Archives février 2021

Tu es le petit peuple – Texte: Gwendoline Duchaine

Tu es le petit peuple. Tu n’as pas ça toi, du cash pour acheter des loisirs, des maisons, des

Tu es le petit peuple.

Tu n’as pas ça toi, du cash pour acheter des loisirs, des maisons, des chalets, des voyages ou des objets divers et variés. Tu n’as pas ça toi, un fonds de pension, une retraite ou des placements financiers. Tu essaies juste de vivre, et les fins de mois sont toujours un peu plus pénibles.

 

Tu es le petit peuple.

Celui qui se lève tôt le matin et dont l’unique richesse est de regarder le soleil embraser doucement le ciel.

 

Tu es le petit peuple.

Celui qui travaille chaque jour, de ton mieux, avec ton petit sourire et ta gentillesse. Au service des autres. Chaque journée si routinière, avec courage et passion, tu es cette petite fourmi qui fait tourner leur monde.

 

Tu es le petit peuple.

Tu es ce service essentiel qui sort affronter les tempêtes au plus intense d’une pandémie, celui qui n’arrête jamais et qui pourtant est si fatigué. Tu es devenu ce peuple qui travaille d’arrache-pied dans l’indifférence la plus totale.

 

Tu es le petit peuple.

 

Tu es leur petit peuple.

 

Tu es celui qui trouve des petits bonheurs dans beaucoup de petites choses et qui s’émerveille avec presque rien.

 

Tu es le petit peuple.

Tu es celui qui toute sa vie se lèvera et regardera s’enflammer le soleil.

 

Tu es le petit peuple.

 

Gwendoline Duchaine

 

Cher M. Legault, je pense à vous… Texte : Marilou Savard

Cher M. Legault, je pense à vous.

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Cher M. Legault, je pense à vous.

On parle des dangers liés à l’isolement, à la santé mentale.

On parle des effets négatifs sur la scolarité des enfants et des adolescents.

On parle des effets désastreux sur les commerces.

On parle des pertes d’emplois et j’en passe, mais vous, qui parle des conséquences sur vous ? Qui pense à vous ?

Chaque jour, il y a de nouvelles informations. Vous recevez des conseils, et évidemment des opinions. Cependant, comme vous l’avez dit dernièrement, ça reste que c’est vous seul qui tranchez et prenez les décisions. Ça doit être un gigantesque stress et à votre place, je ressentirais un énorme sentiment de détresse. Vouloir faire de son mieux pour tous sans vouloir déplaire, voulant nous satisfaire. Faire cela en espérant de tout cœur de ne pas faire d’erreur.

Moi je vois un homme, UN homme qui doit gérer environ 8 millions d’habitants. Désolée, je ne devrais pas dire gérer, mais AIMER 8 millions d’habitants.

Je ne peux pas m’imaginer vous voir dans votre fauteuil à la maison et vous dire « à qui je peux bien faire du tort maintenant ? »

Quand je vous vois après des mois de crise sans précédent à continuer de rester fidèle au poste, je vois un geste désintéressé. Un pur don de soi. Je vous vois nous mettre en premier, avant votre bien-être à vous.

Je ne sais pas si c’est le virus, mais souvent, notre comportement doit être le plus lourd à porter.

C’est quasiment inhumain la pression que vous avez. La majorité aurait déjà cédé.

Les larmes aux yeux, je souhaite sincèrement qu’après le confinement et quand le 2 mètres ne sera plus nécessaire, vous soyez accueilli à grands bras ouverts par tous ceux qui vous doivent, grâce à vos décisions, d’être encore sur terre.

Marilou Savard

La grotte — Texte : Carl Audet

Voilà que j’amorce ma cinquième semaine de thérapie fermée loi

Voilà que j’amorce ma cinquième semaine de thérapie fermée loin de ceux que j’aime. Un revirement s’est fait dans ma tête il y a une semaine. Celui de lâcher prise envers le négatif. Tout simplement arrêter de m’en faire pour des petits riens. Ainsi, j’ai arrêté d’être impulsif et de me mettre en colère. Aucune envie de consommer de l’alcool également depuis trois semaines.

Maintenant, je me sens prêt à retourner chez moi. Mais je persévère dans le programme afin de mettre toutes les chances de mon côté.

Pourquoi ? Je ne veux pas rechuter. Je ne veux plus souffrir. Je veux être moi-même. Cet homme que je suis devenu et qui ne veut pas retourner en arrière. Cet homme que je n’ai jamais connu. Qui maintenant apprécie davantage la vie d’une autre manière.

Comme dans une grotte sur le bord de la mer qui accumule les débris avec les vagues. J’étais paralysé dans celle-ci. Fuyant la réalité et accumulant les sentiments de colère et négatifs. Épuisé émotionnellement et physiquement, je vivais dans l’isolement.

Maintenant que je suis sorti de cette grotte obscure, je suis capable de communiquer complètement. Je suis capable d’admirer la vie qui s’ouvre à moi. Je commence à établir des buts, des plans et des projets. Tout en gardant à l’esprit : un jour à la fois. Afin de ne pas me mettre de pression.

Toi ma femme, ma fille, mon fils ou mon ami(e), je désire te connaître autrement. Mon écoute est différente maintenant. Mes yeux sont plus grands pour mieux te voir et pour admirer la beauté qui m’entoure. Mon cœur est plus grand pour mieux t’apprécier. Pour la première fois, je suis devenu cet homme. Cet homme qui est devenu meilleur.

Comme à toutes les fins de semaine, nous avons des rencontres avec des gens qui sont rétablis. Des personnes qui ont souffert beaucoup. Parfois même, certains ont tout perdu. Très émouvant de voir leur cheminement.

Terrible cette maladie de dépendance. Malheureusement, trop de personnes en souffrent sans demander de l’aide. Pour d’autres, c’est un moyen de mourir tranquillement.

Merci grandement à ma femme qui m’a aidé à sortir de cette grotte. Qui m’a tendu la main à sa façon. Elle aussi qui sera là pour me soutenir si des obstacles se présentent devant moi.

Lorsqu’elle m’a reconduit à la clinique, elle m’a simplement dit : ne t’inquiète pas pour nous, tout ira bien. Pense à toi et prends bien soin de toi.

Carl Audet

L’amour, toujours… dans les livres ! Texte: Jacinthe Crête

Hé oui, le classique « resto -ciné » prend un nouveau sens c

Hé oui, le classique « resto -ciné » prend un nouveau sens cette année. Qui dit Saint-Valentin en temps de pandémie dit « souper à la maison avec des enfants qui trouvent ça trooop looong attendre que leur viande cuise et qui passent le temps en se mettant une fourchette à fondue dans le nez ».

La soirée perdra un peu de son romantisme, mais c’est pas grave. Parce que l’amour, ça se fête pas juste en allant voir un film mettant en vedette Channing Tatum avec un popcorn à 17 $. L’amour, c’est ce qui se passe juste là (je pointe votre cœur, suivez).

Je vous propose donc quelques albums pour enfants à découvrir pour passer une belle soirée sous le signe de l’amour… en famille.

La doudou aime les bisous
Claudia Larochelle, Maira Chiodi
La Bagnole

La doudou aime les bisous doux, les bisous fous, les bisous trop choux. Elle aime aussi les câlins qui font du bien ! Avec elle, les tout-petits apprendront comment les chevaux donnent des bisous, comment les araignées donnent des câlins et comment on chatouille les papillons !

Info pertinente : Les enfants ADORENT les aventures de la doudou. Il y a plusieurs autres livres dans cette série, je vous invite à les découvrir.

Le fil invisible
Patrice Karst, Joanne Lew-Vriethoff
Scholastic

Dans cette histoire réconfortante, une mère explique à ses deux enfants qu’ils sont reliés par un fil invisible. Les enfants pensent que c’est impossible, mais ils veulent tout de même savoir de quel genre de fil il s’agit… La réponse est une évidence bien simple qui nous unit tous : ce fil invisible est fait d’amour. Même si on ne peut pas le voir, on peut le sentir au fond de notre cœur et savoir qu’on est toujours liés à ceux qu’on aime.

Info pertinente : Un livre vraiment intéressant pour aborder l’anxiété de séparation que peuvent ressentir certains enfants.

Les étoiles
Jacques Goldstyn
La Pastèque

Un jeune garçon juif et une petite fille musulmane se rencontrent dans un parc du Mile End : quartier populaire de Montréal. Ils réalisent bientôt qu’ils partagent une passion profonde pour les étoiles et les constellations, rêvant de devenir un jour scientifiques ou astronautes, d’explorer l’infini du ciel. Leur histoire consistera à rêver, à partager et à explorer ce qui est plus grand que nous, au-delà des questions religieuses.

Info pertinente : Une histoire douce et poétique comme seul Jacques Goldstyn sait faire.

Deux garçons et un secret
Andrée Poulin, Marie Lafrance
La Bagnole

Émile et Mathis sont les meilleurs amis du monde. Ils partagent leurs jeux. Leurs collations. Et leurs secrets. Un beau matin, Émile fait une découverte dans le bac à sable. Ça lui donne une idée. La plus-meilleure idée de toute sa vie.

Info pertinente : Un livre qui parle d’amitié et d’ouverture.

Florence & Léon
Simon Boulerice, Delphie Côté-Lacroix
Québec Amérique

Florence a un problème aux poumons, mais enseigne la natation ; pour elle, c’est toujours comme si elle respirait dans une paille. Léon a un problème aux yeux et est agent d’assurance ; pour lui, c’est toujours comme s’il regardait par le trou d’une paille. Leur rencontre chamboulera leurs vies. Et si les différences pouvaient devenir une force ? Et si l’amour pouvait naître au bout d’une paille ?

Info pertinente : Simon Boulerice termine tout juste l’écriture d’une série télé inspirée par les personnages de cet album.

Info plus ou moins pertinente : La lecture de cet album a influencé le choix du prénom de ma fille (indice : elle ne s’appelle pas Léon).

L’amour : Un livre sur la compassion
Susan Verde, Peter H. Reynolds
Scholastic

L’amour : Un livre sur la compassion est une véritable célébration de l’amour sous toutes ses formes qui invite les jeunes lecteurs à se tourner vers l’intérieur quand ils se sentent effrayés, fâchés ou tristes. Le pouvoir transformateur de l’amour leur permettra de laisser entrer la lumière à nouveau, afin qu’ils puissent agir avec compassion et gentillesse, vivre avec gratitude et prendre soin d’eux-mêmes.

Info pertinente : Le livre inclut quelques postures de yoga et une méditation guidée pour les enfants.

 

Bonne lecture !

NDLR : Une fois les enfants couchés, c’est maintenant l’heure de… DORMIR. Vite, couchez-vous, ça ne durera pas.

 

Jacinthe Crête

Semaine de Self-love pour célibataire – Texte: Kim Boisvert

Temps de jouissance et de réjouissances se montrant habituellement

Temps de jouissance et de réjouissances se montrant habituellement sous une forme extrêmement kitsch de rose, de rouge et de grandes consommations partout dans les magasins. Cette année, on se garde le french Tinder pour nous alors que la déprime de Saint-Valentin en solo est aussi forte que notre haine grandissante pour les arcs-en-ciel. Pu cap’.

En ce mois de l’amour, je vous partage un élément de self-care archi simple à intégrer pour chaque jour de la semaine, et je vous invite à t’engager envers toi-même. C’est même pas long et anyway, t’as déjà fait le ménage de tes armoires depuis le temps.

LUNDI

Aujourd’hui, je te propose de lire cinq pages d’un livre que tu as toujours voulu lire, mais que tu disais que t’avais jamais le temps. Lis en marchant, si tu veux. La tête à l’envers. Dans le bain. Le p’tit au sein. En brassant ta sauce à spag. Juste cinq pages. Pour toi.

C’est quand la dernière fois que t’as lu un livre ?

MARDI

Facile : marcher dehors, sans musique. Sans rien. Sans enfants. Si possible. Sinon, awaye dans poussette pis donne-leur du chocolat. Tu gèreras le sugar rush plus tard.

Sincèrement, depuis quelques mois, je ne pourrais plus compter le nombre de fois où j’ai simplement marché dans la basse-ville d’un bout à l’autre, froid ou non.

Entendre mes bottes faire craquer la neige sous chaque pas. Sentir le froid sur mes joues.

Prends donc cinq minutes. Juste cinq. Va voir si tu ne serais pas dehors.

 

MERCREDI

Mets de la mousse. Ou une bombe de bain. Ou de l’huile. Ou des herbes.

Prends un long bain avec un petit quelque chose de spécial et recharge tes batteries à toi, ce soir. T’sais la bombe de bain de chez Lush que tu gardais pour une occasion spéciale? Eh bien, c’est là. Parce que t’es freaking amazing.

Parce qu’aujourd’hui, c’est une occasion spéciale. Tous les jours ça l’est, en fait. On attend un jour parfait pour faire x. Pour mettre notre nouveau chandail ou pour enlever le petit plastique protecteur de l’appareil, mais au final on se retrouve à repousser un moment de bonheur. Un moment doux. Un petit plaisir qui fera un baume sur une journée, un moment. Ton corps a besoin d’amour. De calme. Et mérite un petit plus.

Faque prends un bain avec ton bain moussant que t’as eu à Noël par la poste. Tu vas en recevoir un autre pareil dans quelques mois anyway.

JEUDI

CIAO BYE. Aujourd’hui, drôle de douceur : retire des gens de ta vie et par le fait même, de ton Facebook.

Supprime-moi ça, les gens qui fouinent, mais qui ne sont jamais là pour les bonnes raisons. Ou jamais là tout court. Des anciens amis du primaire ou les anciens collègues pas rapport. Des anciennes dates de passage que tu te sens mal de supprimer parce que tu as mangé des sushis quelques vendredis soirs collés. OUT.

C’est plutôt simple. Mais ça permet d’entrer de nouvelles personnes dans nos vies. Pis ça, c’est d’l’amour.

VENDREDI

Le défi de cette journée est de faire une activité que t’aimes, un peu weird ou inhabituelle. Moi perso, c’est d’aller laver mon char.

J’adore le lave-auto. J’aime que ma voiture soit propre et la mousse tricolore me rend ben ben excitée. C’est plutôt beau, de la mousse de licorne. Ça sent la gomme balloune pis toute.

Alors ose donc faire des activités pas rapport, pas dans la bonne saison ou que tu te dis que c’est donc ben niaiseux.

Ça change la routine. Pis ça, c’est du bonheur assuré.

P.-S. Avec les Backstreet Boys en background, c’est un must.

SAMEDI

Sincèrement, la sexualité féminine est magnifique et puissante. Et encore tabou. Des pénis, on peut en dessiner de tous les genres. À l’inverse des vulves !

Dans un épisode de Goop sur Netflix qui traitait de l’orgasme féminin, j’ai comme eu un déclic.

Ça parlait de la connaissance de son appareil et de comment bien se satisfaire pleinement.

En solo.

Eh bien mesdames, aujourd’hui, le défi est de lire sur la sexualité féminine. Je vous suggère Betty et ses conseils, mais faites-vous plaisir et trouvez une source qui vous a toujours tentée, et plongez !

Parce que si tu fakes avec ton partenaire, c’est comme laisser des miettes de pain indiquant le mauvais chemin. Et ça va se répéter. À l’infini.

Prends donc le temps de te connaître en solo !

https://dodsonandross.com/

DIMANCHE

La Saint-Valentin seule, bof bof. Une fausse date Tinder par Facetime ark ark.

Mais par exemple, la journée complète dans un kit sexy de lingerie qui te fait tripper, tu te sens femme. Rien à ton épreuve. ON S’EN FOUT que t’aies personne à qui le montrer. Perds pas ta soirée à swiper le desperate pour qu’il te dise que t’es sexy.

Nanon. Don’t need a man.

T’as le droit de mettre ta lingerie juste pour toi. Je t’encourage à le faire, tellement. Pas juste à la Saint-Valentin. Mardi prochain. Pis lundi soir en écoutant Friends.

Si t’en as pas, c’est un double défi ! Essaie différents trucs. Pis au pire, amuse-toi et commande-toi un kit sur Amazon.

Octroie-toi le droit d’afficher ton sex appeal à toi-même.

Allez, va chercher ton kit et sers-toi une coupe de vin! On veut savoir si Rachel et Ross vont finir ensemble!

Bonne St-Valentin mes délicieuses!

Kim Boisvert

Arrête, fille : Texte : Kim Boisvert

Arrête.

Arrête, fille, de vou

Arrête.

Arrête, fille, de vouloir montrer que tu vas y arriver. Parce que tu vas y arriver, mais clairement pas là. Pas si tu continues comme ça. Tu brûles la chandelle par les deux bouts.

Arrête, fille, de penser que tu vas tout perdre. Parce que même si tu perds tout, tu vas gagner bien mieux. Who cares de ton CV parfait si t’as le cœur à la mauvaise place ? Écoute‑toi. Si tu fais des recherches d’emploi pour un salaire et non une qualité de vie, c’est que t’es définitivement pas centrée sur l’important : TOI. Ton bonheur. Je t’entends me dire que tu as des p’tits à faire manger. Mais le salaire que t’as n’est rien si tu leur lances leur assiette par la tête le soir parce que t’es frustrée. Si le 8 à 5, ce n’est pas pour toi, y’a plein d’options possibles ! Arrête de douter de toi pis fonce.

Arrête, fille, avec ta fierté de fier pet. On s’en claque que tu aies à mettre les deux genoux à terre. Ça t’va bien d’être sur le stop un peu. T’es étourdissante quand tu tournes en rond dans les bulles.

Arrête, fille, de penser que les gens vont penser X alors que tu penses Y, pis laisse-les donc penser ce qu’ils veulent bien. T’as déjà ta tête à gérer. Toi, tu penses à quoi, là maintenant ? C’est ça qui faut que tu changes. Maurice peut ben penser ce qu’il veut. Ça lui appartient et il n’est pas dans tes bottines.

Arrête, fille, de pas t’arrêter. Laisse ton orgueil de côté pis vas-y dans le freestyle.

Allez, arrête.

Kim Boisvert

Mes chéries, Maman est en psychiatrie

Des mots trop lourds à écrire sur une feuille de papier recyclé.

Des mots trop lourds à écrire sur une feuille de papier recyclé. Des mots trop lourds à entendre pour vos petites oreilles. Même aligner les lettres transperce mon cœur tellement ça me semble irréel.

Mais ce soir, Maman ne sera pas à la maison.

Maman a trempé son doigt et touché la dernière goutte d’un vase déjà trop plein. Une sensation de vide a envahi Maman et même vos rires rebondissent sur ma chair. L’envie de me sentir saoulée par les notes aiguës qui sortent de vos petits corps a toutefois donné l’arme secrète dont Maman avait besoin pour aller demander de l’aide, alors qu’elle tenait une fine lame entre ses doigts, prête à commettre l’irréparable.

Maman est à bout de souffle. Maman ne se comprend plus. Maman n’entend plus le bonheur vibrer autour d’elle. Il n’existe qu’une vague tonalité neutre qui la guide pour avancer, un pas après l’autre, comme un zombie. Juste assez de puissance pour se rendre à l’hôpital. Juste assez d’amour pour savoir que ça va passer. Juste assez de force pour accepter qu’il faille recommencer.

Chéries, maman est en psychiatrie. Pour que vous sachiez que ça peut arriver, un breakdown. Que c’est humain. Que vous allez certes perdre des plumes au passage, mais vous en aurez d’autres qui pousseront doucement. Parce que Maman sait qu’elle est une battante.

Mais surtout, parce que Maman sait qu’elle n’est pas une personne horrible. Mais bien une bonne personne qui a vécu des horreurs.

Kim Boisvert

Et si aujourd’hui… Texte : Maïka

Souvent, je me parle à moi-même. Je m’écris des lettres, dans m

Souvent, je me parle à moi-même. Je m’écris des lettres, dans ma tête. Pendant que je fais le souper ou pendant que je fais du ménage. Je m’explique à moi-même comment je me sens. Comme si ça allait faire du bien, comme si transposer mes émotions sur cette page blanche imaginaire allait faire que tout se replace.

Cette semaine, on m’a dit que j’avais toujours l’air heureuse. Pour vrai… qui est toujours heureux dans la vie ? Personne. On a tous des hauts et des bas. On est humains ! Le problème, c’est ce que les autres voient de nous, et ce qu’ils veulent bien nous laisser voir.

En fait, le bonheur, c’est quoi ?

C’est une multitude de petites choses qui s’emboîtent jour après jour pour former un noyau qui nous tient debout, qui nous tient en vie.

Le problème survient quand ce noyau n’est plus suffisant ou plutôt quand on s’est trompé de noyau.

À la base, le bonheur devrait être vous-même.

Chaque jour, on devrait être en mesure de se regarder et de s’aimer. Parce que si on ne s’aime pas assez, qui le fera pour nous ?

Je suis la première à me dire que l’important, mon vrai bonheur, c’est ma famille… mes enfants.

Mais quand mon Chum part au travail et que mes enfants sont à l’école, je me retrouve inévitablement confrontée à celle que je ne connais plus et que je délaisse depuis tant d’années : moi-même.

C’est à ce moment que ça rentre dedans.

As-tu déjà pris le temps de t’asseoir devant le miroir et de t’analyser. Pas seulement physiquement, mais mentalement. T’analyser sous toutes tes coutures.

La question est celle-ci : es-tu heureuse avec toi-même ? Voudrais-tu que tes enfants suivent ton chemin ?

Pour certaines, la réponse est sans contredit OUI !

Pour d’autres, c’est ambigu… oui sur des points et non sur d’autres.

Et malheureusement, pour plusieurs, la réponse sera NON !

Et si aujourd’hui, je te disais quelque chose que tu sais déjà, mais que tu as sûrement oublié.

Si je te disais que de t’aimer et de t’apprécier est la chose la plus importante au monde… pour toi ET pour tes enfants.

Un jour, ils referont inévitablement ce qu’ils ont vu toute leur vie.

Si tous les soirs, tu rentres de travailler la mine basse, sans la moindre vie intérieure… c’est ce qu’ils tiendront pour acquis à propos de la vie.

Si tu te chicanes sans cesse avec les gens autour de toi, ils reproduiront les mêmes choses avec leurs amis et les gens autour d’eux.

Si tu ne t’aimes pas et tu ne te respectes pas, ça va transparaître et se ressentir et ils finiront peut-être par engloutir ton énergie jusqu’à ce qu’elle fasse partie d’eux aussi. Parce que les enfants, ce sont de vraies petites éponges à émotions.

Tantôt, je te disais que tu devais être la plus importante pour toi-même alors, pourquoi est-ce que soudainement, je rapporte tout à tes enfants ? Parce que c’est souvent le meilleur moyen de faire comprendre quelque chose à une maman.

C’est là que ça fait mal, que ça blesse. De prendre conscience qu’on pense agir dans le meilleur intérêt pour nos enfants et nos proches, et que malheureusement, c’est le contraire.

On n’agit correctement ni pour nous ni pour eux !

Alors, pour une fois… choisissons-nous !

Et pour celles qui seraient tentées de se dire que je parle au travers de mon chapeau en ne sachant pas ce que c’est de ne pas s’apprécier…

Aujourd’hui, je me suis levée et j’ai évité le miroir. Jusque-là, c’est pas nouveau…

Je n’ai pas fait mes sourcils depuis des années… et je ne me maquille jamais sauf si je suis en tournage.

Je me lave les cheveux une fois par semaine, au point où même mes enfants remarquent quand je ne ressemble pas à la chienne à Jacques.

J’ai pris quarante livres depuis trois ans. Et non, ce n’est pas à cause de ma grossesse. C’est parce que je m’alimente tout croche et que je manque de rigueur quand vient le temps de couper ce qui est mauvais pour ma santé et mon poids.

Je n’ai pas de manteau d’hiver qui me fait. Je porte celui de Hayden, que je lui ai acheté au début de l’année. Celui qu’il ne veut pas porter parce que je l’ai pris trop grand pour lui.

La fermeture éclair ne fonctionne pas… c’est chic ! Je pourrais clairement en acheter un large de femme… mais NON, parce que c’est bien mieux d’attendre de reporter mes anciens Xsmall (J’écris et je me trouve moi-même ridicule…).

Je n’ai aucune paire de jeans qui me fait et je refuse d’en acheter d’autres parce que depuis dix-sept mois, je me dis que je vais rentrer dans mes foutus jeans taille 27 sous peu. La réalité, c’est que je porte du 30 et que le 27 ne monte pas plus haut que mon genou.

Mes chandails sont tous des chandails hyper confos et très grands. Ça me permet de bien me cacher et comme ce sont des oversize, psychologiquement, je me dis que je porte encore du Xsmall et du small…

Est-ce que je fais pitié ? PANTOUTE !

Je comprends que j’ai choisi, sans le vouloir, d’être ce que je suis aujourd’hui.

J’ai choisi de mal m’alimenter. J’ai choisi de ne pas m’arranger. J’ai choisi de ne pas m’acheter des vêtements à ma taille !

Je suis le maître de ma vie, et présentement, ça ne vole pas haut.

Mes enfants sont heureux et ne manquent de rien. Mais moi, je manque de… MOI !

Et je ne veux SURTOUT pas qu’Anna et Livia pensent que c’est normal d’être ainsi.

J’ai réussi au niveau professionnel. Je fais des sous et je suis indépendante financièrement. Le problème est loin d’être par rapport à ça… C’est beaucoup plus profond.

On parle ici de respect de soi et d’amour-propre.

C’est fou pareil parce que je suis certaine que je ne suis pas la seule à vivre ce genre de situation.

J’ai réalisé aujourd’hui que j’avais 34 ans… dans ma tête, j’en ai encore 30 ! Comme si ma vie s’était mise sur pause à une période distincte de ma vie.

Voilà c’est dit ! J’ai enfin mis sur papier tout ce qui me passe habituellement par la tête.

Tout ce que je mets dans un petit tiroir de mon cerveau et que je referme une fois que j’ai réussi à m’exprimer.

C’est cliché, mais… Et si aujourd’hui était le premier jour du reste de ma nouvelle vie ?

Et si aujourd’hui était le premier jour du reste de… ta nouvelle vie !

Maïka

Éloge à mon corps — Texte : Karine Larouche

À toi, mon petit corps d’amour. C’est rare hein que je t’appe

À toi, mon petit corps d’amour. C’est rare hein que je t’appelle comme ça, avec autant de délicatesse ? Je le sais que notre relation n’a pas toujours été très bonne. Je n’ai pas pris soin de toi comme tu le méritais. Je ne t’ai pas souvent chouchouté. Je t’ai « bardassé », parfois plus brusquement que j’aurais dû. Je n’ai pas souvent pris le temps de t’écouter. Je t’ai souvent intimidé en te traitant de toutes sortes de noms, en te dénigrant. J’ai rarement pris la peine de te dire comment tu étais magnifique. Je t’ai ignoré. J’ai ignoré tes signes, j’ai préféré pousser ma limite… du même coup la tienne. Je m’en excuse, sincèrement.

Aujourd’hui mon petit corps d’amour, on a passé à travers toute qu’une épreuve. Au départ, je t’en ai voulu de m’envoyer un cancer à mon âge. Je jouais la victime en me demandant ce que j’avais bien pu te faire pour mériter ça. Plus tard, la colère s’est envolée et une certaine sagesse s’est installée. Là j’ai compris, j’ai vu, j’ai entendu les signes que tu m’as déjà envoyés et que je balayais sous le tapis. J’ai compris que je me devais d’être plus délicate, bienveillante et douce envers toi. J’ai compris que tu étais en train de te noyer et qu’avec ce cancer, tu espérais pouvoir sortir la tête de l’eau pour de bon.

Tu sais, mon petit corps d’amour, on a combattu ensemble le méchant, l’intrus comme je l’appelle. Puis, tu t’es tenu bien droit devant l’adversaire. Je n’ai pas été envoyée au plancher. J’ai continué de fonctionner. Par contre, cette fois je t’écoutais, je prenais le repos et l’amour dont j’avais besoin. Tu sais, le mot « chimiothérapie » fait peur en maudit. On s’imagine couché tous les jours pour quelques mois. On s’imagine vomir partout. On s’imagine chauve du coco, mais aussi sans sourcils et sans cils. On s’imagine avoir l’air malade. On s’imagine qu’on ne pourra plus faire d’activités. Le pire est qu’on imagine que le moral en prendra un coup et ira visiter les bas-fonds. Mais toi, mon petit corps d’amour, tu as déjoué mes pensées les plus sombres. Tu n’as pas vomi, tu n’en as pas vraiment eu envie. Tu m’as permis de monter des montagnes, de prendre des marches, de faire du vélo pendant les traitements. Oui, toi et moi on prenait quelques jours de repos, mais au final, ce n’était rien. On a déjoué les gens qui disaient que je n’aurais plus de cheveux, de cils et de sourcils. J’ai gardé un peu de tout, même qu’il me restait encore beaucoup de cheveux (ok, ok, je sais je les ai rasés à 1 pour qu’ils tombent beaucoup moins).

On a déjà fait trois rounds ensemble, on a travaillé en équipe cette fois et tu sais quoi ? J’ai confiance que cette expérience sera enrichissante pour notre relation. Je n’ai pas encore la confirmation à 100 % que le crabe est parti, mais la chirurgienne s’est tout de même avancée à me dire que ça lui surprendrait qu’il reste des traces de lui. Tu sais que c’est une merveilleuse nouvelle. Notre travail aura un beau résultat. Merci d’avoir été là pour moi. Je te promets qu’en retour, je serai là pour toi aussi.

Avec amour, Karine Larouche

P.-S. Ce texte ne veut en rien banaliser la chimiothérapie, je crois que certaines personnes peuvent l’avoir plus durement que je l’ai eue. Peut-être qu’à 34 ans les coups se prennent plus « facilement ». Courage à toutes celles qui passeront par là.

Semaine de sensibilisation aux troubles alimentaires | Les rencontres de groupe – Texte: Kim Boisvert

Là, écoute-moi bien, j’vais te parler dans mes mots à moi, souv

Là, écoute-moi bien, j’vais te parler dans mes mots à moi, souvent un peu trop secs, pas assez huilés, mais les vrais, ceux qui t’aideront à comprendre dans quoi tu t’embarques.

Le jour où j’ai accepté que j’avais besoin d’aide, j’ai pris le téléphone et j’ai appelé à la Maison L’Éclaircie. Le premier contact, c’est quand même un bon pas de fait. Je me souviendrai toujours que je m’étais dit que là, ça avancerait, que j’aurais les trucs pour m’enlever les doigts de la gorge. J’étais excitée et nerveuse, fébrile et craintive. J’croyais que peu importe qui appelait, on avait immédiatement une place. Mais c’est pas tant ça, parce que t’sais, ça coûte des sous offrir des soins de qualité et des groupes de soir. Les subventions et les dons ne pleuvent pas. Quelques jours plus tard, j’ai rencontré Josée. Oh Josée, rien que d’y penser, j’ai envie de l’embrasser dret’ là. De l’amour en barre. Pis de l’amour dans cette rencontre, ça en prend parce que c’est là, pendant 1 h 30 que tu dis EXACTEMENT tout sur ton passé de trouble alimentaire, de pesées, d’habitudes pis toute pis toute. Et faut pas tu te censures parce que t’sais, t’es quand même là pour guérir, hein ? C’était la première fois que je m’entendais dire à voix haute :

« Je me fais vomir environ 1 fois par jour quand ça va moins bien, 2 fois par jour si ça ne va pas du tout et parfois, j’arrive à sauter des jours. Oh, et aussi, je peux manger un sac de Chipits, un demi-litre de crème glacée et un chips en 10 minutes. Tout ça la nuit, parce que t’sais, faudrait pas que mon chum s’en rende compte. Oh, et aussi je me pèse 4 à 5 fois par jour. Oh, je calcule le nombre de calories que je dépense au gym, sinon ça ne me sert à rien d’y aller. »

Et ça a continué pendant 1 h 30. À savoir ce que je m’interdisais, ce que je calculais, etc. Tu sors de cette rencontre‑là avec l’amour de Josée sous le bras et ta fierté sous l’autre. Parce que tu sais que tu dois délaisser un des deux et accepter l’autre pour pouvoir avancer, le temps que l’amour vienne de toi.

Ensuite, une fois que t’as été choisie, tu commences les rencontres de groupe, les Hunger Games commencent. La première rencontre, tu compares les autres. Dis pas que tu le feras pas, on le fait toutes. Sinon on s’entend que nous ne serions pas assises dans ce salon d’une vieille maison qui craque de partout. On se juge et on juge les autres. Alors on se juge secrètement en se disant pleins de débilités. Je me suis fait demander si c’était comme les AA. Si j’y étais déjà allée, j’aurais pu juger. Mais mettons qu’on se fie aux films, parce qu’on sait tous que les films, c’est vrai, eh bien ça y ressemble un peu, mais en beaucoup plus chaleureux. On se prend une place sur un vieux divan défoncé ou une chaise berçante tellement confortable qu’à toutes les réunions, on essaie de l’avoir, une doudou pour se réchauffer ou se cacher les cuisses dans mon cas parce que t’sais, elle, elle est bien plus mince que moi.

Et là tu te fais rentrer dedans. Tu te le fais dire, que t’es malade. Et tu échanges sur tes sentiments, ta situation. Tu vois ton trouble t’arriver en pleine face, parfois par le regard d’une autre participante. Le cœur va te déchirer de peine et de honte, parfois même de rage. Dans mon cas, ça a été violent et sauvage comme processus. Parce que j’étais pas si malade que ça, dans ma tête. Quand tu te rends compte que tout ce que tu fais, c’est pas normal, la pilule est dure à avaler. Autant que le huitième biscuit que tu t’enfiles devant le miroir en pleurant, en te disant que anyway, t’es juste bonne à ça. Mais souviens-toi que c’est dit dans l’amour, et que si les premières discussions et les activités n’étaient pas dirigées vers l’acceptation du fait que OUI, t’es malade, que tu souffres d’un trouble alimentaire, bah ça ne servirait à rien.

J’ai pleuré dans des rencontres, j’ai été soulagée d’être moins pire que je pensais dans d’autres. J’en ai fait des cauchemars parfois et à d’autres moments, j’suis arrivée à la maison en riant. Ça nous chamboule, mais ça nous fait tellement grandir ! Tu te découvriras, te retrouveras, pour vrai. Les intervenantes sont là pour toi, pour ton trouble et ton cœur. Pour t’aider et t’accueillir, et les autres participantes et toi, vous développerez une cohésion surprenante. C’est vraiment beau, de travailler ensemble contre un problème. L’esprit de groupe est vraiment fort. Laisse-toi bercer, pour une fois.

Lors des rencontres, tu dois accepter d’être toi, entièrement. Si t’as pas envie de partager, on ne t’obligera pas. C’est toi qui décides si t’es prête ou non à guérir. Mais sache qu’y’a que toi qui peux faire le chemin, et que t’es capable de le faire ce chemin. Le plus génial, c’est que tu ne fais pas le chemin seule cette fois‑ci. Ça fait toute la différence.

Ma mère nous disait : comment ça se mange un éléphant ? La réponse est bien simple, à la cuillère. Alors, prends ta cuillère, appelle à la Maison L’Éclaircie ou chez ANEB et ne reste pas seule. Pis si tu veux m’en parler en privé, contacte-moi et on va en jaser, avec autant d’amour que Josée.

K.

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P.-S. Si tu veux soutenir un de ces délicieux OBNL, vas‑y fort. Même 2 $, c’est déjà ça. Moi, ça m’a sauvé la vie.

Semaine de sensibilisation aux troubles alimentaires | l’importance de s’entourer – Texte: Kim Boisvert

Si vous me suivez depuis quelque temps ou si vous me connaissez, vou

Si vous me suivez depuis quelque temps ou si vous me connaissez, vous ne serez pas surpris d’apprendre que j’ai souffert, et souffre encore, de boulimie. J’en parle maintenant beaucoup plus ouvertement puisque j’ai appris à faire mon chemin là‑dedans, à me pardonner et à avancer. Ce n’était toutefois pas le cas il n’y a pas si longtemps.

Laissez-moi vous parler de Julie, ma Julie, qui était intervenante à la Maison L’éclaircie (Maison sœur de ANEB, à Montréal) lorsque j’ai commencé mon processus de guérison. J’ai longtemps attribué mon évolution à tout l’amour qu’elle mettait dans chacune de nos rencontres, mais je sais bien qu’elle préférerait que je dise que c’est moi qui ai fait tout le boulot. Mais ce n’est pas tant vrai. C’était clairement un travail d’équipe. J’aimerais que vous compreniez que quand on souffre d’un trouble alimentaire, un des plus gros problèmes est qu’on se sent bien seul face à ce démon, ce petit monstre qui gruge absolument tout de notre personnalité et qui remplit notre tête de noirceur. Avec Julie, je ne me suis pas sentie seule. Au début, lorsque j’ai appris qu’elle était nouvelle, j’ai immédiatement été déstabilisée. Je ne retenais pas qu’elle était une professionnelle de qualité qui avait été choisie pour ses compétences, mais simplement le fait qu’elle venait d’entrer dans la Maison L’Éclaircie. Pour moi, elle ne connaissait rien, ne me comprendrait pas, ne saurait pas où aller. En partant, je perdrais mon temps, j’en étais convaincue. Le trouble en était convaincu.

J’ai quand même décidé de me prendre en main et d’aller à nos rencontres. Ça n’a pas été long et j’ai senti en moi le changement. Je ne savais pas à quel point mettre des mots sur des maux, bien que décousus, pourrait être aussi libérateur. Elle n’a jamais abandonné, elle ne m’a jamais abandonnée, même les fois où je l’ai fait moi-même. Son écoute honnête, remplie de compassion, a fait de nos réunions des moments de paix. À travers nos heures passées ensemble, j’ai appris à partager ce trouble, sans détour ni honte, puisqu’elle me permettait d’exister avec et sans le trouble. Elle comprenait ma manière de penser, anticipait mes réactions et comprenait la violence que je m’infligeais. Elle était là pour m’aider, pas me juger. Nos rencontres étaient sereines et tumultueuses à la fois et je me souviens de chacune d’elles. J’ai créé un lien fort avec mon intervenante et sans ce lien, mon cheminement n’aurait pas été le même.

J’ai longtemps voulu régler mon trouble alimentaire seule. Mais comprenez-moi bien, c’est presque impossible. C’est un processus long qui prend beaucoup de temps et d’amour. Souvent, au début, cet amour si nécessaire n’existe simplement pas envers nous et notre corps. Ça vient par après. Avec le soutien et l’aide. Osez tendre la main. Osez appeler et prendre rendez-vous. Je vous souhaite de trouver votre Julie, celle qui vous donnera l’espoir et qui vous fera voir que c’est possible de s’en sortir.

K.

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