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Consentement, une notion pour tous?

On parle de plus en plus de culture du viol et de consentement, avec

On parle de plus en plus de culture du viol et de consentement, avec raison. On aborde ces sujets surtout en pensant aux filles et aux femmes, encore une fois, avec raison. Il faut en discuter et du chemin doit être fait. Je comprends aussi que les filles et les femmes étant celles qui subissent le plus d’agressions plus ou moins grandes, il est normal que nous en parlions plus.

Il y a cependant quelque chose qui m’interpelle : la notion de consentement devrait être abordée pour tous. En ce qui concerne les femmes et les filles, il y a encore de grandes améliorations qui s’avèrent nécessaires, mais il y a aussi beaucoup de travail en cours. Le consentement pour les enfants est aussi important. Par exemple, ils ne devraient jamais être obligés de donner des becs et des câlins à n’importe qui, pas même à la « matante » qui vient de lui offrir un cadeau. Bien que je pourrais en parler longtemps, ce que j’aimerais aborder ici est la notion de consentement pour les hommes.

Nico Archambault, qui incarne le rôle principal dans le spectacle musical Saturday Night Fever, a rédigé un statut Facebook récemment sur ce sujet. https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1762404737120642&id=167170993310699

« Cher public de Saturday Night Fever — Le spectacle, faut qu’on se parle. J’aime ça vous rencontrer. Et ça me fait plaisir de la prendre votre photo. Mais ça ne vous donne pas le droit de me tripoter à volonté, là où vous voulez, C’est un spectacle musical, pas un bar open ni le 281. Et non, ça ne justifie pas votre comportement de me répéter (en criant) que “c’est ça être une vedette” ».

J’en ai été témoin. Une femme qui prend une photo avec Nico parce qu’elle a adoré le spectacle et qu’elle le trouve si beau, Nico… Elle lève la tête pour l’embrasser sur la bouche! Sans avertissement! Une autre lui flatte le torse ou encore lui pince une fesse! Ça lui arrive presque tous les soirs. Ce sont des femmes d’âge mûr qui ont ce genre de comportements, pas que ça change quoi que ce soit à la gravité du geste, mais elles n’ont pas l’excuse de la jeunesse ni du manque d’expérience. Si un homme posait ces gestes sur une vedette féminine, toutes ces dames crieraient assurément au scandale, avec raison! Mais le faire à un homme, ça passe?

Son statut a été repris par quelques sites. Les commentaires ont été majoritairement positifs et appuyaient le propos de l’artiste. Par contre, il y avait aussi des commentaires désobligeants sur le fait que « c’est même pas une vedette, c’est qui lui », qu’« il est capable de se défendre, il ne fait pas pitié » et autres dérivés. Ça me décourage.

Que cette personne soit connue ou non à vos yeux et en mesure de se défendre ou non ne change rien au fait qu’elle ne devrait pas se faire toucher sans son consentement. Nico est effectivement capable de se défendre et se sort de ces situations avec classe. Le débat n’est pas là. Il ne devrait même pas avoir à les vivre! Pourrions-nous tripoter une femme forte experte en arts martiaux sous prétexte qu’elle est capable de se défendre et qu’elle ne fait pas pitié?

Comme maman d’un petit garçon, ce genre de double standard m’interpelle particulièrement. Du haut de son année et demie, c’est un grand sociable très affectueux. On essaie de lui enseigner que ce n’est pas tout le monde qui a envie de recevoir ses câlins et que c’est correct comme ça. On essaie aussi de le respecter quand on a envie de lui donner des bisous et qu’il nous dit « non », même si ça nous démange de le bécoter. Il me semble simplement que nous devons être cohérents. Si nous voulons que les filles et les femmes puissent choisir qui les touche et comment, il devrait en être de même pour les garçons et les hommes.

Peu importe le sexe, l’âge, la force, la notoriété, le niveau de débrouillardise ou tout autre point de comparaison qui vous viendraient en tête, il est TOUJOURS inacceptable et impensable de toucher quelqu’un sans son consentement. Point. Aucune discussion possible.

On veut que nos garçons respectent les filles, qu’ils en prennent soin. Tout à fait, mais ça passe aussi par le respect d’eux-mêmes. On devrait vouloir que nos filles les respectent tout autant. On doit apprendre à nos enfants comment se comporter avec les autres, tout être humain confondu.

Jessica Archambault (ben oui!)

Lettre à mon fils, ou gérer une crise d’adolescence à 7 ans

Mon garçon,

Ce soir, je n’ai

Mon garçon,

Ce soir, je n’aime plus la mère que je suis pour toi. Je n’aime plus ce qu’on t’offre comme climat familial. Je n’aime pas ces cris qui sortent de ma gorge chaque soir parce que je n’ai plus de ressources pour me rendre à toi, à ta compréhension. Je suis à bout de devoir me battre chaque soir contre tes attitudes, tes manques de respect, ton rouspètage, ton claquage de porte et ta démolition en cinquante-quatre points de notre maison qu’on essaie tant bien que mal de mettre à notre goût.

Je ne comprends pas d’où ça vient toute cette colère en toi, ce désir de toujours aller plus loin pour tester nos limites. Ça m’use, ça use ton père et ça donne un exemple génial à ta sœur qui s’empresse de faire et de réagir exactement comme toi du haut de ses trois pommes.

Tes plus grands succès récents comprennent, mais sans s’y restreindre :

–          « Wow! Bravo! C’est ça, faites pleurer votre garçon! »

–          « Vous avez juste à me changer de famille; de toute façon, je vous aime même pu. »

–          « Vous brisez mon cœur en mille morceaux, vous êtes vraiment méchants! »

–          « Je vais appeler le 9-1-1 pour qu’ils me fassent changer de maison. »

–          « C’est ça, vous voulez que j’aille au ciel? Je vais y aller d’abord! »

–          « Vous ne m’aimez pas! »

C’est presque drôle quand j’y pense : on dirait que je parle d’un ado de 15-16 ans, mais non, tu n’as encore que sept ans tout frais sonnés. Un ado de sept ans! J’ai soudain un plus grand respect pour mes parents qui ont géré ma mini crise d’adolescence. Quoique vite vite, elle semble moins pire que la tienne déjà parce que j’étais peureuse et que je n’aurais jamais passé outre la ligne du manque de respect. De ton côté, on dirait que ça te stimule. Plus on crie, plus tu ris, plus tu pousses et repousses les limites, tes petits yeux dans nos yeux, nous défiant de tout ton petit être. Mais tu nous défis de quoi au juste? J’aimerais bien le savoir, ça accélérerait la résolution de problèmes.

Et j’essaie de comprendre, et je me questionne… Pourtant, ton père et moi, on est des gens respectueux, on donnerait notre vie pour ta sœur et toi. On vous gâte, limite trop! On a une routine, on est constants (de notre mieux), on est calineux, on fait des farces, on passe beaucoup de temps avec vous, on fait des activités, on joue ensemble, vous n’êtes jamais privés de rien. On est strictes mais pas à l’excès. On est loin, très loin de la perfection, mais il me semble que tu es bien traité. Tu es aimé plus qu’à ton tour et pas juste de nous, de toute notre famille et de notre famille élargie pleine d’amis qui t’aiment comme si tu étais leur neveu.

Qu’est-ce qu’il te faut de plus? Comment on arrête ça, ce cercle vicieux de non-respect, de criage, de négociation, de conséquences? Comment on fait pour tenir le coup en tant que parents, en tant que couple, en tant qu’individus, en tant que famille?

Ce que j’aimerais que tu saches mon grand, c’est que parfois en tant que parents, on tente de tout notre être de garder notre calme, de rester droit, constants et respectueux, mais que ça arrive qu’on s’emporte. Quand c’est le cas, on s’en veut déjà de sortir de nos gonds. On a de la peine de devoir aller jusqu’à crier après notre propre enfant pour réussir à lui faire comprendre quelque chose; c’est notre dernier des derniers recours. J’aimerais que tu saches que maman pleure toutes les larmes de son corps quand tu pleures les tiennes dans ta chambre parce que tu trouves la vie si injuste et tes parents si méchants.

J’aimerais surtout que tu comprennes que, peu importe ce que tu fais, peu importe à quel point on s’emporte ou qu’on se déchire l’un l’autre, tu restes la priorité dans nos vies et on t’aime plus que tout. Tout ce qu’on veut, c’est que tu deviennes la meilleure version possible de toi et ça, ça nous prend beaucoup d’efforts, beaucoup de « non » et beaucoup d’énergie.

Présentement, je comprends tout ça raisonnablement dans ma tête, mais pour un minime instant, j’avoue que j’aimerais juste faire « avance rapide » jusqu’au moment où tu seras un adulte responsable, accompli et respectueux qui me dira enfin ces mots qu’un parent attend toute sa vie durant : « Maman, Papa, je comprends maintenant pourquoi vous avez agi comme ça; c’était pour mon bien et ça m’a rendu une meilleure personne ».

Mais ça, je sais que c’est dans plusieurs dizaines de chapitres et peut-être même dans une tout autre histoire puisque ce ne sont pas tous les enfants qui finissent par voir et comprendre ça. Rendue là, j’espère juste que tu seras heureux et que tu seras la meilleure version du garçon merveilleux que je sais que tu as le potentiel d’être.

En attendant, cheers aux parents qui, comme nous, se battent chaque soir pour faire de leur progéniture les leaders du monde de demain. On a du pain sur la planche, mais à regarder autour de moi, je dirais qu’on a plusieurs agents de changement pour l’avenir qui sont en train de faire leurs dents sur leurs parents qui eux, ont hâte à demain matin… pour aller se reposer au travail et qui espèrent qu’à leur retour, tout sera de retour à la normale.

Marie-Eve Piédalue