Archives janvier 2018

Le peau à peau, c’est pas juste bon pour les bébés

Samedi matin moelleux, blottis sous les chaudes couvertures, on se r

Samedi matin moelleux, blottis sous les chaudes couvertures, on se réveille doucement, les souvenirs encore embrumés de la nuit. Je relève le chandail de mon amoureux « Mmm… Je voudrais un peu de peau à peau… » C’est devenu une expression familière entre nous deux. On sait bien que se coller à travers un pyjama en flannelette, ça ne fait pas le même effet que se coller sur une peau nue. On a donc joyeusement emprunté cette tournure de phrase aux grands spécialistes de la parentalité et on blague souvent là-dessus ensemble. « Si c’est bon pour les nouveau-nés, ça ne devrait pas faire de tort à deux adultes consentants, non? »

J’ai eu un copain avec qui le peau à peau était presque dangereux. Ce gars-là m’avait expliqué qu’une fois « la machine » partie, il était impossible de l’arrêter, que c’était trop douloureux pour lui. Les démonstrations d’affection étaient risquées avec lui. Je devais toujours me demander si j’étais prête à aller jusqu’au bout. Je devais me méfier de ses caresses et me garder une réserve avec les miennes.

Quand j’ai rencontré le vrai, celui qui allait devenir mon mari, il m’a vite fait comprendre que chaque câlin, chaque contact sensuel, comptait pour lui. Il n’était plus question de m’excuser parce qu’un moment intense ne finissait pas en feu d’artifice. Il ne s’en doutait probablement pas, mais il venait de jeter les bases d’une flamme qui continuerait à brûler après quatorze ans ensemble, justement, parce qu’on n’a pas peur de jouer et de s’allumer.

Il n’y a pas que nos bébés qui ont besoin de chaleur, notre couple aussi. Un doux baiser quand on se retrouve, une main experte qui masse le dos ou l’épaule fatiguée juste au bon endroit, des bras qui nous entourent amoureusement en écoutant un film collés collés… Chaque geste voluptueux compte et transmet son énergie à l’autre. Sans pression, sans intention cachée. Alors, malgré les compresses d’allaitement, les soucis ou la fatigue, de grâce, ne nous privons pas du plaisir de déboutonner le pyjama en flannelette!

Elizabeth Gobeil Tremblay

Le sexe après les enfants

Avant, on faisait l’amour au moins cinq fois par semaine…

Avant, on faisait l’amour au moins cinq fois par semaine…

Avant quoi? Avant les enfants, les lapins nous enviaient, mon chum et moi. On faisait l’amour souvent, parfois même deux à trois fois par jour. Et il y a eu les enfants. Trois jolies petites filles qui ont apporté avec elles un morceau de notre vie sexuelle.

Je suis certaine que je ne suis pas la seule. Je crois même que Christian Grey le vivrait s’il existait. Il n’y a pas eu de suite au troisième tome. Pourquoi, pensez-vous? Ils ont eu des enfants. Disparue, l’époque où ils pouvaient faire l’amour n’importe où à n’importe quel moment au gré de leurs envies. FINI! La salle de jeux érotiques… c’est devenu une salle de jeux tout court.

Quand tu as des enfants, faire l’amour devient compliqué. Je cours déjà après mon temps, le travail, les tâches domestiques, le parasco, les rendez-vous de tous; le temps qu’il me reste, souvent, je l’utilise pour dormir.

Je parle ici de faire l’amour, pas les p’tites vites sur le bord du lit pendant que les enfants écoutent un film. Ou encore l’envie subite que l’on a, l’homme et moi, d’aller prendre une douche ensemble. Pourquoi, dans les films faire l’amour, dans une douche, c’est toujours gracieux et facile?! Parce que moi, c’est loin d’être comme ça! Le pied qui glisse le long du mur, l’impossibilité pour mon chum de me tenir dans ses bras jusqu’à ce que la chose soit faite. Et en plus, c’est froid, de la maudite céramique. On n’a rien de gracieux dans l’exécution! Faut presque se donner des ordres sur la façon de se placer correctement. NOOON! Rien ne se passe facilement comme dans les films.

Si je ne me retenais pas, je dessinerais des pénis sur le calendrier familial. On écrit bien les rendez-vous chez le doc ou autre! Pourquoi pas ne pas écrire nos rendez-vous de baise?! Et être là, complètement là, quand on réussit à se trouver du temps… Suis-je la seule qui trouve ça difficile d’être focus? De ne pas penser à ma liste d’épicerie, aux factures à payer, à l’appel que tu dois faire à l’école, alouettteeee!

Aux couples qui réussissent à maintenir une vie sexuelle aussi épanouie qu’avant l’arrivée de vos enfants, c’est quoi votre truc?

Je vous vois venir avec les « faites garder les enfants un week-end par les grands-parents! » Moi, ça me met mal à l’aise de demander à ma mère ou ma belle-mère de s’occuper de mes enfants parce que ma vie sexuelle n’est pas aussi en santé que je le voudrais. Et les week-ends à l’hôtel, ça revient cher pour pouvoir faire l’amour, non?

Et moi qui croyais qu’une fois que mes filles seraient plus vieilles, ce serait plus facile. Ben y paraît que non. Encore aussi difficile de le faire, car les ados, ça se couche tard, pis ça comprend très bien ce qui se passe derrière la porte de chambre fermée.

Et après, ce sera quoi? La sécheresse vaginale ou la dysfonction érectile.

M’en sortirai-je un jour?

Mélanie Paradis

 

Les saisons d’une orpheline

Mon papa. Il est mort quand j’avais sept ans. La même année que

Mon papa. Il est mort quand j’avais sept ans. La même année que mon cousin. Et que ma grand-mère. Ça fait trente-trois ans de ça. Oh my God! Je viens de révéler mon âge vénérable! (Ben non, je l’ai déjà écrit et je le dis ouvertement…)

Revenons à nos défunts.

Donc, mon papa. Il était tout jeune, trente-trois ans. Un beau pétard aux yeux et aux cheveux noirs. Policier, père de trois enfants, époux, frère, fils, ami. Il croyait en Dieu et en l’humain. Il écrivait un livre, Prière pour la vie. Il avait des projets. Il aimait la vie. Et il souffrait d’un cancer du cerveau depuis plus de deux ans.

C’est long, deux ans, avec un crabe dans la tête. À la fin, il ne parlait plus, il déparlait à peine. Les neurones étaient en bouillie. Les fonctions vitales le lâchaient au fur et à mesure que la maladie se répandait dans son corps amaigri. Il ne bougeait plus. Il ne souriait plus.

Pendant cette période, j’ai peu vu mon papa. Les heures de visites des enfants étaient limitées, on était trop fatigants pour les malades. De toute façon, c’était pénible aussi pour les enfants bouleversés que nous étions. J’avais beau adorer mon père, je trouvais ça plate, aller à l’hôpital. C’était long. Il ne fallait pas faire de bruit. Et moi, ce que je voulais, c’était jouer des percussions sur les tuyaux de chauffage. Pour me désennuyer, une amie de la famille m’avait offert une bouteille d’eau gazeuse. Trois décennies plus tard, je déteste toujours autant l’eau gazeuse. Mauvais souvenirs associés.

Mais quand même, mon papa me manquait. Maman nous avait expliqué « les vraies affaires » : il ne s’en sortirait pas. Il est arrivé que des infirmières à l’âme empathique m’aient donné une permission spéciale : rendre visite à mon père un soir où les enfants n’étaient pas admis. J’ai dû jouer au ninja pour passer par l’escalier de secours sans me faire remarquer… C’était rassurant de savoir que je pouvais aimer mon papa malgré les règlements, malgré la maladie, malgré tout.

Mon dernier souvenir « normal » de lui, c’est une soirée avec la parenté, dans notre salon. J’étais assise sur ses genoux pendant qu’il buvait sa 50 entouré de ses frères et sœurs. L’hôpital (lire : ce qui était devenu sa résidence principale) lui avait accordé un congé spécial. La fois suivante où toute sa famille a été présente autour de lui, c’était aux soins palliatifs alors qu’il pleurait ses dernières larmes et expirait pour la dernière fois. Je n’y étais pas. J’étais trop petite.

J’avais sept ans. J’ai manqué une semaine d’école. Ma professeure a amené tous mes copains aux funérailles. Quand je les ai revus, c’était à notre Première Communion. Sur la photo de groupe, je ne souriais pas. J’étais trop stressée : je n’avais pas pu pratiquer avant la cérémonie. Et la messe avait lieu dans la même église que les funérailles.

Quinze ans plus tard, je me suis retrouvée dans une autre chapelle, cette fois pour me marier. J’avais demandé au prêtre la permission de lire une prière aux défunts dès le début de la cérémonie. C’était bizarre, mais essentiel pour moi. C’était ma façon de dire à mon papa, ma grand-maman, mon cousin, mon oncle décédé quelques mois plus tôt, et aussi à toutes les personnes aimées qui nous avaient quittés, qu’on les invitait eux aussi. Qu’on leur avait gardé une place dans nos pensées.

Cette journée-là, c’est mon frère et ma mère qui m’ont accompagnée dans l’allée jusqu’à mon futur mari. Vous dire la fébrilité qui m’habitait quand je suis entrée dans cette chapelle pleine à craquer! La veille, on avait déplacé chaque banc de quelques millimètres pour ajouter quelques places assises. Certains de mes amis étaient même debout à l’arrière. Quand on dit « bondé de monde », c’est l’image qu’on a en tête. On ne devait même pas être légaux en termes de sécurité tellement il y avait de l’humain au pouce carré.

Quand je suis arrivée à l’avant et que je me suis tournée vers l’assemblée, j’ai vu un vide bouleversant. Dans cette marée de monde cordé comme des sardines en conserve, il y avait un banc complètement vide, dans la première rangée, du côté de ma famille. Ce banc n’était pas réservé, mais personne n’avait osé s’y asseoir. Tout de suite, j’ai su que c’était la place que mon papa avait choisie pour assister à mon mariage. Il voulait être aux premières loges pour accompagner sa fille dans ce grand saut. Je sais qu’il y était, avec mon cousin, ma grand-mère, mon oncle…

La prière aux défunts a été très émouvante. Pour moi et pour les personnes présentes. Un silence de mort, pourrait-on dire. Mais je dirais plus « un silence de vie ». Ils étaient là. Ils étaient parmi nous. L’orpheline en moi s’est sentie un peu moins orpheline.

 

P.S.: Le lendemain de l’écriture de ce texte, j’ai regardé avec beaucoup de larmes et de «c’est tellement ça!» la vidéo de la chanson «La saison des pluies» de Patrice Michaud, scénarisée par Yan England. Maman, je te la dédie. Tu as été mon papa, toi aussi. https://www.youtube.com/watch?v=FovZ7AefAmo

 

Nathalie Courcy

L’instinct maternel qui avait oublié de se pointer le jour de ta naissance

<span style="margin: 0px; line-height: 107%; font-family: 'Times New

42 semaines… 42 semaines à cohabiter. 42 semaines à connecter. 40 semaines, c’est une moyenne, paraît-il. J’avais si hâte de te voir! Te découvrir. Te prendre. Être ta maman. 42 semaines à te bercer au sein de mon ventre. À te chanter une berceuse. Toujours la même. Comme si j’instaurais une routine. En tout cas, cette berceuse me calmait. Alors, je la fredonnais souvent. Tout le temps même.

Un accouchement que je n’avais jamais imaginé. Toute ma grossesse avait été de rêve. Tu valsais en moi. Tes mouvements étaient légers et délicats. C’était si agréable de te porter que t’accoucher serait un véritable conte de fées. Ben non! Rien de tout ça. Un accouchement pour m’ébranler un peu et me montrer que la maternité, c’est parfois autre chose que du bonbon.

On devait me provoquer, car tu semblais trop bien en moi et que tu ne faisais aucun effort pour que le travail débute. Finalement, le travail a commencé son œuvre au lever du jour. Un soleil entrait par la fenêtre de chambre pour créer une ambiance féérique. Et puis… pendant des heures, l’obstétricienne qui n’arrivait pas à crever la poche des eaux. Mal placée, semblait-il. Le col qui ne dilatait pas. Le col qui ne s’effaçait pas. Huit heures d’essais atroces et interminables pour percer cette poche. On provoquait ton arrivée. Mais comme tu as toujours été calme, pourquoi t’en faire? Tu restais là. Attendre que l’on vienne te chercher. On m’annonce finalement que ce sera une venue par césarienne. Il y en a pu de problèmes, rendu là! Je veux te voir et te sentir dans mes bras! Et que cette douleur prenne fin. Je suis légèrement confuse. Je m’abandonne aux décisions de la médecine.

J’étais à la merci d’une équipe de travail qui était bien compréhensive envers mes inquiétudes. Je n’étais plus moi-même. Pleine de médicaments pour amoindrir ma conscience de ce qui se tramait autour de ta venue. J’ai perdu le fil de ce qui se passait. J’ai vu tes pieds passer au-dessus de ma tête. Ton père est parti avec toi. On m’a refait une beauté du bas ventre et je suis montée en salle de réveil. Puis à ma chambre, papa t’a amenée contre moi. J’étais encore sous médication. J’avais mal au cœur. J’ai grommelé un : « Enlève-la de là… je vais lui vomir dessus. » L’infirmière est venue te chercher pour me laisser reprendre mes sens qui avaient assurément pris la fuite dans la salle d’opération. Ta première nuit lui a appartenu. À elle, cette inconnue pour nous deux. Cette infirmière qui t’avait toute à elle et rien pour moi. J’ai passé, tout comme toi, ma nuit sous surveillance.

À mon vrai réveil, un interne t’avait amenée dans ma chambre froide de toutes décorations. Aux murs aussi pâles que mon teint. Je n’arrivais pas à m’asseoir pour mieux te regarder dans ton petit lit de verre. Tu bougeais aussi calmement que dans mon ventre. Je t’ai reconnue, aussitôt. Tes pas de danse, nous les avions chorégraphiés ensemble, au fil des mois.

Nous avons eu quatre jours pour nous apprivoiser à l’hôpital. C’était toi. Rien pour en douter. Mais je ne connaissais rien de toi. C’était rassurant d’avoir quelqu’un à mes côtés pour prendre la relève le cas échéant. Ton papa avait le tour avec toi. Bien lovée dans ses bras, tu y trouvais la sécurité, la chaleur. Moi, frêle d’une forte anémie, je peinais à t’offrir ce dont tu avais besoin.

Nous avons quitté l’hôpital en nouvelle petite famille que nous étions devenus. Papa a dû partir dès notre arrivée à la maison. Une équipe de jeunes athlètes l’attendait sur le terrain de foot. La vie ne pouvait cesser parce que princesse Lauriane était là. Il a quitté, malgré ta peine du moment. Une peine de quoi? Je l’ignorais! J’allais rester là, plantée au beau milieu du salon un bon moment. Toi dans mes bras avec ta peine. Moi, avec mon immense peine de ne pas savoir quoi faire. Anéantie par mon incompétence! Et si je n’y arrivais pas? Et si je n’y arrivais pas? Jamais! Ce ne serait certainement pas ton seul chagrin à vie! Tu avais une couche toute propre, tu venais de boire. J’ignorais ce qui pouvait bien provoquer cette peine. Et puis…

… Alors, je ne sais pour quelle raison, je me suis mise à fredonner cet air que nous connaissions par cœur, toutes les deux. Cette chanson, fredonnée lorsque tu étais au creux de mon moi tout entier, tu l’as reconnue. Comme dans un moment de pure magie, nous nous sommes regardées dans la plus grande profondeur de nos âmes et c’est à ce moment précis que j’ai compris que j’avais en moi tous ces répertoires pour te protéger, t’accompagner au gré de ta vie, de tes embûches, de tes peines et de tes bonheurs. J’avais en moi cet instinct qui me connectait à toi.

Depuis, j’ai encore parfois douté, je douterai encore, mais jamais je ne cesserai de fredonner nos airs à nous. Ceux qui font que nous nous faisons confiance mutuellement.

 

Mylène Groleau

Petits plaisirs

<span style="margin: 0px; color: #333333; font-family: 'Georgia',ser

Le quotidien est fait de petits plaisirs… Prendre le temps de s’y arrêter c’est réaliser que le bonheur, c’est là, maintenant, et que c’est par petits morceaux qu’il se déguste…

 

Voici de petits plaisirs qui embellissent mes journées… Quels sont les vôtres?

 

– Admirer un rayon de soleil qui perce sur l’oreiller un jour de congé.
– Entendre le bruit du café qui coule le matin.
– Me coller sur la joue chaude de mon enfant au réveil.
– Manger la mousse du café avec une cuillère.
– Enfoncer mon visage dans les poils de mon gros chien.
– Mettre mes fesses devant une cheminée.
– Croquer une première fois dans une gomme et sentir toutes ses saveurs envahir mon palais.
– Manger une gaufre au chocolat.
– Toucher la peau d’un nouveau-né.
– M’enrouler dans une couverture devant la télé.
– Entrer doucement dans un bain brûlant.
– Regarder trop longtemps un oiseau dans le jardin.

– Entendre le bruit de la neige qui craque sous mes pas.

– La lune qui illumine le noir les soirs d’hiver.
– Le soleil qui se lève et embrase le ciel.
– L’odeur et la douceur de la crème sur mon visage le matin.
– Me blottir dans le linge qui sort de la sécheuse.
– Croquer doucement dans une arachide salée.

 

Gwendoline Duchaine

 

 

 

Le meilleur et le concept de la compétitivité

J’ai beaucoup de difficulté avec le

J’ai beaucoup de difficulté avec le mot « meilleur », surtout concernant l’éducation des enfants. Le dictionnaire définit ce mot ainsi : « Comparatif de bon. Qui est un d’un degré supérieur à bon, qui vaut plus que la personne ou la chose à laquelle on le compare.»

Êtes-vous d’accord? Est-ce que le concept même de meilleur est de se définir et de se comparer à quelqu’un d’autre, à ses pairs, à ses camarades? Si oui, je trouve cela triste, triste de se quantifier, se qualifier, de se confronter à un autre individu pour exister. Nous sommes tous différents avec nos forces et nos faiblesses. Personne n’est parfait! Être meilleurs dans un domaine ne fait pas de nos enfants LES MEILLEURS. Personne n’excelle en tout. Arrêtons de dire à nos enfants d’être les meilleurs à l’école, dans les sports, en arts… Arrêtons de valoriser l’excellence au détriment du plaisir!

Est-ce que l’objectif ou la finalité de nos enfants est de sortir gagnants de la compétition, d’être dans les dix meilleurs de la classe, d’être gratifiés d’un prix, d’un classement? Est-ce que c’est vraiment l’idée que l’on souhaite transmettre en utilisant le mot « meilleur »? Est-ce que toute cette compétitivité ne fait pas qu’entretenir la rage de gagner, de viser l’excellence dans le seul but d’être remarqué ou d’écraser l’autre au risque de le blesser? Le plaisir de réussir, d’avoir performé, d’avoir juste accompli quelque chose est souvent effacé, oublié sous les éloges et trophées.

Pourquoi ne pas évaluer un enfant sur son propre potentiel et non pas en comparaison aux autres? On leur renvoie l’image même que le but n’est pas d’apprendre, de s’améliorer, mais plutôt de battre les autres. Ne devient-on pas meilleur en dépassant ses propres objectifs? C’est ce qu’on appelle le dépassement de soi. La compétition ne devrait pas se jouer avec les autres, mais avec soi-même. Pousser ses propres limites, se surpasser, se donner des buts, avancer, parfois se tromper pour mieux rebondir.

Au lieu de mettre les meilleurs sur un piédestal, pourquoi ne pas parler de collaboration, d’entraide, de coopération? À quoi sert vraiment une moyenne, un classement, une note? À nous donner un indice sur l’intelligence ou les capacités intellectuelles et physiques de nos propres enfants? En tant que parents, avons-nous vraiment besoin de savoir où se situe notre enfant? Il n’est pas plus important à nos yeux de savoir que notre enfant a participé, a rigolé, a eu un mot gentil envers un ami, qu’il est juste heureux et bien à sa place?

Utilisons la force des autres pour aider les autres. Les enfants se sentiront gratifiés, honorés et responsabilisés en aidant leurs semblables. Être fier de ses exploits et réussites ne veut pas dire être condescendant ou supérieur. Pour ceux qui ont plus de difficulté, cela leur donnerait confiance en eux, au lieu de les décourager et de les pousser spontanément vers le bas. Dans un climat de bienveillance, ils se sentiraient plutôt aidés, aimés, valorisés.

Aidons nos enfants à s’élever, à s’enrichir, à être de meilleurs citoyens dans une collectivité qui entretient plutôt la coopération, l’entraide, le respect et la satisfaction plutôt que la compétition et l’excellence!

Gabie Demers-Moran

Lettre à mon papa

<span style="margin: 0px; line-height: 150%; font-family: 'Times New

Bonjour. Je me présente : je suis un garçon et je m’appellerai Laurent. En attendant de naître, je sommeille paresseusement dans le ventre de ma petite maman. Elle a hâte que j’arrive, car j’envahis son corps de plus en plus, mais moi je ne suis pas pressé. Il y a aussi ma grande sœur Charlotte et mon père qui m’attendent avec impatience. Je le sais, car ils me parlent chaque soir à travers le bedon de maman. Charlotte me fait des coucous et papa, avec sa voix grave, aime me raconter combien le bonheur le submerge lorsqu’il regarde maman et Charlotte jouer ensemble. Il est très fier de ma grande sœur qui court partout et qui parle autant qu’une pie, mais il est heureux que la vie lui offre un garçon. Il se sentira moins seul de mâle, me dit-il en riant.

Mes parents débutent dans cette grande aventure qu’est la famille. Ils sont souvent fatigués, car ce n’est pas facile tous les jours. Parfois, ils aimeraient récupérer un petit bout de leur vie de jeunesse, surtout papa. Mais je sais qu’il m’aime déjà. Il me le répète souvent. J’ai hâte de le connaître.

***

Ce soir, papa s’en va à une fête pour se détendre et prendre du bon temps avant mon arrivée. Maman n’y va pas. Elle est trop fatiguée et elle préfère se reposer avant mon arrivée.

***

Maman pleure ce matin. Depuis quelques heures, je ressens ses nombreux sanglots. Je rebondis chaque fois. Charlotte se colle souvent sur son bedon. Elle doit sentir qu’il se passe quelque chose, car je ne l’entends plus rire. Je n’entends pas la voix grave et chaleureuse de mon papa non plus. Il y a aussi plusieurs autres voix, dont celle de grand-maman et de grand-papa. Je ne sais pas ce qui se passe. Je m’inquiète, mais je vais continuer à profiter de mon nid douillet.

***

Je suis finalement arrivé. Je n’avais plus le choix. Le ventre de maman était devenu trop petit. Je suis heureux de rencontrer ma famille. Maman sourit enfin et Charlotte adore me bercer. Sans compter grand-maman et grand-papa qui me couvrent de baisers. Tout le monde est là… ou presque! En fait, papa n’est pas au rendez-vous. Je n’aurai pas la chance de le connaître, de réentendre sa voix, de sentir sa barbe piquante sur mes joues et la chaleur de ses bras.

Après la fête où papa est allé s’amuser, il a pris la route même si tout le monde lui disait de ne pas conduire. Il avait bu un truc qui s’appelle « alcool ». Comme il avait trop hâte de nous retrouver, il n’a pas écouté ceux qui lui conseillaient de ne pas prendre le volant. Je ne comprends pas trop, mais cela lui a fait faire un grave accident.

Dorénavant, je devrai me contenter de photos et des souvenirs que maman et mes grands-parents me raconteront. Papa ne pourra jamais me bercer et me voir grandir. Même si je suis encore tout petit, il y a déjà un grand vide dans mon cœur.

Je t’aimerai quand même papa…

Laurent

***

 

Cette lettre est inspirée d’une histoire vraie, malheureusement. Une jeune femme que j’ai côtoyée dans le passé, une petite maman toute neuve comme je me plais à le dire, a dû faire face à ce drame terrible. J’espère qu’elle pourra vous toucher et vous inciter à être prudents.

 

Isabelle Lord

 

Peut-on figer le temps pour un instant?

Je me surprends souvent à observer mes enfants en silence. À tente

Je me surprends souvent à observer mes enfants en silence. À tenter d’imprégner cette image du moment présent pour que je puisse m’en souvenir dans plusieurs années. Parce que le temps file à toute allure et en voyant grandir nos enfants, on se rend compte à quel point tout va beaucoup trop vite.

Je regarde mon fils de huit ans et je me demande où le temps s’en est allé. Mon cher petit garçon tout mignon a fait place à un beau jeune homme tout épanoui. Un préadolescent qui préfère de loin être avec ses amis plutôt qu’avec sa mère. Et c’est correct, ainsi va la vie. Mais j’avoue m’ennuyer du temps où il me demandait de lui chanter des berceuses. J’avoue m’ennuyer du temps où il me sautait au coup pour un simple câlin. Maintenant, mes câlins se font à l’abri des regards. À l’heure du coucher, où c’est maintenant lui qui vient me donner un tendre baiser avant d’aller se coucher.

Mais je suis si fière du garçon qu’il devient que cela compense grandement le fait de perdre mon petit garçon. Chaque moment, chaque étape est belle en soi. Même dans les moments plus difficiles, lorsque je prends du recul, j’arrive à y voir toute la beauté. À tenter encore une fois de me souvenir de cette étape précise.

Je regarde mon fils de cinq ans et je me demande où le temps s’en est allé. Mon petit garçon espiègle est déjà en maternelle. Tout fier de suivre les traces de son grand frère. Parfois, il me demande des attaques de chatouilles et je le fais avec le plus grand bonheur. Sachant trop bien que cette étape sera bientôt terminée.

Ma chère petite princesse est déjà âgée de deux ans. Mais où le temps s’en est donc allé? J’ai parfois l’impression que je veux la retenir de grandir simplement parce que c’est mon bébé. Deux ans. N’est-ce pas merveilleux? Ils sont enfin propres, finis les sacs à couches à ne plus finir. Ils veulent découvrir et voir le monde dans la plus belle et naïve manière qui soit.

Stop! Peut-on figer le temps s’il vous plaît? Je veux les garder exactement comme ça juste un peu plus longtemps. L’espace d’un moment, pouvoir en profiter encore plus. Avoir la chance de créer encore plus de souvenirs mémorables.

Évidemment, je veux les voir évoluer, grandir, s’accomplir. Mais c’est le cœur serré et dans un silence rempli d’un mélange de fierté et de tristesse que je passerai chacune des étapes de leur existence.

Être maman, c’est magnifique. Mais ce qui est encore plus magnifique, c’est d’avoir la chance de vieillir auprès de nos enfants. Avoir la chance de pouvoir assister à chaque précieuse étape et tenter de s’imprégner de ces fabuleux souvenirs.

Geneviève Dutrisac

Désemparent!

J’ai très peu dormi, à peine quelques heures…<

J’ai très peu dormi, à peine quelques heures…

Ma fille était en pleurs au souper hier. Une belle adolescente qui te lance au visage son mal de vivre. Total. « Pourquoi faut-il toujours faire semblant que tout va bien! » Elle n’arrive pas à communiquer. L’effort provoque encore plus de sanglots. Elle a même demandé, d’elle-même, à rencontrer le psychologue de l’école.

Je me sens si seul.

Sa mère est morte depuis cinq ans. Déjà. Avant son dernier souffle, je lui avais promis que tout irait bien… Sans doute l’influence de l’homme à la cape rouge. Ce héros masculin rassurant. Mais nous avons tous notre kryptonite. Moi, c’est le désarroi d’une femme.

Une mère, ça sait comment faire dans ces moments-là. Naturellement. C’est l’image que j’ai retenue. Comme une définition de tâches. Imaginons la pression qui pèse sur elles. Et tous ces hommes qui prennent cette fuite, dès qu’ils en ont l’occasion. Le singe dont on fait cadeau. Sans dire merci. Impossible dans mon cas.

Me voilà plutôt à blaguer. À faire le clown. Triste.

Mais je lui dis au moins l’essentiel. Que je vais l’aider. Que je l’aime. Au travers de mots superflus. De phrases mal dites. Michel, enlève donc ton masque. Tes filtres. Sois la personne sensible que tu es. Pas facile de m’écouter. La carapace est solide. Bâtie depuis l’enfance. Très peu m’ont vu sans.

Je ne lui dis surtout pas ce que je pense des psychologues. Des panneaux sur le bord de l’autoroute. Aux messages variés, voire contradictoires. On espère juste qu’ils veulent nous amener où on veut vraiment aller. Rien comme un être perdu pour égarer tous les autres dans son sillage. S’en rendre compte après toutes ces séances. C’est chèrement payé, un domaine aussi vague. Je sais, plutôt sarcastique.

Si c’était mon amoureuse, je la prendrais dans mes bras. Juste le réconfort. La chaleur d’un câlin. J’ai trop peur. D’elle. Pas capable d’oser. La crainte de l’animal sauvage de cet âge ingrat. Un père, est-ce que ça peut être affectueux avec sa fille? Dans mes modèles, un père n’était affectueux avec personne.

Je suis si perdu.

Je lui parle de sommeil (elle dort moins que moi). D’utiliser moins sa tablette. Que l’équilibre mental, c’est fragile. Que la météo n’aide pas. Que ça peut même être lié à un dérèglement chimique. Une carence. Qu’elle devrait recommencer à prendre des multivitamines. Que je le fais encore. N’importe quoi, qu’elle doit se dire.

Depuis, l’angoisse. Toutes ces heures à penser. Des solutions, c’est plus aisé à trouver pour soi. Le sort de ceux qu’on aime, ça embrume le cerveau. Solide. J’ai même encore entendu le début du chant des oiseaux. Ça prendra juste un peu plus de café pour faire ma journée.

Elle a manqué son autobus ce matin. J’étais content d’aller la reconduire à l’école. Juste être là. Tenter de lui glisser quelques mots de réconfort. Tout croche.

Je sais au moins que j’ai changé. Je n’hésiterai pas à demander de l’aide. À impliquer son entourage. Le mien. Facile, ce n’est pas pour moi. Vous commencez à connaître le personnage. Ne riez pas!

Son frère n’est pas de mon moule. Il est chanceux. Il me dira ce matin qu’il est inquiet pour sa sœur. J’en profite pour lui dire de ne jamais attendre d’en parler quand ça ne va pas. Je le rassure, je prendrai soin d’elle.

Serais-je un bon modèle? Malgré tout, malgré moi…

 

michel

 

Essai sur le bonheur

Il y a de cela plusieurs mois, l’une d’entre vous m’a demandé

Il y a de cela plusieurs mois, l’une d’entre vous m’a demandé ma définition du Bonheur. Une question qui m’a laissée sans mots et sans réponses. Mais pas sans réflexions et maux de tête !

D’aussi loin que remonte l’Humanité, la question du Bonheur a souvent été au centre des préoccupations des hommes et des femmes. Cette question et les réflexions qui en découlent ont fait couler beaucoup d’encre déjà, donnant naissance à de nombreuses théories ou définitions.

Cette quête incessante du Bonheur a aussi été à l’origine de nombreuses désillusions et de prescriptions d’antidépresseurs.

Alors avant d’aller plus loin dans cet essai sur le Bonheur et avant de vous partager mon point de vue, il faudrait d’abord s’entendre sur ce qu’est le Bonheur.

D’après Wikipédia (celle du Larousse est trop sommaire), la définition du Bonheur est : « Un état durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité. État agréable et équilibré de l’esprit et du corps, d’où la souffrance, le stress, l’inquiétude et le trouble sont absents ». Le bonheur n’est pas seulement un état passager de plaisir, de joie, il représente un état d’équilibre qui dure dans le temps.

Donc pour être heureux, il ne suffit pas de ressentir un bref contentement. Une joie intense n’est pas le Bonheur. Un plaisir éphémère non plus. Pouvons-nous nous entendre sur ce point ?

Maintenant, je pense que tout le monde s’est posé cette question au moins une fois dans sa vie, si ce n’est pas tout au long de sa vie : comment parvenons-nous à ce Bonheur ? Ou plus simplement : comment être heureux ?

Certains penseurs sages disent que le Bonheur est en chacun de nous.

Ok. Dans ce cas, il est donc bien aisé à chacun d’être heureux et d’atteindre cet état de plénitude et de sérénité, en tout temps. Arrêtons de courir et de le chercher dans un ailleurs : notre Bonheur est à portée de main. Alléluia !

Sauf que si j’adhère à ce principe selon lequel le Bonheur est en nous, je ne peux cesser de me demander si nous sommes tous égaux génétiquement et socialement pour trouver et maintenir cet équilibre durable entre l’esprit et le corps?

Après tout, ne dit-on pas que certains ont le gène du Bonheur ? Ce qui voudrait dire que d’autres ne l’auraient pas…

Certains auraient-ils plus de facilité à vivre ce Bonheur tant espéré parce qu’ils ont gagné à la loterie génétique ?

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai un malaise avec ça !

Revenons à la définition Wikipédia du Bonheur. Si je me contente de me référer à cette définition, cela veut dire que je n’ai JAMAIS été heureuse. Et que je n’ai alors peut-être pas le fameux gène du Bonheur. Attention là, ne vous méprenez pas ! J’ai vécu de nombreux moments de plaisirs, remplis de joie. J’ai aussi connu un état de sérénité et de satisfaction à certains moments de ma vie, mais… je n’ai jamais expérimenté un équilibre sans stress, sans souffrances et sans inquiétudes.

Qui, d’ailleurs, peut vraiment prétendre avoir éprouvé cet équilibre de façon durable ? Levez la main, pas tous en même temps.

Personne ?!

C’est bien ce que je pensais. Le mot clé dans cette définition est DURABLE !

On a TOUS, à différents niveaux et à différents moments, connu des épreuves difficiles dans la vie, que ce soit une peine d’amour, un deuil, la maladie, la peur ou la souffrance…

Je vous le concède, la vie est plus douce avec certains d’entre nous. Tandis que pour d’autres, qui auraient pourtant génétiquement les mêmes aptitudes et les mêmes droits au Bonheur, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille.

Mais une chose certaine, tous ces événements — quelles qu’en soient la cause, l’ampleur ou la durée — ont fait basculer, ou du moins vaciller, cet état d’équilibre du Bonheur.

C’est ce qui fait de nous des êtres humainement constitués.

D’autres philosophes prétendent que le Bonheur est une quête. La quête d’une vie. La fin ultime. Que c’est à chacun de se le construire et de se donner les moyens de l’acquérir. Mais dans ce cas, n’est-il pas risqué de tomber dans une définition matérialiste du Bonheur ?

Alors, nous ne l’atteindrons jamais, ce Bonheur tant désiré, puisque dans nos sociétés de surconsommation, nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous avons. Nous en voulons toujours plus. Nous repoussons la barre du Bonheur toujours plus haut, toujours plus loin.

Et de toutes les façons, cette quête du Bonheur parfait ne peut se faire sans stress, sans peur ou sans souffrances. Nous sommes bien loin de l’équilibre recherché. Je dirais même qu’en cherchant en permanence ce Bonheur absolu, nous nous en éloignons. Il nous échappe. Pourtant, nous continuons à passer notre vie à le rechercher, sans jamais vraiment le trouver.

L’être humain est-il condamné à ne jamais connaître le Bonheur ? Le vrai.

Alors, pourquoi encore et toujours définir le sens et la qualité de notre vie selon cet état de Bonheur ?

Parce que le Bonheur est vital pour chaque individu. Il est aussi une question de santé : quand nous vivons un moment heureux, la chimie du corps s’améliore, la tension et le rythme cardiaque diminuent. Et quand nous avons goûté à cet état de bien-être, nous voulons le maintenir pour toujours. « Les hommes veulent être heureux et le rester », disait Freud.

Une chose est sûre, le Bonheur nous motive. Il nous stimule. Plus que la satisfaction qu’il nous apporte.

Le Bonheur n’est plus juste un état. Il est devenu l’étalon de mesure de nos désirs, de nos projets et de nos actes. Nous sommes naturellement conditionnés pour tendre vers cet idéal de Bonheur. Il est l’objectif ultime qui régit nos comportements et nos décisions de vie.

Nietzsche disait que « le Bonheur est une femme ». Vraiment ?

Alors je suis le Bonheur. Et pourtant, je ne suis pas heureuse. Pas tous les jours. Pas à chaque instant. Pas dans le temps. Non pas parce que certains de mes désirs ne sont pas encore comblés. Non pas parce que je suis insatisfaite des choses qui m’entourent. Non pas parce que j’en voudrais encore plus. NON.

Je ne suis pas heureuse en tout temps parce que je ne me (re) connais pas encore entièrement et que je ne m’accepte pas encore complètement pour ce que je suis.

Selon moi, le Bonheur ne tient pas au fait d’être aimé. Le Bonheur, c’est d’avoir assez d’amour pour soi. Car le Bonheur ne peut être constant que s’il est indépendant des gens qui nous entourent ou de l’environnement dans lequel nous évoluons.

Et ça — ce Bonheur — c’est le travail d’une vie !

Le Bonheur n’est pas juste un état, pas plus qu’il est inné. Le Bonheur ne s’achète pas, ne se conquiert pas et ne s’impose pas.

Le Bonheur — mon Bonheur — est de cultiver une manière d’être, de penser, de vivre et d’aimer, dans la durée. Et comme les manières s’apprennent, le Bonheur aussi.

Mon Bonheur, c’est d’apprendre à me connaître, à me découvrir, à m’aimer, chaque jour, au fil des événements de la vie, pour ce que je suis. Me choisir. Être heureuse, alors que rien ni personne n’en est la cause.

Vanessa Boisset

Rire avec nos enfants

Quand j’étais petite, ma mère disait souvent : « Quand on ne

Quand j’étais petite, ma mère disait souvent : « Quand on ne vaut pas une risée, on ne vaut pas grand-chose ». Mon frère se souvient aussi qu’elle répétait « La gentillesse attire la gentillesse », mais ça, je n’en ai aucun souvenir. On retient bien ce qu’on veut, hein!?

Cette idée de ne pas trop se prendre au sérieux… de s’amuser, même, de nos travers, s’est imprimée en moi. J’ai vraiment réservé une place de choix à l’humour dans ma vie et on peut dire que c’est ainsi que j’ai fait mon petit bonhomme de chemin, en riant et en faisant rire.

Le temps a passé et je suis devenue maman, une maman qui rigole toujours autant. Et je ne dis pas ça seulement parce que mon chum me lisait le livre de Louis-José Houde entre deux contractions à l’hôpital. Ni parce que j’ai l’impression d’atteindre le summum de mes capacités parentales quand mes enfants rient si fort que le verre de lait leur ressort par les narines.

Je suis une maman qui rigole, surtout, parce que certains moments d’une journée de maman à la maison sont encore plus hilarants que Louis-José Houde (oui, oui!). En fait, tous ceux qui ont la chance de côtoyer régulièrement des enfants sont aux premières loges d’un spectacle incroyablement divertissant. Ces petits êtres nous ouvrent une fenêtre sur un monde qui nous est maintenant inaccessible. Leur regard naïf et leurs raisonnements immatures sont une réelle bouffée d’air frais pour notre cerveau qui se languit du pays imaginaire.

Alors, juste pour le plaisir, je vous laisse entrer dans le monde de mes deux petits trésors à moi en partageant dix répliques qui ont fait craquer mon cœur de maman :

  1. Coco (trois ans) passant à côté du chantier de construction près de chez nous…

Coco : Pourquoi la grue de bouge pas?

Papa : Parce que c’est la pause du dîner.

Coco : C’est quoi un dîner de grue?

  1. Coco (trois ans) regardant Papa verser du combustible à fondue…

Coco : Il y a la petite tête de mort sur la bouteille.

Papa : Oui, et tu te rappelles ce que ça veut dire?

Coco (tout fier) : Oui, les pirates arrivent!

  1. Coco (trois ans) discutant au téléphone avec Grand-Maman…

Grand-Maman : Coco, tu m’as donné ton rhume.

Coco : J’ai dû en attraper un autre parce que je suis encore malade.

  1. Coco (trois ans) essayant de bosser Papa…

Papa : Arrête, c’est pas toi qui donnes les consignes ici.

Coco : C’est pas une consigne, c’est une menace.

  1. Coco (deux ans) : Coco aussi veut de la soie dentaire.

Maman : Non, c’est pour quand tu vas avoir de grosses dents et beaucoup de dents.

Coco : Quand je vais être une petite fille?

Maman : Non, quand tu vas être un grand garçon.

Coco : Comme Maman?

Maman : Non! Comme Papa, Grand-Papa, Parrain…

Coco : Comme Valérie?

Maman:…

Coco : Moi mon préféré de livre c’est Caillou.

  1. Le chien arrive en mâchant quelque chose accompagné de mon Poussin (cinq ans) qui chigne…

Maman : Poussin, qu’est-ce que tu as donné au chien?

Poussin : Rien!

Maman : Le chien mange quelque chose. C’est quoi?

Poussin : Je lui ai rien donné! J’ai bricolé un petit fantôme, je l’ai montré au chien, pis il l’a PRIS.

  1. Poussin (cinq ans) avant son vaccin…

Poussin : Maman, on dirait que j’ai un petit peu peur…

Maman : Je comprends. Qu’est-ce qu’on peut faire pour se sentir mieux quand on se sent nerveux?

Poussin : Acheter des choses?

  1. Poussin (quatre ans) : Mamaaaan! Est-ce que je peux sortir un jeu de société?

Maman : Oui, mais quand tu as fini de jouer, tu le ranges, OK?

Poussin : Non.

Maman : Quoi?

Poussin : Celui-là, je vais toujours le laisser sorti pour jouer avec.

Maman : Non.

Poussin : Ha non?

Maman : Non.

  1. Coco (sept ans) : Finalement, je crois que plus tard, je serai druide.
  1. Et finalement…

Coco (deux ans) : Maman, j’ai mis un peu d’amour sur ta joue (= bisou).

Et vous, riez-vous avec vos enfants?

Elizabeth Gobeil Tremblay