Archives décembre 2018

À toi mon angoisse

Il y a longtemps que je n’ai pas écrit. Ça ne me tentait pas, je

Il y a longtemps que je n’ai pas écrit. Ça ne me tentait pas, je l’avoue. Je n’avais que du négatif qui pataugeait dans ma tête et ce n’était pas beau. Même moi, je me tombais sur les nerfs! Pas question d’emmerder les autres avec mes idées plates!

Je ne dis pas qu’aujourd’hui je suis parfaite, mais je vais un peu mieux. Un peu mieux simplement parce que j’apprends à vivre… avec mes idées plates! Ben oui toi, j’suis d’même! Il y a des gens qui ont été mis sur mon chemin récemment et qui m’ont ouvert les yeux!

–          Man, tu peux pas vivre de même toute ta vie!

–          Heu… ben, c’est ce que je fais, M-A-N — !

Et là, j’ai réalisé. Réalisé que mes pensées m’appartiennent. Réalisé que c’est moi seule qui les nourris. Réalisé que personne ne connaît mon angoisse réelle parce que je garde tout en dedans pour ne pas emmerder les autres, mais que je n’en peux plus! Réalisé que personne ne m’aidera si je ne suis pas sincère. Mon cœur me faisait mal de plus en plus à chaque matin que je me levais. Chaque pas que je faisais me demandait un effort pour ne pas hurler ma douleur et ma peur de tomber! Je le disais si souvent que tous mes projets étaient une façade pour me tenir occupée, pour empêcher mon cerveau de penser. Mais personne n’y portait attention!

–          T’en fais, toi, des choses! Maudit que t’es fonceuse!

Pu capable de l’entendre! Pu capable de faire semblant de ne pas être moi! Pu capable d’avoir un mur de béton devant le cœur! Pu capable de faire plaisir aux autres en m’oubliant! Pu capable d’avoir des pensées qui m’empêchent de dormir le soir! À toi mon angoisse, quelqu’un m’a dit récemment de te traiter comme une inconnue qui passe dans la rue. S’il fallait que je m’arrête à chaque passant pour le saluer, je passerais probablement pour une folle et je perdrais un temps fou dans ma vie, alors je dois te traiter de la même façon : je ne dois pas m’attarder à toi le soir quand tu m’empêches de dormir! Je dois te laisser filer comme un passant dans la rue.

Eh bien, depuis une semaine, quand tu essaies de me gâcher le sommeil, je me dis que tu es un passant dans la rue et que je dois te laisser filer… et ça marche! 34 ans à essayer toutes sortes de façons de m’en sortir et il fallait que je te traite comme une inconnue.

À toi mon angoisse, nous ne sommes pas des inconnues parce qu’on a marché tant d’années main dans la main, mais crois‑moi, on deviendra de « nouvelles inconnues » au fil du temps.

Tania Di Sei

Voyager en famille… du rêve, à la réalité!

S’il y a bien une chose qui était claire pour moi lorsque je suis

S’il y a bien une chose qui était claire pour moi lorsque je suis déménagée en Italie, c’était que je ferais le tour de l’Europe avec les enfants. C’est même ainsi que je me présentais aux gens : « Bonjour, je suis ici pour faire l’école à la maison à nos deux garçons (1re, 2e et 3e années pour le plus jeune; 4e, 5e et 6e années pour le plus vieux), apprendre l’italien et planifier nos voyages. Mon mari, lui, travaillera pour l’OTAN trois ans et saisira chaque occasion de partir en exploration avec nous. »

Dans mes rêves, les voyages représentaient le summum à vivre avec nos enfants. Une expérience qui irait bien au‑delà du matériel… qui toucherait presque… le spirituel! Hum hum… Oui. Légèrement intense. C’est moi ça.

Après Paris, Londres, Berlin, Rome et tant d’autres… constat du jour : voyager en famille, c’est plus dur que je l’avais imaginé!

Au cours des douze derniers mois, dont trois ont été consacrés aux voyages de toutes sortes, je peux maintenant affirmer (sans l’ombre d’un doute!) que mes envies de tour du monde se sont évaporées comme neige au soleil.

Je précise tout de suite que je n’ai pas perdu complètement le goût d’explorer de nouveaux horizons. J’ai juste mieux compris le genre d’aventures qui plaît à ma famille… et on est loin d’un marathon comme le tour du monde!

Qu’est‑ce qui s’est clarifié à travers mes essais et erreurs de la dernière année? Qu’est‑ce qui fonctionne généralement pour ma famille? Et si je devais réunir les dix ingrédients d’un voyage réussi… quelle serait ma liste?

  1. Accepter qu’on voyage comme on vit. Je suis une fille qui priorise le plaisir et le bien‑être dans la vie en général. Je ne me transforme pas soudainement en une machine performante simplement parce que je suis dans un autre pays. J’ai toujours le même objectif : passer du bon temps avec les gens que j’aime. Profiter autant du chemin que de la destination, c’est ma philosophie dans la vie ET en voyage.
  1. Assumer ses priorités. Je priorise le plaisir, alors j’accepte que je ne pourrai pas tout voir. Perfectionnisme et légèreté ne vont pas ensemble.
  1. Choisir les activités qu’on veut réellement faire, pas celles qu’il faut supposément faire. Il y a tellement de choix… Si je ne peux pas tout faire, pas question de perdre mon temps avec une sortie qui ne me plaît pas vraiment!
  1. Prévenir les enfants que ce fameux plaisir n’arrivera pas nécessairement en même temps pour tout le monde. Mes cocos savent qu’il y a des moments pour eux et des moments pour leurs parents. Nous visons toujours un certain équilibre et ils pratiquent ainsi le respect d’autrui. Tout le monde essaie très fort de ne pas gâcher l’expérience des autres.
  1. Connaître nos ennemis pour mieux les dompter… le stress! Les voyages peuvent être une grande source d’anxiété. Il faut avouer que Papa et Maman ne savent pas vraiment plus que leurs enfants ce qui les attend… Moi, comme adulte, j’ai appris l’importance de supporter ce petit sentiment de vertige qui m’accompagne lorsque je quitte ma zone de confort. Mais mes enfants, eux, sont tout simplement : des enfants. Maturité et expérience ne riment pas avec petite enfance. Je ne compte plus le nombre de fois où mes enfants auraient préféré rester à la maison, au lieu de se risquer à expérimenter un nouvel endroit ou une nouvelle rencontre… Il faut être prêt à les accompagner là-dedans… à les encourager à explorer les territoires inconnus. Ils pourront toujours juger par la suite, selon leurs intérêts et leur personnalité, de ce qu’ils apprécient ou non. Et plus souvent qu’autrement, le moteur de la passion et de la curiosité s’enflammera parce qu’ils auront découvert quelque chose qu’ils aiment. Heureusement, avec l’expérience, je peux dire que les enfants apprennent à gérer cette anxiété et avancent dans chaque voyage avec plus de confiance.
  1. Connaître nos ennemis pour mieux les dompter… la fatigue! Saviez-vous que vous avez le droit de prendre une journée de pause en plein milieu d’un voyage? Après trois ou quatre jours, je ressens toujours le besoin de me reposer. Rien ne nous oblige à maintenir constamment le même rythme. Nous ne serons que plus disposés à reprendre nos activités normales dès le lendemain.
  1. Connaître nos ennemis pour mieux les dompter… la faim! J’essaie de toujours avoir une collation et de l’eau dans mon sac. Nous faisons ainsi d’une pierre, deux coups. Nous évitons l’irritabilité qui accompagne une chute trop drastique de notre taux de sucre et nous diminuons le stress au repas. Si notre enfant n’apprécie pas son dîner, nous sommes moins inquiets de le voir chipoter dans son assiette en sachant qu’il a mangé un petit encas nourrissant il y a deux heures et que nous avons ce qu’il faut pour un goûter d’après-midi. J’emporte en voyage un sac rempli de barres tendres dès que possible!
  1. Ne pas acheter de souvenirs. On prend des photos et on dépense pour des activités, pas pour des objets. Mes enfants le savent et connaissent par cœur ma phrase fétiche : « Nos plus grands souvenirs sont dans nos têtes. » Ils ne le demandent même plus et on évite bien des batailles. Je ne magasine pas de cadeaux non plus. Je profite simplement de mes vacances. Évidemment, cette règle n’est pas coulée dans le béton… Il y a eu quelques exceptions.
  1. Privilégier les grandes villes au lieu de se déplacer de village en village. En changeant moins souvent d’emplacement, on diminue le temps de transport et les changements d’hôtels, donc le stress et la fatigue. J’apprécie aussi la grande variété d’activités qu’offre une métropole.
  1. Louer un appartement. En voyageant à quatre, il est plus économique de louer un appartement quelques jours que de dormir à l’hôtel puisque nous pouvons y cuisiner nos déjeuners et nos soupers.

J’aurai bientôt l’occasion de tester mes principes et de comparer ma façon de voyager, puisque je viens tout juste d’accepter l’invitation d’une amie pour aller découvrir les marchés de Noël de Vienne. Conjointe de militaire elle aussi, elle est dans la même situation que moi, c’est-à-dire temporairement seule à tenir le fort à Naples alors que mari chéri est parti servir son pays. Nous quitterons donc bientôt toutes les deux pour l’Autriche avec nos cocos respectifs. Ce sera l’occasion parfaite d’observer les trucs d’une autre famille et de pousser plus loin ma réflexion sur mes goûts en matière de voyage…

Elizabeth Gobeil Tremblay

 

Quand la neige revient…

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Mon chien, quand la neige revient, c’est avec des étoiles dans les yeux que je t’observe.

 

Tu prends plaisir à plonger ta truffe dans ces premiers flocons, à te rouler sans fin dans ces quelques centimètres de bonheur. ❄❄❄

 

Quand la neige revient, ça veut aussi dire que mon plancher sera un brin plus propre.😉 La grisaille d’automne et la pluie de novembre amènent leur lot de terre qui ne vient jamais à bout de sécher… Mes promenades en forêt deviennent enfin moins salissantes!

 

Cette neige, quand elle revient, pourrait me donner envie de me cloîtrer, de m’emmitoufler dans une grosse doudou… 

 

Au contraire, parce que tu es là, parce que tu fais partie de ma vie, j’ai tout de suite envie d’enfiler mes bottes, ma tuque et mon foulard et de profiter de ce que la nature nous offre!

 

Ensemble, nous parcourons les sentiers enneigés et le temps s’arrête, enfin.

 

Te voir gambader me fait sourire, me rend heureuse! Sans le savoir, tu fais sécréter en moi une bonne dose d’endorphines.

 

Quand la neige revient, mon chien, tu fais ressortir mon cœur d’enfant! 💜

 

Es-tu prêt?

 

 

Karine Lamarche

 

Quand je te rencontre, cher parent…

Tu le sais, je suis une fille qui pense trop; je suis enseignante.&#

Tu le sais, je suis une fille qui pense trop; je suis enseignante.😉 je te parle de mon métier ces derniers jours puisque novembre, quand tu enseignes et quand tu es parent, c’est intense!

À peine revenue de cette fameuse soirée de rencontres, j’ai la tête qui bourdonne et le sourire aux lèvres. 😊

Quand tu mets le pied dans ma classe, dans la classe de ton enfant, quand tu serres la main que je te tends, déjà, un lien s’installe.

On s’est croisés, un soir de septembre. Tu m’as sans doute examinée et tu t’es peut-être demandé si j’allais comprendre ton enfant. Si j’allais connaître ses besoins. Si j’allais être en mesure de les combler.

Il y a tant de « si » quand on ne se connaît pas.

Ce soir, quand tu es entré, j’ai vite compris que tu me faisais désormais confiance. Que mes preuves, je les ai faites. Que cette rencontre allait donner des ailes à la relation déjà bien établie que j’ai avec ton trésor. Tu sais, en près de trois mois, il s’en passe des choses!

Sache que je sais qu’il est possible que toi, tu redoutes cette rencontre, que tu craignes les mauvaises nouvelles, les fameux résultats…

Cher parent, tu dois aussi savoir que si je t’invite dans la classe de ton enfant, c’est pour te parler de LUI.

Parce qu’il y a plus que les notes.

Il y a sa bonne humeur, sa rigueur, sa façon d’aider les autres, son souci du travail bien fait, son sens de l’humour, sa douceur, son engagement…

Et si on en jasait?

Cher parent, coincé dans ton horaire, le reste de ta marmaille chez la voisine ou parfois, à tes côtés… Je veux que tu saches que je suis reconnaissante que tu aies pris de ce temps si précieux pour qu’on placote.

C’est ça, pour moi, une rencontre de parents : on placote, on échange. Parfois, on trouve des compromis qui vont rendre le quotidien de ton trésor plus facile (et le tien aussi, par le fait même 😉).

Cher parent, quand tu quittes la classe, j’ai le sentiment de mieux connaître ton enfant, d’avoir eu accès à sa réalité.

Et je me sens prête à lui enseigner pour vrai…

Merci d’être venu,

Karine Lamarche

La comparaison malaisante

Malgré qu’on sache qu’il ne faut pas comparer les enfants, nous

Malgré qu’on sache qu’il ne faut pas comparer les enfants, nous le faisons tous plus ou moins. Certaines comparaisons peuvent être saines ou, du moins, inoffensives. Par exemple, je trouve intéressant de voir des enfants un peu plus vieux que les miens. Ça me donne un aperçu de ce qui s’en vient, de ce qu’ils feront bientôt. Ça peut aussi me donner des idées d’activités ou de jeux à faire avec eux, des pistes d’éléments à stimuler.

La comparaison peut aussi être rassurante. Notamment quand on traverse une phase plus difficile. Je ne me réjouirai jamais d’une crise de bacon d’un mini à l’épicerie. Je suis remplie de compassion pour ses parents. Par contre, quand j’étais en plein dedans avec mon grand, ça me rassurait de voir qu’on n’était pas seuls. Discuter avec une maman qui traverse des défis, petits ou grands, semblables aux nôtres, peut faire beaucoup de bien.

Par contre, j’ai beaucoup de difficulté lorsque la comparaison dénigre ou rabaisse. « Mon gars n’est pas rendu là, il doit être retardé! » Hein?! Ça me laisse sans voix. Peut-être n’aurais-je pas dû raconter le bon moment qu’on a passé à jouer à un jeu de société calme avec notre presque trois ans super énergique. Peut-être que ça parle des angoisses de cette maman. Je ne sais pas trop. Je trouve cependant sa façon de le dire inadéquate. Il est fort probable que son fils n’aime simplement pas ce genre de jeux. Je suis de plus convaincue que cet enfant fait des choses que le mien ne fait pas. C’est tout à fait normal, les enfants ne se développent pas de manière identique. Il n’est aussi peut être simplement pas encore rendu-là, effectivement. « Il doit être retardé » était-il vraiment nécessaire? Ça me met mal à l’aise. Je n’ai pas envie de continuer cette conversation, car je sens que cette maman se sert de ce que je raconte pour dénigrer son enfant.

Ah! Et je suis en mesure de détecter l’humour et l’ironie. Si c’était le cas avec ces propos, je ne les soulèverais pas.

Ces comparaisons malaisantes, je suis en mesure de les recevoir et, souvent, de les éviter. Mon inconfort est néanmoins encore plus grand lorsque l’enfant en est témoin. « Ton petit parle vraiment bien! On comprend rien quand le mien parle, ç’a pas de bon sens! Écoute… C’est ce que je disais, j’ai rien compris! » Oh! Mon cœur se serre. L’apprentissage du langage est déjà tellement intense pour les tout petits. C’est déjà tellement difficile pour eux de gérer les frustrations associées au fait qu’ils ne se font pas bien comprendre durant cette période. Si en plus, ton mini se fait dire plusieurs fois par jour qu’il est incompréhensible et qu’il ressent ton exaspération, ce n’est rien pour l’encourager à persévérer.

J’aimerais réussir à répondre à ces mamans respectueusement et sans jugement que leurs enfants ont surtout besoin d’encouragements, de sentir qu’ils sont capables, que leurs parents sont patients et qu’ils les accompagnent dans leur développement. J’aimerais aussi les rassurer, elles ont le droit de s’inquiéter, c’est tout naturel, et il est sain qu’elles en parlent, mais les enfants entendent tout. Il faut donc faire preuve de délicatesse lorsqu’ils sont à proximité. Mais je ne sais pas comment faire. Je sais qu’un jugement serait perçu dans mes propos malgré mes efforts et mes gants blancs.

Ça me désole. Alors je l’écris.

Jessica Archambault

Les élèves, ces humains…

Rencontres parents-profs… pour vous, c’est l’angoisse assurée

Rencontres parents-profs… pour vous, c’est l’angoisse assurée? La broue dans le toupet? Ou, comme ce l’est pour moi, une immense partie de plaisir?

Quatre enfants, trois écoles, dans trois secteurs de la ville. Ça trace le portrait d’une fin d’étape digne de Forrest Gump.

Je dois manquer du temps de travail, délaisser mes enfants en soirée, courir d’un endroit à l’autre et chronométrer chaque rencontre pour avoir le temps de faire le tour de tous les enseignants. Sans compter les spécialistes, les directions, les intervenants impliqués dans les plans d’intervention. Appelons ça un défi. Ou un entraînement olympique, c’est selon.

Mais j’aime ça. Et j’y tiens.

Quand j’étais ado, ma mère m’a déjà dit : « Nathalie, je sais déjà ce que tes profs vont me dire. Avec tes résultats, je sais bien qu’ils n’auront pas grand-chose à dire, ça va bien. Mais je vais quand même aux rencontres de profs, parce que je valorise le fait que tu réussisses bien et que tout se passe bien à l’école. Ce n’est pas juste quand il y a des difficultés qu’il faut se déplacer! »

Bien des années plus tard, j’adhère encore à cette idée. Valoriser, au lieu de dénigrer. Agir, au lieu de seulement réagir. Prévenir, pour l’avenir. Se permettre, comme parent, d’entendre le bon à propos de nos enfants. Et aussi, quand c’est nécessaire, le moins bon, pour pouvoir corriger le tir.

Je disais donc, quatre enfants, tous avec leurs particularités, leur personnalité intense, leur façon de penser et de cheminer autrement. Qui se font parfois (souvent) regarder comme des extraterrestres. Qui dérangent par leurs comportements ou par leur vision du monde qui détonne.

Ils n’ont pas tout le temps les notes qu’ils pourraient avoir ni l’attitude qu’on voudrait qu’ils aient. Les enseignants le voient bien, peu importe qu’ils aient deux ou trente ans d’expérience. En classe, ils participent parfois un peu trop, parfois pas du tout, selon l’humeur du jour ou l’intérêt du roman qu’ils cachent sur leurs genoux. Ils font leurs devoirs au gré de leurs envies malgré les stratégies mises en place, la surveillance accrue. Non, ils ne sont pas des élèves modèles. Ils ne rentrent pas dans le moule dessiné par le système scolaire. Ils sont les élèves qu’ils sont.

Et les enseignants? Ils voient l’humain derrière l’élève en dents de scie. Ils perçoivent la bonne volonté, la passion, la culture, les petits et les grands pas qui avancent et qui reculent parfois. Ils voient l’élève qui ira loin, qui laisse entendre les cordes vocales de son cœur immense, qui navigue au gré de son hypersensibilité, de son intelligence et des circonstances de la vie.

Ils voient aussi les besoins humains qui doivent être comblés pour que l’apprentissage règne en maître. Ils voient le petit cœur qui a été blessé par le passé, l’ado hyper mature qui replonge à l’occasion dans sa petite enfance sous le coup d’une insécurité ou d’une solitude. Ils voient l’élève qui n’est pas son diagnostic, qui n’est pas son pourcentage au bulletin, qui n’est pas son air endormi du lundi matin. Ils voient au‑delà.

Les enseignants que j’ai rencontrés, dans le fond, ils voient la même chose que moi : des humains qui ont besoin d’être aimés pour pouvoir apprendre. Et je vous le jure, ces enseignants, ils aiment nos enfants, les protègent, les poussent plus haut et plus loin. Ces enseignants, ils sont de magnifiques humains.

Nathalie Courcy

Mon vrai corps

Mon vrai corps

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Mon vrai corps

« Mon corps alourdi témoigne du passage des amours que j’ai portés neuf mois durant, des cicatrices d’amour. »

Je suis mère. J’ai trois merveilleux enfants. La chair de ma chair, le sang de mon sang, mes plus grandes réussites et fiertés. J’ai vécu trois grossesses tout à fait différentes les unes des autres. La première, si vous avez lu mon texte Le test, vous savez que cela m’a pris près de trois années pour enfin quitter les inquiétudes d’enfanter ou pas un jour. Trois longues années où, la peur au ventre chaque mois, j’attendais si enfin j’aurais ce petit « + ». Trois ans où je me suis jugée, où j’ai calculé, où j’ai espéré et tant pleuré.

Puis enfin, ça y était! À vingt‑neuf semaines de grossesse, j’ai failli accoucher. Ce petit homme en devenir semblait, comme en tout aujourd’hui, bien pressé de vivre. Mais ça a failli lui coûter beaucoup. Heureusement, il a patienté et n’est arrivé qu’à quarante semaines et six jours. Bien à terme. BONHEUR. Bientôt, il aura onze ans! Bien portant, intelligent, un cœur sur deux pattes empli de cette même sensibilité que sa maman et de ses propres exigences personnelles.

L’a suivi sa petite sœur, quatorze mois et des poussières plus tard. Une petite frimousse aux yeux de biche et à la bouche en cœur. Avec ses petites difficultés qu’elle surmonte chaque jour, que NOUS surmontons chaque moment ensemble, en équipe et avec amour. Elle avait à la naissance cet air sévère qui m’a tant marquée! Mais qui l’a quittée au fil de ses bientôt dix années. Elle est espiègle, douce et emplie de cette joie de vivre tranquille. Petite âme d’artiste en devenir, avec ses émotions en vrille.

Puis trois années ont passé. Mon petit loup, frénétique, empli de vie, avec les émotions et les réactions en dents de scie, s’est pointé. Complétant mon tout. Comblant mon envie de maternité. Fort, décidé, mais mordant la vie comme pas un! Du haut de ses six années, il cherche sa place en bon petit dernier. Parfois explosif dans ses émotions, mais si doux. Si amoureux de la vie, voulant tout goûter, tout essayer, et ce, sans se faire arrêter. Mon petit réactionnaire d’autorité.

Oui, comme toute maman, je suis extrêmement fière de mes enfants. Je donnerais ma vie (même si c’est cliché) pour voir leurs yeux s’illuminer.

Mon corps a bel et bien gardé les traces de leur passage. Parfois, cela ne m’atteint pas. Puis ça me frappe. Lorsque je fais le tri de mes vieux vêtements que, quelque peu masochiste, j’ai gardés dans l’espoir qu’un jour à nouveau, je les porterai… Fort est d’admettre que beaucoup continueront à dégager cette odeur de regret envers mes changements de corpulence. MAIS je ne remets AUCUNEMENT en cause ma maternité. J’en referais autant, si c’était à recommencer!

Mais.

Mais j’aurais mieux pris soin de moi. J’aurais accordé à mon corps plus d’attention. Aujourd’hui, je suis alourdie, certes j’en porte la responsabilité : à son retour en forme, je n’ai pas tant travaillé. Mais il n’est pas trop tard, ça ne l’est jamais. Mon vrai corps est un corps de mère qui s’est laissé aller, un peu. Mon vrai corps est sculpté des étirements de mes grossesses, dont la syllabe clé est « grosse »… Ne vous trompez pas! Je sais seulement être lucide.

À l’aube de mes trente‑neuf ans, je constate qu’il serait plus que temps.

Mon vrai corps se veut en santé, sans ce surplus que je peine à traîner.

Mon vrai corps veut courir à cloche-pied avec mes petites déjà si grandes boules d’énergie.

Mon vrai corps veut s’aimer, s’admirer un peu plus que je n’y arrive pour l’instant et depuis tant d’années.

Alors je lui promets à ce corps de lui rendre sa vitalité. Petit à petit, en me rattrapant de l’avoir négligé.

Le tout sous les regards de mes amours, qui trouveront que leur maman peut enfin de nouveau les suivre en courant.

Que ma santé redevienne ce qu’elle était, bonifiée de ce qu’elle pourrait et pourra!

Simplement, Ghislaine

Garde ta langue pour toi!

J’ai grandi dans un village où tout le monde était francophone.

J’ai grandi dans un village où tout le monde était francophone. L’homogénéité linguistique. Dans le temps, on commençait à apprendre l’anglais en quatrième année. Pas beaucoup de chance de ne pas avoir d’accent dans sa langue seconde. Et pourtant, j’ai appris mon bilinguisme. J’ai voyagé. J’ai travaillé et je travaille encore autant en français qu’en anglais.

Pendant six ans, j’ai habité et enseigné en Alberta. Mes deux filles ont grandi là-bas, dans une maison francophone. Dans une ville anglophone. Dans une province anglophone. Dans un pays anglop… non, bilingue. Officiellement, du moins.

Dans cette belle province de l’ouest, la francophonie avait sa place. Les francophiles étaient nombreux. Mes filles allaient dans une garderie francophone. Dans une prématernelle francophone. Dans une école primaire francophone. Quand on est revenus vivre au Québec, une nouvelle école secondaire francophone (pas une école d’immersion… nenon, une école où TOUT se déroule en français) ouvrait ses portes pour accueillir les jeunes ayant droit, c’est-à-dire des élèves qui ont le droit légal d’être éduqués en français dans le système scolaire.

Je vous le dis, pour plusieurs familles, le statut d’ayant droit est toute une lutte, à recommencer chaque année. Même histoire pour les ayant droit anglophones du Québec. La fragilité de la minorité ne discrimine pas en fonction de la langue.

Jamais, pendant notre vie en Alberta, on ne s’est sentis non accueillis, rejetés, écrasés. On avait notre place, on était un atout pour la province et dans notre milieu de vie, et notre milieu de vie était un atout pour chacun de nous. On faisait autant partie de l’anglophonie que de la communauté francophone. D’ailleurs, quand je voyage dans les autres provinces, c’est la même chose : le français a sa place!

Depuis 2012, nous habitons à Gatineau. À cinq minutes de l’Ontario. La moitié de mes collègues habite en Ontario. La moitié de mes collègues est franco-ontarienne, l’autre moitié est francophile. Mes enfants continuent leur parcours dans le système scolaire francophone. Et ils deviennent bilingues au fil de leurs efforts, de leur vie sociale et des vidéos qu’ils regardent sur YouTube. C’est parfait ainsi. Les deux langues leur ouvrent des portes et leur donnent accès à des produits culturels diversifiés. Ils sont riches de cette double langue, de cette double culture.

La semaine dernière, le parti conservateur de l’Ontario a voté pour le projet de loi 57, qui sabre dans les services en français, et ce, malgré l’opposition des autres partis et des associations francophones de tout le pays. Je vous rassure, la résistance s’organise, entre autres chez les artistes (voyez la vidéo « Personne ne m’arrêtera », qui regroupe la Franco-Ontarienne Mélissa Ouimet et plusieurs autres Franco-Canadiens). Les politiciens, les associations, les fédérations de parents francophones, les citoyens se regroupent et font entendre leur voix pour faire respecter leur identité.

Pourquoi? Parce que cette loi appauvrit la société. Parce qu’elle nuit aux familles qui devront encore plus se battre pour vivre dans leur langue. Parce qu’elle vole aux individus et aux collectivités à la fois la liberté de parler et d’apprendre dans la langue officielle de leur choix, mais aussi la diversité linguistique et culturelle si précieuse. Cette diversité qui crée des liens entre les neurones, entre les gens et entre les générations.

Je sais bien que pour la plupart des lecteurs de Ma Famille Mon Chaos, l’Ontario, c’est loin. Mais je sais aussi que tous nos lecteurs ont une langue (ou plus!), une culture (ou plus!), un cœur. Uni pour la francophonie.

Nathalie Courcy

Quand nous serons grands

Que rêviez-vous d’être lorsque vous étiez petits et que l’on

Que rêviez-vous d’être lorsque vous étiez petits et que l’on vous posait la question?

Êtes-vous passé par les classiques?

Vétérinaire, pompier, enseignant, policier?

Aviez-vous plusieurs aspirations qui ont changé au fil des années? Ou avez-vous réalisé le rêve de la première, ou presque première, idée?

Si vous avez réalisé vos aspirations, quelles étaient-elles?

Pour ma part, je me rappelle. Un jour à la maternelle, je me souviens d’un livre d’histoire que mon enseignante Catherine nous avait lu. J’ai le souvenir bien clair que dans cette histoire, une dame avait les cheveux bruns et les teignait en noir. C’est le seul détail dont je me souvienne. Pourquoi? Je ne saurais dire, peut-être parce que ma maman avait les cheveux d’un noir de jais naturellement. Moi‑même étant châtaine et parce que nous aimons à cet âge ressembler à notre mère, peut-être ai‑je voulu être « comme maman ». Mais depuis, j’ai toujours gardé ce souvenir bien présent dans ma mémoire.

Ce jour-là, je me rappelle avoir dit haut et fort à ma mère au retour à la maison :

« Maman, quand je vais être grande, je vais me peinturer les cheveux en noir, avoir trois bébés, vivre à la campagne et écrire des livres! »

Mon constat du jour : même si je suis rousse maintenant, oui, j’ai bel et bien teint mes cheveux en noir!

J’ai effectivement trois enfants, je vis dans une petite ville de campagne et j’ai édité mon premier livre en juin dernier!

Par contre, au fil des ans, j’ai eu d’autres aspirations, de photographe à éleveuse de chevaux.

D’enseignante à entraîneuse sportive. De designer d’intérieur à psychologue. Ce ne sont pas les idées qui m’ont manqué!

Vous? Vos enfants, eux?

Mon aîné ne veut rien de moins qu’être le Da Vinci des temps modernes (très modestement! Haha!)

Ma fille balance entre devenir artiste ou écrivaine et faire des courses équestres.

Mon petit dernier, quant à lui, a émis plusieurs idées, de policier à moto ou pompier volontaire à pilote de course automobile. La dernière idée est très ancrée en lui, au point où il regarde déjà du haut de ses six ans quelles voitures il pilotera plus tard.

Dites‑moi : de votre côté, quels sont les rêves réalisés? Quels sont ceux de votre progéniture?

Simplement Ghislaine

 

La fameuse butte…

La fameuse butte...

Tous les pr

La fameuse butte…

Tous les profs de ce monde vous le diront : la butte de neige en hiver, c’est juste un gros paquet de problèmes, de chicanes, de conflits et de « je l’avais pas vu quand j’ai sauté »!

Cette année, surprise, surprise, chers enseignants! Il y a de la neige en novembre, ce qui signifie l’arrivée, beaucoup trop hâtive, de cette grosse montagne de neige qui occasionne des maux de tête à n’en plus finir!

À chaque réunion mensuelle où les enseignants et la direction sont réunis, la butte de neige est inscrite à l’ordre du jour. Qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer son accès, pour la rendre moins dangereuse, pour que tous les élèves puissent y jouer, pour que ceux qui veulent glisser puissent le faire sans risque de se faire sauter sur la tête?

Un casse-tête, vous dites? C’est fou, même en 2018, aucune solution n’a été apportée pour rendre cette butte agréable à chacune des récréations. C’est le jour de la marmotte depuis de nombreuses années. Les enseignants sont maintenant devenus des policiers de butte. Je crois que ça fait partie des autres tâches connexes à l’emploi, mais ce n’est pas encore clair! Ces chers enseignants et éducateurs spécialisés doivent grimper sur la butte et se placer de chaque côté afin d’éviter tout conflit.

Mais si tu crois qu’il se passe une récré sans conflits, tu dois absolument aller observer le zoo qui règne sur une butte durant l’hiver. Même la secrétaire de l’école y participe… oui, oui! Elle doit soigner des prunes sur des têtes, des nez qui saignent et des bras écrasés sous le poids d’enfants plus lourds.

Verglas = fermeture de la butte. Alors, nos nouveaux policiers doivent mettre des cônes orange indiquant la fermeture brutale de celle-ci et émettent des contraventions à tous les élèves qui osent y mettre un pied. Question de sécurité ici…

Quand arrive le printemps, vite, on appelle le déneigeur pour qu’il vienne nous aplatir cette montagne devenue noire. Ça coûte plus cher? Pas grave, on va trouver de l’argent, car plus aucun adulte de l’école n’a le goût de surveiller à la récré et de s’époumoner que la butte est fermée.

Alors, chers collègues du milieu de l’éducation, prenez votre mal en patience, car l’hiver risque d’être long cette année. Peut-être que notre nouveau ministre de l’Éducation a une solution pour cette fameuse butte…

Karine Filiatrault

 🙂

Merci, encore !

Quand l’Action de grâce est arrivée au Québec cette année, je

Quand l’Action de grâce est arrivée au Québec cette année, je n’avais pas le goût de fêter. Dans ma famille, cette journée n’a jamais été une tradition… traditionnelle. Pas de dinde qui prend 24 heures à dégeler, pas de repas de parenté dont on ressort avec une bedaine de père Noël tellement on a mangé… La fin de semaine de l’Action de grâce américaine a suivi. La fameuse Thanksgiving U.S.  Et là, je me suis dit quil y avait tout de mêle quelque chose à retenir de ces fêtes, au-delà du côté commercial et de la pression de pondre l’assiette instagrammable la plus impressionnante.

J’ai donc décidé de transmettre l’essence de ces jours fériés à mes enfants, et de créer notre propre rituel. Qu’on applique toute lannée.

Jai proposé à mes enfants de partager un merci par personne pendant le souper. C’est à la mode, la gratitude, et ça fait du bien à l’âme !

Moi-même, j’écris presque chaque jour trois gratitudes dans un cahier que je réserve pour cette activité. Chaque jour, trois mercis que j’envoie dans l’univers, et qui ne doivent jamais se répéter. Au début, c’est facile ! Merci à ma famille, à mes amis ; merci pour mon travail, pour l’air que je respire ; merci pour la santé, pour les câlins de mes enfants…

Après un bout, ça prend un peu plus d’imagination et de réflexion. Merci d’avoir des fenêtres dans ma maison pour faire entrer la lumière. Merci à la caissière à l’épicerie pour son sourire quand j’avais besoin d’un petit remontant. Merci à moi-même d’avoir osé prendre des décisions courageuses. Merci à mes chaussures qui me tiennent au chaud…

Disons que trois gratitudes par enfant, multipliées par quatre, plus moi… on ne s’en sortirait pas ! Alors j’ai proposé une gratitude par personne. Et ils ont embarqué !

Résultat ? Les enfants réclament le temps des gratitudes dès 7 h le matin ! Plusieurs fois par jour ! Lèvent la main à l’heure des repas : « Maman ! C’est mon tour ! J’ai un huitième merci ! » Et dire que parfois, on a l’impression que les enfants ne seront reconnaissants que quand ils seront parents à leur tour.

On a droit à des mercis très touchants (Merci de nous avoir donné la vie, on est choyés d’être nés dans notre famille ! Merci d’avoir pris soin de mon petit frère quand il était malade, ça nous a tous réconfortés…) On en entend aussi de toutes les couleurs : merci aux zombies de ne pas m’avoir dévorée aujourd’hui, ça me permet de rester en vie et de manger des macaronis ! Merci parce que. Pas plus compliqué que ça. Merci à mon ami d’avoir invité mes amis pour que je puisse jouer avec mes amis. Merci de nous encourager à dire nos mercis !

Des fois, ils choisissent la facilité : merci maman pour le bon repas ! Mais déjà, je trouve ça beau qu’ils prennent conscience de l’effort qu’il y a derrière leurs assiettes remplies de couleurs et de vitamines. Ça les encourage même à m’aider à préparer les repas et à laver la vaisselle, parce que tout à coup, ils se rendent compte que ça ne se fait pas tout seul ! Et moi, ça me donne le goût de leur dire merci. Merci de m’aider ! Merci de dire merci !

Ça vous tente, comme tradition ? Ça ne coûte rien, ça tient les petites bouches occupées à l’heure du souper (lire : ça limite les chicanes !) et en plus, les mercis, ça fait des petits ! Alors je vous invite à ajouter le mot « encore » à vos remerciements. Merci, encore : vous inviterez ainsi encore plus de beau et de bon dans votre existence!

 

Nathalie Courcy