Archives septembre 2019

Arrête de traiter ton corps comme un fast food!

Ton corps est unique. Tu ne l’as pas choisi. Mais tu peux choisir

Ton corps est unique. Tu ne l’as pas choisi. Mais tu peux choisir ce que tu en fais. S’il te plaît, fille (ou gars), respecte-le. Traite-le comme un grand restaurant 5 étoiles le fait et non comme un fast food. Upgrade ta clientèle. Ton corps ne doit pas être ouvert à tous 24/7. Il doit y avoir des critères pour y accéder et c’est à toi de les définir. Un code vestimentaire? De l’attente pour un rendez-vous? Un langage et une attitude classe? Même le fast food a ses règles et exige du respect.

Si tu te voyais avec nos yeux, tu ne t’exhiberais pas de cette façon. Des fois, on dirait que tu offres des bouchées gratuites sur un plateau d’argent à qui veut en prendre. Malheureusement pour toi, ce seront les plus affamés ou les plus cheap qui voudront se servir. Souviens-toi que peu importe qui vient à toi, à n’importe quel moment, tu peux fermer la porte et tourner ta pancarte « Fermé ». Même le fast food peut expulser des clients. C’est toi le boss!

Peu importe ce que tu veux ou ce que tu as à offrir, l’important c’est que tu te sentes bien… avant, pendant et après le repas. Je suis certaine que tu veux que la personne que tu fais entrer dans ton resto reste pour un menu table d’hôte et non pour un snack rapide sur le bord du comptoir. Peut-être que tu auras moins de réservations… mais ce sera certainement de meilleure qualité.

Tu as tellement à offrir, ne l’offre pas à tous! Ce n’est pas tout le monde qui mérite tes 5 étoiles. Et surtout, ton corps est précieux tout comme toi ; prends-en soin. Laisse les gens te découvrir, te connaître. Fais en sorte que les autres te traitent avec respect… et commence par toi.

Krystal Cameron

 

Ton coma

Je suis au travail et mon cellulaire sonne. Il est 11 heures du mati

Je suis au travail et mon cellulaire sonne. Il est 11 heures du matin. C’est toi.

– Maman! Ça ne va pas du tout! Maman?! Maman, aide-moi!

– Que se passe-t-il?

– Je me suis réveillée ce matin, dans un lit d’hôpital. J’ai arraché ma perfusion. Maman! Je ne comprends pas!!! Je n’ai aucun souvenir! Je ne sais pas comment je me suis rendue là! Je ne sais ce qui s’est passé! Maman! J’ai peur! Je suis perdue!

C’est à ce moment que ton monde s’arrête…

Vlan!

J’écoute mon enfant paniquer et angoisser, mon cœur bat la chamade si fort que j’ai l’impression qu’il va sortir de ma poitrine. Mes mains tremblent, les questions fusent et je réalise avec effroi que ma fille est complètement confuse.

Avec l’aide de ses amis, l’enquête commence. On laisse tout en plan. On cherche à comprendre ce qui s’est passé.

Ce n’est pas évident…

Mon enfant est majeure.

Alors l’hôpital ne nous donne aucun renseignement…

Et elle n’a aucun souvenir…

Elle s’est effondrée d’un coup lors d’une petite soirée tranquille à sa résidence après avoir siroté deux boissons alcoolisées. Elle était hypotonique et confuse. Elle a vomi pendant deux heures… deux heures! Sans que personne ne réagisse! Pourquoi? Elle n’avait plus de réflexes! Pourquoi? Pendant combien de temps?

Ses amis inquiets car elle ne reprenait pas connaissance ont fini par l’amener en taxi à l’hôpital. En taxi! Pas d’ambulance! Mais pourquoi?

Elle est allée directement en salle de choc, on l’a ploguée de partout et elle a reçu trois poches de soluté. Ils lui ont fait une prise de sang.

Le lendemain matin, le médecin lui a donné son congé… mais… elle ne s’en souvient même pas!

Black out

Dans notre tête de parent, toutes les hypothèses sont bonnes et je me raccroche à ma raison tant bien que mal : trop d’alcool? Elle jure que non! Drogue? Ses amis sont certains qu’elle n’en a pas consommé (même pas à son insu). Médicaments? Non… Schizophrénie? Folie? La drogue du viol?

Nous n’avons que des questions et une enfant épuisée qui panique complètement d’avoir perdu le contrôle de son cerveau.

Nous enquêtons avec elle auprès de ses amis et de l’hôpital pour finalement apprendre qu’il y aurait eu pas mal d’alcool fort ce soir-là… Pourtant, elle est habituée à gérer sa consommation d’alcool. Ce n’est pas son premier party…

Mais ce soir-là, elle n’avait pas dormi ni mangé. Son corps lui a échappé. Elle l’a échappé…

Les résultats du bilan sanguin ont finalement montré que son taux d’alcool dans le sang était très élevé. Trop élevé. Beaucoup trop élevé…

Ce chiffre me rentre dans le corps comme un coup de poignard et les mots du médecin « coma éthylique, intoxication aigüe à l’alcool » résonnent dans ma tête.

Mais comment est-ce possible?

Ma fille toujours en contrôle, ma fille première de promo, brillante dans ses apprentissages, organisée, fiable, autonome, qui vit seule depuis plus d’un an et qui se prend en main de façon remarquable!

Pourquoi???

Je suis déçue, fâchée, inquiète.

Parce que nous pensions qu’en tolérant qu’elle prenne de l’alcool depuis son adolescence, elle apprendrait à gérer sa consommation. Elle s’est montrée responsable jusque-là. Que s’est-il passé pour que sa vie soit en danger d’un coup comme ça? Pourquoi elle?

C’est tellement de culpabilité et de sentiments contradictoires qui se bousculent dans mon cœur de parent.

Puis petit à petit, je réalise qu’être parent demande une résilience et un lâcher-prise que je n’aurais jamais pensé avoir…

J’ai réalisé qu’en effet, elle est majeure… C’est sa vie. C’est son coma. C’est sa santé. C’est elle qui va devoir vivre avec les conséquences et les apprentissages de cette expérience.

Ça nous a permis de parler des dangers du coma éthylique et de la consommation excessive d’alcool avec notre fille, avec ses amis, avec ses frères. Nous espérons que tous vont apprendre de ce malheureux événement et qu’ils vont prendre soin les uns des autres en étant attentifs.

Si je vous raconte cette histoire, c’est parce que personne n’est à l’abri. Ça peut arriver à n’importe qui et bien plus rapidement qu’on ne le pense.

Parlez-en.

Racontez notre histoire.

Ouvrez la porte.

Gardez le dialogue.

Et toi. Ma fille… C’est ton histoire. Ton erreur. C’est ton coma. Je ne vais jamais moins t’aimer pour ça, au contraire. Tu es en santé et c’est tout ce qui compte pour moi.

Et tu sais très bien que n’importe quand, qu’elle qu’en soit la raison, si tu as besoin, je vais être là pour toi. Sans juger. Appelle-moi. Je viens. Je ne pose pas de questions. Je t’aide. Toi ou n’importe quel de tes amis.

C’est ça aussi, être parent. Te laisser apprendre et accepter que… c’est ton call, pas le mien. Et rester pas trop loin… pour te prendre la main…

Eva Staire

 

Déjà la visite de l’école secondaire!

Mon cœur venait tout juste d’encaisser la rentrée de la sixième

Mon cœur venait tout juste d’encaisser la rentrée de la sixième année de mon grand, que j’ai reçu une lettre pour la visite de l’école secondaire. Quoi, pas déjà? Dans mon monde de licornes, je croyais que c’était bien plus tard dans l’année. Comme au mois de février ou mars. Mais non, c’était hier. Je peux vous dire que mon cœur de maman a pris un petit (lire ici « gros ») coup. Mon premier bébé visitait sa future école secondaire. Wow! Il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, lui et sa dent d’en avant manquante commençaient la première année. Je n’ai pas eu le choix d’avoir une prise de conscience. Mon p’tit loup se dirige droit vers l’adolescence. Passage obligé dans la vie! J’aimais vivre dans le déni et penser que cette phase n’existait pas vraiment.

Bon, je reviens à mes moutons! Hier, j’avais un mélange d’émotions. J’étais excitée de voir mon ancienne école, de rencontrer certains profs qui m’ont jadis enseigné. À d’autres moments, je voyais les élèves, je me projetais déjà dans l’avenir et ça m’angoissait. J’imagine que je ne suis pas la seule maman qui vit ça, s’il vous plaît, rassurez-moi!

Pendant la rencontre, je me questionnais à savoir s’il s’adapterait bien, s’il vivrait de l’angoisse, s’il réussirait bien, s’il se perdrait. Trop de questions, en si peu de temps. Je crois que ça ne vous surprendra pas si je vous dis que je suis une personne qui vit un peu d’angoisse!

En visitant, je me suis surprise à dire « dans mon temps ». Oh my god, je parle vraiment comme un vieux parent! Reste que je trouve que les élèves ont accès à plus d’activités que dans mon temps. J’ai eu, pendant un instant, envie de retourner à ces années. J’aurais bien aimé faire de l’impro moi aussi!

En marchant dans l’école, j’étais aussi contente de montrer à mon fils sur quel banc j’étais assise, de lui parler des matières que j’avais aimées, de lui dire que ça n’a pas beaucoup changé. Ce moment m’a rappelé de beaux souvenirs.

Maintenant, je vais le laisser se créer les siens. Je me demande tout de même s’il sera accepté dans le programme d’éducation internationale (P.E.I.). Est-ce qu’il préférera aller faire les défis avec les génies inventifs? Peut-être se découvrira-t-il une passion pour la géographie, comme sa maman? Je ne le sais pas! Seul l’avenir me le dira.

En attendant, je vais aller respirer dans mon sac de papier brun pour ne pas hyperventiler en vue de la vraie rentrée au secondaire, l’an prochain. Ça arrivera si vite, car comme on le dit si bien, le temps passe tellement vite.

Karine Larouche

Miroir, miroir…

On va se le dire, en pleines contractions, on a besoin de motivation

On va se le dire, en pleines contractions, on a besoin de motivation!

Ça peut être les caresses de notre amoureux, les « go, lâche pas! » de l’infirmière ou une musique qui nous crinque la poussée! Peu importe ce qui nous permet de traverser l’Everest de la douleur, on le prend! Et parfois, on peut être surprise par ce qui nous motive jusqu’à la grande révélation.

J’avais prévu des doudous, des biscuits, des Beatles, des respirations zen… mais non! Ce qui m’a apporté le plus de soutien, c’est… un miroir!

Au plus fort des contractions, alors que je souffrais le martyre et que je me demandais depuis trop longtemps si j’allais vraiment m’en sortir (ou si mon bébé allait finir par sortir!)… l’infirmière m’a offert d’utiliser un miroir. Hein??!!

Ma coach d’accouchement a approché un petit miroir à main. Un rond argenté d’une quinzaine de centimètres de diamètre qui allait me donner la force de me rendre jusqu’au bout.

Mais… hein??!! Vraiment? Est-ce que je voulais vraiment me regarder là? Là? Devant tout le personnel? Devant mon conjoint? Ish… pas sûre! Dans les cours prénataux, on nous avait parlé du ballon d’exercice, des massages, de la musique… mais pas du miroir.

« Vous n’êtes pas obligée, madame. Des fois, ça aide à se motiver de voir la tête du bébé qui s’en vient ». Ça nous aide à travailler avec le bébé et avec les contractions.

« Ah, pis pourquoi pas! »

L’infirmière tenait le miroir. L’accouchante (Bibi) observait son propre reflet dans le miroir. En fait, ce n’était pas moi que je voyais, c’était elle, ma fille arrivée à l’orée de mon corps. Le sac amniotique était si bombé qu’il dépassait du col.

Floush!

Bye bye, liquide amniotique! Bonjour, chevelure de mon bébé!

La dernière fois que j’avais vu ma fille, c’était en noir et blanc et en deux dimensions. Et voilà qu’elle était là en vrai, tout près. Toute prête.

Les secondes suivantes ont passé comme des nanosecondes. Voir mon bébé, la regarder progresser vers la grande sortie, pouvoir l’accueillir avec mes mains… une expérience que je n’aurais pas pu espérer vivre. Si j’avais su qu’un miroir s’inviterait à mon accouchement, je ne sais pas si j’aurais osé dire oui. Mais dans le feu d’action, je me suis laissé prendre au jeu et sincèrement, je ne regrette pas du tout.

Pour toutes les fois où le miroir est notre ennemi, cette fois-là, il a été mon ami!

Marina Desrosiers

Un toton parmi d’autres!

Et ça repart fort cet automne…

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Et ça repart fort cet automne…

Pour moi, ce voyeurisme inutile a débuté en 2000 avec Survivor. Un groupe de personnes « ordinaires » parachutées dans des endroits isolés. Filmées presque en tout temps. Juste tenter de survivre plus de cinq semaines dans un environnement hostile… soit de partager le temps avec d’autres comme eux! Ou avec celui du personnel de plateau, caméramans, preneurs de son, éclairagistes, etc. Tout ça pour le magot.

Des fois, j’aurais aimé leur dire que ce magot, c’est tout juste le montant qu’on donnait jadis à chacun des acteurs derrière les personnages de Friends. Par épisode! Encore du contenu au rabais.

La nature humaine : des menteurs, des profiteurs, des vire-capot. Surtout, bien des imbéciles qui ne comprennent pas l’impact, pour le reste de leur vie, de certains mots ou d’attitudes mal contrôlées. Le montage, quand on laisse d’autres décider qui vous êtes. Qui vous serez désormais!

Au moins, nous pouvions prétendre que… « Bah, ce sont des Américains… Juste du normal! »

Mais nous avions soif, ici aussi. Tant les producteurs, que tous ceux qui rêvent d’avoir la « chance » d’être la vedette instantanée. Je n’aurais jamais imaginé la quantité de cette autre ressource naturelle, tout aussi facilement exploitable.

L’émission a même fait la consécration de l’expression « avoir des rapprochements ». Et toutes les autres, dans une gamme variée de sujets. On rénove, on cuisine, on cherche le talent de désespérés, on veut créer des couples d’artificiels. On veut couvrir l’ensemble des relations humaines. En vous faisant découvrir leurs dessous.

Combien de participants, pour combien de Mariepier?

J’aime Un souper presque parfait. Sans doute mon émission d’humour préférée. La recette est juste à point. Faire rire de soi, pour la possibilité de gagner 2 000 $. Sans oublier que le ridicule passera en boucle avec le réchauffé des reprises. Après quelques saisons, j’avais quand même la crainte que tous finissent par comprendre le concept. Faut croire que non!

Nous nous sommes rendus encore plus loin. Célibataires et nus – Québec. Effroi total comme parent. Si jamais ma progéniture voulait vivre « l’expérience »? Mon fils, de succomber au traditionnel « t’es pas game! » et mes filles d’être en désespoir d’attention.

J’imagine la famille de Loïc. Comme il l’a souligné avec fierté, ses parents ont tous les deux un diplôme universitaire. Nous, d’en saisir pleinement l’antinomie. Je rassure ses parents, il y en a certainement au moins 10 000 autres dans son genre. Chest – Bras – Chest! Ou comment oublier définitivement tout Mens Sana

Si au moins ils n’étaient que ça, une caricature de notre société. Une nouvelle manière d’exploiter les difformes. Le nain, le géant et la femme à barbe…

Pas facile d’être parent de jeunes adultes, à l’ère de la téléréalité…

michel

 

Hommage à Popo, mon grand-papa

Dimanche matin, l’heure est grave : ma mère m’envoie un messag

Dimanche matin, l’heure est grave : ma mère m’envoie un message texte pour me dire que si je souhaite voir Popo une dernière fois, c’est aujourd’hui. Sans hésitation, je prends la route! Mon grand-papa vient de prendre la plus grande décision de sa vie…

Popo, c’est son surnom depuis toujours. Pour nous, sa famille, ce n’est pas papy, grand-papa ou même grand-père, c’est Popo. Tout le monde l’appelle Popo! Il aurait eu 92 ans en février prochain, mais son corps en a décidé autrement. Je dis « son corps » parce que cet homme avait la tête dure et il n’était pas prêt à ce que ça se termine… Par contre, il en avait fait du millage et ses pépins de santé avaient finalement eu raison de son courage, de sa détermination et de sa ténacité.

Épuisé, mais surtout conscient que la médecine ne pouvait plus rien pour lui, il a baissé pavillon et a dû s’avouer vaincu. Après une bonne discussion avec l’équipe médicale, il acceptait, avec toute sa tête et sa lucidité, de cesser tous les traitements qui ne servaient plus à rien. Quelle décision immense il a prise après avoir posé toutes ses questions et bien compris ce qui l’attendait. Comme il le disait lui-même, la voix pleine d’émotion : « C’est dommage de perdre un cerveau comme le mien » parce que le corps ne suit plus. Mon grand-père, de par son choix, nous a donné cette journée-là le temps d’apprécier le temps qu’il lui restait. Popo m’a toujours inspiré par sa force et sa grande ouverture d’esprit. Ce jour-là, il a décidé qu’il quitterait lorsqu’il le déciderait et comme il le souhaiterait.

En famille, au cœur de cette après-midi qu’on aurait voulue éternelle, Popo se racontait en parcourant sa longue vie avec nostalgie. Sa plus grande fierté? Avoir toujours fait ce qu’il voulait au moment souhaité. « J’étais têtu hein?! J’ai toujours fait ce que j’ai voulu! » Il a même réussi à nous faire rire aux larmes en racontant son bain du matin avec le personnel de soins. « J’étais accroché au plafond, flambant nu, trois femmes, et elles me lavaient. » Un fou rire qui a fait du bien dans les circonstances. Il était de nature timide et pudique. Imaginez la situation : quelques jours plus tôt, il vivait seul de façon autonome dans sa résidence. Il leur a dit : « Je ne dois pas être si sale, je viens d’arriver! » D’ailleurs, Popo ne portait pas la jaquette d’hôpital, pas question! C’était son pyjama. Il était aussi très fier!

À force de réfléchir à sa vie à mes côtés comme grand-papa, je réalise le privilège que j’ai eu d’être aussi proche de lui. Tout d’abord, il habitait à quelques minutes de la maison. Ma grand-mère Mado était souvent là pour nous garder et lui, il était là pour les travaux plus manuels. Mon père travaillait très fort au commerce, donc Popo était là pour avancer les tâches de la liste « faut qu’on » que ma mère planifiait. Patrick Huard disait dans un monologue : « Veux-tu que j’appelle mon père? » et ma maman ne se gênait pas pour le rappeler, en blague, à mon papa. Elle se trouvait tellement drôle! Mais elle l’utilisait surtout parce que ça gardait notre Popo actif et tout près de nous. Il travaillait bien qu’elle disait!

Des souvenirs magnifiques me viennent en tête lorsque je pense à Popo. Parmi les plus beaux et les plus marquants, il y a les séjours en Floride chez eux lors de notre traditionnel voyage familial. Il était avec Mado d’une générosité incroyable. Nous avons fait toutes les activités imaginables. Des vacances de rêves pour notre famille et des souvenirs pour la vie.

C’est aussi lors de ces voyages en Floride qu’il m’a beaucoup appris avec un seul mot. Vous savez, j’étais un enfant assez curieux et plutôt volubile. Ça venait de Mado! Je voulais tout savoir et tout apprendre. Et je pense que la patience de Popo était complètement à l’opposé de sa générosité, c’est-à-dire pas grande. À mes nombreuses questions, il ne m’expliquait qu’une seule fois. Fallait que je sois attentif parce qu’il y en avait des trucs à connaître en Floride. À ma deuxième question sur le même thème ou lorsque j’ajoutais un « pourquoi », il ne me répondait que par « Understand? ». Ça m’a pris du temps à comprendre sa technique, mais au fond, il voulait que je pratique l’anglais tout en apprenant rapidement. C’était simple. Aujourd’hui, ça m’arrive aussi d’être impatient avec ceux qui ne comprennent pas vite. Je sais maintenant d’où ça vient!

Avec Popo, j’ai aussi appris à travailler en l’accompagnant pour différentes tâches. Que ce soit pour les voyages au dépotoir, la tonte de gazon ou la peinture, j’adorais passer du temps avec lui et travailler. Je ne sais pas si ça l’aidait vraiment, mais il me ramenait « de jobine en jobine.

Autour de l’âge de dix ans, je me suis mis à pratiquer le golf et c’est ma tante Liz qui m’a pratiquement tout appris. Liz est la première fille de Popo. Elle m’amenait jouer avec elle, Danielle et Popo. Je complétais le quatuor. Quelle fierté! J’étais passager de la voiturette avec Popo et on partageait cette passion tous ensemble. Un de mes moments préférés lors d’une journée de golf, c’était celui où Popo sortait les collations que Mado lui avait préparées. Ça goûtait le bonheur tout ça, surtout les beignes! Popo était le seul joueur de golf que j’ai connu qui repartait avec plus de balles qu’à son arrivée. Il était habile de la puise! Il y a des trous où je pense qu’il ressentait plus de satisfaction à récupérer des balles à l’eau qu’à jouer le trou.

Tout en écrivant ce petit hommage à Popo, je réalise que certaines anecdotes me font sourire, alors que d’autres me remplissent d’émotions et de tristesse. Je sais par contre que c’est un immense privilège que j’ai eu de pouvoir partager autant de moments avec lui.

Je me souviendrai de lui comme un homme droit, respectueux et curieux. Tout au cours de sa vie, il a su évoluer, grandir et se battre pour ses convictions et ses valeurs.

Je me souviendrai de lui comme un grand-papa moderne avec son ordinateur, son compte Facebook, ses voitures neuves et son ouverture à comprendre toutes les nouveautés du monde actuel. Il était à l’affût de tout, pouvait parler de tout et s’intéressait à tout. Popo était âgé, mais il n’était pas vieux!

Une de mes plus grandes peines avec son départ est de ne pas pouvoir lui présenter ma troisième fille qui naîtra en janvier prochain. Je sais qu’il était heureux pour ma famille et moi de cette arrivée prochaine. En fait, Popo était heureux et fier de l’ensemble de sa famille.

L’après-midi a passé rapidement, l’occasion d’un dernier “au revoir” les yeux dans les yeux, lui serrant la main et le remerciant pour tout. À son image, avec peu de mots, juste les émotions qui parlaient… Ses dernières paroles pour moi auront été : “C’est beau, c’est beau Marc!”. Sa façon à lui de dire qu’il m’aimait.

Il nous a quittés quelques jours plus tard, tout doucement comme il l’avait prévu.

Marc-Antoine Lavallée

Souvenirs d’une danse

Je ne sais pas si je suis la seule à devenir nostalgique, mais on d

Je ne sais pas si je suis la seule à devenir nostalgique, mais on dirait que l’automne apporte son lot de souvenirs d’enfance. Le temps est doux, le vent froisse les feuilles et mes idées se promènent d’une époque à l’autre.

Dans ma petite ville de l’époque, il y avait un boulevard principal et tout le monde connaissait tout le monde. Il y avait trois stations d’essence dans toute la ville et on connaissait les propriétaires de chacun des commerces. Depuis, la ville a triplé en nombre d’habitants, en commerces, en rues et en maisons. Mais je n’ai pas envie de me plaindre de sa croissance. J’ai envie de vous parler des souvenirs d’une danse…

Parce que dans notre petite ville, il n’y avait pas réellement d’endroits destinés aux jeunes. Mais un vendredi par mois, un organisme organisait une soirée dansante dans le sous-sol de l’église. C’était LA danse. « L’Opti-danse ». C’était une soirée réservée aux jeunes du primaire, où les parents ne pouvaient pas nous accompagner. Une soirée où on avait le droit de se sentir presque adolescents, du haut de nos 10-11-12 ans… Ça commençait à 19 h. À 22 h, ils mettaient tout le monde dehors. Simple de même.

On se rejoignait après l’école ce soir-là, entre amies. On se coiffait, se maquillait, s’habillait ensemble. Bon, à l’époque, ça se résumait à enfiler un chandail un peu bédaine, se crêper le toupet pis se faire une grosse ligne blanche sur les paupières… C’était bin hot ça, y’a vingt ans…

Un parent était toujours désigné pour venir nous mener en voiture et il nous donnait rendez-vous au même point pour 22 h. Quand on poussait la grosse porte en bois du sous-sol de l’église, on mettait quelques minutes à s’acclimater à l’endroit. La machine à boucane avait déjà embrumé la pièce, ça sentait l’humidité sans bon sens, pis l’éclairage tamisé se voulait tellement cool…

On avait caché une pièce de deux dollars dans nos bas, pour aller s’acheter une bouteille d’eau pis un sac de chips dans la soirée. Parce qu’à cet âge-là, on n’avait pas de cellulaire, pas de carte débit, pis pas de sacoche. Faque… on n’avait pas besoin de rien de plus qu’un deux dollars dans nos bas. On y cachait aussi notre coupon pour le vestiaire. Ça grattait un peu les chevilles, mais tout le monde le faisait.

Il y avait deux moments importants dans la soirée. Chaque mois, ce vendredi-là, le D.J. passait deux slows. Un premier à 20 h. Et le dernier à 21 h 55. Re-li-gi-eu-se-ment. Pis pour ces slows-là, tu savais déjà avec qui tu allais danser, parce que tu avais déjà envoyé ton papier en classe dans la journée pour demander à ton partenaire potentiel s’il acceptait de danser avec toi. Y’avait pas de surprise. Les filles dansaient ensemble toute la soirée. Les gars dansaient entre eux toute la soirée. Mais à 20 h, tu te dirigeais vers ton partenaire pré-désigné avec tes petits papillons dans le ventre, pis tu dansais ton slow, collé-collé. Et juste à temps pour la fin de la soirée, tu répétais l’expérience.

Ces souvenirs-là sont gravés dans ma mémoire, parce que ces deux slows-là, c’était toujours sur les mêmes chansons et quand l’une d’elles passe à la radio, j’ai encore des papillons dans le ventre.

On avait une dizaine d’année. Dans ce temps-là, y’avait pas de GHB dans nos bouteilles, pas de baiser au bout de la soirée ni aucun souci… Juste de la musique, bin de l’humidité, pis des papillons dans le ventre.

Cette année, ma fille a neuf ans. Bientôt, elle ira avec ses amies à ce genre de soirée et quand le moment sera venu, j’espère que je me souviendrai. Je me souviendrai du sentiment de liberté et d’invincibilité qui m’envahissait au même âge. Le temps d’une soirée, je ne serai pas la maman-poule derrière elle. Elle se sentira grande et fière. Et je lui souhaite de vivre à son tour ces petits papillons dans le ventre…

Joanie Fournier

 

La salle est vide

Avertissement : ce ne sera pas un texte de parent-shaming.

Avertissement : ce ne sera pas un texte de parent-shaming. Mon but n’est pas de faire la leçon ni de me révolter. Seulement de valoriser l’implication sociale, entre autres pour nos enfants.

Soirée d’assemblée générale à l’école de quartier. J’ai eu un gros deux minutes et quart pour souper (bol de céréales au menu) au retour du boulot avant de retourner à l’école pour la rencontre de classe de mon troisième moussaillon. Mes plus vieilles s’occupent des plus petits, jackpot!

J’arrive dans la classe, la moitié des pupitres n’a pas trouvé preneur. Je me dis que l’horaire des parents retardataires est aussi serré que le mien. Mais non. Ils ne sont pas en retard, ils sont absents. À l’exception de deux parents qui finissent par se pointer en s’excusant parce qu’ils avaient des rencontres avec d’autres enseignants au même moment. Ils se divisent en deux, en trois, pour être partout.

Une heure plus tard, la foule se déplace vers la salle polyvalente. « Foule » est un bien grand mot… J’avais fait l’équation : 600 élèves x 1,5 parent, mettons. Avant même de me rendre à l’école, je sentais l’ochlophobie monter. Mais non! On était quoi… trente personnes? J’étais déçue.

Et pourtant. L’assemblée a eu lieu. Le comité exécutif a été élu. La commissaire a parlé. Les parents présents ont questionné et débattu. Et la séance a été levée. Une soirée pendant laquelle plus de parents auraient pu être présents, mais pendant laquelle bien des parents étaient occupés avec leurs enfants ou leur travail, ou trop fatigués, ou trop n’importe quoi. Peu importe, on n’est pas ici pour juger. On a le droit d’être présent ou pas aux assemblées. Ça n’enlève rien à notre présence auprès de nos enfants et à notre intérêt pour leur éducation.

Mais quand même. Je me permets d’encourager chacun, chacune, à s’impliquer, à être présent pour les enfants. Que ce soit à l’AGA de l’école ou du CPE, comme bénévole à la bibliothèque, comme entraîneur de sport ou comme accompagnateur pour une activité. On n’est pas tous faits pour se faire élire dans les comités. Mais on peut tous être le parent de notre enfant.

Nathalie Courcy

Cap de Bonne-Espérance

Une autre dizaine…

Sans doute

Une autre dizaine…

Sans doute, vous le faites également. Comme à chaque décennie depuis le cap de la trentaine. Dès qu’on quitte les années de pure insouciance. Celles qui ne comptent pas… trop! Le bilan. Ce bilan. Suis-je là où je le voulais? Avec qui je le souhaitais? Une personne heureuse? Du moins, vais-je dans la bonne direction?

Un regard que l’on voudrait positif. Pour se rassurer.

À la mesure de nos ambitions, nous révisons alors soit notre situation amoureuse, soit celle de notre emploi. Ou toute notre vie. L’insécurité est-elle maître du lendemain? Sans elle/lui, je ferais quoi? Un boulot, ça ne peut être parfait, non? Dans les deux cas, souvent, la passion s’est éteinte. Il y a autre chose, un quotidien. Que nous ne voulons surtout pas célébrer. Particulièrement si c’étaient des items négatifs déjà identifiés… y a déjà dix ans!

Avec constance, la liste des obligations s’est allongée. Seulement financièrement ou, en plus, bien vivante. Des amours, différents de l’amour. Un centre de l’univers, pour éviter de trop penser. Pour se convaincre facilement que le plus important, c’est eux.

Et si le bonheur n’est qu’un état? Je ne dois alors changer que ma vision des choses…

Le bonheur est sans doute bien plus un voyage. Avec des personnes particulières. Pour un partage agréable. De valeurs, de respect. Mais qui fait aussi de nous une meilleure personne. Le bon ingrédient, dans une bonne recette.

Il faut un soi, pour un nous. Comme il faut un soi, pour aimer.

Alors si, avec les années, nous avons la possibilité d’être ce soi un peu meilleur, même encore en cheminement, la prochaine dizaine est bien amorcée. C’est ce que je retiens. Mon cap à suivre, pour éviter la tourmente.

Prochain bilan, dans dix ans…

michel

 

À tous ceux qui me souhaitent d’avoir enfin un garçon

J’ai déjà eu la chance et le bonheur de mettre trois enfants au

J’ai déjà eu la chance et le bonheur de mettre trois enfants au monde. Trois êtres humains exceptionnels que j’aime de tout mon cœur. Et ces petits humains se sont avérés être des filles. Trois filles. Et maintenant que je suis à nouveau (et pour la toute dernière fois) enceinte, je ne peux que réagir à une phrase que j’entends déjà tous les jours de ma grossesse : « Je te souhaite tellement d’avoir un petit garçon! ».

Évidemment, si vous avez deux, trois, quatre garçons, ce texte s’applique tout autant à votre situation. LA situation où tu te trouves quand tu n’as mis au monde que des enfants du même sexe.

Je ressens une terrible envie aujourd’hui de crier ma frustration face à ce souhait. Oui, j’ai eu trois filles. J’ai surtout eu trois enfants. Trois enfants que j’élève de façon identique, parce que je les élève selon mes valeurs et non pas selon leur sexe.

Mes enfants font beaucoup de tâches à la maison. Elles ont entre quatre et neuf ans. Elles lavent les toilettes, passent la balayeuse, rangent leur chambre tous les jours, etc. Et on me dit souvent que je suis chanceuse d’avoir eu des filles pour m’aider! Ça me fâche… parce que ce n’est pas leur appareil sexuel féminin qui fait le ménage, ce sont leurs bras. Et à ce que je sache, les garçons aussi, ils en ont, des bras. Donc, tous les deux peuvent faire le ménage. Et si j’avais eu trois garçons, ils auraient accompli tout autant de tâches dans la maison, pour la simple et bonne raison qu’ils y vivent et que je dois les éduquer, et non pas ramasser derrière eux. Je suis un modèle éducatif, pas une femme de ménage.

On me dit que je suis chanceuse d’avoir des filles, de les coiffer, de leur mettre des petites robes et de peindre des chambres en rose… Ho quels beaux clichés! En passant, ma deuxième fille a tout un caractère et elle en déplace de l’air! Sa chambre est toute bleue, parce qu’elle l’a décidé. Elle déteste le rose et ne veut pas porter de robe, parce qu’elle l’a décidé. Elle se coiffe seule le matin depuis qu’elle a quatre ans, parce qu’elle l’a décidé. J’ai mis au monde des humains qui font leurs propres choix et prennent leurs propres décisions. Garçons ou filles, je n’ai pas à décider pour eux ni à influencer les humains qu’ils deviendront.

On me dit souvent que ma famille serait complète avec un garçon. Cette phrase me fait frissonner… Comme si ma famille avait moins de valeur puisque je n’ai eu que des filles… Comme si j’avais besoin de changer la couche d’un petit garçon pour pouvoir devenir une mère complète et épanouie… Je sais bien que tous ces commentaires, qu’ils viennent de gens près de nous ou des madames-de-l’épicerie, ne sont jamais formulés avec de mauvaises intentions… mais honnêtement, on pourrait s’en passer.

Une partie de moi a même peur d’avoir un garçon… parce que, jusqu’à ma mort, je devrais entendre la phrase : « Booon! Enfin la famille est finie! Tu l’as eu ton garçon! ». Les mères de famille nombreuse me comprennent sûrement ici… Je rectifie déjà la situation : ma famille est finie parce que mon mari est vasectomisé. Ma famille est finie parce qu’on est comblés de bonheur. Ma famille est finie parce qu’on en a plein les bras aussi. Ma famille est finie parce qu’on en a toujours voulu quatre… et ce, peu importe le sexe de mon bébé à naître.

Cette semaine, c’est le jour J. Lors de l’échographie, dès qu’on fera la rencontre de ce petit être sur l’écran, on sera déjà sous le charme. On demandera si son cœur bat bien, s’il a tous ses membres, s’il est en santé, si tout va bien… parce ça, c’est vraiment le plus important de cette échographie. Pour avoir vécu un deuil terrible, je vous confirme que la santé est tout ce qui compte au fond. Et finalement, on demandera à savoir le sexe. Parce qu’on a envie de se préparer à son arrivée. Parce que l’accouchement est déjà la chose la plus surprenante et imprévisible dans la vie. Je n’ai pas besoin d’une surprise de sexe en plus…

Et si on m’annonce que j’ai une fille, je serai la plus heureuse des mamans.

Et si on m’annonce que j’ai un garçon, je serai la plus heureuse des mamans.

Ce bébé, on l’aime tous déjà. Ses sœurs ont tellement hâte de le rencontrer. Et elles aussi, tout ce qu’elles veulent, c’est un bébé en santé. Un bébé de plus à aimer. Parce que jamais le sexe de mon bébé ne changera ma façon de l’élever.

Joanie Fournier

 

Pas de mammouths à l’école!

Veille de rentrée scolaire, trois minutes après l'heure du coucher

Veille de rentrée scolaire, trois minutes après l’heure du coucher, moment propice par excellence pour que la machine à soucis s’emballe.

 

– Maman, je ne me sens pas bien, j’ai mal au ventre, j’sais pas ce que j’ai…

– Hum… genre des papillons dans l’estomac?

– Ouin…

– Des papillons féroces à grandes dents qui te dévorent l’intestin?

– Ouin…

– Ça ressemble étrangement à de la nervosité… La rentrée scolaire te stresse?

– Ben non voyons, j’aime ça, l’école!

– Même si tu aimes l’école, tu peux être nerveux. Une première journée, dans une nouvelle école en plus… Même les profs et les directeurs d’école ont des papillons la veille de la rentrée. Je t’ai déjà parlé des mammouths, hein?

Mes enfants connaissent l’histoire des mammouths, mais un petit rappel est parfois le bienvenu. En tant qu’abonnés aux ateliers de gestion de l’anxiété, nous avons entendu et raconté cette histoire plusieurs fois. En plus, ce n’est même pas de la fiction! Quoique je n’étais pas là à l’époque pour témoigner…

Il y a des milliers et des milliers d’années, les humains vivaient au milieu des mammouths. Quand ils voyaient une gang de mammouths courir vers eux, ils avaient trois choix :

– Qu’est-ce qui arrive si on s’écrase par terre en boule et qu’on fige devant une gang de mammouths?

– On se fait écraser. On devient une crêpe. Ce n’est pas une bonne solution.

– Parfois, figer et prendre le temps de réfléchir, c’est la meilleure solution. Mais pas devant une urgence mammouths. Le deuxième choix, c’était de se battre.

– Ben là maman, on n’est pas assez forts!

– En effet. Tu as beau avoir des super muscles, ton petit coup de poing sur le nez d’un mammouth ne t’amènera pas très loin. Même chose à l’école : si tu es fâché parce qu’un prof te donne une dictée ou parce qu’un plus petit t’a embêté, sortir tes poings et tes passes de karaté, ça ne t’aidera pas. Tu n’auras pas ce que tu veux. En plus, tu vas avoir des conséquences et tu risques de blesser quelqu’un. Enlève la violence de ton répertoire d’options.

– Et la troisième solution?

– Devant le danger, on peut aussi s’enfuir. Penses-tu que c’est une bonne solution face à des mammouths?

– Faut courir vite en titi, mais ça peut nous sauver.

– En effet. Mais courir vite, ce n’est pas la solution à tout. Si tu te sauves de l’école et que tu cours dans la rue, tu te mets en danger et tu inquiètes pas mal de monde.

– Mais si je m’éloigne pour me calmer ou parce que quelqu’un fait des bruits qui m’énervent, ça va.

Dans la vraie vie de maintenant, on peut parler, écouter, demander de l’aide. Les mammouths sont plutôt rares. Mais dans le temps, le corps humain devait permettre de figer, de frapper ou de s’enfuir. Pour ça, une grande partie du sang était subitement dirigée vers les pieds pour courir et vers les mains pour frapper.

Résultat : le cerveau et le bedon recevaient moins de sang et donc moins d’oxygène.

– Tu te souviens, quand je te dis de prendre des grandes respirations?

– L’air, c’est comme l’eau qu’on boit : ça aide à réfléchir et à se calmer le pompon.

– Si un jour, tu te fais courir après par un mammouth, tu ne prendras pas le temps de penser à toutes les options. Tu vas frapper, tu vas courir ou tu vas figer. Tout ton corps va réagir à l’urgence.

– Comme quand je me suis fait piquer par une guêpe.

– Voilà. Tu ne t’es pas demandé si la guêpe aurait mal ou si elle serait triste que tu la frappes. Tu as crié, tapé, couru. Après, on a pris le temps de réfléchir pour te soigner et pour enlever le nid de guêpes. À l’école, tu as le temps de respirer pour calmer ton cerveau. Ton instinct de survie peut relaxer.

Et le ventre, dans tout ça? En mode panique, notre digestion ralentit. Ce n’est pas la priorité. Si nos organes reçoivent moins de sang, ils font moins bien ce qu’ils ont à faire. Donc en état de stress, on peut avoir des crampes, un peu comme si des engrenages mal huilés essayaient de tourner dans l’estomac. On peut avoir de la difficulté à aller aux toilettes ou au contraire, avoir des selles liquides, parce que notre système ne réagit pas comme d’habitude. Dans ces cas, boire de l’eau, se reposer, respirer, être en contact avec la nature, recevoir des câlins, penser à des choses qui nous font du bien, ça aide beaucoup.

– Tiloup, merci de m’avoir dit que tu ne te sentais pas bien. C’est une excellente façon de faire taire le mammouth-papillon-à-grandes-dents qui essaie de te faire croire que tu es en danger.

P.S. Quelques minutes après le début de la première journée d’école, les papillons à grandes dents, les mammouths et les maux de ventre étaient portés disparus…

Nathalie Courcy