Archives mai 2017

J’suis un homme « pas » manuel!

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Dans la vie, tu as les hommes manuels et les « pas » manuels. Je suis clairement de la deuxième catégorie et c’est devenu « la » blague autour de moi. Je suis un cérébral, c’est comme ça! Par contre, j’aime beaucoup entretenir mon image d’homme « pas » manuel, ça fait toujours rire l’auditoire et ça m’enlève la pression de réussir. Et ça met en lumière mes petites réussites de travaux manuels. Lorsqu’il y en a!

Mais ne pensez pas que je suis complètement idiot avec un marteau, un tournevis ou un pinceau… Ce n’est simplement pas ma tasse de thé! Parlant de thé et de lien douteux avec l’alimentation, je suis un as dans une cuisine. Pas de gêne à vous dire que je suis un chef de formation et maintenant de passion. C’est cette passion qui me stimule, me relaxe, me fait vibrer et qui me sert de courroie de partage avec les gens que j’aime. C’est quand même très bien comme talent et aptitudes; il y a beaucoup d’avantages à avoir un homme qui brille au fourneau. Par contre, t’as beau faire le « presque » meilleur macaroni au fromage, quand c’est le temps d’entreprendre un projet de réparation, de construction ou de rénovation, ça ne pèse pas fort dans le coffre à outils.

Le pire pour un homme comme moi, c’est que dans ma tête, les idées sont bien présentes. Je vous l’ai dit, je suis un cérébral. Mon problème, c’est le :

« Comment qu’on fait ça? »

« Avec quoi qu’on fait ça? »

« Est-ce que j’ai les outils pour ça? » 

Ma blonde me parle d’une idée pour fermer le dessous du balcon depuis deux ans. Elle me répète et me dit que c’est une tâche facile. Mets du bois ici, une vis là et une porte par là et tu vas voir, ça va être propre. Dans ma tête, c’est pareil comme si elle me parlait en mandarin. Je le sais, c’est probablement un petit projet idéal pour un débutant. Je le vois très bien dans ma tête, mais ça s’arrête là. Mon meilleur ami qui est surdoué de ses mains et vrai manuel pourrait me faire ça assez facilement. Vous devriez voir le nouveau « patio » qu’il s’est construit. « Le patio! » Je ne vous parle pas du plus beau de la rue, mais de la ville en entier… On pourrait appeler ça une terrasse ou un 3 ½ sur trois niveaux. Faudrait que vous le voyiez pour comprendre, c’est à faire rêver! Par contre, pour être bien honnête, il n’a aucune chance dans une compétition de macaroni au fromage. J’pense qu’il ne sait même pas faire ça, un macaroni au fromage. D’ailleurs, il est où quand j’ai besoin de lui pour me sauver la face avec mon projet de dessous de balcon?

Je dois vous dire que j’ai quand même quelques bonnes forces dans les travaux manuels. En fait, je pense avoir certaines forces que mon père m’a transmises. Des forces transmises de génération en génération. Dans la famille, nous sommes forts dans les gradateurs de lumières. Je maîtrise très bien l’art d’installer des gradateurs pour vous créer des ambiances parfaites, peu importe la pièce. Pour savourer un succulent macaroni au fromage, avouez que sans le gradateur, ce n’est pas aussi bon!

Tout ce qui est installation au mur comme des cadres, des toiles, des tablettes ou encore des pôles à rideaux, je suis un champion. Un champion des vis et des chevilles. Jamais je n’installe une vis sans sa cheville. Une ne va pas sans l’autre, ça, je l’ai compris. Je suis aussi assez habile avec le pinceau et le rouleau. Je ne découpe pas encore à main levée, mais ça viendra un jour.

Ça tombe bien parce qu’en ce moment, vous le savez déjà, la mode est aux projets Pinterest. Au partage des idées et des projets sur les réseaux sociaux. Sérieusement, ma blonde est une experte de ce type de passe-temps. Des projets, il n’en manque pas. Le seul bémol : ils ne donnent jamais le mode d’emploi, sur ce site-là!

Pour un gars comme moi, c’est la partie la plus importante!

« Ne m’aidez surtout pas, svp! »

Mon dernier succès, un magnifique mur de photos avec cadres de différentes grosseurs inspiré de Pinterest. J’en suis bien fier puisque le défi était grand. Aucun mode d’emploi, aucune idée de mesure, un grand nombre de cadres de différentes grosseurs et de différentes épaisseurs, mais j’ai réussi. Le résultat est magnifique. Ce n’est pas le projet qui fait que je m’imposerai dans le « monde du patio » comme mon ami, mais ma blonde est heureuse et fière, c’est ça l’important!

J’ai bien l’intention de continuer à apprendre, à évoluer et à m’améliorer en tant qu’homme manuel à la maison. Mais faut être réaliste, mon intention n’est pas de devenir un expert de la rénovation. Si je ne parviens qu’à réaliser les petits projets de mon amoureuse, je serai un homme fier!

Je préfère confier le reste à des amis de grands talents. J’suis un homme « pas » manuel et je l’assume très bien! Pour vous remercier, je m’occuperai de vous fournir le festin en fin de journée. Parce qu’au-delà du talent et des efforts, il faut savoir reconnaître nos forces et surtout, il faut faire vivre nos vraies passions.

 

Marc-Antoine Lavallée

 

 

Maman est en peine d’amour!

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Je suis une maman. Je suis une femme. Séparée du père de mes enfants depuis cinq ans, je ne pourrai jamais affirmer que j’accepte le fait d’être avec mes enfants une semaine sur deux. Si vous préférez, passer du temps avec eux la moitié de l’année. Je ne suis pas un Nobel de mathématique, mais vite de même, c’est le calcul. Je suis aussi obligée de dire que la semaine sur deux en solo me permet de m’épanouir de plusieurs façons pour être une meilleure maman, une meilleure personne et pour avoir de l’espace pour un nouvel amour.

Être une maman séparée, c’est aussi, pour moi, vouloir trouver une personne pour partager ma vie amoureuse. Que les enfants soient bien avec lui et vice versa.

J’avais trouvé cette personne, celui avec qui je désirais me bercer à 90 ans. On a passé beaucoup de bon temps en couple et avec les enfants. Les siens, les miens. J’étais heureuse dans ce contexte familial. Je l’ai aimé et un bon matin, comme si tout cela n’avait que peu d’importance, il m’a dit ne plus vouloir continuer sa route avec moi. Un grand choc dans mon cœur, un tsunami dans ma vie. Comme si tous mes repères s’étaient effacés.

Dans cette tempête d’émotions, je continuais d’être une maman, une maman en peine d’amour. En plus de vivre mes propres émotions, j’ai vu à quel point, dans cette situation, les enfants ressentent tout, saisissent tout. Ils sont excellents pour remettre les idées en perspective, pour nous soutenir à leur façon. Je suis restée l’adulte et eux, les enfants; dans cette période, ils m’ont démontré tout l’amour inconditionnel qu’ils me portent et ce fut réciproque. On était déjà proches les enfants et moi; maintenant on est très proches tous les trois. Je me suis tant inquiétée de leurs réactions, tant inquiétée de la façon dont je serais encore une bonne maman dans cette tourmente. Je suis rassurée!

Comment leur parler de ma peine, pourquoi maman a envie de se rouler en boule dans un coin, pourquoi maman a la larme à l’œil aux cinq minutes. Vivre une peine d’amour avec mes enfants lorsque ce n’est pas avec leur père m’a fait peur, peur de les blesser. Vite envolée grâce à ces deux êtres si bien faits dans leur cœur. Dans les faits, je n’ai rien eu à expliquer. J’ai été totalement vraie à chaque instant. Je ne me suis pas excusée d’être triste comme on ne s’excuse pas d’être joyeux. Toutes les émotions méritent d’être vécues, c’est une valeur primordiale à transmettre pour moi et c’est ce que j’ai fait. Mes enfants seront un jour en amour, ils vivront des ruptures, mais sauront que la lumière revient toujours, que l’on reste entier avec ou sans la personne qu’on a aimée. Quelques mois sont passés depuis; tranquillement, je me retrouve, la maman, la femme, et je continue ma route.

Éventuellement, je trouverai cet homme pour me bercer à 90 ans et je sais que mes enfants auront reçu un message très important : l’amour fait parfois mal, mais l’amour nous rend surtout incroyablement bien. Être bien avec soi pour être doublement bien à deux! L’amour de mes enfants et envers mes enfants demeure ma priorité numéro un et il y a une belle place pour l’amour d’un homme pour la femme que je suis. Le soleil revient doucement, tout retrouve de merveilleuses couleurs.

 

Marie-Josée Gauthier

 

 

 

 

Ma fille est maintenant mon fils

Ma doudoune, oups! Mathis va avoir dix-sept ans. Il sait maintenant

Ma doudoune, oups! Mathis va avoir dix-sept ans. Il sait maintenant ce qui se passe en lui. Il s’est informé sur ce qui se passait dans sa tête et dans son corps. Il peut mettre des mots sur ce qu’il ressent. Il a pris contact avec un jeune qui vit la même chose que lui. Il communique avec lui, lui pose des questions. Il ne se sent plus seul. Il peut enfin affirmer, confirmer qu’il est bien un garçon dans un corps de fille.

C’est pour cela qu’il m’a envoyé un texto pour me dire qu’il n’était pas bien dans son corps, qu’il n’était pas dans le bon corps. Biologiquement, mon enfant est né fille, mais son cerveau lui dit le contraire. Maintenant, je comprends tellement de choses! Mon fils a une dysphorie de genre, qu’on appelait autrefois un trouble de l’identité.

Après le choc de son coming out, j’ai versé beaucoup de larmes, je pleure encore cachée dans ma chambre. J’ai été en colère, car je me sentais coupable. Qu’est-ce que j’avais fait pour qu’il se sente ainsi? J’ai cherché de l’information sur le net, il n’y en a pas beaucoup. J’en ai parlé avec mon chum, mais il garde tout pour lui. Avec la jumelle de Mathis, qui est tout à fait à l’aise avec la décision de Mathis. Pour mon fils le plus vieux, c’est une autre histoire, mais comme il me l’a déjà dit : « Je comprends pas, mais je vais toujours l’aimer. »

Ce n’est pas toujours facile, l’angoisse me monte souvent à la gorge et m’empêche de respirer, mais je ne peux que l’aimer, le soutenir, l’accompagner dans sa transition.

Maintenant qu’il se sent de mieux en mieux dans son corps et dans sa tête, il est beaucoup plus calme, agréable, souriant, drôle, joyeux, moqueur, disponible pour ses études et ses apprentissages. Il ne fait presque plus de grosses colères, il est beaucoup moins impulsif et il me permet maintenant de l’embrasser, de lui faire des massages aux pieds, de gratter son dos, il veut parfois que j’aille le border, on fait des blagues ensemble. Cela faisait tellement d’années que je n’avais plus de contact affectueux avec lui. Il ne me laissait plus l’approcher.

N’ayez crainte, il est comme tous les autres adolescents que je connais, il passe par sa crise d’adolescence lui aussi! Et ce n’est pas toujours une partie de plaisir!

J’ai dû contacter le CLSC pour avoir une personne ressource pour aider Mathis à prendre la bonne décision. Une sexologue clinicienne a pris Mathis en charge et elle le voit régulièrement à l’école depuis le mois d’octobre.

Mon fils a fait sa transition sociale. Il se fait appeler Mathis par sa famille et ses amis. Nous utilisons le pronom « il », il nous parle de lui au masculin. Je le trouve fort et courageux. Je le découvre, j’apprends à le connaître.

Il s’habillait déjà avec des vêtements de jeune homme, donc pas si nouveau comme changement, et facile d’adaptation pour sa famille et ses amis.

Il en a parlé à deux de ses professeurs en qui il a confiance. La directrice, l’éducatrice spécialisée, le médecin de famille, la coiffeuse sont maintenant au courant.

Il s’est fait pousser le poil sur les jambes et sous les aisselles, un p’tit choc pour maman!

Il avait les cheveux longs jusqu’aux fesses, maintenant ils sont très courts. Il a perdu tout le blond doré de ses belles bouclettes… Un autre choc pour maman!

L’autre changement qu’il voulait faire le plus rapidement possible, c’était de cacher ses seins. Sa sœur jumelle, Mathis et moi sommes partis à Montréal, dans une ressource pour personnes trans pour qu’il puisse faire l’acquisition d’un chest binder (camisole d’un tissu extrêmement rigide qui permet de cacher ses seins) Nous étions tous les trois dans la salle de bain lors de l’essayage. On a eu quelques fous rires, ça nous a fait du bien.

Mais ça ne s’arrêtera pas là! Mathis veut se faire enlever les seins à dix-huit ans! Un ostie de gros choc pour Maman!

Je trouve ça pénible de savoir que mon enfant va souffrir physiquement lors de cette intervention. Même si je sais que présentement et depuis quelques années, il souffre psychologiquement. C’est comme un point de non-retour!

La sexologue nous a donné le numéro de la clinique du Dr Gosh. Il est le seul pédiatre au Québec spécialisé en la matière. L’attente fut longue pour Mathis. Il s’est mis en colère à plusieurs reprises, car ça n’allait pas assez vite pour avoir un rendez-vous, et c’est moi qui payais pour cela. Il devenait agressif envers moi. Une chance que j’avais du soutien moi aussi de la part de la sexologue et qu’elle m’aidait dans tout ce cheminement.

J’avais aussi besoin de m’exprimer sur ce que j’étais en train de vivre comme maman. J’avais besoin de comprendre, j’avais besoin de pleurer, j’avais besoin de dire tout haut ce que j’avais sur le cœur, sans jugement, sans taire ce qui me blessait au plus profond de mon être.

Mon bébé a choisi de vivre une vie différente de celle que je lui ai offerte.

Mon bébé a choisi un chemin de vie difficile. Et j’ai peur pour lui.

Peur qu’il souffre des commentaires et des jugements des autres. Peur qu’il ne trouve personne pour l’aimer comme il le mérite, peur qu’il vive de l’intimidation, peur qu’un jour il regrette…

Nous avons posé nos questions, Mathis aussi! Nous sommes repartis avec une requête pour des prises de sang et une prescription pour des bloqueurs d’hormones (transition médicale). Mathis a encore le temps et le droit de changer d’idée à cette étape. Mais je ne crois pas qu’il le fera. Mais pour moi, c’est rassurant! Il est très heureux de savoir qu’il n’aura plus à subir de cycle menstruel.

Prochaine étape, ce sera la thérapie hormonale qui va commencer autour du mois de juin.

Je m’arrête ici, car j’essaie de vivre une étape à la fois. Le « ici et maintenant »! Le moment présent!

Ha oui! Mathis est un jeune homme qui pogne avec les filles. Merci aux parents qui vont peut-être croiser le chemin de mon fils. Merci d’être ouverts d’esprit, merci de l’accepter, de ne pas porter de jugement. Merci de respecter le choix de vie de votre fille, de respecter mon enfant. Nous les adultes avons souvent peur des différences, peur de ce que nous ne connaissons pas, peur des qu’en dira-t-on. Mais donnez-vous la chance de connaître mon enfant, il est et il sera un homme d’une belle droiture.

Line Ferraro

Se donner du lousse l’été, ou l’art de se pogner le beigne!

Le printemps à peine entamé, dans un aréna bondé

Le printemps à peine entamé, dans un aréna bondé de parents complètement vidés, je sentais déjà le désespoir s’installer. La saison tirait à sa fin. L’odeur nauséabonde de l’équipement de hockey de fiston planait encore dans la voiture et nous rotions encore notre dernière poutine que déjà, la question fatidique commençait à se faire entendre : « Toi, ton enfant, tu l’inscris à quoi, cet été? »


J’ai toujours ressenti un certain malaise à avouer que par chez nous, on se donne du lousse l’été : pas de cours! Il m’arrive de percevoir du jugement, et même de la surprise, dans le regard des autres parents. À croire que je néglige mes enfants! Comme si ma progéniture allait s’engouffrer dans un état léthargique permanent, par ma faute, parce qu’elle n’est pas stimulée et dirigée trois fois par semaine, le temps des vacances scolaires; comme si notre existence allait s’arrêter là.


Honnêtement, lorsque l’été se pointe, je remercie le ciel de me redonner un semblant de vie (enfin! Je vais pouvoir dormir le samedi matin!), alors que d’autres parents ont l’impression de perdre le sens de la leur. C’est comme si l’idée (complètement absurde et irréaliste pour certains!) de ne pas avoir un horaire réglé au quart de tour, de ne pas courir sans cesse d’une activité à l’autre comme des poules pas de tête et de ne pas être systématiquement entourés de gens, engendrait un sentiment de vide qu’il fallait absolument combler par autre chose.


Est-ce égoïste de ma part? Sans doute un peu. Je ne vous le cacherai pas : après dix mois de repas sur le pouce, de weekends consacrés aux spectacles et aux sports, de voyagement à travers la province pour les divers tournois, de soirées à ne pas voir mon chum parce qu’on doit faire le taxi chacun de notre côté, et d’un emploi du temps établi en fonction de l’horaire surchargé des petits, la maman, et son portefeuille sont à boutte! Est-ce si déraisonnable de vouloir avoir la paix le temps d’un été? Peut-être qu’avoir des trous dans mon horaire, ça ne m’embête pas tant que ça, moi, finalement!


C’est vrai, mes enfants aiment apprendre de nouveaux accords à la guitare et perfectionner leur dernier kata. Oui! Du hockey, mon fils en mange! Mais vous savez quoi? Mes enfants ne haïssent pas ça non plus, flâner en pyjama le dimanche matin, ratatiner dans la piscine tout l’après-midi et partir à la conquête du quartier en vélo avec leurs amis. Parce que de temps en temps, c’est l’fun de vivre au gré du vent sans jongler avec les horaires de tout le monde. Parce que des fois, ça fait du bien de se pogner le beigne et de décrocher!


Je vous rassure : le cerveau des enfants ne ramollit pas parce qu’ils profitent de leur été pour jouer. À ce jour, je n’ai jamais entendu un criminel expliquer qu’il a emprunté la voie du crime organisé parce que son abominable mère ne l’avait pas inscrit à la balle-molle l’été de ses huit ans. Ne pas faire partie d’une équipe sportive ou ne pas apprendre une nouvelle discipline ne veut pas nécessairement dire que votre enfant tombera dans la consommation de drogues dures ou qu’il aura le temps de s’adonner à la planification d’une attaque terroriste. Un enfant peut très bien se développer, s’épanouir et socialiser sans être constamment dirigé!


Comprenez-moi bien : je n’ai rien contre les enfants qui pratiquent des activités organisées pendant la saison estivale. Je me demande simplement pourquoi on s’en impose tant, tout le temps! Je sais que les « Je ne sais pas quoi faire » et « C’est plate! » retentiront de temps à autre dans ma maison cet été. Mais je sais aussi que mes enfants en profiteront, qu’ils développeront leur autonomie et leur imagination, qu’ils se bâtiront une banque de souvenirs et qu’à la fin de l’été, papa et maman se seront reposés et seront d’attaque pour une autre année mouvementée.

 

Stéphanie Nesteruk

Le plus fort n’était pas mon père

J’ai quatre ans. Nous sommes en direction de la maison de mon pèr

J’ai quatre ans. Nous sommes en direction de la maison de mon père. Sa main est sur ma cuisse. Geste anodin que je ne supporte toujours pas aujourd’hui. À l’époque, les enfants sont assis du côté passager à l’avant. Parfois, mon père a une bière entre les jambes lorsqu’il conduit. La DPJ n’existe pas. Une fin de semaine sur deux, je deviens le jouet sexuel de mon père. C’est lui qui m’initiera à la masturbation, aux fellations et à divers attouchements. Cela durera quatorze ans.

J’ai compris très tard, trop tard, que ce n’était pas tous les papas qui jouaient de cette façon avec leurs petites filles. Je savais très jeune, trop jeune, que c’était mal. Mais ce n’était que ce que je connaissais. J’ai compris très tard, trop tard ce qu’était un vrai papa, un bon. Vingt ans plus tard, après d’innombrables thérapies, je me sens toujours coupable d’avoir attisé le désir de mon père alors que je n’étais que toute petite.

Tout demeure sous forme de flashback. Ma main minuscule sur son pénis. Ses halètements saccadés. L’odeur de son sperme. Il m’aimait tant, qu’il disait. Sa petite princesse.

La petite princesse s’en est allée.

Jour de Pâques. J’ai dix-huit ans. Lors du brunch de famille annuel. Lui, il est toujours placé à ma gauche. Ça discute des émissions L’amour avec un grand A de Janette Bertrand. Et mon père de dire à la blague : en tout cas moi, j’en fais de l’inceste avec ma fille. Son rire assourdissant par la suite. Et les rires des autres convives. Mon cœur a arrêté. Ce jour-là, j’ai quitté le dîner, traversé la porte et je ne suis plus jamais revenue.

S’ensuivit une période folle. Je prenais déjà plusieurs douches par jour afin d’expier je ne sais quoi, je m’automutilais aux poignets afin de diminuer mon anxiété et gérer mes crises d’angoisse, sans parler de quelques tentatives de suicide, dont la première à onze ans dans ma cour d’école. J’avais tenté de me pendre à la clôture de mon école primaire à la fin des classes. Un surveillant était arrivé. Qu’est-ce que tu fais là?! Je ne fais rien, monsieur. Il était mécontent. La directrice et ma mère le lendemain étaient aussi mécontentes.

J’ai donc continué. À me faire mal. À tenter de me suicider pendant les dix années qui suivirent. En secret. Sans rendre personne mécontent.

J’ai appris à être belle et à me taire. J’ai appris à être un objet sexuel pour assouvir les besoins. Je me suis beaucoup donnée. J’y ai mis beaucoup d’efforts. C’est ce que je connaissais.

Puis j’ai arrêté. Mon corps m’a arrêtée. Je portais mon premier bébé. Je portais la Vie. Une deuxième chance se pointait.

Je suis aujourd’hui dans la quarantaine. Les vingt ans d’abus sont passés. Je ne pardonnerai jamais. Je n’oublierai jamais. J’apprends à vivre avec. Je ne vois plus ce père depuis vingt ans. Il ne serait pas mort. J’ouvrirai une bouteille rendue là et je fêterai son décès. Je ne l’ai pas emmené en cour. Il aurait fait le sixième de son temps. J’ai fait quarante ans. Replonger dans les souvenirs demeure trop douloureux. La mémoire heureusement protège. J’arrive tout de même à être épanouie aujourd’hui. J’ai plein d’enfants formidables, un amoureux extraordinaire, une belle-famille, des amis présents et une carrière florissante.

Mais oui, la tristesse de fin du monde demeurera. Tapie tout au fond de moi.

Tu n’as jamais été le plus fort papa.

Jamais tu ne le seras.

Eva Staire

 

Te voilà orpheline

Mon amour, la vie te fait subir aujourd’hui une te

Mon amour, la vie te fait subir aujourd’hui une terrible épreuve. Tous les enfants savent qu’ils devront voir leurs parents partir un jour ou l’autre. Et tous les parents prient pour partir avant leurs enfants. Parce qu’on sait que nos cœurs de parents ne survivraient jamais à la perte d’un enfant… Voir son parent partir, c’est censé être naturel, puisque c’est l’ordre normal des choses. Mais personne ne t’avait dit à quel point ça allait faire mal.

Tu as eu la grande chance de savoir son départ prochain. Le cancer est un mal terrible, qui permet toutefois un choc moins subit. Ça faisait des mois que tu le savais… Ça faisait des mois que tu voyais ce terrible mal s’emparer de cette personne qui t’a élevée. Elle t’a appris à marcher, à manger, à parler… Et dans ses derniers instants, elle n’avait plus la force de se nourrir, de se lever, ni de te raconter à quel point elle avait peur…

Tu aurais dû te préparer à son départ et commencer à faire ton deuil… mais tu étais paralysée par la peur de la voir partir. Être au courant de sa mort imminente, c’est une chose, mais ça ne rend pas la chose moins douloureuse, ni moins terrible. Et tu n’étais pas prête à faire ce deuil. Je le sais…

Je t’ai vu dans la colère et dans le déni, pendant des mois. Qu’est-ce que j’aurais pu faire? Qu’est-ce que je pouvais dire? Te faire la leçon n’aurait servi à rien, et te forcer à parler de ta douleur n’aurait rien donné de bon. Mais te voilà aujourd’hui, devant ce grand lit vide. Ta souffrance est énorme et je ne peux, encore aujourd’hui, rien faire pour te soulager…

Mais je tenais à t’écrire cette lettre. Parce qu’aujourd’hui, tu te dis que tu seras seule à ton mariage. Que personne ne sera là pour te prendre dans ses bras quand tu mettras ton premier enfant au monde. Que tu feras face à un immense vide lorsque tu vivras tes peines… Mais tu as tort. Tu as tellement tort. Principalement, parce que tu auras sur toi, tous les jours de ta vie, le regard de tes parents qui t’aiment, peu importe où tu iras. Je te le promets.

Et je te promets que je serai là. Je serai là pour t’écouter quand tu seras en colère. Je serai là pour te bourrer de chocolats et de crème glacée quand tu vivras de grandes peines. Je serai là pour te serrer dans mes bras, chaque fois que tu en auras besoin. Et je crierai avec toi, chaque joie que tu voudras bien partager avec moi.

Je ne remplacerai jamais tes parents. Mais je te promets d’être la sœur que tu n’as jamais eue. Et sache que peu importe ce que l’avenir te réserve, ils seront fiers de toi. Parce que tu as été la plus merveilleuse des filles qu’ils auraient pu avoir.

Je t’aime.

Et tout va bien aller.

Promis.

Joanie Fournier

Attention au coup de chaleur!

L'été, le soleil, la chaleur... ça nous avait tant manqué! Certa

L’été, le soleil, la chaleur… ça nous avait tant manqué! Certaines personnes sont très sensibles aux températures élevées, notamment les enfants en bas âge. Le coup de chaleur tue chaque année! C’est un état de choc par déshydratation qui peut entraîner de graves séquelles. Comment réagir ? Comment le prévenir?

En premier lieu, il faut essayer de faire la différence entre un enfant qui a chaud (il transpire) et un enfant qui fait un coup de chaleur (il ne transpire pas). En coup de chaleur, la personne peut se sentir étourdie, confuse, sa peau est chaude et sèche, elle souffre de maux de tête, de maux de ventre, de nausées et même de vomissements ou de convulsions.
Si elle est confuse ou perd connaissance, c’est une urgence vitale, vous devez appeler le 911.

Il faut absolument faire baisser la température du corps et hydrater la victime.
Appliquer des serviettes d’eau froide sur la nuque et sur le front de l’enfant et mettre de la glace sous ses aisselles va aider à faire baisser rapidement la température de son corps. Essayez de déplacer la victime vers un endroit frais. Vous pouvez également l’immerger dans l’eau fraiche. Vous devez l’hydrater avec de petites quantités d’eau. Allez-y gorgée par gorgée.

Pour prévenir le coup de chaleur il est important de s’hydrater suffisamment (un verre d’eau toutes les 10 minutes en cas de canicule, surtout lors de la pratique d’une activité physique) et de se refroidir souvent (air climatisé, jeux d’eau, piscine, endroits aérés et ombragés). Et couvrez-vous la tête!

La consommation d’alcool et de caféine accélère le processus de deshydratation.
Les enfants n’ont pas la sensation de soif, il faut penser pour eux et leur donner de l’eau souvent!

Si l’enfant fait du sport pendant la canicule (sur un terrain de soccer, par exemple), vous pouvez ajouter un peu de sel dans son eau.

La prévention est le meilleur moyen de lutter contre le coup de chaleur et de profiter en sécurité de ce bel été qui s’installe!

Gwendoline Duchaine

La mère poule

Oui

Oui, je suis une maman poule et je l’assume pleinement. Dites merci à mon anxiété. Telle une vraie maman poule, je dois toujours avoir mes enfants à l’œil. Je porte une attention particulière à ma couvée. J’aime me sentir en contrôle de tout, ça me calme. Je vous entends déjà dire que je dois couper le cordon. Je vous jure que j’essaie très fort.

Mais là, c’était impossible. Mes deux plus vieilles ont eu une invitation à une fête d’amie. Jusque-là, tout allait bien. C’est lorsque j’ai vu l’heure de la fête, de 18 h 30 à 11 h. Oui, le lendemain matin! Mes filles allaient découcher. Une première, pour elles et pour moi. Si je leur accordais la permission. Et j’ai succombé, j’ai dit oui.

Jusqu’au fameux soir, je me trouvais bonne. Je gérais bien. Mais le soir venu, c’était une tout autre histoire. Premièrement, j’ai envoyé papa les reconduire. Pourquoi? Parce qu’en route, j’aurais trouvé mille et une raisons pour ne pas les laisser dormir là. Je me connais, j’aurais pu aller jusqu’à inventer un fantôme vivant dans la maison. Mes filles très froussardes et anxieuses auraient choisi « par elles‑mêmes » de ne pas y dormir. Avant de me coucher, j’ai même déposé le téléphone sur la table de chevet dans l’espoir qu’il sonne parce que mes filles avaient changé d’idée.

Alors je me suis retrouvée en pleine nuit, à regarder les heures s’égrainer. À en vouloir à l’homme de si bien dormir, malgré l’absence de nos filles, malgré mon angoisse. Je me suis fait les scénarios les plus horrifiants. Si jamais elles font un cauchemar. Qui les consolera? Finalement, je ne les connais pas, ces parents-là. Ce sont peut-être des trafiquants d’enfants. Lorsque j’arriverai demain matin, il n’y aura plus personne dans la maison et je ne reverrai plus jamais mes filles. Qui sera là? Peut-être y aura-t-il un pédophile. Et si, et si, et si.

J’aurais voulu pouvoir secouer le sablier du temps, dans l’espoir de le faire passer plus vite. Que la nuit cède enfin sa place au matin. J’ai déjeuné avec un nœud dans l’estomac. J’attendais que l’horloge affiche enfin 8 h.

Heureusement pour moi, nous avions quelque chose de prévu le dimanche, un voyage à Québec. Nous avions donc averti que nous passerions plus tôt que le fameux 11 h.

8 h. J’ai sauté dans la voiture. Suivre les limites de vitesse était un véritable combat. J’ai stationné la voiture. La fenêtre de la maison était ouverte. J’ai entendu les cris de joie et de plaisir de mes filles. Quel soulagement! Elles étaient toujours vivantes.

Je les ai vues sortir de la maison en courant. Elles sont venues vers moi avec le regard brillant, en me disant : « Maman, on a réussi à dormir toute la nuit ». J’ai compris qu’elles avaient leur petite appréhension. Que je leur avais apprise. Une belle leçon. Elles sont capables de vivre, un peu, sans maman.

J’ai eu un petit pincement au cœur. J’ai dû accepter de les voir grandir. J’ai dû accepter qu’elles aient de moins en moins besoin de moi.

Est-ce que la prochaine fois sera plus facile?
Je vous jure que non.

Mélanie Paradis

 

Qu’est-ce que ça va être quand elle sera ado?!

Si j’avais dû manger toutes les crises de bacon que notre fille a

Si j’avais dû manger toutes les crises de bacon que notre fille aînée a faites jusqu’à ses treize ans, je serais morte depuis longtemps d’une attaque de cholestérol grimpant. Quand ton enfant te répond bête à dix-huit mois, qu’il lance son matelas queen au bout de ses bras à trois ans, qu’il détruit l’intérieur de ta minivan à sept ans… tu te dis que ça ne sera pas jojo à l’adolescence, une fois que les hormones règneront en reines.

Combien de fois ai-je croisé des regards découragés ou horrifiés (dont le mien dans le miroir!), des têtes qui se dévissaient en faisant des « non » incrédules ou qui s’efforçaient de s’invisibiliser pour ne pas devoir intervenir? Combien de fois ai-je entendu des parents, des proches et des éloignés, des pertinents et des étrangers, qui donnaient leur opinion sur la situation : « Qu’est-ce que ça va être quand elle sera ado?! » Parce qu’évidemment, un enfant agressif, violent même, ne peut qu’empirer. Il ne peut que poursuivre sa dégringolade sur la route du pas-de-classe et de la délinquance…

Bien sûr, mon mari et moi aussi, nous nous inquiétions. Nous espérions franchement que les choses se replaceraient avant que les conséquences s’aggravent. Mais juste avec de l’espoir, on ne va pas loin, alors on a travaillé fort ensemble, avec notre fille et avec plein d’intervenants. Et avec le temps, qui fait parfois de la magie.

Notre grande Peanut a eu treize ans il y a quelques semaines. Le fameux chiffre 13. La malchance, le malheur, les règles, les hormones full pin, les faces de baboune qui ne veulent plus rien faire avec leurs parents, les mâchoires qui s’ouvrent à peine et juste pour dire « m’hein? », les bras qui traînent à terre tellement ils ont poussé sans prévenir. Intense comme l’est notre fille, on s’attendrait à ce que ce soit l’enfer en la demeure! Qu’on essuie dix crises par demi-heure…

Mais non! (Et c’est ici que les parents désespérés verront poindre la lumière au bout du tunnel.) Notre grande Peanut est devenue… heureuse! Elle est toujours aussi intense et émotive et drama queen, mais de façon positive. La plupart du temps (sinon, la barre serait trop haute pour les trois autres qui frapperont éventuellement le mur de l’adolescence). Elle se sait différente, et elle en est fière. Tellement qu’elle se sent plus solide face aux élèves qui la niaisent et essaient de la faire sortir de ses gonds. « Maman, ils doivent être mal dans leur peau pour essayer autant de me prendre en défaut. J’ai décidé que c’était leur problème, pas le mien. »

Elle qui lisait des tonnes de livres (elle est en train de se faire toute une paire de quadriceps à force de monter les six étages de l’école jusqu’à la bibliothèque!), elle les écrit maintenant, les publie sur WattPad, me les fait réviser (alors que la moindre remarque auparavant la faisait entrer dans une de ces rages!). Elle qui n’a jamais voulu suivre des cours d’arts parce qu’elle ne tolérait pas de se faire dire quoi faire, elle est maintenant dans un programme d’arts et multimédias et tripe à fond, persévère et travaille avec acharnement pour s’améliorer. Elle qui éclatait sous la pression de ses émotions fortes, elle exprime maintenant ses sensations et toute la subtilité de ses sentiments avec des mots et des nuances, avec confiance.

Elle qui voulait mourir, elle est maintenant addict à la vie, et à toute une vie! Une vie pleine, belle, remplie d’espoir et tournée à la fois vers le moment présent et vers un avenir rayonnant. Elle sait, et nous savons, qu’il y aura parfois des périodes creuses, mais nous profitons de l’ici-maintenant et de cette magnifique percée de soleil pour continuer de construire sur le positif. Et surtout pour y croire, intensément.

Belle ado, belle jeune femme en devenir, je t’aime et je t’ai toujours aimée!

Parents, grands-parents qui êtes découragés devant votre enfant qui s’adolescentise… gardez espoir. Et ne cessez jamais d’accompagner votre jeune. Un jour, ce sera son tour de vous tendre la main pour tenir la vôtre.

Nathalie Courcy

Ailleurs si nous y sommes. Entrevue avec une famille nomade

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Je regardais le fil d’actualité de mon Facebook quand j’ai appris qu’une connaissance se lançait dans un projet audacieux, celui de tout vendre pour partir en voyage d’une durée non déterminée avec sa conjointe et son fils. Tout de suite, j’ai eu envie d’en apprendre plus sur leur démarche que j’admirais et qui me semblait si inspirante. Ils ont gentiment accepté de prendre un peu de leur temps pour répondre à mes questions. Voici donc le résumé d’un échange virtuel avec une famille sensible, ouverte sur le monde et qui n’a pas peur des défis.

 

Qui sont-ils?

 

Un père : 

Kaven Croft, 34 ans, originaire de Rimouski, ingénieur mécanique dans le domaine aérospatial et spécialisé en matériaux composites. Travail en recherche et développement, 40 heures par semaine. Métro-boulot-dodo. Mordu d’escalade, mais de plus en plus difficile de trouver du temps pour en faire.

 

Une mère :

Christelle Proulx Cormier, 31 ans, originaire de Rimouski, chargée de projet en urbanisme social dans une firme privée à Montréal. Travaille à temps plein elle aussi (plus quelques soirs). Adepte de yoga et de sports de montagne.

 

Un fils :

Nolan Croft, 2 ans et demi au début du voyage, originaire de Montréal. Allait à la garderie à temps plein avant le départ.

 

Avant leur départ, ils formaient une famille plutôt typique : « Une routine de métro, boulot, garderie-dodo. Courses et ménage la fin de semaine. Pas beaucoup de temps pour faire ce qu’on aime : jouer dehors en famille.»

 

 

 

Du rêve à la réalité : la genèse d’un projet d’envergure

 

Le rêve qu’ils sont en train de vivre, plusieurs familles le désirent, l’imaginent, l’envient, mais peu passent à l’action. J’étais intriguée de comprendre leur élément déclencheur. De savoir comment est-ce qu’on passe de la rêverie à la planification concrète de ce voyage et quelles ont été les étapes nécessaires avant le grand départ. Voici ce qu’ils avaient à dire sur le sujet :

 

« Depuis quelques années, nous avions vraiment l’impression de courir après un équilibre inatteignable, d’être de moins en moins nous-mêmes et de ne plus prendre le temps de faire du plein air, ce à quoi nous avions toujours carburé. Nous avions l’impression de simplement “gérer le quotidien”, de ne pas avoir de projets. Rien d’exceptionnel. La réalité de plusieurs jeunes familles dans la trentaine.

 

En plus, comme bien d’autres, nous avions souvent parlé de tout quitter pour explorer le monde ou pour travailler à l’étranger et l’envie devenait de plus en plus forte. Depuis la naissance de Nolan, en 2014, Kaven souhaitait amorcer un tournant dans sa carrière. À l’été 2016, nous sommes passés à un cheveu de déménager en Californie puisqu’il y avait trouvé un emploi hyper motivant. Mais à la dernière minute, le projet n’a pas fonctionné. Ça a été dur.          

 

Entre-temps, le condo était vendu et nous avions encore plus envie de sortir un peu de notre coin de pays, au moins pour un temps. Après cette histoire, nous avions besoin d’une coupure, de réfléchir à la suite. De retrouver l’envie d’avoir des projets à nous, de prendre du temps pour se retrouver un peu, tous les trois. Et embarquer Nolan dans une telle aventure nous semblait vraiment être un cadeau pour la vie, même si à son âge, les souvenirs ne seraient pas si nombreux. 

 

Nous avons donc sauté dans le vide, mais il y avait pas mal de choses à planifier : conclure la vente du condo, prévoir l’entreposage de nos biens, organiser le déménagement, faire les changements d’adresse, bien fermer et transmettre nos dossiers au bureau, prévoir notre paperasse pour les impôts et parler à un comptable, aviser les gouvernements de notre absence, “sortir temporairement du système”, faire la tournée de la famille à travers le Québec, établir un itinéraire préliminaire, se faire vacciner, acheter le matériel nécessaire, aider Nolan à comprendre ce qui se passe, dire au revoir aux amis, alouette! Une vraie course contre la montre! Tout ça en deux mois! »

 

Le plan

 

Ce genre de périple exige à la fois un grand laisser-aller combiné à une bonne planification. Impossible de tout prévoir, de tout contrôler, mais en même temps, ça prend un plan de départ. Le leur a un peu évolué en cours de route, mais suit encore leur principe initial, celui de briser le cercle du quotidien en s’ouvrant au monde.

 

En effet, au début de leur aventure, on pouvait lire sur leur blogue qu’ils prévoyaient «un trip d’une durée indéterminée, mais d’au moins six mois» et qui allait « commencer par l’autre bout du globe : l’Indonésie. Ensuite, Singapour. Pour le reste, tout est encore possible. Assurément le Viet Nam, la Thaïlande, le Népal. Possiblement la Malaisie, le Laos, le Cambodge, la Chine. Et après? Possiblement un petit saut en Europe pour quelques retrouvailles et quelques bonnes bouteilles.»

 

Qu’en est-il cinq mois plus tard? La jeune famille nous apprend son nouvel itinéraire : « On voulait rester ouverts à toute possibilité, tout changement de plan. On était même ouverts à l’idée de se trouver un emploi en cours de route, mais ça s’est avéré moins facile que prévu. Alors on continue! On a écourté un peu l’Asie (moyennant quelques deuils et des promesses de retour) et on passe plus de temps en Europe. Ce fut donc l’Indonésie, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, le Viet Nam, la Grèce, l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse. Et pour la suite, possiblement l’Italie et la France.»

 

Leurs photos, que vous pouvez admirer sur leur compte Instagram Ailleurs si nous y sommes, font rêver. On y voit de splendides clichés pleins d’authenticité. Des paysages, des repas en famille, un petit bonhomme qui découvre la vie bien loin de sa routine d’autrefois.

 

 

 

 

 

 

 

 

Petit bilan de parcours

 

Évidemment, quand on passe du rêve à la réalité, les scénarios peuvent être bien différents de nos appréhensions, et ce, autant en positif qu’en négatif. Voilà un résumé de leurs impressions jusqu’à présent :

 

L’Asie :

 

Il y a une «quantité étourdissante de touristes; l’impression que plusieurs locaux sont devenus bêtes comme leurs pieds à cause du trop grand nombre de touristes (on s’attendait à plus de sourires et de chaleur); le bruit, partout, tout le temps; la pollution.

Mais aussi : des paysages à couper le souffle; le café au Viet Nam (une vraie culture et la qualité de celui-ci); Bangkok (on a plus aimé cette ville qu’on pensait); Lombok (encore assez authentique); l’art de rue et la musique indépendante à Yogyakarta; les pluies de Bali; la beauté de Sapa (encore plus wow que ce qu’on croyait)!»

 

L’Europe

Ils ont connu « la beauté de la Grèce continentale (très montagneuse), la gentillesse et la générosité de son peuple; le sentiment d’être chez nous en Angleterre et la magie d’Oxford; notre relative facilité à se débrouiller avec l’allemand, la qualité des jeux pour enfants en Suisse (eh oui!) et l’attitude beaucoup plus relaxe de Nolan en Europe (en comparaison à l’Asie).

Mais aussi : le sentiment d’incertitude qui règne partout (politique et économique); la méfiance de certains pays envers d’autres; la pauvreté en Grèce en raison de la crise.»

 

Le voyage en général

«On croyait plus triper en Asie, s’y intégrer un peu plus, se faire des amis locaux. Avoir une révélation, genre. Mais non. C’est difficile si on n’y vit pas. On est toujours l’Autre, le Blanc, le touriste. On est vraiment profondément Occidentaux. Et on veut vraiment vivre en Occident. On en est maintenant certains. Et ça nous a un peu surpris.»

 

L’adaptation de chacun

 

Le voyage, surtout sur une longue période, demeure un défi d’adaptation. Les membres de la famille demeurent très authentiques par rapport à leur vécu. Loin d’idéaliser leur quotidien, on ressent quand même toute la richesse de leur démarche.

 

« Il y a des hauts et des bas, on ne peut pas le cacher. Voyager longtemps, seuls, entre amis, en couple ou en famille comporte des défis et des risques bien différents. Mais ce n’est jamais facile. On se doutait bien que de passer plusieurs mois ensemble, presque 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ça ne serait pas évident. Mais même si parfois, chacun a besoin d’un peu plus d’air, on s’en sort plutôt bien! Cette expérience nous donne quand même une occasion privilégiée de partager des moments extraordinaires en famille, de consolider nos liens avec notre jeune garçon, de lui expliquer le monde à notre façon.

Le début du voyage a été une période d’adaptation pour tous. D’abord, il fallait réaliser ce qu’on avait fait, le digérer. Ensuite, il fallait se faire à l’idée que c’était notre nouveau mode de vie, et pas simplement des vacances. On ne voyage pas de la même façon quand notre routine nous attend dans quelques semaines. Et pour Nolan, il y avait encore moins de repères. Il fallait le rassurer, lui expliquer ce qui se passait et ce qu’il vivait. Ensuite, il y a pris goût et nous, on a relaxé un peu plus. Surtout à partir de la Thaïlande, disons.»

 

 

 

Le concept de la famille à travers le monde

 

Se fondre ainsi dans d’autres cultures nous apprend à connaître les autres, mais nous apprend également à mieux nous connaître nous-mêmes. J’étais curieuse de savoir comment leur voyage avait transformé leur conception de la famille. De savoir comment ce recul par rapport à notre mode de vie occidental les avait influencés. À ce sujet, ils répondent qu’ils se sentent « encore plus occidentaux et fiers de notre coin du monde (du Bas-Saint-Laurent, du Québec et même du Canada). On vient d’un endroit extraordinaire, qui n’a pas grand-chose à envier au reste du monde et qui a une super réputation partout sur le globe. Même si on est pleinement conscients qu’en comparaison, on y avait un rythme assez effréné, que les transports collectifs sont pourris et qu’il y a quelques autres irritants, les autres pays ne sont pas parfaits non plus.

           

Ce qu’on a envie de faire, c’est de s’inspirer un peu plus des aspects positifs des différents modes de vie qu’on a observés, pour ne pas se laisser complètement prendre dans l’engrenage qui nous a déjà épuisés. Relativiser. Choisir. En Asie, c’est impensable de voir son enfant seulement deux ou trois heures par jour et à la course en plus. En Grèce, c’est impensable de ne pas prendre le temps de boire un café avec les amis de façon régulière. En Europe, on ne fait pas les courses le dimanche. On est en famille et on joue dehors. À Bali, on respecte les gens et on adopte une attitude positive en présumant qu’ils sont bons avant de les juger. On veut se souvenir de tout ça quand on se créera une nouvelle routine.»

 

 

 

Et le retour?

 

« Le stress du retour commence à être présent, mais on gère bien. On a plus confiance en notre capacité d’adaptation maintenant! [] Le retour devrait normalement se faire au cours de l’été. Plusieurs choses sont encore floues, mais une chose est certaine, on veut apporter quelques changements à la routine et surtout, à notre attitude envers le stress du quotidien. On relativise bien des choses maintenant! Sommes-nous plus zens? On ne le sait pas, mais on est certainement changés»

 

 

Vous pouvez suivre Kaven, Christelle et Nolan via leur blogue : ailleurs si nous y sommes (ailleurssinousysommes.com). Ils ont également une page Facebook et un compte Instagram portant ce même nom. Vous serez assurément inspirés par cette famille remplie d’authenticité. Ils sont certainement un modèle de dépassement de soi et un rappel du pouvoir que nous avons tous sur notre vie.

 

 

Roxane Larocque 

 

 

 

 

 

 

 

 

La semaine des services de garde

Cette semaine, à l’école de ma fille comme dans beaucoup d’aut

Cette semaine, à l’école de ma fille comme dans beaucoup d’autres écoles à travers le Québec, on soulignait la semaine des services de garde en milieu scolaire. Cette semaine avait pour but d’exprimer toute notre gratitude pour nos éducateurs, éducatrices qui jouent un rôle important dans l’éducation de nos enfants. Pour se faire, à l’école de ma fille, il y a une grande variété d’activités tout au long de la semaine.

J’appartiens à la génération où les mères ne travaillaient pas nécessairement, et celles qui travaillaient, laissaient leurs enfants à celles qui ne travaillaient pas pour le 3 @ 5 après l’école. Je n’ai donc jamais eu à fréquenter un service de garde et je crois qu’il n’y en avait pas à mon école.

Aujourd’hui, lorsque tu inscris ton enfant à l’école, tu inscris aussi ton enfant au service de garde. L’un ne va pas sans l’autre ou presque. Nos éducatrices, éducatrices sont donc une partie intégrante de notre système d’éducation, qu’on le veuille ou non.

C’est drôle en fait, car on souligne le travail des éducateurs et éducatrices, mais dans les faits, ce sont eux qui organisent un paquet d’activités pour nos enfants. Des dîners pique‑niques tous les midis, des collations spéciales, un spectacle de magie, une visite à la crèmerie, un party dans la cour d’école, un dîner pizza et j’en passe. Cette semaine est bénéfique pour nos enfants qui commencent à être pas mal fatigués par la routine de l’école et des devoirs.

Sur le plan de la logistique des lunchs, ça aide à faire sortir la culpabilité de ne faire que des lunchs froids pour la semaine, comme demandé. J’avoue, j’essaie tant bien que mal d’offrir un certain niveau de variété à ma fille, mais là, cette semaine, exit la culpabilité, le service de garde DEMANDE des lunchs froids. Je dois dire que je suis privilégiée à l’école de ma fille, car les enfants ont accès à des micro-ondes en quantité suffisante, et ce, sans frais d’utilisation.

Aussi, j’ai l’immense libération d’avoir un congé de lunchs vendredi midi, car c’est un midi pizza! Hourra! Pas de lunch à faire… Et sans compter que certaines après-midi, il ne faut pas aller les chercher avant 16 h 30. Ah! Comme le trafic peut presque sembler relaxant…

Pour tout votre dévouement, chers éducateurs, éducatrices, profitez bien de votre semaine. Vous servez de modèles à nos enfants, et ce, à tous les jours. Vous avez une influence plus que positive sur le développement de nos enfants et vous êtes toujours à l’écoute pour calmer nos angoisses de parents.

De manière plus personnelle, une grosse main d’applaudissement au service de garde de l’école la Majuscule, en banlieue est de Montréal qui s’occupent de nos enfants, y compris de la mienne, de manière exemplaire.

Evelyne Blanchette