas avoir pu t’éviter toutes ces souffrances et ces problèmes.

 

Oh oui, il en faudra du temps ! Tes parents devront apprendre à vivre avec les déplacements vers l’hôpital pour te voir. Apprendre à vivre avec l’ennui de toi qui leur serre la gorge. Apprendre à être en communion avec toi à distance, à aller puiser ailleurs le réconfort alors que tu n’habites pas ton lit dans ta chambre, dans ta maison, mais bien un incubateur à l’hôpital… Nous devrons apprendre à devenir parents d’une manière toute spéciale, différente et pas vraiment sympa, mais tout de même apprendre à devenir tes parents, mon amour.

 

Il faudra du temps pour digérer tout ce qui s’est passé si rapidement en si peu de temps… Un malaise, une hospitalisation dans une autre ville, des espoirs et des K.O. successifs, un accouchement, ta naissance, la peur, les douleurs… Les choses changent parfois très vite… trop vite… mais le temps va passer et nous savons que nous parviendrons à assumer tout ce qui est arrivé. Même si c’est loin de notre scénario idéal. Même si c’est difficile à accepter. Même si on est parfois bien découragés… Nous savons que le temps va passer et que tout va rentrer dans l’ordre… Il n’y a pas d’autres options pour nous.

 

Il faudra que le temps passe pour que tu sois complètement hors de danger et que l’on puisse savourer le plaisir de t’avoir avec nous sans toujours craindre un danger imminent. Il faudra que le temps fasse son œuvre et apaise nos cœurs pour que l’on respire plus librement. Déjà mon amour, tu nous prouves que tu es fort et que tu veux vivre. Nous sommes plus qu’heureux de te voir ainsi prendre du mieux.

Bien sûr, nous restons aux aguets, mais nous avons confiance en toi et… au temps ! Seul remède valable pour que tu ailles mieux. Pour l’instant, nous tenons tes petites mains, nous te prenons parfois dans nos bras lorsque tu vas bien et essayons par tous les moyens que l’amour que nous avons pour toi se rende jusqu’à toi. Nous t’aimons si fort ! Mais d’ici à ce que les choses se placent, ce sera ainsi et nous attendrons à tes côtés… patiemment… que le temps arrange les choses. Dors en paix mon cœur, nous sommes là à tes côtés et nous nous battons avec toi.

– 7 janvier 2009

 

Félix est né prématurément à vingt-huit semaines de grossesse.

955 grammes et 34 cm d’amour dans nos vies.

97 jours d’hospitalisation.

Il a maintenant huit ans, il est en parfaite santé, il est magnifique à voir grandir.

La vie a trouvé son chemin.

 

La prématurité : Deux mères nous en parlent

 

Dès le premier petit

 

Dès le premier petit + sur le test de grossesse, on s’imagine tenir son bébé dans ses bras. Un beau bébé, né à terme, avec tous ses petits membres et sans aucun souci de santé. C’est le désir le plus cher de toutes les futures mamans, on ne se le cachera pas.


En attendant le grand jour, on se berce tout doucement en flattant notre ventre rond rempli de vie. Et on rêvasse…

Néanmoins, pour certaines futures mamans, le rêve se transforme en cauchemar. Ce fut le cas pour Kim et Mélanie dont le souhait le plus cher fut interrompu par une naissance prématurée.

 

La prématurité c’est quoi ?

 

La prématurité, c’est lorsque la naissance de l’enfant se situe avant la 37e semaine de grossesse.

Selon Préma-Québec, il y aurait au Québec plus de 6000 enfants nés avant terme. De ce lot, 1200 bébés verraient le jour avant la 32e semaine de grossesse.

Bien souvent, la prématurité engendre quelques petites problématiques pouvant amener l’enfant à être hospitalisé quelques semaines, parfois quelques mois.

Le 17 novembre est la journée mondiale de la prématurité. Afin de sensibiliser les gens et les aider à mieux comprendre ce que vivent les mères d’enfants nés prématurément, Mélanie et Kim ont accepté de nous partager une partie de leur histoire.

 

Le témoignage de Mélanie

 

La prématurité est entrée dans ma vie par la porte d’en avant, sans enlever ses souliers comme de la visite impolie. De la visite que j’étais contente de voir parce qu’au fond, j’avais hâte de les serrer contre moi mes jumeaux! Mais ce que je ne savais pas, c’est que je ne pourrais pas les prendre, en tout cas, pas tout de suite. À quelques jours de la 31e semaine de gestation, et pesant un minuscule poids record de moins de deux livres, Félix et Oscar ont commencé à se battre, dès la première seconde de leur vie… Et pour se battre, ils se battaient!

Il y a tellement de choses qu’on lit, qu’on entend, à propos de la prématurité… mais il y a tant de choses qu’on ignore et auxquelles nous ne sommes pas préparées du tout! On ne s’habitue jamais à voir son enfant, minuscule, prisonnier d’un incubateur, des fils par dizaines lui perçant les veines et l’empêchant d’être bien. Un prématuré, tu ne peux pas le toucher comme on touche un bébé né à terme…  parce que tu lui ferais mal. Sa peau n’ayant pas fini de se former, il préfère une pression ferme à une caresse légère. Il a besoin d’aide, et ça dure longtemps! Même après la sortie de l’hôpital, la bataille se poursuit, et pour la plupart, c’est un combat qu’ils devront livrer toute leur vie!

Tout ce que tu connais d’un bébé, tout ce que tu avais préparé pour lui, tu dois le revisiter! Est-ce que vous en connaissez beaucoup des gens qui possèdent une panoplie de pyjamas et de vêtements pour les bébés prématurés? Moi, non en tout cas! Et en plus, ça ne se trouve malheureusement pas dans toutes les boutiques! En sortant de l’hôpital, Félix ne pesait pas encore cinq livres et il avait deux mois… Je côtoyais des parents qui, comme moi, vivaient dans le doute, la peur et l’insécurité. Mais surtout, ils étaient habités d’un espoir indescriptible et d’un amour inébranlable pour leur bébé miracle, leur bébé guerrier!

 

Le témoignage de Kim 

 

Il m’arrive de penser que la prématurité m’a empêchée de vivre mon accouchement comme je l’avais imaginé. Elle m’a empêchée de vivre mon désir d’aller chercher mon enfant, lors de l’accouchement, et de la déposer sur ma poitrine. Elle m’a aussi empêchée de vivre la première tétée, celle qui vient instinctivement et qui crée ce lien tant attendu. Malgré tout, la prématurité, je ne la déteste pas. Elle m’a obligée à devenir plus forte dans l’adversité, elle m’a appris à surmonter les obstacles et m’a fait comprendre que dans la vie, on devait s’adapter.

Mon fils voulait voir la neige. Né en février plutôt qu’en juin, il voulait faire son entrée comme les premiers flocons : par surprise!  Malgré ses 920 grammes d’amour, je n’ai pas eu de coup de foudre instantané pour lui. Parce que la prématurité, c’est aussi ça… Le bébé que je voyais, rouge et intubé, je le sentais comme un petit être inconnu. Comme s’il n’était pas vraiment à moi… Mon corps et ma tête m’envoyaient encore comme message que j’avais un bébé dans mon ventre, et pourtant… Mais les semaines ont passé et j’ai enfin eu droit à ma première tentative de peau à peau. C’est là, en vibrant au rythme cardiaque de mon enfant, que j’ai pris conscience qu’il était bel et bien né. Et c’est à ce moment bien précis que je lui ai murmuré à l’oreille :

 

« Je t’aime mon petit chéri. Ça va bien aller… Maman est avec toi! On va se battre ensemble. »

 

En tant que mères d’enfants nées prématurément, nous avons vécu quelques situations frustrantes, exaspérantes ou ridicules…

 

Voici 6 phrases À NE PAS DIRE à la maman d’un enfant prématuré

 

1- Vous êtes tellement petite et menue, il ne devait pas avoir assez de place dans votre ventre. Venez-vous de me traiter de maigrichonne vous là?!

2- Ils ont quel âge? Je lui réponds gentiment. Ah, mon doux, ils sont donc bien petits (soupir et roulement des yeux) !!!

3- Les prématurés grandissent moins vite, ça va coûter moins cher de linge!

4– Vous êtes chanceuses de l’avoir rescapé! Dans le sens où… j’ai de la chance qu’il soit en vie?!? Ouin…

5- Moi aussi il est né prématuré! Il est né deux semaines avant terme…

6- Dans le fond, t’es chanceuse! Tu n’auras pas eu à vivre les bouts difficiles de fin de trimestre. Non, c’est sur… À la place j’ai vécu des semaines dans l’angoisse, à visiter mon bébé à l’hôpital, en me posant mille questions sur santé, son développement et son futur!

 

Si nous avions qu’un seul conseil à transmettre aux femmes enceintes, ce serait celui-ci :

En cas de doute, il faut consulter. Si vous sentez que quelque chose cloche, n’hésitez pas à aller chercher des réponses. Parfois, notre corps nous envoie des petits signes : saignements, maux de ventre, étourdissements, enflure, contractions et autres. Il se peut que ce ne soit rien d’alarmant, que des maux normaux entourant la grossesse, mais vaut mieux ne rien prendre à la légère et vérifier.

 

Envie de donner au suivant ? Voici comment :

Bien souvent, il arrive que les hôpitaux offrant des soins néonatals recherchent des vêtements pour les bébés nés prématurément. Informez-vous auprès des hôpitaux de votre région pour vérifier si c’est le cas pour eux. Si ce n’est pas le cas, offrez-les à un organisme ou à une famille dans le besoin!