Archives février 2018

Ton envol

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La porte s’ouvre. Je découvre avec stupeur cet endroit si petit, si loin, si laid et qui sent si mauvais… Toi, tu souris. Tu es heureuse. Tu frétilles de joie en visitant ce futur logement qui sera le tien…

Je te regarde aller, si légère et enjouée. Tu es passionnée. Tu planes de bonheur. Le campus te plait et cette minuscule chambre, tu l’adores.

– Je vais la rendre chaleureuse! Je vais mettre des lumières et des rideaux! On pourra peindre les murs hein?! Et des tapis! Ça va être full beau! OMG maman! J’ai hâte!

Tu es si joyeuse!

Moi, j’ai envie de hurler.
17 ans.
Tu t’en vas.

Je sais que c’est normal et que c’est la vie. Je sais que tu es prête. Une partie de mon cœur est si fière et si heureuse pour toi. Mais l’autre morceau de mon cœur de mère, il saigne…

Parce que, ma fille, tu as fait de moi une maman. Depuis 17 ans, nous partageons ce quotidien, cette maison… et tu remplis ma vie avec passion.
Tu vas laisser un grand vide…

Y’aura personne pour me faire chialer quand j’ai besoin de la salle de bain. Y’aura personne pour préparer des gâteaux au chocolat les dimanches après-midi trop froids. Y’aura personne qui écoutera de la musique trop fort. Y’aura personne qui accaparera le téléphone pendant des heures. Y’aura personne qui fera bruler ces bougies qui sentent si bon.

Comment je vais faire pour ne pas trembler chaque seconde de chaque minute de ta nouvelle vie? Comment je vais faire sans entendre le bruit de tes pas le matin? Comment je vais faire sans te dire bonne nuit le soir? Comment je vais faire sans toi?

Tu prends ton envol…

En dedans je pleure… mais je ne te le dirai pas…
C’est ça aussi être maman…

Tu me manques déjà…

Gwendoline Duchaine

 

Atteindre le fond du garde-robe

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Six mois postséparation.

Trois mois postdéménagement.

Je m’étais mis des échéanciers. Flexibles, quand même.

1 journée pour que mes enfants se sentent bien dans notre nouveau nid. Check!

1 semaine pour tout nettoyer (compte tenu de l’état de la maison quand j’en ai pris possession, on parle plus de désinfecter/décrotter. Littéralement. J’en ai eu les jointures en sang.)

1 mois pour faire disparaître toutes les boîtes. Ça impliquait entre autres que tous les (millions) de livres soient dans les bibliothèques, mais pas nécessairement placés par couleur et par grandeur.

2 mois pour enlever l’odeur de chats laissée par les bêtes puantes de l’ancienne propriétaire. La journée où mes enfants sont entrés dans la maison en s’exclamant « Hum! Ça sent donc ben bon! », j’ai crié « Victoire! » Merci, mijoteuse remplie de sauce à spag.

3 mois pour commencer à recevoir des amis. Les miens, ceux des enfants. Il fallait changer l’odeur entre les murs, mais aussi l’énergie. Associer les pièces avec des moments lumineux, avec des fous rires. J’aimerais me transformer en Martha Stewart quand je reçois, mais j’ai perdu l’habitude. Dans les dernières années, quand il n’y avait pas de crises d’enfants, on était exténués et trop occupés à appréhender la prochaine. D’un commun accord, on avait choisi de s’isoler, de se replier sur notre bulle pour éviter l’épuisement et les situations embarrassantes. Maintenant que les enfants ont pris de la maturité et qu’ils se sont calmé le pompon, je réapprends à me faire confiance comme hôtesse. Je m’organise, je réapprivoise tranquillement le plaisir d’accueillir amicalement. Le plaisir d’inviter. La plaisir de cuisiner pour d’autres. Le plaisir de laisser aller les choses, aussi.

Je n’ai pas mis de date butoir pour que mes enfants se sentent autant chez eux ici qu’à l’autre maison qu’ils habitent depuis six ans. Pour eux, chez nous, c’est encore chez moi. Leur tête sait que c’est aussi leur maison. Ils me disent qu’ils s’y sentent bien. Ils me le montrent. Ils s’endorment sereins et se réveillent de bonne humeur. Quand je leur ai demandé s’ils voulaient changer des choses (ajuster la routine du matin, ajouter un meuble, déplacer leur lit…), ils m’ont répondu en chœur : « La seule chose qu’on veut vraiment changer, c’est qu’on se chicane trop entre nous. Faut vraiment que ça arrête! » Bien d’accord… Et aussi, ils voulaient aller plus souvent à la bibliothèque. Facile! Avec le printemps qui arrive, ce sera plus facile aussi de rencontrer les voisins, de se faire des amis de quartier. Regarnir notre vie sociale.

Pas de date d’échéance, non plus, sur mon célibat. Je me fais souvent demander si j’envisage une nouvelle relation. Oui, sûrement. Éventuellement. Je ne ferai pas une Dominique Michel de moi-même en m’entêtant à grands coups de « Pu jamais! » Mais je ne suis pas en quête. Je ne suis pas en manque. D’amour charnel ou d’amour tendresse. Un câlin amoureux ferait certes du bien à l’occasion, mais je ne ressens pas le vide et encore moins le désespoir. La solitude m’est présentement utile et douce. Elle me donne le temps de m’organiser, de me connaître, de m’ajuster, de décider qui je suis, qui je veux être.

Et puis sérieusement, je ne sais pas où je caserais un homme dans ma vie présentement. Les cases « temps », « émotions » et « espace » commencent à peine à ne plus déborder. Je veux donner du temps à la surcharge de se résorber.

Même son de cloche côté penderie: ça déborde! Si je regarde mon garde-robe, je vois mes vêtements partout. J’abuse même en empiétant sur le garde-robe de mon plus jeune. Je pourrais faire un giga ménage, repartir à zéro, tout apporter à la Saint-Vincent. Surtout que je flotte dans les trois quarts des pantalons. Mais non.

Pour l’instant, je couds des pinces à la taille pour me sentir bien. J’avertis mes enfants qu’ils doivent me le dire s’ils se rendent compte que j’ai perdu mes pantalons en chemin. Faut les responsabiliser, non? Il me reste encore quelques livres à perdre pour retrouver le poids santé que j’ai égaré par malheur. Je ne suis pas encore prête à choisir quels vêtements je garderai, lesquels je relèguerai aux oubliettes. Je choisis de désencombrer. À mon rythme. La purge totale menée par le bout du nez par la frustration d’une relation échouée, c’est non. J’ai changé de maison, c’était ma façon de sauter pieds joints dans MA nouvelle vie.

Un jour, je verrai le fond de mon garde-robe. Ce jour-là, je verrai mieux le fond de mon cœur. Et je saurai qu’il y a de l’espace libre pour accueillir un nouvel amour. Une chose à la fois, et chaque chose en son temps.  

 

Nathalie Courcy

Une mère, c’est essentiel. Une tante, c’est important : lettre à ma nièce

Ma belle niènièce d’amour,

Ma belle niènièce d’amour,

Tu es venue au monde le 28 avril 2017, alors que j’étais déjà maman de deux petites filles et que j’allais l’être une troisième fois à nouveau à peine trois semaines après ta naissance. Il m’a semblé — mais peut-être est‑ce fou — que notre relation était condamnée à l’avance. Que j’aurais ben beau t’aimer avec mon grand cœur de nouvelle tatie, jamais je n’aurais le temps et l’énergie de m’investir dans cet amour, car ma machine maternelle et maternante surchauffait déjà. Il me semblait que t’aimer, je ne pourrais le faire qu’à distance.

Quand tu es née, j’étais une enflure sur deux pattes, une planète qui tourbillonne avec vigueur pour se déplacer dans l’espace. J’étais enceinte de trente‑huit semaines. J’étais fatiguée, ankylosée, courbaturée, mais émerveillée de te voir enfin le bout du nez. Je me souviendrai toujours de la première visite que je t’ai rendue, à la maison de naissance de Blainville, en compagnie de ta grande cousine Lilianne qui te regardait avec les yeux brillants d’étoiles. Par respect pour ma petite sœur qui tenait son petit bébé avec une légère nervosité de petite maman, je n’ai pas osé te tenir dans mes bras, même si je me disais avec tristesse que les occasions de te prendre manqueraient au cours de ta vie, de la mienne. Mes bras, ils serviraient bientôt de hamac et de perchoir pour mon bébé alors encore dans mon ventre.

Pourtant, à peine vingt‑quatre heures après ton retour à la maison, une occasion en or s’est présentée à nous. Une occasion déguisée en haute pression maternelle et en haute fatigue paternelle. Une occasion pour moi de devenir l’héroïne du jour en proposant de venir te bercer une nuit complète. Une occasion pour moi de te tenir longuement dans mes bras, de humer ton parfum naturel sucré que tu portes encore à ce jour, de te couvrir de ma tendresse de tatie. Je me suis dit que ma vie était un beau chaos, et donc qu’entre les cours de théâtre de Lilianne, les crises d’asthme de Mandoline et les tétées d’amour de mon bébé à venir, je n’aurais certainement plus jamais le temps de bercer ma belle niènièce en oubliant que le temps file et que les aiguilles tricotent. Je me suis dit que je serais sûrement tellement occupée à être une maman que jamais je n’aurais le temps d’être un tant soit peu une tatie.

Mais je me suis surtout dit que cette nuit de l’extrême fin-avril, elle nous appartenait, à toi et moi, et nous appartiendrait pour toujours. Que tout l’amour que je porte à mes propres enfants ne pourrait néanmoins pas nous l’enlever. Que ma fonction de mère de tes trois cousines ne pouvait rien contre cette nuit. Qu’elle était là, gravée sur mon cœur comme un tatouage sur Kat Von D. Que je serais ta tatie pour toujours, même si parfois, voire souvent, les circonstances exigeraient que j’exerce ma tatitude de loin, à trois bras de distance.

Je me suis dit que ça prenait un village pour élever un enfant, et que je ferais partie de ton village. Qu’une mère, c’est essentiel; qu’une tante, c’est important.

Que mes enfants sont tout mon univers, et que toi, tu es mon soleil.

 

Véronique Foisy

La vie change quand on a des enfants.

Le jour où on a des enfants, notre vie change. Attention ! Je ne

Le jour où on a des enfants, notre vie change. Attention ! Je ne parle pas ici du cliché des nouveaux parents qui voient leur vie basculer. Non, non. Je vous parle de notre vision des petites choses et des petits bobos qui prend une toute nouvelle tournure !

Avant d’avoir des enfants, tu pensais que tu connaissais bien la fatigue. Pfff ! Tu en avais passé, des nuits blanches à jaser, chanter, danser et boire. C’est ça, la fatigue, non ? Non. Les enfants, eux, connaissent une méthode de torture qui te garde éveillée des jours, des semaines et des mois durant. Sans aucun répit. Je te jure, ils ont mis des détecteurs de mouvements sur ton oreiller, et si tu y poses la tête, ils se remettent à hurler ! Alors tu as aussi développé des réflexes pour t’adapter, pour survivre. Comme boire trois cafés le matin, froids bien sûr. Comme profiter de la sieste pour t’étendre. Ha, quelle bonne blague ! Il ne fera pas de sieste finalement aujourd’hui… #cestluileboss

Avant d’avoir des enfants, tu allais voir une partie de football pour encourager ton ami ou ton cousin, simplement. Si un joueur se blessait, tu envisageais les répercussions sur la possible victoire. Maintenant que tu as des enfants, oublie ça. Tu vas passer plus de temps à regarder les parents des joueurs dans les estrades que la partie elle-même. Parce que maintenant, quand tu vois un papa avec les yeux remplis de fierté, tu ressens une boule infinie de joie dans l’estomac. Si un joueur se blesse, tu tournes immédiatement ton regard vers sa maman… et tu penses à ce que tu vivrais si ton propre enfant se blessait… et là le cœur t’arrête. Une vraie dinde. Parce que ce n’est même pas vraiment ton enfant. Mais tu ne peux pas t’empêcher d’angoisser quand même.

Avant d’avoir des enfants, tu embrassais tout le monde à Noël sans te soucier d’attraper un vulgaire microbe. Au pire, tu « callais malade » pour écouter des films dans ton lit pendant deux jours. Maintenant que tu as des enfants, tu visites les foules avec un œil de Colombo pour éviter de toucher à quelqu’un de contaminé. Et si par malheur, quelqu’un te dit qu’il a la G.A.S.T.R.O., tu cours. Vite. Parce que tu le sais, astheure, que la gastro, tout le monde va y passer. Pas en même temps-là, nenon, ça serait trop facile ! Pis en plus, tu as développé des réflexes vraiment étranges, comme mettre tes propres mains devant la bouche de ton enfant pour attraper un projectile de vomi. Tu ne faisais pas ça, avant !

Avant d’avoir des enfants, tu voyageais, tu courais les manèges les plus rapides et les plus hauts et tu cherchais les nouvelles sensations fortes. Maintenant que tu es maman, même plus besoin de sortir de la maison pour ressentir de l’adrénaline ! Prises de courant, escaliers, divans, couteaux, p’tit bout de sac de lait, raisin pas coupé… ça n’en prend pas plus à la portée de ton petit pour que ton cœur ne cesse de battre une minute !

Faque oui, maintenant que tu as des enfants, ta vision des petites choses a changé. Tu fuis les microbes, tu dors moins, tu paniques plus et surtout, tu te remets constamment en question… Mais tu as aussi appris ce que c’est que d’aimer pour vrai. Aimer à en avoir mal dans la poitrine. Aimer à vouloir croquer un petit humain beaucoup trop fort. Et quand bébé va (enfin) te permettre de dormir, tu vas préférer passer ce temps à le regarder dormir paisiblement en lui promettant que tu es là pour le protéger. Quoiqu’il advienne. Tu te répéteras que tu as créé un petit humain qui vivra de grandes choses.

Et quand tu vis ça, tu sais que ta vie a changé. Mais pour le mieux.

Joanie Fournier

Trois petites lettres : TSA

J’ai piqué du nez un peu, j’ai le cœur écorché. Ça fait mal

J’ai piqué du nez un peu, j’ai le cœur écorché. Ça fait mal, mais c’est ça aussi, la vie : avoir mal des fois. J’ai créé et mis au monde un enfant différent. Un diagnostic de trois petites lettres vient de faire son apparition dans notre vie : le TSA. Trois lettres qui expliquent des années d’incompréhension.

Ça me fait mal, parce que j’aime mon enfant plus que ma propre vie. Ce mal-là est nécessaire, pour lui. Si je n’avais rien fait, mon égoïsme et mon cœur de mère n’auraient pas mal, eux ; lui oui. Passer sa vie à vouloir entrer dans un moule dans lequel il ne fitte pas, ça doit être une souffrance quotidienne pour lui.

Moi, ça va passer, sauf que…

On dirait que c’est moins bien vu d’avoir mal et surtout d’en parler. Pis pas que dans cette situation, dans toutes les situations existantes de la vie. On dirait que l’humain équilibré, il doit être positif, toujours positif. J’ai longtemps été comme ça et je n’avais pas l’impression d’être en équilibre, alors maintenant, j’opte pour l’authenticité, ça me ressemble plus.

Faire semblant que je gambade dans un champ au soleil couchant quand la vie vient de m’envoyer un uppercut dans le ventre, ce n’est pas pour moi. Non, j’ai besoin d’être pliée en deux le temps de reprendre mon souffle. Je me relèverai quand j’aurai apprivoisé le choc.

Je me donne toujours un temps d’apitoiement. Là, je suis dedans. Je rêve d’une cabane dans les bois, de solitude, de musique et de crème glacée à même le pot. Dans le fond, je suis comme un animal : quand j’ai mal, j’ai besoin de m’isoler et de revenir quand ça va mieux. Cependant, quand c’est fini, c’est fini et j’avance tellement mieux avec le cœur léger.

Évidemment, je ne parle pas de faire de ma vie une souffrance, seulement de me permettre cette parcelle de souffrance pour mieux avancer.

Mon fils a un trouble du spectre de l’autisme (TSA), pis je ne le voudrais pas autrement. Il est ma perfection, une de mes deux plus grandes réussites. J’ai conscience qu’il est hyper fonctionnel, qu’il aura une vie des plus normales malgré ses défis, que le diagnostic ne le changera en rien et surtout, je comprends qui il est maintenant. Cependant, pour une raison qui m’échappe, ça fait mal.

J’ai juste besoin de temps et de crème glacée.

Je lève mon chapeau bien haut à vous qui devez faire face à la différence de quelque façon que ce soit. Je ne m’imaginais pas le moins du monde que ça pouvait fesser à ce point. À tous ceux qui devront y faire face, prenez le temps dont vous avez besoin.

Marilyne Lepage

Mon enfant est malade

« Mon enfant est malade ? L’ibuprofène sera mon allié pour q

« Mon enfant est malade ? L’ibuprofène sera mon allié pour qu’il passe au travers de sa journée… »

Je n’ai jamais trop eu à gérer ce type de parent. Heureusement. Ils sont peu à se soustraire à ce rôle lorsque leur enfant requiert le chevet une fois malade. Mais des histoires de la sorte, j’en ai entendu parler. Ce ne sont pas, malheureusement, que des ouï-dire… que des histoires racontées autour d’un feu de camp pour créer l’émoi.

En regardant les petits yeux vitreux de votre enfant ce matin-là, vous vous êtes demandé ce qu’il avait. Il fait de la fièvre. Pas une petite température qui s’élève et qui signifie une petite poussée dentaire ou un petit mal… non… quelque chose qui cloche. Vraiment. Vous vous êtes levé maintes fois cette nuit car il vous réclamait. Il pleurnichait, se retournait dans son lit tout en vous demandant un verre d’eau, puis n’en voulait plus. Vous murmurait entre deux sanglots qu’il n’était pas bien. Il a fini par se rendormir. Vous aussi. La nuit fut courte pour tous. Et là, la fièvre. Aucun autre symptôme qui se pointe. Juste votre fatigue, sa température et ses yeux vitreux.

Vous administrez un peu d’Ibuprofène pour qu’il tienne le coup toute la journée. Qu’il soit « juste » confortable pour passer au travers. Ce soir, après la journée de travail, on regardera ce qu’il a… s’il l’a toujours ! Ce n’est pas le matin que nous avons le temps de relativiser. Il y a le boss qui nous attend, des documents à remettre ou à présenter. Nos suppositions de maladies peuvent bien attendre. Le mal-être de notre enfant attendra. L’ibuprofène servira alors à cela.

Aucune collaboration de notre tout petit pour accélérer le pas. C’est qu’il nous retarde, ce matin ! Avec la courte nuit passée, difficile de rassembler nos esprits pour être à l’heure !

Arrivés au service de garde, on esquive un sourire à l’éducatrice en lui laissant notre petit trésor. Souhaitant qu’elle n’y voie que du feu. Espérant que la bonne humeur de notre enfant revienne à la vue des nombreux jouets qui s’offrent à lui, devant la disponibilité de son éducatrice, devant le bonheur des retrouvailles de ses copains de la journée, devant cette pièce remplie de comptines et de jeux qui l’attendent. Il va s’amuser… pourquoi s’inquiéter davantage.

On retourne à sa voiture. On a caché la mauvaise nuit à l’éducatrice. On a négligemment donné de mauvaises pistes sur la médication offerte pour soulager son état, son mal, ses maux. On pense à notre amour. On se sent coupable de ne pas avoir pris du temps, de ne pas avoir écouté son instinct de parent. On retourne à son travail, à ses préoccupations d’adulte. Notre enfant est entre bonnes mains. Tout ira bien. On jugera de la situation ce soir.

Puis le dîner passe. 15 h arrive. La sieste de votre enfant qui vient de prendre fin. Le téléphone sonne ou le texto arrive, bref, vous aviez fini par oublier. Non pas votre enfant, mais votre nuit et votre matinée désastreuses. L’éducatrice vous le rappelle pourtant. Votre petit ne va pas bien. Et oui, l’effet de l’ibuprofène s’est dissipé. Le décompte est bon. Ça fait huit heures. Et oui déjà. On doit quitter promptement… La journée était bientôt terminée de toute façon. Le temps de boucler les derniers trucs, de passer à la pharmacie ou à l’épicerie (la soirée sera longue, la nuit aussi probablement). Et nous sommes devant l’éducatrice à balbutier des « Ouin… il n’avait pas passé une super bonne nuit… »

Mais, qu’en est-il pour l’éducatrice qui a accueilli votre enfant ce matin-là ?

  • Bon matin à vous deux ! Oupidou ! Tu sembles avoir encore les yeux dans l’oreiller !

(Et oui, elle avait détecté, à ce même moment, qu’il avait passé une mauvaise nuit. Déjà !) Ces petits yeux‑là, elle les connaît. Malgré les couleurs qui changent, ces yeux-là, elle les a vus à maintes reprises, chez plein d’autres enfants. De petits yeux vitreux qui dégagent un « je ne me sens pas au top ! Mais la médication va tout calmer, va tout camoufler ! »  Ce petit rechignement-là aussi, elle le connaît. Cette petite crisette de vous voir partir au boulot tandis qu’il aimerait que vous restiez pour se lover dans vos bras. Elle connaît ça.

Toutefois, l’addition des constatations des deux minutes d’observations dans le cadrage de porte lui rappelle qu’elle devra être là pour votre enfant aujourd’hui. Qu’il en aura besoin. Que son expérience, sa patience, sa douceur lui seront salutaires. Elle préviendra les copains d’être conciliant avec votre enfant. Elle lui permettra de se retrouver seul, en jeu calme. Elle ne le forcera pas à se joindre aux amis lors des activités de groupe. Beaucoup trop bruyantes et énergisantes pour ce petit corps qui tient à peine le coup. Elle n’insistera pas pour qu’il avale « encore une bouchée pour être fort et grand ». Elle préparera son matelas en premier pour qu’il puisse enfin s’y retrouver. Elle s’assurera qu’il est bien, qu’il est confortable, qu’il est tranquille. Elle veillera sur lui. Votre enfant, elle le connaît aussi. Elle s’inquiète pour lui, comme vous.

Sa disponibilité envers votre trésor l’empêchera toutefois d’être aussi présente auprès les autres enfants. Cela l’obligera à revoir l’horaire de sa journée pour que votre trésor puisse bénéficier du meilleur d’elle. Le soir venu, elle passera à la désinfection en grande pompe pour éviter la contagion. Elle sait que les journées à venir seront des répétitions d’aujourd’hui. Tous y passeront assurément et elle aussi. Mais elle sera toujours au poste ! Toujours disponible ! Malgré le fait qu’elle aura puisé dans son énergie pour soutenir toute la marmaille avant que ce soit elle qui finisse par attraper le virus. À court d’énergie. Elle sera là !

Votre enfant a réussi à passer au travers, somme toute de façon relativement simple. Vous avez gagné à la loterie de ceux qui se relèvent facilement des microbes. Un vrai David contre Goliath ! Mais qu’en est-il pour son copain de jeux ? De la maman enceinte qui utilise le service de garde et qui ne peut prendre de médicaments pour soulager adéquatement ses maux ? Qu’en est-il de celui dont la santé est si fragile et pour qui chaque virus vire au cauchemar, l’obligeant à visiter l’hôpital presque à chaque fois ? Qu’en est-il de l’éducatrice qui devra peut-être prendre congé et se faire remplacer ou fermer le service de garde s’il s’agit d’un milieu familial ?

Quand vous agissez pour rendre « juste » confortable l’état de votre enfant pour qu’il soit en mesure de passer au travers de sa journée, votre envie de rendre confortable sa journée ne vous dit-elle pas qu’il serait mieux à la maison ? Vous endormez les maux, mais malheureusement, pas le processus de contamination. C’est important de prendre le temps de se poser des questions. Après la mauvaise nuit et avant de quitter pour le travail, le milieu de garde n’est malheureusement pas votre plan B comme celui exigé dans le contrat de service de garde.

Vous avez confiance en l’éducatrice de votre enfant. Vous l’avez choisie. Sa pédagogie, son environnement répondent en tous points aux valeurs que vous voulez transmettre à votre enfant. Pourtant, lorsqu’elle vous dit que votre enfant peine à suivre le groupe… dans ce moment-là, il importe aussi de lui faire confiance. Elle veille sur votre petit trésor comme sur la prunelle de ses yeux. Ces yeux-là, bienveillants, vous les connaissez pourtant. Vous espérez tellement de cette personne. Faites-lui confiance.

Il importe donc de toujours se poser la question à savoir si l’état de son enfant porte atteinte au reste du groupe qu’il côtoie et surtout… si un autre enfant était dans le même état que le sien et se retrouvait au service de garde… comment nous sentirions‑nous ?

Mylène Groleau

Quelle intuition féminine?

Un jeudi soir, vers 23 h 10. Je passe la vadrouille…

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Un jeudi soir, vers 23 h 10. Je passe la vadrouille…

Je me sens jugée. Je vous entends : « Une autre qui veut jouer à la supermaman, qui veut que tout soit parfait. Elle fait chier! » Je penserais sans doute la même chose. C’est si facile, de juger les autres. Si rapidement. Entre nous, les filles, nous nous donnons rarement le bénéfice du doute.

Petite fille, ma mère m’a parlé de l’intuition féminine. C’était comme un cadeau que les femmes se transmettaient entre elles. Un autre de nos superpouvoirs.

C’est de la foutaise, je n’ai rien vu venir.

Ce jeudi soir comme bien d’autres. Je dois encore tout faire. Épuisée par le manque de sommeil. L’arrivée de l’école, le repas. Vite, filer à l’aréna, pour une (autre) pratique de hockey de fiston. À perdre mon temps dans les estrades, forcée de socialiser. Garder mon masque du « tout va bien ». Tout le temps.

– Roxanne, nous quittons, nous reviendrons vers 21 h 15!

– OK! (lancé du fond de sa caverne, qu’elle ne partage qu’avec sa tablette).

Le retour. L’habituel « … Dépêche-toi de prendre ta douche, il y a de l’école demain! » Je dois encore me battre avec son équipement. Tout préparer pour sa prochaine activité. Je viens de déposer lourdement la poche dans l’entrée…

– Maman, Roxanne est tombée!

Mon cœur de mère s’arrête. Il s’arrêtera plusieurs fois, cette nuit-là. Je grimpe les escaliers. Je la trouve, comme il l’a trouvée. Un petit paquet tremblotant. Il y a du sang partout. Elle me demande d’appeler l’ambulance.

La femme parfaite, la supermaman, elle perd la carte. Je vois sa tablette, à ses pieds. Je la prends, de rage, je la fracasse dans un coin de la salle de bain. La céramique, ça ne pardonne pas. C’est trop fort, mon cerveau a fait un lien entre la tablette et son état. Comme un mécanisme de protection maternelle. Je reviens vite à moi, ça presse.

C’est dans ces moments qu’on voit toute l’efficacité de notre système de santé. Aucune attente à l’urgence. Elle sera hospitalisée dans la section psychiatrique. L’infirmière m’annonce qu’elle a des marques sur toutes ses jambes, des orteils jusqu’aux parties. Partout sur les bras, des mains jusqu’aux épaules. Des centaines de marques, à la lame d’X-Acto. Elle a écrit sa détresse, à fleur de peau. Un message qui restera.

Ma fille commence son long voyage vers le rétablissement. J’ai confiance en elle.

C’est aussi le début d’autres voyages. Le mien. Le combat contre ma perception d’avoir été une mauvaise mère. Ce soir-là. La veille, le mois dernier. Des centaines de fois. Celui de son frère, qui a des photos, imprégnées dans sa tête. Il est si sensible. Il nous faudra de l’aide extérieure, c’est évident.

Je m’attends à recevoir plein de conseils. Voulus ou non. Des sous-entendus, que je suis responsable. Je les juge à mon tour. Elles sont incapables de me comprendre. Elles sont si parfaites, elles ne peuvent croire que ça pourrait tout aussi bien leur arriver.

L’adolescence, c’est souvent un passage douloureux. Nos enfants décident parfois d’emprunter des chemins qui nous sont inconnus. Elle sait que je l’aime. Je vais continuer de le lui dire. Faire de mon mieux pour lui démontrer. Parfaitement imparfaite.

Je sanglote, aucune mère ne devrait avoir à nettoyer le sang de son enfant…

 

Eva Staire

La fièvre

D’un coup, sans prévenir, tu ne files pas, tu respires rapidement, tes yeux sont vitreux, tu devi

D’un coup, sans prévenir, tu ne files pas, tu respires rapidement, tes yeux sont vitreux, tu deviens mou, tu ne manges plus, tu es chialeux, ta peau est si chaude… Je n’ai même pas besoin de prendre ta température, car je sais qu’elle est de retour… la fièvre…

Chaque fois, ce même moment de panique dans mon cœur de maman : mon bébé chauffe ! Son petit corps lutte contre une infection ! Qu’est-ce qu’il a ? Va‑t‑il se déshydrater, convulser ou mourir ? Mes battements cardiaques accélèrent, j’ai la nausée, je me garroche sur un médicament qui va faire tomber sa température. Je cours vers le téléphone : vite, il faut appeler la clinique !

Je sais pertinemment que ça peut ne pas être grave ! Les dents, un rhume, un virus quelconque… MAIS MON BÉBÉ EST MALADE ET MOI J’AI PEUR !

Parce que t’sais, ça se peut que ce soit dramatique ! Sur Internet, je découvre avec angoisse plein de maladies terrifiantes que mon enfant pourrait avoir !

Quand il finit par s’endormir, le souffle court et les joues si rouges, je n’ose pas fermer l’œil… je veille… je tourne en rond et je suis alerte…

Est-ce ça, l’instinct maternel ? Paniquer complètement quand mon petit chauffe ? Si c’est le cas, ce sentiment n’est-il pas primordial pour la survie de l’espèce ? Ça nous oblige à être à l’écoute de chaque alerte !

Pour mon cœur de maman, la fièvre, c’est une alerte ! Alors toi, médecin, infirmière, amie, conjoint, grand-mère… je n’ai pas besoin que tu me dises que ce n’est pas grave, qu’il faut attendre 48 heures, que je ne dois pas m’en faire… J’ai seulement besoin de ta main sur mon épaule, de ton écoute, de ta présence bienveillante. J’ai besoin de tu me croies…

Car quand une maman dit que son bébé ne va pas bien : elle ne se trompe pas…

 

Gwendoline Duchaine

 

Puis-je me joindre à vous?

Je suis certain que vous l’avez déjà vécu…

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Je suis certain que vous l’avez déjà vécu…

D’un naturel amoureux, vous déliez tous vos muscles romantiques. Vous tentez de le faire à l’année, mais aussi à la Saint-Valentin.

Course contre la montre. Désespoir d’inventivité. La quête avec une majuscule…

Vous la connaissez depuis peu, depuis toujours. Vous voulez tellement que tout soit « parfait ». Même si un parfait au chocolat, ça goûte étrange.

Enfin, vous avez trouvé l’endroit pour un souper en « tête à tête ». Le doute constant, vous y arrivez ensemble. Fébriles. On vous octroie une table si petite que la connivence est assurée. Votre cœur bat la chamade… Si près du but!

Arrive le serveur ou la serveuse. On est presque au « tu »! Inconfort, qu’il vous faut contrôler, car la personne qui vous accompagne s’attend à une belle soirée. Vous aussi, évidemment. Avec la nostalgie du savoir-vivre vous vous dites, à l’intérieur, « Une p’tite bine avec ça? » Tous les autres intervenants seront ensuite du même acabit, quasi un complot. Sans doute la jalousie de travailler pour ceux avec qui on changerait, volontiers, de place.

Ça, c’étaient les préliminaires.

Prise de contact avec la faune. À droite, le visage terrifiant d’un futur éteint. Rien à se dire à l’année, rien de différent aujourd’hui. À gauche, une table normale de plusieurs. Du vivant mais respectueux. C’est ce qu’on se dit au départ, mais le choc sera brutal.

Il s’y trouve le champion. Celui que vous voulez toujours éviter à tout prix. Juste à côté de vous, à distance d’une gauche inversée dont vous aviez maitrisé les subtilités par vos années de tae kwon do. Encore ce maudit self-control obligé. Vous jugez que Jane ne se sent sans doute pas en danger, Tarzan est inutile.

Il parle FORT! Toutes les tables à plusieurs mètres à la ronde peuvent suivre chacune de ses interventions, de ses opinions. Évidemment ça vole bas, le rire gras… Le coq enterre le soleil à répétition jusqu’au lever de la lune. Assourdit tous les autres et tient le plancher. Danseur, il écraserait rapidement tous les pieds accessibles…

Votre seul souhait, qu’il soit pris d’un malaise. Au moins aussi pire que celui qu’il provoque. À défaut, que la séquence normale l’expulse rapidement des lieux. Que tout le personnel devienne des collabos…

Aucune chance, il partira en même temps que vous!

C’est alors que se manifeste la beauté des relations naissantes ou fortes. On en rit ensemble. Le rire complice, c’est aussi un aphrodisiaque.

S’il voulait gâcher votre soirée, c’est raté!

Bonne Saint-Valentin à toutes et tous. N’oubliez pas, l’amour n’aura jamais une seule dimension et saura toujours vous surprendre.

michel

 

Et si on se disait qu’on s’aime tout simplement?

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J’en entends déjà plusieurs soupirer à l’approche de cette fête commerciale, comme plusieurs l’appellent. Plusieurs la fuient alors que plusieurs affectionnent particulièrement cette journée.

 

Bien entendu, chaque jour devrait en être un où nous disons aux gens qui nous entourent que nous les aimons. L’amour n’a pas de date, d’heure ou d’endroit précis. J’en conviens.

 

Sur les étalages des différents magasins, nous sommes submergés par la panoplie d’articles roses et rouges. Que ce soit du chocolat, des fleurs, des toutous, toute cette exposition peut donner certaines nausées. Encore une fête futile où dépenser de l’argent durement gagné. Mais ce fameux 14 février est-il vraiment nécessaire?

 

Dépenser outre mesure en se sentant obliger d’acheter un cadeau à notre tendre moitié, à nos enfants ou à nos parents, est selon moi du superflu. Cependant, j’affectionne cette fête, car elle nous permet de nous arrêter, de profiter du moment présent avec ceux que nous aimons. Si ce fameux 14 février n’existait pas, aurions-nous ce réflexe de célébrer l’amour? Vous me direz que oui, un couple se doit de prendre du temps pour lui, rien que pour lui, et ce, plus d’une fois par année. Je vous l’accorde. Si vous êtes ce couple, cette famille, qui sait prévoir à l’horaire ces soirées, tant mieux. Cependant, le manque de temps semble un fardeau cruel à porter pour plusieurs petites et grandes familles. Dans le chaos quotidien, nous prenons moins le temps de nous arrêter, de faire de petites attentions. La Saint-Valentin nous ramène à l’essentiel. L’amour. Juste l’amour. Sans superflu.

 

Un souper aux chandelles, en amoureux, en famille, entre ami(e)s ou encore seul(e), sans pression. Dire « Je t’aime » plus souvent que je ne le ferais habituellement dans une journée dite normale. Fabriquer de petits jeux maison sous la thématique de l’amour et des cœurs avec les enfants. Nul besoin de consommer du chocolat à en avoir la nausée ou de se sentir dans l’obligation d’offrir une douzaine de roses à sa tendre moitié.

 

Si on s’aimait? Si on faisait juste ça? S’arrêter. Profiter. Apprécier. S’aimer.

S’aimer pour ce qu’on est vraiment. Pas pour du matériel. Juste du vrai. Juste du beau.

 

Maggy Dupuis

Top 10 des trucs que tu ne connais pas si tu habites un pays chaud.

L’hiver a ses charmes. Bien entendu, on pense aux sports d’hiver

L’hiver a ses charmes. Bien entendu, on pense aux sports d’hiver, aux sapins enneigés, au bonheur d’enfiler tuque et foulard…

Cependant, il y a une foule de trucs dont on parle peu et qui pourtant nous unissent, habitants des pays nordiques :

1— Gratter tes fenêtres de voiture, mais de l’intérieur.

2— « Kicker » le « moton » de glace accumulée derrière les pneus de ta voiture (oh, joie quand il tombe!)

3— Avoir les cils blancs lors d’un froid extrême.

4— Faire de la fumée avec ta bouche.

5— Avoir les joues rougies par le froid et apprécier la chaleur d’un feu de bois.

6— Bénéficier d’un congé d’école un jour de tempête (c’est vrai toute ta vie si tu as la chance d’être un enseignant!)

7— Sortir ta langue pour attraper des flocons.

8— Au printemps, entendre toute cette neige s’écouler, doucement, et du coup, observer le voisinage qui s’éveille.

9— S’émerveiller d’un coin de verdure, quelque part en avril…

10— Porter son manteau de printemps pour la première fois de l’année.☀

Voisins du sud, vous n’avez pas idée de ce que vous manquez!

Karine Lamarche