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Bienvenue dans mon monde

Le début de cette pandémie nous a causé bien des soucis à tous. Certain

Le début de cette pandémie nous a causé bien des soucis à tous. Certains ont même développé de l’anxiété. Beaucoup de gens vivent du stress face au côté financier. Des séparations s’ensuivent, car ce mode de vie exige une adaptation et un contrôle de ses émotions. Les situations problématiques vécues par les gens sont nombreuses.

J’ai dû m’adapter moi aussi. Étant habitué de rester seul à la maison la semaine et de prendre soin de moi tout seul, je devais m’oublier un peu. Mes enfants étaient là et ils ne pouvaient pas passer leur journée devant les écrans. Ma femme fait du télétravail et elle fait sa part aussi. Entendre du bruit et des cris tous les jours est une grosse adaptation aussi pour mon TSPT. Cela a été très dur pour ma femme et moi, et j’ai dû faire d’énormes sacrifices. Mais c’est un combat de tous les jours et j’essaie de m’améliorer.

Quand je devais sortir, j’étais anxieux d’attraper ce virus à cause de tout ce que je voyais à la télévision. J’avais des symptômes physiques graves pendant les trois premières semaines… Normalement, je regarde très rarement les nouvelles car il y a beaucoup de négatif. Souffrant d’un TSPT sévère et de beaucoup d’anxiété, j’ai grandement diminué le nombre de fois où je consultais les nouvelles. Et cela m’aide beaucoup maintenant.

Un autre facteur de stress était que je me demandais qui allait s’occuper de ma petite famille si je tombais malade. Ma femme est immunosupprimée, ce qui veut dire que présentement, je suis le seul qui fait les courses. Aussi, ma chienne d’assistance Théra n’a pas eu de rendez-vous depuis deux mois maintenant. Normalement, elle se fait belle toutes les quatre semaines. Je ne peux pas lui couper ses griffes moi‑même, car je ne vois pas la petite veine à travers ses griffes noires. N’oubliez pas qu’elle est très importante pour moi. Ce n’est pas seulement un animal de compagnie.

Malgré tout, je me suis adapté quand même assez vite. Comme un militaire qui va à l’étranger pendant six mois dans un pays souvent apocalyptique. Sorties au restaurant, cinéma, magasinage, journée à la plage, etc. : ça n’existe pas. Sur un camp, on mange, on dort, on travaille, on s’entraîne et on patrouille. On ne sait jamais si on va revenir vivant dans notre beau pays. Quelques minutes de téléphones sont permises par semaine pour communiquer avec nos proches. Quand même, notre situation de confinement présentement n’est pas si pire !

Est‑ce que j’ai acheté beaucoup d’épicerie ? Non, seulement un petit peu plus que d’habitude, graduellement, pour éviter d’y aller trop souvent. Nous, les militaires, sommes habitués à avoir une liste d’équipement pour nos bagages afin d’avoir un peu de tout. Donc je me suis assuré que ma famille puisse avoir un peu de tout, sans exagérer. Mon expérience militaire me disait que les supermarchés ne pourraient pas fermer.

Pour moi, sortir pour l’essentiel est déjà une réalité depuis un bon bout de temps. Normalement, je sors de la maison seulement pour faire mes courses. La plupart des activités avec les enfants sont effectuées avec ma femme. Donc pour mon mode de vie, rien n’a changé. C’est pour cela que je vous dis : Bienvenue dans mon monde.

Oui, j’aimerais bien souvent aller voir des groupes rock que j’ai aimés pendant ma jeunesse. J’aimerais faire beaucoup de choses, mais les foules et le bruit, pour moi, c’est impossible.

Étrange à dire mais maintenant, je me sens mieux dans cette situation. Les supermarchés sont presque déserts. Une discipline rigoureuse est établie, ce qui vient me rejoindre face à mon expérience militaire. Les gens ont peur et ont probablement plus peur que moi. Donc ils gardent leurs distances. Bien sûr, je choisis les endroits où la plus grande discipline est respectée, peu importe le prix des aliments qui y sont vendus. Je me sens bien dans un supermarché presque désert. Je n’ai pas de flash-back. Je commence à me sentir plus en sécurité alors que d’autres vivent de l’insécurité. Je dois vous avouer que je privilégie la livraison à domicile autant que possible et l’achat local.

Je vois l’anxiété sur le visage des gens. Après tout, je suis devenu un expert dans ce domaine. Depuis deux ans que je consulte et que j’observe mes signes afin d’avoir des outils pour ma blessure. Quand quelqu’un est anxieux, ça devient plus facile pour moi de le découvrir.

Je me sens bien chez moi et je préfère ne pas sortir depuis presque deux ans maintenant. Il faut seulement du temps d’adaptation avec ceux qui ne peuvent pas vivre ainsi. Mais pour moi, c’était déjà ma façon de survivre.

Alors je vous souhaite la meilleure des chances, soyez disciplinés et restez chez vous autant que possible.

Carl Audet

Vivre avec une maladie invisible

Dernièrement, lorsque j’effectuais mes courses, une dame a démar

Dernièrement, lorsque j’effectuais mes courses, une dame a démarré une conversation en me posant des questions sur mon chien d’assistance. En découvrant le fait que j’étais un vétéran, elle a été toute surprise, car elle aussi est vétérane. Elle ne savait pas qu’il existait un soutien comme cela pour nous qui sommes atteints du trouble de stress post-traumatique (TSPT).

C’est alors qu’elle m’a demandé quel était mon métier. Sans aucune gêne, je lui ai répondu que j’étais un commis ayant fait trois missions, dont une en Afghanistan. Puis elle m’a mentionné qu’elle avait effectué un métier de support elle aussi pendant vingt ans. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de me dire qu’il y avait des gens qui profitaient du système, etc. Pour finir, elle m’a dit qu’elle était contente pour moi que Théra, ma chienne, me fasse du bien. Je voyais bien avec toutes ses questions qu’elle essayait de peut-être porter un jugement dans sa tête. Son non-verbal me parlait aussi.

J’aurais voulu lui dire à cette dame que le TSPT ne s’attaque pas seulement aux militaires qui font partie des armes de combat. Non plus seulement à ceux qui vivent des situations de combat ou qui sautent sur des mines. Qu’il n’est pas essentiel non plus d’être un militaire pour être atteint de cette blessure. Des policiers, des ambulanciers et monsieur et madame tout le monde peuvent être atteints de cette blessure invisible. J’aurais même pu lui dire qu’elle pourrait vivre un événement traumatisant un jour et être atteinte de cette blessure.

Je n’ai pas voulu commencer à lui expliquer. Pourquoi? Car toutes les semaines, je devrais le faire plusieurs fois du fait que les gens me questionnent. Je dois vous avouer que ça devient épuisant pour moi de toujours répéter la même chose. Mais je vois bien que ce sujet est tabou et que les gens ne sont pas informés. De plus, ceux qui en souffrent la plupart du temps souffrent dans l’ombre en se renfermant sur eux‑mêmes en ayant peur des préjugés. Croyez-moi, je sais que beaucoup souffrent dans l’ombre… Mais moi, je n’ai pas peur d’être jugé. J’ai tellement souffert que je dis aux gens ce qu’est ma blessure quand ils me posent la question.

Nous sommes tellement nombreux à vivre avec une blessure ou une maladie invisible que vous n’avez aucune idée de l’ampleur. Pensez-y un instant. Les gens qui vivent une dépression. Juste là, on vient d’atteindre beaucoup de gens. On va passer aussi toutes les maladies mentales, car là aussi, beaucoup de personnes en sont atteintes, encore plus que vous pensez. La colite ulcéreuse et la maladie de Crohn qui sont toutes les deux des maladies incurables et qui prennent beaucoup d’ampleur au Québec.

Voulez-vous que je vous nomme toutes les blessures et maladies invisibles? Non, oubliez cela, cher public. Ce que je peux vous dire par contre, c’est que beaucoup de gens autour de vous en souffrent et vous ne le savez pas. Beaucoup d’entre eux doivent même faire face à des préjugés et ils n’ont pas la force que je possède. Ils n’ont plus de force pour se défendre, car ils se sentent détruits à l’intérieur par le fardeau de la maladie qu’ils ont à supporter. Beaucoup se forcent à vous faire un sourire pour vous cacher ce qu’ils vivent.

J’ai une proposition à vous faire. Au lieu de leur poser des questions pour qu’ils se sentent inconfortables, pourquoi ne pas leur offrir de l’aide sans être trop indiscret? Je suis certain que donner au suivant pourrait faire la différence. J’ai un ami qui m’a proposé de joindre un groupe l’hiver passé. Cela m’a donné un souffle de vie. Chaque mardi soir, je reviens chez moi de ma rencontre et je suis heureux.

Soyez à l’écoute, créatif et je suis certain que vous trouverez une solution qui changera la vie de quelqu’un que vous appréciez.

Carl Audet