Tag ville

On peut sortir la fille du village, mais on ne peut pas sortir le village de la fille

Ce dicton s’applique bien à moi. Depuis plus de trente ans, j’h

Ce dicton s’applique bien à moi. Depuis plus de trente ans, j’habite Saint-Boniface, un village qui se situe à environ vingt minutes de Trois-Rivières.

L’idée de ce texte m’est venue suite au merveilleux carnaval d’hiver que nous avons eu la semaine dernière. Les petites familles y ont participé en grand nombre afin de se créer des souvenirs. Concours de luges artisanales, Zumba en plein air, glissades sur tubes et jeux gonflables : nous étions retombés en enfance ! Nous avons une super équipe de bénévoles qui s’implique auprès du Club Optimiste afin d’organiser des activités qui plaisent autant aux petits qu’aux grands. La St-Jean-Baptiste à « St-Bo » est aussi un incontournable ; le 23 juin de chaque année, les citoyens se retrouvent autour d’un gigantesque feu de joie pour festoyer. C’est souvent l’occasion de revoir de vieux amis que tu n’as pas croisés depuis l’école primaire.

Parlant de l’école, celle‑ci est une des plus grosses écoles primaires de notre commission scolaire. Elle est actuellement en rénovation pour un agrandissement, une grosse victoire pour plusieurs parents qui se sont impliqués activement pour obtenir la subvention. Cet agrandissement devrait être prêt juste à temps pour la rentrée scolaire de ma plus vieille !

Les sportifs dans l’âme savent se plaire à St-Boniface. Été comme hiver, les activités sportives y sont nombreuses. Nous avons un aréna qui a son propre club de patinage artistique, et les petits comme les grands peuvent s’adonner à notre sport national : le hockey. Mon père en est d’ailleurs certainement le doyen, puisqu’il enfile ses patins chaque mercredi soir depuis plus de trente ans. Quand les beaux jours reviennent et que la neige fond, c’est sur notre beau terrain de golf qu’il se rend chaque matin pour jouer « un petit neuf ». Pour ceux et celles qui préfèrent la course comme moi, la 23e éditons du demi-marathon Marcel Jobin aura lieu le 15 juin prochain.

J’ai habité plus de cinq ans au cœur du village dans une charmante maison ancestrale où nous pouvions entendre les cloches de l’église sonner midi et soir. C’est là que je suis revenue de l’hôpital avec mes deux bébés, c’est aussi là que Junior, mon chien, mon gros toutou gentil, nous a quittés. C’est avec un petit pincement au cœur et de doux souvenirs que je j’ai dit au revoir à cette maison en juin dernier, pour un autre quartier situé à quelques kilomètres.

Je suis heureuse d’avoir choisi de rester dans mon petit coin de pays pour y élever ma famille. J’espère que mes filles auront le même sentiment d’appartenance que leur maman, et que même si elles choisissent d’aller habiter dans une autre ville, elles auront « St-Bo » tatoué sur le cœur.

Julie Lampron Désaulniers

Ode aux mouches et aux ouaouarons

Je déteste les mouches mortes écrapoues par terre. Ça m’écœur

Je déteste les mouches mortes écrapoues par terre. Ça m’écœure tout autant que les vers de terre imbéciles qui sortent sous la pluie et qui crament sur l’asphalte. Ça pue la mort, ça me fait friser les orteils.

Mais, mais. Le zzzzz des mouches dans une maison, bien que fondamentalement gossant, me rappelle mes nuits en colonie de vacances (et la fois où j’étais entrée par accident dans le dortoir des gars pour demander mon chemin… alerte générale !), mes soirées sous la tente, mes marches sur les sentiers d’hébertisme. Bref, ça me replonge dans mes souvenirs danielboonesques (oui, c’est un mot) où seuls la nature et le bonheur importaient.

J’ai grandi en campagne. Derrière la maison centenaire de mes parents, un immense champ dont la seule fonction était de faire pousser des cadeaux pour les mères (c’est-à-dire des fleurs sauvages). On observait les oiseaux (rien de plus beau qu’un rouge-gorge qui cueille son ver de terre pour nourrir ses petits !) On courait après les papillons juste pour voir jusqu’où ils nous amèneraient. On se servait de la sève des plantes pour coller nos bricolages. On passait nos soirées à décoller les pic-pic des chardons sur nos vêtements.

Derrière le champ, qu’y avait-il ? Une forêt. Qui, je crois, n’appartenait à personne. Maintenant, les bouts de terre qui n’appartiennent à personne et sur lesquels on a le droit de s’aventurer sans permission se font rares. J’ai grandi en allant me promener dans ce champ et dans cette forêt, raquettes aux pieds ou motoneige aux fesses. Bizarre que j’étais, j’allais passer des heures dans le bois pour y écrire mon journal. Oui oui, en plein hiver.

Ado, j’ai eu l’idée tout aussi bizarre de fuguer. Pas longtemps. À quel endroit me suis-je réfugiée ? Dans le bois. Même chose quand j’ai fui un hôtel miteux à Chypre parce que j’avais un mauvais pressentiment : j’ai dormi à la belle étoile au milieu de la forêt, seule. C’est là que je me sentais le plus en sécurité.

Alors voulez-vous bien me dire ce que je fais en ville ? Ben vous savez, les bureaux du gouvernement sont… en ville. Et ça adonne que c’est là que je travaille. Alors, go pour la ville. Heureusement, j’habite Gatineau, dans laquelle les rivières, les forêts, les lacs, les pit‑pit ailés et la nature sont bien présents. En dix minutes de voiture, je suis rendue dans le Parc de la Gatineau ou à la plage. Quarante minutes et je n’entends plus les klaxons urbains. Je n’entends que le coassement (intense, ma foi !) des ouaouarons.

La semaine dernière, c’est ce que j’ai fait revivre à mes enfants. C’est ce que je me suis permis de revivre, comme un ressourcement. La nature, les parfums d’arbres, les multiples teintes de vert et de bleu, la simplicité d’une vie en forêt. J’étais si heureuse de pouvoir présenter à mes enfants la couleuvre dont il ne faut pas avoir peur. Le splash d’un poisson qui sautille à la surface du lac. La sérénité d’une journée de pluie sans jeux vidéo (que j’ai baptisée une journée « relaxe-patate »). L’horaire « pas d’horaire » qui fait qu’on se lève à la fin des rêves et qu’on se couche quand le feu est éteint et les Smores digérés.

Un jour, je retournerai vivre loin de la civilisation (que dis-je ! Dans une civilisation naturelle !) et des bruits urbains. En attendant, je veux continuer de faire des saucettes en nature, seule et avec mes enfants, pour leur faire connaître autre chose que le quotidien qui est le nôtre présentement, pour leur faire aimer et respecter la nature, pour prendre ce temps précieux avec eux, avec moi.

Nathalie Courcy