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Ces personnes spéciales dans ta vie

Quand mon ventre est devenu ta maison, il n’y avait pas seulement

Quand mon ventre est devenu ta maison, il n’y avait pas seulement maman et papa qui étaient fous de joie.

Tu sais mon cœur, d’autres personnes ont attendu ton arrivée avec tellement d’impatience et d’amour.

Ces personnes, ce sont ta mamie, ton papi, ton oncle, ta tante, ta marraine, un arrière grand-parent, un ami de maman ou papa, etc.

Le jour où tu es né, elles avaient si hâte de pouvoir enfin te rencontrer!

À cet instant, un regard s’est posé sur toi. Un regard rempli d’amour, un regard qui gonfle le cœur d’une maman de bonheur et qui le remplit d’émotions. Un regard fier qui, un jour, va devenir inquiet pour toi. Parce que, tu sais, il n’y a pas juste tes parents qui s’inquiètent pour toi. Il y a ces personnes spéciales qui t’aiment tellement fort et qui pensent souvent à toi. Qui se font du mauvais sang quand tu attrapes de vilains microbes. Qui ont souvent peur que tu aies trop froid.

Comme maman et papa, elles ont aussi de la peine quand tu en as.

Il y a ces personnes spéciales qui ont toujours réussi à t’endormir si profondément en te berçant. Celles qui te font rire à tout coup. Celles qui te rassurent. Ce sont aussi ces personnes qui montrent des photos de toi avec tellement de fierté à tout le monde.

Je pense à ces personnes qui trouvent toujours les mots pour que tu te défâches. Celles avec qui tu as une relation toute spéciale qui s’est développée avec le temps, sans explications, sans forcer les choses ni rien demander. C’est comme ça, c’est tout. C’est facile. Tu sais, ces rares personnes qui te rendent si à l’aise. Qui connaissent si bien ton univers à toi. Qui t’aident si patiemment à accomplir de belles choses.

Ces personnes, qui tout simplement, te comprennent et t’aiment tel que tu es. Entre vous, c’est une histoire d’amour inexplicable.

Tu dois t’en douter, il n’y a pas juste tes parents qui t’aiment gros comme le ciel. Il y a aussi ces personnes-là qui seront toujours à tes côtés. Qui s’imaginent et espèrent faire partie de « tes premières fois ». Qui cherchent ce petit trait de caractère qui leur rappelle elles-mêmes, qui fait que quelque part, vous vous ressemblez.

Je suis certaine que tu sais de qui je te parle.

Quelques personnes te viennent en tête, n’est-ce pas mon cœur?

Et si on leur criait haut et fort à quel point tu les aimes, toi aussi?

Caroline Gauthier

 

Lettre à une bonne fée marraine

Ma maman me disait que quand on se regardait, nos yeux pétillaient.

Ma maman me disait que quand on se regardait, nos yeux pétillaient. Mon petit visage changeait d’expression quand tu arrivais près de moi ; nous étions connectées. Tu n’avais ni conjoint ni enfants ; le jour de ma naissance, je suis devenue ta raison de vivre, ta raison de te battre pour ce qui s’en venait, mais ça, on ne le savait pas encore. Étonnamment, je suis née deux jours avant ta fête, à croire que la vie t’offrait mon arrivée en cadeau. Tu étais la sœur de mon père, mais beaucoup plus qu’une tante. Tu étais ma marraine, mais surtout mon âme sœur ; tu le resteras à jamais d’ailleurs. Notre relation ne se s’explique pas ; elle se vivait. Tu m’offrais sans cesse la lune, sans même que j’aie à la demander.

Comme n’importe quelle famille, nous avons nos problèmes, nos discordes, nos histoires, nos héritages, nos ombres. Ce texte, je l’écris pour toi, pas pour elle. Ce texte, il te revient.

Du plus loin que je puisse me souvenir, tu as toujours été malade. Je ne ferai pas la liste des maladies qui t’ont rendu visite, ça prendrait trop de place. Du plus loin que je me souviens, j’ai compris qu’on devait te protéger, s’occuper de toi et t’aimer fort. Assez tôt, tu as dû commencer à m’expliquer que tu ne serais pas à mes côtés pour longtemps. Tu étais un ange sur ma route. Ça, je l’ai compris bien des années plus tard.

Quand je voyais trop grand, tu me ramenais gentiment à la réalité : les projets trop loin, on ne pouvait pas les planifier, au cas où. Ça me faisait de la peine, évidemment, mais c’était plus fort que moi, plus fort que ce que j’étais capable d’accepter. Je me disais que ça ne se pouvait pas, tu ne pouvais pas partir, me laisser toute seule. Bien sûr, j’avais et j’ai toujours mes parents à mes côtés qui font leur travail de façon exemplaire, mais moi, c’est comme si la vie m’avait dotée d’un troisième parent qui avait pour rôle de me protéger ou plutôt, de me surprotéger. Alors si tu partais, qui allait me protéger de la sorcière ?

Quelques mois avant nos anniversaires, tu m’as demandé comme chaque année ce que je souhaitais avoir comme cadeau. J’allais avoir seize ans. J’ai demandé un voyage dans les Bahamas, à l’hôtel Atlantis, t’sais comme dans les films ? Tu m’as regardée sans aucun étonnement, tu as ouvert l’ordinateur et tu t’es dirigée vers les sites web de voyages. De fil en aiguille, nous avions convenu que Cancún serait probablement notre prochaine destination ; tu souhaitais y retourner depuis un bout et surtout, tu souhaitais me faire découvrir ce pays. À cause de la maladie, tu m’avais aussi dit que, pour ce voyage-là, ce serait un « dernière minute ». Tu allais m’appeler quelques jours avant puis Bye, Bye papa et maman, Vicky et Guylaine s’en vont à Cancún…

Le téléphone a fini par sonner, mais tu avais changé la destination. Tu étais à l’hôpital. Ton cœur ne suivait plus la cadence. Moi, je n’étais pas au courant de ce changement de plan et je sais que ce n’était pas non plus ton idée. Cette année-là, nous avons passé nos anniversaires dans une chambre blanche, triste et froide. Je ne comprenais pas et j’étais fâchée. Je n’étais pas fâchée de ne pas aller en voyage, j’étais fâchée après la vie. Je ne comprenais pas pourquoi c’était TOI que la vie avait prise d’assaut et pas un méchant, t’sais, ceux qu’on voit à la télé… À seize ans, j’étais mature, mais si jeune, si naïve. Les semaines ont passé, les bobos se sont accumulés à la porte de ta chambre, ils n’en sont jamais ressortis. Ils se sont invités comme des voleurs.

Finalement, malgré des in and out à l’hôpital, nous avons réussi à mettre un petit baume sur nos cœurs, nous avons pu avoir un dernier Noël ensemble, dans ta maison. Tu étais tellement heureuse d’y être ! Nous avons pleuré ensemble lorsque tu as enfin pu y remettre les pieds, trop de mois plus tard. J’ai veillé sur toi pendant tous ces mois de calvaire. Après l’école, j’allais chez toi ou à l’hôpital, selon ce que ton cœur et tes reins décidaient.

Je ne sais plus à quel moment exactement nous avons échangé nos rôles. J’étais rendue l’ange et toi, la fragilité. Je t’ai accompagnée comme j’ai pu, comme je le comprenais. Puis un vendredi matin, c’est arrivé. Je me suis levée, papa m’attendait dans la cuisine. Naïvement, j’ai cru que c’était le chien qui était mort, je ne pouvais juste pas imaginer que tu partirais un jour. Ce n’était pas dans le contrat, il me semble ?

J’ai pleuré. J’ai eu mal. Je pleure encore et j’ai encore aussi mal. Rassemblant courage et honneur, j’ai demandé à accompagner papa pour te choisir un dernier lit pour le plus grand des repos. On m’a aussi demandé de te choisir des vêtements pour le dernier des voyages ; j’ai choisi le chemisier que j’aimais le plus.

Je sais que tu méritais cette délivrance, vraiment. Pourtant ça a été plus fort que moi, j’ai crié de toutes mes forces pour que tu reviennes, ça ne se pouvait pas. Papa et maman me tenaient contre eux, essayant de me calmer et de me rassurer, rien à faire. J’étais déchirée de l’intérieur, je te parlais dans ce lit rempli de fleurs, mais tu ne répondais pas. J’avais encore besoin de toi, auprès de moi. À dix-sept ans, nous sommes encore des enfants, nous jouons aux adultes, mais nous n’en sommes pas vraiment. Que connaît‑on de la vie ? À quarante‑six ans, tu t’es éteinte. Moi aussi, je me suis éteinte. Une partie de moi est partie avec toi cette journée-là. J’ai eu un double deuil à faire : le tien et le mien.

Six ans plus tard, il n’y a pas une journée où je n’y repense pas. Je trouve encore la vie injuste, je ne comprends toujours pas les raisons de ton départ. Je suis consciente que c’était pour le mieux ; tu souffrais beaucoup.

Merci pour tous les souvenirs, tous les fous rires, les occasions spéciales, les secrets échangés, et pour la place que tu m’as faite dans ta vie. Ce n’est qu’un au revoir…

À bientôt

P.S. Bientôt, je serai à Cancún, j’espère que tu y seras aussi.

Vicky Boivin

Être ta marraine : Le jour où j’ai su que j’allais avoir un meilleur ami pour toute la vie…

Quand tes parents m’ont demandé si je voulais être ta marraine,

Quand tes parents m’ont demandé si je voulais être ta marraine, je n’ai jamais hésité une seconde et j’ai tout de suite dit « oui ! » Je ne savais pas en quoi cela consistait, mais je savais ce que je voulais de notre relation. Je savais que je voulais être ta meilleure amie, ta confidente, celle qui te donne de l’amour et qui t’encourage dans tout. Celle qui te voit grandir et t’épanouir.

J’ai eu la chance d’aider ta maman à te mettre au monde et d’assister à ta naissance. De te prendre dans mes bras alors que tu n’avais que quelques minutes de vie aura été un des plus beaux moments pour moi. C’est alors que j’ai compris que ma vision de la vie allait changer, que les tout petits gestes allaient devenir de grandes fiertés et que j’allais apprendre tellement de choses de toi.

Tes parents m’ont laissé une énorme place dans ta vie et ils m’ont donné le privilège (parce que oui, c’est un privilège) de te voir grandir. Je ne pensais jamais m’émerveiller de voir une petite dent pousser, te rendant inconsolable la journée durant. J’ai appris à m’émerveiller devant de simples et petites choses ; toi qui prends mon pouce avec tes petits doigts, toi qui me regardes avec tes grands yeux et qui reconnais le son de ma voix, même si tu ne peux pas parler, toi qui tiens ta tête pour la première fois, toi qui tiens son biberon pour la première fois, toi qui rampes pour la première fois.

Tes premiers pas, avec tes petits pieds qui couraient vers moi qui t’encourageais, m’ont fait réaliser que tu allais devoir à ton tour faire ton chemin dans la vie. Je ne voulais surtout pas que tu grandisses trop vite, que tu te fasses blesser, que tu aies des embûches, mais hélas, cela fait partie de la vie.

La première fois que tu as ri aux éclats pendant que je me démenais à te faire rire, la première fois que tu m’as appelée « matante » et que tu m’as dit « je t’aime » : Ouf ! Mon cœur a explosé et mes yeux se sont remplis d’eau. Si tu savais, mon petit homme, comme marraine peut t’aimer, et comme je serais prête à tout pour que tu sois heureux et que tu n’aies aucune misère dans la vie !

Plus tu grandis, plus je remercie tes parents de me permettre de vivre tous ces beaux moments. Je suis choyée de te voir t’épanouir, vivre plein d’expérience malgré ton jeune âge, faire des sports, être capable d’écrire et de lire. Tu me fais rire, et même si tu es rendu grand et que devant tes amies, ce n’est pas cool, tu continues de me dire que tu m’aimes et tu me fais de grosses caresses.

Tu sais mon grand, dans les moments les plus difficiles pour ta marraine, tu lui donnes de la force et du courage pour continuer d’avancer.

Et grâce à toi, petit prince, je sais que je ferai une bonne mère, car tu m’as déjà tant appris !

Il y a des choses dans la vie qui sont incontrôlables, mais s’il y a une promesse que je peux te faire, c’est que je serai ta meilleure amie pour la vie. Et tu sais que marraine ne fait jamais de promesses qu’elle ne peut pas tenir.

Je t’aime à l’infini, et merci de m’avoir choisie pour être à tes côtés. Je suis plus que choyée.

Vanessa Lamoureux

La marraine démissionnaire

Dans le temps où mon bedon rond (lire : gigantesque!) servait de be

Dans le temps où mon bedon rond (lire : gigantesque!) servait de berceau à ma fille, mon mari et moi avons passé des heures à discuter du choix de parrain et de marraine. Des membres de la famille? Un couple? Des amis? Des personnes qui habitent la même ville? Des personnes croyantes?

Nous avons opté pour des amis avec des valeurs à la bonne place. Des personnes qui faisaient partie de notre vie par choix. Le parrain du côté du papa, la marraine du côté de la maman. La grande demande a été émotive. Je me souviens de la réaction de la nouvelle « marraine-to-be » devant la question écrite au feutre sur le ventre de mon bébé : Veux-tu être ma marraine? Étonnement, questionnement, mais aussi joie immense. Elle savait l’importance de ce rôle pour nous.

Marraine aimait les bébés et leur odeur (sauf celle des couches, ce qui prouve que c’est une personne saine d’esprit!). Elle n’avait pas d’enfants, mais espérait en avoir un jour. Elle promettait d’aimer notre cocotte, pour le meilleur et pour le pire. De remplacer les cadeaux matériels par des moments complices et des activités spéciales. Nous lui promettions de notre côté de ne pas la considérer comme la gardienne de service, de ne pas lui refiler la petite les soirs de coliques ou à l’âge des fugues. Done deal.

Depuis l’accouchement, cette amie venait souvent nous rendre visite à la maison, mais nous savions bien que ce n’était qu’un prétexte pour catiner, même quand nous habitions en Alberta. Elle coiffait les cheveux de sa filleule, jouait avec elle, lui lisait des histoires. L’amour était sincère et bidirectionnel.
Il y a cinq ans, nous avons redéménagé au Québec, à quelques minutes de chez elle. Quelle joie pour l’amie en moi et pour ma fille, qui pourrait développer des liens encore plus serrés avec sa marraine. La bonne intention de cette dernière était présente : « Je vais l’inviter au cinéma! On va aller à la plage ensemble. Dévorer tous les livres de la bibliothèque municipale. Quand elle sera un peu plus grande, je vais l’amener dans cette boutique où on peut fabriquer nos propres bijoux ».
L’intention y était, mais l’action a pris le bord. En catimini, au fil des promesses non tenues, des rendez-vous décommandés, des appels non répondus. Sa marraine et moi travaillions ensemble tous les jours, mais un malaise s’est installé et a grugé la relation marraine-filleule. Nos chemins se séparaient.
Le moment de la confrontation est arrivé. « Ma cocotte me demande sans arrêt quand elle va revoir sa marraine. Tu lui manques et à moi aussi. »
Une lettre de démission en mauvaise et due forme. « Je préfère ne plus être dans votre vie. On s’est éloignées avec le temps. Je ne le fais pas par méchanceté, mais je ne ressens plus le besoin de vous côtoyer. » En filigrane, il y avait comme raison qu’avec quatre jeunes enfants, nous n’étions plus une famille souhaitable pour elle qui n’en avait pas. Nos enfants étaient trop intenses, trop jeunes, trop… enfants.
Sa décision nous a fait mal. Nous nous sommes sentis trahis. Son divorce en tant que marraine m’a fait douter de ma capacité à entourer mes enfants de bonnes personnes. Mais surtout, nous avions de la peine pour notre cocotte. Elle ne méritait pas d’être rejetée. Son estime personnelle était déjà si fragile, et vlan! Un contrat volontaire d’amour éternel déchiqueté. Au diable, l’engagement devant Dieu et devant la communauté.
Mon mari et moi avons pris le temps de discuter avec notre fille. De mettre la démission sur le dos des amitiés qui ne durent pas toujours. Des histoires d’adultes. Pas de sa faute à elle. Nous lui avons offert de prendre le temps, si elle le souhaitait, de se choisir une nouvelle marraine. Pas de contrat signé, pas de prêtre, pas d’eau bénite sur le front. Mais cette marraine-là, elle aime notre cocotte en intentions et en actions. Comme dirait une autre génération remplie de sagesse, il faut bien que les bottines suivent les babines!