Te voilà orpheline

Mon amour, la vie te fait subir aujourd’hui une terrible épreuve. Tous les enfants savent qu’ils devront voir leurs parents partir un jour ou l’autre. Et tous les parents prient pour partir avant leurs enfants. Parce qu’on sait que nos cœurs de parents ne survivraient jamais à la perte d’un enfant… Voir son parent partir, c’est censé être naturel, puisque c’est l’ordre normal des choses. Mais personne ne t’avait dit à quel point ça allait faire mal.

Tu as eu la grande chance de savoir son départ prochain. Le cancer est un mal terrible, qui permet toutefois un choc moins subit. Ça faisait des mois que tu le savais… Ça faisait des mois que tu voyais ce terrible mal s’emparer de cette personne qui t’a élevée. Elle t’a appris à marcher, à manger, à parler… Et dans ses derniers instants, elle n’avait plus la force de se nourrir, de se lever, ni de te raconter à quel point elle avait peur…

Tu aurais dû te préparer à son départ et commencer à faire ton deuil… mais tu étais paralysée par la peur de la voir partir. Être au courant de sa mort imminente, c’est une chose, mais ça ne rend pas la chose moins douloureuse, ni moins terrible. Et tu n’étais pas prête à faire ce deuil. Je le sais…

Je t’ai vu dans la colère et dans le déni, pendant des mois. Qu’est-ce que j’aurais pu faire? Qu’est-ce que je pouvais dire? Te faire la leçon n’aurait servi à rien, et te forcer à parler de ta douleur n’aurait rien donné de bon. Mais te voilà aujourd’hui, devant ce grand lit vide. Ta souffrance est énorme et je ne peux, encore aujourd’hui, rien faire pour te soulager…

Mais je tenais à t’écrire cette lettre. Parce qu’aujourd’hui, tu te dis que tu seras seule à ton mariage. Que personne ne sera là pour te prendre dans ses bras quand tu mettras ton premier enfant au monde. Que tu feras face à un immense vide lorsque tu vivras tes peines… Mais tu as tort. Tu as tellement tort. Principalement, parce que tu auras sur toi, tous les jours de ta vie, le regard de tes parents qui t’aiment, peu importe où tu iras. Je te le promets.

Et je te promets que je serai là. Je serai là pour t’écouter quand tu seras en colère. Je serai là pour te bourrer de chocolats et de crème glacée quand tu vivras de grandes peines. Je serai là pour te serrer dans mes bras, chaque fois que tu en auras besoin. Et je crierai avec toi, chaque joie que tu voudras bien partager avec moi.

Je ne remplacerai jamais tes parents. Mais je te promets d’être la sœur que tu n’as jamais eue. Et sache que peu importe ce que l’avenir te réserve, ils seront fiers de toi. Parce que tu as été la plus merveilleuse des filles qu’ils auraient pu avoir.

Je t’aime.

Et tout va bien aller.

Promis.

Joanie Fournier



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