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Encore un point de vue sur la dernière année… Texte: Joanie Fournier

Avec la pandémie actuelle, le monde s’est

Avec la pandémie actuelle, le monde s’est divisé en deux. D’un côté, on place ensemble tous les gens qui croient au virus, qui respectent les consignes sanitaires, qui se font appeler des moutons par l’autre clan. Et face à eux se regroupent les Covidiots, ceux qui croient au complot des gouvernements, au contrôle absolu des droits fondamentaux de l’homme et qui continuent leurs vies « comme avant ». J’espère que vous saurez lire l’ironie dans ce que je viens d’écrire. Parce que c’est totalement faux. Il n’existe aucun clan. Personne ne penche du côté du bien ou du mal, personne n’a raison ni tort totalement. Tout le monde fait de son mieux en ce moment, essayant de jongler entre ses propres principes et les fameuses consignes sanitaires.

Personnellement, ma petite bulle familiale et moi avons choisi de respecter les consignes sanitaires et les décrets gouvernementaux de notre mieux. On a appris à mieux se laver les mains, à porter adéquatement un masque et sommes restés enfermés chez nous depuis presque un an. On a pris ce chemin pour protéger les plus vulnérables et par conscience collective. On a tout fait ça consciemment et par choix, donc vous n’êtes pas invités à débattre sur notre choix de respecter tout ça. Merci.

Dans les premiers mois de la pandémie, nous vivions dans le bonheur d’être ensemble. Si vous êtes un extrémiste qui pensait qu’on vivait dans la peur, je suis bien désolée de vous décevoir. Nous n’avons jamais eu peur du virus. Nous voyions le premier confinement comme une occasion de nous retrouver, de nous rapprocher, de nous ressouder. Une occasion donnée par la vie qui nous permettait enfin d’arrêter le temps pour profiter de nos enfants. On avait si souvent prié pour pouvoir arrêter le temps… C’était aussi une occasion de rendre grâce à la vie, de réaliser toute la richesse de ce qu’on possède. Une maison avec de l’espace, chacun avec sa chambre, une cour extérieure pour pouvoir bouger, une grande famille pour se distraire… On le sait qu’on a beaucoup de chance.

Puis, l’été est arrivé et on a eu un semblant de break… Tout en gardant nos distances et en restant dehors, on a pu voir nos familles, nos amis, un peu à la fois. Et vous savez quoi ? Ça a été le plus dur pour nous. Pas de les voir… de rester à distance. À chacune des rencontres avec des amis, des marches avec nos parents, des glissades avec les cousines, chaque fois, le même blues après la rencontre… Cette impression de ne pas avoir pu réellement profiter d’eux. Ce sentiment de s’ennuyer encore plus qu’avant de les voir. Cette rancœur de ne pas avoir pu les prendre dans nos bras. L’après-rencontre fait mal. Tellement mal. C’est comme si on arrivait à les oublier en restant chez nous. Mais les voir en vrai, loin de nous, ça nous chavire chaque fois. C’est comme si le cœur lui, se souvenait.

Ensuite, le deuxième confinement est arrivé en même temps que l’automne. Et après la joie du début et la tristesse de l’été, on est tombés dans la colère. Oui, la colère. La colère contre tous ceux qui ne respectent pas les consignes. La colère contre le système qui aurait dû prendre des mesures plus draconiennes dès le départ, la colère contre le virus, la colère contre la vie. On a ressenti même de la colère contre des gens qu’on aime. Parce qu’ils se mettaient à risque, parce qu’ils trichaient, parce qu’ils ne pensaient pas comme nous. Et là, LÀ, on a dit « STOP ». C’est pas vrai qu’on va commencer à haïr ceux qu’on aime en plus !

C’est à ce moment-là que j’ai choisi de ne plus regarder l’actualité de mes réseaux sociaux. Je dépose des nouvelles de mes enfants pour ceux qui en veulent, pour les mamies qui ne les ont pas vus depuis un an. Puis, je ferme l’écran. Parce que je ne veux pas savoir. Tu veux aller voir ta mère pour Noël ? Tu veux aller magasiner avec ta sœur ? Tu veux aller prendre un verre chez ton père ? Tu veux voir tes amis ? Fine. C’est ta vie. Non je ne suis pas d’accord, mais je n’ai pas envie de t’en vouloir pour ça. Et je ne te juge pas d’avoir flanché, je le sais que c’est dur. C’est crissement dur. Moi aussi, j’ai les genoux mous ces temps-ci pis j’aurais le goût de flancher souvent… Et de savoir que toi tu flanches, ça rend tout ça encore plus dur pour moi. Alors je ne veux pas le voir. Je ne veux pas le savoir.

Je choisis de t’aimer, comme avant. Je choisis d’attendre la fin de cette crise mondiale pour te serrer dans mes bras. Mais attache ta tuque… Parce que QUAND on aura le droit… enfin le droit… Je vais me coller en cuillère avec toi, pendant une heure s’il le faut, juste pour refaire le plein. Refaire le plein de toi. Mon ami, ma cousine, mon frère, mon neveu, ma mère, ma sœur de cœur… Te voir sourire à l’écran, c’est pas pareil.

QUAND on aura le droit, je vais refaire le plein de toi. Ton odeur me manque, ton énergie me manque. J’ai si hâte de profiter de ton rire franc et de tes yeux complices autour d’une bonne sangria… Moi qui suis toujours la plus sauvage de la gang, j’ai si hâte de te prendre dans mes bras. Pis t’sais les deux petits becs secs sur les joues en rentrant, ceux qu’on faisait juste par habitude et tradition ? Pu jamais. PU JAMAIS ! Parce que quand on va pouvoir, ça va être un gros câlin senti dès la première seconde. Pis il va durer longtemps. Ça risque d’être malaisant, mais j’m’en fous. Tiens-toi-le pour dit.

Joanie Fournier

 

Et si on pouvait être vrais…

Je regarde les réseaux sociaux. Si les gens sont trop parfaits, ils

Je regarde les réseaux sociaux. Si les gens sont trop parfaits, ils sont jugés. S’ils démontrent une authenticité, ils sont critiqués. S’ils ont le malheur d’émettre une opinion, oh la la, bonne chance ! Sans parler des commentaires qui sont émis derrière un clavier. Souvent des commentaires que personne n’oserait formuler en personne. Est-ce que c’est ça, être vrai ?

Nous sommes à l’ère des ragots de bureau exposant 1 000 ! Difficile d’avoir une mauvaise journée à l’ouvrage sans que cela fasse jaser. Les artistes reçoivent des commentaires effroyables. Les jeunes s’insultent et se font dégrader sur les réseaux sociaux. Ils n’osent plus être vrais… car ils se feront juger. Il n’y a plus de limite, plus de respect. Où cela va s’arrêter ?

Sur les internets (lol) comme dans la vie, on juge et on se fait juger. Où cela va s’arrêter?

Si l’on se regardait le nombril ? Si, lorsque l’on s’adresse à quelqu’un, on offrait le meilleur de soi-même ? Même si ce que l’on a de meilleur à offrir, c’est le silence. Si l’on parlait aux autres avec Amour. Si nos paroles étaient aussi bonnes que celles qu’on offre à ceux et celles que l’on aime. Comme si nous parlions à nos enfants… avec Bonté.

On s’indigne quand on regarde des reportages où des gens présentent des commentaires haineux, mais on oublie vite. Trop vite pour se souvenir que cela fait souffrir quelqu’un. Un être humain, comme nous, qui ressent des émotions. On oublie les dommages que cela peut causer émotionnellement à un autre être humain comme nous.

La majorité d’entre nous souffrons souvent de ne pas être reconnus. De ne pas être assez.

Imaginez la souffrance que peuvent provoquer, tout à fait gratuitement, des mots laissés rapidement derrière le clavier. On ne connaît pas les gens intérieurement. Connaît-on les peurs des autres ? Ce qui les blesse ? Ce qui les décourage ?

On juge des gens qui ont souvent dû travailler sur eux pour se placer en toute vulnérabilité devant un projet. Pour avoir pris une décision. Pour avoir porté un vêtement qui les faisait vibrer ou briller. Pour avoir été … vrai.

Je ne referai pas le monde aujourd’hui avec vous, mais je relisais le texte « Les trois passoires » de Socrate et j’avais envie de le déposer ici :

Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute réputation de sagesse.

 

Quelqu’un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dit :

 

– Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ?

– Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j’aimerais te faire passer un test, celui des trois passoires.

 

– Les trois passoires ?

 

– Mais oui, répondit Socrate. Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires.

 

La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?

 

– Non, j’ai seulement entendu parler…

 

– Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ?

 

– Ah non ! Au contraire.

 

– Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es même pas certain si elles sont vraies.

 

Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l’utilité.

 

Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?

 

– Non, pas vraiment.

 

– Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?

Assez percutant vous ne trouvez pas ? Si on tentait d’utiliser cette technique la prochaine fois qu’on clavardera, commentera, ou même dans notre vie de tous les jours, je suis convaincue que la qualité des interactions sur les internets sera franchement augmentée. Humanisons nos interactions dans l’amour et la bienveillance…

Martine Wilky