Tag tricot

La vie, c’est comme le tricot – Texte: Nancy Pedneault

Une maille à l’endroit, une à l’envers.

<p style="text-al

Une maille à l’endroit, une à l’envers.

Ça y est, c’est MON moment. Je suis confortablement installée près du feu, mon thé est chaud, je suis prête.

Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Comme c’est relaxant le tricot ! La laine est douce entre mes doigts. Le son des aiguilles qui s’entrechoquent, à un rythme régulier, me calme.

Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. J’ai tellement hâte de terminer ce projet. Il m’ira à ravir. En plus, je serai au chaud pour contrer la froidure de février.

Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Oups ! J’étais perdue dans mes pensées, j’ai oublié de suivre mon patron. Je défais quelques rangs. Ce n’est pas très grave. J’ai envie que le produit final soit parfait.

Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. J’aime beaucoup le rendu de cette laine. Elle vient d’où déjà ? Oups ! J’ai échappé une maille au rang précédent. Je recommence.

Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Que je suis bien ! « Maman ! Où est mon pyjama préféré ? », 27, 28, 29. « Il est dans ton tiroir du haut. » J’en étais où déjà ? Je défais…

Une maille à l’endroit… une maille à l’env… une mail… Voyons, je ne finirai jamais !

Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Ça y est ! J’y suis arrivée. J’ai tellement hâte de porter fièrement le résultat de mon dur labeur. Je suis prête à commencer un nouveau projet maintenant.

La vie, c’est comme le tricot : elle semble bien simple et agréable, mais on finit souvent par détricoter des petits bouts pour mieux avancer.

Nancy Pedneault

La nostalgie qui rend gagagougou

Moi, les vêtements de bébé, ça me fait fondre. Quand je me retro

Moi, les vêtements de bébé, ça me fait fondre. Quand je me retrouve malgré moi dans une allée de cache-couche et de mini chapeaux d’été, je ne me possède plus. Sans parler des pots de purée pour bébé! En quatre bébés, j’ai dû en acheter, quoi… une dizaine max? Mais il reste que quand j’ai le goût de me sentir réconfortée, le pot de purée trop lisse trop sucrée aux fraises, ça fait la job.

Quand je vois le papa sur le bord du boulevard qui cajole son bébé somnolent dans le porte‑bébé en l’amenant à la garderie, je trouve ça beau, je trouve ça touchant. Pis je m’ennuie de mon porte-bébé et des bébés mini-format que j’ai promenés sur mon ventre et sur mon dos dans la maison (combien de fois j’ai passé la balayeuse avec le mini collé?), sur les sentiers du Mont Saint-Bruno ou des Rocheuses (même concept), dans les vignobles de la province, dans les centres d’achats les jours de pluie…

Je m’ennuie même de ma poussette qui nécessitait deux mains et beaucoup de muscles si on voulait la plier. Quand on a dû la jeter parce qu’elle était rouillée, je me suis dit qu’elle avait bien vécu à force d’être aussi souvent utilisée. Je m’ennuie surtout de toutes ces heures zen que j’ai passées en parfaite complicité avec mes bébés, au fil des routes et des commissions, des visites à la bibliothèque et des virées à la piscine, des pique-niques impromptus sur le bord de la rivière, alors que bébé tétait son snack et que moi, je croquais une pomme ou un chocolat.

J’ai encore le réflexe, parfois, de tourner dans l’allée des couches du Wal-Mart. Et pourtant… dieu sait que je ne m’ennuie pas des couches et de leur contenu! Juste de voir la variété de couches lavables qui sont maintenant sur le marché, je suis jalouse! Dans mon temps, on avait deux choix : les roses de su’ Sears, et les bleues de su’ Sears. Mais tout de même, les séances de chatouilles et de comptines qui accompagnaient le changement de couche me manquent. Le sentiment de fierté devant le premier pipi-pot, les fous rires qu’on a eus devant les explosions de numéro 2, l’impression de me trouver dans une bulle indestructible quand papa déposait sur mon ventre un bébé tout nu prêt à prendre son bain…

Je réussis même à regarder les bavettes avec un brin de nostalgie. Je jure pourtant sur la tête de mon chat que l’odeur de régurgit laitier ne me manque pas une seule miette de seconde. C’est pas des jokes : ma plus vieille buvait tellement vite que le lait lui sortait par le nez. Alors bienvenue, reflux! Mais quand je vois les bavettes alignées dans un rayon de pharmacie, les motifs cute d’agneau ou de pingouin qui les ornent, les tissus absorbants qui ont servi à les fabriquer, les mamans entrepreneures qui se démènent pour coudre et vendre ces petits morceaux pratiques et ultra mignons pour pouvoir rester à la maison avec leur progéniture… mon écœurantite des odeurs nauséabondes de bébés s’évapore comme pipi au soleil. Bon, pas de là à dire que j’en oublie les douleurs de l’accouchement, mais quand même. Le cerveau est bien fait, il se souvient surtout des bouts le fun.

Il fut un temps où je cousais beaucoup pour mes enfants. Je tricotais, je crochetais, je créais pour eux. Ce temps n’est pas révolu, mais il est endormi, un peu mis de côté le temps de trouver le temps. Quand les cache-couche qui deviennent trop vite trop petits, les porte-bébé, les poussettes pas pliables, les boîtes de 89 couches grandeur 4 et les bavettes qui sentent encore bon me rendent nostalgique, je me dis qu’il serait temps que je me gâte en sortant mes aiguilles à tricoter et la laine la plus douce de la planète. Je n’aurai plus d’enfants dans mon ventre (pas d’inquiétude, mon chéri! On a amplement contribué à la regeneration de la population mondiale!) Mes enfants sont loin d’être prêts à me transformer en grand-maman (et s’ils le sont, je ne veux pas le savoir.) Alors en attendant, je me trouverai des petits bébés tout neufs à habiller en doux pour faire passer ma rage de catiner.

Sinon, c’est clair que vous allez me retrouver en train de me bercer dans l’allée des purées en me chantant des berceuses et en suçant mon pouce! Gagagougou!

Nathalie Courcy