La grotte — Texte : Carl Audet

Voilà que j’amorce ma cinquième semaine de thérapie fermée loin de ceux que j’aime. Un revirement s’est fait dans ma tête il y a une semaine. Celui de lâcher prise envers le négatif. Tout simplement arrêter de m’en faire pour des petits riens. Ainsi, j’ai arrêté d’être impulsif et de me mettre en colère. Aucune envie de consommer de l’alcool également depuis trois semaines.

Maintenant, je me sens prêt à retourner chez moi. Mais je persévère dans le programme afin de mettre toutes les chances de mon côté.

Pourquoi ? Je ne veux pas rechuter. Je ne veux plus souffrir. Je veux être moi-même. Cet homme que je suis devenu et qui ne veut pas retourner en arrière. Cet homme que je n’ai jamais connu. Qui maintenant apprécie davantage la vie d’une autre manière.

Comme dans une grotte sur le bord de la mer qui accumule les débris avec les vagues. J’étais paralysé dans celle-ci. Fuyant la réalité et accumulant les sentiments de colère et négatifs. Épuisé émotionnellement et physiquement, je vivais dans l’isolement.

Maintenant que je suis sorti de cette grotte obscure, je suis capable de communiquer complètement. Je suis capable d’admirer la vie qui s’ouvre à moi. Je commence à établir des buts, des plans et des projets. Tout en gardant à l’esprit : un jour à la fois. Afin de ne pas me mettre de pression.

Toi ma femme, ma fille, mon fils ou mon ami(e), je désire te connaître autrement. Mon écoute est différente maintenant. Mes yeux sont plus grands pour mieux te voir et pour admirer la beauté qui m’entoure. Mon cœur est plus grand pour mieux t’apprécier. Pour la première fois, je suis devenu cet homme. Cet homme qui est devenu meilleur.

Comme à toutes les fins de semaine, nous avons des rencontres avec des gens qui sont rétablis. Des personnes qui ont souffert beaucoup. Parfois même, certains ont tout perdu. Très émouvant de voir leur cheminement.

Terrible cette maladie de dépendance. Malheureusement, trop de personnes en souffrent sans demander de l’aide. Pour d’autres, c’est un moyen de mourir tranquillement.

Merci grandement à ma femme qui m’a aidé à sortir de cette grotte. Qui m’a tendu la main à sa façon. Elle aussi qui sera là pour me soutenir si des obstacles se présentent devant moi.

Lorsqu’elle m’a reconduit à la clinique, elle m’a simplement dit : ne t’inquiète pas pour nous, tout ira bien. Pense à toi et prends bien soin de toi.

Carl Audet



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