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Chez le vétérinaire

Quand on entre chez le vétérinaire, il se passe instantanément qu

Quand on entre chez le vétérinaire, il se passe instantanément quelque chose de magique; tout le monde se comprend. Et personne ne juge personne.

Les amoureux des bêtes ont le cœur grand comme la Terre et de l’empathie à revendre.

Ce soir, j’en ai encore été témoin. Mon chiot tout neuf s’est infligé une blessure à la mâchoire. J’ai pensé que je n’allais jamais le voir grandir.

Mon chiot sous le bras, mes deux filles autour. Moi, en larmes, malgré tous mes efforts pour demeurer solide. L’histoire se termine bien, je préfère le dire tout de suite.  Je retrouverai mon toutou demain…

Cependant, j’avais envie de prendre un moment pour souligner les marques de gentillesse dont j’ai été témoin et qui, tristement, se font rares de nos jours.

Les sourires échangés, une femme qui m’offre de surveiller mes filles le temps de sortir mon petit Gilbert pour ses besoins, le partage d’expériences… Si spontanément, sans gêne aucune!

Ça fait du bien de se sentir compris. Pleurer en public, perdre le contrôle est loin d’être agréable. Chez le vétérinaire, c’est fréquent.

Merci à vous, inconnus amoureux des bêtes. Vous avez rendu mon attente plus sereine.

Et si vous me racontiez vos petites histoires coup de cœur, chez le vétérinaire… Je suis certaine qu’elles se comptent par dizaines!

Karine Lamarche

Dans la salle d’attente du médecin : j’observe

Assise dans la salle d’attente, enfouie dans mon gros chandail de

Assise dans la salle d’attente, enfouie dans mon gros chandail de laine doux, j’observe. Il y a toute sorte de gens ici. Certains semblent inquiets, d’autres, insouciants, se promènent et jouent avec leurs enfants. Il y en a qui portent un masque, alors les sièges autour d’eux restent vides malgré le nombre grandissant de personnes qui se présentent au comptoir.

J’observe.

Je n’ai rien d’autre à faire de toute façon. Observer et attendre.

Je me suis installée au bord de la fenêtre, près du radiateur, comme un mauvais élève dans une salle de cours ennuyante. Je peux ainsi admirer les petits flocons qui virevoltent au vent, prémices d’un long hiver qui s’installe. Je suis à mon poste et j’observe tout le monde.

De temps en temps, la petite sonnerie fait lever un patient. Il se dirige alors vers son diagnostic. La plupart se précipitent, comme si leur vie en dépendait. D’autres marchent tranquillement, le pas léger, satisfaits de voir enfin cette attente s’arrêter.

Il y a ce monsieur en face de moi, collé contre sa conjointe, les yeux d’un bleu étincelant qui flottent dans la brume. Son visage est recouvert d’un masque et quand il tousse, tout son corps se contracte, ses traits se durcissent et sa main serre un peu plus fort celle de sa voisine. Ils ont une cinquantaine d’années tous les deux, peut-être un peu moins. Ont-ils des enfants? Un travail? Il grelotte. Ça ressemble à la grippe, mais je m’amuse à imaginer d’autres maladies. L’enquête commencera bientôt avec le médecin…

Nous sommes tous là pour ça. Nous attendons pour savoir.

Il y a ce jeune père qui tient sa petite fille contre son cœur. Il porte encore son manteau, sa tuque et ses mitaines alors qu’il est arrivé avant moi. Endormie, la fillette ne se doute pas que son papa, le regard dans le vague, évite tout mouvement afin de la laisser reprendre des forces paisiblement.

Il y a cet homme accoté contre le mur, les cheveux tout ébouriffés. Il bâille sans arrêt et ressemble à un petit animal perdu. Quand on vient ici, on ne prend pas le temps d’aller à la douche, de se coiffer ou de se raser… Nous sommes malades, alors nous pouvons rester mollement vêtus.

D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi, dès que nous entrons dans une salle d’attente de médecin, nous nous sentons malades. Je me sens fatiguée et vidée alors que je suis en pleine forme! Mais on ne sait jamais : le médecin va peut-être me trouver quelque chose! Ils sont forts pour découvrir des maladies qu’on ne voulait pas avoir.

Il y a ce vieux monsieur, avec sa canne qui est coincée dans la chaise. Il se débat pour la libérer sous le regard éberlué d’un garçonnet. Quand il arrive enfin à se dégager, il se lève péniblement. Ses pantalons, beaucoup trop grands ne fermant plus sur son ventre beaucoup trop gros, glissent vers ses genoux. D’un geste rapide, l’homme les attrape au vol, nous évitant ainsi de voir ses dessous crasseux. Chaque pas pesant lui arrache un souffle rauque mais, contre toute attente, il avance doucement, un pas après l’autre, vers le bureau du médecin.

Il y a cette femme, seule, qui semble si triste. Quel âge peut-elle avoir? Parfois, elle essuie quelques larmes, le visage vide et pâle… Que s’est-il passé? Pourquoi est-elle là? Quelle nouvelle?

Certains lisent un livre, d’autres pitonnent sur leur tablette. Les enfants jouent, rient et parlent. Les adultes restent muets.

Et moi, j’observe.

Chacun a sa petite histoire, chacun vient ici pour une raison particulière, cassant sa tranquille routine de vie, pour se retrouver quelques heures auprès d’étrangers qui partagent le même sort : nous attendons le verdict. Nous nous regardons peu, mais lorsque nos yeux se croisent, la compassion se lit dans les visages, tout simplement.

On dirait qu’ici le temps s’est arrêté. Quand est-ce que, dans notre folle course de vie, nous prenons le temps de nous arrêter? Dans la salle d’attente du médecin. C’est ironique, non?

Nous subissons cette attente, sans lutter, dans la résilience.

J’observe.

Tous ces gens ont les yeux rivés sur l’écran au fond de la salle, guettant leur numéro. Parfois, l’infirmière appelle un patient. Fausse alerte. Elle ne saura pas nous dire ce que nous voulons savoir. Mais elle est attentionnée et gentille. Réconfortante. Son sourire est là pour nous dire que tout ira bien. Enfin, espérons.

La sonnerie me sort brusquement de mes pensées. Sur le tableau s’affiche : Numéro 16 — Porte 4.

Les regards se tournent vers moi lorsque je me lève. Ils observent. Que peuvent-ils faire d’autre?