Archives novembre 2019

Nos enfants feront mieux que nous…

Ce matin, ma fille de quatre ans vient se blottir contre moi. Elle a

Ce matin, ma fille de quatre ans vient se blottir contre moi. Elle a une petite larme à l’œil et me dit, comme pour se confesser : « Maman… Moi, je ne veux pas me marier… ». Ce n’est pas tant la confidence qui m’a touchée, que la culpabilité évidente qu’elle ressentait… Je lui ai répondu tout bonnement qu’elle ne serait jamais obligée de se marier si elle n’en avait pas envie. Je lui ai dit qu’elle avait absolument le droit de ne pas vouloir se marier plus tard. Elle m’a alors expliqué sa logique : « Mais toi, maman… tu t’es mariée! ».

Mon cœur, je me suis mariée parce que j’en ai eu envie, parce que j’étais amoureuse et que c’était important à ce moment-là. Je ne te demanderai jamais de faire comme moi. En fait, je te demande de faire tout en ton pouvoir pour être heureuse, et surtout pas pour imiter mes choix de vies. J’ai l’impression que c’est ce qu’il y a de plus beau dans la génération qui nous suivra… Ils auront réellement le choix.

Notre génération a été marquée par la compétitivité, par l’anxiété de performance, par le désir de vouloir toujours faire mieux que le voisin. On nous a appris à dépasser nos limites, pas à les écouter. On nous a appris à faire l’étalage de nos qualités et de nos bons coups, mais surtout à taire nos côtés les plus sombres. On nous a appris à nous montrer parfaits, jamais vulnérables.

Puis, la société a commencé à changer… On prône aujourd’hui l’acceptation des différences. On encourage ceux qui ont des difficultés à les accepter, à les montrer et à persévérer. On demande à nos enfants d’être ce qu’ils sont et de suivre leurs propres chemins. On leur apprend à être heureux, pas à être meilleurs.

Ils auront réellement le choix. Le choix d’évoluer, d’étudier, de voyager, de côtoyer, d’essayer, de tomber, d’apprendre de la vie. Je souhaite à mes enfants d’être heureux. Peu importe comment. J’espère qu’ils ne feront pas comme moi, juste pour faire comme moi. Imiter la génération précédente aveuglément est pour moi la preuve même de l’ignorance. Je veux mettre au monde de futurs penseurs, de futurs philosophes et par le fait même, de futurs épicuriens. Je veux mourir en sachant qu’ils auront fait mieux que nous.

Je veux que nos enfants se voient à travers des photos réelles et sans retouches. Parce qu’ils verront la vie telle qu’elle est et non pas telle qu’elle devrait être.

Je veux que nos enfants parlent de leurs sentiments, de leurs joies et de leurs peines. Parce que je veux qu’ils aient le droit de les ressentir, sans se juger eux-mêmes.

Je veux que nos enfants siègent au parlement en coton ouaté. Parce que je veux qu’ils sachent que ce qu’ils pensent a plus d’importance que ce qu’ils portent.

Je veux que nos enfants soignent les autres, sans rien attendre en retour. Parce que je veux qu’ils pensent au bien de la société avant celui de leur portefeuille.

Je veux que nos enfants enseignent la passion et l’humanité avant toutes les autres matières. Parce qu’ils seront alors aussi passionnés qu’intelligents.

Je veux que nos enfants accueillent l’humanité dans le besoin et ouvrent leurs portes sans jugement. Parce qu’ils vivront dans des petites maisons remplies d’amour et de souvenirs, et non pas dans de grandes maisons belles sur Instagram mais vides de sens…

Je veux que nos enfants fassent mieux que nous. Parce qu’ils seront heureux, peu importe comment.

Joanie Fournier

 

Un sport de gars… Watch her!

Je suis là, dans les estrades. Je regarde le match de football. Le

Je suis là, dans les estrades. Je regarde le match de football. Le numéro 66 est prêt… Elle est prête. Elle attend le ballon, qu’elle remettra au quart-arrière. La remise est parfaite. Elle sortira du terrain après le match, en disant avec des étoiles dans les yeux : « J’ai protégé mes gars! ». Et moi, je verrai la fierté dans les yeux de sa mère, parce que sa fille vit sa passion malgré les embûches.

Elle est là, à célébrer la victoire, entourée de son gang, son gang de gars. Elle est heureuse, elle a trouvé sa voie, elle a trouvé son sport. Elle est à sa place dans ce sport de gars.

Elle a su faire sa place dans son équipe. She’s one of the boys! De toute façon, qui aurait pu l’arrêter? Qui aurait pu arrêter autant de courage, de détermination, de passion et de persévérance? Elle a découvert ce sport grâce à son grand frère. Maintenant, elle vit sa passion grâce à lui (son idole).

Son père ne peut qu’admirer sa détermination. Elle qui avant, abandonnait les autres sports dits de filles, se présente chaque soir aux pratiques. Elle ne manque aucun match et apporte une influence positive à son équipe. Il est tellement fier de tous ses efforts et de son talent!

Elle n’est pas seule. D’autres aussi, chaque jour, vivent leur passion malgré les préjugés. Que ce soit le petit gars qui enfile ses chaussons de ballet. La petite fille qui saute sur la glace, bâton de hockey à la main, prête à monter au but.

Et vous parents, vous qui encouragez vos enfants à poursuivre leur rêve. Vous qui devez parfois feindre la surdité, pour ne pas entendre les commentaires pleins de stéréotypes. Vous qui devez parfois essuyer les larmes qui roulent sur les joues de vos enfants, parce que d’autres rient de leur passion.

C’est grâce à vous, chers parents, que nous voyons des Charlie Bilodeau se démarquer en patin artistique, des Justine Pelletier en rugby et des Marie-Philip Poulin au hockey. Vous qui accompagnez vos enfants, qui les aidez à surmonter les épreuves. Vous qui croyez en eux tellement fort, c’est en vous qu’ils puisent cette force pour continuer.

Et toi qui te dépasses dans ton sport, qui surmontes les moqueries : continue de croire en toi et en tes rêves parce que tu donneras le courage à d’autres d’affronter les stéréotypes et de croire eux aussi que tout est possible.

Mélanie Paradis

 

Et si on parlait de l’intégration des élèves à risques…

RisqueS avec un grand S.

Risque

RisqueS avec un grand S.

Risque de vivre de graves difficultés d’apprentissage. Risque d’avoir un comportement inadéquat. Risque de vivre des épisodes d’impulsivité et de violence. Risque de vivre de l’anxiété.

Les classes spéciales se font de plus en plus rares. Ces classes sont pourtant si bien pensées pour des enfants aux besoins particuliers… Ce sont des milieux rassurants offrant un nombre de places restreintes et des adultes aux qualités professionnelles diverses, placés là exprès pour soutenir ces petits humains dans leur quotidien.

Aujourd’hui, la tendance est d’intégrer ces élèves aux écoles régulières, avec tous les défis que cela comporte, mais sans le filet de sécurité offert par une classe spéciale.

Je parle au nom de l’élève qui lui, ne vit aucune problématique, qui a cette chance d’être né avec un bon potentiel académique, qui ne vit pas d’anxiété, qui évolue dans un bon milieu et qui se retrouve pourtant négligé en classe quand on intègre à son milieu un élève à risques.

Cet élève ne mérite pas un enseignant moins présent pour lui parce qu’un autre élève demande plus au quotidien. Il mérite sa part d’attention, il mérite un enseignant qui le pousse plus loin encore, il mérite un environnement sécuritaire. Il a le droit de débuter sa journée sans entendre un élève crier, faire des bruits, lancer des objets parfois, même… Il mérite de vivre une vie d’élève normale.

Je parle au nom de cet enseignant qui redouble de créativité tous les matins pour accueillir cet élève (parfois deux ou trois…) particulier, cet enfant pour qui chaque matin est source de stress. Pour la majorité d’entre vous, entrer à l’école, défaire son sac et faire la routine demandée apparaît fort simple. Or, c’est souvent tout un défi pour un enfant vivant avec un TSA ou un TDA/H très marqué. Le nombre d’élèves, le bruit, les consignes… tout cela devient si anxiogène que son comportement devient imprévisible.

Cet enseignant, tu l’ignores peut-être, mais il subit régulièrement de la violence verbale et parfois même physique.

Je parle au nom de l’éducatrice spécialisée qui aujourd’hui, ne travaille plus seule dans une école. Elle fait souvent partie d’une équipe, car désormais, les besoins sont trop criants.

Elle est à bout de souffle. Son local déborde d’enfants qui ne sont pas disposés aux apprentissages. Elle fait des pieds et des mains pour imaginer des solutions parfaites qui répondent aux besoins de tous (parents, élèves, directions, enseignants…). Elle se sentirait tellement plus compétente autrement…

Dans une classe spéciale, son rôle est mieux défini ; les élèves auprès de qui elle doit intervenir, moins nombreux et sa relation avec eux, bien établie.

Je parle au nom des parents. Les parents d’enfants qui eux, ne sont pas « à risques » et qui méritent un milieu stimulant. Ces parents qui se font rapporter par leurs enfants des situations inquiétantes et tristes à la fois qui ont été vécues en classe. Cher parent, sache que l’enseignant de ton enfant fait son possible.❤️

Je parle au nom des directions d’école, coincées entre les mesures gouvernementales, la commission scolaire et les parents de ces élèves à risques… C’est une position si délicate!

Oui, l’intégration de ces enfants aux classes régulières peut être une bonne chose pour eux. Toutefois, plus le temps passe, plus les groupes se complexifient et plus je trouve que trop d’enfants en paient le prix. Leur imprévisibilité fait que parfois, de l’anxiété se développe chez d’autres enfants et parfois même, chez les adultes qui subissent de la violence verbale au quotidien…

Posons-nous la question : intégrer les élèves à risques, oui, mais dans quelles conditions? L’accompagnement en classe réservé à ces enfants, jadis, est presque totalement disparu aujourd’hui… Or, il faisait une grande différence. Pour l’élève touché par ce service, en premier lieu, mais aussi pour tous les humains qui gravitent autour de lui, petits et grands.❤️

Eva Staire

Sexualité et école, ça fait bon ménage?

J’ai reçu cette semaine le plan des ateliers proposés aux diffé

J’ai reçu cette semaine le plan des ateliers proposés aux différents niveaux scolaires pour répondre à la nouvelle norme d’éducation à la sexualité. J’étais curieuse de savoir ce qu’on enseignerait à mes petits de première et troisième années, et quelle approche serait privilégiée avec mes grandes du secondaire.

J’ai été charmée (oui, oui, charmée!) par le programme annoncé. Et je suis curieuse d’entendre mes enfants me raconter les ateliers.

J’avais peur qu’on fasse dans le rose bonbon ou au contraire, qu’on crée des peurs en ne parlant que des bibittes et des affaires pas belles.

Mais non.

On parle à la fois de découverte du corps, d’affection, d’estime de soi, de désir, d’agressions sexuelles, d’infections transmissibles sexuellement, de grossesse et de poils au menton.

Mais pourquoi, pourquoi donc, me direz-vous? Pourquoi en parler à l’école? N’est-ce pas aux parents d’aborder ces sujets délicats avec leurs enfants? N’est-ce pas aux parents de choisir ce que les chastes oreilles de leurs rejetons peuvent tolérer?

Oui, et non.

Certains parents garderont le sujet tabou, classé secret CIA, comme si ça n’existait pas, comme si c’était laid et sale. Comme dans le temps. On dit pas ces choses-là…

On ne les dit pas et quoi? On attend que l’enfant ait sa première éjaculation nocturne sous le couvert de la honte et des draps à laver en catimini? On attend que l’adolescent ne sache que faire de son surplus d’hormones et le garroche à tout vent sur quiconque veut bien le recevoir, ou pas? On préfère que le jeune curieux de comprendre ce qui se passe avec sa poitrine ou ses testicules se fie à Wikipedia pour le lui expliquer? Et s’il se retrouvait sur un site XXX, au lieu de visiter un site fiable? On préfère peut-être laisser le soin à OD de fournir les modèles à nos jeunes éponges…

Qu’on le veuille ou non, nos enfants ont et continueront d’avoir une sexualité, tout comme leurs parents. Et leurs grands-parents… sinon, ça ne fait pas des enfants forts. Il paraît, si je me fie à mes propres cours de formation personnelle et sociale, dans le temps. Cours qui n’ont pas fait de moi une dévergondée, by the way. Ce n’est pas parce qu’on en entend parler qu’on développe soudainement un désir de tout découvrir et de tout vivre, now!

Je suis d’avis que chaque parent devrait ouvrir la discussion avec ses enfants, dès leur plus jeune âge. Nommer les choses par leur nom, dans le respect, sans en faire un sermon sur la montagne. Permettre aux enfants de poser des questions, de s’exprimer, de s’étonner de leur corps qui change et qui ressent différemment. Ça mettrait la table pour le programme encadré de l’école qui, évidemment, est planifié en fonction du groupe et non du développement psycho-sexuel de chaque enfant. Ça mettrait surtout le tapis rouge pour une communication familiale ouverte, qui accueille au lieu de taire.

Mettre la sexualité à l’ordre du jour dans les familles et dans les écoles, ça peut, peut-être, sauver un enfant de l’inceste, parce qu’il aura appris très tôt à dire non et à dénoncer. Il aura appris que son corps lui appartient, tout comme le corps de la petite voisine ou du petit cousin leur appartient aussi. Ça s’appelle « pas touche sans consentement clair ».

Ça pourrait sauver une trop jeune fille d’une grossesse non désirée, un jeune adulte d’une maladie qui reviendra le hanter toute sa vie. Ça pourrait sonner l’alerte chez les proches d’une anorexique dès les premiers signes d’un mal-être corporel. Ça pourrait garder un jeune transsexuel en vie parce qu’il aura entendu un message commun (ou non) sur la valeur de la différence et de l’acceptation, autant à l’école que dans sa famille. Au moins, il l’aura entendu quelque part.

Avec tout le temps que nos enfants passent dans la communauté scolaire, il me semble normal et souhaitable que l’école fasse partie de la solution pour une société qui prône l’acceptation, le respect, la connaissance de soi et l’estime personnelle.

De la même façon que les écoles véhiculent ouvertement un message environnementaliste qui renforce le message des familles et des municipalités, elles peuvent jouer un rôle déterminant dans la transmission d’informations concernant la sexualité. Ensuite, libre à chacun d’adhérer au message commun. Et de discuter des ateliers sur la sexualité à la maison!

Nathalie Courcy

Une pilule, une dépression

Quand j’ai fini d’allaiter mon bébé, j’ai demandé à mon m

Quand j’ai fini d’allaiter mon bébé, j’ai demandé à mon médecin de me prescrire la pilule contraceptive. Dans mon cas, c’est un peu compliqué puisque j’ovule sur les sortes de pilules habituelles, donc ça m’en prend une plus forte. Il me prescrit alors une pilule contraceptive qui semble répondre à mes besoins du moment. Cependant, il me spécifie que vu la force de celle-ci, il ne serait pas étonné que j’aie des saignements sans arrêt ou des effets secondaires importants. Il me dit que je peux revenir le voir n’importe quand pour la changer si c’est le cas.

Je commence alors à prendre ladite pilule contraceptive. Moi, tout ce que je vois, c’est que je peux prendre une petite pilule tous les jours et qu’il y a beaucoup d’avantages! Je n’ai plus d’acné. Je n’ai aucun saignement surprise. Je suis menstruée quand ça m’arrange et les périodes sont vraiment moins abondantes et douloureuses que mes menstruations naturelles… J’ai donc trouvé un moyen de contraception efficace qui comporte beaucoup d’avantages et je suis satisfaite de mon choix.

Quelque temps plus tard, je commence à sombrer… Je suis dépressive. Je n’arrive plus à me lever le matin. Je ne pleure pas, non. Je hurle de colère. Je passe mes journées à ressentir de la colère. À me sentir agressive. À avoir la mâchoire serrée. Je jappe sur mon chum le soir comme un chien enragé. Sur le coup, je me dis que c’est une mauvaise passe, un bout plus dur, que ça va passer…

Les semaines passent, les mois défilent et les années se succèdent. Mon état ne va pas mieux… Je passe ma journée avec un sourire forcé et je ne pense qu’à retourner me coucher… Mon état dépressif empire en plus en plus et je refuse d’aller chercher de l’aide. Trop d’orgueil… Mon chum me soutient de son mieux. Il a aussi souffert d’une dépression majeure, il peut comprendre. J’ai des idées noires de plus en plus souvent. Je pense au suicide. J’annule des soirées avec des amies parce que je ne me sens plus capable de faire semblant pendant toute une soirée. Faire semblant que tout va bien… Mes amies ne comprennent pas. Elles m’en veulent d’annuler. Elles ne peuvent pas savoir… Plus le temps avance et plus je pense au suicide. Personne n’est au courant.

Puis… j’entends parler des effets secondaires possibles des pilules contraceptives sur l’humeur des femmes… Je commence à compter et je réalise que mon état remonte environ au commencement de la prise de la pilule. Je n’ai rien à perdre à tenter le coup. J’arrête de la prendre.

Le même mois, tout se replace dans ma tête. Je recommence à chanter les plus belles chansons à mes enfants, je recommence à leur lire des histoires et à être réellement une mère pour eux. Je retrouve le sourire. Je redeviens la femme aimante que j’étais autrefois. J’ai l’impression de me sortir la tête d’une brume épaisse qui me retenait prisonnière depuis trop longtemps… Je regarde mes enfants et je n’arrive pas à croire que j’ai pu penser au suicide…

J’ai décidé de retourner faire des recherches pour voir les effets secondaires de la pilule que je prenais. Parmi les effets secondaires possibles, c’est écrit noir sur blanc : « des signes de dépression, un manque de concentration, des fluctuations pondérales, des changements du sommeil, un désintérêt à l’égard de nombreuses activités, des pensées suicidaires. » J’ai de la difficulté à croire qu’une simple pilule m’a fait vivre tout ça… Et surtout, que je n’ai pas su voir les signes plus tôt ou faire le lien avec la prise de la pilule… J’ai honte de ne pas l’avoir vu et de l’avoir prise si longtemps. Mais quand on a la tête dans la brume, tout cela n’est pas facile à voir…

Les mois ont passé. J’ai retrouvé mon corps. J’ai retrouvé mon âme. Je suis de nouveau moi-même. J’ai choisi d’écrire mon histoire parce qu’elle est peut-être aussi la vôtre… Si vous avez l’impression d’étouffer, si vous ne vous reconnaissez plus, si vous êtes remplie de colère… peut-être est-ce causé par un médicament que vous prenez… Parlez-en à votre entourage, parlez-en à votre médecin. Ne vous isolez pas. Vous risquez de sombrer. Si ça peut éviter à d’autres femmes, à d’autres mamans, de sombrer, ce texte n’aura pas été vain.

Eva Staire

Je porte mon tout dernier enfant…

Nous avons choisi de commencer notre famille alors que nous étions

Nous avons choisi de commencer notre famille alors que nous étions encore jeunes. Notre plan était pourtant clair comme de l’eau de roche… On voulait avoir des enfants « rapprochés » et vite, pour pouvoir profiter d’eux alors que nous avions toute l’énergie pour le faire. Puis, on s’imaginait déjà à 40 ou 50 ans, être de jeunes grands-parents et profiter d’une vieillesse où nos corps pourraient encore suivre le rythme.

Quand tu es jeune, tu te sens tellement invincible que tu arrives à croire que tu auras le dernier mot sur ton propre destin… La jeunesse est remplie de naïveté. C’est une belle naïveté, parce qu’elle te porte à croire que tu peux tout surmonter. Et tout contrôler.

La Vie a été bonne pour nous, nous avons eu beaucoup de chance. Quand nous étions jeunes, nous pensions qu’il n’y avait rien de plus normal que d’avoir un enfant. Nous étions heureux, mais pas si reconnaissants. Nous avons eu un, puis deux beaux bébés en santé. Puis, La Vie nous a apporté sa première grande leçon : La Vie d’un si petit être est précieuse et fragile. La santé n’est pas quelque chose que l’on doit tenir pour acquis et on se doit d’être reconnaissants pour chaque petit cœur qui bat. Quand nous avons enfin mis au monde un troisième bébé en santé, nous avons remercié La Vie chaque jour de nous l’avoir offert.

Puis, la jeunesse a fait son temps. Nous avions suivi le plan. Avoir plusieurs enfants rapprochés était une mission accomplie. Mais les années ont passé et les chandelles se sont accumulées sur les gâteaux de fête. Les enfants sont entrés à l’école. On a décidé avec notre tête d’opter pour une contraception définitive. On avait suivi le plan et on se voyait vieillir comme prévu.

Et La Vie a encore décidé de nous surprendre, de décider pour nous. Elle nous a offert une dernière chance de la remercier, un dernier cœur qui bat dans mon ventre. Je sais cette fois avec certitude que je porte mon dernier enfant. C’est un sentiment bien étrange. Je profite de chaque coup de pied. Je vis chaque instant avec un sentiment de fierté qui me noue la gorge parfois.

Je regarde notre parcours. Je regarde nos vies derrière. J’ai passé le sixième de ma vie à porter un enfant. J’ai passé le sixième de ma vie à partager mon corps avec un autre petit humain. J’ai passé plus du tiers de ma vie à prendre soin d’eux avant de penser à moi.

Notre plan a changé. La vie l’a changé pour nous. Vous pouvez lui donner le nom du dieu que vous voulez, moi, je l’appelle juste La Vie. Quand nous aurons 40 ans, il nous faudra patienter encore avant de profiter de notre vie à deux. Quand nous aurons 50 ans, il y a de fortes chances que notre maison soit vide et bien grande tout à coup. Ça repousse les plans de quelques années de plus…

Et c’est très bien comme ça. Je porte mon tout dernier enfant. J’ai vieilli. Je ne suis plus la mère remplie de naïveté d’autrefois. Je sais que cette vie est fragile et qu’elle vaut tout l’or du monde. Je compte bien en prendre soin. Je compte bien remercier La Vie pour chaque seconde qu’elle m’offre. Je compte tellement en profiter. Notre nouveau plan, c’est d’arrêter de faire des plans. Parce que La Vie sait ce qu’elle fait et qu’on a appris à lui faire confiance. Le seul plan qu’on a, c’est d’être heureux. Et ça, c’est le seul réel pouvoir qu’on a sur notre destin.

Joanie Fournier

 

Ce qui gruge une partie de mes temps libres

Ma jeunesse, je l’ai vécue en partie en m’amusant avec des Lego

Ma jeunesse, je l’ai vécue en partie en m’amusant avec des Lego et en jouant au hockey dans la rue avec mes amis. Des heures de plaisir. Un jour, mes parents nous ont gâtés, ma sœur et moi. En revenant de la petite école, une surprise nous attendait : une console Atari 2600. À l’époque, tous les enfants rêvaient d’avoir une telle console de jeux vidéo.

Ma sœur et moi, on a capoté ce jour‑là. Notre console était branchée sur la petite télé noir et blanc que j’avais dans ma chambre (oui, une télé avec des oreilles de lapin… et les fameux boutons rotatifs pour sélectionner les chaînes — il fallait se lever si on voulait écouter une autre émission!).

Le premier jeu vidéo auquel nous avons joué était nul autre que Donkey Kong Jr. Je m’en souviens encore comme si c’était hier. On revenait de l’école en courant pis on se grouillait pour faire nos devoirs. Vite, il nous fallait jouer à nos jeux vidéo… c’était devenu notre drogue! Mais quand il était temps d’aller prendre notre bain, la console Atari 2600 ne nous suivait pas dans la salle de bain. Ni dans notre lit quand c’était l’heure du dodo. Ni pour aller à l’école. Ni pour aller rendre visite aux membres de notre famille ou à nos amis. Dans ce temps‑là, il y avait un temps pour jouer à nos jeux vidéo… et un temps pour faire autre chose. Que diable s’est‑il passé depuis?

Ben voilà. L’internet est né, le courriel s’est pointé le bout du nez. Quelques années plus tard, Facebook s’est immiscé dans nos vies, puis d’autres médias sociaux sont venus tirer sur la couverture. Et petit à petit, nous sommes devenus une société accro aux écrans. Enfants, adolescents, adultes. Les pires sont les zombies ambulants ; ils marchent dans la rue en regardant leur petit écran. Certains sont morts en se faisant frapper par des véhicules en traversant la rue sans même lever la tête. L’espèce humaine est‑elle vraiment rendue là?

Je fais partie de cette majorité qui possède et utilise un téléphone intelligent. Je dois avouer que c’est un outil de communication formidable. Et je l’utilise fréquemment comme appareil photo. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il travaille en équipe avec Facebook… et je me rends bien compte que ces deux‑là grugent une partie de mes temps libres! C’est devenu trop facile de m’écraser n’importe où et de regarder mon écran pour voir les derniers statuts Facebook de mes amis et des pages auxquelles je me suis abonné. Il me faut reconquérir mes temps libres. L’heure est venue de réduire ma consommation de Facebook!

La question qui tue : consommez-vous trop d’écran?

Martin Dugas

 

Changer l’heure, changer le destin

Deux fois par année, lors des changements d’heure, on est sensibi

Deux fois par année, lors des changements d’heure, on est sensibilisés à l’importance de vérifier nos détecteurs de fumée et d’en changer les piles. Ça s’en vient! Ça pourrait être utile de programmer un rappel dans votre téléphone intelligent, n’est-ce pas?

Mais tant qu’à faire, je propose de profiter du changement d’heure pour aller plus loin. Pourquoi ne pas utiliser cette heure supplémentaire (ben, pas celle entre 2 h et 2 h du matin, quand l’heure recule officiellement!) pour faire une démonstration d’évacuation en cas d’incendie? Ça pourrait sauver des vies et changer le destin de votre famille!

J’ai eu cette idée pendant une longue panne d’électricité de huit heures dimanche dernier. Les enfants s’étaient bien amusés à redécouvrir les racoins de la maison avec la lampe de poche. Ils avaient déniché tous les coins plus lumineux de la maison pour faire leurs devoirs et jouer aux toupies. Mais un bon moment donné… ils commençaient à tourner en rond et Hydro prévoyait encore quelques heures avant de rétablir le courant. Je me suis dit : « Tant qu’à être pris dans le noir, aussi bien jumeler l’utile au désagréable! ».

Je me suis rappelé mon père policier qui faisait sonner l’alarme quand il revenait de ses quarts de travail. Aucune paupière ne bougeait, tout le monde restait bien endormi. Fail! J’ai pensé à mon enfance vécue près de la centrale nucléaire de Gentilly. Petits et grands devaient avoir des réflexes bien aiguisés et un kit de survie à portée de main si l’alerte générale était déclenchée!

Tous ces exercices d’évacuation faits à l’école et dans les garderies, c’est bien pratique, mais ça n’aidera pas mes enfants à enlever le moustiquaire de leur fenêtre ou à décider par quelle porte passer pour sortir à l’air frais si le feu est pris chez nous.

On a donc fait le tour des chambres. On a fait semblant de faire dodo et de se faire réveiller subitement par l’alarme, ou par maman qui crie « Au feu! Au feu! », ou par la grande sœur qui cogne dans les murs pour réveiller tout le monde.

On s’est exercés à toucher la porte pour voir si elle était chaude. À évaluer tous les dangers. À placer une serviette dans le bas de la porte. À marcher à quatre pattes sous la fumée. À grimper sur les meubles et à débarrer les fenêtres.

J’ai expliqué qu’en cas d’incendie, on s’en fout de déchirer ou de couper le moustiquaire, de casser les fenêtres, de se casser une jambe en sautant en bas de la fenêtre. Et qu’on doit aussi se foutre de tout ce qui reste derrière : les toutous, les livres, le sac d’école, même l’animal de compagnie. L’essentiel est de sauver notre peau.

J’ai expliqué que dans certains cas, si le feu et la fumée sont loin, le mieux, c’est peut-être de se regrouper à deux dans une même chambre pour s’entraider. J’ai expliqué qu’ils feront mieux de se réfugier chez la voisine d’en face plutôt que sous leur lit. J’ai utilisé les connaissances des plus vieilles et les questions des plus jeunes pour rendre le tout interactif, amusant. J’ai bien précisé que les incendies, c’est rare, qu’on fait tout pour être prudents, qu’ils ne doivent pas allumer le four sans surveillance ou jouer avec les allumettes.

On a pratiqué l’appel au 911 : le feu, l’adresse, le nombre de personnes évacuées, le nombre de personnes (et d’animaux) encore à l’intérieur.

Cette fois-ci, on n’est pas sortis parce qu’il pleuvait des cordes. Une autre fois, on le fera. On fera aussi un exercice en cas de tremblement de terre, toujours de façon ludique. Ça pourrait changer le destin.

À votre changement d’heure, prêts? Pratiquez!

Nathalie Courcy