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Ressortir ? Texte – Nathalie Courcy

La pandémie est finie, youppi ! Ben non, pas encore ! Mais quand même, la province passe en

La pandémie est finie, youppi !

Ben non, pas encore ! Mais quand même, la province passe en zone verte ce lundi.

Ce n’est pas tout gagné, les variants se terrent tout près, tous prêts.

La tombée des masques comporte des risques. Les push-push de désinfectant feront encore partie de notre vie longtemps (ben hâte de voir l’impact sur le système immunitaire à long terme, mais on s’entend que c’était nécessaire !).

Mais, on peut sortir ! On peut voir du monde ! On peut exister presque normalement !

On l’a attendu longtemps, cet assouplissement des mesures !

Moi qui habite à cinq minutes de la frontière interprovinciale, je peux maintenant traverser le pont sans risquer de me faire arrêter. On a pu visiter ma maman qui n’avait pas vu ses petits-enfants depuis la rentrée scolaire. On a pu recevoir une autre famille pour souper. Juste entendre le rire des enfants qui jouaient tous ensemble, c’était mon salaire pour avoir été si patiente et obéissante depuis mars 2020.

On dirait que tout est moins compliqué : pas besoin de faire la file dehors pour aller poster une lettre, pas besoin de réserver les livres en ligne avant de passer les chercher à la bibliothèque, pas l’impression d’avoir la peste quand on marche en famille de six… On est à un pas du paradis !

Bon, j’exagère, on fait encore très attention, on a de la sympathie pour tous ceux qui ont attrapé le sapristi de virus, qui en ont encore des séquelles ou qui en sont décédés. On a de la peine pour tous nos aînés qui ont été encore plus isolés que d’habitude et qui ont vu leur étage de résidence être décimé. On est soulagés pour les profs qui, on l’espère, n’auront plus à enseigner avec visière et en virtuel.

Mais pour ma part, je me sens soulagée d’un certain poids. Mes amis m’ont manqué et j’ai juste hâte de les retrouver ailleurs qu’à travers un écran. Les musées, les restos, les sorties improvisées m’ont manqué. Je passais une partie de mon année en avion, même ça, ça m’a manqué ! Qu’advienne le jour de la nouvelle normalité !

Et vous, de quoi aura l’air votre nouvelle normalité estivale ?

Maintenant qu’on a le droit de ressortir, quelles activités planifiez-vous dans les prochaines semaines ?

Et comment voulez-vous célébrer le fait qu’on est en train de s’en sortir ?

PARTY! (en respectant les consignes, là!)

Nathalie Courcy

https://nathaliecourcy.ca

 

J’veux pas être normale – Texte : Kim Boisvert

Je ne veux pas m’éteindre. Je ne veux pas, je refuse de perdre mo

Je ne veux pas m’éteindre. Je ne veux pas, je refuse de perdre mon cœur d’enfant ou de jeune adolescente. Je refuse de perdre ma joie de vivre. C’est probablement mon ferme refus qui fait en sorte que j’ai toujours ce petit bout qui semble manquer à trop de gens.

Je suis naïve.

J’ai longtemps pensé que j’étais nunuche ou tarte. Parce que quand tu te rends compte que les gens te trouvent attachante mais ne croient pas que tu es aussi intelligente, ça peut égrainer une estime fragile. Je comprends maintenant que ce n’est qu’un trop plein d’amour et d’émerveillement. Dans un monde qui demande trop souvent d’être droit et sévère, je suis plutôt freestyle. Je suis un Froot Loop dans un monde de Cheerios.

Souvent on se fait dire « attention à ce que tu dis, à ce que tu fais. Adapte-toi et change pour plaire ». J’ai essayé et ça a été un échec total. Vous avez certainement vu passer sur Facebook la citation : « J’ai essayé d’être normal une fois dans ma vie. Ça a été les 5 pires minutes de ma vie ». Bah, c’est comme ça pour moi. Mes parents m’appelaient leur « perruche ». J’étais colorée et je jacassais. Encore maintenant, je suis colorée et la vie m’émeut et me touche énormément. Je suis une grande émotive. Une prompte. Une directe. Mes bourdes, je les fais à fond sans broncher et je les raconte aux gens pour qu’ils puissent en rire.

Je veux continuer de danser avec mon verre dans les mains, comme je le faisais quand j’étais ado. Je veux continuer de chanter dans mon auto parce que DAMN, « Honey, I’m good », chanté ben ben fort dans une journée ensoleillée, ça me rend heureuse. Je veux continuer d’aimer sortir mes mains de l’auto pour les faire glisser dans le vent parce que ça me donne l’impression de voler, d’être libre. Je veux continuer de mettre mes pieds sur le tableau de bord quand on fait de la route même si mon Homme me dit que c’est dangereux pis que je pourrais être quadriplégique. Pour moi, c’est comme si j’étais en vacances.

Je ne veux pas cesser de pleurer. Je refuse de devenir muette face aux beautés de la vie. Ça ne me dérange pas de pleurer en regardant une vidéo de chat trop mimi ou en voyant un bébé se faire allaiter. Un couple âgé qui se tient encore la main ? Larmes de bonheur. Un vrai « bravo » bien senti de la part d’un des patrons ? Larmes. Je suis comme ça. Je refuse de changer. Pour moi, c’est un peu ça, le bonheur !

Oh, aussi, à part pleurer, je ris. Mais je ris fort. Avec cœur. Je me tape même sur la cuisse parfois. D’autres fois, j’arrive même plus à respirer. Et encore d’autres fois, je viens tellement rouge (merci à mon teint de rousse) qu’on dirait que je vais exploser. Ça, ça a souvent le mérite de faire rire les gens. Parce que quand tu ris aussi fort et que t’es rouge comme une tomate, ça fait rire, ç’a l’air ! Ma grand-mère disait « si tu vaux pas une risée, tu vaux pas une claque ».

Je ne veux pas m’éteindre. Je veux continuer de faire rire les gens et de les toucher. Je ne veux pas être « normale », parce qu’être normale voudrait dire que je perdrais la presque totalité de ma personnalité et ça, ce serait loin d’être TOP !

Je ne veux pas m’empêcher de regarder les gens dans les yeux quand je leur parle, quand je les écoute. Parce que j’ai besoin de VRAIMENT voir les gens. Pas seulement les regarder, mais vraiment les voir, eux et leur passé, leur présent et leur futur.

Ne me cherchez pas dans le côté normal des gens. Je n’y serai pas.

Kim Boisvert

C’est normal

Aujourd’hui, j’ai envie de me sentir normale. Tu sais, normale comme da

Aujourd’hui, j’ai envie de me sentir normale. Tu sais, normale comme dans « maudit que j’aimerais que la vie aille moins vite ». J’ai l’impression d’étouffer par moment. J’ai l’impression que je n’arriverai jamais à temps dans mon temps. Pourquoi je me sens ainsi? Qui m’impose ce rythme effréné?

Après réflexion, j’en suis venue à la conclusion que cette pression vient bel et bien de moi. C’est moi qui décide de me mettre dans de telles situations, et ce, de mon propre chef.

Du matin au soir, ma vie est chaotique. Enseignante de profession, je roule au quart de tour pour m’assurer que mes élèves sont les meilleurs de tous. Je m’assure qu’ils ne manquent de rien et j’en fais toujours trop. Dans le jour, j’oublie de respirer calmement. Dans le jour, j’oublie que j’existe. Je suis sur le pilote automatique, nous devons avancer, apprendre et nous amuser et je dois surtout ne pas oublier de corriger, de planifier et de ramasser.

Quand arrive le soir, je suis maman. Une maman aimante et dévouée qui oublie encore une fois de bien respirer. Une maman qui prépare le repas, qui s’assure que les douches sont prises, qui s’occupe des lunchs et qui prend le temps de jouer. Une maman qui se couche avec ses cocos et qui patiente avant de pouvoir aller se coucher juste pour être certaine qu’elle n’aura pas à se relever.

Quand arrive le soir, je suis brûlée, fatiguée. Me traîner dans mon lit est un vrai tour de magie. J’aimerais tellement fermer les yeux et m’endormir, mais ma réalité me ramène souvent en plein visage que l’anxiété n’a pas encore donné son OK. C’est à ce moment‑là que je voudrais crier. C’est justement là que je voudrais tout arrêter. Tu sais, arrêter le temps qui gère mon existence, arrêter la perfection et parfois couper les coins ronds, arrêter de stresser pour ne rien oublier. 

Aujourd’hui, j’ai envie de me sentir normale. Donc, je vais respirer, laisser aller et juste imaginer que demain sera une meilleure journée et que pour une fois, je réussirai à ne pas m’oublier.  

Véronique Daigle

Moi, je l’aime ta fraise

Moi, je l’aime ta fraise 🍓

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Moi, je l’aime ta fraise 🍓

Avant d’avoir un bébé, on nous avertit de la majorité des problèmes de santé qu’il pourrait avoir :

Les fesses rouges, la fièvre, les coliques, les otites, etc.

Cependant, il y a quelque chose dont on ne parle que très rarement, mais qui est fréquent : l’hémangiome infantile.

Selon le site de Merck, on décrit l’hémangiome comme ceci :

Les hémangiomes infantiles sont des lésions vasculaires relevées, rouges ou violacées, hyperplasiques qui apparaissent au cours de la première année de vie. Ils régressent le plus souvent spontanément ; dans certaines localisations, durant leur phase de croissance, ils peuvent affecter la vision, les voies respiratoires. Le traitement idéal varie en fonction de nombreux facteurs spécifiques du patient.

À un mois de vie, j’amène ma petite fille à la clinique pour une autre raison et je demande par la même occasion au médecin ce qu’est cette tache rouge sur le nez de ma fille. Il me répond seulement : « Ça va partir tout seul ».

Aucun autre détail.

La rougeur continuant d’augmenter, je vais voir mon médecin de famille et elle me dit que c’est un hémangiome, mais ne me donne pas plus d’informations excepté le fait que ça va partir d’ici deux à cinq ans et que ça va continuer de grandir dans la prochaine année. Je repars attristée parce que j’ai déjà entendu régulièrement les phrases :

« Tu t’es grafignée ma belle, il faut te couper les ongles! »

« C’est quoi ça sur son nez? »

« Est‑ce qu’elle va avoir ça dans la face pour toujours? »

Je sais que depuis la création de l’être humain, on veut tout savoir et comprendre.

La plupart du temps avec de bonnes intentions. Toutefois, à la longue, ça devient blessant. Ne pas pouvoir sortir dans de nouveaux endroits sans se faire poser de questions. Pour moi, que l’enfant comprenne ou non, ce n’est pas une raison pour émettre un commentaire négatif sur sa personne.

Pour en revenir au deuxième rendez-vous, j’avais le goût de m’effondrer. Dans mon cœur, ma chérie était parfaite avec sa jolie fraise au nez, ça faisait son charme, comme disait ma cousine Marianne. Par contre, je me suis mise à avoir peur que les autres enfants rient d’elle et qu’elle comprenne un jour en vieillissant. Je me suis dit que si moi, ça me déchirait le cœur, je n’osais pas m’imaginer à sa place.

Fin décembre, une amie me dit que sa plus vieille avait aussi un hémangiome et qu’il existe des traitements. Je décide donc de demander une référence pour une consultation, mais entre temps, nous sommes allées au CHEO (Children’s Hospital of Eastern Ontario), car notre fille faisait une bronchiolite.

Les spécialistes constatent également sa belle particularité et nous offrent un suivi. Ils nous disent qu’ils pourraient la traiter si on le désirait.

Moins d’un an plus tard, son hémangiome est presque complètement disparu.

J’avoue qu’il me manque. Ça faisait sa différence, mais pour nous, c’était la meilleure solution pour son avenir.

Pour ceux qui préfèrent que la vie suive son cours et qui croient que cette particularité est merveilleuse parce qu’elle rend leur enfant unique, je suis tout à fait d’accord avec vous également.

La meilleure chose pour nos enfants, c’est de faire ce que nous en tant que parents, considérons comme la meilleure chose.

Je termine ce texte en souhaitant que la société soit plus informée et que les hémangiomes deviennent une belle normalité.

C’est beau, des fraises! 🍓🍓🍓

Marilou Savard