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Détresse psychologique et météo intérieure – Texte: Stéphanie Dionne

Les spécialistes de la santé se disent inquiets pour la santé mentale des jeunes. Ce serait plus d’un adolescent sur trois qui vit un niveau élevé de détresse psychologique. Comme cité dans un article de La Presse, la Dr Karine Igartua lance le mouvement Alphas connectés et invite le milieu scolaire à mettre en place des actions concrètes pour favoriser le développement émotionnel et comportemental sain chez les jeunes. Elle propose d’instaurer un cours d’éducation à la santé mentale de la maternelle jusqu’à la fin du secondaire. « Les tout-petits pourraient apprendre à reconnaître et gérer les quatre émotions de base », dit-elle.

 

Nous devons effectivement éduquer les jeunes au développement d’une saine santé mentale et les accompagner afin qu’ils puissent vivre pleinement et sainement ce qui se passe à l’intérieur d’eux. Pour cela, il importe que les adultes – parents, enseignants et éducateurs (tous les « AS » Adultes signifiants comme dirait Stéphane Paradis) – puissent créer les conditions essentielles pour permettre aux enfants de reconnaître leurs émotions, de les accueillir et d’agir de manière à avoir un impact positif sur eux-mêmes et sur les autres.

 

Oui, cela commence avec nous. C’est à nous de devenir des êtres matures émotionnellement pour accompagner les jeunes, nos jeunes. Apprendre à se connaître et prendre soin de soi, c’est le travail le plus important de toute une vie. On ne cesse de vivre de nouvelles situations et de faire face à de nombreux changements. On ne cesse donc jamais d’apprendre même en tant qu’adulte. Nos émotions sont des leviers d’apprentissage exceptionnels lorsqu’elles sont observées et accueillies. Dans le cas contraire, elles deviennent de réels freins à l’apprentissage qui empêchent notre cerveau, notre cœur et tout notre corps d’être disponibles à quoi que ce soit d’autre.

 

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe déjà plusieurs personnes au sein de divers organismes qui sont prêtes à accompagner les jeunes et à appuyer les parents et les enseignants dans les écoles. Laissez-moi vous parler d’une femme qui est, selon moi, une précurseure dans ce domaine. Manon Jean est la fondatrice de l’Arbre en cœur qui présente des conférences, des formations et des ateliers sur la météo intérieure. Je tiens mes outils d’accompagnement de cette personne. Elle m’accompagne dans cet univers fascinant que j’ai appris à construire à mon image en tant que femme, mère, amoureuse et coach.

Je lui laisse reprendre la plume pour vous partager ce qu’elle permet aux enfants de vivre pour accueillir leur météo intérieure.

J’œuvre dans les écoles primaires depuis déjà douze ans et mon objectif premier : favoriser l’accueil des émotions et des sentiments chez l’enfant par l’entremise d’une métaphore qui se nomme : la météo intérieure. Selon moi, la météo intérieure c’est simple, concret et non menaçant pour l’enfant et même pour l’adulte. Par l’entremise de cette métaphore, l’enfant apprend tout doucement à lire le temps qu’il fait en lui-même et s’habitue à accueillir ses alertes météorologiques. De plus, il apprend à vivre en compagnie de ses amis (les adultes de demain) qui eux aussi vivent parfois de l’instabilité météorologique!

MAIS POURQUOI? Moi personnellement, le jour où je suis devenue une maman, j’ai compris très tôt que je devais créer quelque chose pour mes enfants afin qu’ils puissent m’accueillir dans mon propre désordre émotionnel. Je n’ai aucun problème de santé mentale, mais je savais pertinemment que j’avais besoin de me remettre au monde émotionnellement, de me reconstruire afin d’offrir à mes enfants tout le confort nécessaire pour s’épanouir eux-mêmes. De là est née la météo intérieure, que j’ai écrit mes trois livres, construit mon programme Arbre en cœur dans les écoles primaires et réalisé mes recherches avec l’Université du Québec à Trois-Rivières afin d’obtenir des fondements scientifiques concernant l’accueil des émotions.

Visionnez le documentaire : La météo intérieure

MES EXPÉRIENCES SCOLAIRES Depuis douze ans, je réussis à vivre de mon travail, car devinez quoi? Les écoles ont peu de budget à consacrer directement au bien-être des jeunes. J’ai donc créé un OBNL afin de financer moi-même la réalisation de ces activités dans les écoles, constatant autant de besoins chez les enfants. J’ai à cœur le développement du savoir-être chez l’enfant afin qu’il puisse réussir sa vie et dans la vie!

Les ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, de la Famille et de la Santé et des Services sociaux gagnent à offrir les moyens aux écoles et aux parents de développer une saine relation avec leur monde émotionnel, physique et psychologique. Manon Jean, auteure et fondatrice du concept Arbre en cœur.

De mon cœur qui souhaite le bien-être de chacun de nous!

Stéphanie Dionne

 

Quand la tempête intérieure fait rage

Ce matin dès le réveil vers 6 h, le petit hamster dans ma tête s

Ce matin dès le réveil vers 6 h, le petit hamster dans ma tête s’est mis à courir dans sa roue de pensées négatives. J’ai essayé en vain de me rendormir, mais impossible de me calmer. Je sentais que ma mer intérieure avait des vagues de plus en plus fortes. J’entendais ma fille qui était déjà levée. Je me demandais comment sortir de la chambre et avoir l’air normale devant elle qui voit tout et qui, dès que j’ai le coin de l’œil humide, me demande si je pleure.

Une énorme boule dans la gorge, je me lève, j’embrasse ma fille qui prépare déjà son petit-déjeuner seule et l’avise que je file dans ma douche. Je sens la tempête gronder… j’entre vite sous l’eau chaude et une pluie de larmes vient inonder mon visage. Je pleure et je me sens en plein milieu d’un océan en furie ce matin. J’ai pourtant bien dormi. La séance avec mon psychologue, hier, a fait ressortir des émotions. Je sens que ce matin, ma belle rationalité n’est pas en mesure de reprendre le dessus sur cette tempête intérieure. Je reste au moins quinze minutes sous l’eau de la douche, puis j’essaie d’apaiser un peu cette peine qui remonte et les nausées qui me prennent au cœur.

Ma fille aura mangé toute seule et préparé ses choses pour l’école. Je lui fais un énorme câlin avec mon plus beau sourire lorsqu’elle quitte pour l’école. Je referme la porte, je cours dans les escaliers, puis m’effondre de plus belle en larmes incompréhensibles. Je sens des haut-le-cœur qui se mettent en branle. Décidément, la mer (mère) traverse une tempête ce matin. Je m’accroche, je sais que cela passera, mais pour le moment, j’ai l’impression que c’est la fin du monde, que je suis en pleine guerre nucléaire intérieure. Je me demande comment je pourrai passer à travers cette journée. Il est 8 h 6 et j’ai juste hâte de retrouver mon lit douillet pour dormir une nuit calme. Mon psy me dit de tolérer la souffrance et d’essayer de ne pas fuir la douleur. Facile à dire…

Je m’installe à mon portable avec les yeux humides. On dit souvent que la vie met sur notre route des gens, des pensées ou des textes. Celui de Nicole Bordeleau ce matin me saute aux yeux. Elle parle de météo intérieure : « De même qu’un orage peut éclater sur notre région et nous prendre par surprise, sans que nous ayons pu nous y préparer, de même notre esprit est assujetti à des tempêtes intérieures. »  Je comprends tout à coup que l’anxiété ce matin a pris le contrôle de ma météo.

Le soleil est pourtant radieux dehors, je suis aimée, j’ai des gens extraordinaires sur ma route et je suis en santé. J’ai honte de me sentir si vulnérable. Peur qu’on arrête de m’aimer quand je vis ces tempêtes intérieures qui me font douter de moi. J’en parle peu, les gens très près de moi savent ce que je vis, comprennent ou essaient de comprendre ce qui se passe en moi.

Comment expliquer l’anxiété? J’aime l’idée de parler de la météo, car effectivement, on vit intérieurement des tonnes d’émotions dans une journée et soudainement, le ciel bleu peut s’assombrir à cause d’une pensée négative, d’une parole qui réveille un mauvais souvenir ou d’un geste anodin qui rappelle une blessure du passé.

Je travaille fort pour être dans le moment présent, pour rester ancrée, et même si j’ai le pied marin, je réalise que ma mer vit des tempêtes. Dans cette situation, je ne peux que mettre ma veste de sauvetage, m’accrocher au fait qu’après la pluie le soleil revient toujours et me dire qu’avec le temps, je vais continuer à apprivoiser les orages, qu’ils feront moins de dégâts et que le soleil sera encore plus beau après.

Pour tous commentaires : v23hebert@icloud.com

 

Véronique Hébert