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Maman, tu dois réaliser ton rêve

Aujourd’hui, je fête mes 34 ans en Italie. J’ai choisi mon gâ

Aujourd’hui, je fête mes 34 ans en Italie. J’ai choisi mon gâteau de fête et je n’ai aucune idée de ce qu’il va goûter, c’est fantastique! Devant une sculpture, j’ai ri aux éclats avec mon coco de six ans qui venait de remarquer « qu’ils ont caché le pénis du monsieur avec une feuille d’érable ». Je fais le plein de soleil sous le climat méditerranéen. J’ai l’impression que je fonctionne à l’énergie solaire et que mes batteries étaient déchargées depuis des années.

Je suis heureuse et, curieusement, je trouve ça plus dur à décrire que le malheur. Pourquoi est-ce si difficile de capter la beauté d’un moment alors que le sombre, lui, semble couler de source? Saigner sur le papier, le mouiller de ma peine ou l’imbiber de mon anxiété me semble naturel. Le bonheur, lui, est comme un papillon fugitif que je cherche à attraper pour pouvoir le raconter. Probablement que la différence est là. Je le cherche à l’extérieur alors que mes larmes, elles, viennent de moi. C’est peut-être aussi une question de pudeur. Étaler sa joie devant les autres, est-ce que c’est manquer de délicatesse envers ceux qui souffrent, ceux qui n’ont pas notre chance?

Beaucoup de gens font un bilan au jour de l’An. Moi, c’est toujours au moment de mon anniversaire que j’ai l’humeur au questionnement. Cette année, devant ma banderole « Buon compleano », j’ai vraiment l’impression d’être à l’endroit (mental et physique) où je dois être.

Et pourtant, il y a un an, j’avais officiellement renoncé à vivre en Europe. Le moment de poser notre candidature pour ce poste à Naples était arrivé. Ce moment qu’on attendait depuis dix ans. Les étoiles étaient alignées. Il était l’heure de mettre notre nom dans le chapeau, mais nous venions de décider de passer notre tour. Notre rêve, nous l’avions mis de côté. Pourquoi? Parce que notre fils aîné ne voulait pas en entendre parler. Oui, j’avais envie de déménager en Italie. Mais non, je ne voulais pas l’imposer à mon 9 ans. Et ce n’était probablement pas la meilleure décision. Mais c’était une décision de survie. Nous choisissions la paix familiale (qui est loin d’être sans valeur en passant).

Quand j’ai expliqué à une amie que j’avais abandonné l’idée de l’expatriation et que je vivais le deuil d’un rêve, mon fils a entendu notre conversation. Lorsque ma copine est partie, il m’a dit « Maman, tu dois réaliser ton rêve. » Il n’avait pas vraiment plus envie de déménager de l’autre côté de l’océan, mais il avait cessé de se braquer contre l’idée. Il acceptait de chercher le positif dans cette expérience au lieu de se concentrer sur le négatif. C’était tout ce qui nous manquait pour nous lancer.

C’est donc grâce à cette petite phrase que je me retrouve ici, un an plus tard. Est-ce que c’était si important que ça de réaliser ce rêve-là? Je ne le sais pas encore. Mais ça me fait me sentir vivante (ce n’est pas rien quand même!) Il était facile pour moi, au milieu de la trentaine, de naviguer dans ma zone de confort. La vingtaine m’avait balancé défi après défi : trouver l’homme qui partagerait ma vie, graduer de l’université, débuter ma carrière, acheter ma première maison, me marier, avoir des enfants… J’avais créé la vie que je voulais et maintenant, je me permettais de surfer là-dessus. Déménager en Europe, c’est un plongeon dans l’inconnu. Une nouvelle occasion de vivre tout plein de premières fois. Ça fait peur, mais c’est exactement cette peur qui rend l’expérience si excitante. Je suis reconnaissante envers mon grand garçon de m’avoir encouragée à quitter ma routine. Et même si c’est plus difficile à exprimer, je vais continuer à essayer de décrire et partager, du mieux que je peux, toute la joie que je peux ressentir ici.

Elizabeth Gobeil Tremblay

Mes condoléances pour votre rêve décédé

Toute petite, on me complimentait déjà pour mon imagination en con

Toute petite, on me complimentait déjà pour mon imagination en constante ébullition. J’étais une rêveuse chronique. Qu’est-il advenu de ces rêves? Morts et enterrés?

Déjà au temps des robes de princesse et des siestes d’après-midi, je dessinais partout, tout le temps. Je m’étais fabriqué une boîte à compartiments dans laquelle j’accumulais des histoires que j’écrivais. Je rêvais de vivre sur un voilier et de parcourir le monde. Comme bien des petites filles, je voulais devenir enseignante et être entourée d’enfants. Les miens et ceux des autres. Une fois devenue grande (si on peut dire qu’à 5 pi 2 po, je suis grande!), je me voyais enseigner à mes enfants à la maison et faire plein d’activités originales avec eux.

Certains de mes rêves ont vécu, certains sont morts dans l’œuf ou pas longtemps après l’éclosion. L’art est resté un loisir. Je crochète et je couds par période, pour déjouer mes idées et ramollir mon stress. Je peins et je dessine à l’occasion, mais pas assez à mon goût. Pourquoi? J’avais l’impression de me disperser et de me sentir déçue de ne pas terminer mes millions de projets. J’ai donc choisi de me concentrer sur un domaine : l’écriture. J’écris, j’ai publié mon premier livre (quel accomplissement pour la petite fille qui n’avait publié qu’en collectif jusque-là!) et j’ai mis sur pied ma propre maison d’édition. Je continue mon chemin, direction rêve accompli et fierté dans le piton.

J’ai voyagé en masse pendant une période de ma vie. À dix-huit ans, je travaillais en Israël, je découvrais l’Égypte, la Grèce, la Grande-Bretagne, Chypre. Burkina Faso, Italie, Danemark, États-Unis, Belgique, Croatie, Slovénie, Espagne, Portugal, Mexique, Allemagne : je ne peux pas me plaindre! Mais je ne navigue pas sur les mers. Je ne sais pas même pas faire de kayak ni diriger un voilier. Adios, rêve? Peut-être juste en partie. Une école de voile donne des cours à quinze minutes de chez moi et j’ai bien l’intention de m’y inscrire d’ici deux ans. Une amie m’a aussi promis de m’enseigner le B. A. BA du kayak. Je ne vivrai peut-être pas sur un voilier (quoique la vie est encore jeune), mais je vivrai une partie de mon rêve anyway.

Je rêvais d’enseigner les littératures au cégep, mais une fois mon diplôme obtenu, la dépression m’a attaquée. En entrevue, j’ai perdu mes moyens. On me demandait de nommer des écrivains que je connaissais par cœur : devant moi, un immense écran blanc. Pu de sons, pu d’images. J’ai pensé que ma carrière était finie avant même d’avoir commencé. Puis, j’ai été engagée pour enseigner à l’université. Comme quoi on doit accepter de se laisser surprendre par nos rêves! J’ai enseigné cinq ans, puis j’ai réévalué mon rêve.

En réalité, je suis revenue à un autre rêve, celui d’être entourée d’enfants heureux. Mes enfants avaient besoin de moi, alors j’ai opté pour un emploi moins créateur d’heures supplémentaires. En plus, cet emploi me laisse plus de temps pour écrire, joie! Par contre, je dois faire le deuil de mon projet d’enseigner à mes enfants à domicile. Des circonstances, la personnalité des enfants et la mienne, les valeurs de mon conjoint, le budget, la poursuite d’autres rêves : tout cela a contribué à la décision d’inscrire nos enfants dans le système scolaire « normal ».

Mais je me venge en enseignant à mes enfants autrement. Ma plus vieille est inscrite au secondaire dans un programme spécialisé en arts, et sa prof s’étonne toujours qu’elle connaisse presque toutes les techniques enseignées. « C’est ma mère qui me l’a montrée! » Ma fille de dix ans nous surprend chaque jour avec sa « minute scientifique ». Elle enseigne à son frère de quatre ans l’importance de prendre soin de ses trois cerveaux : le cerveau reptilien, le cerveau supérieur et celui de l’intestin. À cinq ans, mon autre petit bonhomme récitait les quatre accords toltèques et tentait de son mieux de les mettre en pratique. Je me rends au travail chaque matin au lieu de leur enseigner à domicile, mais vraiment, je leur enseigne quand même. Autrement.

Dans le Coup de pouce sur les 300 conseils pour être bien dans sa tête, il est question du deuil des rêves. Je suis bien d’accord avec l’idée. Prendre conscience qu’on ne réalisera pas un rêve qui nous tenait à cœur entraîne un deuil, une période de remise en question et de déception. La vie bouge, on évolue, les rêves changent et s’adaptent à notre nouvelle réalité. Et si un rêve qui meurt servait de compost pour les autres rêves qui nous feront vivre et grandir? Si un rêve qui s’éteint se transformait en échelle pour nous amener encore plus haut, plus loin?

Et si le seul rêve essentiel, c’est d’être heureux et de participer au bonheur des autres?

Et vous, quels étaient vos rêves et que sont-ils devenus?

Nathalie Courcy

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