Ce week-end, nous fêtions le 50
e anniversaire d’une personne qui m’est très chère
Ce week-end, nous fêtions le 50e anniversaire d’une personne qui m’est très chère.
Elle a répété au moins un millier de fois à quel point elle était fière de la personne qu’elle était devenue, à quel point elle était fière de ses enfants, de son mari, de la femme qu’elle est devenue.
Je lui ai simplement dit : « Mom, c’est ce qu’on appelle être sur son X ». Vous auriez dû voir son expression faciale qui disait : « Excuse-moi, qu’est-ce que tu as dit ? Être sur son X, c’est une expression de jeunes ça… »
Du haut de mes 31 ans, j’ai expliqué à ma mère qu’être sur son X voulait simplement dire que nous étions où nous voulions dans la vie, que nous étions exactement où nous devions être à cet instant précis.
Ma mère, c’est une femme forte, une femme remplie d’ambitions. Elle travaillait depuis près de 20 ans dans une compagnie qui ne la rendait pas heureuse. Lorsque je lui ai annoncé ma grossesse, elle a entrepris de finir son secondaire, puis d’aller faire un AEC pour avoir un « vrai » métier.
Elle est aujourd’hui gérontologue, mariée avec l’homme de ses rêves qu’est mon beau-père. Elle s’occupe de ma grand-maman qui est atteinte de démence, sans compter toutes les autres choses connexes. C’est un magnifique accomplissement, ce que cette femme a pu accomplir.
Ce qui me ramène à ma propre existence : qu’est-ce que j’ai fait, moi ? Où en suis-je rendue dans mon cheminement ?
Dès l’âge de 18 ans, je suis devenue maman. J’ai terminé un cours dans lequel je ne travaille pas présentement, mais je suis une supermom.
J’ai sacrifié bien des choses, j’ai fait des erreurs, mais je me sens accomplie dans le rôle que j’ai en tant que maman.
J’ai un job au-delà de ce que j’aurais pu espérer et qui concilie le travail-famille, dans le domaine de la construction que j’adore.
J’ai abandonné des rêves pour mes enfants, puisque la séparation avec leur père ne me permettait pas de les réaliser, mais je réalise que ces rêves abandonnés ne sont que partie remise.
Je prends d’autant plus conscience que ce n’est pas la vie que j’avais choisie. Me retrouver seule une semaine sur deux, élever mes enfants du mieux que je peux, continuer d’avancer, faire comme si tout allait bien en tout temps devant ces trois petites merveilles.
Faire comme si tout allait bien tout le temps, toujours, devant tous ces gens que j’aime.
Trop souvent, je m’inflige des remises en question, des reconditionnements nécessaires. Je n’arrive pas à me situer dans le temps, à me voir à long terme, parce que j’essaie toujours d’obtenir le mieux pour eux.
J’avais hâte moi aussi de me retrouver sur mon X, de ressentir le sentiment de l’accomplissement.
J’ai ce week-end réalisé que ce X, nous pouvons l’obtenir à plusieurs moments de notre vie. Nous l’obtenons dans chacune de nos petites victoires.
Chaque moment que l’on vit, chaque instant où nous savons que nous vivons quelque chose de précieux, nous sommes sur notre X.
Peut-être pas le X de notre vie, mais notre X du moment.
Un X que nous devons choyer, Ã tout moment.
Pour ma part, mon X du moment, c’est de savoir que mes enfants sont en sécurité, dans un environnement où ils sont heureux. C’est de m’être fait dire tout le week-end à quel point j’ai des enfants merveilleux.
Malgré tous les doutes qui planent au-dessus de ma tête, mon moment je le vis, je l’apprivoise.
Un jour, pas si lointain je l’espère, je me retrouverai au même moment X que ma maman exceptionnelle, selon mes besoins, mes choix et chacune des petites victoires que j’aurai atteintes.
Jessica Thériault