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Narcissique – Texte: Audrey Boissonneault

J’ai toujours pensé qu’une fois que tu serais hors de ma vie, j

J’ai toujours pensé qu’une fois que tu serais hors de ma vie, j’irais mieux. Je me suis trompée. Après tout ce temps, je pense encore à toi. Ta personne me hante, les souvenirs aussi. 

La façon que tu avais de m’atteindre, les regards, les paroles et les gestes. La douleur que je ressentais lorsque nous étions dans la même pièce. Je ne peux m’empêcher de me demander ce que j’ai fait pour mériter cette vague de méchanceté.

Un beau-père ou une belle-mère a pour rôle d’appuyer le parent. Il n’est pas censé te rabaisser ni t’insulter. Tu ne t’arrêtais jamais; au contraire, c’était toujours plus. Alors à toi qui m’as harcelée psychologiquement, qui m’as insultée, qui m’as dénigrée, qui m’as amenée au plus bas, qui a souhaité ma mort… merci. 

Merci de m’avoir démontré ce que c’était de n’avoir aucune confiance en soi, au point d’en faire payer une adolescente, et ce, pendant plusieurs années. Au début, on te croyait et tu en profitais. Tu aimais ce rôle, tu aimais me détester et me planter des couteaux dans le dos. Tu m’as répété à maintes et maintes reprises que j’étais comme « ta fille ». Heureusement pour moi, ce n’est pas le cas. Je ne comprends pas comment quelqu’un peut être aussi atroce dans ses propos.

Je suis restée fixée devant mon clavier. Depuis plusieurs mois, mes doigts n’arrivaient plus à pianoter des phrases lucides. Mes yeux ne faisaient qu’observer la luminosité de l’écran. Mes pensées étaient imprécises, nébuleuses. J’essayais de réfléchir, de trouver les mots justes, pouvoir dénoncer chaque méchanceté, chaque geste qui tournait encore dans ma tête.

Rares étaient les fois où je devenais émotive à en parler. Les professionnels étaient les seuls à pouvoir toucher le sujet plus profondément. Un traumatisme, qu’ils m’ont dit. Aujourd’hui, les fois où l’on se croise se font inhabituelles et pourtant, chaque fois, je sais que, dès l’instant où mes yeux croiseront les tiens, un tonnerre de haine s’écroulera sur moi.

J’écris ce texte et les palpitations ne font qu’augmenter. J’aimerais pouvoir décrire tout le mal que tu m’as apporté. Je vais tout simplement te dire que cette fois-ci, tu es le seul coupable. Tu as pris un mur et tu l’as frappé de plein fouet, tu es responsable de cet acte. Puis comme tu m’as dit, au tout début, il y a de ça huit ou neuf années:

« S’il l’avait bien traitée, il l’aurait encore à ses côtés ».

Audrey Boissonneault

 

Abus de pouvoir

Ce n’est pas dur à comprendre, t’es partout. Tu n’as juste pa

Ce n’est pas dur à comprendre, t’es partout. Tu n’as juste pas le même nom, mais tu as le même visage à deux faces. Depuis des années, j’observe, j’écoute et c’est inquiétant de constater que tu n’es pas le seul : tu te trouves dans tous milieux confondus.

Petite parenthèse, je ne te parle pas d’un boss qui se trouve devant de vraies problématiques avec un employé. Ça, c’est le bon boss, apprécié par la majorité de ses employés. Je parle de toi, apprécié par la minorité de tes employés, à qui tu tapes sur la tête comme tu changes de bobettes. Heureusement pour toi et malheureusement pour eux, cela signifie très souvent.

Faire de tes employés tes souffre-douleurs, c’est immonde, boss. Des avis, mesures, sanctions disciplinaires à tout le monde pour des raisons tout aussi farfelues les unes que les autres, leur parler comme s’ils étaient imbéciles et qu’ils ignoraient que t’es en train de leur manquer de respect ou encore de les manipuler… Faire du harcèlement psychologique, ça te donne l’impression d’être supérieur, j’imagine ?

Tu penses peut-être que tes employés sont des êtres inférieurs, mais sache qu’ils sont intelligents et voient clair dans ton jeu. Leur silence ne signifie pas qu’ils sont niais, cela signifie seulement qu’ils te laissent vivre ton power trip en essayant de se protéger le plus possible. On va se dire les vraies affaires, lorsqu’il y en a un d’un petit peu trop téméraire qui ose te tenir tête, tu le lapides sur la place publique. Cette démonstration de force te donne l’impression que tu vas replacer tes petites brebis sur le droit chemin et que ton règne va pouvoir continuer puisque plus personne n’osera te confronter. La réalité, c’est qu’ils vont continuer de se taire par la peur. Par la peur ! C’est inquiétant quand même en 2019 d’en être encore là. J’sais ben pas ce qu’il y a de trippant à inspirer la peur à ses employés. Je trouve ça plutôt déviant.

Ce n’est pas avec de l’abus de pouvoir que tu vas obtenir ni loyauté, ni mobilisation, ni stabilité, ni tout ce qu’il y a de beau à avoir une équipe solide. Tu veux l’avoir à tout prix, mais tu n’en es pas digne. Si tout le monde quitte le navire, ce n’est pas de la faute à Pierre-Jean-Jacques ou encore parce que tout le monde a de nouveaux défis. Ça, c’est juste la formule polie pour partir en douce, afin d’éviter de se faire déchiqueter l’estime. C’est de ta faute à toi, tout ça.

Ce n’est pas avec l’abus de pouvoir que tu vas combler ce vide en toi. Parce qu’on aura beau dire ce qu’on voudra, ce qui fait de toi ce bourreau‑là, c’est clairement quelque chose de plus profond que tu tentes de camoufler en faisant souffrir les autres. Encore une fois, ce n’est pas de leur faute à eux, si personne n’arrive à te satisfaire.

J’te souhaite d’être heureux pour vrai, boss. Mais ce serait bien que tu arrêtes de pourrir l’existence des autres en justifiant « que c’est ça être boss ». Non ce n’est pas ça, pis il y a de sacrés beaux modèles dont tu devrais t’inspirer. L’affaire, c’est que tu ne te remets jamais en question, t’es au‑dessus de ça toi, l’introspection.

Mais je te le dis, ce n’est pas vrai qu’avec l’abus de pouvoir et le règne de la peur, ton équipe va être en santé. Tu les prends pour des numéros et tu te dis que tout le monde est remplaçable, et tu as raison. Mais ta réputation, elle, se fait et personne ne veut travailler pour un tyran. Sans eux pour ramer, tu vas couler. Tu as la chance de jouer un beau rôle dans le quotidien de ces gens‑là, c’est vraiment ce que tu veux, être ce qu’on appelle un boss narcissique ?

Penses‑y, boss !

Eva Staire