Archives avril 2019

« Un papillon s.v.p. »

J’aime aller à l’épicerie avec les enfants. J’aimerais dire

J’aime aller à l’épicerie avec les enfants. J’aimerais dire que c’est parce qu’on en profite pour nommer les différents fruits et légumes et discuter des saines habitudes alimentaires, mais la vérité, c’est qu’ils offrent des collations gratuites. Bref, ma plus jeune de quatre ans est trop occupée à manger et elle a moins l’envie de fuguer dans les rangées. La semaine dernière, je l’amène avec moi dans une épicerie que je ne nommerai pas. Mais pour vous aider à vous situer, c’est une épicerie où tout se vend en format géant et où ils vous cartent à l’entrée.

Chaque fois qu’on y va, ma fille attend impatiemment son moment préféré, celui où elle remet la facture pour que le commis la vérifie à la sortie. À chacun son passe-temps favori, ne la jugez pas. Chaque fois, à la caisse, elle s’empare de la facture en vitesse et la garde en sûreté jusqu’à la sortie. Devant la porte, elle la remet au commis avec une grande fierté. La plupart du temps, le commis la trouve adorable et prend une seconde supplémentaire pour dessiner un bonhomme, un cœur ou un sourire sur la facture avant de la lui remettre.

Cette semaine, ma fille anticipe son petit bonheur et me demande, tout sourire : « Maman! Penses-tu que la madame à la sortie va me faire un beau dessin sur la facture? La dernière fois, le monsieur m’a dessiné un bonhomme! » Elle est pleine d’espoir. Je lui réponds que je ne le sais pas, mais que si elle lui demande gentiment, peut-être qu’elle acceptera. Je sais bien qu’il n’y aura même pas de file d’attente à la sortie, en plein après‑midi de semaine.

On paie l’épicerie. Ma fille de quatre ans s’empare de la facture. Elle la presse dans ses petites mains et trépigne d’impatience. Comme je l’avais prédit, il n’y a pas un chat en file. Elle tend la facture à la dame devant la sortie et lui demande poliment si elle peut lui dessiner un papillon. Elle lui offre son plus beau sourire pour la convaincre.

Sauf que. La dame. C’était clairement pas sa meilleure journée. Elle avait l’air bête et je la soupçonne d’avoir fait la sourde oreille. Elle a pris la facture, fait un trait sec dessus et l’a redonnée rapidement à ma fille.

J’ai regardé mon enfant de quatre ans. J’anticipais la peine qui allait monter dans ses yeux et la déception qui allait apparaître sur son visage. Et là, ma fille a fait la seule chose à laquelle je ne m’attendais pas. Elle a regardé la facture, puis la dame. Elle lui a lancé un grand sourire et lui a dit, sur le ton le plus encourageant du monde : « Wowww madame! Vous êtes VRAIMENT bonne pour tracer une ligneeeee! Bravo madame! Merci! ». Et elle a quitté l’épicerie, satisfaite.

Ce jour-là, ma fille de quatre ans m’a donné une maudite belle leçon de vie. Parce qu’elle se contente de ce qu’elle a et trouve du bonheur partout. Pis des fois, au lieu de se complaire dans nos petits malheurs, on devrait aussi arriver à voir ces petites joies du quotidien. Et si on regardait la vie avec les yeux d’un enfant de quatre ans?

Joanie Fournier

La montée du WOW!

J’ai fait un beau burnout. À l’époque, on m’avait o

J’ai fait un beau burnout. À l’époque, on m’avait offert de lire : Un burnout en cadeau. Je n’étais pas prête tout de suite à voir ça comme un cadeau. Quand je travaillais à me remettre sur pied, il y a une chose à laquelle je tentais d’arriver : apprendre à me déposer. C’était ça, le cadeau.

Ma psychologue m’avait répété si souvent de prendre le temps de me déposer. Voilà qu’après deux séances, je m’assoyais à nouveau devant elle. Bien que je pensais me sentir mieux, je me suis assise et j’ai pleuré. Je pleurais et je cherchais les mouchoirs sur son bureau. J’étais découragée de pleurer encore. Avant d’arriver, j’avais le désir très fort de lui montrer que j’allais mieux et juste cette idée me procurait une certaine fierté. Mais non, c’était loin d’être le cas. Elle m’a alors dit : « Tu ne t’es pas encore déposée? » et j’ai répondu en sanglotant : « Je sais pas comment ».

Se déposer

Je ne pouvais pas savoir comment, je ne savais même pas ce que ça voulait dire. Tu l’aurais su, toi? Je ne savais même plus comment reconnaître mes besoins. Décidée à avancer et à apprendre à me déposer, j’ai appelé mon amie Manon Jean en renfort. Elle est fondatrice des ateliers Arbre en cœur, je sais qu’elle sait comment se déposer. Je lui ai dit en pleurant : « Il faut que je me dépose, mais je sais pas comment. » Elle a tellement ri. Elle a ri d’un rire rempli d’Amour et de Compassion qui m’a fait chaud au cœur. J’ai senti que j’étais accueillie et surtout comprise. Merci encore, mon amie.

Voici ce qu’elle m’a dit :

« D’abord, réjouis-toi, de désirer prendre soin de toi pour aimer davantage ta famille et tes amis. Réjouis-toi de constater que tu ne vas pas super bien et que par Amour, tu apporteras des changements à ta vie. Le but de la vie, c’est de trouver REFUGE dans son propre cœur et de lui faire confiance, et ce, sans attentes… Pas facile, car c’est un peu contradictoire avec tout ce qu’on voit. Prendre conscience que notre vie est brûlante, stressante et épuisante, c’est accepter que c’est nous qui en sommes les responsables. Ensuite, il faut laisser monter un sentiment de compassion tellement fort pour soi-même que tout se dépose ensuite. Peu importe comment les choses se déposent, c’est la réussite du sentiment de compassion envers soi… Rien de plus, rien de moins. Comme Bouddha l’a si bien dit : Le bonheur véritable est dans l’apprentissage de savourer ses propres vertus… savoir aimer, partager, être patient, compatissant, au moment même où nous les appliquons dans notre vie. Je te connais peu et beaucoup à la fois, mais tu es une fille UNIQUE avec un cœur AIMANT, tu es généreuse et radieuse… Ferme simplement les yeux et savoure ce que tu es… et une vague de wow montera en toi et ce wow est ta vraie nature. Faire confiance à cette vraie nature et en faire son chemin de vie, c’est ÇA, s’aimer pour vrai. »

Elle a fait naître en moi le début de cette Compassion et de cet Amour pour moi. Aujourd’hui, l’expression « Se déposer » prend tout son sens. C’est maintenant le chemin que je prends pour me retrouver dans un état de calme. C’est ma capacité de reconnaître les moments de stress pour m’arrêter et reprendre contact avec mes forces. C’est cette capacité de cesser de forcer pour me laisser porter par la vague qui me vient naturellement.

J’ai tellement forcé dans ma vie. J’ai forcé comme s’il fallait que je me batte pour réussir et que tout se réalise comme je le voulais et quand je le voulais. J’avais oublié un allié important dans la réussite : le T.E.M.P.S. La patience et la foi sont devenues mes alliées. J’ai appris que toute chose est bonne à cueillir lorsqu’elle est mûre.

En me déposant, j’ai appris à m’aimer et j’ai appris à profiter de chaque moment. « Se déposer », ça demeure une expression jusqu’à ce qu’on y ait donné du sens. Aujourd’hui, je connais le chemin que je dois prendre pour me déposer et il prend tout son sens chaque fois que j’y suis.

Je t’accompagne afin de te déposer sur La famille de ma vie — Coaching.

Stéphanie Dionne

Une soirée pyjama sans casse-tête

Ma fille vient tout juste d’avoir huit ans. Comme chaque année de

Ma fille vient tout juste d’avoir huit ans. Comme chaque année depuis son entrée l’école, nous lui proposons de souligner son anniversaire avec des amis de son choix. Cette fois, elle pouvait choisir : une grande fête en après-midi avec plusieurs amis ou une soirée avec dodo pour quelques amies privilégiées. Sans hésiter, elle a choisi d’inviter ses copines à dormir. Voici donc mes constats post-mortem de ce fameux party!

Les mots clés sont définitivement préparation et simplicité!

1- Le choix des ami(e)s

C’est le point de départ pour des conditions gagnantes. Ne vous laissez pas emporter par le nombre d’invités! Si j’avais écouté ma fille, nous aurions eu dix personnes minimum! Choisissez un nombre pair de personnes. Ainsi, vous éviterez les amis seuls ou les conflits d’association. Aussi, prenez le temps de vérifier avec votre enfant si les amis choisis sont ceux avec qui il s’entend vraiment bien. Un dodo, c’est plusieurs heures!

2- Planifiez la soirée

Le but ici n’est pas de s’improviser monitrice de camp de jour! Mais plutôt d’assurer la fluidité de la soirée. Bien que je sois en faveur des jeux libres et de l’improvisation, il demeure que plusieurs enfants lâchés lousses en plein party (souvent avec des sucreries et une plus grande latitude des règles), ça peut facilement virer au chaos. Alors, ayez au moins une structure en tête. Prévoyez quelques idées d’activités de courte durée nécessitant peu ou pas d’animation. Tout dépend de l’âge des enfants, ils se tannent vite et parfois, ce qu’on avait prévu ne fonctionne pas du tout!

Vous pouvez suggérer aux parents d’apporter l’oreiller de l’enfant ou tout autre objet avec lequel il a l’habitude de dormir. Ce sera rassurant pour lui au moment d’aller au lit. Soyez prévoyant, assurez-vous d’avoir le nécessaire pour installer tout le monde. Ce n’est pas le temps de chercher des oreillers au moment du dodo!

3- Acceptez le fait qu’ils vont se lever tôt

Il suffit qu’il y en ait un de la gang qui ouvre un œil et hop, la journée est commencée! Le joli troupeau se réveillera bien plus en forme que vous. Et probablement plus affamé que vous. Je vous affirme que vous pouvez déculpabiliser si vous ne leur faites pas un beau brunch digne d’une photo Instagram… Il est fort possible qu’ils mangent en quatrième vitesse pour retourner jouer.

4— Prévoyez la fin

Oui, ça prend une fin claire. Confirmez avec les parents l’heure de départ. Afin que l’expérience demeure agréable, il est mieux de ne pas trop étirer la sauce. Les enfants auront eu une grosse soirée et une courte nuit. Croyez-moi, vous n’avez pas envie de vivre le down de tout le groupe en même temps! De plus, votre enfant appréciera d’avoir son après-midi pour relaxer et découvrir ses cadeaux.

Bien sûr que rendu au dimanche soir après la fête de ma fille, je me suis retrouvée bien encastrée dans mon divan en mangeant les restants du gâteau. Mais oh! combien satisfaite! J’ai réalisé à quel point les enfants avaient passé du temps de qualité. Alors pour moi, c’était mission accomplie. Les enfants se côtoient souvent dans des contextes structurés comme à l’école ou dans les sports. Quel plaisir d’apprendre à se connaître dans des circonstances plus personnelles!

Cristel Borduas

Trouver un prénom, va-t-on y arriver?

Je ne fais pas partie de celles qui ont toujours su qu’elles voula

Je ne fais pas partie de celles qui ont toujours su qu’elles voulaient être mamans. Je ne savais pas non plus le nom de mes futurs enfants hypothétiques. Adolescente, j’avais rêvassé un peu sur le sujet, mais rien qui n’avait tenu la route.

Quand nous avons décidé de devenir parents, mon mari et moi, on a un peu parlé de nos choix de noms. L’enfer! On ne s’entendait sur aucun nom. Il n’aimait pas mes choix et je n’aimais pas les siens. On a mis le sujet de côté le plus longtemps possible.

À travers nos différents, on s’entendait sur une chose : on trouvait ça difficile de nommer quelqu’un qu’on ne connaissait pas encore. Le visage, les traits, le caractère. À quoi bon s’obstiner si de toute façon, en faisant sa rencontre, le nom ne lui va pas du tout? En plus, les deux fois, on ne connaissait pas le sexe de notre enfant.

De mon côté, je me suis rappelé les enseignements d’une sage-femme qui m’a formée en périnatalité. Elle avait mentionné le fait que les bébés s’organisent pour venir nous livrer le nom qu’ils aimeraient. Bon, ça, on y croit ou on n’y croit pas. Pour elle, le bébé passe par des personnes significatives ou par une suite de coïncidences nous guidant vers le prénom choisi ou nous faisant écarter un prénom non désiré par bébé.

Nos bébés ont dû nous trouver un peu longs à comprendre les messages, parce qu’ils n’ont reçu un prénom qu’à leur deuxième jour de vie. On a pris le temps de faire connaissance et durant ce temps, on les appelait bébé, bébé d’amour, petit loup ou tout autre surnom affectueux du moment. Je me revois parler à mes bébés : comment tu aimerais t’appeler, toi? Es-tu un (insérez ici les multiples prénoms essayés) ou plus un (insérez ici de multiples prénoms supplémentaires)? Et puis, tout à coup, c’était l’évidence. Nous appelions nos familles : bébé a un nom!

Je ne saurai jamais si ce sont mes enfants qui sont venus me porter leur nom, mais pour la petite histoire, nous avons choisi le nom de mon fils en entendant mon père citer des prénoms de l’arbre généalogique qu’il était en train de construire après l’annonce de ma première grossesse. Mon père et mon fils s’aiment comme ce n’est pas possible, alors je trouve ça touchant que le nom vienne de lui, sans même que ce soit volontaire de sa part.

Pour ma fille, nous avons choisi un prénom que nous avions mis de côté après deux messages reçus. Un de la part d’une amie que j’étais allée voir autour de ma 36e semaine de grossesse parce que ça ne me tentait plus d’accoucher. Le genre de chose qui arrive quand tout à coup, tu sens la fin approchée et que le vertige est un peu grand. Elle m’a gentiment reçue et a partagé avec moi le récit de naissance de sa plus jeune. Après, j’étais réconcilié avec ce beau moment. L’autre est une amie significative qui nous aide beaucoup concrètement avec du matériel de bébé, mais aussi psychologiquement parce qu’elle est un modèle parental qui nous inspire beaucoup. Les deux ne se connaissent pas et nous ont écrit à quelques heures d’intervalle. La première avait rêvé que bébé avait un prénom et nous l’avait partagé et la deuxième l’avait suggéré en nous questionnant à savoir si bébé avait son prénom. Le pire, c’est que c’est un nom qui n’est pas commun du tout. Ça nous a rappelé un prénom auquel on avait déjà pensé, mais qu’on avait oublié. On a ajouté un « a » à la fin et voilà, nous avions un prénom gagnant.

J’adore ces petites histoires derrière le prénom de mes enfants. Des petites phrases dites sans savoir qu’elles allaient nous inspirer autant. Je suis persuadée par contre que mon mari vous dirait que nos enfants n’ont pas eu de noms pendant deux jours non pas parce qu’on ne savait pas comment les nommer, mais parce que c’est moi qui n’étais pas capable de me brancher. Moins spirituel, mais tellement vrai. Et vous, le choix des noms, ça s’est passé comment?

Roxane Larocque

Mes enfants jouent dans la bouette!

Je ne sais pas pour toi, mais quand je me remémore mes souvenirs dâ

Je ne sais pas pour toi, mais quand je me remémore mes souvenirs d’enfance, je suis souvent sale et j’ai du gros fun. Je construis des cabanes dans le bois avec mes cousins. Je me cache en grimpant dans un arbre lors de nos parties de cache-cache. Et je te garantis que mes parents étaient au courant et nous laissaient faire, en gardant un œil sur nous entre deux gorgées de café. J’en ai des tonnes des souvenirs comme ça et j’en remercie mes parents chaque jour.

Et là, je regarde mes filles, je me demande si je leur laisse la chance de créer des souvenirs comme ceux-là. Quand j’essaie en les laissant chasser les grenouilles dans le ruisseau derrière chez nous, je vois dans le regard des voisins le jugement. « Yark, c’est dégueu, elles vont avoir plein de verrues »; « Tu as pas peur qu’elles tombent dans le ruisseau? ».

Des commentaires comme ceux-là, j’en reçois à la tonne. Et j’ai envie de leur répondre : « Hey! J’ai jamais attrapé de verrues à attraper des grenouilles » ; « Y a à peine dix centimètres d’eau dans le ruisseau. Si elles tombent, le pire qui peut arriver, c’est qu’elles soient mouillées. »

À quel moment entre mon enfance et celle de mes filles, nous avons mis les enfants dans de bulles de verre? Pourquoi nous les amenons au parc, avec des modules de jeux qui laissent peu de place à l’imagination? Et si par malheur, ils grimpent dans leur vaisseau spatial par la glissade, nous les avertissons de ne pas faire ça, que c’est dangereux.

Nous voyons du risque partout et nous voulons les protéger de tous les risques. Pourtant, j’ai appris tellement de choses dans mon enfance. Je suis restée prise dans l’arbre parce que j’ai monté trop haut. J’ai appris que j’avais dépassé ma limite. Je me suis sentie valorisée lorsque mon père m’a permis d’utiliser son marteau pour construire ma cabane, il avait confiance en moi. J’ai utilisé ma créativité et mon imagination pour faire des recettes de gâteaux de bouette, gazon, pissenlit et j’en passe.

Bien sûr, je suis rentrée à la maison les souliers détrempés parce que je n’avais pas réussi à sauter par-dessus le ruisseau. J’ai eu le pouce bleu parce que j’ai passé à côté du clou. J’ai eu les genoux en sang parce que notre jump de vélo n’a pas tenu le coup. Ma mère m’a même lavée au boyau d’arrosage avec mes vêtements parce que nous avions eu la bonne idée de nous lancer de la bouette.

Il faut dire que nous étions très loin de l’importance du paraître d’aujourd’hui. Je ne portais pas un polo de marque à 150 $ ou des espadrilles à 300 $. Je portais un ensemble jogging fait par la couturière du village et des souliers pris dans un magasin grande surface. Que je sois sale, mouillée, que j’aie scrappé le genou de mon pantalon, ce n’était pas si grave.

Tu sais quoi? Je suis toujours là et j’ai la tête remplie de méchants beaux souvenirs!

Et oui! Mes filles vont jouer dans la bouette et se créer des millions de beaux moments.

Mélanie Paradis

 

Le mouton noir le plus éduqué

Je viens d’une famille modeste. Des parents travaillants et soucie

Je viens d’une famille modeste. Des parents travaillants et soucieux de nous offrir un avenir meilleur. Mes parents ne sont pas restés longtemps sur les bancs d’école. Leur génération n’a pas trop valorisé la poursuite de longues études. Et qu’on se le dise, la pression d’aller sur le marché du travail était forte. Malgré cela, ils m’ont appris l’importance de l’éducation et que l’obtention d’un diplôme pourrait me simplifier la vie. Ils m’ont encouragée comme ils ont pu dans mon cheminement scolaire.

Le temps a passé et j’ai quitté mon petit village pour m’investir dans la grande ville. Je découvrais à quel point le monde pouvait être riche. Oh combien toutes ces nouvelles informations étaient stimulantes pour moi! Poursuivre des études était non seulement une façon de m’assurer un avenir professionnel, mais surtout, j’avais l’impression de devenir quelqu’un. Le savoir est devenu une bouée de sauvetage.

Je suis une personne ordinaire. Je n’ai pas de talent particulier et je ne me démarque pas spécialement. Mais à l’université, je devenais quelqu’un. Pas au sens glamour de la chose, mais plutôt face à moi-même. J’ai rapidement découvert que l’école et la bibliothèque pouvaient m’ouvrir un monde auquel je pouvais m’identifier. Côtoyer des gens qui aiment réfléchir et échanger est vraiment stimulant. J’apprenais une nouvelle façon de percevoir la société et les humains. À mes yeux, je demeurais la même personne, mais avec des connaissances en plus! Sans m’en rendre compte, un nouveau vocabulaire s’est installé. Sournoisement, un écart s’est creusé avec mes proches. On tentait tranquillement de me faire comprendre que la nouvelle version de moi-même commençait à déranger. Ce qu’on m’avait encouragée à faire devenait maintenant une source de rejet.

J’avais vraiment sous-estimé les impacts de mon cheminement académique sur mes relations familiales. C’était comme si, soudainement, j’étais devenue une personne avec qui ils n’avaient plus rien en commun. Les sujets d’actualités ne les intéressaient pas et les conversations d’opinion étaient tout aussi limitées compte tenu des idées arrêtées.

Tranquillement, on commençait à me glisser des phrases du genre : ah, on sait ben toi avec de grands mots compliqués…. Ah, écoute donc parler l’autre qui est allée à l’université… Bon, toi avec tes grandes théories…On avait décidé que j’étais une personne hautaine, qui se prenait pour une autre. On m’accusait de faire chier avec mes diplômes. Diplômes qui, étrangement, m’amenaient à travailler auprès des plus démunis. Eh ben! C’était tellement incohérent pour moi! Je souhaitais simplement jaser de mes journées avec les membres de ma famille. Et peut-être les faire bénéficier de mes connaissances, au même titre qu’on demanderait conseil à son beau-frère mécanicien.

Après plusieurs années à m’entêter et à essayer différentes approches, j’ai dû faire un choix. Cette situation prenait trop de place. Sans vivre de conflit ouvert, je sentais qu’un malaise planait et j’évitais les contacts. Avoir une bonne relation avec les membres de ma famille fait partie de mes valeurs les plus chères, mais je devais me fixer une limite personnelle.

La fille nerd qui aime les bibliothèques et qui s’implique dans des causes féministes devait se faire plus discrète. Sans nier qui je suis. Pour y arriver, j’ai surfé jusqu’à ce que je trouve l’équilibre entre mon identité et mes relations familiales. Cela n’a pas été sans défis. La preuve, mon nom ne se retrouve pas au bas de ce texte. Simplement parce que cela n’apporterait rien de mieux à ce que nous vivons.

L’effort de réflexion a été pour nous la façon de nous concentrer sur l’amour que nous avons les uns envers les autres. Garder nos liens simples, prendre soin les uns des autres et passer du temps de qualité ensemble.

Eva Staire

Sabotage

Je suis partie de chez toi le cœur gros, samedi. Pas à cause de qu

Je suis partie de chez toi le cœur gros, samedi. Pas à cause de quelque chose que t’as dit. Pas à cause de quelque chose que t’as fait. Je suis partie de chez toi le cœur gros parce que pour la première fois depuis qu’on se connaît, j’ai pleinement réalisé que de t’avoir dans ma vie, ça me faisait du bien. Ça me faisait sourire. Ça me rendait heureuse.

Assise sur le divan, je te regardais t’agiter, danser, parler fort, et tout ce dont j’avais envie, c’était d’aller vers toi. Ce désir tout simple et sincère de vouloir m’approcher est devenu trop insécurisant parce que je ne savais pas s’il était partagé. J’arrivais pas à te lire.

Pendant que t’étais all-in dans ton moment présent, léger et sans questionnement, moi, j’me sentais complètement démunie. J’étais comme les chats paniqués qu’on voit dans les vidéos sur YouTube : le cœur qui bat la chamade pis les pattes qui spinent dans l’fond du bain. Vieille minoune, en mode panique dans mes deux pouces d’eau, j’hyperventilais pour plein de raisons extérieures à toi. J’te jure, j’ai essayé de me donner une swing pour me sortir du bain, mais j’étais incapable de bouger, incapable de faire quoi que ce soit. Je suis partie sans te dire pourquoi.

J’ai pris peur parce que c’est ce que je fais quand mon désir d’être avec quelqu’un grandit. Quand je sens que je m’ouvre, quand je me sens vulnérable, quand l’incertitude kick in, mes sutures prennent le bord. Je me protège, je me pousse.

Je m’en vais, je coupe les ponts, je me fais un faux reset et, la fois d’après, je choisis l’homme qui entre dans ma vie avec plus de raison. J’atterris dans du tiède ou du connu. Je trouve quelqu’un de poqué comme moi qui recherche l’amour sans le risque ; la vie à deux sans facteur de dangerosité.

Pour m’assurer de ne pas avoir mal, je me cherche un partenaire pour une entente convenue où on se dit à peine à mots couverts : « Si on gratte pas trop où ça me fait mal, on va pouvoir faire un bout ensemble. Toi pis moi, on va s’entendre ben comme’faut. Pas de flammèche, mais pu d’bobos. On va s’aimer juste un peu, mais pas trop. Ça t’tente-ti? Signe ici, moi je signe là. »

La beauté dans tout ça, c’est que l’entente va fonctionner. Un mois, six mois, deux ans. Jusqu’à ce que je croise un couple de vrais amoureux, jusqu’à ce que je réalise que c’est vraiment ça que je veux. Pas le partenaire parfait. Pas les vies parfaites. Pas le sexe instantanément parfait. Mais le désir sincère et parfait d’être entièrement avec quelqu’un. Le désir de m’abandonner, de réapprendre la confiance et le laisser-aller. Ce désir me fera sourire à nouveau et simultanément, la chamade va recommencer parce que le désir d’aimer vient aussi avec la peur de perdre. Pis là, j’vais encore être fourrée. Sauf que.

Y a pas vingt mille choix possibles en amour à ce qu’on dit. On continue de faire ce qu’on connaît : on essaie, on gaffe, on se protège, on arrête, on recommence, on se sabote ou on apprend. On vit avec l’inconfort. On avance. On se donne une vraie chance.

Si, comme dans les films d’amour, j’ai envie de me réveiller en pleine nuit avec un fou rire adolescent pour ensuite faire l’amour ; si j’ai envie de voyager à travers le monde à deux pour nous créer des souvenirs et des moments précieux, je suis aussi partante pour les matins de marde pis les chicanes connes du jeudi soir. Je suis clairement pas outillée pour gérer tout ça avec aisance et spontanéité, mais je suis prête à signer.

Pas de mariage, pas de vœux d’éternité, mais prête à réapprendre à me laisser aller. Prête à sortir de ma tête, à refaire entrer un rond dans mon carré. Je signe ici et, si ça te tente, toi, tu peux signer là. Je vais remplacer mon besoin de certitudes par un besoin de compréhension et de patience. Parce que j’ai besoin de temps pour me reseter. Parce que j’ai besoin de temps pour apprendre à connaître quelqu’un qui va accepter, des fois, de respirer pour nous deux quand mon air va bloquer à l’entrée. Quelqu’un qui va comprendre pourquoi j’entre dans mon mode « vieille minoune » pis qui va se contenter de me dire d’une voix sincère et réconfortante : « Heille, dégonfle Harkio. Va domper ton p’tit manteau de peurs pis d’insécurités dans l’foyer, pis viens t’coller. L’printemps est arrivé. »

Liza Harkiolakis

 

Et toi, tu te berces

Ça a commencé tout doucement.

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Ça a commencé tout doucement.

Tu étais tout petit dans ta chaise haute.

Je t’y ai déposé devant quelques jouets sur ta tablette et tu as commencé.

Tu t’es mis à te balancer de l’avant à l’arrière, on riait… c’était drôle.

Mais depuis, tu te berces encore un peu chaque jour.

Oui, je l’avoue, ça m’a parfois gênée devant de nouveaux ami(e)s.

Tu demandais « Avez-vous un divan? »

Et aussitôt que tu le trouvais, tu t’installais et commençais à te balancer.

Par gêne, par malaise, par ennui, par fatigue. Toi, c’est ta façon de gérer ça.

C’est de te bercer.

Et là, il y a eu «  les gens »  et leurs précieux commentaires qui ne sont tellement pas nécessaires :

— Avez-vous déjà pensé à consulter?

— Avez-vous des autistes dans vos familles?

— Ce n’est pas normal qu’il fasse ça, moi je m’informerais.

— Il va se faire mal.

— Ça ne doit pas être le fun pour lui et vous devez être tannés qu’il fasse ça.

Et j’en passe.

Écoute, logiquement selon toi, est-ce qu’on en a parlé à son médecin?

Nous qui sommes ses parents et qui désirons le meilleur pour notre enfant?! Oui, nous avons abordé le sujet avec SON médecin. Ai-je besoin de t’en donner le compte rendu à toi, l’inconnu? Non.

Ai-je besoin de te dire que oui, nous avons de l’autisme dans notre famille proche? Ça te regarde, toi, l’impoli? Ça te rendrait peut-être mal à l’aise (ou pas) une fois informé.

Est-ce que tu crois bon que je te dise que oui, des fois, c’est irritant de le voir se bercer d’avant en arrière pendant qu’on essaie d’écouter un film en famille?

Qu’on aimerait qu’il cesse.

Mais ça ne te regarde pas!

Il se berce et nous, on chante…

Il se balance et nous, on s’en contrebalance. Comprends-tu ça?

Son médecin nous a dit que c’était un excellent signe d’autosuffisance et que, comme il sait se bercer lui-même, il n’a pas besoin que personne ne le fasse pour lui.

Il se connaît et se suffit.

Quand il vit une situation qui l’angoisse ou quand il se sent fatigué, il se berce pour se calmer ou pour s’endormir.

Te voilà rassuré. Mais moi, je savais déjà que mon enfant était juste différent et ça me plaisait de te faire parler!

Lisa-Marie Saint-Pierre

 

Cette nuit-là  

Cette nuit-là, mon cœur s’est mis à battre à vive allure. Mon

Cette nuit-là, mon cœur s’est mis à battre à vive allure. Mon corps entier est devenu engourdi, une sensation de chaleur s’est emparée de moi. Je n’avais aucun contrôle sur cette chose qui m’envahissait. Tu sais, un mauvais rêve dans lequel nous aimerions crier de toute nos forces, mais dans lequel aucun son ne parvient à sortir de notre bouche.

Cette nuit-là, j’ai décidé d’aller explorer ton monde virtuel, ton cellulaire. Tu sais, cette petite voix qui nous dit que, malgré mon questionnement et ta réponse réconfortante, j’ai raison de m’inquiéter. Tu étais distant et distrait ces derniers temps. J’ai voulu croire que c’était le chaos de la vie quotidienne. Le travail, les enfants, les petits tracas qu’on ne se dit pas nécessairement, nos petits secrets gardés pour nous, pour ne pas inquiéter la personne qui partage notre vie.

C’est aussi cette nuit-là que j’ai compris que j’allais avoir besoin d’une énorme dose d’humilité pour passer à travers la montagne que tu avais dressée devant moi.

Pour être franche, mon amour, je n’aurai pas cru trouver dans ton monde, un monde parallèle. L’homme couché à mes côtés cette nuit-là, cet homme que j’idolâtrais, dont j’étais tombée follement amoureuse dès la première rencontre… cet homme-là ne pouvait pas être toi. Ces messages écrits pour elle ne pouvaient pas venir de tes doigts posés sur les touches de ton clavier. Ces mêmes doigts qui parcourent mon corps nu et mon visage le matin au lever. Ces doigts qui essuient mes larmes lors de moments douloureux ou ceux qui me chatouillent pour me faire rire.

Cette nuit‑là, j’ai compris que rien n’était acquis dans la vie. J’ai aussi appris que donner ta confiance à un autre être, c’est aussi offrir une partie de toi. Et que lorsque cette confiance est brisée, éreintée… une partie de nous l’est tout autant.

Elle, elle m’a volé quelque chose cette nuit‑là. Mais, ce n’est pas sa faute. Peu importe ton besoin de plaire, celui d’avoir de l’attention ou des compliments, l’envie de charmer ou de te faire charmer… tu aurais dû savoir quand t’arrêter. Tu aurais dû ressentir l’envie de mettre fin à cette tentation avant que ça prenne l’ampleur que ça a pris.

Est-ce que tu as pensé à moi lors de tes échanges? As-tu pensé à nous lorsque tes lèvres se sont posées sur les siennes? Mais surtout, surtout mon amour… as-tu pensé à la blessure que tu allais m’infliger?

Maintenant que je sais la vérité, que tu m’as tout avoué… j’ai pris la décision de te donner une chance, de nous donner une chance. Certains diront que je me trompe, que j’ai tort… mais, au bout du compte, j’ai envie de croire en toi, de croire en nous. J’ai envie de croire que c’était une erreur de parcours, que cette bêtise n’a été commise que pour te témoigner la chance que nous avons d’être ensemble.

Je sais, peut-être suis-je en train de me tromper, que mon monde parfait n’existe pas, que tu recommenceras lors d’une prochaine tentation. Mais j’ai envie d’y croire.

Tu sais que le chemin sera tumultueux, rempli de questionnements et de doutes.

Tu as décidé de m’aider et de m’accompagner.

Je n’ai pas envie de te remercier. J’ai seulement envie de te dire de ne plus jamais mettre en doute notre amour. Et que si un jour, tu as des appréhensions, viens m’en parler. Car tu sais, mon amour, je t’aime sincèrement.

Cette nuit-là, j’ai compris l’impact de l’infidélité.

Mais j’ai aussi compris que j’étais une femme intelligente, courageuse et solide. Et que même si vous croyez que rester est un signe de faiblesse, sachez que c’est plutôt un signe de force et de ténacité.

Et cette femme te donne une chance, alors, saisis-la, mon amour.

Eva Staire

Mon accouchement, un an plus tard

Un an. C’est le temps dont j’aurai eu besoin pour démêler les

Un an. C’est le temps dont j’aurai eu besoin pour démêler les émotions ressenties lors de mon deuxième accouchement. Un an pour en venir à la conclusion que je ne me suis sentie ni écoutée, ni respectée, ni considérée.

Pour vous mettre en contexte, toutes les médecins de mon GMF (groupe de médecine familiale) sont ouvertes aux différentes pratiques, se tiennent à jour sur les nouvelles approches et techniques et sont hyper respectueuses.

Pour ma part, il était hors de question d’accoucher sur le dos pour diverses raisons physiologiques qu’une physiothérapeute périnéale pourrait vous expliquer beaucoup mieux que moi. Je tenais à accoucher sur le côté ou à quatre pattes. J’ai pu le faire pour mon plus vieux. Nous avons eu le temps de nous installer, de discuter avec le médecin qui n’y voyait aucun inconvénient, j’ai pu poser toutes mes questions. Ma sœur était avec chéri-mari et moi pour maintenir ma jambe ; en étant couchée sur le côté, une de mes jambes se retrouve « en l’air » et ma sœur s’assurait que la médecin ou l’infirmière ne recevrait pas de coup de pied. Cela a permis à chéri-mari d’être auprès de moi et de pouvoir sortir bébé, de couper le cordon ombilical, de m’annoncer le sexe et de savourer le moment.

J’espérais un accouchement semblable la deuxième fois. Par contre, plusieurs facteurs en ont fait une expérience tout autre. Tout d’abord, je n’ai pas ressenti de contractions comme à mon accouchement précédent. J’avais une pression dans le bassin, au point de ne pas pouvoir m’asseoir le dos droit parce que ça pesait trop pendant les quelques jours précédents.

La nuit même, la pression est devenue très forte et très douloureuse. Mais comme les sensations étaient vraiment différentes de ce que j’avais connu et que je n’avais jamais entendu parler d’un accouchement sans contractions « qui se calculent » ni perte des eaux… eh bien, je ne pensais pas être en train d’accoucher en tant que tel. C’est la perte du bouchon muqueux qui a donné le signal. Nous avions donc attendu lesdites contractions en vain et j’ai dû en avoir à peine cinq ou six au total.

Ceci étant dit, nous nous sommes rendus à l’hôpital de justesse. Il s’est écoulé 29 minutes entre le moment où nous avons poussé la porte d’entrée et la naissance de notre fils deux étages et une aile plus loin.

De plus, pour diverses raisons, il n’y avait pas de médecin de mon GMF de garde ce jour‑là. Je ne savais donc pas sur qui je tomberais, quelle approche il ou elle aurait…

Quand le médecin m’a annoncé qu’il était trop tard pour la péridurale, j’ai paniqué. Sans perte des eaux ni contractions habituelles, j’étais certaine que j’en avais encore pour quelques heures. La douleur était immense, je ne pensais pas pouvoir la tolérer.

Nous nous sommes installés en catastrophe dans la chambre. Ma mère était présente pour tenir ma jambe et chéri-mari pour me soutenir et accueillir bébé. Mais je n’ai pas pu vivre MON accouchement comme je l’entendais.

Lorsque j’ai mentionné à la médecin que je voulais accoucher sur le côté, elle m’a répondu qu’il n’y avait pas de problème. Par contre, elles m’ont installée avec les deux pieds dans les étriers. Je me rappelle très clairement avoir tenté de me tourner sans en être capable. J’ai réalisé plus tard qu’elles me tenaient les pieds dans les étriers pour que je ne puisse pas me retourner.

J’ai accouché les fesses en l’air parce que je tentais de me positionner sans comprendre qu’on m’en empêchait. Lorsque ma mère a voulu s’installer près de moi comme je le désirais, l’infirmière l’a rabrouée sèchement et l’a écartée du lit. Mon bébé sortait dans sa poche. La médecin a crevé les eaux, la tête est instantanément sortie. J’ai ensuite à peine eu le temps de dire que je ne comprenais pas comment pousser dans la position dans laquelle j’étais (les pieds tenus de force, le bassin en l’air), que mon bébé sortait complètement.

J’ai accouché à toute vitesse, sans aucune intervention médicale nécessaire, pas même un point de suture. Ça aurait dû être une belle expérience, mais j’ai accouché dans la peur et l’incompréhension. Une chance que mon accouchement a été « facile » ; quelles autres décisions auraient été prises sans me consulter sinon?

Quand on a déposé mon enfant sur moi, je tremblais, je ne savais pas comment je me sentais. Je n’arrivais pas à me réjouir, à me calmer. Heureusement, ça s’est passé plutôt rapidement. Par contre, mon corps, mon cerveau, ont refoulé mes émotions bien loin pour que je puisse profiter de ces moments magiques.

Je tiens à préciser ici que ces désirs et convictions faisant partie de mon plan de naissance sont importants pour moi dans la mesure où tout se passe bien. Il est certain que si une complication était survenue, j’aurais tout à fait confiance au médecin et j’aurais suivi ses directives sans rouspéter.

Ce qui me choque ici, c’est qu’aucune raison médicale ne justifiait l’attitude du corps médical autre que la paresse. Les médecins et les infirmières ont bêtement décidé de se simplifier la vie.

Mais ce n’était pas elles qui accouchaient, c’était moi. Elles ont profité du fait que je n’étais pas en mesure d’argumenter et de saisir tout ce qui m’arrivait pour faire à leur tête afin d’être plus confortables.

Nous utilisons souvent la phrase « C’est mon corps, c’est moi qui choisis » avec notre fils de trois ans qui la comprend très bien, mais une médecin et une infirmière n’ont pas su respecter ce concept pourtant si simple et évident : c’est mon corps, mon accouchement, c’est moi qui choisis.

En plus de ne pas me respecter, elles ont acquiescé pour ensuite m’empêcher physiquement de bouger. Je n’étais plus libre de mes mouvements. Comme lorsque les femmes n’avaient aucun droit et que leurs opinions et leurs sensations n’étaient pas considérées. Au cœur même de mon propre accouchement, je n’ai pas été considérée. En 2018. J’en suis outrée.

Et je vois venir les commentaires… Chéri-mari aussi était dans l’urgence et dans l’émotion. Lorsque je lui en ai parlé, il n’avait pas du tout vu ça comme ça et y a été très sensible. Je ne peux malheureusement rien faire. Par contre, j’ai déjà discuté avec ma mère et chéri-mari qui s’imposeront et feront respecter mes choix lorsque viendra le temps du troisième accouchement, en espérant tout de même que ce ne sera pas nécessaire.

Jessica Archambault

 

Adulte et intimidée

Vivre de l’intimidation quand on est adulte, je le vis comme si je fais un retour en arrière pend

Vivre de l’intimidation quand on est adulte, je le vis comme si je fais un retour en arrière pendant mes années de secondaire.

 

Comme dans les films.

 

Quand celle qui est ultra populaire décide de s’acharner sur une autre.

 

Ce qui est fou, c’est que quand cela t’arrive à l’âge adulte, cela fait aussi mal.

 

C’est direct dans le cœur.

 

Cela prend toute la place dans notre tête, dans nos pensées.

 

Il y a des jours où je pense presque que ce que cette personne dit ou pense est vrai.

 

L’instant d’après, monte en moi un « punisher » prêt à venger ma réputation, ma personne et toutes celles qui vivent ce genre de chose.

 

La seconde suivante, j’ai juste le goût de me rouler en boule dans mon garde-robe et de tout abandonner.

 

Abandonner tout ce pour quoi je me lève chaque matin.

 

Dans le fond, c’est juste un travail.

 

Dans le fond, je peux vivre de ma mission autrement.

 

Je me sens littéralement comme une bipolaire émotionnelle!

 

Chaque seconde diffère de l’autre et c’est juste quand je n’ai pas à croiser la « reine du bal ».

 

Si je dois la croiser, je me sens redevenir enfant et je tombe dans la peur.

 

L’instant d’après, je suis une « warrior » et rien ne peut m’atteindre.

 

Mais mon désir profond, c’est juste que cela arrête.

 

J’aurais pu choisir d’exposer tout ce que j’ai contre la « reine du bal ».

 

J’aurais pu faire parler mon « ego » et faire taire la « reine du bal ».

 

Je le sais comment faire, j’ai déjà été une « reine du bal » par le passé.

 

J’ai bien passé des journées à me demander comment faire arrêter ce cancer.

 

Cancer qui ne ronge pas que moi.

 

J’ai choisi de prendre un chemin qui n’est pas très fréquenté.

 

Quand on vit de l’intimidation, on a souvent près de nous des gens qui nous aiment et qui ne veulent que notre bien.

 

Qui veulent nous défendre bec et ongle devant l’injuste réalité qui est la nôtre.

 

Qu’est-ce que j’enseigne à mes filles si j’agis ainsi?

 

À m’abaisser au même niveau et à frapper plus fort pour dominer comme dans les films de superhéros?

 

On va rester authentiques ici : il y a toujours des suites ou des vengeances inattendues par la suite dans les films de superhéros et je n’en veux pas dans ma vie.

 

Cette tactique n’est pas pour moi, car je vais redevenir en faisant cela « une reine du bal ».

 

C’est tellement facile de devenir l’intimidé intimidateur, mais…

 

J’ai demandé à tous ces gens qui m’aiment et ne veulent que mon bien de ne rien faire.

 

Je suis folle?

 

Peut-être que seul l’avenir nous le dira!

 

J’ai choisi de rester dans l’amour.

 

Oui parce que comme j’ai déjà été une « reine du bal », je le sais que j’étais brisée en dedans à ce moment-là.

 

Je crois foncièrement que ce qui sort de notre bouche vient souvent de la manière dont on se sent intérieurement.

 

Je suis ce que je dis, pense ou ressens.

 

Sauf que quand je le dis, les autres en sont témoins.

 

J’ai déjà été si brisée que je ne souhaitais qu’une chose : ne pas être la seule à souffrir.

 

Je le sais que quand quelqu’un me dérange ou me déplaît, c’est trop souvent que c’est en moi qu’il se passe quelque chose.

 

Les autres sont des acteurs qui viennent déclencher une bombe qui est en moi.

 

Cette bombe qui me fait prendre conscience de ce que je dois travailler à l’intérieur de moi.

 

J’ai donc choisi de rester dans l’amour.

 

Je me suis mise à écrire des lettres d’amour.

 

Pas seulement à moi, mais aussi à cette personne.

 

Chaque matin, j’écris à cette personne et à moi de bons mots. Des mots remplis de bienveillance. Des mots que j’aurais aimé qu’on écrive pour moi.

 

Ce n’est pas toujours facile, j’ai parfois le goût de vider mon sac à colère, mais je me ramène à la façon dont j’ai choisi de vivre cela.

 

Car si j’ai été la « reine du bal » un jour, je sais que j’aurais eu besoin d’amour à ce moment-là et je tiens à en offrir à cette personne.

 

J’offre l’empathie dont j’aurais bien eu besoin dans le passé.

 

Aussi fou que cela puisse sembler, depuis que je fais cela, je vais beaucoup mieux!

 

Parce que ce qui est le plus important pour moi, c’est de ne plus me sentir attirée vers un tourbillon négatif.

 

Ce n’est plus important pour moi de réparer la situation.

 

Ce n’est plus important pour moi de mettre mon attention sur ce que cette personne dit ou fait contre moi.

 

Je sais que je ne suis en fait que l’actrice qui déclenche la bombe en elle ; sa façon de gérer son bout de foulard ne m’appartient pas.

 

Je ne dis pas que j’ai trouvé LA solution à l’intimidation, mais j’ai trouvé MA solution.

 

Je reste authentique à moi-même, à ce que je veux créer de ma vie, et cela passe par l’amour!

 

 

Martine Wilky