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Une autre étape

Ça y est, c’est fait ! Après six ans de loyaux services, j’a

Ça y est, c’est fait ! Après six ans de loyaux services, j’ai remercié celle qui s’occupait de mes enfants après l’école. Le temps passe si vite !

Je n’ai pas pris cette décision seule et pour être honnête, je n’étais vraiment pas prête à ça. Je m’étais donné comme deadline la fin de l’année scolaire ou au pire l’automne. Mais voilà que mes deux enfants, un soir au souper, me disent : « Tu sais maman, on l’aime beaucoup Carole, mais honnêtement, on est assez vieux maintenant pour rester seuls. »

Bon, fallait que j’y réfléchisse et franchement, on peut dire que j’ai mis toutes les chances de mon côté. Mes deux enfants ont suivi un cours de secourisme, mon garçon a fait la formation « Rester seul à la maison » et ma fille, le cours de gardien averti. Elle va même garder d’autres enfants.

Comme j’ai un horaire atypique, je reviens à la maison seulement vers 20 h 15, donc ça implique des soupers. J’ai donc essayé des plats cuisinés d’un traiteur. Ça n’a pas passé au conseil des enfants maîtres de ma maison ! Je me suis donc mise à cuisiner des plats que j’ai séparés en portions individuelles et que j’ai mis au congélo. Là ça marche. Les enfants sont heureux. Vous devriez voir mon congélateur de maman insécure que ses poussins meurent de faim. Je vous dis, il y a une alerte nucléaire et nous sommes barricadés à l’intérieur, nous avons de la bouffe pour les deux prochains mois.

Comme quand je suis à la maison, mes enfants sont comme chien et chat (je sais que c’est seulement dans ma maison que c’est comme ça !), je leur fais un tableau de tâches. Ils décident eux-mêmes de leur souper, que je vais chercher et que je mets au frigo ; comme ça, je garde le contrôle.

J’ai même pensé à mettre une caméra dans ma cuisine pour les observer. Ensuite, je me suis dit que si je veux en faire des adultes responsables et autonomes, je dois leur faire confiance. Après tout, ce sont eux qui me l’ont demandé.
Ça fait maintenant deux semaines qu’ils sont seuls après l’école et franchement, ça se passe très bien. Oh ! bien sûr, je reçois plusieurs textos de ma fille qui me rapporte tout ce que mon fils fait, mais bon, c’est sa nature de petite maman protectrice. Quant à mon fils lui, le plus difficile, c’est de lui faire comprendre que manger trois collations avant le souper n’est pas la meilleure idée.

Je serai toujours reconnaissante envers cette femme qui a veillé sur mes deux trésors pendant toutes ces années. À moi maintenant de lâcher prise et de comprendre que oui, on est rendus là ! Qu’ils ont grandi, qu’ils peuvent être autonomes et responsables. Les six dernières années ont passé tellement vite !

Annie Corriveau

Grandir

Texte de Mathilde Godde, 15 ans

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Texte de Mathilde Godde, 15 ans

 

L’eau martelait mon corps, ruisselait sur ma peau rougie et venait diluer l’encre de mes pensées noires. Brûlante, elle m’embuait l’esprit et s’évaporait contre les parois translucides de la douche. Assise sur le sol détrempé, les genoux repliés contre la poitrine, je fermai les yeux et laissais l’eau parcourir les plis de mon visage, creuser mes traits, adoucis par la chaleur de la pièce. J’entendais le piano jouer, les notes s’envoler et venir s’échouer sur mon cœur.

J’étais comme une enfant qui, repliée sur elle-même, se murait dans l’attente plutôt que d’affronter le monstre qu’est la vie. Une enfant qui refusait de grandir, car cela fait trop mal, car une fois qu’on a commencé, on ne peut revenir en arrière.

Lorsqu’on grandit, on aime. On s’affronte du regard jusqu’à se noyer dans les yeux de l’autre. On s’aime à en mourir, on s’aime trop, on se quitte, le cœur à vif, l’âme sanguinolente. On se brise, puis on tente de recoller les morceaux, mais chaque fois, on finit par tout balayer du revers de la main, les yeux bouffis de peine. Et on recommence.

Lorsqu’on grandit, on recommence. Encore et encore. On tombe et on s’accroche à la première main tendue pour se relever, cette même main qui nous avait poussés hier et qui tentera de nous achever demain. On voudrait apprendre de nos erreurs sur lesquelles on gît, mais on oublie trop vite.

Lorsqu’on grandit, on oublie. On promet, on ne tarde pas à ne plus se rappeler et on déçoit. Alors, on est déçu à notre tour, on pardonne, mais on n’oublie point. On joue au jeu de la vie. On joue pour gagner et la défaite nous lasse vite, mais comme pour tout, il suffit de persister pour réussir un jour.

Lorsqu’on grandit, on n’a pas peur. On frôle les dangers, on les laisse nous enivrer. On laisse les mensonges caresser nos lèvres et se répandre dans nos mots. On ne distingue plus le bien du mal, le vrai du faux. On se perd et on tente en vain de se retrouver.

Grandir, c’est mourir un peu, mais c’est aussi vivre plus.

 

Ma peau était toute froissée désormais, ravagée par ces longues minutes passées sous l’eau brûlante. Mes lèvres me faisaient mal, tant elles étaient gorgées d’eau et je sentais mes muscles endoloris. Je tendis la main pour fermer le robinet et entrepris de me relever, la tête haute, le menton en l’air.

 

Peut-être n’est-ce que cela, grandir ?

Être capable de se relever et plonger tête première dans ce qui nous fait peur.