Maman-anonyme et les réseaux sociaux
Seulement intituler mon texte a été complexe. Tellement de qualifi
Seulement intituler mon texte a été complexe. Tellement de qualificatifs ont déjà été greffés à « maman ». Les plus négatifs ne me parlent pas, les trop parfaits non plus. Les plus simples et terre à terre sont déjà bien associés à une personne et sont même devenus une marque de commerce pour certains.
On a déjà bien entendu parlé de ce sujet. D’un côté, il y a les fit moms ou les mamans trop parfaites d’Instagram qui sont vivement critiquées par les mamans imparfaites, indignes, ordinaires et autres adjectifs. Ces dernières font aussi couler beaucoup d’encre chez les mamans anonymes qui ne comprennent pas qu’elles se plaignent autant.
Pour ma part, je ne prends pas parti. J’aime bien suivre certaines mamans dites trop exemplaires parce qu’elles peuvent être inspirantes et que je peux trouver sur leurs pages des idées que j’adapterai à ma réalité. Je trouve aussi très drôles certaines mamans excédées parce qu’elles laissent aussi une place à la beauté de la maternité et, surtout, parce que leur sens de l’humour est décapant et rafraîchissant. La façon dont elles s’y prennent, l’impression de ne pas donner de leçon ou leur type d’humour vont bien plus influencer l’intérêt que je leur porterai que le camp auquel elles appartiennent.
On reproche à certaines de ne montrer que le beau côté des choses, voire un aspect magnifié de la parentalité, et à d’autres d’être tellement négatives que #lesgens se demandent pourquoi elles ont eu des enfants.
Les différents textes défendant un parti ou un autre m’ont fait réfléchir. Où je me situe, moi, simple maman de 31 ans avec deux jeunes enfants en cette ère numérique?
Je crois sincèrement être en plein milieu. Mon fil d’actualités est probablement beaucoup trop rempli de photos et d’anecdotes de bébés au goût de contacts n’ayant pas d’enfant ou n’exposant pas les leurs (m’en fous!), mais il est tel que je perçois ma famille. Est-il plus positif que négatif? Assurément. À part quelques statuts ici ou là sur une situation difficile ou des microbes récalcitrants, je partage de beaux moments. Pourquoi je ne montre pas le négatif? Parce que quand je gère le chaos, j’ai les mains pleines et il ne me traverse pas la tête de saisir mon téléphone pour photographier mon enfant. Quand je suis sortie de l’épicerie en plantant le panier rempli de la moitié des éléments inscrits sur ma liste au milieu de l’allée avec mon fils de deux ans en « poche de patates » qui criait et battait des pieds, le tout enceinte de 33-34 semaines… eh ben, j’en avais déjà « plein le bucket »! Mon téléphone sert plus à appeler chéri-mari pour lui demander de passer par l’épicerie au retour du travail et à lui envoyer une photo de la liste qu’à élaborer un partage inspirant et constructif sur les défis liés à la parentalité dans des cas comme celui-là . Pourtant, presque tous les parents ont déjà vécu un événement semblable et on aurait pu en rire ensemble. Mais j’étais trop occupée à gérer la situation et je préfère ça.
D’un autre côté, mes pages Facebook et Instagram ont beau être remplies de moments positifs et de fierté, ils sont loin d’être parfaits. Le vent rend la moitié de mes « stories » Instagram incompréhensibles et toutes mes photos ont trop ou pas assez de lumière, un sourire-grimace d’un enfant par-ci, un double menton chez un adulte par-là , sont mal cadrées et j’en passe. Je n’ai ni le temps ni l’énergie et, surtout, aucun intérêt à passer de trop longues minutes à préparer une pose et ensuite à retravailler l’image. J’adore partager mes moments en famille, mais je suis un peu expéditive. Ils doivent être croqués sur le vif ou du moins rapidement, pour ne pas nous empêcher de les vivre.
Je compare les réseaux sociaux aux albums photo familiaux. Quels étaient les moments qui s’y retrouvaient le plus? Ceux de fierté et de bonheur. C’est dans la normalité des choses d’avoir envie de se concentrer sur eux et de vouloir les graver dans notre mémoire en les partageant avec nos proches (ou moins proches, c’est selon).
Alors, je me situe où, moi? Je suis une simple maman-anonyme, comme la majorité d’entre nous qui publions un peu ou beaucoup notre quotidien en gérant nos pages comme bon nous semble. Et c’est très bien ainsi.
Jessica Archambault