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Maman/Caporale de l’armée – Texte: Joanie Fournier

Je suis consciente d’être une mère très sévère. Mes limites sont tr

Je suis consciente d’être une mère très sévère. Mes limites sont très claires, constantes et assumées. Quand je dis « non », je n’ai pas à le répéter deux fois, tout le monde sait que ce n’est pas négociable. Je vois bien que mes enfants ont plus de règles que les autres. L’heure du coucher est toujours fixe, peu importe la raison. Le temps d’écran est limité. Mes enfants font plusieurs tâches ménagères. Pour nous, c’est normal, ça a toujours été comme ça. Mais aux yeux des autres, on se fait souvent dire à la blague (mais pas tant à la blague que ça, finalement) que, chez nous, c’est l’armée. Quand je demande quelque chose aux enfants, ils le font.

En contrepartie, je n’ai qu’une parole.

Quand vient le temps de planifier nos vacances, tout le monde participe. Toutes les suggestions sont entendues et respectées. Et la plupart du temps, elles sont toutes acceptées. Ma fille me disait cette semaine que j’étais une mère qui dit « oui » à tout. Je lui ai répondu que c’est parce que leurs demandes sont raisonnables.

Nous allions en Ontario pour les vacances. La seule demande de ma plus jeune, pour tout l’été, c’était de pouvoir visiter la Tour du CN. Demande acceptée.

Durant l’été, mes enfants voulaient dépenser leurs sous, leur argent de poche. Et dans toute la période estivale, ils ont décidé d’acheter un paquet de gomme et deux crèmes glacées… Demande acceptée.

Pour sa fête, ma grande fille a demandé 15 minutes de plus en temps d’écran par jour. Demande acceptée.

Jamais mes enfants n’ont demandé des cadeaux de fête hors de prix ou démesurément gros. Ils sont extrêmement raisonnables, et responsables. Ils connaissent la valeur de l’argent et n’en abusent pas.

J’ai trouvé ça vraiment étonnant de la part de ma fille de me dire que je disais « oui » à tout… parce que dans ma tête, c’est tellement moi qui suis trop sévère. Je réalise qu’être sévère, ce n’est pas être autoritaire pour autant. Je suis sévère parce que mes limites sont claires et que je n’en démords pas. Mais je considère toutes les idées de mes enfants, on discute, on négocie, on fait tous des compromis. Les enfants, tout comme les adultes.

Ceci étant dit, mes enfants connaissent très bien le cadre dans lequel ils peuvent négocier. Ils peuvent décider de bien des choses durant la journée, mais jamais ils ne négocient l’heure du coucher. Ils peuvent décider d’aller où ils veulent en vélo, mais jamais sur la rue principale, et les vélos doivent être rangés dès qu’ils rentrent. Ils peuvent décider d’inviter tous les amis qu’ils veulent à la maison, mais ils doivent nettoyer avant et après leur visite. Il y a des choses qui ne sont pas négociables dans notre maison.

Aux yeux de plusieurs, je reste la mère trop sévère. Aux yeux de mes enfants, je suis une bonne maman, et ça me suffit. J’ai demandé à ma fille si elle ne préférerait pas plutôt avoir une mère qui la laisse se coucher plus tard, lui permet de manger des bonbons à la tonne, fait les tâches ménagères à sa place, etc. Et elle m’a répondu, très sûre d’elle : « Voyons maman! Non! Tu veux qu’on se couche tôt pour qu’on soit en forme le lendemain. Tu refuses qu’on mange des bonbons, pis on n’a jamais de caries non plus quand on va chez le dentiste. On fait des tâches, pis oui des fois c’est plate, mais ça fait qu’on fait plus attention au ménage après… Ce que tu nous demandes, c’est pour notre bien, pis c’est pour ça que t’es une bonne maman! ».

J’ai réalisé qu’au-delà des tâches, ils avaient tout compris, ces enfants… Ils ont déjà compris qu’on a tous besoin de limites dans la vie. Ils ont compris qu’on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans une société. Ils ont compris qu’être discipliné est une qualité précieuse pour l’avenir. Je vois aujourd’hui que tous les petits interdits nécessaires posés depuis des années portent fruit. Toutes ces années à avoir un cadre rigide, à être la mère qui impose ses limites, à passer pour celle qui est la caporale de l’armée… eh bien, ça paye aujourd’hui.

Je me suis souvent trouvée bien extraterrestre en me comparant aux autres parents. Mais ce n’est pas le regard de ces parents qui est important. Ce qui l’est, ce sont tous les apprentissages que nos enfants retiennent de cette éducation… Et en ce qui concerne ce dernier point, je considère que ma mission est accomplie.

Joanie Fournier

Le dépassement de soi pour soi

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Fête des Mères 2014, je cours mon premier semi-marathon. Une distance pour laquelle je m’étais plus ou moins préparée. À ce moment, je ne savais vraiment pas dans quoi je m’embarquais. Sur la ligne de départ, tous ces coureurs préparés et anxieux de se dépasser et de battre leur meilleur temps. Dans ma tête, la seule question : qu’est-ce que je fais ici?! C’est le départ, je me place en fin de peloton, car je sais très bien que je ne suis pas de taille parmi tous ces athlètes.

 

Le parcours fut long et difficile. Mes chaussures me faisaient souffrir le martyre et à chaque foulée, je sentais mes ongles d’orteils se soulever. Pas le temps de m’arrêter, je devais terminer. J’ai fini avec un temps de 2 h 13. Pour moi, c’était toute une victoire, mais admettons que pour cet évènement, je me suis classée dans les dernières. Quand j’ai enfin enlevé mes chaussures de course, mes bas étaient imbibés de sang. J’ai perdu cinq ongles d’orteils, mais j’étais TELLEMENT fière de ce que j’avais accompli. Moi, mère de deux enfants de sept et neuf ans, monoparentale avec très peu de temps pour l’entraînement, j’avais enfin réussi mon premier semi-marathon. Cette distance, je l’adore. J’adore cette distance pour l’entraînement que cela t’oblige à faire pour le terminer sans casse‑tête et sans trop de douleur.

 

Par contre, au printemps passé, lors de mon sixième semi‑marathon à Ottawa, tout ne s’est pas passé comme je l’aurais désiré. Au treizième kilomètre, j’ai commencé  à ressentir de l’inconfort. Il faut dire qu’avec le magnifique printemps que nous avons connu, mes très longues distances, je les avais courues à une température de dix degrés maximum. Cette journée du semi‑marathon, il faisait environ 25 degrés. Au 17e kilomètre, mes jambes n’en pouvaient plus. J’ai donc marché un peu et je suis repartie. Je l’ai terminé beaucoup plus lentement que je ne l’aurais souhaité. J’ai fait un temps de 2 h 20. J’étais extrêmement déçue. Et c’est à partir de ce moment que je me suis posé ces questions : pourquoi tu fais cela? Pour qui tu le fais? Qu’est-ce que ça t’apporte?

 

C’est en m’entraînant pour mon septième demi que mes réponses me sont venues. Depuis que j’ai commencé à courir en 2012, j’ai découvert une activité qui me gardait en forme, dont je ne me suis pas tannée et qui est accessible. Je cours donc pour MOI. Je ne cours pas pour être la meilleure et je ne suis en compétition avec personne. La médaille que je reçois à la fin du parcours a la même valeur que celle de la personne qui fait sa course en un temps remarquable. Quand j’aurai ma septième médaille de semi-marathon, je serai aussi heureuse que la personne qui l’aura couru en une heure de moins que moi. J’ai donc pris une décision pour cette course. Pas de montre, pas d’écouteurs, pas de temps. Pas de temps pour me démotiver, que du bonheur. Du bonheur de courir avec des milliers de personnes dans les rues de la métropole. Du bonheur de profiter de ces moments uniques qui me font vibrer. En fait, c’est pour ça que je cours : l’excitation de la ligne de départ et l’adrénaline pure que ces courses me procurent.

 

Donc, le 24 septembre, je serai sur le pont Jacques-Cartier à Montréal pour mon septième semi‑marathon avec une seule idée en tête : avoir du plaisir!

 

Annie Corriveau