Ze journée pour en parler

Un jour, on n’en aura plus besoin de cette journée-là. Un jour, on en parlera tous les jours, ou pas. Un jour, on répondra sans gêne aux « comment ça va » en disant « je me sens joyeuse », « j’ai de la tristesse au cœur », « c’est une période pénible, mais je vois un thérapeute pour aller mieux ».

Déjà, j’entends dans les cours d’école et les garderies des enfants qui nomment leur ressenti. Qui disent « j’ai mal au ventre, je pense que je suis stressée, je vais aller respirer ». C’est beau, hein? Pas le stress à un si jeune âge, mais cette capacité de nommer la sensation et de l’associer à l’émotion.

Il y a dix ans, je me faisais juger par plusieurs parce que je disais que j’avais vécu une dépression. Si on se rend au bout du semi-marathon pour lequel on s’est entraîné, ou si on décroche notre diplôme tant espéré, ou si on survit à la première année de bébé (colique, nuits écourtées, nez qui coule et autres agréments de la parentalité), on a le droit, hein, de dire qu’on est fier de soi?

Alors si on remonte la pente après avoir touché le fond, on a le droit d’être fier de soi et de le dire. Si on réussit à passer toute une semaine sans vouloir se pendre alors qu’on combattait cette pensée quotidienne depuis des mois, on a le droit de se féliciter et de célébrer. Sans se faire juger, sans se faire regarder comme si on était un extraterrestre violet avec des pustules au bout des antennes.

En dix ans, les choses ont changé (mais pas encore assez). Dans notre monde super-méga-full évolué, on se fait encore juger, mais par moins de gens, et pas tout le temps. Il y a même des personnes et des groupes qui nous questionnent, qui veulent entendre notre témoignage d’ancien poqué de la santé mentale. Ils veulent comprendre par où on est passé, tout d’un coup que notre cheminement en inspirerait d’autres.

On était tellement habitué de se faire regarder comme des pas bons… et là, on se fait dire qu’on peut enseigner des stratégies aidantes, qu’on peut donner de l’espoir, qu’on peut être le modèle de quelqu’un. Bref, on se fait dire : « T’as tellement bien fait de ne pas te tuer, parce que tu améliores notre vie ». Et on le croit.

En cette journée dédiée à la santé mentale et à la prévention du suicide, croyez en vous, croyez en la vie. Parce que la vie croit en vous. Et dites à quelqu’un que vous l’aimez, qu’il est précieux pour vous. Demandez « Comment ça va? », avec l’intention sincère d’écouter. Et si la réponse ressemble à « Ça ne va pas bien », soyez présent, pour vrai. Ça peut changer la suite des choses.

 

Nathalie Courcy

 



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