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Ce que j’aurais fait différemment – Texte: Nathalie Courcy

Entre le moment où le projet Bébé est né officiellement et maint

Entre le moment où le projet Bébé est né officiellement et maintenant, il s’est écoulé un quart de siècle. Les couches sont chose du passé depuis longtemps. Les rush pour faire la tournée maison-garderie-service de garde-école-travail sont (Dieu merci!) terminés. Les responsabilités parentales et les remises en question, elles, continuent. C’est parfait ainsi. 

J’ai beaucoup cheminé dans les dernières années. Me séparer, emménager seule avec mes enfants, puis avec un nouveau conjoint, et aussi m’engager dans des parcours de croissance comme la PNL, ça a changé mes perspectives. 

C’est certain qu’à 25 ans, je ne pouvais avoir le vécu que j’ai maintenant. Je ne pouvais pas comprendre le monde et moi-même de la même façon qu’avec autant d’expériences de vie derrière le chignon. J’ai fait les choses de mon mieux, à ma façon et avec les meilleures intentions du monde. Et ça aussi, c’est parfait ainsi. 

Si la moi de maintenant discutait avec la moi de l’époque, qu’est-ce que je lui proposerais de faire différemment (en sachant qu’elle était bien trop têtue pour m’écouter)?

  • Mettre un peu plus de routine dans le rythme de vie familial, sans être freak. 

Je voulais tellement suivre le rythme de chaque bébé que ça les a peut-être (ou peut-être pas) insécurisés. Je voulais tellement qu’ils apprennent à s’adapter et à profiter du moment qui passe, et pour moi, ça allait à l’encontre de la sieste figée à 10h et à 14h. Je voulais qu’ils apprennent à se connaître et à se fier à leur nature plus qu’aux diktats du Mieux-Vivre. J’aurais gardé beaucoup de souplesse et ma mentalité easy-going, mais j’aurais mis un peu plus de cadre avec tout autant d’amour.

  • Retourner au travail plus tard. 

Quand j’ai eu mon premier enfant, j’étudiais à la maison. J’ai allongé mon programme d’un an, mais j’ai remis mon nez dans mes livres après deux semaines, pendant que ma fille dormait. Elle avait deux mois quand j’ai fait mon examen de thèse, et deux ans au moment de ma soutenance. À ce moment, j’avais la bedaine remplie de mon deuxième enfant (qui est né quelques jours après). Je suis retournée sur le marché du travail quand mes autres enfants avaient moins d’un an. J’aurais dû en profiter plus longtemps malgré l’exigence financière. Ces moments ne reviennent pas. J’aurais voulu aussi leur donner plus de temps pour se développer dans le calme avant de vivre la routine de garderie, les rush matinaux et les parents fatigués de leur journée de travail. 

  • Prendre plus de temps pour moi et pour mon couple. 

Je me suis dévouée, et je me dévoue encore, à mes enfants. J’ai tout lu (pas tant que ça, mais j’ai lu en titi!) sur l’éducation, la psychologie, les activités par projet, les relations humaines. J’ai couru les spécialistes, j’ai participé aux activités scolaires et parascolaires. Je me suis laissé piéger par la croyance que faire garder mes enfants une fois de temps en temps, c’était trop compliqué comparativement au bénéfice retiré. Je me suis épuisée. Le couple s’est éteint. Je ne regrette pas du tout l’attention donnée à mes enfants. Ma présence les a influencés positivement. J’aurais probablement pu arriver à un résultat semblable même en prenant une heure par jour pour être autre chose qu’une mère. Si je l’avais fait, peut-être que je ne subirais pas encore les séquelles de l’épuisement total que j’ai vécu. Peut-être que je n’aurais pas changé autant de perspectives non plus.

  • Enseigner comment vivre les émotions (et l’apprendre moi-même).

J’ai toujours essayé d’exprimer mes émotions et mes idées d’une façon honnête et adéquate. Mais je constate maintenant que les exprimer et les vivre, c’est différent. Je suis en train de déconstruire un modèle de personne uniquement forte pour y ajouter un modèle de personne sensible qui peut même être vulnérable et fragile. J’ai géré mes émotions comme on gère un dossier budgétaire, en faisant attention à ce qui entre et ce qui sort pour que ça balance. J’essaie de montrer un exemple différent maintenant que mes enfants sont plus grands. Ressentir au lieu de gérer, écouter au lieu d’exprimer (tout ça dans l’équilibre, bien sûr). 

Si j’avais fait les choses différemment avec les mêmes enfants, les résultats auraient probablement été différents. Peut-être pires, peut-être mieux. Je me permets ces prises de conscience avec beaucoup de douceur et de bienveillance, envers moi et envers mes enfants. On a tous fait de notre mieux à ce moment-là, et on le fait encore.

Un prochain article s’intitulera «Ce que je n’aurais pas changé»…

Nathalie Courcy

Du temps pour soi… Texte : Claudie Castonguay

La première fois où je me suis permis du temps pour moi… Quand tu deviens parent, on te parle

La première fois où je me suis permis du temps pour moi…

Quand tu deviens parent, on te parle de lâcher prise. D’apprendre à séparer la pizza, en 3 et ensuite en 6. 3 pour toi, ta vie professionnelle et ton couple. Et 6, parce que tu divises à nouveau pour le bébé.

Dès la naissance de bébé 1, j’apprenais mon nouveau rôle de mère. Le rôle qu’on apprend au travers de ce qu’on a vu, vécu. Mais sur lequel il n’y avait aucune notion scolaire (aujourd’hui, mes notions de flûte à bec servent ! Oui ! Oui !).

23 mai 2010 : le téléphone sonne, c’est ma grand-mère maternelle. « Ta mère est à l’hôpital. (…) Allô ? »

À partir de ce moment‑là, je ne comprenais plus rien. La notion du mot maman n’était soudainement plus la même. J’avais oublié que le mot maman, c’était non seulement moi qui apprenais à nourrir, à cajoler, à essayer d’endormir. Mais aussi celle qui l’avait fait pour moi.

J’ai donc appris à conjuguer mon rôle de maman, de fille, de conjointe et d’amie. Mais jamais celui de femme.

À travers la vie et les rendez-vous médicaux arrive notre deuxième bébé.

Une nuit, le téléphone sonne et ma mère vient de pousser son dernier soupir.

En moins de 24 mois, on était devenus parents (2x), on avait construit une maison et j’avais accompagné ma mère dans la maladie et dans la mort. Deux concepts de vie tellement opposés.

Après cette tornade et au bout de 18 mois, je me suis permis un temps à moi. 20 jours à l’autre bout du continent. On m’a dit que j’étais égoïste, que j’abandonnais mes enfants. Et certains m’encourageaient.

Ça m’aura pris cette occasion de partir sur un coup de tête, pour décrocher et faire le vide. Me rappeler que la vie est belle malgré les épreuves. Qu’on peut se permettre, un bain, une sortie, un off de ménage sans nécessairement être lâche.

J’ai appris à ce moment‑là que le lâcher-prise à certains moments était une question de survie. Ma pizza est coupée toute croche. Je conjugue maintenant les rôles de femme, conjointe, maman, amie et fille.

Claudie Castonguay