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Faire confiance à l’univers

Après une quinzaine d’années de vie commune, divorce. Nos chemin

Après une quinzaine d’années de vie commune, divorce. Nos chemins n’étaient plus parallèles. Notre petite famille a éclaté. Garde partagée. Nos deux belles cocottes ne comprenaient pas trop ce qui se passait. Ça m’a rentré dedans. J’étais à terre, complètement désemparé. J’avais besoin d’aide. Je voulais comprendre ce qui s’était passé. Pourquoi ce fossé s’était‑il creusé entre nous au fil du temps ? Pourquoi « Pour le meilleur et pour le pire » ne voulait rien dire pour elle ? Je me suis ramassé à la petite cuillère et suis allé voir une psychologue. Je me souviens encore de la toute première séance. J’étais déterminé. Je voulais comprendre. Ce jour‑là, sans trop le savoir, j’ai débuté un merveilleux cheminement qui m’a permis de vivre une transformation. Et aujourd’hui j’en suis fier.

J’ai compris que notre mariage n’était pas fait pour durer. Depuis le début, il avait une date de péremption. Que nous n’étions pas compatibles, finalement. Nous avons vécu ce que nous avions à vivre. Ce divorce a été un épisode douloureux, mais avec du recul, je remercie l’univers de me l’avoir fait vivre. Mon âme avait besoin de vivre cette expérience très émotionnelle pour grandir et s’épanouir. Je ne suis plus la même personne que j’étais. J’ai réussi à dépoussiérer ma sensibilité qui s’était réfugiée dans un coin reculé de mon cœur. « Tu as zéro intelligence émotionnelle », me disait mon ex-conjointe. C’était tellement faux. J’étais blessé, voilà. System shutdown. La thérapie m’a permis de réparer le filage qui était brisé entre ma tête et mon cœur. J’ai appris à ressentir et à comprendre mes émotions, à ressentir mon énergie et celle des autres. Ce cheminement magnifique n’aurait pas été possible si je n’avais pas vécu ce divorce. Merci, univers. Je me suis retrouvé. Et j’ai appris une leçon très importante : ne jamais avoir peur d’être moi-même et d’apparaître.

Quelques années se sont écoulées depuis le divorce.

Aujourd’hui, je partage ma vie avec une âme merveilleuse avec qui je vis un amour profond. Merci, univers. Ma nouvelle conjointe et moi avons choisi de vivre ensemble. Dès l’annonce de notre beau projet de vie commune et de famille unie, j’ai senti une résistance de la part de mes filles. Je suppose qu’elles ne voulaient pas briser leur routine, soit celle d’avoir leur papa à elles toutes seules une semaine sur deux. Elles étaient réticentes à faire partie d’une deuxième famille recomposée. Qu’étais-je censé faire ? Reporter à plus tard le beau projet que ma conjointe et moi caressions ? Non. Nous avons choisi de faire confiance à l’univers. Nous avons donné le GO à notre projet. Quelques mois plus tard, nous étions tous sous le même toit.

Aussitôt déménagés, voilà que la pandémie liée à la COVID‑19 a confiné notre nouvelle famille recomposée à la maison. On ne l’avait pas vue venir, celle‑là. L’adaptation a été moins graduelle que prévu. Mais nous n’avions pas le choix. Mes adolescentes, déjà fragiles à l’idée de déménager et d’avoir à partager leur papa avec une autre femme et ses enfants, ont eu de la difficulté à s’ajuster et à s’adapter. « Ils sont différents de nous. » « On n’a rien en commun avec eux. » « Ses enfants sont turbulents et bruyants. » « On n’a pas choisi de déménager. » « C’était ton choix, pas le nôtre. » Quand l’être humain résiste au changement, il se concentre uniquement sur les irritants et fait abstraction de tout ce qui est positif et qui peut favoriser la croissance et l’épanouissement. Et c’est pire encore quand l’ex-conjointe se mêle de tout ça en arrière-plan.

Voilà que quelques mois plus tard, ma plus vieille a choisi d’aller vivre chez sa mère à temps plein. Bien que son choix m’ait fait beaucoup de peine, je l’ai accepté. Elle était soulagée de savoir que je n’étais pas fâché et que je continuais à l’aimer. Notre relation va continuer d’évoluer, mais d’une manière différente. Quelques semaines plus tard, sa sœur cadette a fait le même choix. J’étais atterré. Je le suis encore.

Mes filles, je les aime, je les adore. Je leur ai proposé une nouvelle vie. Un cheminement différent. Ma conjointe et moi avons tout fait pour rendre la transition la plus agréable pour toute la famille : rénovations pour que chaque membre puisse avoir sa chambre, ajustements au niveau des repas, activités organisées pour favoriser la création de nouveaux liens, etc. Tout ça pendant le merveilleux confinement. Mais depuis le début, je ressens une résistance chez mes filles. Une fausse croyance que ça ne marchera pas, que ça ne marchera jamais. Et depuis le tout début, il y a mon ex-conjointe qui essaie de s’ingérer dans notre projet par tous les moyens possible en s’interposant entre nos filles et moi. Franchement pas agréable. Et inacceptable.

Notre nouvelle famille recomposée se transforme déjà et devra poursuivre son évolution d’une manière différente. Ça nous fait vivre beaucoup d’émotions.

Peu importe ce qui arrivera dans les jours et les mois à venir. Je fais confiance à l’univers. Rien n’arrive pour rien.

Le papa anonyme

Je me présente, je m’appelle YORK…

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Dès leur plus jeune âge, mes filles ont rencontré mon ami YORK.

 

YORK est un personnage que j’ai inventé de toute pièce. Il vient de New York, une autre planète d’un système galactique voisin du nôtre et porte une casquette de Ed Hardy, un maillot de basket des Knicks de New York, des shorts de basketball Nike et une paire de lunettes à gros cadre noir avec des verres fumés.

 

Pour être honnête, j’ai un esprit très créatif et mon enfant intérieur s’extériorise souvent. J’ai décidé de créer ce personnage pour une simple et unique raison : amuser mes filles. La folie qui m’habite a pris son envol lorsque j’avais quatre ou cinq ans. J’aime créer des histoires mirobolantes avec mes petites voitures Match-Box ou mes figurines G.I. Joe comme bien des enfants qui ont grandi dans les années 80-90 et qui ont eu la chance d’avoir ce genre de jouets. Plus tard, cette folie prend place grâce à l’écriture et à la guidance d’une professeure de français hors du commun au secondaire, Marlice.

 

Marlice m’a permis d’aimer les mots et d’écrire des histoires rocambolesques puisqu’elle avait vu un certain talent en moi. Souvent, ce qui nous permet d’être créatif lorsque l’on est amoureux des mots, passe par la réflexion, l’imagination et ensuite l’écriture.

 

Je vous parlais un peu plus haut de YORK puisqu’il a fait partie de mes moments de jeune parent. Au fil des visites de YORK auprès de mes filles, je me suis rendu compte que lorsque je me déguisais ainsi, mes filles me confiaient de véritables secrets, de véritables craintes, des questions et des inquiétudes, etc. Je me sentais tellement ému et privilégié de ces moments que je ne pouvais résister à m’habiller ainsi le plus souvent que je le pouvais. YORK venait nous rendre visite uniquement le soir. Le jour, il devait s’occuper de sa famille et le trajet lui prenait beaucoup de temps pour se rendre à notre maison. Il venait de loin. La planète New York était à quelques heures-lumières de la Terre. 😉

 

Imaginez le scénario et la routine d’avant dodo… Aller border mes filles, leur raconter une histoire, les border, les embrasser, retourner dans ma chambre, dans le garde-robe, dans la boîte spéciale, cachée bien haut à l’abri des petites exploratrices à la recherche de trésors (elles ont grandi avec Dora…), me changer avec l’habillement de YORK, apparaître dans la chambre de mes filles à nouveau lorsque mon épouse y était à son tour.

 

À ce moment, j’y étais en tant que YORK, pour leur raconter une histoire sur ma journée et ma planète, ma famille, mon véhicule spatial sur le toit de la maison et sur ma fameuse paire de lunettes au cadre noir. Ces lunettes ont inspiré plusieurs scénarios dans la tête de mes filles. Ces lunettes étaient soudées à mon crâne, métaphoriquement parlant bien sûr. Je leur expliquais que si j’enlevais mes lunettes, mes yeux allaient sortir comme des ressorts. Elles voulaient toujours que je les enlève. Vous aurez deviné pourquoi. Malgré que je changeais d’habillement et de voix et que j’avais ces superbes lunettes, un doute flottait dans leur tête.

 

« Maman, YORK là, il ressemble à Papa, hein Maman ? »

 

Ce que j’ai trouvé formidable lors de ces moments, c’est que mon épouse s’est prêtée au jeu. Je la voyais sourire en coin et elle était fière de voir son mari jouer la comédie pour le bonheur de ses filles. Je trouvais aussi vraiment spécial et étrange à la fois que mes filles fussent tellement hypnotisées par les histoires de YORK, qu’elles en oubliaient que Papa n’était pas dans leur chambre avec elles. YORK prenait place.

 

YORK a bercé mes enfants pendant leur petite enfance. Quelques fois encore, lorsque le sujet est opportun, mes filles me disent : « Papa, on le sait que c’était toi YORK, mais on s’ennuie de ses histoires ».

 

En écrivant ces mots, l’émotion monte et je me rappelle ces beaux moments. Mes filles étaient ébahies par ses histoires, par sa présence, par le fait qu’il ne rentrait ni ne sortait par la porte, mais bien par un passage magique.

 

Ce personnage est toujours dans mon cœur, mais mes filles sont maintenant plus grandes. La magie serait différente, mais je dois me réinventer de plus en plus pour les surprendre, pour retrouver ce regard qui m’inspirait chaque fois lorsqu’elles avaient les yeux brillants envers YORK.

 

Cela peut paraître étrange, mais YORK a vraiment été un acteur, un guide, un enseignant et un membre à part entière de notre famille. Il nous a permis de voir plusieurs inquiétudes, peurs, craintes, mais aussi une imagination, de l’amitié et une grande ouverture de nos enfants, pas à pas, envers un être inconnu au départ. Grâce à lui, nous avons pu s’occuper de tous ces maux que nos filles pouvaient avoir. Je suis vraiment fier de lui. Merci YORK.

 

Je crois qu’avoir joué ce rôle m’a permis de réaliser que les valeurs que nous tentons de léguer à nos enfants, mon épouse et moi, ont sans aucun doute fait, font et feront encore leur chemin auprès d’elles.

 

Karl Wilky

 

Toi le seul homme de la maison

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Lorsque je t’ai connu, tu avais déjà à ta charge une Julia, blondinette de deux ans. Puis, la famille s’est élargie à la vitesse grand V. À quarante semaines pile poil de grossesse, nous avons vu en plus que trop gros plan que le petit être à venir n’avait pas le petit engin qui lui déclinerait toute masculinité. Deux semaines après cette vision, nous avons accueilli au sein de notre nouvelle famille moderne recomposée une nouvelle petite fille, Lauriane.

Deux années se sont écoulées et le désir de devenir parents à nouveau a effleuré nos esprits et nos hormones. Nous n’avions pas trouvé de prénoms de filles, mais pour un garçon, nous nous étions mis d’accord avant l’arrivée de Lauriane.

À la première échographie de cette rencontre fœtale, j’ai bien vu cette fraction de seconde de deuil que tu as vécu lorsque la dame nous a annoncé qu’il s’agissait d’une fille. Tu n’étais pas déçu que ce soit une fille, mais tu as vécu un deuil de plein de projets, de plein de désirs à partager pour TON gars. Cette naissance à venir te renvoyait au banc des papas à qui l’on dirait à la blague : « Ouin… tu n’es pas capable de faire des gars! Tu sais juste faire des filles. » Il n’y aurait pas de Fabrice, mais bien une Emmanuelle qui allait se joindre à nous.

Moi qui, de prime abord, n’avais aucun désir d’avoir des filles! J’avais toujours eu peur de ne pas être à la hauteur des exigences féminines à transmettre. Toi, en prof d’éducation physique qui ne jurait que par ses années d’enseignant, de joueur de football dans tes années d’étudiant au secondaire et au collégial, pour ainsi transmettre ta passion à ta progéniture masculine. Nos désirs s’étaient probablement entremêlés quelque part.

Dans cette fraction de seconde, nous ignorions tout de l’avenir de nos trois filles. Pendant des années, je t’ai vu encourager de jeunes garçons en devenant coach de football à ton école secondaire. Tu avais ainsi trouvé ta façon à toi d’avoir le loisir de partager ta passion et de vivre plein de réussites avec tes gars « cadets » en les amenant comme champions interrégionaux, l’année où Lauriane a vu le jour. La fierté se lisait dans tous les pores de ta peau.

Les années se sont écoulées et tu es devenu tour à tour entraîneur et arbitre au football. Les filles ont aussi évoluée et ta grande a débuté une passion pour le volleyball. Son engouement te replongea dans tes premières années comme entraîneur pour des jeunes du secondaire, pendant lesquelles tu les glorifias du titre de champions à la première édition du championnat provincial benjamin en 1990. Te voir revivre ces années dans la passion de ta fille t’a amené à nous partager des tas d’histoires. Dans tes yeux brillants, on voyait se dérouler un pan de ta vie qui nous était depuis inconnu. On y voyait poindre des étincelles aussi grosses que des projecteurs sur un terrain de foot.

 

Tu es devenu l’entraîneur de l’équipe de ta fille, emmenant son équipe vers le titre de championnes au championnat régional juvénile. Désormais, tu partageais ton désir de transmettre tes passions à ta fille, à ta Julia.

Outre le sport qui te définit si bien dans la vie, tu transmets tes autres connaissances à notre trio de filles dans des domaines où moi, je n’ai pas ou peu de connaissances. Je t’ai vu enseigner à conduire à ta fille Julia et le tour de notre Lauriane viendra sous peu. La patience que tu as eue! Je t’ai vu être inquiet de les savoir dans diverses situations ou endroits. Tu as toujours pu avoir avec elles des discussions sur la façon dont un gars peut interpréter les choses. Rien à voir avec mes dires, puisque c’est toi qui avais l’expérience masculine et ainsi, tu devenais plus véridique par tes propos. Tu les laissais ainsi plus aptes à comprendre comment un gars pense ou réfléchit. Lorsque j’ai évoqué les dialogues sur les moyens de contraception, tu as donc pu y ajouter ton mot pour qu’ainsi, nos filles puissent déjouer les tentatives masculines de ne pas utiliser de condom.

Tu es un papa fier de ses filles et tel un paon, tu trônes dans ton habitat entouré de tes « femmes ». Un vrai patriarche!

Nos filles vieillissent et amènent des amis ou des amoureux avec qui tu peux échanger sur le football, sur les courses automobiles… des vraies conversations de gars autour d’une bière.

Je te l’accorde, les sujets lors des soupers en famille sont plus portés sur les dernières tendances de la mode, les potins de fifilles, les petits problèmes féminins… mais tu as ton garage pour t’y réfugier lorsque tu en as besoin, contrairement à moi que notre progéniture ultra féminine suit constamment d’un bout à l’autre de la maison.

En somme, peu importe le sexe de nos enfants, l’important reste ce qu’on leur transmet. Nous aurions pu avoir un garçon, notre Fabrice aurait pu été ultra ludique et se tenir loin des gymnases, loin de tes passions.

Et, dans l’équation, si tu avais le choix entre une équipe de football ou une équipe de cheerleaders? Dis-moi, quel homme n’aurait pas envié être à ta place?!

Dans cette fraction de seconde où nous avons vu que c’était une troisième fille, tu crois probablement avoir perdu un petit quelque chose, mais en fin de compte, tu as gagné au change. Tu as une femme qui t’a accompagné dans ta passion (ok, je ne comprends pas tout sur le football, même après dix‑sept ans, mais je te suis, te soutiens et t’encourage), tu as une grande qui aime recevoir tes conseils et s’entraîner avec toi pour poursuivre sa passion pour le volleyball au niveau collégial et qui partage le tout avec son « pops » à elle, une jeune adolescente qui veut jouer au flag-football à son entrée au secondaire et une autre qui bricole et te suit avec ses outils. 

 

Je n’aurais pu choisir meilleur homme pour m’accompagner auprès de nos filles.

 

Mylène Groleau