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Mes fausses couches à répétition

J’ai toujours su au plus profond de moi que je serais mère. Même

J’ai toujours su au plus profond de moi que je serais mère. Même qu’envisager ma vie sans enfants était impossible, ça ne figurait pas dans mon plan de vie. Après avoir vécu la mort de mon frère et survécu moi-même à des cellules cancéreuses, j’ai finalement trouvé celui qui serait un jour mon Chéri Mari.

Tout s’alignait finalement pour moi… Comme mon immense joie de voir un + sur mon test de grossesse!  Mais qui aurait cru que ce bonheur se transformerait en cauchemar ? En tout cas, pas moi…

Ce mal de ventre : celui allumant ton instinct, t’alertant qu’il se passe quelque chose, que ça ne va pas bien. Cette chaleur qui s’installe dans tes entrailles, la boule dans ta gorge, le mal dans ton plexus solaire… Moi, je me disais que c’était l’utérus qui grandissait, ouin, j’avais lu ça dans mon livre, que je devais seulement me reposer davantage.

 

Voici l’histoire de cette grossesse, et des suivantes…

 

Ce soir-là, enceinte de huit semaines, je suis au cinéma pour la première tant attendue de Harry Potter. Le film se termine. Je vais aux toilettes où je constate que je saigne. J’appelle le 811 immédiatement. L’infirmière, empathique, me rappelle que cela peut arriver dans le premier trimestre, que ce n’est pas nécessaire de m’inquiéter maintenant. Le lendemain, les saignements n’ont toujours pas cessés, on va donc à l’hôpital. L’attente commence : prises de sang, tests urinaires et finalement, l’échographie.

Dans cette salle sombre, avec cette envie qui me presse la vessie, je m’allonge. La dame polie, mais aussi froide que la pièce peut l’être, commence son examen. Moi, dans ma tête et dans mon cœur, je veux qu’il n’arrive rien à mon précieux bébé. Au bout d’un moment, elle lève la tête et dit :

-Madame, vous n’êtes plus enceinte.

Mon monde s’écroule. La vie m’a quittée. Pas la mienne, mais celle de mon bébé.

Je retourne donc chez moi, l’âme en miette, avec mon Mari Chéri, lui aussi tout en morceaux. La fausse couche, c’est commun, mais ça, je ne le savais pas. À partir de ce jour, non seulement je le savais, mais en prime, je le vivais …

Même si cet être n’est pas resté longtemps, il m’a marquée, car il était important et déjà aimé. Je devais me résoudre à le laisser partir. Laisser la vie continuer, malgré le vide qui m’habitait, dans tous les sens du terme.

Le regard des autres; la pitié qui teinte leur malaise… Ce bébé, il n’a pas vraiment existé, et pourtant, cette grossesse a occupé tant de place dans nos vies.

Le temps a passé, la plaie ne se refermait pas. Ma peine se transformait en angoisse paranoïaque. Le besoin viscéral de tomber enceinte était presque malsain. Je ne pouvais que penser à cela. Les conversations où il n’y avait pas de lien vers ma future maternité ne m’intéressaient plus. L’intimité avec mon chéri n’était portée que vers la possibilité d’une nouvelle grossesse. Je ne le faisais plus par amour;  seulement dans le but de devenir maman.

 

♥ Je prends un instant pour remercier mon Mari Chéri pour toute sa patience, son amour et son soutien. Il a été le phare de notre amour. 

 

marykaAu total, j’ai vécu trois fausses couches avant d’avoir le privilège de terminer une grossesse et pouvoir tenir enfin dans mes bras, ma belle Maryka. Le chemin fut difficile : les traitements de fertilité et la prise de médicaments avant/pendant la grossesse ont demandé beaucoup d’amour et de patience de la part de mon conjoint. Malgré le fait que cette grossesse-ci se soit très bien passée, l’inquiétude fut constante pour moi. Par contre, la chance incroyable que j’ai eue de pouvoir devenir mère a effacé toutes traces de ce parcours malheureux.

C’est ce que je croyais à ce moment-là…

 

Une année et demie a passé avant que nous soyons prêts à accueillir de nouveau un enfant dans notre famille. Cette fois-là, j’étais certaine que tout se passerait bien puisque nous avions reçu un « cocktail » qui « fonctionnait ». Malheureusement, j’ai aussi perdu ce bébé, à douze semaines de grossesse. Le mur m’avait frappé de plein fouet, me faisant vivre cet échec, encore une fois.

J’avais, bien sûr, ma belle cocotte pour m’aider à voir la vie du bon côté. Par contre, mes démons intérieurs, eux, n’avaient pas dit leurs derniers mots. Mon retour dans l’anxiété bouffait toutes parcelles de mon esprit, échec après échec, en raison de mon incapacité à rester enceinte.

À ce moment, les gens faisaient comme s’il ne s’était rien produit. Qu’est ce qu’ils auraient bien pu dire pour m’aider, me consoler? Mais, il y a aussi ceux qui ont tenté de diminuer ma douleur. Maladroitement. Une m’a demandé :

-Si après tout ce temps, tu as enfin un enfant, et que c’est une fille, vas-tu l’appeler « Désirée » ?

Une autre m’a offert de coucher avec mon mari et ainsi devenir la mère porteuse de MON bébé. Tant de mots, ou parfois absence de mots, et d’attitudes qui me transperçaient davantage.

Mya-Rose est arrivée la grossesse suivante, m’apportant résilience et bonheur. Cette petite fleur qui était si pressée de s’incarner. Sa venue a jeté un baume sur mes plaies et me redonna confiance en l’avenir.

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Deux autres grossesses ont suivi. On en voulait quatre! Toutes deux se sont terminées par des fausses couches. J’ai alors compris que je serais toujours prête à accueillir un nouvel enfant dans notre famille, mais que je ne pourrais plus faire face à la perte d’un enfant. Car pour moi, ils ont tous été MES enfants, NOS enfants. Notre famille restera comme elle est… Magnifique!

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Notre chemin vers la maternité-paternité (parentalité) a été intense, bousculé par des désordres hormonaux, rempli de peur; de peine; de douleur; d’angoisse et de médication. Mais l’amour qui existait entre mon Chéri Mari et moi nous aura permis d’en sortir plus fort.

Nous sommes les fiers parents de deux belles filles! À chaque instant, pour chaque moment précieux, je suis remplie de gratitude, car je sais que ce privilège, celui d’être parent, est immense. Je prie souvent et remercie mes six petits anges qui m’ont choisie et m’ont offert leur amour, même si ce fût l’instant d’un moment.

Je sais que mon histoire à moi se termine bien, que d’autres n’ont pas eu ma chance, que certaines vivent un chemin similaire au mien, sans toutefois parvenir à donner naissance à un enfant. Chaque jour, j’ai une pensée pour ces femmes. Je fais la seule chose que je peux faire :  prier pour elles. Je sais à quel point je suis choyée, c’est pour cela que je savoure et vénère chaque instant de la vie!

Namasté

Je suis LA Responsable de tout

Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, mais dans NOTRE maiso

Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, mais dans NOTRE maison, je suis LA Responsable, avec un grand R. Ne vous méprenez pas, mon mari fait sa part. Pour ce qui est de faire les tâches, c’est vrai que c’est relativement équitable : Bienvenue en 2016!

 

Mon amoureux est un papa présent, impliqué et je l’adore. Ce qui me dérange, c’est de devoir être LA personne responsable de tout cela : l’organisation, la planification, la gestion

 

Responsable de la prise de tous les rendez-vous médicaux

Je suis Responsable de prendre tous les rendez-vous médicaux. Si on doit se présenter chez un spécialiste pour l’un des enfants, on se relaie tour à tour, mon mari et moi. Mais prendre TOUS les rendez-vous, ça ne se fait pas tout seul. Médecin de famille, clinique d’urgences, ergothérapeute, physiothérapeute, vaccins, dentiste, optométriste, orthophoniste… et j’en passe! Cinq membres d’une famille, ça fait cinq fois plus de rendez-vous, chez cinq fois plus de spécialistes à contacter…

 

Responsable des finances

Je suis Responsable de nos finances. Payer les comptes pour l’hypothèque, l’électricité, les téléphones, la télévision, etc. Ça semble simple au premier regard. Ajoutez à ça les assurances de la maison, celles des deux voitures, les assurances-vie et invalidités, les assurances médicaments, etc. Et évidemment, il ne s’agit pas que de payer les comptes, mais aussi de renouveler tous les contrats en bonne et due forme, en s’assurant de payer le moins cher possible… L’argent, on en gagne tous les deux, mais le gérer, ça ne se fait pas tout seul!

 

Responsable de l’alimentation

Je suis Responsable des menus des lunchs, des collations et des repas de toute la famille. Le soir venu, nous cuisinerons toute la famille ensemble. Mais les membres de cette famille semblent penser que l’univers organise tout le menu, sans qu’ils aient à s’en soucier.

 

Responsable de l’entretien ménager

Je suis aussi Responsable du ménage. Je dois apparemment décider de ce qui doit être nettoyé, et quand ça doit être fait. Chaque tâche ménagère finit par se faire en équipe, mais je dois rappeler à chacun de faire ses tâches. S’il faut faire le grand ménage, on le fera tous les cinq. Mais encore une fois, si je ne prends pas la Responsabilité de l’entamer, personne ne le fait… Je vous jure, j’ai fait le test ultime et le résultat faisait peur à voir. Digne d’un cas de DPJ…

 

Responsable du divertissement

Je suis même Responsable de nos sorties. C’est mon sideline officiel : G.O. à temps plein! Je suis Responsable d’occuper tout ce beau monde le week-end. Sorties aux pommes, aux fraises, aux framboises, aux bleuets (Ouais, je sais, j’aime les autocueillettes…). Sorties au cinéma, au centre d’amusement, au musée, etc. Toute la famille se réjouit de faire de belles activités, mais encore une fois, celles-ci semblent s’organiser comme par enchantement…

 

Responsable des inscriptions

Je suis Responsable de toutes les inscriptions : danse, patin, école, camp de jour, soccer, autorisations, formulaires, inscriptions… Encore de la paperasse qui semble se faire toute seule!

 

Responsable des tenues vestimentaires

J’ai parlé des vêtements ? Parce que oui, je suis aussi Responsable de l’habillage de ces petites bêtes! Vêtements courts et longs, ensembles extérieurs de printemps, d’automne et d’hiver, bottes, chapeaux, souliers de danse, souliers d’éducation physique, souliers propres et souliers de rechange. Oui, l’industrie de la chaussure nous tient par le portefeuille!

 

Bref…

Je suis Responsable. Responsable de tout finalement. Parce qu’une maman, bien souvent, ça en a beaucoup sur les épaules. Beaucoup de Responsabilités. Mais au final, ça fait partie du rôle à jouer…

 

Et vous, qui est LA personne Responsable chez vous ?

Quand ça fait mal

Je t'avertis d'avance, ce ne sera pas rose, même loin de là. Certa

Je t’avertis d’avance, ce ne sera pas rose, même loin de là. Certains vont juger. Plusieurs ne comprendront pas. J’espère juste pouvoir aider celles qui, comme moi, le vivent et essayer de faire comprendre aux autres comment cette personne peut se sentir.

Imagines que la personne que tu aimes le plus au monde te frappe, te hurle dessus, plusieurs fois par jour. Imagines ce que tu ressentirais.

Ça fait mal. Tellement mal de se faire rejeter ainsi par la personne que l’on aime le plus.

Et puis vient cette rage, à force de se faire frapper, de se faire crier dessus. Ça donne envie de fesser aussi. Ça vient te chercher tellement profondément (de ne pas s’être défendue depuis si longtemps, d’avoir juste enduré), qu’un moment donné, tu exploses et tu as juste envie de riposter.

Bien sûr, si cette personne est un autre adulte, tu as le choix de fuir ou de te défendre, de donner des coups toi aussi, de lui hurler des insultes au visage.

Mais imagines que cette personne, c’est ton enfant. Tu ne peux pas fuir, tu ne peux pas le frapper!!! Sauf que ça ne fait pas moins mal à l’intérieur parce que c’est ton enfant, bien au contraire. Tu te tues à lui donner tout l’amour du monde, à faire tout ton possible pour aider ce petit être unique à grandir et en retour, tu reçois coup sur coup. Y’a de quoi devenir folle.

Alors tu demandes de l’aide, une aide qui au final ne vient pas parce que les gens qui ne l’ont pas vécu ne peuvent pas comprendre. Ton enfant a toujours l’air d’un ange avec les autres parce qu’il n’y a qu’avec toi qu’il est comme ça, puisque c’est avec toi qu’il a ce lien de sécurité, de confiance. Jamais il n’oserait agir ainsi avec le voisin puisqu’il n’a pas l’amour absolu de ce dernier et que y’a des chances que ça ne passe pas avec lui. Selon eux, c’est toi le problème puisque c’est avec toi qu’il agit ainsi et qu’il est donc gentil avec les autres.

Tout ça, c’est sans parler de la culpabilité que tu ressens. Parce que tu as beau l’aimer, tu le détestes en même temps. Parce que tu as tant crié sur lui. Ce petit enfant que tu as aidé à grandir, à qui tu as donné tant d’amour te fait vivre un enfer. Tu as beau essayer, tu n’arrives plus à l’aimer de la même manière. Tu as juste envie qu’il disparaisse, qu’il n’ait jamais été là. Le lien est complètement brisé. C’est encore pire si ensuite tu as un bébé parfait qui ne demande aucune attention particulière. Un autre enfant qui est si doux comparé à lui. On ne doit jamais comparer nos enfants, mais on le fait quand même. Et malgré tous tes efforts, il n’y a rien qui change. Un jour, tu perds espoir.

À toi, la maman ou le papa, qui est à bout de force, qui lutte pour te sortir de cet enfer, j’aimerais te dire que tu n’es pas seul(e). J’aimerais te dire que plusieurs passent par là. Je n’ai malheureusement pas de truc miracle à te donner. J’en suis encore à essayer de me sortir la tête hors de l’eau. Tout ce que je peux faire, c’est te faire un gros câlin virtuel et te proposer ces deux ressources où tu trouveras peut-être des trucs miracles pour ton coco (ou ta cocotte) et toi. Il existe très certainement plusieurs autres options, mais il faut bien commencer quelque part. Aussi, fais appel à ton CLSC pour avoir de l’aide.

Mais n’oublies surtout pas, tu n’es pas seul! Demande de l’aide et surtout ACCEPTE l’aide qui t’est offerte!

Ressources

Projet Famille en Harmonie (Ateliers pour parents et consultations privées. Projet de Mitsiko Miller)
Formation parent-guide, parent-complice

Réussir sa famille

Enfant des années 80, j’ai vécu le début de la révo

Enfant des années 80, j’ai vécu le début de la révolution de la « famille » normale :  le début des couples qui se séparent. Mes oncles, mes tantes et les parents de mes amis vivaient des difficultés assez grandes pour remettre en cause leur mariage.

La famille traditionnelle était composée d’un papa, d’une maman et d’enfants désirés au fil des années. J’ai donc grandi en étant témoin de familles qui se brisaient, de parents qui se séparaient et d’amis qui vivaient en garde partagée. Chaque fois, j’étais triste de voir ces échecs de la vie amoureuse de parents parce que cela contrevenait à mes standards, à mes normes, à mes valeurs et à l’image que je m’en faisais.

Pour ma part, mes parents sont mariés depuis 35 ans et en couple depuis plus de 40 ans. Le seul amour de leur vie! Le symbole du couple fort, amoureux et qui traverse le temps. Évidemment, en grandissant dans ce contexte, c’était, à mes yeux, l’exemple à suivre pour le futur, celui que je souhaitais reproduire plus tard. Avoir une famille unie était un de mes grands objectifs de vie personnelle. L’unique façon pour moi de la concevoir et de la vivre était de m’inspirer du modèle reçu de mes parents.

Malheureusement, je vous annonce que j’ai échoué à mon tour ma « famille ».  Pas sans effort et non sans avoir tout tenté.  Des heures de réflexions sur ce qui était le mieux pour ma fille, pour sa maman et pour moi. De longues nuits interminables d’insomnie sur toutes les conséquences d’un tel geste, d’une telle décision. Mais réellement, qu’est-ce qui est le mieux? Le mieux de quoi? Pour qui? Toutes ces questions cruelles à répondre, basées uniquement sur les fondements des valeurs reçues au cours de ma vie et de ce que la société prône comme image de la « famille ».

J’étais persuadé, à ce moment-là, que pour être un bon papa, je me devais d’être un homme heureux. Et mon bonheur ne passait plus par ma relation de couple de l’époque. Et un couple fragile n’est pas garant d’une famille unie et forte. Je suis toujours convaincu que la force et le succès d’une famille passent avant tout par des parents heureux.

Malgré tout, j’ai dû faire un grand deuil de l’image que je m’étais construite de la «famille», le deuil de ne pas être en mesure de suivre les traces laissées par mes parents. L’échec de ne pas être en mesure de réussir à atteindre les standards et les normes de la « famille » que notre société véhicule depuis de nombreuses décennies. La déception d’imposer à ma fille, alors âgée de 18 mois, un modèle de vie qui n’est pas celui idéalisé, qui n’est pas celui dont elle rêvera probablement à son tour.

Une fois le choc et les bouleversements de la séparation passés et l’acceptation d’une famille et d’un bonheur différents, mon rôle de père a pris toute sa place. J’ai enfin commencé à m’épanouir. J’ai rapidement réalisé, au fil du temps qui passait, que ma fille vivait une vie «normale» avec sa mère et moi, malgré notre séparation. Une vie qui est la sienne et une famille qui se construit différemment. À partir du moment où j’ai accepté la situation, qu’il n’existait pas de « famille » idéale, je me suis mis à vivre avec un seul objectif en tête, créer ma propre définition de la «famille»,  à mon image, avec de l’ouverture à la différence, à l’acceptation et à la possibilité d’être soi-même.

Je serai bientôt papa pour une deuxième fois et je considère que c’est un privilège exceptionnel. Tout d’abord, parce que la vie a remis sur ma route une femme merveilleuse avec qui j’ai la chance de partager ma vie.  Je suis maintenant un papa heureux, amoureux de mon quotidien et rempli de bonheur.  Parce que la vie doit se vivre davantage au présent qu’au futur et que d’offrir la vie à un enfant pour une deuxième fois, c’est plus fort que tout. Aussi, parce que j’ai la chance d’offrir à ma grande de six ans une petite sœur. Je sais déjà qu’elle sera une belle et grande inspiration pour ce petit être à venir. Une inspiration qui sera la sienne, unique, authentique et à son image, construite à travers ce qu’elle reçoit de tous les gens qui l’entourent, comme sa mère, sa belle-mère et moi. Une inspiration qui influencera son propre modèle de famille.

La “Famille”, c’est la force et l’amour qui en découlent qui déterminent sa réussite et son succès. Ce n’est pas la forme qu’elle prend qui importe, qu’elle soit unie, séparée ou recomposée. C’est ce qu’elle est et surtout ce qu’elle nous fait vivre. Au fond, le plus bel héritage que je souhaite laisser dans ma vie, c’est la «Famille» que j’aurai bâtie. Croyez-moi, je suis finalement en train de la réussir «Ma Famille».

Bye bye, mon militaire!

C’est le jour 183 de notre décompte familial. Ce matin, nous som

C’est le jour 183 de notre décompte familial. Ce matin, nous sommes allés reconduire mon mari et ses bagages vert armée à l’aéroport, direction Kosovo. « Tu dois être inquiète? Comment vas‑tu faire? » Non, pas particulièrement inquiète. Et je vais faire comme d’habitude, en m’organisant à l’avance et en prenant les choses une à la fois. Pour moi, c’est une mission de guérison et de pardon.

bagages

Comme jeune couple, nous avons vécu la mission en Bosnie. J’étais étudiante, j’avais passé trois des six mois de déploiement au Burkina Faso. Mis à part les chutes de neige records qui avaient envahi l’entrée de la maison (mon mari se moque encore de ma technique de pelletage visant à seulement laisser l’espace pour une voiture et une personne), cette absence s’était bien passée.

Quant à la deuxième mission, c’est une tout autre histoire. C’était il y a neuf ans. J’avais accouché de ma deuxième fille l’année précédente. Un beau BABI (bébé à besoins trèèèèèèèèèès intenses) qui pleurait vingt-quatre heures par jour, ne tolérait aucun mouvement, aucun bruit (incluant le son de ma voix) et ne dormait qu’en peau à peau.

Cette mission s’ajoutait à dix-huit mois d’entraînement loin de chez nous, un déménagement du Québec vers l’Alberta, un nouvel emploi, et une fille aînée encore plus exigeante que mon BABI. Si on mélange tout ça avec une dépression diagnostiquée à la fin de la mission, mais qui traînait depuis deux ans, au stress de savoir mon mari dans un endroit dangereux et à l’éloignement de tous ceux qui voulaient m’aider, qu’est-ce qu’on obtient? Un désastre traumatisant. Une maman cernée jusqu’à la plante des pieds, débordante de pensées sombres et de culpabilité.

En Afghanistan, c’était le bordel depuis le 11 septembre 2001. On entendait sans arrêt parler des militaires canadiens qui se faisaient tuer (158 militaires et quatre civils, sans compter les morts à retardement associées au syndrome de stress post-traumatique. Paix à leur âme et à leur famille). Pour protéger nos enfants, il fallait éteindre la radio dans la voiture, fermer la télé à l’heure des nouvelles, et espérer que les petits amis de la garderie n’aient pas l’idée saugrenue de discuter diplomatie internationale. J’appartenais à un forum de discussions de conjointes de militaires. J’avais assisté à des soirées préparatoires au centre de ressources familiales de la base militaire. Je discutais au téléphone avec ma mère et ma belle-mère régulièrement. Pour le reste, mon mari avait droit à trente-cinq minutes d’appels téléphoniques par semaine, divisées entre les membres de sa famille et entrecoupées par des tirs de roquettes. Plein de raisons pour s’enfoncer et s’isoler malgré toutes les traces de bonne volonté.

Pendant des années, je suis restée convaincue jusque dans mes tripes que je ne survivrais pas à une autre séparation prolongée. Je n’en pouvais plus de l’éloignement, du manque de communication, des crises des enfants qui s’ennuyaient épouvantablement de leur papa-chéri-d’amour-tellement-plus-cool-que-leur-maman-cruelle-parce-qu’elle-les-oblige-à-manger-des-légumes-et-à-dormir-la-nuit. Je passais plus de temps à jouer à la maman psy/médecin/réparatrice de tout ce qui en profite pour briser, qu’à être moi. Je ne dormais plus. Je ne souriais plus. Je travaillais comme un robot. Je maternais comme un robot. Mais un robot au bout du rouleau. Je m’en suis sortie vivante de peine et de misère, avec une prescription d’antidépresseurs, l’anxiété dans le piton et un abonnement aux psychothérapies.

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Alors à l’annonce (surprise!) d’une autre mission, j’ai encaissé un gros « bang! » au cœur, une plongée dans les souvenirs. Puis je me suis ressaisie. Le Kosovo est plus stable que l’Afghanistan. Le nombre d’enfants dans la famille a doublé, mais ils sont plus vieux et ne sont pas accrocs aux crises. Je suis de retour au Québec, à quelques heures de route de ma maman et de mes beaux‑parents. Je suis entourée d’amis. Skype existe. Les médias ne diffusent pas systématiquement les départs des Canadiens en mission et leur retour en cercueil. Et moi, je suis guérie et je me suis pardonné. Mon moral est solide, mon anxiété est maîtrisée, je ne suis plus toujours à bout de souffle et d’espoir.

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Les six prochains mois ne seront pas de tout repos, mais j’ai décidé de prendre chaque jour pour ce qu’il est : une journée qui passe. Je croise mes doigts pour que la gastro nous oublie encore cette année. J’ai ma liste de contacts d’urgence « au cas où ». Je suis en train d’installer un espace ultra méga zen dans ma chambre. Mon mari, leur papa, nous manquera. Fêter Noël, la nouvelle année, la St-Valentin, Pâques et l’anniversaire des quatre enfants sans lui ne sera pas toujours jojo. Mais le pire, c’est l’Halloween. Parce que moi, je ne creuse pas des tranchées sur notre terrain pour créer un cimetière. Pour ça, ça prend un papa militaire hyper cool. Et le nôtre, il est rendu au Kosovo.

Bye bye, mon militaire! On se revoit bientôt… sur Skype!

Mon accouchement mono

Il était 2h30 du matin quand tout a commencé. J’étais seule à

Il était 2h30 du matin quand tout a commencé. J’étais seule à la maison avec ton grand frère. J’essayais de rester calme, de penser à tout et de ne rien oublier. Habituellement, cette aventure se vit à deux. Dans mon cas, c’était un accouchement « mono », sans ton père, et ça, je le savais depuis le troisième mois de ma grossesse.

Une fois ton grand frère parti chez son père, j’avais le droit de paniquer. J’avais le droit de pleurer toutes les larmes que j’avais retenues durant les six derniers mois. Tu as été conçue, désirée et prévue à deux, mais j’allais te mettre au monde seule, sans ton père. Mon plan? Mamie et marraine seraient là. Parfois, la nature se fout bien de nos plans.

Mamie et moi étions arrivées à l’hôpital à 3h50, tu es née à 4h10. Tellement pressée que marraine n’a même pas eu le temps de se rendre pour ta naissance. Les soirs de pleine lune, tout va vite y parait! 

Je me rappelle qu’entre deux poussées, j’avais envie de pleurer. Pas parce que j’avais mal physiquement, mais parce que j’avais mal mentalement. Ma mère était présente et ça me rassurait. Malgré le fait que j’étais contente qu’elle soit là, une partie de moi se disait que ce n’était pas comme ça que j’avais prévu les choses lorsque nous avions décidé, ton père et moi, d’avoir un enfant. Ça ne devait pas être ma meilleure amie qui vienne aux échographies avec moi. Ça ne devait pas non plus être ma mère qui me tienne la main pendant que je poussais. Ce n’était pas un accouchement en tant que mère monoparentale que j’avais prévu.

Il était 7h30 du matin. Mamie et marraine étaient retournées à leur maison. Le département de la maternité commençait peu à peu à se réveiller. Dans ma chambre d’hôpital, assise dans mon lit, je ne cessais de te regarder, toi ma petite merveille. Ce qui me frappait, c’est que j’étais seule sur mon nuage. J’aurais tant aimé vivre ces moments à deux, avec ton père. L’infirmière était entrée dans la chambre en laissant la porte ouverte. Pendant qu’elle t’examinait, mon petit bout d’humain, je regardais les gens défiler dans le corridor. Je ne peux décrire le sentiment qui m’habitait à ce moment-là. Je voyais des futures mamans en contractions, avec les papas en arrière qui semblaient impuissants. Mais ils étaient là et ils faisaient de leur mieux. Je voyais des couples se promener avec leur mini tout neuf, l’air heureux et des familles qui venaient leur rendre visite. Et il y avait nous, en tête à tête. Nous étions seules pour débuter cette grande aventure. J’étais triste et je me sentais coupable. J’étais jalouse et envieuse de tous ces couples, ces familles. J’aurais aimé que quelqu’un me prenne dans ses bras et me dise « tout va bien aller ».

Présentement, je regarde la merveille que je viens de mettre au monde, toi, il y a quelques heures seulement. C’est dans tes yeux que je trouve le courage de continuer. C’est ça notre famille. Simplement nous trois et c’est parfait comme ça.

Maman

Le test

Le 11 mars 2007, après trois ans d'efforts, nous achetons un test d

Le 11 mars 2007, après trois ans d’efforts, nous achetons un test de grossesse à la pharmacie. La tension est palpable. C’est avec appréhension, inquiétude et espoir que je m’installe donc à la salle de bain, le test entre mes mains.

Mon homme d’amour est dans le salon, il me laisse mon espace. Il sait ce qui risque d’arriver, une nouvelle déception. Il se prépare mentalement, à mettre au fond de lui sa propre déception, pour être en mesure de m’encourager et de me supporter dans cette épreuve mensuelle qu’est la nôtre.

Au fil du temps, même si on essaie de ne pas y penser, c’est plus facile à dire qu’à faire! Les relations intimes en souffrent. Les rapprochements sont empreints d’une pression et d’un stress toujours grandissants, à mesure que les cycles se succèdent.

Il écoute la télévision. Du moins, c’est ce qu’il essaie de me faire croire. Il attend patiemment. Il fait son fier, il dit de ne pas s’en faire.

Tout comme moi, il commence à se questionner, à s’inquiéter, à s’autoausculter et à se juger sur toutes ses actions. Il se demande si son alimentation pourrait influencer la réussite de notre projet de vie. Il a même arrêté de fumer.

C’est moi, c’est certain. Pourquoi ça serait lui?  Lui, mon homme si fort.

Je dois avoir un dérèglement, «quelque chose », mais quoi ?

Nous avons rendez-vous, dans quelques jours, en clinique de fertilité.

J’ai peur…

Peur de ne pas être à la hauteur.

Peur qu’on me dise que rien ne va.

J’ai peur, comme à l’instant, comme à chaque fois que j’ai ce diable de petit pot tout chaud entre mes doigts. Je m’apprête à me ronger les sangs, encore une fois, sur un résultat improbable.

Je suis de nature optimiste, mais malgré tout, je me répète pour une millième fois «ça va être négatif», histoire de pas être déçue et être agréablement, potentiellement surprise si c’est le contraire.

«Zéro attente» que j’essaie de me convaincre, oui, j’essaie.

Je respire profondément et j’ajoute au test l’urine nécessaire. Je ferme les yeux une seconde. Puis, même en sachant que cela peut prendre plusieurs minutes pour avoir un résultat, je ne peux me retenir davantage. Malgré les maigres 10 ou 15 secondes qui sont à peine passées, je regarde tout de même mon test.

Mon cœur s’arrête, du moins c’est mon impression. J’ai chaud, j’ai froid. Je transpire et frissonne en même temps.  J’ai la lèvre inférieure qui tremble et la gorge si nouée qu’aucun son n’en sort. Je ne vois plus rien, les larmes coulent sur mes joues, mes lèvres et mon menton.

À tâtons, je prends le test, la main tremblante comme tout ce corps qui contient enfin un trésor. Puis, je marche vers le salon, voyant à peine mon amour se lever, s’attendant au pire, prêt à me prendre dans ses bras, pour me consoler encore une fois.

Je pleure, je n’arrive pas à parler. Je tends le test vers lui, mais ma main tremble tellement qu’il n’arrive pas à voir, alors je lui remonte encore. Je baragouine quelques mots inintelligibles, ce qui sort de ma bouche n’étant plus qu’un léger râlement.

Il regarde le test qu’il a dans la main, puis me regardant, il me dit: « c’est…? » 
Je me remets à pleurer de plus belle! Je ris, je pleure, j’ai peine à rester debout! Avec une certaine retenue, de peur de se tromper, il me répète : «ti-cœur, ça veut dire quoi? Tu es enceinte?» Incapable de dire oui, de sourire sans pleurer, j’hoche la tête et me retrouve aussitôt dans les bras de l’homme que j’aime tant! Le futur père de notre enfant, enfant que je porte enfin en moi! Il m’accompagne dans mes pleurs, me sert à m’étouffer, puis me repousse, inquiet de m’avoir tant serrée.

J’y repense aujourd’hui et les larmes me montent encore aux yeux.
 J’ai eu si peur! Voir un bébé était rendu un supplice. Voir une femme enceinte me faisait mourir d’envie et de honte face à ma jalousie.

Il m’aura fallu près de trois années pour enfin être enceinte.  Ensuite, il m’aura fallu entendre son cœur pour me persuader que ce n’était pas un rêve, que bébé était bien là. Je n’avais pas attrapé un virus quelconque, ce n’était que les changements normaux dus à une grossesse, oui une GROSSESSE!!!

Aujourd’hui, en ce début d’automne, mon petit trésor, mon précieux, mon bébé d’amour est là.  Il aura neuf ans dans quelques semaines. Par la suite, il a eu une sœur, puis un frère, tous aussi fantastiques.

Les trois me comblent de bonheur, à chaque instant, malgré les petits désagréments de la vie, que je vous partagerai dans d’autres textes éventuellement.

Le père aux mille et un visages

Aujourd’hui, c’est la fête des pères. À la base, un père, c’est celui qui a donné une par

Aujourd’hui, c’est la fête des pères. À la base, un père, c’est celui qui a donné une partie de lui afin qu’un enfant se forme. C’est rationnel et il n’y a aucune émotion dans cette explication, simplement un fait. Techniquement parlant, c’est celui qui a biologiquement créé un petit être humain avec une personne du sexe opposé. POINT!

Mais en réalité, le rôle d’un père est beaucoup plus délicat et ne se limite pas à la simple conception d’un enfant.

Il y a les papas qui, sur un coup de tête, ont réalisé qu’avoir un enfant c’était pas mal plus complexe que prévu et qui ont pris la poudre d’escampette. Pour vous, je n’ai malheureusement pas grand chose de positif à écrire. Bonne fête des pères quand même. On va vous envoyer de l’amour parce qu’aujourd’hui n’est surement pas une journée facile. Dans le fond, vous savez qu’il y a une petite moitié de vous à quelque part qui se demande où est papa…

Il y a les papas peu présents, qui le sont par volonté ou par obligation, mais qui passent toujours difficilement au travers de cette journée symbolique. À vous qui voulez être plus impliqués (mais qui ne l’êtes pas à cause de circonstances qui ne me regardent pas PANTOUTE), bonne fête des pères! Parce que malgré les difficultés, c’est ce que vous êtes, un papa. Ne l’oubliez jamais. Personne ne pourra vous enlever ça.

Il y a les meilleurs amis de maman, ceux qui sont là pour elle et pour les enfants depuis toujours. Ceux qu’on appelle affectueusement “Mon Oncle” (qu’ils le soient ou pas) et qui feraient n’importe quoi pour être présents et donner un coup de main. N’importe où, n’importe quand… Bonne fête des papas à vous aussi!

Bien sûr, il y a les mamans monoparentales, avec un papa peu présent ou absent, qui doivent assumer le rôle des deux parents. À vous, les mamans papas, je vous envoie une tonne d’amour. Parce que je sais à quel point une petite course à faire, aussi anodine soit-elle pour certains, se change en vraie mission d’armée lorsqu’on est seule. Tsé là, entrer la commande d’épicerie en pleine tempête de neige avec deux enfants qui hurlent dans l’auto…  Ohhh et quand tu réalises à 20h qu’il n’y a plus de lait pour les biberons. Parce qu’en plus de la job, du ménage, des bains, des devoirs et des repas, il faut aussi penser à ça! Alors on rhabille ti-coeur, (qui était finalement prêt pour le dodo) et on va acheter cette foutue pinte de lait en lâchant quelques sacres bien sentis. Ça donne juste le goût de se mettre en boule dans un coin pour arrêter d’entendre ces hurlements (fait vécu haha). Alors à vous mesdames, donnez-vous une tape dans le dos et dites-vous: “Bonne fête des pères mères”.

Il y a aussi ceux qui ont adopté. Il y a les familles d’accueil. Ça, c’est un don de soi et vous avez tout mon respect. Il y a les couples maman+maman ou papa+papa qui ont dû se battre afin de faire valoir leur droit à la maternité et à la paternité. Vous êtes un exemple de détermination. Bonne fête des pères!

Et les grands-parents qui après avoir fièrement formé leurs marmailles à devenir de beaux grands adultes, finissent par avoir une deuxième vague d’éducation à faire puisque leurs enfants sont exténués par le travail, ou simplement absents. Vous êtes un roc pour vos petits enfants et vous méritez doublement ce BONNE FÊTE DES PÈRES!

Finalement: le beau-père! Le beau-père, c’est celui qui n’a aucun de lien de sang avec l’enfant. Celui qui n’est pas obligé d’endurer ses crisettes complètement inutiles, matin et soir. C’est celui qui reste, non seulement par amour pour la maman, mais aussi par amour pour des enfants qu’il n’a pas conçu. Ce type d’homme est rare, parce que c’est loin d’être facile d’élever et d’aimer l’enfant d’un autre comme si c’était le nôtre. Pour notre part, notre famille a trouvé son roi. Un roi qui a eu des problèmes, qui n’est pas parfait, mais qui peut compter sur nous pour le remonter (tout comme il est là pour nous quand ça ne va pas!). Parce que c’est ça la famille, non ? Bonne fête des pères Étienne! Les enfants ont tellement de chance de t’avoir. Tu es une rareté et c’est nous qui t’avons sous notre toit. On t’aime!

Profitez de vos parents et si, pas malheur, Dieu a choisi de les ramener auprès de lui trop tôt, dîtes-vous qu’ils sont encore là, dans vos coeurs et dans vos pensées. Remerciez-les et pensez fort à eux. Ils sont toujours là et veillent sur vous.

Bonne fête à tous les papas de cette terre !!!

Être pour ses enfants – Réflexions d’un “Papa-Phare”

Ce matin, je me suis fâché contre L’héritier. Je ne parle pas ici de faire de la

Ce matin, je me suis fâché contre L’héritier. Je ne parle pas ici de faire de la discipline; ça, je vis généralement bien avec ça. Ce matin, je me suis fâché. J’ai laissé mes émotions prendre le dessus sur mon rôle de père. C’est normal d’en arriver là parfois, mais chaque fois j’me sens mal. Coupable. Pas bon. Et en même temps, ridicule de marcher dans une «combine» d’enfant de cinq ans qui cherche justement ça : qu’on se fâche. Mais ne vous en faites pas : c’était simplement un mauvais matin comme il en arrive partout dans le monde de temps en temps. On va s’en remettre.

Avec la fête des Pères qui arrive à grands pas, tout ça m’amène à réfléchir. Je sais que nos enfants nous fabriquent des «surprises» à l’école et à la garderie pour cette journée spéciale. L’héritier me l’a d’ailleurs chuchoté récemment  l’oreille : «Papa, aujourd’hui on a préparé un cadeau pour la fête des Pères». Tout le monde est conscient que quand c’est chuchoté, c’est secret, non?

Mais lui, lorsqu’il colle ses petits papiers mâchés sur sa feuille, il le fait pour célébrer quoi? Qu’est-ce que la fête des Pères au juste?

J’imagine que c’est le moment de souligner le travail qu’on fait. Le support qu’on apporte. Les bonheurs qu’on partage. On remercie la part masculine qui nous a mis au monde et on lui dit à quel point on l’aime. Ça, c’est le point de vue de la descendance. L’ancêtre, lui, devrait profiter de cette période de réjouissance pour se demander s’il est sur son X en ce moment. Qui suis-je pour mon enfant? Comment l’influence-je? Peux-je faire mieux? Et toutes ces questions mal conjuguées qui permettront d’ajuster (ou pas) le tir.

De mon côté, je me suis demandé comment il me voit. Suis-je seulement la grosse voix, celui qui parle fort parfois, celui qui dit presque toujours «non-fais-pas-ça-descend-de-là-touche-pas-à-ça»? Est-ce qu’il pense : «un jour, je veux être comme papa» ou plutôt «moi, jamais je ne serai comme ça». On s’entend, dans les deux cas j’le pousse à se dépasser et à devenir une meilleure personne, mais disons qu’y’a un scénario que je préfère à l’autre.

Qui sommes-nous pour nos enfants? Mais aussi qui doit-on être pour eux? Un papa? Papa cool, papa gâteau, papa juste? Un ami aussi? Un protecteur, un guide, un professeur? Une inspiration? Un modèle? Ça fait peur tout ça. Dans l’fond, être papa, être parent, c’est incarner un peu tout ça à la fois. Quand on se fâche, faut se rappeler de ça : le rôle n’est pas clair, le mandat n’est pas clair. On fait c’qu’on peut. On est papa, mais on est humain.

Je ne veux pas être un modèle pour mes enfants. Je n’ai pas la prétention d’avoir ou de faire ce qu’il faut pour inspirer quelqu’un dans la vie.

Les enfants… papa va se fâcher des fois. Papa va être injuste aussi. Ça se peut que je me trompe; pis ça se peut même que j’aie trop d’orgueil pour vous l’avouer sur le coup. C’est possible que, par moment, j’aie trop de travail ou de tâches à effectuer dans la maison pour jouer autant que je voudrais avec vous autres. Mais une chose est sûre, c’est que papa sera toujours là. Pour vous écouter, vous rassurer, vous encourager, vous féliciter… pour vous aimer. Vous prendre dans mes bras. Vous bercer. Pis vous aimer encore. Et encore.

J’espère être, pour vous deux, comme un phare qui aide les bateaux à traverser l’épaisse brume qui nous empêche parfois de voir loin. Celui qui vous évitera peut-être de vous cogner trop fort sur un cap rouge caché par la vague. Mais la lumière d’un phare, ça tourne; si, en eaux troubles, tu ne la cherches pas du regard, ça se peut que tu ne la voies pas au bon moment pis que t’accroches un rocher. Mais la «light» était là. Toujours là. À te faire un signe en espérant que tu l’aperçoives.

L’héritier, L’héritière… si un jour la vie vous brasse un brin trop, relevez la tête un peu; je serai là, toujours là, à vous faire signe… en espérant que vous m’aperceviez.

Bonne fête des Phares à tous les papas.