Archives septembre 2018

Mon p’tit joueur de hockey

C’est vêtus de short et gougounes au pied que nous traînons la p

C’est vêtus de short et gougounes au pied que nous traînons la poche de hockey de fiston. C’est un rendez‑vous pour tous les petits joueurs de hockey ainsi que pour leurs parents afin de faire face au processus de classement pour la prochaine saison. J’enfile ma p’tite laine et je vais m’asseoir dans les estrades, doudou sur les genoux.

Un drôle de réconfort me submerge. Je me sens chez moi dans ce froid hivernal, entourée de gens aussi passionnés que moi. On se dévisage quelque peu malgré les beaux bonjours enjoués. Sans jamais se l’avouer, chacun désire ardemment que son fils performe plus que l’autre. Mais quand t’es sportif dans l’âme, c’est normal…

Mon fils s’essaie pour le double lettre. Ses amis le font et naturellement, il veut être avec eux. Mon huit ans est entouré de neuf ans et de dix ans. Certains ont plus d’une tête de plus, mais il ne se laisse pas impressionner.

La première mise au jeu retentit. Je vois la palette du bâton de hockey de mon fils trembler. Nerveusement et maladroitement, il fait la passe à son coéquipier. C’est parti. Mon cœur bat à tout rompre. Involontairement. Je me surprends à être si nerveuse que j’en perds le souffle. Mon cœur de maman lui souhaite tellement d’être choisi! « Let’s go mon gars, t’es capable! »

Mon fils a joué avec son cœur. Il a fait de son mieux et je l’ai vu. Quelques heures plus tard, nous regardons les résultats rentrer sur Internet et nous voyons qu’il a été coupé. Ordinaire…

C’est spécial, ce sentiment de déception. Nous étions si fiers de notre fils (et le sommes encore!) et pourtant, nous étions si déçus pour lui. Annoncer à son enfant qu’il a été rejeté n’est pas le meilleur sentiment au monde. Voir les larmes lui monter aux yeux, ne pas comprendre pourquoi, parce que lui, il le sait qu’il a fait de son mieux. Qu’il y a mis tout son cœur, tous les efforts du monde. Mais en vain. Ce n’était pas suffisant.

« Tu as tellement bien fait, mon chéri! Tu sais, tu étais avec des enfants âgés de neuf et dix ans, tu n’en as que huit et tu étais de leur niveau. C’est pas grave, tu vas rejoindre tel et tel ami qui n’a pas fait le classement. Tu pratiqueras tes points faibles et l’année prochaine, tu iras les rejoindre les yeux fermés. Tu vas voler sur la glace, mon gars! Vaut mieux être l’un des plus forts que le trentième repêché. »

Ces phrases, on les a toutes dites. Comme tous les parents de joueurs de hockey qui n’ont pas été sélectionnés durant leur camp d’entraînement. Mais c’est ça, un joueur de hockey, et année après année, nos enfants feront face à ces up and down. Certains seront choisis, d’autres pas. Vivre ces émotions avec eux vaut tout l’or du monde.

Peu importe le résultat, je suis fière de mon gars. Sa détermination et sa persévérance sont hallucinantes. La saison n’est même pas commencée et je capote déjà. Je serai là à chaque victoire comme à chaque défaite pour voir de mes yeux sa belle évolution.

À tous les p’tits joueurs de hockey et à leurs parents… bonne saison!

La hockey mom

Geneviève Dutrisac

 

La saga des lunchs

Nous sommes en plein mois de septembre, la rentrée est derrière no

Nous sommes en plein mois de septembre, la rentrée est derrière nous depuis quelques jours. Nous essayons tant bien que mal de prendre ou de reprendre notre routine pour l’année scolaire. Qui dit routine dit aussi routine des lunchs. Il y a quelques semaines, alors que la campagne électorale commençait, un parti politique nous a fait une promesse électorale qui m’a fait un peu sursauter. Nous allons vous offrir, chers parents, des lunchs. Oui, oui! Des lunchs pour vos enfants. Notre priorité, c’est la conciliation travail-vie familiale et nous voulons vous aider en nous occupant des lunchs.

Pour être franche, ça m’a un peu irritée et ça m’a provoqué un certain malaise. Je ne dis pas que l’idée est mauvaise, mais là où moi, ça m’a dérangée, c’est de dire que les parents n’ont pas le temps de faire des lunchs. C’est ce qui m’a frappée. Sommes-nous à ce point si surchargés que de planifier les lunchs devient un irritant? Sommes-nous rendus à trouver cela si lourd de nourrir nos enfants? J’en conviens, parfois ça pèse, mais est‑ce que nous avons pleine conscience du geste que nous posons de faire ce fameux lunch?

C’est vrai que cela prend un certain niveau d’organisation, ça prend du temps, soit la veille ou le matin avant le départ. Je crois sincèrement que ça prend un minimum de volonté et un soupçon de rigueur. Ce n’est pas toujours plaisant, mais en même temps à mes yeux, c’est un geste d’amour. Est-ce que j’ai vraiment envie que le gouvernement gère jusqu’à la boîte à lunch de mon enfant sous le prétexte que nous sommes débordés?

C’est ce bout‑là qui vient le plus me chercher. Je me croyais assez seule dans mon raisonnement, mais dans les derniers jours, j’ai vu une discussion lors d’une émission à la télévision où l’on parlait des lunchs. L’animatrice expliquait que la journée où elle a saisi que c’était un geste d’amour qu’elle posait pour ses enfants, sa vision a complètement changé. Une autre personne expliquait à quel point, nous démontrons notre présence à notre enfant à travers la boîte à lunch. Cette vision peut sembler très poétique pour certains parents, mais en même temps, elle peut nous amener sur une piste de réflexion pour nous aider à nous recentrer sur le rôle de la boîte à lunch dans une routine familiale.

Donc, ma question : est‑ce vraiment la solution que le gouvernement prenne la responsabilité des lunchs? Pour moi, non. Il faut un minimum de rigueur et de planification, mais prenons deux minutes pour penser au fait que nous donnons de l’amour à nos enfants. Nous leur donnons notre présence grâce à la boîte à lunch et surtout, nous nous assurons de leur donner le carburant nécessaire pour assurer leur développement.

C’est de notre responsabilité de voir au développement de notre enfant. Vous pouvez ne pas être en accord avec mon propos et je n’ai aucun problème. Je crois qu’il faut faire une prise de conscience parfois et se mettre en mode solution, surtout lorsqu’il s’agit de nos enfants.

Evelyne Blanchette

Cette nouvelle vie…

Il y a quelques mois, nous avons pris la décision de tout quitter p

Il y a quelques mois, nous avons pris la décision de tout quitter pour partir vivre plus près de la grande ville… Pourtant, on adorait notre vie là-bas. Entourés d’arbres gigantesques, d’amis fabuleux et d’une tranquillité incroyable, on était vraiment bien. Mais nous étions arrivés à des moments de nos vies où la grande ville nous promettait de meilleurs emplois, plus d’avancement et de grandes écoles pour les enfants… alors on a tout quitté pour se rapprocher de ces promesses.

On a eu tellement peur de regretter! On a voulu tout arrêter et rebrousser chemin plusieurs fois. On avait tellement peur de se réveiller un beau matin dans un triplex sans cour arrière où on manquerait d’air pour respirer… On avait peur que nos enfants ne s’adaptent pas et soient malheureux à cause de nos choix… On avait peur de se laisser prendre dans cette vie de fous, dans ce métro-boulot-dodo rempli de trafic et de presse… On avait peur de perdre nos valeurs en se fondant dans la masse…

Alors, pour ne pas se perdre, on a orienté nos choix. La Rive-Sud, au lieu de la grande ville directement. Des emplois entre 20 et 40 heures par semaine, jamais plus. Une maison avec de l’espace et une cour pour les enfants. Un quartier résidentiel et familial… Des choix qui nous ressemblaient. On a tout quitté pour se rapprocher de ces promesses. On a lancé les dés et prié pour que la vie nous entende.

Et la vie a tenu sa parole. On a trouvé un petit village pas trop loin. On s’est fait des horaires en dehors des heures de pointe. On a donné de l’espace aux enfants et mis de la verdure dans la cour. Oui, nous sommes trop loin de nos amis. Mais nous sommes plus près de nos familles. On ne gagne pas une fortune, on ne se paye pas de luxe, mais on ne manque de rien.

Hier soir, je revenais de l’épicerie et je contemplais les champs de blé. Pis je me suis trouvée chanceuse en maudit. Je finis de travailler tous les jours à 15 h. Je vais chercher les enfants, on cuisine ensemble notre souper et j’ai le temps en masse de les contempler jouer. L’ancienne moi serait jalouse de ma nouvelle vie. Parce que j’ai travaillé de 50 à 60 heures par semaine pendant plus de dix ans. Parce que j’ai bûché pour obtenir un diplôme universitaire avec des cours de soir et trois jeunes enfants. Parce que j’en ai mangé des pâtes pas chères pendant des années. Pis je continuais, les poings fermés et les dents serrés, persuadée que tout cela aurait un jour un sens.

Ben aujourd’hui, ça prend tout son sens. Pis j’espère passer le reste de ma vie dans cette grande maison, à prendre le temps de cuisiner avec mes enfants, à les contempler jouer et à admirer les champs de blé en revenant de l’épicerie.

Alors je m’adresse à toi qui te plains de la vie. Tu n’aimes pas ta job? Change de job. Tu aimerais une meilleure job? Retourne aux études. Tu travailles trop? Travaille moins. Tu n’aimes pas ta vie? Tu n’aimes pas la personne que tu deviens? Alors, change! Le changement fait peur. Se lancer dans le vide n’a rien de rassurant. Mais en faisant des choix qui te collent à la peau, même si tu bûches pendant des années, sache que la vie t’entend et qu’elle tient toujours ses promesses.

Il est là le bonheur, gang.

Joanie Fournier

 

Quand la tempête intérieure fait rage

Ce matin dès le réveil vers 6 h, le petit hamster dans ma tête s

Ce matin dès le réveil vers 6 h, le petit hamster dans ma tête s’est mis à courir dans sa roue de pensées négatives. J’ai essayé en vain de me rendormir, mais impossible de me calmer. Je sentais que ma mer intérieure avait des vagues de plus en plus fortes. J’entendais ma fille qui était déjà levée. Je me demandais comment sortir de la chambre et avoir l’air normale devant elle qui voit tout et qui, dès que j’ai le coin de l’œil humide, me demande si je pleure.

Une énorme boule dans la gorge, je me lève, j’embrasse ma fille qui prépare déjà son petit-déjeuner seule et l’avise que je file dans ma douche. Je sens la tempête gronder… j’entre vite sous l’eau chaude et une pluie de larmes vient inonder mon visage. Je pleure et je me sens en plein milieu d’un océan en furie ce matin. J’ai pourtant bien dormi. La séance avec mon psychologue, hier, a fait ressortir des émotions. Je sens que ce matin, ma belle rationalité n’est pas en mesure de reprendre le dessus sur cette tempête intérieure. Je reste au moins quinze minutes sous l’eau de la douche, puis j’essaie d’apaiser un peu cette peine qui remonte et les nausées qui me prennent au cœur.

Ma fille aura mangé toute seule et préparé ses choses pour l’école. Je lui fais un énorme câlin avec mon plus beau sourire lorsqu’elle quitte pour l’école. Je referme la porte, je cours dans les escaliers, puis m’effondre de plus belle en larmes incompréhensibles. Je sens des haut-le-cœur qui se mettent en branle. Décidément, la mer (mère) traverse une tempête ce matin. Je m’accroche, je sais que cela passera, mais pour le moment, j’ai l’impression que c’est la fin du monde, que je suis en pleine guerre nucléaire intérieure. Je me demande comment je pourrai passer à travers cette journée. Il est 8 h 6 et j’ai juste hâte de retrouver mon lit douillet pour dormir une nuit calme. Mon psy me dit de tolérer la souffrance et d’essayer de ne pas fuir la douleur. Facile à dire…

Je m’installe à mon portable avec les yeux humides. On dit souvent que la vie met sur notre route des gens, des pensées ou des textes. Celui de Nicole Bordeleau ce matin me saute aux yeux. Elle parle de météo intérieure : « De même qu’un orage peut éclater sur notre région et nous prendre par surprise, sans que nous ayons pu nous y préparer, de même notre esprit est assujetti à des tempêtes intérieures. »  Je comprends tout à coup que l’anxiété ce matin a pris le contrôle de ma météo.

Le soleil est pourtant radieux dehors, je suis aimée, j’ai des gens extraordinaires sur ma route et je suis en santé. J’ai honte de me sentir si vulnérable. Peur qu’on arrête de m’aimer quand je vis ces tempêtes intérieures qui me font douter de moi. J’en parle peu, les gens très près de moi savent ce que je vis, comprennent ou essaient de comprendre ce qui se passe en moi.

Comment expliquer l’anxiété? J’aime l’idée de parler de la météo, car effectivement, on vit intérieurement des tonnes d’émotions dans une journée et soudainement, le ciel bleu peut s’assombrir à cause d’une pensée négative, d’une parole qui réveille un mauvais souvenir ou d’un geste anodin qui rappelle une blessure du passé.

Je travaille fort pour être dans le moment présent, pour rester ancrée, et même si j’ai le pied marin, je réalise que ma mer vit des tempêtes. Dans cette situation, je ne peux que mettre ma veste de sauvetage, m’accrocher au fait qu’après la pluie le soleil revient toujours et me dire qu’avec le temps, je vais continuer à apprivoiser les orages, qu’ils feront moins de dégâts et que le soleil sera encore plus beau après.

Pour tous commentaires : v23hebert@icloud.com

 

Véronique Hébert

 

Je cherche mon « X »

Tout le monde connaît l’expression « être sur son X »? Ben

Tout le monde connaît l’expression « être sur son X »? Ben je vous avoue qu’à 32 ans, je suis toujours à la recherche de ce fameux « X ». À mesure que les années s’accumulent, mes espoirs de le trouver s’amoindrissent, ajoutant à ma quête une peur : « Et si je ne le trouvais jamais…? »

Récemment, je me suis retrouvée dans un show rock avec, sur scène, un vieil ami. Et ça m’a frappée : lui son « X », clairement, il avait les deux pieds dessus. Un mélange étrange de fierté et d’envie m’a terrassée. Il était tellement à sa place sur cette scène avec sa guitare entre les mains! Je l’avais vu jouer des dizaines de fois et depuis toujours (dans sa chambre, dans ma cuisine, dans des bars…) mais là, j’ai été prise d’un genre de vertige. Les « X » existaient finalement, ce n’était plus juste une expression et il en était ma preuve.

Et je me suis demandé : mis à part dans mon rôle de mère, où est-ce qu’à un moment ou à un autre, j’avais pu ressentir ça? Ressentir cette impression d’être exactement là où il le faut, au bon moment avec en prime toutes mes étoiles bien alignées. Et la réponse m’a fait peur…

Avais-je la vie dont j’avais rêvé lorsque je n’étais encore qu’une petite fille? En avais-je au moins la version peaufinée par mon passage obligé dans l’adolescence? À quel moment j’avais perdu de vue mon « X »? À quel moment je m’étais désillusionnée de mes rêves de grandeur ou de bonheur absolu?

Est-ce que je cherchais mon « X » au bon endroit? Dans la vie de famille? Dans le travail? Dans l’amour ou dans l’amitié? Est-ce que chaque facette de ma vie avait son propre « X » et que je n’en goûterais qu’un à la fois? Ou bien est-ce qu’un jour, je me sentirais tellement complète que je ne chercherais plus cet endroit mythique orné d’un « X » imaginaire?

Et aucune réponse n’est apparue. De toute façon, quelle réponse aurait pu me satisfaire? Est-ce que cet instant précis où j’étais spectatrice de l’accomplissement du travail acharné d’un ami suffirait à relancer ma quête? À en raviver la flamme et à me rebooster l’ambition?

Est-ce que je finirais un jour par libérer les mots qu’il y a dans ma tête? Est-ce que je finirais par mettre en reliure ce fameux livre qui faisait partie de mes rêves il y a longtemps?

Est-ce que pour toujours, je serais l’unique amour de mon homme, celui qui suffit, celui qui comble les failles et les imperfections pour façonner une vie de bonheur?

Est-ce qu’un jour, je serais derrière les créations culinaires de ce resto qui n’existent que dans mes tableaux secrets sur Pinterest?

Est-ce qu’un jour, je serais l’amie indispensable? Celle que l’on taggue sur Facebook et avec qui on ne compte plus les insides. Celle qui répond toujours présente et dont on ne se séparerait pour rien au monde?

Est-ce qu’un beau jour, quelqu’un me verra au loin et ressentira ce mélange étrange de fierté et d’envie…?

Karine Arseneault

Cette douleur qui ne me quitte pas!

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Que j’aimerais retrouver mon corps de vingt ans! Ce corps qui ne me faisait pas souffrir. Ce corps que j’ai oublié parce que chaque jour, il me portait où j’avais envie d’aller. Retrouver ce corps qui peut se lever de son lit, de sa chaise ou de son sofa sans souffrir.

Je suis là, je souris! Je fais semblant que tout va bien, que ça va passer. Mais la douleur est là, constante, chaque jour de mon existence. Même la nuit, la douleur me réveille, m’habite, m’envahit. Cette douleur physique, creuse. Ces fourmillements dans mes jambes, ces douleurs dans la colonne qui m’empêche de me tourner comme j’ai envie.

Chaque matin, difficilement, douloureusement, je me lève. Je me lève avec le sourire, car je suis bien là! Je souffre certes, mais je suis là. Là pour mes deux rayons de soleil. Là pour tous ceux et celles qui en ont besoin. Mais moi, moi, qui est là pour moi? Moi qui souffre en silence chaque minute, chaque seconde.

Je les amène ici, je les amène là! Allez maman, viens avec nous dans ce manège! Tu as peur maman? Non, maman n’a pas peur, maman a mal. Et si elle monte dans ce manège, elle aura encore plus mal! Pourquoi, maman, on ne va pas faire une randonnée en vélo? Parce que maman ne peut pas faire de vélo, la douleur serait trop intense.

Et je suis là à accumuler les kilomètres, ces kilomètres sans lesquels je ne marcherais probablement plus. Sans lesquels la douleur dans mon corps serait encore plus intense. Mais quel est donc ce mal qui me ronge? Ce mal inexplicable, incompréhensible pour ceux qui ne le ressentent pas. Ce mal caché derrière ce sourire, derrière ces belles paroles et ces encouragements. Derrière cette compassion. Mais moi, moi, est-ce qu’un jour on me comprendra?

 

Annie Corriveau

Les amitiés de maternité

Quand tu décides d’avoir un enfant, tu sais évidemment que ta vi

Quand tu décides d’avoir un enfant, tu sais évidemment que ta vie va changer, tu sais que ce petit humain t’apportera son lot de bonheur. Tu te lances dans cette grande aventure avec la conviction que ta vie sera dorénavant meilleure. Mais tu ne sais pas vraiment à quel point. Tu ne te doutes pas que ce p’tit bout de vie que tu es en train de construire te fera voir la vie sous un autre angle. Mais surtout, tu n’imagines jamais qu’il mettra sur ta route des personnes extraordinaires, dont ce p’tit troupeau de filles qui seront dorénavant « tes mom’s ».

Une amitié de maternité, c’est précieux et c’est soudain. Des filles que tu ne connaissais pas avant, des filles que tu avais perdues de vue depuis longtemps. Des filles qui comme toi portent la vie et ça, c’est quand même le plus beau point commun que peut avoir une gang de filles !

Après trois enfants, mes amitiés de maternité se sont accumulées, elles sont toutes restées précieuses, certaines plus fortes que d’autres, mais elles sont toutes demeurées chères à mon cœur. Elles ont fait de moi la femme, la mère et la blonde que je suis.

Mon p’tit denier cependant m’a liée d’amitié à des filles que je n’aurais sans doute jamais rencontrées. Un groupe de mom’s qui sont presque toutes mamans pour la première fois. Je me suis donc laissé charmer par des mamans apprenant le rôle de mère et en appréciant chaque petite facette. Des filles qui s’inquiètent, qui s’exclament, qui pleurent, qui aiment d’un amour démesuré pour la première fois de leur vie. Et elles m’ont tellement fait du bien. Elles m’ont ramenée à l’essentiel, elles m’ont fait oublier les côtés sombres du rôle le plus ingrat du monde, elles m’ont fait rajeunir.

Avec elles, tu jases de la couleur du contenu des couches que tu changes, de tes seins qui coulent, de ton entrejambe enflé et de ton accouchement dans tous ses moindres détails. Tu te plains de ton chum qui t’énerve donc ben, de ta mère pis de ta belle-mère pis de la visite. Tu les textes au milieu de la nuit entre deux boires ou en pleine après-midi entre deux brassées.

Elles te font rire fort toute seule dans ta cuisine, elles te réconfortent quand tu te ronges d’inquiétude. Elles te déculpabilisent quand tu portes le poids du monde sur tes épaules. Mais le plus important, elles ne te jugent jamais, pour la simple et bonne raison qu’elles te comprennent.

Vos bébés grandissent en même temps que votre amitié. Vous vous retrouvez pour bruncher en plein milieu de semaine et parfois même autour d’une bonne bouteille de vin le vendredi soir. Ces filles-là deviennent ton repère.

Et puis un bon matin, la première du troupeau retourne au boulot… sonnant l’alarme que bientôt, vos rendez-vous devront être planifiés. Que bientôt, ce sera ton tour à toi aussi de retourner à la vie qui va vite.

Mais malgré la vie de fou qui habite ma maison, malgré le quotidien chargé et les obligations. Malgré tout ce qui pourrait m’éloigner d’elles, je me promets, en fait non, je leur promets que pour toujours, elles resteront une des meilleures choses que mon p’tit dernier m’a apportées.

 Karine Arseneault

À 95 ans devant un ordi

Dans mon temps, il y avait les hommes, les femmes et les enfants.</p

Dans mon temps, il y avait les hommes, les femmes et les enfants.

Dans mon temps, on était soit hétéro ou assez courageux pour avouer son homosexualité. Ou pas.

Noir ou blanc.

That’s it.

Je vous vois vous préparer à la rébellion avec votre cargaison de roches à me lancer par la tête.

« Ce n’est pas parce qu’on n’en parlait pas que ça n’existait pas ! »

Je sais. Je comprends. Je suis d’accord. Je suis la première à prôner la liberté d’être et de choisir qui on est, à défendre la liberté de parole et d’identité. Alors, gardez vos roches et servez-vous-en pour construire un chemin sur lequel on pourra marcher ensemble.

Mais quand même, devant une réalité en expansion dans la société et dans ma maison, je me sens prise au dépourvu, mal outillée.

La binarité n’est plus à la mode. Moi, je suis une femme hétérosexuelle. Ben plate. Mais c’est ce que je connais. Quelques amis homosexuels ou transgenres, des téléromans qui montrent des personnages de toutes sortes, mais rien si on compare à ce que j’entends de la bouche de mon ado.

Selon ses dires, aucun de ses amis ne se définit comme gars ou fille, et aucun ne se définit comme hétéro. Ils voient la personne et non son sexe. Tout à leur honneur ! On est loin du scandale provoqué par la déclaration de Cœur de pirate qui se définissait comme queer*. Vous vous souvenez du tollé que ça avait créé ? Des débats sans fin sur cette nouvelle réalité inventée, sur son besoin de faire parler d’elle. Des défenseurs de la liberté de genre et d’orientation. Du clash des générations et des cultures.

Ça fait deux ans de ça. Deux ans. C’est court, deux ans, pour une révolution ! Alors que le monde entier (ok… moins une vingtaine de personnes, peut-être !) s’offusquait de voir sa binarité réconfortante s’effondrer, l’Internet s’emparait d’un vocabulaire et de réalités différentes et évolutives qui occupent maintenant l’espace, et pas seulement celui qui est cyber. Nos enfants ont grandi dans ce nouveau monde qui autorise la différence, qui lui donne ses titres de noblesse.

LGBTQ+:

Où le + prend tout son sens.

Les sept couleurs de l’arc-en-ciel ne suffisent déjà plus.

 

Devant mon ado qui refuse maintenant les surnoms affectueux genrés (donc exit, les cocos et les cocottes, les ma belle et les mon beau… alors je suis en quête du surnom doux mais neutre, si vous avez des idées !) et qui exige qu’on transforme son prénom en diminutif neutre ; devant l’habillement noir ou coloré de mon ado qui annonce maintenant comment elle se perçoit chaque matin (gars, fille, rien du tout, tout en même temps) ; devant l’adaptation constante que mon cerveau doit faire entre le IL et le ELLE ; moi, comme parent d’une génération pré-Béatrice Martin, je me sens dépassée.

Comprenez-moi bien. J’aime mon enfant, je l’accepte avec une bienveillance inaltérable, peu importe comment elle/il se sent et se définit. Le pont de la communication entre nous est établi depuis longtemps et ne menace nullement de s’affaiblir. Je m’efforce de modifier ma façon de l’appeler et de faire comprendre à la fratrie une réalité qui appartient à un autre âge que le leur. Mais j’ai besoin de temps.

J’étais enceinte et déjà, je l’appelais par son prénom, choisi avec amour. Chaque jour depuis sa naissance, je dis son prénom sur tous les tons, j’utilise ses petits surnoms remplis de tendresse. Mon enfant n’est pas que son prénom, elle dépasse de loin ses surnoms. Mais c’est quand même tout un changement dans notre quotidien. Une habitude à perdre, une autre à prendre, alors même que l’identité et l’orientation de mon ado sont en mutation. Un questionnement au long cours. Elle cherche, elle se cherche, elle progresse, elle s’ouvre, je trouve ça admirable, beau. Je l’accepte, tout comme j’accepte de la voir cheminer et de l’accompagner sur son parcours.

Mais ça me brasse quand même. Je me sens comme une mamie de 95 ans qui n’aurait jamais vu d’ordinateur et qui devrait du jour au lendemain apprendre à utiliser Internet, Office et Photoshop. Ça se peut que j’aie besoin de temps. Moi aussi, je chemine.

* Queer: «Personne qui n’adhère pas à la division binaire traditionnelle des genres et des sexualités, s’identifiant à une identité de genre ou à une orientation sexuelle non conforme ou fluide.» http://www.lapresse.ca/arts/vie-de-stars/201606/16/01-4992516-coeur-de-pirate-se-dit-queer.php

Eva Staire

Marginal?

Encore un autre sujet où je perds sans doute trop d’énergie à n

Encore un autre sujet où je perds sans doute trop d’énergie à nager contre le courant…

L’anonymat ou le réconfort du banc, très peu pour moi. Tout le monde le fait, fais‑le donc… Encore moins! Dans le pré, vous me verrez de loin. Surtout si vous êtes raciste. Mais je vis très bien avec ma façon de faire les choses.

Le racisme, je l’exprime au moment de faire un chèque en blanc!

Vous avez deviné, je suis « le » parent. Celui qui ne donne jamais l’autorisation pour qu’on use (abuse) de l’image de son enfant. Celui qu’on regarde de travers dans le système scolaire. Tu veux mon portrait? Que je semble leur répondre en fronçant les sourcils.

Sans même souligner que le formulaire, habituellement, il a été rédigé par des avocats en mal de mots. À ceux-ci, je suggère simplement d’écrire des romans. Tant qu’à ne pas savoir quoi rédiger d’intelligent… Là, au moins, votre personnage pourra porter bretelles et ceinture!

Vous voulez rire? Malgré une demande, un formulaire, des frais d’avocats inutiles (vous mettez l’inutile avant ou après), une expression catégorique de mon droit; l’école secondaire de ma fille a mis sa photo… sur l’agenda scolaire de cette année! Je l’ai trouvé bien drôle. Surtout en cherchant le nom des mêmes avocats, pour faire la procédure qui corrigerait le tout…

Je suis déjà habitué. Ce document, je le complète chaque année depuis plus de quinze ans. Tout comme, chaque année, je constate qu’une enseignante, qu’une éducatrice ou tout autre impliqué, prend et partage des photographies de l’un ou l’autre de mes enfants.

En même temps, souvent, qu’on me prévient qu’un individu louche a été vu rôdant autour de l’école. Qu’il a même abordé des jeunes, avec les tactiques habituelles de chasse…

On me demande d’être très vigilant!

C’est là notre belle société. On rédige des lois, on encadre des droits et des obligations. On crée des beaux formulaires. Pour, au final, faire n’importe quoi! Et après, on se surprend du laconisme persistant.

Évidemment que je trouve mes enfants beaux. Photogéniques. Certains de leurs défauts ne s’expriment pas en deux dimensions! (émoticône de papa souvent à bout)

Alors, je pense à toutes ces nouvelles tristes d’enfants enlevés. Abusés, tués. Aux conseils que nous donnent les forces de l’ordre : Ne jamais faciliter la tâche des prédateurs! Ne rien faire qui leur permet, si rapidement, d’agir. L’identification publique qui servira à autre chose que de souligner le bricolage fait en classe. Quand il sera malheureusement trop tard pour revenir en arrière.

Mais c’est juste pour partager entre les parents… Et moi de répondre, en fronçant les sourcils (ça va me prendre du Botox) : « Les gens dangereux, ils n’ont jamais de famille, ils vivent isolés de tout? »

Je suis certain que bien des parents n’écrivent plus de nom sur le sac d’école. Pourtant, les photos identifiées circulent à plein. Sans contrôle!

Ce texte, il part d’un échange sur les limites de ce qu’on doit mettre sur Facebook. J’ai eu, alors, cette même impression d’être le seul martien. Même si c’est son martien favori. Pourtant, je ne veux qu’exprimer les risques d’une trop sombre réalité…

Je ne suis pas naïf, j’imagine bien que mon ado de fille fait bien pire. À moi de tenter de le lui faire comprendre. D’espérer un peu de jugement de sa part. Mais, surtout, à moi de ne rien faire qui pourrait être, sans le vouloir, l’occasion.

Et vous pouvez compter sur moi pour « partager » au maximum!

michel

 

En développement!

L’une termine son secondaire, l’autre y entre…

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L’une termine son secondaire, l’autre y entre…

Pour ma fille, la journée a débuté avec un réveil forcé à 6 h 30. Normal, elle doit être prête pour prendre son bus vers 8 h 30. À peine deux heures. Une adolescente. Elle n’aura évidemment pas le temps de ranger un peu dans « sa » salle de bain. Ni de rebrancher mon rasoir.

Je comprends son choc. Tout l’été, elle a émergé quelque part en avant-midi.

Pour lui, un réveil vers 7 h 15. Il sera prêt vers 8 h. Il aura même du temps pour un peu de 3DS. Que je lui défile ma liste des rappels. Son numéro de case. La combinaison du cadenas. Celle de celui d’éducation physique. Ce qu’il apporte aujourd’hui. Pour cette première journée. La séquence de routine d’arrivée à l’école. Son numéro de parcours d’autobus scolaire. Sa passe. Sa clé. Des conseils que je veux utiles. Et lui de m’écouter, à peine patient.

8 h 20, miracle!

Ma fille quitte pour prendre le bus. Dire que toute l’année dernière, je devais faire un compte à rebours. Pour, finalement, lui donner un lift en catastrophe. Comme l’année d’avant. Et, l’autre. Et l’autre… Pour qu’elle puisse l’attraper à la volée. Quelques arrêts avant la fin de parcours. Pour gagner ce temps essentiel au look. Au fer plat. Même les jours de pluie. En souliers. Souvent sans bas. Même à moins 15°C. Facteur vent ou non.

Un sac mode en bandoulière. Presque rien de ce qui était sur la liste scolaire. Les profs n’ont que faire de vérifier s’ils ont, ou non, le stylo rouge. Le surligneur. Le cahier de tel ou tel modèle. L’espace disponible sera comblé par l’essentiel. Pour conserver le look toute la journée.

Sa dernière année au secondaire. Si tout se passe bien. Qu’elle réussit suffisamment de cours pour terminer ce parcours à obstacles. Elle semble plus motivée cette année. Le tuteur respire un peu mieux. La fleur s’épanouit. J’aime ce que je vois de cette belle jeune femme. Qui semble comprendre qu’au fond, c’est sa vie. Pas la mienne.

Elle me parle même de son bal. Ou des garçons qu’elle ne veut dans aucun de ses cours. Sur les autres, pas un mot. On ne le saura qu’après. Quand ils auront rejoint le premier groupe. Cette année, elle partagera sa case avec un gars. Les amitiés de filles, c’est trop périlleux. Ça ne résiste pas. Réseaux sociaux obligent.

8 h 25, aucune surprise!

Il prend ses trucs. Un sac à dos trop chargé. Comme à tous les jours de rentrée. Quand l’école impose des items aussi futiles que deux boîtes de Kleenex. Genre. Avec son sac d’option sport. Dans son cas, le baseball. Au moins, je lui ai épargné d’apporter aussi son bâton. Il doute, le voudrait. Je le rassure. Si j’étais en charge, ça ne serait pas utile pour le premier entraînement. Pour compléter, sa boîte à lunch. Un mulet. Qui prendra le temps de me souhaiter une bonne journée.

Tout le contraire de sa sœur. Un premier de classe. Il devrait réussir facilement. Je me rassure. Il a un ami dans son groupe. Dont je connais et j’apprécie les parents. Sa titulaire, pas trop mon style. Mais c’est son parcours. Pas le mien. Même s’il fréquentera l’école de mon enfance. Que j’ai inaugurée jadis. Qui portait un autre nom. Qui avait une autre réputation. Gagnée à coup de grèves étudiantes. Les lieux ont changé. Normal, ça fait plus de 40 ans.

Leur vie file, profitons-en…

michel

Toi, Lui et Elle

Quelqu’un a déjà dit : pourquoi se méfie-t-on des inconnus alo

Quelqu’un a déjà dit : pourquoi se méfie-t-on des inconnus alors que tous ceux qui nous ont fait mal un jour, on les connaissait ?

Quand un bon matin, Elle a fait son entrée dans votre vie, ton anxiété a atteint des niveaux record. Tu avais déjà été tellement blessée et rapiécée que cette fois, tu ne voulais pas te tromper. Tu ne savais plus de qui ou de quoi te méfier. Pour déjouer la peur qui te rongeait, tu as choisi de te méfier de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Tu as calmé tes craintes et ta panique à grands coups de citations Pinterest et de respiration trop longues. Tu as profité de ton temps dans la douche pour verser en paix les larmes d’angoisse que tu refoulais. Tu as fait des détours en voiture pour écouter sur repeat des chansons qui te déchiraient le cœur, mais qui te faisaient du bien en même temps. Tu as fait tout ce que tu as pu pour te méfier de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Tu as avalé ses paroles à Lui comme une pilule de travers et les siennes à Elle se coinçaient au travers de la gorge comme la boule d’émotions que tu vivais jour après jour par en dedans. Tu voulais tellement te méfier de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Tu as vu défiler les changements impromptus de mot de passe, ses regards paniqués, les bonnes excuses, ses compliments pour toi, et tu as deviné ceux pour Elle, les mensonges, ses élans d’amour pour toi, ses élans de je ne sais quoi pour Elle, leur belle amitié, tes questions et ses bonnes réponses à Lui, tes questions et ses belles menteries à Elle, son assurance, ta déchéance. Tu as prié d’avoir raison de te méfier de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Tu as survécu à ces jours où tu te voyais dans le rôle que personne ne veut camper. Tu as mis le pilote automatique et tu as laissé ta vie se conduire toute seule sur une route cahoteuse en pleine averse. Tu as essayé d’ignorer le risque d’aquaplanage parce que tu voulais donc lui faire confiance à Lui, à la vie. Et tu t’es méfiée de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Quand tu as finalement heurté le mur que tu avais vu venir mais choisi d’ignorer… tu étais complètement seule, mais les dommages, eux, étaient collatéraux. Tu ne savais plus à qui la faute. Ta confiance n’avait plus de roue de secours et ta tête était une perte totale, ton cœur, lui, avait simplement déserté. Tu n’avais finalement rien compris au dicton. Une fois de plus, tu ne t’étais pas méfiée de la bonne personne. Tu t’étais méfiée de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle…

Quand tout ton corps frissonne de peur, de craintes et d’angoisses, écoute‑toi.

Quand ta tête te répète une mise en garde tel un mantra et que tu t’efforces de l’ignorer, questionne‑toi.

Quand ton cœur est affaibli de trop de blessures et que tu veux juste arrêter d’avoir mal, aime‑toi.

Quand tu ne sais plus à qui faire confiance parce que tu n’en connais plus le sens, choisis‑toi.

Quand tu penses que la vie, l’amour, l’amitié et tout ce qui fait que vivre est supportable n’est pas pour toi, confie‑toi.

Ou viens vers moi et je l’écrirai pour toi. Pour nous.

Mais surtout pour Lui.

Et beaucoup pour Elle.

Karine Arseneault