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Un matin en congé

Un matin, un seul matin. La semaine dernière, j’avais un petit tr

Un matin, un seul matin. La semaine dernière, j’avais un petit trou dans mon horaire… Toute une matinée en congé. Comme les enfants ont de l’école, eux, la routine reste la même. Le cadran sonne à 6 h 30. Les tâches défilent. Habiller, coiffer, nourrir, cuisiner, crémer, courir. L’autobus passe à 7 h 10. Tout mon petit monde y est monté.

Je referme la porte de la maison. Mon cerveau tourne encore sur l’adrénaline. Je pense au travail en m’assurant que je n’ai rien oublié. Pas de réunion. Pas de correction. Pas de retard à rattraper. Je réalise à peine que je suis vraiment en congé… Je regarde les tâches ménagères. Je pars la laveuse, puis le lave-vaisselle. Pour une fois que ma maison est presque en ordre, moi, ça me suffit.

J’ai tout à coup un petit regard espiègle… Je cours à l’étage, me remets en pyjama-mou-pas-de-brassière. Je m’étends dans mon lit et je me choisis un film. Toute seule. Pas un film animé, pas un film rempli de chansons ou de princesse à sauver, pas un film d’action… Juste un bon vieux film romantique de série B.

Ce matin-là, je me suis autorisée un congé, un vrai congé. Pas juste un congé de travail ou de tâches à faire… un congé de culpabilité! On va se le dire, maudit qu’on est bonnes pour se culpabiliser! On dirait que lorsqu’on a mis au monde nos enfants, on a automatiquement développé cette maladie qui nous ronge, cette culpabilité.

Dès qu’on a un peu de temps libre, on essaie d’en faire le plus possible. Et même quand tout le ménage est fait et qu’on pourrait licher le plancher, on se trouve de nouvelles tâches! On n’arrête jamais d’en rajouter en bas de la liste. Tout le linge est propre? Pourquoi ne pas faire le tri des tiroirs pour ranger ce qui ne fait plus! La vaisselle est faite? Pourquoi ne pas prendre de l’avance sur la préparation des repas ! Les enfants sont absents? Pourquoi ne pas planifier une surprise pour eux !

C’est exactement cette culpabilité-là que j’ai décidé d’ignorer pour une petite matinée. J’ai écouté mon film. Au complet. J’ai déjeuné dans mon lit, avec des cochonneries pis pas de brassière. C’est étonnant, mais quand on met la culpabilité de côté, c’est bien correct de déjeuner au chocolat à 8 h du matin… Et vous savez quoi? Quand le film s’est terminé, j’ai fait une sieste. Ouep.

Et le plus étrange dans tout ça, c’est que je suis bien arrivée au travail à midi, comme prévu, pis personne ne s’est aperçu de ce que j’avais fait… Personne ne m’a trouvée paresseuse, molle ou indigne. Personne ne m’a jugée. Vous savez pourquoi ? Parce que ce jugement que nous sommes persuadés de voir dans le regard des autres, c’est tout simplement le nôtre. Personne ne juge personne, y’a que nous qui nous sentons coupables!

Alors aujourd’hui, j’ai décidé de partager cette liberté avec vous, juste pour qu’on se donne des preuves ensemble que c’est encore possible de ne pas se sentir coupable tout le temps! Alors c’est parti! Dites-moi ce que vous faites quand vous mettez votre culpabilité de côté!

Joanie Fournier

 

À go, on se déculpabilise… Merci George et Charlotte!

Il était une fois, les petits Charlotte et George qui voyageaient e

Il était une fois, les petits Charlotte et George qui voyageaient en Europe, accompagnés de leurs parents bienveillants, Katherine et William. Charlotte et Georges étaient de magnifiques enfants, blondinets et souriants. La perfection incarnée.

Nés dans une bonne famille (que dis-je! Une famille royale, littéralement!), ils se retrouvaient malgré eux sous l’œil aiguisé et sans pardon de la caméra. Leur binette et toutes leurs expressions garnissaient les couvertures de magazines. La moindre de leurs réactions faisait le bonheur des journalistes à potins qui se régalaient de tout ce qui ne cadrait pas avec l’éducation monarchique.

Donc, cette fois-là, George et Charlotte s’étaient retrouvés en Pologne et en Allemagne, loin du pays de leur naissance surmédiatisée et de leurs jouets. Des vacances familiales? Une fin de semaine au chalet? Non, non! Une visite officielle. Un voyage diplomatique. Et clairement, il n’y a rien dans « voyage diplomatique » qui ressemble à Disneyland. On serre une main ici, on sourit par là, on s’incline gracieusement… rien pour faire triper des enfants. Même s’ils ont une couronne sur la tête.

Mon but n’est pas de contester ni d’encenser la monarchie britannique, ni de critiquer la teinte de la robe de Kate coordonnée à celle de sa fille. Rien de politique dans mon commentaire, rien de lié à la mode non plus. Tout est une question de famille. Et de chaos.

Bien sûr, ils représentent la tite famille parfaite. Deux parents amoureux, une histoire à faire rêver, le film de princesses réalisé. Deux enfants charmants, le p’tit couple garçon-fille, tout en blondeur et en teint de lait par-dessus le marché. Des vêtements tout propres, bien repassés. Non mais! Je vous le dis, la perfection! Ils sourient, ils sont sympathiques, ils sont bien élevés. Ils sont cuuuuute!

Et pourtant, pourtant, George a été photographié alors qu’il faisait la baboune. Ben oui, petit George, ça ne lui tentait pas, lui, de débarquer de l’avion dans un pays inconnu, devant des centaines de caméras insistantes. Il aurait préféré, lui, jouer avec ses amis, faire sa sieste dans son lit et avoir ses deux parents juste pour lui. Papa William a bien tenté de le ramener dans le droit chemin, de lui changer les idées, de lui proposer une collation ou un câlin, mais petit George a boudé. Et toutes les caméras de la Terre ont capté sa face de bébé-baboune.

Et pourtant, pourtant, Charlotte a été photographiée alors qu’elle se laissait aller à une crise de bacon. Dans sa petite robe rose qui a dû coûter la peau des fesses de la nounou, elle a pété un plomb. Elle était fatiguée, tannée, et parce qu’elle est petite, elle n’avait pas les mots précis pour s’exprimer. Maman Kate a bien tenté de la consoler, de la convaincre, peut-être, d’agir « comme il faut », mais Charlotte a hurlé. Elle a pleuré. (Je me demande, d’ailleurs, si quelqu’un a déjà pensé recueillir ses larmes et les vendre aux enchères? Rare comme c’est, ça doit sûrement valoir cher!) Toutes les caméras de la Terre ont capté sa face de bébé-frue.

Pourquoi j’en parle, alors, si ce n’est pas pour discuter politique ou mode? C’est parce que moi, en tant que maman « normale », non royale, non entourée de dix nounous et de secrétaires personnelles, moi là, ça me fait du bien de voir ça. Je suis assez empathique pour me mettre à la place du couple royal qui doit avoir huit hamsters dans le cerveau en train de leur crier le jugement des autres (parce que jugements il y a même quand on n’est pas un parent royal, alors imaginez quand on est deuxième sur la liste d’accession au trône britannique…). Je compatis avec eux en tant que parents.

Et j’ai le goût de leur dire : Merci d’avoir des enfants. Pas des enfants parfaits. Pas des enfants monstrueux. Pas des enfants invisibles. Juste des enfants. Des enfants qui ont leurs humeurs et leurs préférences malgré tous les efforts pour les conformer à un moule strict. Des enfants qui ont des hauts et des bas, qui font des crises et qui vivent des périodes méga cute. Des enfants qui restent des enfants.

Alors à go, on se déculpabilise collectivement : oui, on a le devoir parental de donner la meilleure éducation possible à nos enfants, de leur transmettre nos valeurs et notre gros bon sens, de les encadrer et de trouver les ressources pour les aider à accomplir tout leur potentiel. Mais même un parent qui suivrait à la lettre la Bible du parent parfait serait confronté un jour ou l’autre à une crise de bacon, à une bouderie, à une morsure ou à un gros mot de la part de son enfant.

Merci, George et Charlotte, de montrer à la Terre entière qu’être un enfant, ce n’est pas toujours facile! Au moins nous, on n’est pas tout le temps épiés par les journalistes à la recherche de potins juteux!

Nathalie Courcy