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Ma boulimie, mon ennemie – Texte : Kim Boisvert

Chers lecteurs, chères lectrices,

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Chers lecteurs, chères lectrices,

Comme vous l’avez probablement déjà lu dans d’autres articles écrits sur ce blogue, je suis personnellement touchée par un trouble du comportement alimentaire. J’ai envie de vous aider à comprendre ce que c’est d’être sous l’emprise de cette difficulté au quotidien. Plusieurs d’entre vous serez probablement surpris de mes prochains propos.

Ce n’est pas quelque chose qu’on balance dans une conversation d’après Match :

Kc ou Tempa ?

J’sais pas mais je suis boulimique. Et toi ?

 

Voici quelques stats, question de rendre le tout plus factuel. Je vous invite aussi à consulter le site d’Anorexie et Boulimie Québec pour les infos complètes et à jour, pour des dons ou si vous avez besoin d’aide. Il y a des gens pour vous aider, ok ?

Les divers troubles alimentaires (anorexie, boulimie, orthorexie, hyperphagie boulimique…) touchent majoritairement les femmes, mais attention ! 10 % des gens diagnostiqués sont des hommes !

Dans notre beau pays, presque 1 adolescente sur 3 âgées de 12 à 18 ans souffre d’un comportement alimentaire anormal. C’est alarmant. Vous avez des enfants ? Votre fille a des copines ? Si ce n’est pas votre fille, probablement qu’une de ses copines à elle souffre en silence. Ces troubles se placent au troisième rang des maladies chroniques les plus répandues chez les adolescentes… Triste réalité encouragée par la société et sa soif de maigreur. Les revues, les émissions, les vitrines de magasins… toujours des jeunes filles minces.

On encourage toujours la perte de poids, sans savoir que ces mots peuvent être tranchants :

T’as donc bien maigri, ça te va bien !

Je l’ai entendue celle-là, dans mes nombreux yo-yo de perte de poids et de régime. Ça te va bien. Et ma personnalité, est-ce qu’elle me va bien, elle ?

Pour vous faire comprendre l’absurdité et la complexité du trouble alimentaire, je commencerai par ceci : je viens de me peser, il est 23 h 45, mardi soir.

C’est ma réalité. La balance a toujours été présente dans ma vie. Beaucoup trop, comme un boulet que je n’ai pas choisi mais qui reste accroché. Je me pèse désormais que 3 fois par semaine. Oh, ne vous inquiétez pas, c’est une victoire pour moi ! Je me pesais 3 à 5 fois par jour en 2014 ! Une fois le matin à jeun, sans vêtement, après avoir fait pipi. La deuxième fois le midi, au gym, après avoir perdu quelques calories et finalement la troisième fois, le soir avant de me coucher. Maintenant, c’est parfois même 1 à 2 fois par semaine ! Ces semaines-là, je suis tout excitée, comme si j’avais gagné un morceau de robot ! Un putain de gros morceau ! Genre, un jarret de robot. Un grand dorsal de robot. Bref, faites-vous une image de robot dans votre tête et donnez-moi le plus gros morceau. Mais ces victoires‑là, je les garde secrètes.

Arrête de faire ça, c’est pas bien.

NON ?!? Sérieux ? Moi qui pensais que c’était super sain de se mesurer par rapport à un + ou un — ! Je le sais que c’est pas bien. Toi, arrête donc de fumer, c’est pas bien. Et toi, arrête donc de t’enfiler du papier de toilette, c’est pas bien (avez-vous déjà écouté mon étrange dépendance ? Gosh! Quand on se compare, on se console ?)

Depuis plusieurs années maintenant, j’ai cessé de me faire vomir. Oh, vous ne le saviez pas ? Je suis boulimique.

Je dis encore que je le suis parce que je ne crois pas que ça part entièrement, un trouble alimentaire. On reste toujours un peu sensible. On apprend à le gérer, à le reconnaître et à le manier. Pour moi, ça a commencé très jeune. J’étais dans la fourchette d’âges que je vous ai mentionnée plus haut. J’étais la plus dodue de mes amies et je ne pouvais pas accepter que toute cette graisse fasse partie de moi. Mais chez moi, on ne mangeait pas toujours super bien. Je n’en ai jamais voulu à ma mère ni à ma grand-mère, elles ont toujours fait ce qu’elles pouvaient et on mangeait avec les mœurs du temps. On n’a jamais manqué de bouffe, au contraire ! La maison était toujours pleine !

Un moment donné, j’ai entendu vomir une fille aux toilettes. Je lui ai demandé si elle allait bien et elle m’a répondu que oui, elle avait juste trop mangé. Mon déclic. Moi aussi, je mangeais trop. Me faire vomir était alors devenu une option, ce que j’ai commencé tranquillement. Et au secondaire, c’est l’endroit parfait pour jaser de : Comment fais-tu pour pas que tes parents ne s’en rendent pas compte ? Comment fais-tu pour vomir plus vite ? Je vous le dis, c’est accessible beaucoup plus qu’on le croit.

Et comme ce n’était pas assez concluant et que le bout de ma brosse à dents sentait toujours l’acide gastrique, j’ai essayé de ne pas manger au dîner, et le moins possible au déjeuner. Facile, je jetais mon lunch en sortant de la maison et je disais simplement que je n’avais pas de lunch aux copines qui me le demandaient. Ou mieux, je disais que mon lunch était dégueu (mea culpa). Un jour, ma meilleure amie du temps est arrivée avec un sandwich au jambon/moutarde préparé par sa mère. Je pliais du genou quand on parlait de ces sandwichs. Et c’est tranquillement, à grandes pelles d’Amour avec un grand A, que ma passe anorexie s’est éclipsée. Je dois dire que les : Bonne journée Kim XXX ou les Bon dîner Kim XXX inscrits sur les sacs à sandwichs ont aidé fortement. Et j’ai continué de manger. Merci, sincèrement. J’ai jamais su si c’était par amour ou par conscience que ce n’était pas normal, mais ça m’a sauvé en grande partie.

Manger. Beaucoup. L’hyperphagie est quand, dans une courte période, on mange une quantité immense de nourriture. Pas le temps d’y goûter, rien ne satisfait l’envie, la faim géante. C’est juste de remplir un vide. Je pouvais manger 1 sac de chipits, 2 biscuits, des chips et une toast au beurre de peanut arrosés d’un grand verre de lait dans un espace de 5 minutes. Je terminais habituellement le tout avec de la crème glacée. Et ça, c’était la nuit. Je me levais, trop honteuse de faire ça devant mon chum… !

C’est le chemin que j’ai emprunté, celui-là et la boulimie, selon la façon dont je me sentais. Et j’ai fait des régimes… Minçavi était mon préféré. Ça a marché, mais trop. Ça a juste amplifié mon trouble alimentaire. Si je devais prendre 1/2 tasse de riz, j’en mettais un petit peu moins, pour être certaine d’avoir un — à ma prochaine pesée ! Parce que se mettre en ligne pour se faire juger par un bout de métal froid, c’est un peu intense à mon goût. Ma conseillère de Québec était une femme en or ! Ne pensez pas que je suis contre ce régime ! Mais pour moi, ça ne fonctionne pas. Vivre l’échec lorsqu’il y avait un + ne faisait qu’augmenter mon obsession.

Le trouble alimentaire, c’est difficile. Au quotidien. C’est se faire vomir au bureau après un BBQ parce que, selon moi, c’était de trop. C’est se retirer d’une soirée entre amis pour trouver la balance dans la salle de bain (je vous le dis, plusieurs de vos balances m’ont prise sur elles !). Et c’est surtout poser un regard de dégoût sur son propre corps. Toujours. En permanence. Mon corps était ma prison. Mon enveloppe n’allait pas du tout avec ma vision d’une belle femme. Je ne me trouverais jamais de copain, d’emploi, ni d’amies… ! Ma dentiste m’a déjà dit, alors que j’avais la bouche grande ouverte : Kim, il va falloir que tu arrêtes de te faire vomir. L’émail de tes dents en souffre aussi. J’avais simplement répondu : OUWdjsu OUSss (oui, oui, je sais).

Oh, croyez pas que c’est fini cette bataille. Mais avec du soutien, j’ai réussi à la comprendre, la gérer et mettre des mots sur des sentiments. Je ne savais pas que j’étais boulimique jusqu’à ce qu’on me le verbalise. C’est là que j’ai compris que ça se travaillait, que ça se guérissait. C’était pas juste dans ma personnalité, je n’étais pas née comme ça. J’étais devenue boulimique, je pouvais donc apprendre à dealer avec. Et c’est ce que je fais, un jour à la fois.

Il y a eu une longue période dans ma vie où je n’avais pratiquement pas de traces de sa présence. J’étais équilibrée, heureuse et non anxieuse. Mon ex-copain et moi, on s’est séparés et j’ai eu un autre conjoint, destructeur à tous les niveaux. J’ai donc repris entièrement le poids que j’avais perdu, et j’ai perdu toute l’estime que j’avais gagnée. Cette période de tempête s’est terminée lorsque j’ai balancé cette relation malsaine.

Maintenant, je crois avoir trouvé MA manière à moi de me nourrir. Bien que ça dérange parfois des gens, c’est mon choix et je suis enfin bien avec la nourriture que je mets dans mon corps. Je me sens en contrôle, de manière saine. Plus de vomissements ni de binge (compulsions) quotidien. Mon corps change et je le trouve de plus en plus beau. Je perds des kilos, oui. Mais je me sens bien, je ne pèse plus ma nourriture ni ne calcule le nombre de pains que je mange. J’arrive tranquillement vers un équilibre alimentaire et je me sens enfin libre !

Soyez à l’écoute des gens qui vous entourent. Un petit comportement suspect peut démontrer un besoin criant. On n’a pas tous la chance d’avoir identifié le problème et d’y travailler.

Vous voyez que c’est complexe. Et c’est un combat au quotidien.

Je suis là si t’as besoin, mais please, reste loin des régimes et autres.

Kim Boisvert

Les confessions d’une toutoune

J’ai mijoté ce texte avec en tête de le faire de façon anonyme,

J’ai mijoté ce texte avec en tête de le faire de façon anonyme, mais plus mon texte faisait son petit bonhomme de chemin dans ma tête, plus ça me semblait illogique.

Je suis une toutoune! Mais une vraie, là : mes cuisses sont plus grosses que la tête de certaines de mes amies, mais je dois avouer qu’elles sont certainement aussi dures. Mes quinze années de patinage artistique m’ont façonné des mollets en acier trempé qui ne rentrent pas dans des belles p’tites bottes fancy. Vive les bottillons! Mes seins sont… comment dire : on me surnommait « Les boules » au secondaire. Ils entraient dans la pièce avant moi, c’est peu dire! Et bien sûr tout le reste qui peut être enrobé, l’est! Je suis une toutoune! Mais pourtant…

Je suis madame pas de gras/pas de sucre. Quand quelqu’un veut manger sainement, il me téléphone! Ça me prend 1 h 30 faire mon épicerie parce que tout un chacun me demande des conseils pour améliorer une recette ou rendre un plat plus santé. Je cuisine toutes les affaires plates : tofu, quinoa, graines chia, chou kale et compagnie, pis je les rends le fun. Je choisis toujours la viande la moins grasse; mon bacon, je l’achète à la dinde! Du pain blanc, des pâtes blanches? Je sais même pu ce que ça goûte. Et pourtant : JE SUIS UNE TOUTOUNE!

J’oserai jamais tricher plus qu’une fois dans ma semaine, oh! Non… genre manger d’la pizz ouhhhhh! C’est mon top cheat meal! Boire autre chose que de l’eau? Impensable! Je fais mes barres tendres maison, mes muffins maisons, mes potages maison… Les nutritionnistes m’adorent! J’ai des trucs à ne plus finir, j’en invente, j’en vole, j’en partage! Et pourtant : JE SUIS UNE TOUTOUNE!

Le gym… le sacro-saint gym! Bien sûr que je m’entraîne, je sue comme un porc trois fois par semaine, je reluis… comme enduite de Crisco et tout ça devant les beaux body musclés et les p’tites fesses bombées qui m’entourent. Pis quand j’arrive chez nous, qu’est-ce que je fais? EH BIEN OUI, JE M’ENTRAÎNE ENCORE! Une heure au gym trois fois par semaine, une heure à la maison cinq fois par semaine… RIEN À FAIRE, JE SUIS ET JE RESTE UNE TOUTOUNE!

Pis savez-vous quoi? Non, je ne m’en fous pas! Ça me met en furie. Mais qu’est-ce que je peux y faire, sincèrement!? C’est le combat de ma vie. Mon premier régime à la soupe aux choux? Je devais avoir dix-huit ans quand je l’ai fait. J’aurai probablement jamais le corps que quiconque aurait s’il faisait tous les efforts que je fais, aussi bien me faire à l’idée! Mais ce qui me rendra toujours folle, ce sont les commentaires des autres ou pire… leur regard! Il y a quelques jours, je sortais du gym, mon apport calorique de la journée était parfait (comme toujours) et quelqu’un m’a dit : « Ahhhh t’es jeune, fais attention à ta santé! » Le tout en m’examinant des pieds à la tête. Mais pourquoi on ressent le besoin de dire ça à quelqu’un?

Je ne prends jamais part aux discussions sur la forme physique ou le poids, mais j’adore partager mes découvertes culinaires. Je fuis comme la peste les miroirs et les regards plein de jugement, mais je me pavane en bobettes à la maison. Je choisis mes vêtements pour être bien, mais je continue de reluquer les maillots qui ne me feront jamais.

Et quand mon chum me dit qu’il m’aime, le reste s’envole… pour quelques minutes!

Karine Arseneault

Mon “brand new” linge

Vivre en couple

Vivre en couple apporte son lot de faits cocasses qui, sur le vif du moment, peuvent nous apparaître comme la plus grosse des bévues! Mais avant d’exploser et d’entamer une dispute, prenez un moment de recul, respirez et riez un bon coup en pensant à cette petite anecdote…

Depuis maintenant près de trois années, je jongle avec mon poids. Grossesse 1, grossesse 2, prise de poids, exercices, bonne alimentation, atteinte du poids santé! Yeaaahhh, Bé, on se gâte! On va renouveler ma garde-robe! Parce qu’il faut se l’avouer, quand tu as bébé 1 et bébé 2 qui te tiennent éveillée toutes les nuits depuis six mois, que tu passes la majeure partie de ton temps à nettoyer des “régurgits”de lait, changer des couches et te coucher à 19h00, eh bien, le vieux t-shirt et les pantalons de «jogging» deviennent rapidement tes meilleurs alliés!

Donc, pour en revenir à nos moutons, on décolle de la maison et on renouvelle la garde-robe!! Jusque-là tout se déroule pour le mieux, on passe de magasin en magasin pour en ressortir avec des chandails, des pantalons, des souliers, on était «full equiped» comme dirait l’autre! Enfin, je me sentais à nouveau bien dans ma peau, parce que non, je n’ai pas honte de le dire, pour une fille, du nouveau linge ça te fait sentir belle en titi!! Non pas que je commençais à en avoir assez de mes pantalons d’entraînements et de mes vieux t-shirts «confos», mais… (en fait oui, j’étais ben tannée de mes vieilles «guenilles»!)

Bref, revenue à la maison, je m’empresse de descendre à la salle de lavage, excitée comme jamais à l’idée d’une brassée de linge. À savoir pourquoi, au moment de refermer le «capot» de ma laveuse, j’ai eu le réflexe de me dire «n’oublie pas de mentionner à Bé de ne pas mettre le linge dans la sécheuse”  Mais bien sûr, entre deux biberons, la préparation du dîner et pleins d’autres affaires dont je ne me rapelle pas vraiment, j’ai oublié.  Parce que oui, dans mon chaos de tous les jours, ça m’arrive d’oublier et j’ai oublié de dire à Bé de ne pas mettre mon «brand new» linge dans la sécheuse! Ce soir-là, Bé a voulu me faire plaisir. Parce que la veille j’avais eu une petite montée de lait au sujet du linge sale qui débordait dans la salle de lavage. Parce que Bé, ce soir-là, était plein de bonnes intentions et s’est dit «je vais l’aider avec le lavage, elle va être contente!» Parce qu’un couple, c’est fait pour s’entraider et s’aimer, eh bien ce soir-là, mon «brand new» linge s’est retrouvé dans la sécheuse…

Aujourd’hui, c’est avec un chandail aux manches 3⁄4, qui, soit dit en passant, était un chandail à manches longues avant l’aventure de la sécheuse, que je vous écris ce texte…

*Définition de Bé: amoureux, conjoint, partenaire de vie, ou mieux connu sous le nom de Jonathan