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Les départs qui rassemblent – Texte : Karine Lamarche

Perdre quelqu’un qu’on aime, ça fait mal. Ça nous écorche. On encaisse le choc. On finit par

Perdre quelqu’un qu’on aime, ça fait mal. Ça nous écorche. On encaisse le choc. On finit par comprendre à quel point l’humain est complexe et que dans cette complexité existe une extraordinaire faculté : traverser le deuil, vivre avec notre peine et redevenir fonctionnel au quotidien. C’est complètement fou, mais c’est vrai.

Vient le redoutable moment du dernier au revoir, ce rassemblement : les funérailles. Ce moment malaisant où les accolades, les sanglots, les rires, parfois, les maladresses aussi, se côtoient. Et pourtant, aujourd’hui, avec la sagesse acquise au fil des ans peut-être, j’y ai vu beaucoup de beau.

Retrouver des cousins/cousines, des tantes, des oncles et se rappeler des souvenirs qui semblent si loin… Constater le chemin parcouru par certains. Réaliser qu’on a des intérêts communs avec d’autres et vouloir que le temps s’arrête afin de poursuivre de belles discussions.

Observer le soutien que tout un chacun s’apporte, au gré de la cérémonie. Trouver ça beau, simple, touchant.

Reprendre la route après une journée chargée d’émotions, le cœur triste d’avoir salué pour la dernière fois un être aimé, mais heureuse d’avoir renoué avec des humains extras.

Oui, il y a de ces départs qui rassemblent.

Merci, tante Claudette.

 

Karine Lamarche

 

Tu viendras faire un tour…

J’aime recevoir, j’aime être entourée des gens que j’aime. E

J’aime recevoir, j’aime être entourée des gens que j’aime. Et j’aime beaucoup de gens! Je tiens ça de mes parents. On était très souvent ceux qui rassemblaient famille et amis.

C’est encore le cas aujourd’hui. Je trouve important de rester en contact. Mon père est décédé, mais on continue de voir sa famille. Moins souvent c’est vrai, mais on les aime encore tellement! Une fois par année, on essaie d’organiser quelque chose avec les frères et sœurs de ma grand-mère, même si elle ne reçoit plus vraiment. Il en va de même avec la famille de mon père, au moins une fois par année. Deux, ce serait encore mieux.

90 % du temps, l’invitation vient de nous et presque chaque fois, c’est chez nous que ça se passe. C’est correct. On aime sincèrement recevoir. Et on se dit que tant que les gens répondent à l’appel, c’est que ça leur fait aussi plaisir de nous voir, les autres invités et nous.

Ce qui me dérange, ce n’est pas d’être l’instigatrice des rassemblements ou d’en être l’hôte, ce sont les petits commentaires culpabilisateurs : « Tu viendras me visiter, tu viens pas ben ben », « On se voit pas souvent, hein? C’est plate… », « J’hésite à venir à ton mariage, tu ne m’appelles pas souvent ». Ce genre de commentaires vient TOUJOURS de personnes qui ne font RIEN pour entretenir la relation. Je sais que je n’appelle pas si souvent et n’invite pas toutes les deux semaines, mais au moins, je le fais. Je ne parle pas de la famille immédiate. Je ne parle pas de ma grand-mère. Je ne parle évidemment pas de gens avec des soucis de santé. Je parle de grands-tantes, d’amis de la famille plus éloignée, d’oncles… Je prends la peine de t’appeler. Je trouve important de créer des occasions de se voir, de se rassembler. Je veux que tu partages avec ma famille et moi les moments importants, officiels et moins officiels. Je te fais une place dans ma vie.

Si ces occasions te font plaisir et que tu aimerais en vivre plus, tu peux m’appeler. Tu peux suggérer au lieu de tenter de me faire sentir mal, alors qu’on est justement ensemble parce que j’ai organisé le tout. Si je ne le faisais pas, on ne se côtoierait probablement pas du tout ou seulement aux funérailles.

Je travaille à temps plein, j’ai de jeunes enfants, notre vie est bien remplie. Malgré tout, j’essaie de penser à tous et ça me fait tellement plaisir de voir mon monde et d’en prendre soin. Je ne veux pas de médaille, je n’ai pas besoin d’être félicitée. Je le fais parce que j’en ai envie et personne ne m’y oblige. Mais ça me fait un peu de peine quand la personne retraitée qui a beaucoup de temps et qui est en pleine forme, que j’aime, me fait des reproches à demi mots et tente de me culpabiliser. Elle a plein de temps et ne me fait aucune place volontairement, alors que moi, je lui en fais.

Je sais que certains traits se développent avec l’âge et qu’il y a sûrement plein de raisons logiques à tout cela, mais j’espère me le rappeler quand je serai plus vieille, quand je serai celle qui a du temps. J’espère avoir encore le goût de rassembler les gens. Et si ce n’est pas le cas, j’espère ne pas commencer à culpabiliser ceux qui le font parce qu’ils ne le font pas assez selon mes envies. J’espère que je saurai simplement apprécier ces moments avec ceux que j’aime.

Eva Staire