Mon vrai corps

Mon vrai corps

« Mon corps alourdi témoigne du passage des amours que j’ai portés neuf mois durant, des cicatrices d’amour. »

Je suis mère. J’ai trois merveilleux enfants. La chair de ma chair, le sang de mon sang, mes plus grandes réussites et fiertés. J’ai vécu trois grossesses tout à fait différentes les unes des autres. La première, si vous avez lu mon texte Le test, vous savez que cela m’a pris près de trois années pour enfin quitter les inquiétudes d’enfanter ou pas un jour. Trois longues années où, la peur au ventre chaque mois, j’attendais si enfin j’aurais ce petit « + ». Trois ans où je me suis jugée, où j’ai calculé, où j’ai espéré et tant pleuré.

Puis enfin, ça y était! À vingt‑neuf semaines de grossesse, j’ai failli accoucher. Ce petit homme en devenir semblait, comme en tout aujourd’hui, bien pressé de vivre. Mais ça a failli lui coûter beaucoup. Heureusement, il a patienté et n’est arrivé qu’à quarante semaines et six jours. Bien à terme. BONHEUR. Bientôt, il aura onze ans! Bien portant, intelligent, un cœur sur deux pattes empli de cette même sensibilité que sa maman et de ses propres exigences personnelles.

L’a suivi sa petite sœur, quatorze mois et des poussières plus tard. Une petite frimousse aux yeux de biche et à la bouche en cœur. Avec ses petites difficultés qu’elle surmonte chaque jour, que NOUS surmontons chaque moment ensemble, en équipe et avec amour. Elle avait à la naissance cet air sévère qui m’a tant marquée! Mais qui l’a quittée au fil de ses bientôt dix années. Elle est espiègle, douce et emplie de cette joie de vivre tranquille. Petite âme d’artiste en devenir, avec ses émotions en vrille.

Puis trois années ont passé. Mon petit loup, frénétique, empli de vie, avec les émotions et les réactions en dents de scie, s’est pointé. Complétant mon tout. Comblant mon envie de maternité. Fort, décidé, mais mordant la vie comme pas un! Du haut de ses six années, il cherche sa place en bon petit dernier. Parfois explosif dans ses émotions, mais si doux. Si amoureux de la vie, voulant tout goûter, tout essayer, et ce, sans se faire arrêter. Mon petit réactionnaire d’autorité.

Oui, comme toute maman, je suis extrêmement fière de mes enfants. Je donnerais ma vie (même si c’est cliché) pour voir leurs yeux s’illuminer.

Mon corps a bel et bien gardé les traces de leur passage. Parfois, cela ne m’atteint pas. Puis ça me frappe. Lorsque je fais le tri de mes vieux vêtements que, quelque peu masochiste, j’ai gardés dans l’espoir qu’un jour à nouveau, je les porterai… Fort est d’admettre que beaucoup continueront à dégager cette odeur de regret envers mes changements de corpulence. MAIS je ne remets AUCUNEMENT en cause ma maternité. J’en referais autant, si c’était à recommencer!

Mais.

Mais j’aurais mieux pris soin de moi. J’aurais accordé à mon corps plus d’attention. Aujourd’hui, je suis alourdie, certes j’en porte la responsabilité : à son retour en forme, je n’ai pas tant travaillé. Mais il n’est pas trop tard, ça ne l’est jamais. Mon vrai corps est un corps de mère qui s’est laissé aller, un peu. Mon vrai corps est sculpté des étirements de mes grossesses, dont la syllabe clé est « grosse »… Ne vous trompez pas! Je sais seulement être lucide.

À l’aube de mes trente‑neuf ans, je constate qu’il serait plus que temps.

Mon vrai corps se veut en santé, sans ce surplus que je peine à traîner.

Mon vrai corps veut courir à cloche-pied avec mes petites déjà si grandes boules d’énergie.

Mon vrai corps veut s’aimer, s’admirer un peu plus que je n’y arrive pour l’instant et depuis tant d’années.

Alors je lui promets à ce corps de lui rendre sa vitalité. Petit à petit, en me rattrapant de l’avoir négligé.

Le tout sous les regards de mes amours, qui trouveront que leur maman peut enfin de nouveau les suivre en courant.

Que ma santé redevienne ce qu’elle était, bonifiée de ce qu’elle pourrait et pourra!

Simplement, Ghislaine



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