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Ta fausse couche, ton vrai bébé

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Pourquoi on utilise ce terme‑là? Faire une fausse couche? Faux en quoi?

Toi, ce bébé qui grandissait au creux de ton ventre, tu l’aimais de tout ton être… Il était vrai… le peu de temps où son petit cœur a battu, ce bébé, oui, il était vrai.

Un matin, tu as ressenti cette douleur dans tes entrailles… Tu te sentais si mal… Tu as baissé tes culottes… Il y avait tout ce sang… Tu as eu si peur…

Mon bébé? Es-tu correct? Que se passe-t-il? Je t’en prie, ne t’en va pas! Je t’en supplie!

Puis, le pire mal que tu n’aies jamais ressenti a commencé. La souffrance te levait le cœur. Le sang coulait de plus en plus. Et… tu l’as vu.

Ce n’est pas toi mon enfant… tu es si petit… si gluant… ça doit être autre chose! Ça ne peut pas être toi! Je t’en prie, NON!

Le lendemain à la clinique, l’infirmière te pose trop de questions. Tu es dévastée. Tu pleures. Tu as peur. Tu saignes encore tellement que l’espoir s’échappe un peu plus chaque minute. Tu réponds comme une automate…

Dites-moi qu’il n’est pas mort? Vous pouvez m’aider? C’est mon bébé! On a entendu son petit cœur la semaine dernière! On l’a annoncé à notre famille hier… Pourquoi tout bascule?

Le médecin t’explique l’échographie, les examens, les prises de sang… mais tu ne comprends rien. Tu pleures. Tu as mal. Tu te sens vide.

La nature? C’est la nature? Pas viable? Qu’ai-je fait de mal? Ai-je trop bougé? Trop travaillé? Pas assez mangé de vitamines? Pas assez fait attention?

Ça arrive? Comment ça, c’est la vie? NON, C’EST LA MORT!

Le jeune homme qui fait ton écho fuit ton regard. Il ne voit rien. Il n’y a plus rien. Ce cœur qui battait si vite et t’avait envahie d’une immense vague d’amour… ce cœur n’est plus là.

C’était mon bébé. J’étais déjà sa maman. Pourquoi personne ne perçoit ma tristesse? Personne ne comprend!

– T’en fais pas ma chérie, on va réessayer…

Je ne veux pas essayer! Je veux que ce petit être soit encore en moi! Il est parti en arrachant un morceau de mon cœur. Rien ne sera jamais comme avant. Pendant quelques semaines, j’ai été ta maman…

– Madame, vous avez fait une fausse couche.

Mon bébé n’est plus là. Il ne sera jamais qu’un embryon, sans avenir, sans espoir, sans vie. Pour eux, il n’aura jamais existé… 

Pour toi, ce bébé était vrai… Tu l’as aimé. Ton corps ne sera plus le même, il a porté une vie. Jamais tu ne t’es sentie aussi vide que maintenant. Peut-on seulement entendre ta détresse et te prendre la main?

Gwendoline Duchaine

 

Chaque mois, tu voudrais être un gars

Chaque mois depuis que tu as douze ans, c’est la même rengaine. Tu

Chaque mois depuis que tu as douze ans, c’est la même rengaine. Tu commences par être fatiguée, mais vraiment ÉPUISÉE. Puis tout t’énerve! TOUT et tout le monde te tapent sur le système. Ceux qui vivent avec toi savent… Le fichu SPM est de retour…

Ton chéri et tes enfants ne stressent pas quand tu te mets à pleurer pour un oui pour un non. Tu es si émotive! Ils comprennent… Ils parlent doucement et essaient d’être gentils et ça t’énerve encore plus! Tu ne m’endures plus toi-même. Tu as envie de frapper le cave d’en avant qui ne roule pas assez vite, d’insulter l’enfant qui crie si fort dans les rayons de l’épicerie ou de chialer après l’animateur radio qui n’est pas capable de parler sans bafouiller!

Une asthénie envahit ton corps, tu travailles sans concentration et tu es épuisée juste à te tenir debout. Tu as envie de pleurer parce que tu aimes ton chéri, parce que tes enfants grandissent si vite, parce que tes parents te manquent, parce que tes amis sont merveilleux, parce qu’il fait beau, parce que la lune est belle, parce que le chien est mignon quand il dort et que le patient de Grey’s Anatomy était trop attachant…

Puis. Tranquillement mais sûrement… la douleur s’installe…

Chaque mois, la même douleur… Elle commence sur les côtés en bas du ventre, lancinante… Tes ovaires se tordent et brûlent tes entrailles. Cette douleur sourde qui se propage jusque dans tes cuisses, dans tes jambes… Ton utérus se contracte et ton souffle se coupe…

Chaque mois, tu subis cette douleur pendant deux jours.

Et tu commences à te vider. Ton corps rejette le petit nid qui aurait pu accueillir un bébé. Sauf que ça n’a rien de cute. Ça pue, c’est moche et ça fait mal. Pendant une journée, tu saignes tant que ton visage se décolore, les caillots font souffrir ton col et ton ventre n’est qu’un gouffre de souffrance. Tu es étourdie. Tu es vidée.

Tu n’as plus d’émotions, tu n’as plus de colère, tu es seulement vide. Les flots volent ton énergie…

Tu te sens grosse et laide. Tu te trouves poilue, trop vieille. Tu mets du linge mou et tu manges des chips.

Chaque mois, la même rengaine. Douze fois par année… et tu seras prise avec ça jusqu’à ta ménopause, que tu n’as pas hâte de voir arriver tellement ça a l’air d’être l’enfer.

Chaque mois, c’est plate être une femme. On doit souffrir toute notre vie pour avoir l’honneur et le privilège de donner la vie. Ça reste une belle compensation! Mais chaque mois, tu voudrais quand même être un gars! Juste une fois par mois.