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Les mots – Texte : Line Ferraro

J’ai le goût d’écrire, mais les mots ne viennent pas aussi facilement qu’à l’habitude. J

J’ai le goût d’écrire, mais les mots ne viennent pas aussi facilement qu’à l’habitude. J’ai besoin de réfléchir, de faire de la place dans ma tête pour que les mots puissent s’installer et prendre forme. J’ai besoin de ce moment thérapeutique pour me sentir mieux. J’ai besoin d’évacuer mes maux.

Certains mots restent aussi pris au fond de ma gorge. C’est difficile d’en parler. Ma gorge est serrée. Mon cœur est lourd. Je ne sais pas trop ce qui se passe… Pourtant, je sens qu’ils sont là, prêts à exploser. Ils se retiennent, ils n’osent pas sortir de leur cachette. Mon anxiété les retient. Mais j’ai besoin de sortir de ces maux qui me grugent l’âme et qui me font fuir ma vie.

Les mots n’arrivent pas à se frayer un chemin de mon cœur à mes doigts… C’est sûrement mon cerveau qui mène en ce moment. Mon cœur se débat, mes mains sont moites et glissent sur mon clavier. Mes yeux s’embrouillent et je ne perçois plus les lettres. Il faut qu’ils sortent pour que je me sente mieux. J’ai besoin de me vider la tête et le cœur.

Mais je ne trouve pas les mots. J’ai le goût de crier ! J’ai le goût de pleurer ! J’ai peur !

Mais de quoi ? Aucune idée ! J’ai chaud. On dirait que je vais perdre connaissance. Ce serait si facile de se laisser tomber, de se laisser partir… J’ai l’impression que quelqu’un a pesé sur un bouton et que mon être cherche à s’échapper de mon corps.

Mais je devrais plutôt essayer de dormir, de me laisser porter par le bruit de la musique que j’ai choisie. Me laisser bercer par les mots de quelqu’un d’autre. Respire ! Respire !

Des pensées hors de mon contrôle se sont emparées de mon esprit et elles rejouent en boucle des scénarios tous plus intenses les uns que les autres. Des histoires dont je ne connais ni le dénouement ni la fin, et cela m’inquiète au plus haut point.

J’ai des serrements à la poitrine, je fais sûrement une crise cardiaque. Mais non ! Souviens-toi ! C’est ton diaphragme qui se gonfle comme un chapiteau. Respire ! Respire !

Je dois m’accrocher à quelqu’un pour sentir que j’existe encore ! C’est tellement flou dans ma tête. Pose ta main dans mon dos, tiens-moi la main. Parle-moi ! Dis-moi que je suis toujours là… Je n’ose plus parler de ce que je vis, de ce que je ressens. Mon chum ne sait plus comment m’aider. Et je le comprends ! J’ai vraiment besoin d’aide extérieure !

 Mes maux

Ma première thérapie, je l’ai faite à 27 ans. Je cherchais à me comprendre depuis plusieurs années déjà. J’avais pris part à plus de décès que de mariages. Mon parrain est décédé lorsque j’avais 7 ans, ma mère et son chum sont décédés tragiquement dans un accident de moto 11 mois plus tard ; au décès de mon père, j’avais 15 ans, et 21 ans au décès de mon grand-père. Trop de grands deuils à faire pour une seule personne.

Mes maux étaient toujours ancrés dans mon cœur et dans mon âme. J’ai poursuivi ma route, du mieux que je pouvais, avec les ressources que j’avais en moi. Puis, je suis devenue mère assez rapidement. À 31 ans, après un mois de fréquentation, et avec tous les moyens pour ne pas que ça arrive, je suis tombée enceinte. Trois ans plus tard, nous avions trois enfants (jumeaux). La vie était plus douce, plus calme, mais j’avais toujours un vide à l’intérieur. Et puis bang, à 38 ans j’ai dû m’arrêter quelques mois pour prendre soin de moi. J’ai reçu un diagnostic d’anxiété généralisée, de trouble obsessif compulsif et de trouble de l’adaptation. J’ai pris un rendez-vous avec une psychologue. Ça me faisait du bien de parler à quelqu’un qui ne pouvait pas me juger, qui ne pouvait pas me dire des commentaires tels que : Sois forte ! Y’ en a des pires que toi ! Sois courageuse !, c’est comme ça la vie ! Le p’tit Jésus t’a envoyé des épreuves à vivre car tu es capable de les surmonter et qu’il t’aime ! Ben oui, toé !

Le renouveau

À 50 ans, j’ai fait une dépression majeure. Cette fois-ci, j’ai pris 18 mois pour prendre soin de moi. Psychologues, thérapie cognitivo-comportementale de groupe, thérapie par le chant, ergothérapie en santé mentale, méditation. J’ai tellement grandi lors de ces thérapies. J’ai pu faire un grand ménage et je me suis débarrassée de bien des maux. C’est l’un des plus beaux cadeaux que je me suis offerts.

Une chance que j’étais bien entourée autant par ma famille que par mes amies. J’ai osé demander de l’aide. C’est important de parler, d’exprimer ce que l’on ressent, de vivre nos émotions. Il faut aussi des personnes capables d’être à l’écoute de l’autre. Toutes ces thérapies m’ont tellement aidée à cheminer, à comprendre, à me faire confiance et à accepter qui je suis.

Notre santé mentale est aussi précieuse que notre santé physique.

Le beau

Aujourd’hui, j’ai 55 ans et j’arrive beaucoup plus facilement à gérer mes angoisses. Je les sens venir et j’en ai beauuuuuucoup moins qu’avant. J’ai appris à m’arrêter avant que tout déborde. J’ai appris à écouter ma petite voix dès qu’elle me fait signe et avant que celle-ci ne me raconte n’importe quoi…

Line Ferraro

 

La grotte — Texte : Carl Audet

Voilà que j’amorce ma cinquième semaine de thérapie fermée loi

Voilà que j’amorce ma cinquième semaine de thérapie fermée loin de ceux que j’aime. Un revirement s’est fait dans ma tête il y a une semaine. Celui de lâcher prise envers le négatif. Tout simplement arrêter de m’en faire pour des petits riens. Ainsi, j’ai arrêté d’être impulsif et de me mettre en colère. Aucune envie de consommer de l’alcool également depuis trois semaines.

Maintenant, je me sens prêt à retourner chez moi. Mais je persévère dans le programme afin de mettre toutes les chances de mon côté.

Pourquoi ? Je ne veux pas rechuter. Je ne veux plus souffrir. Je veux être moi-même. Cet homme que je suis devenu et qui ne veut pas retourner en arrière. Cet homme que je n’ai jamais connu. Qui maintenant apprécie davantage la vie d’une autre manière.

Comme dans une grotte sur le bord de la mer qui accumule les débris avec les vagues. J’étais paralysé dans celle-ci. Fuyant la réalité et accumulant les sentiments de colère et négatifs. Épuisé émotionnellement et physiquement, je vivais dans l’isolement.

Maintenant que je suis sorti de cette grotte obscure, je suis capable de communiquer complètement. Je suis capable d’admirer la vie qui s’ouvre à moi. Je commence à établir des buts, des plans et des projets. Tout en gardant à l’esprit : un jour à la fois. Afin de ne pas me mettre de pression.

Toi ma femme, ma fille, mon fils ou mon ami(e), je désire te connaître autrement. Mon écoute est différente maintenant. Mes yeux sont plus grands pour mieux te voir et pour admirer la beauté qui m’entoure. Mon cœur est plus grand pour mieux t’apprécier. Pour la première fois, je suis devenu cet homme. Cet homme qui est devenu meilleur.

Comme à toutes les fins de semaine, nous avons des rencontres avec des gens qui sont rétablis. Des personnes qui ont souffert beaucoup. Parfois même, certains ont tout perdu. Très émouvant de voir leur cheminement.

Terrible cette maladie de dépendance. Malheureusement, trop de personnes en souffrent sans demander de l’aide. Pour d’autres, c’est un moyen de mourir tranquillement.

Merci grandement à ma femme qui m’a aidé à sortir de cette grotte. Qui m’a tendu la main à sa façon. Elle aussi qui sera là pour me soutenir si des obstacles se présentent devant moi.

Lorsqu’elle m’a reconduit à la clinique, elle m’a simplement dit : ne t’inquiète pas pour nous, tout ira bien. Pense à toi et prends bien soin de toi.

Carl Audet

Semaine de sensibilisation aux troubles alimentaires | Les rencontres de groupe – Texte: Kim Boisvert

Là, écoute-moi bien, j’vais te parler dans mes mots à moi, souv

Là, écoute-moi bien, j’vais te parler dans mes mots à moi, souvent un peu trop secs, pas assez huilés, mais les vrais, ceux qui t’aideront à comprendre dans quoi tu t’embarques.

Le jour où j’ai accepté que j’avais besoin d’aide, j’ai pris le téléphone et j’ai appelé à la Maison L’Éclaircie. Le premier contact, c’est quand même un bon pas de fait. Je me souviendrai toujours que je m’étais dit que là, ça avancerait, que j’aurais les trucs pour m’enlever les doigts de la gorge. J’étais excitée et nerveuse, fébrile et craintive. J’croyais que peu importe qui appelait, on avait immédiatement une place. Mais c’est pas tant ça, parce que t’sais, ça coûte des sous offrir des soins de qualité et des groupes de soir. Les subventions et les dons ne pleuvent pas. Quelques jours plus tard, j’ai rencontré Josée. Oh Josée, rien que d’y penser, j’ai envie de l’embrasser dret’ là. De l’amour en barre. Pis de l’amour dans cette rencontre, ça en prend parce que c’est là, pendant 1 h 30 que tu dis EXACTEMENT tout sur ton passé de trouble alimentaire, de pesées, d’habitudes pis toute pis toute. Et faut pas tu te censures parce que t’sais, t’es quand même là pour guérir, hein ? C’était la première fois que je m’entendais dire à voix haute :

« Je me fais vomir environ 1 fois par jour quand ça va moins bien, 2 fois par jour si ça ne va pas du tout et parfois, j’arrive à sauter des jours. Oh, et aussi, je peux manger un sac de Chipits, un demi-litre de crème glacée et un chips en 10 minutes. Tout ça la nuit, parce que t’sais, faudrait pas que mon chum s’en rende compte. Oh, et aussi je me pèse 4 à 5 fois par jour. Oh, je calcule le nombre de calories que je dépense au gym, sinon ça ne me sert à rien d’y aller. »

Et ça a continué pendant 1 h 30. À savoir ce que je m’interdisais, ce que je calculais, etc. Tu sors de cette rencontre‑là avec l’amour de Josée sous le bras et ta fierté sous l’autre. Parce que tu sais que tu dois délaisser un des deux et accepter l’autre pour pouvoir avancer, le temps que l’amour vienne de toi.

Ensuite, une fois que t’as été choisie, tu commences les rencontres de groupe, les Hunger Games commencent. La première rencontre, tu compares les autres. Dis pas que tu le feras pas, on le fait toutes. Sinon on s’entend que nous ne serions pas assises dans ce salon d’une vieille maison qui craque de partout. On se juge et on juge les autres. Alors on se juge secrètement en se disant pleins de débilités. Je me suis fait demander si c’était comme les AA. Si j’y étais déjà allée, j’aurais pu juger. Mais mettons qu’on se fie aux films, parce qu’on sait tous que les films, c’est vrai, eh bien ça y ressemble un peu, mais en beaucoup plus chaleureux. On se prend une place sur un vieux divan défoncé ou une chaise berçante tellement confortable qu’à toutes les réunions, on essaie de l’avoir, une doudou pour se réchauffer ou se cacher les cuisses dans mon cas parce que t’sais, elle, elle est bien plus mince que moi.

Et là tu te fais rentrer dedans. Tu te le fais dire, que t’es malade. Et tu échanges sur tes sentiments, ta situation. Tu vois ton trouble t’arriver en pleine face, parfois par le regard d’une autre participante. Le cœur va te déchirer de peine et de honte, parfois même de rage. Dans mon cas, ça a été violent et sauvage comme processus. Parce que j’étais pas si malade que ça, dans ma tête. Quand tu te rends compte que tout ce que tu fais, c’est pas normal, la pilule est dure à avaler. Autant que le huitième biscuit que tu t’enfiles devant le miroir en pleurant, en te disant que anyway, t’es juste bonne à ça. Mais souviens-toi que c’est dit dans l’amour, et que si les premières discussions et les activités n’étaient pas dirigées vers l’acceptation du fait que OUI, t’es malade, que tu souffres d’un trouble alimentaire, bah ça ne servirait à rien.

J’ai pleuré dans des rencontres, j’ai été soulagée d’être moins pire que je pensais dans d’autres. J’en ai fait des cauchemars parfois et à d’autres moments, j’suis arrivée à la maison en riant. Ça nous chamboule, mais ça nous fait tellement grandir ! Tu te découvriras, te retrouveras, pour vrai. Les intervenantes sont là pour toi, pour ton trouble et ton cœur. Pour t’aider et t’accueillir, et les autres participantes et toi, vous développerez une cohésion surprenante. C’est vraiment beau, de travailler ensemble contre un problème. L’esprit de groupe est vraiment fort. Laisse-toi bercer, pour une fois.

Lors des rencontres, tu dois accepter d’être toi, entièrement. Si t’as pas envie de partager, on ne t’obligera pas. C’est toi qui décides si t’es prête ou non à guérir. Mais sache qu’y’a que toi qui peux faire le chemin, et que t’es capable de le faire ce chemin. Le plus génial, c’est que tu ne fais pas le chemin seule cette fois‑ci. Ça fait toute la différence.

Ma mère nous disait : comment ça se mange un éléphant ? La réponse est bien simple, à la cuillère. Alors, prends ta cuillère, appelle à la Maison L’Éclaircie ou chez ANEB et ne reste pas seule. Pis si tu veux m’en parler en privé, contacte-moi et on va en jaser, avec autant d’amour que Josée.

K.

xxx

P.-S. Si tu veux soutenir un de ces délicieux OBNL, vas‑y fort. Même 2 $, c’est déjà ça. Moi, ça m’a sauvé la vie.

C’est terminé ! Texte: Carl Audet

La vie nous réserve parfois des obstacles gigantesques auxquels on

La vie nous réserve parfois des obstacles gigantesques auxquels on ne s’attend pas. Encore moins l’effort requis pour les franchir.

Je n’en pouvais plus de me mentir à moi-même. Voir ma vie en désordre était insupportable. Plus le temps passait, plus mon style de vie s’aggravait. Mon horaire de vie était complètement à l’envers. J’avais de moins en moins d’intérêt pour certaines tâches et activités avec les enfants. Des promesses non tenues envers ma femme à plusieurs reprises. Je devais mettre fin à ce style de vie qui était difficile pour tous.

Donc j’ai laissé ma famille que j’aime tellement pour aller en thérapie fermée. Pour résoudre ce problème quotidien d’alcool qui persistait depuis mon retour de l’Afghanistan, il y a de cela plus de seize ans.

Oui, pas facile d’admettre qu’on a un problème de consommation et qu’on a besoin d’aide. Encore moins facile, le début de la thérapie. Arrivé à la clinique, j’étais placé en confinement pendant trois jours dans une chambre (merci COVID !).

Mes bagages étaient confinés dans une autre pièce. Pas de téléphone et portable pour deux semaines.

J’avais l’impression d’entrer en prison même si j’étais avec mon chien d’assistance. J’étais complètement coupé du monde extérieur.

Je devais vivre avec d’autres personnes ayant des problèmes comme les miens ou similaires. Par contre, nous avions tous une chose en commun : la souffrance.

Un aspect nous réunissait, celui de la volonté d’effectuer un nouveau départ pour de bon. Mettre fin à cette souffrance est le désir de nous tous. Pour ma part, je suis prêt à combattre. Je ne veux pas à avoir à retourner en thérapie fermée. Réapprendre à vivre sans cette dépendance est ma seule option.

Je veux avoir un mode de vie sain pour moi-même et pour ma famille. Je ne veux surtout pas perdre ce qui est le plus important pour moi : ma famille.

Les séances de thérapie sont épuisantes. Je constate un gain d’énergie qui progresse chaque jour. Déjà au début de ma troisième semaine, j’observe une forte amélioration de ma santé physique et mentale.

L’abstinence n’est pas la solution. Seule la sobriété est une option. Je devrai mettre en application les outils appris en thérapie.

Je suis déterminé à être heureux, ne plus souffrir et apprécier la vie. Je me souviendrai toujours d’où j’étais afin de me rappeler cette souffrance. La maladie n’est pas dans la bouteille mais plutôt dans ma tête. Je suis un alcoolique. De plus, ce gène est en moi…

Je veux devenir ce papa toujours disponible pour ses enfants et être leur parfait modèle.

Aujourd’hui, je suis très content d’être ici en thérapie. Je réalise que je suis malade et que mon corps était intoxiqué par l’alcool. Merci à mes thérapeutes et à ma famille pour leur soutien. Merci à la vie !

Carl Audet

Le soldat qui ne dormait jamais

Je n’ai jamais été d’un tempérament anxieux. J’étais plut

Je n’ai jamais été d’un tempérament anxieux. J’étais plutôt une optimiste, une « je-fais-confiance-à-la-vie », une téméraire, une heureuse. Je prenais la vie une journée à la fois, bravais les tempêtes, accueillais le soleil. Un jour, tout s’est brisé.

Ce jour‑là, je me suis séparée de mon ancien conjoint. Il n’a pas pris la rupture. Il y a eu beaucoup de violence. Pas de violence physique. La psychologique. Celle qui ne laisse pas de bleus sur la peau, mais qui meurtrit l’âme. Celle qui fait douter de soi. Celle qui part avec l’estime personnelle et qui te laisse étrangère à toi-même. Celle qui fait que tu ne te reconnais plus. Mes enfants ont comme expression : « T’es cassée ». Je l’étais solide.

C’est dans cette période que les premiers symptômes de l’anxiété sont apparus. Sournoisement. L’insomnie, la fatigue, la perte d’appétit, les étourdissements, l’anticipation et l’hyper vigilance. Il n’y avait pas qu’un hamster dans ma tête. C’était plutôt des familles de hamsters qui roulaient jour et nuit. Ça m’épuisait à force de rouler comme ça. Pas moyen de me donner une pause.

Mes perceptions de la vie changeaient. Et moi aussi. Je redoutais la prochaine catastrophe. Les hamsters et les scénarios continuaient de se bousculer dans ma tête. J’avais perdu le contrôle. J’étais devenue un soldat en guerre équipé pour le pire qui ne venait jamais. Un soldat au front, toujours prêt. Le soldat qui ne dormait jamais dans le fond de sa tranchée s’est épuisé.

Et est venue cette boule. Cette oppression au milieu de la poitrine. Au cœur du plexus solaire. Le milieu des émotions, qu’on dit. Cette difficulté à respirer, à ressentir la vie, à la goûter. Tout était devenu danger. Tout pouvait arriver. Et ce n’était plus pour le meilleur et pour le pire. C’était pour le pire et c’est tout. Cette impression de suffoquer, le cœur qui s’emballe et qui fait mal. Mon dieu je vais mourir. Mais je ne meurs pas. Ça s’appelle une crise d’angoisse. Pas une crise cardiaque. Dieu merci, j’avais survécu à celle-là.

J’ai essayé le verre de vin, puis la bouteille. J’ai essayé l’arrêt de travail et les médicaments. J’ai essayé les techniques de respiration et même le yoga. Temporairement, j’arrivais à me mettre en pause. À m’anesthésier. Mais la boule revenait. Ces moyens‑là ne me suffisaient pas. Il fallait faire différent. Il fallait que je reconnaisse que seule avec mes hamsters, je n’y arrivais plus. J’ai appelé une psychologue, j’ai ouvert la porte, je suis entrée dans son bureau et j’y suis toujours.

J’arrive aujourd’hui à gérer davantage mes scénarios et mes pensées. Vous dire que je ne suis plus un soldat serait mentir. Je suis toujours un soldat. Mais le soldat va maintenant dormir lorsque c’est son tour. Le soldat sait qu’il peut y avoir un danger mais pas toujours. Que la vie, ça peut vraiment être beau et simple des fois.

Eva Staire

Ces psys qui changent des vies

Souper de famille comme tous les autres… On jase autour de la tabl

Souper de famille comme tous les autres… On jase autour de la table de choses bien ordinaires quand, tout à coup, mon 9 ans plante son regard sérieux dans le mien et déclare : « Maman, j’aime tellement ça t’écouter parler. Je trouve ça vraiment intéressant. » Décontenancée, je bredouille un genre de : « Merci, on s’en rejasera quand t’auras quatorze ans. » Ben oui, je suis plate de même.

Mais de toute façon, ma réponse avait peu d’importance. Je ne m’en doutais pas à ce moment-là, mais son affirmation avait bien peu à voir avec le récit de ma journée. Mon fils se découvrait simplement un grand intérêt pour écouter.

C’est deux semaines plus tard que je l’ai réalisé, lorsqu’il m’a annoncé qu’il s’intéressait à un nouveau métier potentiel : « Dans la BD que je lis, la fille voit un psychologue pour discuter des problèmes qu’elle a avec son diablotin. Ça me ferait un bon travail ça, non? » Tadam! Mon petit bonhomme, qui rêvait encore de devenir druide il y a deux ans, me parlait maintenant d’ouvrir un cabinet de psychologie.

Quand notre rejeton commence à se projeter dans sa vie d’adulte, ce n’est plus vraiment le temps de faire des blagues, alors je lui ai répondu avec mon cœur cette fois-ci : « Mon coco, choisir une carrière, c’est trouver de quelle façon nous souhaitons contribuer à la société. On peut aider les autres en étant mécanicien, médecin, enseignant ou chanteur d’opéra… On ne manque pas de problèmes à résoudre sur cette Terre, alors les options sont nombreuses. Mais je suis convaincue que l’écoute et l’accompagnement d’un bon psychologue peuvent changer toute une vie. Alors si ça te plaît, c’est sûr que ça te ferait un bon travail. »

Mon coco, il connaît seulement la version actuelle de sa maman, la version heureuse. Il ne connaît pas tout le chemin parcouru pour arriver à ce bonheur.

Me proposer de rencontrer une psychologue était le plus beau présent que mes parents pouvaient offrir à l’adolescente angoissée et perdue que j’étais il y a vingt ans.

J’avais tellement refoulé mes émotions que j’avais brisé le pont avec moi-même. J’ai passé mes premiers mois en thérapie à répondre : « Je ne sais pas » à la question « Qu’est-ce que ça te fait? » (Je vous laisse imaginer les longs silences malaisants des premières consultations.) Ma psy essayait de gratter la surface, mais on n’avait accès à rien. Blindée. Puis j’ai passé les mois suivants à répéter : « Mais je ne veux pas que ça me fasse ça » lorsque de petites bulles arrivaient tant bien que mal à émerger des profondeurs. Je devais apprendre à laisser mes émotions exister, leur faire une place sans les juger bonnes ou mauvaises. Et j’avais besoin de beaucoup de soutien pour y arriver parce qu’une sensation de vide insupportable grondait en dessous de tout ça.

Le type de thérapie que j’ai suivi ne visait pas à me guérir de quoi que ce soit. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’apprivoiser ce que je ressentais et par le fait même, découvrir qui j’étais. Sans cette connexion avec moi-même, j’avais perdu ma boussole. Mes décisions étaient fragiles et volages, s’adaptant aux désirs des autres, essayant de plaire à tout le monde (on s’entend que c’est plutôt irréaliste comme objectif). Sans accès à ma colère, je laissais mes premiers chums dépasser mes limites. Je m’engluais dans des relations toxiques. J’acceptais de reprendre une relation avec un copain que je venais juste de laisser, à l’hôpital, après sa tentative de suicide. Je me présentais à un poste de police, terrorisée par un ex qui refusait de me laisser partir. Sans entrer plus dans les détails, vous aurez compris que ma vie amoureuse était loin d’être glorieuse.

Ma destinée a pris un chemin de traverse grâce à quelques années de thérapie tombées du ciel à une période charnière de mon existence. Je m’y serais inévitablement retrouvée plus tard de toute façon, à soigner un burnout ou une dépression… parce que, comme le dit si bien ce proverbe danois : « Qui suit les avis de chacun construit sa maison de travers. » Moi, j’ai eu la chance de construire une vie qui me ressemble et qui répond à mes besoins grâce à mes deux fantastiques psychologues (je les salue affectueusement en passant). Elles m’ont appris à me traiter avec bienveillance et m’ont donné les outils nécessaires pour devenir une femme, une amoureuse et une mère plus épanouie. Et peut-être que cette écoute respectueuse que j’ai fait entrer dans nos vies, mon fils a maintenant envie de l’offrir aux autres?

Elizabeth Gobeil Tremblay

Chanter, ça fait du bien!

J’ai toujours aimé chanter. Déjà toute petite, j’attirais l

J’ai toujours aimé chanter. Déjà toute petite, j’attirais l’attention de ma famille et je leur demandais de m’écouter chanter. À la maternelle, j’adorais le moment où l’on devait apprendre une nouvelle chanson.

Je me rappelle qu’à l’adolescence, lorsque j’attendais l’autobus, je m’improvisais chanteuse et je chantais à tue-tête dans l’abribus. Je trouvais que ça sonnait bien! Je l’ai même fait à quelques reprises à l’âge adulte. Hi! Hi! Hi!

Oui. Ça m’est aussi arrivé de faire quelques fausses notes dans la doucheeeeeeeee!

Plus tard, dans mon rôle d’éducatrice, j’ai pu continuer d’exercer ma voix à différents moments de la journée. Je chantais pour animer les moments de routine, je chantais lors de la sieste. Mes collègues venaient me voir pour retrouver un air de chanson ou pour des paroles oubliées.

Je trouve cela très libérateur de pouvoir s’exprimer en chantant. Chanter tout bas, en chuchotant quelques phrases en anglais, pas toujours avec les bons mots, mais bon! Chanter sa toune préférée lors d’une peine d’amour, la faire jouer en boucle, encore et encore. Chanter fort lorsque la colère gronde. Chanter à tue-tête lorsqu’on est heureux.

Que de beaux moments j’ai passés dans ma voiture, le volume dans le tapis. Et parfois, pour ne plus entendre mes enfants chialer, je montais le son. Ils arrêtaient immédiatement. Le message était clair, c’était la fin du chialage.

Parfois, je me fais surprendre par mes adolescents, les écouteurs sur les oreilles, la musique à fond et moi qui chante comme une déchaînée. Pour faire la vaisselle, c’est un bon stimulant.

Lorsqu’ils étaient bébés, je chantais pour qu’ils se calment. La douce voix d’une maman ou d’un papa est bénéfique pour l’enfant. Cela le rassure, le sécurise.

J’aurais aussi pu m’inscrire dans une chorale, suivre des cours de chants, mais je n’ai jamais osé! Chanter avec des adultes pour des adultes, ouf! Beaucoup trop d’anxiété à gérer.

Puis un beau jour, lors d’une thérapie de groupe, on m’a proposé de participer à une activité de rétablissement par le chant. Lorsqu’on m’a parlé de ce type d’activité, j’ai embarqué sans me poser de question. Le moment était venu de foncer et d’oser.

J’allais pouvoir chanter dans une chorale et côtoyer des gens qui, tout comme moi, ont eu à traverser des problèmes de santé mentale. J’ai osé! Jamais je n’aurais fait de démarche en ce sens auparavant. J’avais trop peur du jugement des autres. Mais là! Les autres étaient tous comme moi.

Pendant six mois, deux fois par semaine pour un total de six heures, je me rendais à la salle de pratique avec enthousiasme. Ce temps passé à chanter, à rire, me faisait un bien énorme.   Pendant six heures, j’étais une chanteuse et non pas une femme de 51 ans avec un trouble d’anxiété généralisée et en dépression. (Je vais très bien maintenant.)

J’ai eu droit à une chanson écrite par mon professeur sur le thème OSER. Il m’a proposé de chanter en solo lors du spectacle de fin d’année. Oser chanter devant des centaines de personnes était tout un défi. Et je l’ai fait. J’ai tripé fort! Nous avons même enregistré un CD.

Mon estime de moi a grandi, j’ai repris confiance en moi et en mes capacités. Je n’ai presque plus peur du jugement des autres (c’est un travail à vie!) En fin de compte, j’ai de l’oreille et je chante juste. Mon groupe et moi sommes allés chanter pour des gens dans les CHSLD de la Montérégie. Une façon de redonner au suivant. J’ai adoré mon expérience.

Cela fait maintenant six mois que ma participation à la chorale est terminée. Mais je n’ai pas arrêté de chanter pour autant. C’est maintenant au tour d’autres personnes de bénéficier de cette activité. Une belle façon de briser l’isolement et de faire taire les préjugés face à la santé mentale.

Cette activité de rétablissement a été organisée, planifiée, pensée par Serge Vincent Raymond, auteur, compositeur et interprète. Depuis plus de dix ans, il s’est associé au CSSS de la Montérégie pour offrir aux personnes ayant à traverser des problèmes de santé mentale cette thérapie de rétablissement par le chant. Il a aussi créé l’association Ces Voix oubliées. 

Chanter pour votre santé, c’est super pour votre bien-être!

Line Ferraro

Mettre sa vie sur pause

Il y a un an exactement, le 31 mars 2016, je décidais de partir en

Il y a un an exactement, le 31 mars 2016, je décidais de partir en thérapie pendant vingt‑huit jours sans aucun contact avec l’extérieur. Mettre ma vie sur pause, car ce n’était pas une semaine dans un tout-inclus qui allait me guérir de ce mal intérieur que je sentais grandir depuis quelques années. Depuis quand en fait? Je ne savais plus, car du plus loin que je me souvenais, j’ai souvent senti que je venais d’une autre planète.

Non, je ne suis pas alcoolique ou dépendante des drogues, non, je ne suis pas bipolaire ou folle à lier, peut-être juste dotée d’un cœur plus sensible que la moyenne. Le 28 avril 2016, après vingt‑huit jours à pleurer ma vie, mes échecs, ma séparation, mon enfance, mon père absent et mon petit frère tannant. Vingt-huit jours à écrire ma vie (du plus loin que je me souvenais) avec les petits et les grands deuils, les rejets, les peurs de ne pas réussir et surtout ce désir de me faire tant aimer. La veille de ma sortie, j’ai regardé brûler ce rouleau de papier contenant Les malheurs de Véro sur l’air de Human, de Christina Perri. J’ai dit au revoir à mes amis de thérapie pour reprendre ma route seule avec un sac à dos rempli de nouveaux outils pour m’aider à mieux gérer mon anxiété et mes peurs.

Depuis un an, les relations toxiques ne m’attirent plus, j’apprends à apprivoiser ma solitude, à rassurer ma petite Véro et à lui dire qu’elle est bonne, qu’elle peut venir poser sa tête sur mon épaule et que je vais la consoler et l’écouter. J’apprivoise beaucoup de choses, comme le fait de voir partir ma fille et de réaliser que ma fin de semaine sans elle n’est pas remplie de milliers d’activités et de tonnes d’amis. Que je peux passer quarante‑huit heures seule avec moi‑même, aller au cinéma ou au spa en solo et me donner une tape dans le dos : Bravo Véro! En apprenant à être bien seule, tu finiras par accepter plus facilement la vie à deux avec ses hauts et ses bas!

Je vous mentirais si je vous disais que cette dernière année a été facile. Malgré le yoga, les lectures et surtout le fait de mieux gérer mes pensées, il y a certains matins où je sens que ma sérénité est partie prendre une marche et a perdu son chemin au retour. J’ai cependant compris que j’ai tellement de potentiel en moi, un boulot de rêves depuis le début de ma carrière, des amies en or, une maman si aimante et une charmante cocotte qui m’apprend jour après jour que la vie est remplie de petits bonheurs avec son regard émerveillé sur la vie. Ma plume me permet de parler de ce que je vis, on se confie à moi et on réalise que je ne suis pas une superwoman. Je m’implique en santé mentale, j’ose parler des tabous liés à la dépression, à l’anxiété et aussi de ma grande sensibilité. Pendant vingt‑huit jours, on m’a parlé du moment présent, que je ne peux contrôler le futur, que je ne peux ressasser le passé. Que je dois vivre mon ici et maintenant… et ça fait presque 365 jours que je me le répète!

Véronique Hébert

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Des nouvelles d’Étienne !

Je ne pouvais pas rester silencieux en cette journée si importante

Je ne pouvais pas rester silencieux en cette journée si importante Bell Cause pour la Cause.

Le 11 janvier dernier, j’ai annoncé que je retournais en thérapie et que je passerais le mois de janvier loin des caméras, des micros et des réseaux sociaux.  Jusqu’à la dernière minute, ce jour-là, j’ai douté de ma décision de rendre ma situation publique. J’avais peur de vos réactions et de votre jugement.

Ma famille et mon agente m’ont fait part de l’immense vague d’amour dont j’ai été l’objet. Je n’en reviens tout simplement pas. J’ai toujours été mon plus dur critique. Aujourd’hui, vous me prouvez que j’ai bien fait d’en parler et de m’ouvrir. Je ne pourrai jamais vous remercier assez.  Vous avez fini par me convaincre que j’ai pris la bonne décision.

Si j’ai choisi de prendre quelques instants pendant ma thérapie pour vous écrire, c’est afin que vous sachiez à quel point c’est important de s’ouvrir à nos proches sur nos problèmes. La maladie mentale, c’est trop lourd pour une seule personne.

Sachez que je vais bien, que je travaille fort sur moi-même et que j’ai hâte de vous revenir en grande forme!

Étienne

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L’art-thérapie ou l’art de faire du bien… quand maman perd ses cheveux

L’art-thérapie est une méthode qui consiste à utiliser l’expression artistique et la créativ

L’art-thérapie est une méthode qui consiste à utiliser l’expression artistique et la créativité d’une personne à des fins psychothérapeutiques. Mais quand c’est la personne qui devient l’œuvre, est-ce que les effets thérapeutiques sont aussi efficaces?

Et bien, de mon expérience, je vous dirais que OUI. Je dirais même que la déformation de cette méthode par mes enfants m’a apporté encore plus de bienfaits et de bien-être que si j’avais simplement utilisé un mode d’expression artistique quelconque pour passer à travers l’épreuve difficile de la perte des cheveux.  Non seulement leur créativité m’a fait du bien. Mais elle LEUR a fait du bien aussi.

Je vous explique. Comme la plupart le savent, un des effets secondaires de la chimiothérapie est la perte complète des cheveux. Une épreuve difficile pour une jeune femme célibataire de 36 ans, mais aussi pour son entourage direct. Cette perte, bien que temporaire, nous renvoie à l’image de soi, au regard de l’autre et surtout…surtout, aux standards de beauté! Les sacro-saintes normes esthétiques de nos sociétés!

Une femme est tellement plus belle avec les cheveux longs, n’est-ce pas? En tout cas, c’est ce qu’on apprend à nos enfants dès le plus jeune âge par le biais de contes de fées. Toutes ces princesses qui rivalisent de féminité avec leur longue chevelure.

Tandis que l’image de la femme rasée est chargée de connotations négatives. Une image qui s’est construite au fil du temps et de l’Histoire… La tonte de la chevelure est un châtiment présent dans plusieurs cultures, depuis bien longtemps. Au Moyen-Âge, ce châtiment était utilisé contre les femmes adultères. Après la Seconde Guerre mondiale, les femmes soupçonnées d’avoir collaboré intimement avec les Nazis étaient également rasées. En Inde, les veuves doivent se raser la tête à la mort de leur mari. Bref, cette marque publique est une véritable humiliation pour les femmes. Alors comment se défaire de cette honte lorsque la perte de la chevelure est causée par la maladie?

Je n’ai pas de réponse miracle. Je pense que c’est un travail personnel que chacune doit faire avec elle-même pour arriver à assumer son coco. Dans mon cas, ce sont mes enfants qui m’ont beaucoup aidé dans ce processus. L’avantage de l’innocence de la jeunesse! Leur esprit n’a pas encore été souillé par les dictats de beauté et leur jugement n’est pas encore altéré par l’opinion des autres… Alors ils ont accueilli mon coco comme un Kinder Surprise. Et comme la perte de mes cheveux a coïncidé avec le weekend de Pâques, ma fille a eu la brillante idée de me peindre le coco pour l’occasion! Histoire que je porte les couleurs de mon deuil…

Et je vous assure que de devenir, le temps d’une journée, l’œuvre d’art de ma fille a eu de grands effets thérapeutiques sur mon bien-être intérieur. Et l’utilisation de l’expression artistique a aussi permis de dédramatiser la perte des cheveux aux yeux de mes enfants. Quand l’art fait du bien. Et que le rire ne tient qu’à un cheveu…

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