Archives janvier 2020

Un autre drame conjugal

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Il y a quelques jours, un autre drame familial s’est joué. Nous connaissons le résultat : six enfants orphelins et marqués à vie ainsi que deux familles et plusieurs amis et collègues changés à jamais. Lorsque ces drames arrivent, nous nous posons la question : pourquoi? Moi, cette fois-ci, j’ai angoissé. J’ai eu peur, car je me demande si nous n’allons pas développer une fausse résilience, une forme d’insensibilité face à ces drames parce que ça va en quelque sorte faire partie du quotidien. Il ne faut absolument pas que nous développions ce réflexe.

 

En participant à diverses discussions sur les médias sociaux et avec des collègues de travail, deux points m’ont marquée. En premier lieu, je sens que les hommes en général ont une certaine forme de gêne. Ils sont frustrés, oui, mais aussi gênés. Ils se sentent mal pour le geste qu’un autre homme dans les mêmes passages de vie peut faire. Quoi vous dire, messieurs? On comprend que ce n’est pas vous, que c’est un cas (oui, il y en a eu beaucoup dans les derniers mois).

 

L’autre point qui me frappe, c’est qu’il y en a beaucoup, mais alors beaucoup de femmes avec des bagages de violence conjugale. Ça me frappe, me fait retomber sur terre et j’ai mal. Des femmes qui doivent faire des choix de vie, changer de ville, avoir peur d’aller à l’épicerie seules… Bref, un gros choc pour moi de réaliser tout ce que leur vie comprend comme obstacles.

 

L’autre point auquel j’adhère entièrement, c’est celui de certains médias concernant leur façon de véhiculer la nouvelle. Au lendemain du drame, un célèbre animateur de radio expliquait qu’il faut arrêter d’aller interviewer les familles au lendemain de ces drames, car c’est certain que ce sont des familles modèles, des familles parfaites.

 

La vérité, c’est qu’une famille parfaite, ça n’existe pas, de la même façon qu’une vie parfaite n’existe pas. Il y a peut-être un point de départ dans tout ça. Si on regarde les derniers drames, on le sait qu’il y a de la souffrance, il y a de la non-acceptation de certains passages de vie. La vie, c’est loin d’être un long fleuve tranquille. La vie est constituée de victoires et de joies, mais aussi de peine et d’échecs. C’est le mélange de tout cela qui nous fait avancer.

 

Un constat que je fais, c’est la relation d’aide. Il est à mon avis impératif que tout être humain ait une base de formation et de connaissances des relations humaines. Je ne sais pas comment y arriver, mais il faut valoriser cet aspect à l’aide du système scolaire, des milieux de travail, etc.

 

Dans quelques jours, ce sera la fameuse journée pour la santé mentale. Il est de mon point de vue que cette journée a encore davantage d’importance cette année : nous devons causer, nous devons porter attention à autrui.

 

S’accepter, accepter que nous ne sommes pas parfaits, mais jamais, alors JAMAIS tomber dans une fausse résilience sur la violence conjugale. C’est notre devoir pour ces six enfants changés à jamais. Donnons-nous de la douceur et de l’amour.

 

Evelyne Blanchette

 

 

Merci pour toutes ces nuits

Savais-tu que c’est la journée internationale des câlins? Moi, j

Savais-tu que c’est la journée internationale des câlins? Moi, j’ai envie de faire honneur à ceux qu’on échange sous la couverture.

Par pudeur ou par peur de gêner, nous gardons généralement le silence sur notre sexualité. Même si elle fait partie de nous, même si elle est universelle.

Nous parlons sans tabou de notre travail, nos voyages, nos enfants, alors qu’il y a tout un pan de notre vie qu’on garde caché. Et pourtant, c’est un morceau assez important! Ça passe beaucoup de nuits à se coller, un vieux couple. Je tiens à célébrer autant nos jours que nos nuits.

Je trouve désolant que, par souci de protéger notre intimité, on hésite à dire qu’on s’amuse toujours ensemble. Tous ces moments partagés restent un secret bien gardé entre amoureux. On en vient même à se demander si c’est normal de monter aussi régulièrement au septième ciel… Ça devrait être rendu plate après quinze ans, non?

Autour de nous, cinq couples d’amis qui semblaient bien aller viennent de se séparer. Nous nous faisons bombarder de tristes récits de désir qui s’éteint et de plaisir qui s’empêtre dans la poussière. Les gens heureux n’ont pas d’histoire… et en plus, ils gardent pour eux ce qu’ils vivent chaque soir. Cachez ce bonheur que je ne saurais voir… Surtout, répétez à tous que le désir ne cherche qu’à s’enfuir et que l’amour rime rarement avec toujours.

Eh! bien, les câlins derrière la porte close, moi je les trouve merveilleux et poétiques… J’ai envie d’en parler sur l’espace publique. J’ai envie de rappeler qu’ils existent. J’ai envie de dire qu’on s’endort dans les bras l’un de l’autre, l’esprit ramolli, les cheveux décoiffés. Bercés par cette vague de tendresse qui nous aidera à traverser vents et marées. Et j’ai envie de terminer avec un peu d’humour, en disant : merci pour les orgasmes, mon amour. J’en prendrais encore quelques-uns, si ça ne te dérange pas!

Elizabeth Gobeil Tremblay

Lettre à ma belle-mère

Bonjour, on se connaît à peine, mais je vais me permettre de te tu

Bonjour, on se connaît à peine, mais je vais me permettre de te tutoyer quand même. Je suis la femme qui est dans la vie de ton fils depuis cinq ans. Beau temps, mauvais temps, je suis à ses côtés. Je ne t’ai pourtant jamais rencontrée. J’ai longtemps pensé que c’était parce que ton fils, dans le fond, avait honte de moi. Tu as rencontré ses ex, mais moi, tu ne m’as pas rencontrée. Ce n’est que récemment que j’ai compris pourquoi : comme il me l’a toujours dit, il me protégeait de toi.

Nous travaillons tous les deux et nous n’avons pas beaucoup de temps à nous la semaine. Dès qu’il termine son travail, tu te hâtes de l’appeler dans la voiture pour qu’il te parle sur le chemin du retour, sans compter tes nombreux appels à son travail durant la journée. Une fois qu’il est arrivé à la maison, tu le textes sans cesse toute la soirée et parfois jusqu’à 1 h du matin! Il passe ses soirées sur son cellulaire à te parler. Tu te plains à ton fils que ton mari ne te donne pas d’attention, mais ce faisant, tu empêches ton fils de passer du temps avec sa femme.

Tu ne sembles pas être en mesure de fonctionner sans lui et pourtant, tu as d’autres enfants qui vivent encore sous ton toit. Tu le déranges, parce que oui, à ce stade, c’est du dérangement, pour un oui et pour un non. Tu veux savoir où trouver du papier de toilette en spécial? Regarde les circulaires, ou comme tu es à l’aise avec l’électronique, essaie l’application Reebee et Sale Whale pour trouver tes spéciaux! Tu l’accapares le weekend pour qu’il te conduise ici et là pour ton magasinage.

Quand il se fâche contre toi, soudainement, tu as des malaises et tu es transportée à l’hôpital. Lorsqu’il n’accourt pas à ton chevet, il reste encore une fois suspendu à son cellulaire pour avoir des nouvelles et il ne dort pas la nuit parce qu’il fait des pieds et des mains pour que tu obtiennes les meilleurs soins. Normal, tu es sa mère. Ton fils est complètement épuisé et il se rend malade pour toi, t’en rends-tu seulement compte?

Ton fils passe son temps à vouloir te plaire et te prouver ce qu’il vaut réellement. Tu es sa mère, il ne devrait pas à avoir à faire cela pour se sentir aimé de toi. Ton fils, dès la seconde où je l’ai rencontré, je l’ai aimé inconditionnellement et je ferai n’importe quoi pour lui. Tu sembles incapable de lui démontrer de l’amour autrement qu’en lui achetant des choses. Ce dont il a besoin, c’est d’une mère et non d’un guichet automatique! Joue ton rôle de mère auprès de ton fils tout comme je le fais avec mes propres enfants. Je t’imagine en train de jubiler parce que tu penses que, si notre relation échoue, ton fils te reviendra! Nous sommes plus forts que ça, je ne te laisserai pas faire.

Il y a quelques mois, j’ai finalement compris que ton fils me protégeait de toi. Tu dis que tu veux me rencontrer, me faire des cadeaux, m’amener en voyage uniquement dans le but de te rapprocher de moi pour mieux le manipuler pour qu’il fasse ce que toi, tu veux. Malheureusement pour toi, j’ai un coup d’avance sur cette partie d’échecs. Je te vois venir et je n’entre pas dans ton petit jeu. Je ne peux être achetée. L’amour que je porte à ton fils n’a pas de prix et tu ne viendras jamais briser cela.

En terminant, je veux te demander une chose : s’il te plaît, agit comme une mère. Arrête tes manigances et tes manipulations. Arrête de te fier à lui pour tout. Il est ton enfant et tu es le parent et non l’inverse. Ce n’est pas de son ressort de tout régler ce qui ne va pas dans votre famille. De grâce, laisse‑le respirer et laisse‑nous respirer un peu.

Eva Staire

Cette chance…

Me plonger dans la culture mexicaine, me donner un avant-goût de ce

Me plonger dans la culture mexicaine, me donner un avant-goût de ce que cela peut être que de s’abandonner dans l’inconnu… Partir avec un filet de sécurité😉, en terrain (un peu) connu.

Réaliser que des êtres humains, ça finit toujours par se comprendre, peu importe leur langue. Apprécier chaque moment de ce temps prêté, savourer ce qui s’offre à nous!

Faire des rencontres touchantes, écouter l’autre et saisir cette chance, ce moment parfait.

Voir, à travers les yeux de ses enfants, l’humanité à sa plus simple expression! Comprendre que les barrières, elles n’existent que dans notre tête. Ouvrir notre cœur et accueillir les confidences de cet étranger qui prend le temps de s’offrir à nous.

En discutant dans cette langue qui n’est pas la nôtre, en faisant chacun son bout de chemin, constater nos différences, mais s’étonner de ce qui nous unit. Réaliser combien un humain, ça peut être beau et simple.

Rentrer à la maison, la tête remplie d’images, de souvenirs, d’odeurs et de moments plus que parfaits.

Être conscient de cette chance et espérer que nos enfants le soient tout autant.

Avoir déjà hâte au prochain départ. Être prêt à plonger davantage…

🌟

Karine Lamarche

 

Juste au cas…

Mon petit cœur, depuis que tu es tout petit, on essaie de te prépa

Mon petit cœur, depuis que tu es tout petit, on essaie de te préparer de notre mieux à toutes les éventualités. On trouvait important que tu saches quoi faire si jamais maman s’évanouit et ne se réveille plus, si jamais quelqu’un entre dans la maison pendant la nuit, si jamais les flammes s’emparent de la cuisine…

Évidemment, on n’a pas parlé de toutes ces éventualités dramatiques le même soir… Tu en aurais fait des cauchemars! Mais plus les années avançaient et plus les occasions d’en discuter se présentaient.

On a tenté de notre mieux de te faire parler de chacune des mises en situation pour tester tes connaissances et ton instinct. Nous savons que nous devions discuter avec toi de tous ces drames possibles. Mais mon petit cœur, tu ne sauras jamais à quel point ça a été difficile pour nous de t’en parler… Tu ne sauras jamais à quel point ce fut éprouvant pour nous.

Ça aurait été tellement plus facile de se mettre la tête dans le sable, de sombrer dans le déni, de faire comme si tout cela ne pouvait jamais t’arriver… Ça aurait été tellement simple de vouloir t’épargner et de se répéter que tu n’avais pas besoin de savoir tout ça. Mais on se serait menti à nous-mêmes… parce que si tu voyais des flammes et que tu allais te cacher sous ton lit, comme bien des enfants en ont l’instinct, on ne se le pardonnerait pas. Si tu périssais dans les flammes, apeuré et sans ressource, on ne se le pardonnerait pas. Mais mon petit cœur, tu ne sauras jamais à quel point ça a été difficile pour nous de t’en parler…

Quand on a dû t’expliquer que la seule chose à faire en cas de feu, c’est de sortir de la maison. Sans bottes, sans manteau, sans ta doudou… tu dois sortir. Même si tu as envie d’appeler les pompiers… tu dois sortir. Sans papa, sans maman, sans tes sœurs… tu dois sortir. Même si tu entends crier… tu dois sortir. Tu ne sauras jamais, mon ange, comme notre cœur se serrait à prononcer ces mots…

Quand on a dû te montrer comment sortir de ta chambre par la fenêtre, au cas où le feu serait devant ta porte de chambre. Quand on t’a demandé d’essayer seul, sans aide, sans nous, de sortir. Quand tu n’arrivais pas à ouvrir ta fenêtre et qu’on a insisté pour que tu le fasses seul. Quand tu as dû pousser des meubles pour grimper dessus, que tu trouvais ça trop lourd, mais qu’on a continué d’insister pour que tu le fasses seul. Tu ne sauras jamais, mon bébé, à quel point on avait envie de t’aider… On avait le cœur gros et la gorge nouée, mais on savait qu’il fallait que tu saches y arriver seul. Juste au cas…

Quand on t’a expliqué quoi faire si un adulte que tu ne connais pas veut t’amener avec lui… Même s’il cherche son chemin, même s’il veut que tu l’aides, même s’il a perdu son chien, même s’il te donne des bonbons ou veut te montrer ses bébés chatons… Tu ne sauras jamais, mon loup, à quel point on avait mal au cœur d’imaginer tous ces stratagèmes… Tu ne sauras jamais à quel point on était dévastés à la simple idée que quelqu’un essaie de t’enlever à nous…

Encore une fois, ces discussions se sont faites dans des moments bien choisis du quotidien. Des moments où tu te sentais en sécurité, où tu avais envie d’en parler, où tu étais prêt à entendre ces mots. Ces discussions se sont faites sur des années. Pourtant, tu ne sauras jamais, mon poussin, à quel point nous ne pouvions jamais nous sentir prêts à parler de tout cela avec toi.

Parce qu’on voudrait tous que ces situations n’arrivent jamais. Surtout à des enfants. On voudrait bien, parfois, faire l’autruche et se convaincre que ça n’arrivera pas chez nous. Puis, nous repensons à ces enfants des autres qui n’auront plus jamais la chance de vieillir et nous savons qu’aussi difficile que cela puisse être, il faut te préparer à tout cela.

S’il y a le feu, tu n’iras pas chercher ta doudou. Si un intrus s’introduit dans notre intimité, tu ne resteras pas caché sous tes couvertures. Si maman s’évanouit, tu ne resteras pas là à attendre qu’elle se réveille. Et surtout, s’il nous arrive quelque chose d’atroce, tu auras tous les outils en main pour survivre. Parce que même si tu es le seul à survivre, mon ange, on aura déjà accompli quelque chose de grand… On t’aura sauvé, juste au cas…

Joanie Fournier

 

Des jeux qui n’en sont pas

Chaque année apporte son lot de nouveaux jeux et défis questionnab

Chaque année apporte son lot de nouveaux jeux et défis questionnables dans les écoles secondaires et dans les parcs. Dans mon temps, on jouait à la bouteille et on s’embrassait sur la main parce que « ark, la bouche! ». Mais maintenant, c’est autrement plus sérieux. Et dangereux.

Parents (et intervenants auprès des jeunes), je vous invite à ouvrir la discussion avec les adolescents de votre entourage. Sont-ils témoins de jeux qui semblent drôles jusqu’à ce qu’ils dérapent? L’école est-elle au courant? Ils font peut-être partie d’un groupe qui pratique ces jeux, ou peut-être en sont-ils des victimes collatérales.

Autobus surpeuplé d’une école surpeuplée (2000 ados remplis d’hormones, des petits timides de secondaire 1 et des grands fouets de dernière année, crinqués de leur journée et gonflés d’un orgueil malsain pour certains). Dans l’autobus, il y a trois fois plus de personnes debout que de personnes assises. Le manque d’oxygène explique peut-être la suite des choses.

Un groupe d’amis (oui, des amis) s’emballe, crie. Un des jeunes commence à taper l’autre (je rappelle, ce sont des amis). Sans arrêt. Puis, c’est l’autre. Toujours sous les encouragements nourris du reste de la troupe. Ça rit, ça filme sûrement. La compétition de celui qui mettra la vidéo le premier sur les médias sociaux.

Dans l’échauffourée, ils tombent sur leurs voisins d’autobus, les bousculent, les écrasent contre les barres de métal ou contre la fenêtre. Le coup de poing (destiné à l’ami, on s’en souvient) passe tout droit et atterrit sur une épaule, une joue, un ventre. Tout le monde perd l’équilibre, c’est le chaos des cris « Go t’es capable! Continue! » et des « Outch, tasse-toi, tu me fais mal », suivis de « Check l’autre qui braille encore! ». Vous voyez le portrait.

Monsieur le conducteur, où êtes-vous? Le conducteur fait son travail, c’est-à-dire ramener tous ces jeunes à la maison après leur journée d’école. Il intervient mollement (c’est peut-être la centième bagarre du genre qu’il essuie cette année) : « Calmez-vous, les jeunes ». Bien sûr, il pourrait arrêter l’autobus sur le bord de la rue. Débarquer les jeunes fautifs? Peut-être, s’ils lui obéissent. Prendre leurs noms pour une suspension éventuelle, sûrement. Il aurait le droit (le devoir?) d’appeler le superviseur de la compagnie de transport, faire venir un agent de sécurité. (Je vole le punch : c’est fait depuis que nous avons rapporté la situation aux autorités concernées). Mais comme les autres jeunes de l’autobus, il est pris au piège d’une violence trop habituelle. Habituelle, point.

Retournons à cet autobus. Fermez vos yeux. Imaginez-vous, fatigué de votre journée, tanné d’être entouré d’une foule bruyante qui ne vous a laissé aucun répit depuis 7 h le matin. Vous essayez de vous recentrer en écoutant de la musique ou en lisant un livre. Pas facile avec ces sacs à dos qui vous accrochent, ces odeurs, le brouhaha des conversations à volume élevé. Vous vous tenez debout tant bien que mal, accroché sur le poteau de métal. Vous sentez l’ambiance qui s’échauffe, les coups tombent soudainement de tous les côtés. Quelqu’un vous écrase la jambe contre un siège, puis le bras contre la barre de métal. Votre tête frappe la fenêtre. Le fil de vos écouteurs reste coincé et se brise. C’était tout ce qui vous permettait de rester un peu zen… Vous vous étiez pourtant placé près du conducteur pour être en sécurité.

Vous sentez-vous bien? Vous sentez-vous en sécurité? Avez-vous hâte de reprendre le même autobus le lendemain, avec les mêmes personnes et les mêmes cris? Avez-vous-même le goût de retourner à l’école le lendemain?

Cette situation n’est pas une fiction. Ça arrive ici, ça arrive sûrement ailleurs aussi. Ça s’appelle de la violence. Ré-pé-ti-ti-ve.

On a informé l’école, la commission scolaire et la compagnie de transport. On a posé des questions. On a ressorti leurs politiques « Tolérance 0 » concernant la violence. Tous les intervenants contactés ont réagi rapidement et concrètement. Il y a eu enquête. L’enquête a prouvé que les « amis » qui se tapaient dessus étaient bel et bien des « amis », consentant à toute cette violence très gratuite (gratuite dans ses causes, mais pas dans ses conséquences).

Ces jeunes participaient à un jeu populaire dans certains coins de la province, qui consiste à frapper quelqu’un pendant deux minutes sans que cette personne ne puisse se défendre, puis à inverser les rôles. Une autre version n’a pas de limite de temps : une personne peut tout faire à l’autre (le frapper, l’étrangler, lui arracher son linge…) jusqu’à ce que la personne tape par terre ou dise « stop ».

Mais vous savez ce que fait l’orgueil dans le cerveau pas tout à fait développé des ados? Ça empêche souvent de dire « stop ». C’est là que les risques deviennent énormes. Faut-il attendre une commotion cérébrale, un décès, une poursuite en justice? Faut-il attendre que les parents dénoncent pour agir?

Je disais donc… parents et intervenants auprès des jeunes, je vous invite à ouvrir la discussion avec vos ados. À propos de la violence, de l’esprit de compétition, de l’orgueil, de la pression du groupe, de l’influence des autres, de la nécessité de dénoncer, du droit de chacun d’être et de se sentir en sécurité. À propos de ces jeux qui n’en sont pas. À propos de ces amitiés qui n’ont rien d’amical.

Cette année, c’est le 2 minutes challenge, l’an prochain, on sera rendus à une version encore plus hard core. Si vous entendez parler d’autres types de jeux ou de défis du genre, parlez-en ici! Ça pourrait sauver quelqu’un.

Nathalie Courcy

Parentalité et écoanxiété

Je trouve ça difficile de lâcher prise sur la crise écologique ac

Je trouve ça difficile de lâcher prise sur la crise écologique actuelle. Les changements d’habitudes sont si lents et les conséquences annoncées sont si alarmantes, et malheureusement parfois déjà présentes. Je ne me suis pas mis la tête dans le sable, du moins je ne crois pas, mais il y a quelque temps, j’ai fait la paix avec mon angoisse, mon écoanxiété. C’était nécessaire, car ça commençait à prendre beaucoup de place dans ma tête.

Parce que j’étais en train de figer de peur et parce que c’est un enjeu collectif que je refuse de porter seule. Je suis sensible et j’avais l’impression de m’enliser dans du négatif.

Les réseaux sociaux n’aidant pas forcément, j’avais l’impression que tout le monde qui est déjà sensible à la cause se partage des articles citant plein d’experts qui nous confirment que ça va mal. Plein d’articles qui pèsent lourd au cœur quand tu es déjà sensibilisé et qui ne font qu’attirer la polarité dans la section des commentaires. Comme si tout était noir ou blanc, comme s’il n’y avait plus d’issue d’un côté et aucun problème de l’autre. Bref, je trouvais ça franchement décourageant. Démoralisant aussi parce qu’il n’y a pas que l’écologie, il y a aussi la guerre, les inégalités sociales, la faim dans le monde, la violence, les traumas personnels et collectifs, etc… etc…. etc.

J’ai donc décidé de faire un pas de recul et de me recentrer sur ce que je fais de plus important pour la Terre en ce moment : éduquer mes enfants avec tout mon amour.

Ça peut sembler naïf, mais j’ai vraiment la conviction que les enfants qui arrivent sur cette Terre ont tout à nous apprendre. Ils sont sensibles, près de leurs émotions et nous font tellement travailler sur nous-mêmes, si seulement nous sommes prêts à faire face à nos propres blessures. N’est‑ce pas la carence affective qui nous rend si vulnérables à l’égoïsme, à l’appât du gain, à la surconsommation? Je crois aussi que c’est ce mal de ne pas être aimé pour ce qu’on est qui pousse les humains à s’enrichir sur le dos des autres, à consommer leur peine et à être si profondément blessés qu’ils ne perdent jamais leur narcissisme malsain.

Je travaille fort pour être là pour mes enfants, pour ralentir le rythme, pour être disponible. C’est ce que je fais de plus grand en ce moment, créer une relation d’amour saine avec mes enfants pour qu’ils grandissent en étant fiers de qui ils sont. Pour que l’argent ne soit pas un but ou un synonyme de réussite. Pour qu’ils se sentent comblés de l’intérieur et non par le biais de la surconsommation. Pour qu’il ait reçu assez d’amour pour s’ouvrir aux autres, respecter les différences et se sentir concernés par l’importance du collectif. Chacun sa route, certes, mais nous sommes tous interreliés. Je souhaite que les consciences s’élèvent et qu’on puisse réaliser avec humilité la chance de vivre sur cette Terre.

Je n’oublie pas que je suis dans la surabondance nord-américaine et que cède à la surconsommation parfois. Je ne suis pas parfaite, mais je tends vers le meilleur. Je m’améliore chaque année et je le fais dans le plaisir. Pas par obligation, mais parce que ça fait du bien. C’est bon de se sentir bien chez soi, de créer des relations plutôt que de s’enfermer dans une surconsommation superficielle.

Tout ceci a encore plus de sens depuis que je suis mère. Comme si tout d’un coup, je réalisais toute l’importance de la lignée intergénérationnelle. Une envie profonde que les enfants de mes petits-enfants et ceux de tous puissent vivre plutôt que survivre. Et si jamais on fonce vers la fin de la vie humaine, je n’y peux rien de plus que ma démarche actuelle. Mon pouvoir à moi, c’est de rester connectée à mon humanité et de faire de mon mieux chaque jour pour aller vers l’essentiel en pleine conscience.

À mes enfants, si nous devons tout perdre, nous nous ajusterons. Si nous devons tout quitter pour mieux réapprendre à vivre, nous le ferons et si nous devons affronter l’adversité, nous le ferons. Nous y ferons face comme nous faisons face à tout : avec solidarité, amour et compassion. D’ici là, vivons simplement avec la reconnaissance énorme de s’avoir et d’être bien entourés.

Roxane Larocque

La beauté de la mort

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Une pluie de « Je t’aime » si sincères.

Des millions de sourires inquiets et à la fois si reconnaissants.

Des yeux angoissés qui s’apaisent lorsque je te prends la main.

Des larmes qui coulent sur tes joues lorsque tu reçois, une fois de plus, de mauvaises nouvelles à propos de ton combat, celui que tu mènes depuis près de deux ans.

Un regard vers moi, comme celui d’un enfant qui demande à sa maman de le rassurer. Ce regard si naïf et fragile.

Des rires et des pleurs à un intervalle si rapproché que nous en sommes étonnées.

La maladie qui t’a emportée nous aura permis de vivre des moments que jamais je n’oublierai.

 

J’aurais pu écrire sur l’incompréhension qui me hante, ma frustration ou la peine que je ressens que tu sois partie si jeune, laissant derrière toi tes deux parfaites petites filles et ton amoureux à qui tu vas tellement manquer.

J’ai plutôt décidé de composer sur les doux derniers jours de ta courte vie.

Des rires dans ta chambre d’hôpital, des amis qui « popent » ton veuve Clicquot pendant que tu prends tes dernières respirations avec une force déroutante.

Tes petites amours qui courent autour de ton lit avec des ballons que les infirmières ont gonflés pour elles. Tes filles qui s’arrêtent de temps à autre pour caresser tes mains de maman qui deviennent de plus en plus froides et marbrées. Puis, elles retournent dans la salle de jeux pour rire et s’amuser avec les jouets. Elles ne le savent pas, mais elles aussi, tout comme leur maman, elles nous enseignent sans le savoir, la beauté de la vie à travers la mort.

Tes amis, ta famille… nous sommes autour de toi à nous raconter des anecdotes vécues avec toi. Parce que toi, par la personne que tu es, tu nous laisses le souvenir de ta vie et non de ta mort qui approche.

Tu as créé sans le savoir de si belles amitiés entre nous tous. J’ai connu, grâce à toi, des personnes merveilleuses, des femmes aussi fortes que toi, des battantes. J’ai aussi rencontré des amies à toi, qui feront maintenant partie de ma vie et qui, par ce qu’elles sont, feront vibrer ton âme pour que tu demeures près de moi… près de nous.

Pendant que tu expirais tes derniers souffles, nous qui t’entourions avons inspiré ton courage et ta résilience.

 

Certaines personnes entrent dans notre vie et y laisseront sans le savoir des empreintes sur notre cœur. Ces traces feront en sorte que nous ne serons plus jamais la même personne.

Tu es cette personne.

Après avoir vécu avec toi les derniers instants de ta courte vie, je ne serai plus jamais la même.

Je te remercie de m’avoir laissé entrer dans ta vie, de m’avoir permis d’être à tes côtés afin d’escalader les montagnes qui se sont dressées devant toi ces derniers mois.

Tu vas me manquer… nous manquer.

Pour donner pour soigner le cancer du sein: Donner!

 

Isabelle Nadeau

 

 

 

 

 

Parler de la mort avec les tout-petits

Je ne m’attendais pas à en parler aussi rapidement avec mes enfan

Je ne m’attendais pas à en parler aussi rapidement avec mes enfants. Mon plus vieux me prend parfois par surprise. Nous sommes chanceux, nos enfants n’ont pas encore été réellement confrontés à la mort, ils n’ont perdu aucune personne qu’ils aiment. On se croise les doigts pour que ça n’arrive pas de sitôt. Ce sujet reste donc assez abstrait pour eux.

La première fois que notre aîné m’en a parlé, il n’avait pas encore trois ans. Il m’a demandé où était son papi, mon père. Il est décédé. Je ne voulais pas lui mentir, mais je ne voulais pas le traumatiser non plus. Pas évident. J’ai réussi à lui faire comprendre son décès sans que ça le préoccupe tellement dans les jours suivants, ouf! Je m’en suis sortie. Il a plus accroché sur le fait qu’il aimerait un papi et que c’est triste de ne pas en avoir que sur la mort en tant que telle.

Je lui ai alors demandé ce que c’était, selon lui, un papi. Il m’a répondu que c’était quelqu’un, un monsieur, qui jouait avec lui, qui le consolait, qui lui lisait des histoires et qui prenait soin de lui. Je lui ai alors fait remarquer qu’il a donc plusieurs papis. Le père de son père d’abord, mais aussi mon parrain qui a une place privilégiée dans la vie de mes enfants et l’amoureux de ma mère qui aime beaucoup jouer avec eux. Il se trouve maintenant bien chanceux d’avoir autant de papis.

Une chance qu’il ne m’a pas encore demandé comment mon père est décédé parce que je ne sais vraiment pas comment ni quand aborder le concept du suicide avec un enfant… Si vous avez des conseils, je suis preneuse!

Ensuite, l’an dernier, dans un épisode de Passe-Partout, Cannelle et Pruneau discutaient de Grand-Maman Bi avec Grand-Papa Bi. Ce dernier expliquait à ses petits-enfants que Grand-Maman Bi était décédée parce qu’elle était simplement arrivée à la fin de sa vie.

Le soir même, notre plus vieux m’en a parlé à l’heure du coucher. Il était très inquiet de mourir. J’ai tenté de lui dire que Grand-Maman Bi était très vieille, que ça n’arriverait pas avant très, très longtemps. J’ai essayé de mieux lui faire comprendre la notion du temps en comparant les âges de membres de notre entourage. Rien à faire. « J’ai pas envie d’être mort, maman. Je ne veux pas arriver à la fin de ma vie ».

Depuis plus d’un an, ça revient parfois. Il en reparle, nous répète qu’il n’a pas envie d’être mort. On le rassure du mieux qu’on peut, on lui dit qu’on prend bien soin de lui, qu’il ne mourra pas. Mais ça finit toujours par revenir le chicoter.

J’ai tenté de trouver des livres qui traitent de ce sujet, mais tous ceux que j’ai consultés sont destinés à des enfants ayant perdu quelqu’un. Ce n’est pas le cas des nôtres, c’est encore abstrait pour eux. Chaque fois, j’ai l’impression que ça le tracassera plus après avoir lu un livre qu’avant. Par exemple, un livre qui parle d’une mamie au ciel pourrait faire qu’il s’inquiète de perdre sa mamie.

Il est déjà si sensible. Je veux le rassurer sans lui mettre prématurément des soucis en tête. Ce n’est pas une tâche facile. Avez-vous déjà vécu quelque chose de semblable? Comment y avez-vous fait face?

Jessica Archambault

 

La laisser partir

Dès que mes yeux se sont posés sur elle, je savais que ce serait l

Dès que mes yeux se sont posés sur elle, je savais que ce serait le pire jour de notre histoire. Je le redoutais tant, ce moment. Durant toutes ces années, j’évitais d’y penser, profitant d’elle et espérant que ce jour n’arrive jamais.

Neuf années à être aux premières loges de nos grands jours : la maison, le mariage, les projets et les bébés. À assister, aussi, à nos pires jours. J’ai perdu notre premier bébé en pleurant, collée contre elle. Elle était une source d’amour et de réconfort incroyable.

Puis la vie étant ce qu’elle est, personne n’échappe au temps, elle y compris. Dans sa dernière année, il était évident que le pire jour de notre histoire était à nos portes. Un soir, à la suite d’une discussion, nous avons dû prendre LA décision. Égoïstement, nous aurions voulu n’avoir jamais à la prendre. Cependant, cette décision demeurait pour elle la meilleure. Parfois, il faut savoir aimer assez pour laisser partir.

Après avoir pleuré toute une nuit, après avoir annulé notre journée, nous l’avons emmenée à la fin de notre histoire. C’est avec un mélange de mal de cœur, d’engourdissement général et d’un chagrin énorme que j’hésitais à être présente lorsqu’elle allait s’endormir. Puis je me suis souvenu, je me suis souvenu combien elle a toujours été ma source de réconfort et que je me devais d’être la sienne, jusqu’au bout. C’est ça, la famille, après tout.

C’est en la flattant, en lui chuchotant à l’oreille combien elle a été un bon chien, combien elle a été aimée, combien elle a été importante que Clémentine s’est endormie, dans la même position qu’elle avait l’habitude de le faire depuis qu’elle était bébé. Elle avait l’air bien et sereine. Tout le contraire de moi. J’étais dans un mélange d’hystérie et de suffocation. On venait de m’enlever une grosse partie de notre histoire.

Nous sommes restés auprès d’elle puisque je savais que plus jamais je ne pourrais sentir son poil sous mes doigts, sentir son odeur, sentir son gros museau chaud contre ma joue. J’aurais tellement voulu repartir avec elle, mais au lieu de ça, je suis repartie avec le cœur vide, seulement avec son collier en main.

La douleur de son départ était si vive, le vide qu’elle a laissé est immense. La source de réconfort qui s’occupait de moi jadis est partie pour un autre monde. Je souhaite que dans ce monde, on puisse se retrouver.

Elle n’était pas qu’un chien, elle était une membre à part entière de la famille.

Il y a bientôt un an, je lui murmurais à l’oreille, avant qu’elle ne s’endorme éternellement :

« Merci pour la belle aventure, ma nounou ».

Marilyne Lepage

Oui mon enfant, je te souhaite de partir de la maison jeune.

Mon enfant, je te souhaite de partir de la maison quand tu seras enc

Mon enfant, je te souhaite de partir de la maison quand tu seras encore jeune. Je serai toujours là pour toi. Je serai au bout du fil si tu as besoin de parler, tous les jours si tu le souhaites. Je te promets d’être présente à chaque moment important de ta vie. Je te promets de ne jamais partir en vacances à ton anniversaire, aux fêtes et aux jours importants pour toi. Je te promets d’être là pour t’aider à peinturer, à cuisiner, à réparer la toilette, etc. Je te souhaite aussi de voler de tes propres ailes et d’aller découvrir le monde.

En vieillissant, tu partiras peut-être étudier à l’étranger. Tu voudras peut-être aller vivre en colocation avec tes meilleurs amis. Tu voudras peut-être vivre un amour passionné avec la personne que tu auras choisie. Tu voudras apprendre, étudier, communiquer et être libre. Et cette liberté-là, elle vient avec des responsabilités.

Mon rôle de parent, c’est de te préparer à réussir dans toutes les tâches du quotidien. Je te prépare jeune à faire un budget, pour que tu sois en mesure de comprendre le coût réel de la vie. Je te prépare jeune à cuisiner, pour que tu reconnaisses la valeur de ce que tu manges. Je te prépare jeune à prendre soin d’une maison, pour que tu ne croies jamais qu’elle se nettoie seule. Je te prépare jeune à prendre soin des autres, pour que tu puisses un jour prendre soin de tes enfants. Et pour vivre tout cela, je dois te laisser partir.

Tu seras toujours le bienvenu ici, si tu en ressens le besoin. Peut-être que la colocation ne se passera pas aussi bien que prévu. Peut-être que tu vivras une grande peine d’amour. Peut-être que tu perdras ton emploi. Ces imprévus font partie de la vie. Et si tu souhaites revenir à la maison quelque temps pour reprendre le dessus, notre porte te sera toujours ouverte.

Je ne suis pas une mère sans cœur. Je ne suis pas une marâtre. Je t’aime de tout mon être. Et c’est justement parce que je t’aime que je te souhaite de partir tôt de la maison. Je te souhaite de te lancer dans la vraie vie et d’aller y apprendre toutes ces leçons indispensables. Parce qu’il ne sert à rien d’essayer de te protéger jusqu’à 20, 25, 30 ans… Tôt ou tard, tu iras voler de tes propres ailes. Et moi, je te souhaite de te faire assez confiance à la vie pour te lancer plus tôt que tard.

Je suis consciente que beaucoup de personnes ne comprennent ni ne respectent mon opinion sur le sujet. Beaucoup de parents sont ravis de garder leurs enfants à la maison le plus longtemps possible. Je ne veux pas être égoïste et te garder pour moi toute seule. J’ai fait des enfants pour leur offrir une belle vie, une vraie vie. Je n’ai pas fait d’enfants pour sentir qu’ils allaient toujours rester dépendants de moi. Beaucoup de tes amis ne comprendront pas non plus. Beaucoup de jeunes adultes restent chez leurs parents par habitude et parce qu’ils y sont bien. Je te souhaite d’être ce jeune adulte qui se lance dans le vide, qui se remet en question, qui s’interroge sur son éducation et qui apprend par lui-même.

Je te souhaite, mon enfant, d’être autonome. Cette autonomie-là, elle ne signifie pas que tu dois seulement être capable de vivre seul. Elle signifie que tu dois te connaître assez pour aimer passer du temps seul avec toi-même. Cela ne veut pas dire que tu seras simplement capable de survivre en appartement. Être autonome, c’est surtout pouvoir penser par soi-même. Je ne veux pas que mes paroles résonnent dans les tiennes. Je veux que tu respectes assez tes opinions pour les scander haut et fort.

Je veux que tu profites de chaque seconde de la vie. Parce qu’elle est courte et que je veux que tu ne manques aucun moment. Plus tu attendras pour te lancer, plus tu passeras à côté de plusieurs occasions. L’habitude et le confort peuvent être de grands ennemis pour ta liberté.

Je suis consciente qu’il n’y a pas d’âge idéal pour partir de la maison. Certains vont attendre d’avoir fini leurs études, d’autres vont vivre sur le campus. Certains vont attendre d’avoir un diplôme, un emploi, du temps, de l’argent, etc. Je vais te dire une grande vérité. Toute cette attente ne sert à rien. Il ne te sert à rien d’attendre un diplôme si tu finis par détester ton travail. Il ne te sert à rien d’attendre d’avoir un emploi. Plusieurs cumulent de petits boulots, pour vivre simplement, et cela les rend tout à fait heureux.

Rien de sert d’attendre d’avoir du temps. Le temps ne se cumule pas dans une banque. Il s’écoule tous les jours de ta vie. N’en rate aucune seconde. Et surtout, n’attends pas d’avoir de l’argent parce que tu n’en auras jamais. L’argent existe pour être dépensé. Fonce. Et dépense l’argent qui t’appartient comme bon te semble. Justement, il t’appartient. Ne vis jamais pour travailler. Travailler te sert à vivre, pas l’inverse.

Finalement, tu dois comprendre que le bonheur ne se trouve nulle part sur la terre. Il n’est ni un endroit, ni une personne, ni un montant. Le bonheur se trouve uniquement en toi. C’est à toi de te lancer et de vivre chaque jour de ta vie en choisissant de voir le beau, le bon. Quand tu auras compris ça, peu importe ton âge, tu seras prêt à partir de la maison. Et je te souhaite du plus profond de mon cœur de comprendre tout cela assez tôt pour pouvoir en profiter.

Je serai toujours présente dans ta vie. Ton père et moi penserons à toi chaque jour, comme c’est déjà le cas depuis que tu as poussé ton premier cri. Si tu as besoin de nous, nous serons toujours là. Alors, n’aie pas peur et vole, petit oiseau. N’aie pas peur du vide, ce n’est qu’un courant d’air qui t’aidera à t’envoler.

Joanie Fournier