Parentalité et écoanxiété

Je trouve ça difficile de lâcher prise sur la crise écologique actuelle. Les changements d’habitudes sont si lents et les conséquences annoncées sont si alarmantes, et malheureusement parfois déjà présentes. Je ne me suis pas mis la tête dans le sable, du moins je ne crois pas, mais il y a quelque temps, j’ai fait la paix avec mon angoisse, mon écoanxiété. C’était nécessaire, car ça commençait à prendre beaucoup de place dans ma tête.

Parce que j’étais en train de figer de peur et parce que c’est un enjeu collectif que je refuse de porter seule. Je suis sensible et j’avais l’impression de m’enliser dans du négatif.

Les réseaux sociaux n’aidant pas forcément, j’avais l’impression que tout le monde qui est déjà sensible à la cause se partage des articles citant plein d’experts qui nous confirment que ça va mal. Plein d’articles qui pèsent lourd au cœur quand tu es déjà sensibilisé et qui ne font qu’attirer la polarité dans la section des commentaires. Comme si tout était noir ou blanc, comme s’il n’y avait plus d’issue d’un côté et aucun problème de l’autre. Bref, je trouvais ça franchement décourageant. Démoralisant aussi parce qu’il n’y a pas que l’écologie, il y a aussi la guerre, les inégalités sociales, la faim dans le monde, la violence, les traumas personnels et collectifs, etc… etc…. etc.

J’ai donc décidé de faire un pas de recul et de me recentrer sur ce que je fais de plus important pour la Terre en ce moment : éduquer mes enfants avec tout mon amour.

Ça peut sembler naïf, mais j’ai vraiment la conviction que les enfants qui arrivent sur cette Terre ont tout à nous apprendre. Ils sont sensibles, près de leurs émotions et nous font tellement travailler sur nous-mêmes, si seulement nous sommes prêts à faire face à nos propres blessures. N’est‑ce pas la carence affective qui nous rend si vulnérables à l’égoïsme, à l’appât du gain, à la surconsommation? Je crois aussi que c’est ce mal de ne pas être aimé pour ce qu’on est qui pousse les humains à s’enrichir sur le dos des autres, à consommer leur peine et à être si profondément blessés qu’ils ne perdent jamais leur narcissisme malsain.

Je travaille fort pour être là pour mes enfants, pour ralentir le rythme, pour être disponible. C’est ce que je fais de plus grand en ce moment, créer une relation d’amour saine avec mes enfants pour qu’ils grandissent en étant fiers de qui ils sont. Pour que l’argent ne soit pas un but ou un synonyme de réussite. Pour qu’ils se sentent comblés de l’intérieur et non par le biais de la surconsommation. Pour qu’il ait reçu assez d’amour pour s’ouvrir aux autres, respecter les différences et se sentir concernés par l’importance du collectif. Chacun sa route, certes, mais nous sommes tous interreliés. Je souhaite que les consciences s’élèvent et qu’on puisse réaliser avec humilité la chance de vivre sur cette Terre.

Je n’oublie pas que je suis dans la surabondance nord-américaine et que cède à la surconsommation parfois. Je ne suis pas parfaite, mais je tends vers le meilleur. Je m’améliore chaque année et je le fais dans le plaisir. Pas par obligation, mais parce que ça fait du bien. C’est bon de se sentir bien chez soi, de créer des relations plutôt que de s’enfermer dans une surconsommation superficielle.

Tout ceci a encore plus de sens depuis que je suis mère. Comme si tout d’un coup, je réalisais toute l’importance de la lignée intergénérationnelle. Une envie profonde que les enfants de mes petits-enfants et ceux de tous puissent vivre plutôt que survivre. Et si jamais on fonce vers la fin de la vie humaine, je n’y peux rien de plus que ma démarche actuelle. Mon pouvoir à moi, c’est de rester connectée à mon humanité et de faire de mon mieux chaque jour pour aller vers l’essentiel en pleine conscience.

À mes enfants, si nous devons tout perdre, nous nous ajusterons. Si nous devons tout quitter pour mieux réapprendre à vivre, nous le ferons et si nous devons affronter l’adversité, nous le ferons. Nous y ferons face comme nous faisons face à tout : avec solidarité, amour et compassion. D’ici là, vivons simplement avec la reconnaissance énorme de s’avoir et d’être bien entourés.

Roxane Larocque



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