Archives janvier 2017

Dans mon temps…

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C’est ironique de dire « dans mon temps » puisque j’ai seulement trente ans, mais lorsque je m’arrête un instant pour observer l’éducation que j’offre à mes enfants, les temps ont bien changé! Dans certains cas, nous avons fait un pas vers l’avant et dans d’autres, selon moi, un pas vers l’arrière. En voici quelques exemples :

 

1– L’éducation

Pourquoi est-ce devenu si difficile de refuser quelque chose aux enfants? Pour éviter les crises, nous disons oui à tout. Faut-il vraiment qu’ils enlèvent les bonshommes sur les boîtes de céréales pour ne pas attirer les enfants vers ces mauvais choix? Il nous revient de dire non et d’expliquer pourquoi. Fiston fait une crise? Eh! Bien qu’il la fasse, sa crise! Dans mon temps, si c’était non, eh! bien c’était réellement non! Si je faisais une crise, j’allais directement en pénitence. Et mes parents n’essayaient surtout pas d’être mes amis, ils étaient ma figure d’autorité. Ils ne me demandaient pas comment je me sentais ou si je les aimais. Ils m’enseignaient à bien me comporter en société.

 

2– Les activités sportives

De nos jours, les enfants doivent faire tous les sports possibles. La semaine, c’est le judo, la fin de semaine, c’est le hockey et l’été c’est le tennis et le baseball! C’est bon pour la motricité qu’ils disent! Une autre affaire qui a poussé avec les années. Dans mon temps, on choisissait un sport et c’était le seul sport que l’on pratiquait. Avec de la chance, on pouvait parfois en pratiquer d’autres à l’école. Mais si je voulais changer de discipline, pas question d’en pratiquer trente-deux, fallait choisir! Et vous savez quoi? Ma motricité se porte à merveille!

 

3– Les vacances

Que ce soit aux vacances de Noël ou bien aux vacances d’été, il faut partir en voyage! Lorsque les autres parents me demandent : « Qu’est-ce que vous faites pour les vacances?», je me sens presque mal de dire que je reste chez moi, dans ma cour, dans ma piscine. Mon fils de sept ans est allé deux fois à Cuba, une fois à Disney, une fois à Wildwood, sans compter les road trip à travers le Canada. Je dirais qu’il a une très bonne moyenne! J’ai pris l’avion pour la première fois à l’âge de dix ans. Mon père, lui, à l’âge de quarante ans! J’adore voyager et oui, je veux faire voir le monde à mes enfants. Mais pourquoi cette pression sociale d’avoir à voyager deux fois par année? Est-ce possible de vouloir ne RIEN faire à la maison ou bien faut-il absolument ne RIEN faire AILLEURS? J’adore voyager, mais avec cinq personnes sous mon toit, non, nous ne prendrons pas l’avion chaque année!

 

4– Les fêtes d’anniversaires

Que ce soit à l’aréna, au centre de jeux pour enfants ou dans un centre de trampoline, nous sommes tous allés mener nos enfants pour l’anniversaire de leurs amis. La maman nous assure alors que le gâteau est sans arachides et sans gluten! Lorsque nous allons les chercher, ils reviennent fièrement avec leur sac de cochonneries du magasin à 1 $ en guise de remerciement. Dans mon temps, si nous étions invités à une fête, c’était à la maison ou très rarement pour les plus aisés, dans le wagon de McDo (ishhh!). Nous n’avions aucun cadeau en retour, nous étions simplement heureux d’avoir été invités à jouer avec nos amis et de manger un bon gâteau Duncan Heinz. Ben oui! Malheur à nous, on mangeait des gâteaux en boîte et c’étaient les meilleurs au monde!

 

5– L’école

De nos jours, si les enfants d’âge préscolaire n’apprennent pas l’alphabet, n’écrivent pas leur nom ou ne prononcent pas parfaitement les mots sortant de leur bouche, dès la maternelle, ils sont étiquetés ayant un retard sur les autres. Surgissent alors de tous côtés les orthopédagogues, orthophonistes, psychoéducateurs et tout le bataillon possible pouvant entourer (voir étouffer) votre enfant. (Ne me jetez pas de pierres, mon fils aussi a eu recours à des « istes » et des « ogues »!). Dans mon temps, en maternelle, on jouait! Je me rappelle des amis qui parlaient tout croche jusqu’en deuxième année. Personne ne redoublait la maternelle! Les attentes étaient beaucoup moins élevées et la pression sur les enfants était quasi inexistante.

 

La société de nos jours est très exigeante et tout va très vite. Nous avons tendance à nous laisser emporter par le courant et à exiger beaucoup de la part de nos enfants. Je crois qu’il faut prendre le temps de choisir nos réels besoins versus ceux que nous créons. Revenir à la base sans retourner nécessairement trente ans en arrière nous serait peut-être bénéfique. Pour l’instant, je vais aller faire des biscuits sans gluten avant d’aller chercher mon fils chez l’orthophoniste parce qu’il a une pratique de hockey tantôt… ouf! J’suis vraiment due pour des vacances, moi!

 

Geneviève Dutrisac

Lâche ta roche

Lâche ta roche; laisse-toi aller dans l’courant. Essaie-le au moins une fois. Une toute petite fo

Lâche ta roche; laisse-toi aller dans l’courant. Essaie-le au moins une fois. Une toute petite fois. Tu verras, ça va te plaire.

Aujourd’hui, on est tellement pogné dans notre maladie mentale d’une vie parfaite et surtout d’enfants aux comportements irréprochables, qu’on a souvent l’impression que nous n’avons pas le droit à l’erreur. Comme si le simple fait de relâcher d’un millimètre la pédale de la discipline pourrait transformer nos héritiers en réelles bêtes sanguinaires.

Qui d’entre nous n’a pas déjà pensé : « Moi, si mon gars était aussi impoli, je me dirais que j’ai complètement manqué mon coup avec lui »? Ou encore : « Si ma fille s’habille comme ça à l’adolescence, c’est que je n’aurai pas réussi »? Tout ne repose pas sur les frêles épaules des parents que nous sommes. « Ça prend tout un village pour élever un enfant », disaient certains sages. Et avec raison. On a beau leur inculquer de très belles valeurs, nos flos seront toujours influencés par la garderie, la maternelle, l’école, la télévision, l’Internet, les amis, les ennemis, Spiderman… Tout n’est pas notre faute et tout n’est pas grâce à nous.

Nos parents à nous ne se posaient sûrement pas autant de questions. Ils y allaient d’instinct et ils avaient raison puisqu’être parent, ce n’est pas une science. Mais malheureusement, aujourd’hui, on n’a plus confiance en nous; on a des « spécialistes » qui nous disent comment agir avec nos enfants à Deux filles le matin; on a le dernier livre du plus populaire psychoéducateur sur notre table de chevet; on ne vit que par les principes du Mieux vivre… sans oublier l’avis du pédiatre, de l’éducatrice et de Richard Martineau (qui a sûrement une opinion là-dessus). Si ça se trouve, certaines et certains d’entre vous lisent ce texte parce que vous cherchiez une réponse à une question de parents sur Internet et vous êtes tombés sur Ma Famille, Mon Chaos. Parce qu’on est rendu là : on préfère chercher sur Google plutôt que simplement observer notre enfant, l’écouter, discuter… le comprendre.

Combien de fois se dit-on : « Le p’tit pleure, mais si je le prends dans mes bras, je lui donne l’attention qu’il attend et je ne devrais pas faire ça »? Heille, c’est un enfant! Oui, il peut être en train de manipuler, mais il peut aussi avoir simplement de la peine. De la peine parce qu’il n’arrive pas à saisir ce que vous attendez de lui. Il ne comprend peut-être pas lui-même pourquoi il a fait exprès de renverser son verre de lait. De la peine parce que vous avez crié un peu trop fort. Parce que cinq minutes avant de crier après lui, vous avez crié que chez vous, c’est interdit de crier comme ça. C’est illogique, mais comme vous lui avez aussi demandé de ne plus discuter, il a de la peine parce qu’il trouve ça injuste et pense qu’il n’a pas le droit de le dire. Comment être certain qu’il manipule? Il a peut-être juste de la peine.

Des fois, il faut lâcher notre roche. Il faut se laisser aller dans l’courant. Lâcher nos principes, nos idéaux, nos lectures de chevet, nos psychoéducateurs populaires et nos émissions de service, et se tourner vers celui ou celle qui a véritablement la solution en lui : nous. Avec des enfants, la bonne façon n’existe pas; la vôtre, oui.

À go, on lâche notre roche? Essaie-le au moins une fois. Une toute petite fois. Tu vas voir, ça ne sera pas si pire. Tu vas peut-être même aimer ça. GO!

 

 

Hugo Bourque

Ah! les piles, les damnées piles!

Je me souviens que lorsque j’étais toute petite,

Je me souviens que lorsque j’étais toute petite, nous avions à l’occasion des jouets nécessitant des piles. Dans vingt ans d’ici, nos enfants se souviendront que de temps en temps… ils avaient des jouets… SANS piles!

Sérieusement, avez-vous remarqué le nombre de piles que les jouets de nos enfants utilisent? Et ça, c’est un constat réalisé APRÈS avoir coupé, dévissé, détaché toutes les attaches et autres précautions antivol des superbes jouets de nos têtes blondes, qui s’impatientent devant notre propre impatience à leur déballer le tout! N’oubliez surtout pas de remercier oncle Jean-Claude pour son set de tournevis multiembouts qui nous permet de dévisser les différents boitiers de pile qui ont tous des vis de différents formats, bien entendu!

Arrive le moment où le tout nouveau 4 x 4 roule enfin à plein régime partout dans la maison en nous passant entre les jambes. Le moment où la reine des neiges fait un superbe duo avec notre petite princesse en herbe. Celui où le chat et le chien robotisés s’obstinent autant que les enfants qui ont oublié à qui appartient quoi.

Nous pourrions penser qu’à cet instant précis, malgré les bruits de tout acabit régnant dans la maison, entre les ouaf, miaou, grinnnch et broummm, nous avons atteint une certaine quiétude et ce sentiment du travail accompli, mais surtout un repos bien mérité.

Ah, bien non! Aussitôt que nous pensons nous en être bien tirés… la deuxième manche commence!

LES PILES SONT MORTES! « Let it go … let it goooo… »

Je vous entends respirer profondément jusqu’ici… le grincement de nos dents réunies. Tante Béa qui accourt, victorieuse, avec le chargeur de piles rechargeables qui nous aurait tellement facilité la vie si nous avions acheté ces batteries au lieu des piles ordinaires, trois fois moins cher! Pour les plus chanceux d’entre nous, au fil des ans, nous avons accumulé ces chères batteries et devons composer avec le manque de prises de courant versus les chargeurs qui y sont accrochés comme des sangsues énergivores, tétant l’électricité au même rythme que notre patience fond devant l’insistance de nos chers amours qui attendent de pouvoir réutiliser leurs jouets. Leurs damnés jouets à piles!

Alors, à vous tous, oncles, tantes, grands-parents et autres gentils et généreux donneurs de ces jouets si aimés, ayez une petite pensée l’an prochain. Si vous incluez quelques batteries rechargeables avec cette superbe voiture de course ultra turbo qui va aussi vite que les batteries se vident, ça, ÇA… ça nous faciliterait un peu la vie. (Oui parce qu’il y a tout de même les protections et vis multiples… mais c’est un autre sujet…)

Simplement Ghislaine

 

Mon corps d’avant

Et trois filles plus tard...

Mon chum,

Et trois filles plus tard…

Mon chum, lui, me dit que je suis belle, comme je suis, que j’ai eu trois enfants, que j’en ai porté quatre, que je ne peux plus avoir le corps de mes vingt ans…

Ben moi, je le veux, ce corps là! Celui qui me permettait de porter mon jean ajusté sans avoir le muffin top bien en évidence. J’osais même mettre ce petit chandail qui, quand je levais mes bras, découvrait mon petit ventre.

Maintenant, lorsqu’on découvre mon ventre, on voit l’abus de poutine lors de ma première grossesse (ben oui c’était ce trip-bouffe-là… Vive la grossesse). On voit les traces des trois autres grossesses qui ont suivi rapidement. Mon corps n’a pas eu le temps de se remettre. Et oui, c’est ça, l’excuse que je me donne. Pathétique, n’est-ce pas?

Ce corps qui me permettait de porter fièrement le bikini sur la plage. Avec ma poitrine à la bonne place, pas quelques centimètres trop bas. Mes seins disant fièrement «Youhou on est là!»

Maintenant, je suis rendue cette femme. Cette femme qui porte un gros one piece caché sous une camisole slaque. Cette femme de qui je disais, dans mon petit corps de j’ai pas encore eu d’enfant: « Voyons, c’est quoi c’t’idée de cacher son corps. Assume, la grande! » Maintenant, je te comprends tellement… J’ai la même peur dans les yeux. Celle qui nous fait tirer sur notre camisole lorsque l’on rencontre une connaissance pour être certaine qu’elle ne voit pas l’étendue des dégâts.

J’ai cette même haine dans le regard, en voyant cette jeune fille qui porte un soit-disant bikini. Maintenant, j’appelle ça des triangles de tissus avec des lacets. Et oui, je me retiens pour pas les couper, les foutus lacets… En même temps, je serais sûrement une coche au-dessus de la haine lorsque je constaterais que même sans le minime soutien que t’apportait ton top,  tes seins n’auraient pas bougés.

Tsé, ce corps où j’aurais dû prendre mes deux cuisses ensemble pour combler l’espace que prend une seule de mes cuisses maintenant. Dans le temps où j’avais encore des triceps. Quelqu’un aurait dû me dire qu’on les expulsait avec le placenta. Maintenant, j’ai juste le petits gras qui shake lorsque je fais de gros Bye Bye de la main, alors je me limite au bye bye timide ou encore au signe de la tête.

Tsé, ce corps où ta petite robe noire glissait et t’allait comme un gant. Maintenant, c’est plus un combat pour mettre ta foutue gaine beige (c’est-tu affreux ces trucs là, un peu). Cette gaine qui te fait envisager de passer la soirée debout, car tu ne sais pas si c’est encore possible de t’asseoir. La même qui te convainc de ne pas trop te déplacer lors de la soirée pour ne pas que tout le monde voit ton élégante démarche robotique.

Je ne compte même plus les fois où je me suis reprise en main avec plein de bonnes intentions. Qui se sont terminées par des abonnements au gym avec deux ou trois présences de ma part. Des régimes qui m’affamaient. J’ai même cru aux info-pubs de crèmes régénératrices gainantes. Argent jeté par les fenêtres… Eh! oui, je suis parfois désespérée à ce point-là!

Je retombais rapidement dans mes bonnes vieilles pantoufles d’excuses. Je suis fatiguée, je n’ai pas le temps, j’ai mal à tête, je crois que je pourrais peut-être avoir une commotion si je me frappais la tête sur la barre de poids…

Que veux-tu? Jimmy Sévigny, c’est pas mon cousin! J’ai pas le moyen de me payer un entraîneur privé ou un motivateur qui me botterait les fesses lorsque j’ai envie d’abandonner. Ben non, je suis pas sur mon X. Je dois être plus du genre Y Z.

Peut-être ce texte m’aura-t-il donné le goût d’une autre tentative de reprise en main ou peut-être irais-je me consoler en mangeant une bonne poutine…

Touche pas à mes enfants!

Parlons d’inceste. Parlons dâ

Parlons d’inceste. Parlons d’abus. Parlons de la peur que ça nous injecte dans le cœur.

J’étais petite. J’étais la plus jeune de la famille. J’étais une fille. J’avais deux frères débordant d’hormones adolescentes et de désirs exploratoires. Ils ont abusé à répétition de mon petit corps innocent, avec ma permission qu’ils avaient manipulée : « Je vais te donner mon toutou si tu me fais bander »… « Si tu le dis à m’man, tu vas le regretter. Elle ne te croira jamais de toute façon. »

Mais elle m’a crue. Elle a exigé qu’ils arrêtent leurs petits « jeux » immédiatement. Ils ont obéi.

Fin de l’histoire.

Euh… Non!

Dans le temps, on ne parlait pas de « ces affaires-là » (lire : tout ce qui dérange la bonne conscience collective, ce qui est sale et « pas beau », ce qui est fait dans les souterrains des familles et des sous-sols d’église, mais qui ne doit jamais remonter à la surface). J’ai eu la chance d’être écoutée et crue, d’être défendue. Mais avec du recul, j’aurais aimé que ça aille plus loin. Qu’il y ait une réelle intervention, une aide psychologique pour moi et pour eux. Une (ré)conciliation familiale. Mais dans ce temps-là… dans un petit village où tout se sait… on enterrait les faits, on taisait les émotions, on lavait les draps à l’eau de Javel et on retournait au quotidien neutre et sans histoires.

Qu’est-ce que j’en ai gardé?

Un malaise par rapport à ma propre sexualité. Je n’avais pas réussi à faire bander mes frères pourtant si excités. Je n’avais pas réussi à leur faire de pipe comme il se doit. Par contre, j’étais fière en titi d’avoir dénoncé. Je n’ai pas eu le toutou promis, mais j’ai gardé ma virginité et mon pouvoir de dire « NON. »

Au secondaire, j’ai consulté. Par moi-même. « Bonjour madame la psychologue, j’aurais besoin d’aide. J’ai été abusée pis ça marche pas dans ma tête. » J’ai parlé à des enseignants en qui j’avais confiance. Certains m’ont écoutée et prise dans leurs bras. D’autres m’ont répondu : « Ben voyons, l’inceste, c’est pas vraiment un abus sexuel! Tes frères, c’étaient des adolescents, ils voulaient juste essayer des affaires. » Ou encore : « Il n’y a pas eu pénétration, faque c’est pas si pire que ça. Arrête de dramatiser pis reviens-en! »

Au cégep, j’ai fait une démarche de réconciliation. Je voulais comprendre ce qui leur était passé par la tête et par les couilles. Je voulais surtout les entendre demander pardon. Un l’a fait, de façon sincère. Ça lui étranglait la conscience depuis tellement d’années, et il n’osait même pas imaginer ce que c’était pour moi. L’autre? Il m’a répondu que j’étais une cr*** de folle, une menteuse chronique, que je devrais être enfermée à l’asile. J’en ai parlé à notre mère. Je ne sais pas s’ils en ont discuté (le silence… le maudit silence…), mais ça a pris des années avant qu’il y ait une suite à l’histoire. Un soir, un courriel :

« Ce que j’ai fait était pas correct. Je te demande pardon. »

Et moi, l’épaisse (oui, oui, je m’autoflagelle), j’ai donné mon pardon sur un plateau doré. J’étais tellement soulagée qu’il admette enfin ses gestes! Comme si j’avais besoin de ça pour me confirmer que j’étais saine d’esprit, que je n’avais pas tout inventé. Pourtant, bien que les souvenirs soient flous, ils sont bien ancrés dans la réalité.

Quand j’ai rencontré celui qui deviendrait le père de mes enfants. Il y a eu des froids à défaire, une confiance à gagner. Il a su écouter, respecter. J’ai eu terriblement peur d’accoucher de garçons en premier, peur que l’histoire se répète. Encore aujourd’hui, je porte les séquelles de cette plongée trop précoce et trop forcée dans la sexualité. Mon corps porte des souffrances crues qui émergent à l’occasion sous forme de crampes, de blessures, de tensions.

Je veux mes enfants libres, je les veux confiants, mais il m’arrive de craindre ce qui pourrait leur arriver. Malgré le pardon, devant mes frères, je garderai toujours un réflexe interne de lionne : « Touche pas à mes enfants ». Je fais confiance aux gens qui nous entourent, comme ma mère et moi faisions confiance à mes frères. On ne peut pas se mettre à douter de tout le monde et imaginer des scénarios d’horreur dès que nos enfants ne sont pas à portée de regard!

Mais il m’arrive d’avoir peur. Il m’arrive de me poser des questions sur les intentions des gens. Une montée d’hormones est si vite arrivée! Une pulsion incontrôlable, quelques onces d’alcool, un coin sombre, on ne sait jamais.

Mes enfants ne connaissent pas cette portion de ma vie. Mais ils possèdent l’information qui pourrait leur éviter de se retrouver dans une situation d’abus. Ils savent qu’en tout temps, ils peuvent me parler et ils seront écoutés et soutenus. Et ils savent que les câlins et les bisous, ça ne s’arrache pas.

Statistiques concernant les agressions sexuelles : http://www.statcan.gc.ca/pub/85-224-x/2010000/part-partie2-fra.htm

Agressions sexuelle Montréal : http://agressionsexuellemontreal.ca/violences-sexuelles/inceste-et-abus-sexuel

Guide d’information à l’intention des victimes d’agression sexuelle : http://www.scf.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/Violence/guide-agressions-sexuelles2008-fr.pdf

 

Partir en voyage SANS les enfants…

En octobre dernier, mon mari et moi sommes partis dans le Sud... SAN

En octobre dernier, mon mari et moi sommes partis dans le Sud… SANS les enfants!

Oui, oui, vous avez bien lu, nous avons osé laisser derrière nous notre progéniture pendant une semaine complète, soit sept jours bien pleins!

Il faut dire qu’ils sont ados, quatorze et quinze ans maintenant, et leur vie se résume à l’école et aux jeux vidéo…

Mais bon, c’était la première fois que nous les laissions si longtemps et que nous partions si loin. Durant leur enfance (et même lorsqu’ils étaient des bambins), nous avons bien pris quelques weekends en amoureux, jamais plus de deux nuits en dehors de la maison et jamais plus loin qu’une heure de route.

Tout de même, moi, je suis une maman peureuse. Depuis qu’ils sont nés. Donc, les laisser une semaine, c’était m’imaginer les pires scénarios. Il a fallu que je m’assure que notre testament était à jour, que le frigo et le garde-manger débordaient de nourriture, qu’au moins dix numéros de téléphone d’urgence soient affichés en caractères gras sur la porte du frigo et que je repasse avec eux les consignes de base (« Tu fais tes devoirs même si on n’est pas là », « Tu écoutes ta grand-mère », « Tu te couches quand même à 9 h les soirs de semaine », etc.) Ils ont roulé des yeux au plafond tellement souvent que je pensais que ces derniers allaient finir par sortir de leurs orbites. J’étais tellement stressée de partir sans eux que je stressais mon mari et il s’imaginait que j’allais passer la semaine sur la plage à pleurer mes fils.

Et pourtant, tous ces préparatifs ont fait en sorte que je suis partie l’esprit (relativement) tranquille. Mais je leur ai promis de téléphoner.

Premier soir, on est à l’hôtel près de l’aéroport. Tout va bien, ils s’amusent et ma mère me dit que tout est numéro un. Tout de même, je sens déjà un peu d’ennui dans la voix de mon plus vieux… Je pense qu’il aurait aimé venir avec nous. Et je le comprends.

Moi, je profite de cette première nuit loin de la maison. C’est comme un petit congé, je me dis que le voyage va être le fun. Bref, j’essaie de relaxer.

Je n’ai pas téléphoné tous les jours, car j’avais peur de provoquer un ennui démesuré tant de leur côté que du mien. Alors, rendus dans le Sud, nous avons profité de nos vacances pendant trois jours. Ensuite, je n’en pouvais plus, il fallait que je sache si mes fils étaient encore en vie, en santé et heureux! Outre la très petite voix triste de mon dernier, tout allait bien. Il s’ennuyait beaucoup, beaucoup. Et je me sentais triste aussi.

Le reste des vacances s’est bien déroulé. Après quinze ans en amoureux sans jamais avoir pris une semaine à nous deux, nous avions grandement mérité cette pause en couple. Nous nous sommes reposés en masse et fait des projets pour les prochaines années. Au retour, les enfants étaient super heureux de nous revoir et de retrouver la vie normale avec papa et maman.

Mais tout le long du voyage, nous n’avons pas arrêté de parler de nos fils, de dire qu’ils auraient aimé telle ou telle chose durant le voyage, de penser à eux… Nous nous sentions en totale contradiction entre notre besoin de nous retrouver seuls et notre envie d’être avec nos enfants pour partager ce moment de bonheur sur le bord de la mer.

Au point qu’une semaine après notre retour, nous avons réservé un autre voyage pour mars, mais… avec eux cette fois-ci!

Karinne B. Daigneault

Bébé oups, me voilà !

T’sais, dans la vie, on n’a pas toujours le contrôle de tout. E

T’sais, dans la vie, on n’a pas toujours le contrôle de tout. Et savez-vous quoi? C’est ben correct de même! Ça ne se passe pas toujours à notre façon, selon les règles de l’art et dans les étapes que l’on s’imagine suivre… Une vie aussi parfaite que les jeux de Playmobile ou encore les films d’amour indiens où tout le monde danse autour des mariés avec des couronnes de fleurs, et cinq minutes après, ils ont une trâlée de bébés, ça n’existe pas. La vie se présente avec des surprises auxquelles on ne s’attendait vraiment pas et qui changent les pages de notre vie.

Notre histoire

Je croyais que pour fonder une famille, il y avait un guide à suivre avec un mode d’emploi et que le jour où cela m’arriverait, tout serait parfait et pensé. Le chum, une relation d’au moins deux ans, une maison en banlieue, un chien, puis POP! un bébé, puis un autre. Je me voyais suivre l’exemple de mes parents ensemble depuis plus de quarante-et-un ans et toujours amoureux.

J’ai des petites nouvelles pour toi, fille:  non seulement je suis tombée en couple au moment où je m’y attendais le moins et où je désespérais à me dire que ça ne m’arriverait jamais de trouver LE BON, mais en plus ce nouveau chum a réussi à m’ensemencer aussi rapidement qu’un éclair! C’est à peine s’il avait pénétré de deux centimètres que POUF, un petit spermatozoïde s’était réfugié sans avertir dans ma cabane. Un intrus chez moi! Mon chum était le soi-disant TITAN de la fécondation et ici, je dis que nous faisons partie du 1 % d’inefficacité de la pilule contraceptive.

J’étais la première à juger les autres en disant qu’élever un enfant dans une relation de moins d’un an avec un homme qui t’est encore inconnu était insensé. Et un jour, je suis là à regarder mon test de grossesse positif… c’était l’effet d’une bombe. Ce sentiment d’être heureuse et en même temps inquiète pour l’avenir de notre couple.

Notre couple avait traversé de dures épreuves : un avortement, mon départ vers les Philippines un mois après notre rencontre, pour me retrouver au même point de départ, enceinte de lui à nouveau malgré le contraceptif. Faut croire que mes hormones étaient très ébranlées par sa présence!

1,2, 3, GO, on est prêts!

Y a-t-il vraiment un moment où on se dit : « Ça y est, je suis prête? » Pour notre part, ce bébé était attendu évidemment, mais un peu plus tard. Oh! Que oui, l’amour était au rendez-vous, nous étions fusionnels. J’avais vingt-neuf ans, lui trente-cinq ans, on s’est dit : « C’est notre chance! » Jamais auparavant je n’aurais pu m’imaginer ce scénario : moi enceinte de l’homme que j’aime, mais que je connais à peine.

Nous étions passés par un avortement après un mois de relation et cela avait laissé un grand vide dans nos cœurs. Il n’était pas question de revivre cette situation déchirante. Cet homme-là était ce qui m’arrivait de plus beau. Jamais je n’avais rencontré quelqu’un qui me complétait aussi bien. Nous étions en symbiose, comme deux ados émerveillés par tout et rien. J’admirais cet homme pour sa détermination et sa façon de prendre soin de moi. J’avais enfin le sentiment d’avoir trouvé le bon et que peu importaient les embûches, il serait aussi un bon père pour mon enfant.

La peur…

Nous avons discuté longuement et avons choisi de voir grandir ce petit être en moi et de nous donner cette chance. Cet enfant était revenu en moi et pour les bonnes raisons. C’était notre petit miracle qui ensoleillait nos pensées et notre cœur. C’est aussi la première fois que je connaissais la peur de l’abandon, la peur de me faire juger par mon entourage, de rencontrer la famille de mon chum pour la première fois à notre shower…

Je n’avais aucun contrôle sur mes sentiments ni sur mon corps et la suite des événements, mais je savais une chose : ce bébé-là était désiré, aimé, et cet amour serait éternel. En fait, j’étais surtout choyée qu’il m’ait choisie comme maman! Attendre un enfant, que tu sois en couple depuis huit ans ou bien dans une relation depuis six mois, pour moi c’est la même chose. Personne ne peut te garantir que tout ira bien, mais chacun fait de son mieux et il faut se faire confiance. Je me suis fait confiance!

Ici et maintenant

Aujourd’hui, notre relation amoureuse a évolué à notre façon avec ses hauts et ses bas. Nous sommes toujours amoureux, mais en prime, ce petit être s’est collé à nous et pour rien au monde, nous ne changerions notre place! Déjà un an s’est écoulé depuis l’arrivée de notre fils et chaque jour, mon chum et moi nous regardons en nous disant qu’on est vraiment heureux de ce choix et de cette vie à trois!

Je vous aime, mes amours!

Merci la vie!

Il y a six ans, j’arrivais avec un petit bébé d’à peine une s

Il y a six ans, j’arrivais avec un petit bébé d’à peine une semaine dans mes bras pour commencer ma nouvelle vie de maman. Dans une place inconnue, loin de mes repères et dans une langue non familière. Ma grande, tu as fait tes premiers pas là-bas, dans notre premier appartement, et tu y a dit tes premiers mots. Puis, nous sommes déménagés pour plus grand, car un autre petit bébé arrivait au printemps.

Ton petit frère a grandi et pleuré, et je l’ai consolé à plusieurs reprises dans cette maison. Toi, ma grande, tu as fait trois rentrées scolaires là-bas, en anglais. Faut dire qu’après seulement quelques mois, tu te débrouillais très bien. Avec toi, petit homme, nous avons passé tellement de midis au patin pour que tu apprennes à te tenir debout! Tu as, toi aussi, fait une première rentrée scolaire.

Et maintenant, six ans plus tard, nous revoilà. De retour à mes racines, près de nos familles. Mais on laisse derrière nous des amitiés merveilleuses, une plage unique, des paysages magnifiques et un service de santé avec beaucoup de rapidité. J’en reviens avec la tête remplie de souvenirs heureux, de peine, mais tellement grandie, que ce soit dans ma débrouillardise ou mon rôle de maman. J’ai été confrontée à des situations qui ne seraient pas arrivées ici. Loin de la famille, nos amies deviennent nos repères quand on est loin. On ne se voisine pas beaucoup, mais on sait que si une bad luck nous arrive, elles seront là, prêtes à nous aider, peu importent l’heure et la raison. Et Dieu sait qu’il y en a eu, des péripéties et des mésaventures durant ces années.

La longue route à faire et les valises ne me manqueront pas. Fini les naissances, décès et toute autre occasion manquée. Nous serons là, en chair et en os dorénavant. C’était définitivement les moments les plus difficiles. Par contre, il faut dire que nous avons eu la chance de recevoir de la visite. Eh! Oui, quelle gang de fous de vouloir faire plusieurs heures de voiture pour voir nos jolies faces! Je ressortirai à mon tour valises et patience pour retourner voir nos amis merveilleux.

La vie nous apporte des moments joyeux et par moment, elle nous écorche un peu. Mais une chose est sûre, nous en sortons grandis à chaque fois. Je suis fière d’être passée par ce chemin non traditionnel de jeune maman et de conjointe de militaire. Avoir été déracinée quelques années me démontre aujourd’hui à quel point on est bien chez nous. Merci la vie!

La contraception n’est pas seulement une affaire de femmes!

On est deux pour faire l'amour. Deux.

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On est deux pour faire l’amour. Deux.

Pourtant, ce sont trop souvent les femmes qui sont responsables de la contraception. Si cette dernière est un échec : ce sont elles qui sont prises avec de quoi qui pousse dans leur bedaine et se retrouvent confrontées à la plus grande décision de leur vie.

On peut bien me dire que les hommes sont présents pour nous accompagner, nous encourager, nous tenir la main, nous rappeler de prendre notre pilule, nous flatter le dos quand on a mal, mais… c’est notre corps à nous, femmes, qui doit subir la contraception…

Prise d’hormones, installation d’un corps étranger dans notre utérus, injection de spermicide dans notre vagin, etc… Toutes ces méthodes ont des effets secondaires que seuls notre corps de femmes doit encaisser… Sans parler des risques cardio-vasculaires et des fortes probabilités de développer un cancer du sein…

Je suis heureuse, fière et terriblement reconnaissante envers nos hommes qui décident de subir une vasectomie définitive, nous permettant d’avoir une vie sexuelle épanouie, sans avoir à gérer ce risque d’avoir un autre bébé. Ils font ainsi de la contraception une affaire de couple! MERCI!

Mon corps a subi trois césariennes en moins de quatre ans. Les médecins ont été unanimes : avoir un autre enfant serait impossible, extrêmement dangereux… J’ai donc pris la décision de me faire ligaturer les trompes. En France, à l’époque on ne connaissait pas la vasectomie. Quand le gynécologue nous en a parlé, mon chéri a dit :

– Tu as beaucoup donné. On t’a ouvert trois fois le ventre. Je ne veux pas que tu subisses une autre chirurgie. C’est mon tour. La vasectomie est une chirurgie mineure. Je vais faire ça. Pour toi. Pour moi. Pour nous.

À vingt-neuf ans, il a donc décidé de nous offrir cette sérénité-là. De nombreuses questions se sont posées :

– Et si je meurs avec les enfants, tu n’auras jamais la chance de fonder une autre famille?

– Vous êtes ma famille, je ne veux pas d’autres enfants.

– Et si on se sépare, que tu tombes amoureux et que tu souhaites des enfants à nouveau?

– Me lever à nouveau la nuit aux deux heures, non merci, j’achète MA paix!

– Et si on change d’idée?

– Tu ne peux plus avoir d’enfants, je refuse de te mettre en danger.

– Oui mais si on veut un autre enfant?

– On adoptera un enfant qui est si seul, on l’aimera aussi fort.

Il a eu réponse à TOUTES les questions. Il n’a jamais hésité une seconde. Et malgré les moqueries de ses amis, malgré l’incompréhension de notre entourage, malgré ce sujet un peu tabou : il a eu cette chirurgie appelée vasectomie!

Pour tous les gars qui s’inquiètent : non, ça ne goûte pas le décaféiné, non, ça ne donne pas de troubles de libido ni de problèmes d’érection et non, ça ne fait pas de vous des « castrés » ou des faux hommes! Au contraire! Quelle liberté de pouvoir faire l’amour sans stresser, sans se soucier de la contraception, et ce, à vie! Quel honneur de savoir que mon homme est assez viril pour prendre ça en main et nous donner ce merveilleux cadeau!

Alors non, la contraception n’est pas seulement une affaire de femmes! Bravo messieurs!

 

Une dépression, ce n’est pas un paquet de steak haché!

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Une dépression, ce n’est pas un paquet de steak haché! Il n’y a ni date de préparation ni date de péremption. J’aurais beau me casser la tête afin de déterminer le moment où ma chute a commencé, c’est impossible! Je ne me suis pas couchée un soir, le sourire aux lèvres, pour me réveiller le lendemain avec le visage paralysé en mode baboune. C’est quelque chose qui s’est construit petit à petit.

Une dépression, c’est sournois. Tu vis ta vie, t’encaisses les balles courbes qu’elle t’envoie, t’essaies de focaliser sur le beau pour ne pas t’apitoyer sur ta petite personne. Tu fais la forte parce que c’est ce à quoi on s’attend de toi. Tu broies du noir, mais t’en parles pas trop fort, parce qu’au fond, y’en a des ben pires que toi et se plaindre le ventre plein, c’est ingrat. Tu t’habitues à répondre que tout est tiguidou lorsqu’on prend de tes nouvelles, mais tu t’arranges peu à peu pour être le moins souvent possible confrontée au fameux « Comment ça va? », parce que t’as peur que ta face finisse par te trahir.

Tu te dis que c’est passager… que ça va passer. Après la pluie vient le beau temps, non? Et ton entourage renchérit en prétextant que c’est juste une « mauvaise passe » : tu dois manquer de lumière, tu ne manges pas assez de fer, t’as de la fatigue accumulée, t’es due pour des vacances, etc. Les jours passent et tu te rends compte que les jokes de tes amis sont moins drôles, que le beurre de peanut goûte moins bon et que tu n’as plus le goût de danser dans le salon quand « ta toune » embarque.

Tu continues à te lever le matin, souvent parce que t’as pas le choix : des gens dépendent de toi! Alors tu fais acte de présence : tu t’habilles, tu te brosses les dents, tu fais les lunchs des petits, tu te pointes à la job, tu reviens à la maison en mode automatique, tu fais le souper et t’aides les enfants avec leurs devoirs en jetant constamment un coup d’œil à l’horloge dans l’espoir que la journée finisse par finir. Dormir devient le moment ultime de ta journée : le doux moment où tu peux te permettre de mettre ton cerveau et ton corps à off.

Éventuellement, tu te rends compte que sortir du lit devient une tâche plus ardue, et t’habiller devient superflu. La moindre obligation devient une montagne, la moindre confrontation te démolit et le moindre échec t’amène à te remettre en question. T’as tout simplement le goût de rien! Les larmes viennent plus facilement et t’as l’impression de n’être qu’un fardeau. Donc, tu t’effaces un peu plus. Tu deviens confrontée au fait que tu n’es plus une personne productive, pas plus au travail qu’au sein de ta famille, ce qui te jette encore plus à terre! Et là, ça te rentre dedans comme une tonne de brique : t’es pas juste triste ou fatiguée, et ça ne passera pas après une bonne nuit de sommeil ou une semaine à Cuba. Non! T’es malade!

La chute ne commence pas là, mais disons que la descente devient plus abrupte. C’est aussi là que ta « guérison » débute, lentement, pendant que tu tombes. Personne ne peut te dire combien de temps ça durera. T’as beau avoir toute la volonté du monde, le bonheur se reconstruit aussi lentement que la dépression s’est installée.

À un moment donné, tu te surprends à rire plus souvent, sans faire semblant. Tu te lèves un matin avant le cadran et le soleil te semble moins agressant. Quand le téléphone sonne, tu réponds. Tu réalises que le beurre de peanut, ça goûte le ciel! T’as envie de lire, de cuisiner, d’aller bruncher avec des amies, de te maquiller, d’aller voir un film… t’as le goût de quelque chose, pour vrai! Pis un bon jour, tu te mets à te déchaîner dans ton salon en entendant « ta toune », et tu sais, à ce moment précis, que ça va bien aller!

 

Toi, parent Taxi…

Après ta journée de travail, quand tu as vaincu le trafic, prépar

Après ta journée de travail, quand tu as vaincu le trafic, préparé le souper, géré les chicanes, terminé (enfin) les devoirs… quand tu aimerais tant t’écrouler sur ton canapé devant tes émissions préférées… tu dois repartir sur la route véhiculer ta progéniture à ses activités…

Tu passes toutes tes soirées dans l’auto, faisant des aller-retours… Tous les soirs, il faut ressortir pour du karaté, des scouts, de la danse, des cadets, du trampoline, de la musique…

Si tu as deux minutes de retard : tu te prends un char de marde par un ado frustré. Tsé, ce même ado qui baisse le son de TA radio, dans TON auto et insulte TON groupe de musique favori.

Hey! C’est mon char! C’est moi qui conduis! JE décide quel poste joue!

Garçon qui met finalement ses écouteurs et ne t’adresse pas un mot pendant le trajet.

Il te faudra insister pour obtenir un petit « merci » du bout des lèvres.

Tous les soirs…

Tu passes tes soirées seul dans ta voiture. Tu cumules les kilomètres. Parfois, tu te trompes : pas la bonne activité, pas le bon jour… Parfois, tu t’endors dans le stationnement… C’est là que le petit dernier t’appelle :

Tu rentres quand? T’es jamais là!

Parfois, il pleut, d’autres fois il neige, ça glisse, ça dérape, ça vente. Parfois, tes pensées prennent le dessus et tu passes tout droit au panneau d’arrêt…

STOP!

Tu aimerais te poser et te reposer. Tu penses à tes parents qui t’ont toujours reconduit quand tu étais enfant… C’est ta job. Être un Taxi…

Le samedi matin, au lieu de dormir : tu attrapes un café et tu sautes dans ta voiture avec l’équipement de sport… Te reprends la route… Tu relaxeras en après-midi, te dis-tu…

NO WAY!

Il faut les conduire chez les amis, chez les chums pis les blondes. Ils ont une vie sociale très développée ces enfants-là… et le grand ballet des va-et-vient se perpétue toute la fin de semaine…

Tu en as du courage, toi, parent Taxi. Je te lève mon chapeau. Tu fais en sorte que tes petits ont une vie intéressante, riche et passionnante. Tu n’hésites pas une seconde à te lever à trois heures du matin et à embarquer dans ton char pour ramasser ton jeune un peu trop éméché.

Tu montes le son de ta radio pour te garder alerte. Tu roules. Tu roules encore.

Tu mérites tous les honneurs… Souvent, tu chiales, mais tu finis toujours par faire le Taxi. Et regarde autour de toi, dans les véhicules à tes côtés… D’autres Taxis… D’autres parents… Dévoués…

Bravo chers Taxis. Et soyez prudents…