Tag mort

Léane et Pauline, une histoire de femmes fortes (et du cycle de la vie et de la mort)

Tu es entrée dans nos vies samedi, à 22h20. Habituellement à cette heure-là, les gens se prépar

Tu es entrée dans nos vies samedi, à 22h20. Habituellement à cette heure-là, les gens se préparent à dormir. Pas toi. Oh que non ma p’tite dame! Toi, tu entrais tête première dans un monde qui t’était inconnu en éclaboussant tout le monde de ta beauté. T’as choisi une drôle de date pour arriver tu sais, parce que le lendemain, toute la famille était réunie pour saluer une dernière fois ton arrière-grand-mère Pauline. Même que, lorsque Pauline est partie au paradis des arrière-grands-mères, j’ai bien pensé que ta mère accoucherait de toi ce jour-là. Ça m’a fait un peu peur au fait, parce que je voulais que ta fête t’appartienne à toi et à toi seule, je ne voulais pas que ta mère et ta grand-mère soient tristes en te chantant bonne fête pour la première fois.

Le soir de ta naissance, je pense que tout le monde était triste et anxieux à l’idée que le lendemain il nous allait falloir dire au revoir à Pauline. C’est toujours un peu difficile les au revoir, surtout quand tu ne sais pas vraiment quand est-ce que tu vas revoir la personne, et surtout quand la personne tu l’aimais beaucoup.

Elle t’aurait aimé, énormément, ton arrière-mamie Pauline. Elle aimait tellement ça les bébés! Un jour ma belle Léane, quand tu seras assez grande pour lacer tes souliers toi-même et que tu sauras compter jusqu’à cent, je vais te donner mes souvenirs les plus précieux pour que tu les gardes avec toi pour les jours de pluie. Je vais te raconter comment elle aimait cuisiner et combien ses desserts étaient extraordinaires. Je vais tourner les pages des albums photos avec toi assise sur mes genoux et je te regarderai t’éblouir sur la finesse de ses doigts et la fougue qu’elle avait dans le regard. Lorsque tu viendras nous visiter avec ta mère, ma cousine d’amour, je vais te regarder en m’exclamant bien fort “est tu belle cette enfant là!”, en te pointant du doigt, parce que c’est exactement ça que ta mamie aurait fait.

Tu lui ressembles déjà beaucoup, petite merveille! Ta mère aurait voulu que tu sortes la semaine dernière, elle était prête, elle avait hâte de te voir la binette mais toi… Tu n’en fais déjà qu’à ta tête! On m’a dit que tu avais déjà fait tout un remue-ménage du ventre de ta mère jusqu’à la chambre de naissance et que tu ne donnais pas ta place… Ça me rappelle quelqu’un ça! Ta mamie, c’était une femme forte. Pas dans le sens où elle tirait des autobus avec ses dents ou qu’elle cassait des planches à mains nues. Non. Une VRAIE femme forte. Celle qui élève sa marmaille et qui la couve toute sa vie, celle qui aide toujours, partout, tout le temps et qui ne s’arrête jamais pour se reposer. Celle qui a mené une vie plus rough que n’importe qui mais qui ne s’en sert jamais comme excuse et qui ne s’apitoie pas. Droite, forte, fière. Une vraie belle femme que tout le monde aime et qui aime son monde. Une tête de cochon aussi, qui écoute le docteur une fois sur trois et qui mange, boit, rit et fait rire, jusqu’à son dernier souffle. Une femme inspirante, avec le coeur gros comme une maison.

Je vais te raconter tout ça, ma petite cousine d’amour, un peu pour te remercier d’avoir à toi seule rétabli l’ordre des choses et bouclé la boucle du cycle de la vie.

On est tous encore triste parce que c’est jamais facile dire au revoir, mais on est maintenant aussi tous heureux, parce qu’avec toi la vie commence.

Livres pour parler de la mort aux enfants

Voici les suggestions de lecture de nos mamans-internautes suite à l'article d'Hugo Bourque sur <a

Voici les suggestions de lecture de nos mamans-internautes suite à l’article d’Hugo Bourque sur comment expliquer la mort aux enfants :

maman de Rosalie

La mamie de Rosalie est partie – Éditions Flammarion – 12,95$

Tous les dimanches, Rosalie va chez sa Mémé Fleur, qui lui apprend à jardiner, à apprécier les odeurs, à reconnaître les graines… Mais vient le jour où la Mamie de Rosalie meurt, et où la petite fille doit apprendre à vivre sans jamais la revoir, grâce à ses souvenirs, et à ce qu’elle a appris. Cet album, écrit tout en rimes et aux illustrations douces, invite au dialogue parents-enfants sur le thème du décès des proches. La dernière double page, écrite par un pédopsychiatre donne des pistes aux parents pour aider les enfants à faire leur deuil.

mort pas dans mon coeur

Mort, mais pas dans mon coeur – Éditions Logiques – 29,95$

Ils sont bébés, enfants ou adolescents, et déjà la mort s’est emparée d’une personne qu’ils aiment de tout leur coeur. Tandis que ces jeunes découvrent la vie, ils doivent mettre beaucoup d’énergie à comprendre cette mort si mystérieuse et inconcevable. Devant leur détresse, leurs silences, leurs questions, leurs sourires, nous nous sentons souvent impuissants et ne savons pas toujours comment réagir. Quelle est la différence entre leur deuil et celui des adultes ? Que comprennent-ils de la mort à leur âge ? Comment leur annoncer le passage de la mort ? Comment bien les accompagner ?

Ce livre saura guider les parents, les intervenants ou toute personne touchée de près ou de loin par le deuil vécu par un enfant ou un adolescent. La bonne connaissance de ce sujet permettra d’aider ces jeunes qui, derrière leurs larmes, ont tant à partager.

Maman-Comme-Le-Vent

Une maman comme le vent – Actes Sud Junior – 15,95$

Louis aime bien parler avec Lucas, parce qu’il connaît toutes sortes de mots, “ceux pour ne pas se laisser marcher sur les pieds”  et “ceux qui font tout oublier, quand on s’est fâché”. Quand la maman de Lucas est morte, Louis a voulu consoler son copain, lui dire “des mots qui font du bien”. Il a longtemps cherché, et sa maman l’a aidé à trouver les mots tendres et malins qui ont adouci son chagrin et celui de Lucas.

 

 

parler-mort-aux-enfants

La vie, la mort –  Éditions Milan – 16,50$

Des réponses aux questions que se posent les enfants sur la vie et la mort : pourquoi meurt-on ? Pourquoi est-ce grave de tuer ? Où va-t-on lorsqu’on meurt ?

 

 

 

 

 

vieux thomas petite fée

Livre CD – Vieux Thomas et la petite fée – Dominique et cie – 29,95$

Avec talent et passion, Dominique Demers raconte la merveilleuse histoire de Vieux Thomas et la petite fée, en plus de révéler ses secrets aux enfants, petits et grands. Musique et magie sont au rendez-vous grâce à la magnifique trame sonore composée par le musicien Bernard Falaise pour le spectacle de danse de la compagnie Bouge de là. Ce livre-CD est un enchantement à la fois pour les yeux et pour les oreilles : un grand texte et de touchantes illustrations à découvrir et à redécouvrir ! Une évocation touchante et poétique de thèmes forts : la vieillesse, la tendresse, la mort.

Élever des humains : la mort, on explique ça comment?

« L’été, c’est fait pour jouer » chantaient nos deux marionnettes à l’air hagard préfÃ

« L’été, c’est fait pour jouer » chantaient nos deux marionnettes à l’air hagard préférées, Cannelle et Pruneau. C’est un moment où l’on s’habille plus léger, où l’on mange plus léger… où l’on se sent plus léger. Les médias nous proposent des émissions aux contenus plus légers et même dans les journaux, virtuels ou non, les articles sont souvent… enfin, vous avez sûrement compris le principe.

C’est avec cette ambition de légèreté que je réfléchis à des textes pour vous tout en continuant de vivre ma vie. Je préparais donc mon voyage en famille tout en sifflotant; pour moi, le mot « léger » vient automatiquement avec l’image du gars qui sifflote. Tu ne peux clairement pas siffloter un air grave; c’est certain qu’il sera léger. Mais je m’égare…

Bref, je vis ma vie et PAF! : quelqu’un termine la sienne. Quelqu’un de proche. Ma grand-mère maternelle rend son dernier souffle. Une fin paisible… calme… prévue. Le genre de fin qui s’étire en longueur. Celle qu’on déteste et qui fait mal y compris aux proches qui assistent à tout ça, impuissants. Celle qui épuise. Celle qui nous pousse à dire des phrases un p’tit brin insipides comme « elle est bien mieux là-bas », en pensant, à tort, adoucir la douleur…

Comment explique-t-on à son enfant de cinq ans qu’une personne n’est plus? Parce que L’héritier a déjà rencontré à plusieurs reprises ma grand-mère. Et il s’en rappelle de sa mémé qui était malade et qu’il a vue à l’hôpital v’là deux ans. Elle ne parlait plus, ne se levait plus… mais avec son simple regard et la « poigne » qu’elle avait encore dans sa main droite, elle a su créer et garder un contact intime avec lui.

Comment on explique ça? On pourrait faire semblant qu’elle n’a jamais existé; on ne lui en parle plus, tout simplement. À cinq ans, il ne pensera plus à elle et il passera à autre chose. Une bonne « Pat’ Patrouille » et tout sera comme avant. Mais ce n’est pas notre genre de fuite; moralement, je ne serais pas capable d’assumer ça. Un mensonge par omission (par choix ou non), c’est un mensonge quand même pis ça fait d’la peine au p’tit Jésus. Cela dit, je ne suis pas en train de dire que je ne mens jamais à mes enfants; oui, y’en reste des biscuits, mais c’est déjà le deuxième que tu manges faque ça s’peut que j’invente qu’y’en reste pus. Les hauts d’armoires ne sont pas là que pour faire beau dans nos cuisines. Que celui qui n’a jamais péché me lance la première poignée de gravaille.

Mais pour un sujet aussi important que la mort, un enfant a le droit d’entendre la vérité même s’il n’est pas en mesure d’en comprendre toutes les subtilités. Si quelqu’un lui invente qu’elle est partie faire un long voyage, ça ne sera certainement pas moi. C’est plus imagé et fait moins de peine que de parler de la mort, mais c’est un mensonge.

Chez nous, on a toujours tout expliqué; parfois trop, peut-être. Mais ça fait des enfants plus sensibles et intelligents. J’ai pas de preuve, mais j’aime penser que quand on veut élever des humains, on doit les traiter en humains dès le début.

Nous avons donc parlé de la situation avec L’héritier dans des mots simples qu’il a visiblement compris. Je dis « visiblement » parce que voici un résumé d’une discussion qu’il a eu avec sa tante Lolo peu de temps après, sur la route qui nous a mené aux Îles-de-la-Madeleine.

  • Tu sais, Lolo, y’a quelqu’un qui est mort aux ÃŽles-de-la-Madeleine.
  • Ah oui? Qui?
  • C’est Mémé. (…) Est-ce que tu penses qu’on peut lui parler quand même?
  • Oui, sûrement.

L’héritier a alors levé la tête vers le ciel, même si personne ne lui a parlé d’aller au ciel (!) :

  • Salut Mémé. Moi, j’aurais aimé ça que tu restes ici.

Quand on veut élever des humains, on doit les traiter en humains dès le début. J’aime constater la sensibilité des enfants. Ne leur cachons pas les vérités, même celles qui ne sont pas confortables pour eux. Même l’été, il peut arriver des événements moins légers; c’est la vie. Notre job comme parents, c’est aussi de les préparer à ça; pas juste de leur expliquer comment trouver de faux Pokémons dans un vrai stationnement de McDo.

Salut Mémé Lapierre; merci pour tout et surtout… bon voyage!