Archives janvier 2020

Le poids de la contraception

J’ai deux enfants. Je crois que la famille est terminée, mais je

J’ai deux enfants. Je crois que la famille est terminée, mais je ne suis pas prête à fermer complètement la porte pour un troisième. Peut-être plus tard, peut-être jamais. Pour l’instant, c’est flou et on vit bien ainsi, mon mari et moi.

Le seul petit hic, c’est que cette incertitude fait que nous n’avons pas encore discuté sérieusement de vasectomie ou autre moyen contraceptif un peu plus radical que nos moyens actuels. Comme j’ai un cycle irrégulier, il m’arrive parfois d’avoir des doutes dans les fins de mois. Je suis en retard de 1, 2, 3 jours… Oh! Est-ce que ça se pourrait que je sois enceinte?

Jusqu’à maintenant non, aucun « accident », mais il y a des mois où je doute plus que d’autres. Récemment, je me suis même acheté un test de grossesse. Au cas où, pour être certaine. Angoisse et anticipation. Positif ou négatif, il n’y avait pas de bonne réponse. Dans le cas d’un positif, j’étais déjà en train de me demander comment j’allais survivre à tout ça, je me sentais déjà mal pour mes autres enfants qui auraient moins d’attention et j’avais aussi des craintes financières. D’un autre côté, je me disais que ce n’étaient pas des raisons valables de ne pas vouloir d’enfant (à mon sens à moi, pas de jugement ici). Je me disais : « Si c’est ce que la vie nous amène! Et puis j’avais les mêmes craintes à ma deuxième et finalement, tout se passe bien, je pense que j’ai envie d’en avoir un finalement ». Oui, mais non. Non, mais oui….. aaaaah! Finalement le verdict : négatif! J’hésitais, j’étais heureuse, mais déçue. Surtout heureuse, je crois.

Bref, tout ça m’a fait penser que du plus loin que je me souvienne, à partir du moment où j’ai eu des relations sexuelles, j’ai eu des doutes comme ceux que j’ai vécus ce mois-ci. Pas tous les mois quand même! Mais quand même toujours une petite joie d’avoir mes règles ou une petite/moyenne/grande crainte quand j’avais du retard. Et si? Cette question qui revient toujours, et si?

 

À mon âge et dans ma situation, c’est moins grave, mais à 18 ans il était plus paniquant le et si?

 

Je précise que j’ai toujours été à mon affaire côté contraception, mais on s’entend que tomber enceinte même si on prend toutes les précautions nécessaires, c’est possible! Et puis, je pense à toutes celles qui doutent, qui ont pris un risque et qui ont un petit vertige en tenant leur test de grossesse. Comme si notre cycle menstruel nous faisait porter la tâche de la contraception aussi et l’échec de celle-ci. Je sais bien qu’un bébé, ça se fait à deux et que cette responsabilité ne me revient pas entièrement. Reste que c’est dans ma tête qu’ils sont les doutes, jamais dans celle de mon mari. Je me demande si ça change dans le cas d’un renversement de rôle, une vasectomie par exemple? Ou si ce n’est qu’à ma préménopause que le poids de la contraception qui s’ajoute à la charge mentale de la parentalité disparaîtra?

Eva Staire

Des efforts, j’en fais! Texte : Cristel Borduas

L’autre jour je discutais avec des collègues à propos de différ

L’autre jour je discutais avec des collègues à propos de différents enjeux de nos vies personnelles. Tu sais, les classiques conversations qui impliquent notre couple, les enfants, la famille. Ça m’a heurtée de voir à quel point les pistes de solutions ont l’air évidentes dans le discours de l’autre, mais surtout que la vitesse de changement n’est pas perçue de la même façon. Vivre une situation difficile et ne pas la régler en un claquement de doigts est tout à fait normal. Pensons à la perte de poids, à un changement d’habitude de vie ou une séparation, pour ne nommer que ceux-là. Pour bien faire les choses, il y a un certain ordre à respecter et des étapes à franchir. Le tout, de façon bien personnelle bien sûr.

Le rythme et les moyens pour atteindre nos objectifs varient d’un individu à l’autre. Qui sommes-nous pour dire à quelqu’un qu’il ne prend pas le bon chemin ou que ça devrait déjà être réglé? Qui sommes-nous pour dire à l’autre qu’il n’en fait pas assez? Le fait que tu aies l’impression que ma situation ne bouge pas assez vite ou que toi, tu ferais le tout autrement ne donne pas le droit de juger. Je rage intérieurement quand j’entends des commentaires comme : Pourquoi tu restes avec lui? Tu n’as qu’à te séparer! Si tu n’aimes pas ta job, trouves-en une autre! Ou pire encore : Tu ne dois pas être assez malheureuse si tu restes dans cette situation. Ne pas prendre de décisions hâtives ou drastiques n’est pas un signe d’inaction. Parfois, il faut observer, réfléchir, se déposer et s’ajuster. Parce que je le sais, les actions ne sont pas toujours visibles.

Tu as sûrement déjà vu passer ce fameux graphique qui fait la différence entre le plan que nous avons de la vie et ce qui se passe en réalité. Alors s’il te plaît, garde tes commentaires qui me feront sentir que je ne fais rien ou que je reste là à me plaindre.

Si je parle de mon couple qui bat de l’aile, ça ne veut pas dire que je ne fais rien. Qu’à la maison, je fais comme si de rien n’était. Mais non, des efforts, j’en fais. Si je souhaite perdre du poids mais que tu me croises à la restauration rapide, ne va pas croire que je n’ai aucune volonté. Bien au contraire. Je suis un humain. Un humain imparfait qui fait de son mieux. Parce qu’au-delà des objectifs à atteindre, il y a la vie. Cette vie qui fait qu’on se lève tous les matins avec le désir sincère de passer une belle journée. Cette vie, qui parfois nous étend un tapis de clous plutôt qu’un chemin de pétales de fleurs. Rien n’est parfait et je ne cherche pas cette perfection. Laisse-moi plutôt m’engager sur le chemin qui a le plus de sens pour moi. Si tu souhaites marcher à mes côtés, tu es bienvenue.

Cristel Borduas

 

Une journée chaleureuse avec Audeamus

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C’était le 17 décembre 2019. J’avais une formation d’entraînement avec Audeamus pour moi et Théra, ma chienne d’assistance de race Golden Doodle. Cette formation avait lieu à Trois‑Rivières et avait été planifiée par notre formateur de la région de Montréal. Il s’agissait d’une formation d’entraînement pour ceux qui n’étaient pas trop loin et qui étaient disponibles.

Pour moi c’était presque quatre heures de route pour quelques heures de formation. Mais attendez! Laissez-moi vous dire que cela en valait vraiment le coup.

Nous nous étions donné rendez-vous dans un restaurant pour socialiser un peu. Puis, nous nous sommes dirigés dans un gros centre commercial pour effectuer notre entraînement.

Un endroit où il y a beaucoup d’éléments. Des surfaces de plancher différentes, des commerces avec beaucoup d’odeurs diverses. Aussi beaucoup de bruit, des gens qui parlent, des enfants qui crient, de la musique, etc., en plus des gens qui marchent dans tous les sens et ceux qui s’approchent des chiens pour leur parler ou les caresser. On sait bien qu’ils ne savent pas que c’est inapproprié de faire cela à un chien d’assistance. En résumé, beaucoup d’obstacles pour le chien de service et son maître.

Lorsque nous avons commencé notre entraînement avec le directeur d’Audeamus, les gens s’arrêtaient. Ils restaient là pour observer nos beaux toutous, mais aussi la qualité de l’enseignement. Chaque fois que j’ai de l’entraînement avec le directeur, il m’impressionne toujours. Il sait comment réagir et a toujours une solution pour aider un maître avec son chien. Vraiment, il m’impressionne avec ses connaissances, tout comme le formateur de Montréal qui est une aide incroyable au sein d’Audeamus. J’ai vu des chiens changer complètement en l’espace de quelques jours et même en quelques heures.

Ce qui m’a fait le plus grand bien était de revoir des amis vivant les mêmes problèmes que moi. Des amis ayant un même besoin : un chien d’assistance.

Également, j’ai fait la connaissance de nouveaux amis cette journée‑là.

Mais savez-vous ce qui m’a fait le plus chaud au cœur? C’était de revoir mes amis qui allaient beaucoup mieux grâce à leur partenaire à quatre pattes, et aussi de constater l’évolution de leur chien. Ce travail est un travail d’équipe. Si moi, je suis stressé et que je ne vais pas bien, ma chienne d’assistance n’ira pas bien non plus. Elle va sentir mon stress et voudra m’aider et me soutenir. Par le fait même, elle sera stressée elle aussi. Si je suis dans une foule et qu’elle sent mon stress, elle va tirer sur sa laisse pour me sortir de cet endroit, car elle sait que je ne vais pas bien et que nous devons sortir tous les deux. Elle fait son travail parce que moi, je suis incapable de raisonner dans ces circonstances.

Eh bien oui! Il n’y a même pas un an, je ne pouvais pas aller dans une épicerie la fin de semaine. Trop de gens étaient présents. Mais maintenant, je peux grâce à Théra et à la famille Audeamus.

Nos chiens de service ressentent nos besoins et nous aident énormément.

De plus, je crois que cette journée‑là a été bénéfique parce qu’il y avait beaucoup de gens en admiration devant nos beaux toutous. Oui, ils étaient beaux, mais ils étaient tous calmes et très bien disciplinés. C’était magnifique de voir de beaux chiens de différentes races, calmes et obéissants.

Audeamus est pour moi ma deuxième famille. Une famille qui se soutient constamment et s’entraide. Ma femme et mes enfants m’ont sauvé, mais Audeamus aussi.

Audeamus est un organisme professionnel de qualité pour les militaires, vétérans et les premiers répondants.

Merci, Audeamus, pour cette chaleureuse journée!

 

Carl Audet

 

Assise là

Je suis assise là, derrière elle.

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Je suis assise là, derrière elle.

En silence, parce qu’il n’y a pas de mots. Nul besoin de voir son visage pour comprendre, je ressens dans chaque cellule de mon corps la souffrance. Ses épaules sursautent à cause des sanglots et instinctivement, des larmes s’abattent sur mes joues.

Mon amie se trouve face à un beau décor. Mais au milieu de celui‑ci trône une urne. À l’intérieur se trouvent les cendres de celle qui, autrefois, l’aurait prise dans ses bras réconfortants pour la consoler et lui dire que tout irait bien.

Sa maman, sa moitié.

Et c’est là qu’assise derrière ma belle amie, le chaos monte dans ma tête.

Devant moi, il y a ces enfants qui vont devoir continuer sans celle qui leur a donné la vie. Lorsque je les regarde, je n’arrive pas à croire que c’est ce qui doit être, que c’est la vie. Un parent, c’est celui qui est aux premières loges de notre vie. Toujours prêt à nous acclamer ou à nous ramasser, il ne manque aucune représentation.

Du premier souffle au premier pas, des premiers mots aux premiers exposés oraux, du premier ami au premier amour, des premières larmes à la première chicane. Derrière chaque première d’un enfant, il y a son parent. Difficile de croire qu’un humain qui vit dans chacun de nos souvenirs puisse un jour ne plus être.

La réalité est fracassante, parce que je réalise que cela aurait pu être moi, assise à cette première rangée.

J’aurai encore la chance d’entendre la voix de ma mère alors que pour mon amie, ce sera désormais silence radio. J’aurai encore la chance de serrer ma mère contre moi, alors qu’elle devra désormais trouver son réconfort avec un bout de tissus imprégné de l’odeur de celle qui lui a donné la vie. J’aurai encore la chance de voir ma mère, alors qu’elle n’a plus qu’une photo.

Je me sens si petite parce que jusqu’à cet instant précis, je n’avais jamais envisagé qu’un jour, j’aurai à continuer sans mes parents. Pourtant, se trouvent devant moi des adultes vêtus de noir, le regard transpercé par la souffrance, qui eux aussi ont cru, un jour, que leur maman était immortelle.

Un parent, c’est plus fort que tout. La seule exception, c’est qu’il n’échappe pas à la mort.

Derrière cette tempête qui me déchire l’intérieur, je suis partagée entre un soulagement égoïste de savoir que j’ai encore ma mère aujourd’hui, et j’ai de l’espoir pour demain, alors qu’elle n’a même plus hier. Il n’y a rien que je puisse faire pour lui rendre une parcelle de ces moments‑là.

À part être assise là, derrière elle…

À ceux qui doivent composer avec l’absence, mes pensées vous accompagnent.

À la douce mémoire de Diane Rose, maman de Audrey, Marika et Mickaël

Marilyne Lepage

Ze journée pour en parler

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Un jour, on n’en aura plus besoin de cette journée-là. Un jour, on en parlera tous les jours, ou pas. Un jour, on répondra sans gêne aux « comment ça va » en disant « je me sens joyeuse », « j’ai de la tristesse au cœur », « c’est une période pénible, mais je vois un thérapeute pour aller mieux ».

Déjà, j’entends dans les cours d’école et les garderies des enfants qui nomment leur ressenti. Qui disent « j’ai mal au ventre, je pense que je suis stressée, je vais aller respirer ». C’est beau, hein? Pas le stress à un si jeune âge, mais cette capacité de nommer la sensation et de l’associer à l’émotion.

Il y a dix ans, je me faisais juger par plusieurs parce que je disais que j’avais vécu une dépression. Si on se rend au bout du semi-marathon pour lequel on s’est entraîné, ou si on décroche notre diplôme tant espéré, ou si on survit à la première année de bébé (colique, nuits écourtées, nez qui coule et autres agréments de la parentalité), on a le droit, hein, de dire qu’on est fier de soi?

Alors si on remonte la pente après avoir touché le fond, on a le droit d’être fier de soi et de le dire. Si on réussit à passer toute une semaine sans vouloir se pendre alors qu’on combattait cette pensée quotidienne depuis des mois, on a le droit de se féliciter et de célébrer. Sans se faire juger, sans se faire regarder comme si on était un extraterrestre violet avec des pustules au bout des antennes.

En dix ans, les choses ont changé (mais pas encore assez). Dans notre monde super-méga-full évolué, on se fait encore juger, mais par moins de gens, et pas tout le temps. Il y a même des personnes et des groupes qui nous questionnent, qui veulent entendre notre témoignage d’ancien poqué de la santé mentale. Ils veulent comprendre par où on est passé, tout d’un coup que notre cheminement en inspirerait d’autres.

On était tellement habitué de se faire regarder comme des pas bons… et là, on se fait dire qu’on peut enseigner des stratégies aidantes, qu’on peut donner de l’espoir, qu’on peut être le modèle de quelqu’un. Bref, on se fait dire : « T’as tellement bien fait de ne pas te tuer, parce que tu améliores notre vie ». Et on le croit.

En cette journée dédiée à la santé mentale et à la prévention du suicide, croyez en vous, croyez en la vie. Parce que la vie croit en vous. Et dites à quelqu’un que vous l’aimez, qu’il est précieux pour vous. Demandez « Comment ça va? », avec l’intention sincère d’écouter. Et si la réponse ressemble à « Ça ne va pas bien », soyez présent, pour vrai. Ça peut changer la suite des choses.

 

Nathalie Courcy

 

Tu viendras faire un tour…

J’aime recevoir, j’aime être entourée des gens que j’aime. E

J’aime recevoir, j’aime être entourée des gens que j’aime. Et j’aime beaucoup de gens! Je tiens ça de mes parents. On était très souvent ceux qui rassemblaient famille et amis.

C’est encore le cas aujourd’hui. Je trouve important de rester en contact. Mon père est décédé, mais on continue de voir sa famille. Moins souvent c’est vrai, mais on les aime encore tellement! Une fois par année, on essaie d’organiser quelque chose avec les frères et sœurs de ma grand-mère, même si elle ne reçoit plus vraiment. Il en va de même avec la famille de mon père, au moins une fois par année. Deux, ce serait encore mieux.

90 % du temps, l’invitation vient de nous et presque chaque fois, c’est chez nous que ça se passe. C’est correct. On aime sincèrement recevoir. Et on se dit que tant que les gens répondent à l’appel, c’est que ça leur fait aussi plaisir de nous voir, les autres invités et nous.

Ce qui me dérange, ce n’est pas d’être l’instigatrice des rassemblements ou d’en être l’hôte, ce sont les petits commentaires culpabilisateurs : « Tu viendras me visiter, tu viens pas ben ben », « On se voit pas souvent, hein? C’est plate… », « J’hésite à venir à ton mariage, tu ne m’appelles pas souvent ». Ce genre de commentaires vient TOUJOURS de personnes qui ne font RIEN pour entretenir la relation. Je sais que je n’appelle pas si souvent et n’invite pas toutes les deux semaines, mais au moins, je le fais. Je ne parle pas de la famille immédiate. Je ne parle pas de ma grand-mère. Je ne parle évidemment pas de gens avec des soucis de santé. Je parle de grands-tantes, d’amis de la famille plus éloignée, d’oncles… Je prends la peine de t’appeler. Je trouve important de créer des occasions de se voir, de se rassembler. Je veux que tu partages avec ma famille et moi les moments importants, officiels et moins officiels. Je te fais une place dans ma vie.

Si ces occasions te font plaisir et que tu aimerais en vivre plus, tu peux m’appeler. Tu peux suggérer au lieu de tenter de me faire sentir mal, alors qu’on est justement ensemble parce que j’ai organisé le tout. Si je ne le faisais pas, on ne se côtoierait probablement pas du tout ou seulement aux funérailles.

Je travaille à temps plein, j’ai de jeunes enfants, notre vie est bien remplie. Malgré tout, j’essaie de penser à tous et ça me fait tellement plaisir de voir mon monde et d’en prendre soin. Je ne veux pas de médaille, je n’ai pas besoin d’être félicitée. Je le fais parce que j’en ai envie et personne ne m’y oblige. Mais ça me fait un peu de peine quand la personne retraitée qui a beaucoup de temps et qui est en pleine forme, que j’aime, me fait des reproches à demi mots et tente de me culpabiliser. Elle a plein de temps et ne me fait aucune place volontairement, alors que moi, je lui en fais.

Je sais que certains traits se développent avec l’âge et qu’il y a sûrement plein de raisons logiques à tout cela, mais j’espère me le rappeler quand je serai plus vieille, quand je serai celle qui a du temps. J’espère avoir encore le goût de rassembler les gens. Et si ce n’est pas le cas, j’espère ne pas commencer à culpabiliser ceux qui le font parce qu’ils ne le font pas assez selon mes envies. J’espère que je saurai simplement apprécier ces moments avec ceux que j’aime.

Eva Staire

 

Chère amie, pleine de grâce

C’était un soir d’hiver où la pleine lune débordait de confia

C’était un soir d’hiver où la pleine lune débordait de confiance et éclairait même ce qui était caché. J’étais en quête de chaleur pour dégivrer toute cette grisaille dans ma tête. L’aiguille de ma fidèle boussole pointait vers ton sud. J’ai cogné à ta porte car je la savais ouverte comme ton esprit et grande comme ton cœur. Tu m’as reçu sans jugement, deux verres déjà prêts comme si tu anticipais ma venue.

On se comprenait sans se parler. Nos regards suffisaient. Tu connaissais mon état et les frustrations qui me dénaturaient. Que j’arrivais à peine à joindre les deux bouts, cassé comme un clou rouillé torsadé. Sans me juger, tu m’as changé les idées. Tu m’as aidé sans rien demander en retour. Tu m’as permis de ne penser à rien et ça m’a fait du bien. De la bonté 100 % bio récoltée de ton jardin intérieur.

Tu m’as si bien reçu et j’ai pu faire le plein de réconfort. J’enfilais mes bottes et je m’apprêtais à partir. Et sans le remarquer, tu m’avais préparé une boîte de nourriture. Discrètement. Tu me l’as tendue, pleine de grâce. Et je l’ai acceptée sans qu’on se parle. Mes pensées envahies de mercis ébahis.

Je savais dès ce moment que quelque chose de nouveau venait de se passer. Je ressentais pour la première fois, du haut de ma trentaine fièrement scolarisée, l’humilité à son plus fort qui rappelait mes pieds d’argile. Pour ton geste, je t’en devais une, deux et même trois. Je sais que les dettes n’existent pas dans ce domaine. Ma seule obligation est de ne jamais oublier. Un jour, je redonnerai au suivant en pensant à ton geste solide comme un diamant. Ce jour viendra puisque je me souviens et que mes pensées sont verbes d’action.

Je suis parti avec le cœur réchauffé. La lune avait retrouvé son espace et offrait une nouvelle lumière à mon chemin du retour. Mon dedans avait déjà moins d’écho, tout comme mon garde-manger et mon frigo. J’ai compris que tu venais de m’offrir ce qu’il y a de plus beau chez l’humain : la générosité qui croise la dignité un soir de compassion. Je venais d’apprendre la gratitude à l’école de la vie. Je me suis promis de la reconnaître à jamais et de l’utiliser humblement.

Quand ce jour viendra, je vous raconterai, mes enfants. De l’importance de reconnaître la gratitude qui expose nos limites intérieures avec candeur. De voir toute la richesse de celui ou de celle qui prend soin de l’autre. De la grandeur des petits gestes simples qui sommeillent en vous et qui n’attendent que leur réveil. De la beauté de libérer le papillon et de sentir qu’il fait du bien, qu’il fait son bout de chemin. Je me souviendrai aussi de ce jour.

Marc-André Bergeron

Combat à finir homme vs femme : le lave-vaisselle

Je suis là, ébahie ; je le regarde. J’hésite entre lui lancer

Je suis là, ébahie ; je le regarde. J’hésite entre lui lancer ce qui reste de vaisselle ou rire. Ce rire de psychopathe. C’est drôle, je n’ai pas choisi une de ces options, j’ai seulement dit un : « Peux-tu me dire ce que tu fais? ». Et lui de me répondre calmement, sans même avoir remarqué ma voix haut perchée légèrement hystérique.

« Ben, je replace la vaisselle que tu as mise dans le lave-vaisselle, ce n’est pas de même que ça va. »

Je suis ébahie. J’avais déjà eu droit à plusieurs pseudo-conseils de sa part.

On commence toujours à remplir les verres par le fond. Heu non! Moi, je préfère les mettre au début du tiroir, on tire un peu dessus, on place le verre, on referme le panneau légèrement ouvert. Hop! Le travail est fait. De précieuses secondes économisées. Les assiettes dans ce sens, parce que dans l’autre sens, ça ne lave pas bien, paraît-il. Honnêtement, je n’ai jamais vu la différence. Les ustensiles la tête en haut, au moins là-dessus, on est d’accord. Le riz ne reste pas pris dans le panier.

Il y a le débat pour savoir si on rince ou non. Ma théorie : on rince quand prévoit ne pas remplir la machine au complet. Si nos vestiges de repas la remplissent, alors pas besoin de rincer. Sa théorie : on rince, voire, on lave, ensuite, on met dans le lave-vaisselle, peu importe la quantité de vaisselle à l’intérieur.

Mais là, le comble, il replace le tout à sa manière. Non mais, il se prend pour qui? Le Yoda de la vaisselle?! C’en est insultant, s’il avait l’intention de tout refaire, pourquoi m’avoir laissée faire? On s’en fout des deux verres qui n’ont pas eu leur place. Ils ne nous quitteront pas pour une autre famille pour autant. Ils auront leur tour au prochain lavage.

Mais mon classement supposément inefficace les a persécutés en les reléguant au prochain lavage. Mais quel drame!?

Là, j’entends les cling clang signifiant qu’il essaie de résoudre mon casse-tête chinois. Il y travaille avec une motivation inégalable. Moi, j’ai lâché prise, je suis passée à autre chose : les devoirs.

J’entends enfin la petite musique qui m’indique qu’il a enfin mis le lave-vaisselle en marche.

Je vais me chercher un verre d’eau, j’ai soif.

Les deux verres sont toujours en place au fond de l’évier…

Mélanie Paradis

 

Tu habites avec nous et c’est le plus beau des cadeaux

Il y a dix ans quand papa est parti subitement (mon papa est décédé d’une crise de cœur en dé

Il y a dix ans quand papa est parti subitement (mon papa est décédé d’une crise de cœur en déjeunant au resto, comme ça, sans prévenir, il est parti).

Ce fut la journée la plus difficile de notre vie… Tout était décousu et irréel.

Les journées ont passé et la douleur, elle, se transformait de jour en jour, mais restait toujours aussi vive.

Le vide qu’a laissé papa était indescriptible, comme s’il nous avait enlevé une partie de nos vies.

On est venus passer le temps chez toi, avec toi… On ne se quittait plus. Te voir souffrir et te voir te retrouver veuve à 50 ans est le spectacle le plus difficile que j’ai eu à regarder. Tu étais jeune, vivante, tellement belle… et tu étais sa femme, celle qu’il aimait et protégeait depuis 35 ans… Il t’avait laissée seule, orpheline, veuve… Tu étais veuve, maman.

Juste penser à papa… m’arrachait le cœur. S’il avait pu, il serait resté. Par-dessus tout, c’est à tes côtés qu’il voulait être, et ce, depuis toujours. Toute la vie, c’était à tes côtés.

Une journée, c’est mon mari à moi qui m’a regardée et m’a dit : « On va prendre ta mère ».

Ça sonnait tellement doux à mon oreille… je n’avais rien demandé. Mais il savait.

Comme papa avait su que c’était le temps pour grand-maman de venir vivre sous notre toit… il n’a pas hésité, sa voix n’était pas incertaine. C’était une évidence.

J’étais tellement heureuse et amoureuse de celui qui me faisait le cadeau de pouvoir annoncer à ma petite maman qu’elle s’en venait vivre avec nous et qu’elle n’aurait plus de soucis.

Depuis… on a déménagé une fois, de maison en maison, on bâtit toujours ton petit nid. Que tu peaufines mieux que quiconque.

Tu es là, en dessous de nous, toujours disponible… pour un café ou un vino.

Pour faire manger mes trois hommes quand je ne suis pas là. Pour aller chercher tes petits‑fils quand je travaille.

Pour faire mon ménage juste comme ça pour m’aider.

Tu es de loin le plus beau des cadeaux.

Ce soir, je t’écris et Phénix, mon bébé, dort avec toi en bas.

Tu étais heureuse quand il t’a dit qu’il voulait rester chez toi pour la nuit.

Ça paraît niaiseux parce que tu habites en bas. Mais chez mamie, c’est chez mamie et c’est spécial.

Mon grand, lui, aime bien venir trouver le calme auprès de toi.

Vous avez des moments bien à vous et moi, j’ai le meilleur des mondes. J’ai toujours la meilleure des associées pour un p’tit souper improvisé, peu importe la journée, avec les meilleures salades en ville en plus, les tiennes!

Tu es toujours souriante et joyeuse. Tu allèges mon cœur nerveux quand c’est le cas et tu calmes souvent les tempêtes de mon homme. Tu es meilleure que moi dans la vie de couple et de famille, tu as l’expérience. C’est parfois tannant de prendre tous tes conseils, car plus souvent qu’autrement, je sais bien que tu as raison.

Tu m’aides à m’accomplir en tant que femme et en tant que maman.

Tu me donnes toujours l’heure juste et ça me réconforte.

Je ne te le dis pas chaque jour, mais je sais que tu sais… que tu sais comme je t’aime et comme nous apprécions ta toute petite personne qui demeure juste en bas. Jamais dérangeante ni bruyante.

Ta présence pour nous depuis les neuf dernières années, c’est inévitablement le plus doux des cadeaux.

Merci à mon homme d’y avoir aussitôt vu toute la beauté, car sans lui, rien de toute cette belle histoire n’aurait été possible! Mais grâce à lui, on se fait notre petite galère avec ma sœur qui est ici comme chez elle et c’est tellement, mais tellement le meilleur des mondes.

Ma vie d’adulte en haut et ma vie de bébé à maman deux pas plus bas!

On t’aime maman!

 

Lisa-Marie St-Pierre

Je suis ma pire ennemie, ou l’autosabotage du bonheur!

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Pour changer quoi que ce soit dans la vie, il paraît qu’il faut commencer par accepter et nommer la situation que l’on veut changer. Alors je me lance : mon nom est Annie, j’ai 45 ans et j’autosabote mon bonheur. Voilà, je l’ai dit. Je l’avoue, j’ai tellement peur que quelque chose vienne gâcher ma vie quand ça va bien, que plutôt que subir cet événement qui pourrait gâcher mon bonheur, je le gâche moi-même inconsciemment.

 

C’est facile de mettre le blâme sur les autres pour ses malheurs. Ils ont le dos large. Bien plus facile de blâmer la terre entière pour nos malheurs que de réaliser que nous en sommes nous-mêmes les artisans. Je pense, sans me tromper, que tous les êtres humains ont ce même défaut de fabrication.

 

Pour être franche, ça fait treize ans que je suis en dépression fonctionnelle. Depuis la mort de mon premier fils pour être exacte. Depuis cette journée, j’ai continué à avancer, mais une partie de mon cœur et de mon âme est morte avec lui. J’ai été dans un groupe de soutien pour parents endeuillés, ça m’a aidée un moment. Quatre ans après son décès, j’ai eu recours à des antidépresseurs pour m’aider à passer à travers son « cinquième anniversaire » que je voyais venir et que je n’aurais pas le courage d’affronter autrement. Sous médication, j’étais une zombie : j’existais, je fonctionnais, mais je ne ressentais rien. J’ai arrêté la médication quand j’ai voulu redevenir enceinte. Est-ce que j’allais mieux? Non, mais je ne voulais plus être dans un état de zombie permanent.

 

La naissance de mon fils devait être l’événement le plus heureux que j’avais vécu jusqu’à ce jour et on me l’a enlevé. À la place, j’ai eu une douleur avec laquelle je devrai vivre le reste de mes jours. Depuis ce moment, dès que quelque chose de bien m’arrive, j’ai peur qu’on me l’enlève sans avertissement et de manière sauvage comme ce fut le cas pour mon fils. Donc, je fais tout « foirer » moi-même de manière inconsciente. Je me mets à angoisser sur ce qui pourrait arriver, j’analyse beaucoup trop les choses afin de trouver la faille, je deviens anxieuse, ce qui engendre des disputes et des malaises. On va dire les choses comme elles sont : je suis ma pire ennemie! Je me fais du mal à moi-même pourquoi dans le fond? Pour des situations catastrophes qui ne se produiront jamais dans 99,99 % des cas.

 

J’ai longtemps hésité à reprendre des antidépresseurs même si j’en avais besoin. Pourquoi? Premièrement, je ne voulais pas revenir au stade d’être vivant fonctionnel sans aucune émotion et, deuxièmement, je ne voulais pas reprendre les 40 livres que j’avais prises avec cette médication. Vous allez dire que c’est futile comme raison. Peut-être. Mais quand on a déjà un surplus de poids important, 40 livres supplémentaires en raison d’une prise de médicament, c’est difficile à avaler comme pilule!

 

Il y a presque un an, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée voir mon médecin de famille. Je prends à nouveau des antidépresseurs qui fonctionnent bien quand je n’oublie pas de les prendre. En discutant avec elle, elle m’a prescrit un médicament qui n’avait pas de prise de poids comme effet secondaire.

 

Il faut maintenant que je m’attaque à l’autosabotage de mon bonheur. Pour ça, il n’y a pas de pilule miracle malheureusement, juste beaucoup de travail à faire sur moi-même. Je sais que ce sera un travail de longue haleine et un combat quotidien pour moi. Ce n’est pas une bataille gagnée d’avance, mais je suis déterminée à dompter cette bête en moi. Elle ne me croit pas faite pour le bonheur, mais j’y ai droit moi aussi.

 

Au cours de la dernière année seulement, ce comportement a causé tellement de dégâts. J’ai gâché plein de beaux moments pour les gens que j’aime et je me suis aussi privée de plein de beaux moments. Il paraît que pour changer quelque chose dans notre quotidien, il faut le faire durant sept journées consécutives et après, ça devient une habitude. Je veux naïvement espérer pouvoir voir une différence en sept jours même si je sais pertinemment que ce sera plus long que cela!

 

Je termine ce texte en offrant mes plus sincères excuses aux gens que j’ai blessés par mes paroles ou mes actions au cours des dernières années. Aux personnes qui sont encore dans ma vie, je demande un peu de patience, le meilleur est à venir. J’en fais la promesse!

 

Annie St-Onge

 

Les petits pieds dans l’escalier

Chez nous, les chambres sont à l’étage et l’escalier pour y mo

Chez nous, les chambres sont à l’étage et l’escalier pour y monter n’a pas de contremarches. On y voit donc au travers. Pour la sieste des plus jeunes ou quand vient l’heure du coucher, les enfants montent dormir. « Gros bisous Papa. Beaux dodos Maman. Je vous aime. À demain. ». Puis, ils montent dans leur chambre. Aussi simple que ça…

Bon. Parfois… ce n’est pas aussi simple que ça. Il arrive qu’on voie apparaître quelques minutes plus tard des petits pieds dans le haut de l’escalier… Inévitablement, ça vient avec une demande. Soit il fait trop froid dans sa chambre, soit elle a soif, soit il n’arrive pas à dormir, soit elle a fait un mauvais rêve, soit il a besoin d’un câlin supplémentaire… La liste des demandes peut être longue et plus on a d’enfants, plus ils sont créatifs pour en trouver…

Il nous est arrivé souvent, en tant que parents fatigués, de montrer des signes d’impatience dès qu’on apercevait des petits pieds dans l’escalier… Dès leur approche sur la première marche, on a souvent roulé des yeux parce qu’on aurait aimé s’assoir et relaxer un peu en amoureux. Il est arrivé aussi qu’on réponde sèchement que c’est l’heure du dodo, sans trop accorder d’importance à la dixième requête.

Pourtant… les soirs où tout le monde monte se coucher docilement, sans aucune tentative pour se relever, la maison semble tout à coup tellement calme. Trop vide… Les enfants dorment déjà à poings fermés. Je me surprends à regarder l’escalier vide et à espérer y voir des petits pieds apparaître tout en haut…

Et quand les enfants se réveillent, après le dodo, et que je vois des petits pieds pointer le bout des orteils dans cet escalier, une vague d’amour me submerge encore… Je sais que ces petits pieds dans l’escalier seront suivis d’un petit être fragile, encore endormi, aux yeux semi-fermés et aux joues rougies… parce que le temps d’un dodo, ils m’ont tellement manqué… et plus on a d’enfants, plus on a le cœur rempli d’amour…

Et immanquablement, ces petits pieds dans l’escalier porteront jusqu’à moi le câlin du matin… Le câlin que chacun de mes enfants me fait au réveil, où que je me trouve dans la maison. Ce moment où ils viennent, tour à tour, se blottir contre mon cœur de maman, et ce, peu importe combien ils ont grandi… Ce câlin qui arrive encore à figer le temps…

Un jour, les enfants seront grands et les petits pieds dans l’escalier se feront rares. Ce jour-là, je sais bien que je n’aurai aucun souvenir des cauchemars, des verres d’eau et des thermostats à ajuster. Je serai assise, grisonnante, dans mon divan et j’aurai probablement les yeux rivés vers cet escalier sans contremarches. Les yeux et le cœur remplis d’amour et d’espoir de les voir apparaître à nouveau.

Et quand mes petits-enfants viendront dormir chez Papi et Mamie, je guetterai encore cet escalier en souhaitant secrètement voir leurs petits pieds apparaître tout en haut… parce que c’est là toute la beauté d’avoir des enfants.

Joanie Fournier