Nos enfants feront mieux que nous…

Ce matin, ma fille de quatre ans vient se blottir contre moi. Elle a une petite larme à l’œil et me dit, comme pour se confesser : « Maman… Moi, je ne veux pas me marier… ». Ce n’est pas tant la confidence qui m’a touchée, que la culpabilité évidente qu’elle ressentait… Je lui ai répondu tout bonnement qu’elle ne serait jamais obligée de se marier si elle n’en avait pas envie. Je lui ai dit qu’elle avait absolument le droit de ne pas vouloir se marier plus tard. Elle m’a alors expliqué sa logique : « Mais toi, maman… tu t’es mariée! ».

Mon cœur, je me suis mariée parce que j’en ai eu envie, parce que j’étais amoureuse et que c’était important à ce moment-là. Je ne te demanderai jamais de faire comme moi. En fait, je te demande de faire tout en ton pouvoir pour être heureuse, et surtout pas pour imiter mes choix de vies. J’ai l’impression que c’est ce qu’il y a de plus beau dans la génération qui nous suivra… Ils auront réellement le choix.

Notre génération a été marquée par la compétitivité, par l’anxiété de performance, par le désir de vouloir toujours faire mieux que le voisin. On nous a appris à dépasser nos limites, pas à les écouter. On nous a appris à faire l’étalage de nos qualités et de nos bons coups, mais surtout à taire nos côtés les plus sombres. On nous a appris à nous montrer parfaits, jamais vulnérables.

Puis, la société a commencé à changer… On prône aujourd’hui l’acceptation des différences. On encourage ceux qui ont des difficultés à les accepter, à les montrer et à persévérer. On demande à nos enfants d’être ce qu’ils sont et de suivre leurs propres chemins. On leur apprend à être heureux, pas à être meilleurs.

Ils auront réellement le choix. Le choix d’évoluer, d’étudier, de voyager, de côtoyer, d’essayer, de tomber, d’apprendre de la vie. Je souhaite à mes enfants d’être heureux. Peu importe comment. J’espère qu’ils ne feront pas comme moi, juste pour faire comme moi. Imiter la génération précédente aveuglément est pour moi la preuve même de l’ignorance. Je veux mettre au monde de futurs penseurs, de futurs philosophes et par le fait même, de futurs épicuriens. Je veux mourir en sachant qu’ils auront fait mieux que nous.

Je veux que nos enfants se voient à travers des photos réelles et sans retouches. Parce qu’ils verront la vie telle qu’elle est et non pas telle qu’elle devrait être.

Je veux que nos enfants parlent de leurs sentiments, de leurs joies et de leurs peines. Parce que je veux qu’ils aient le droit de les ressentir, sans se juger eux-mêmes.

Je veux que nos enfants siègent au parlement en coton ouaté. Parce que je veux qu’ils sachent que ce qu’ils pensent a plus d’importance que ce qu’ils portent.

Je veux que nos enfants soignent les autres, sans rien attendre en retour. Parce que je veux qu’ils pensent au bien de la société avant celui de leur portefeuille.

Je veux que nos enfants enseignent la passion et l’humanité avant toutes les autres matières. Parce qu’ils seront alors aussi passionnés qu’intelligents.

Je veux que nos enfants accueillent l’humanité dans le besoin et ouvrent leurs portes sans jugement. Parce qu’ils vivront dans des petites maisons remplies d’amour et de souvenirs, et non pas dans de grandes maisons belles sur Instagram mais vides de sens…

Je veux que nos enfants fassent mieux que nous. Parce qu’ils seront heureux, peu importe comment.

Joanie Fournier

 



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