Archives février 2022

Le retrait de mes trompes, mon choix ! Texte : Stéphanie Dumas

Je suis une femme stérile de 32 ans. Et vous savez quoi ? Je me sens enfin libérée de ce poids

Je suis une femme stérile de 32 ans. Et vous savez quoi ? Je me sens enfin libérée de ce poids qu’étaient devenues ma fertilité et la maternité biologique. Ce message, je voulais le partager aux femmes, mais aussi à tous ceux qui peuvent mettre de la pression ou juger les femmes en regard de leur fertilité. Bref, de leur rôle quant à la procréation. La charge mentale relativement aux difficultés et aux choix liés à la conception demeure aussi trop souvent inégale entre les femmes et les hommes. Comme si les hommes étaient libérés de toute cette pression sociale.

Toutes les femmes devraient avoir le choix. Malheureusement, c’est encore tabou dans notre société moderne de 2022. Trop de femmes se font encore juger parce qu’elles prennent une décision quant à leur fertilité. Que le choix soit de ne pas avoir d’enfant ou bien de vivre la maternité autrement. Une femme ne devrait jamais avoir à justifier le fait de ne pas vouloir d’enfant ou de ne pas vouloir porter ses enfants. Une famille peut se constituer de plusieurs façons et ce n’est pas seulement une affaire de sang et de gènes. Beaucoup d’entre nous ressentent une pression face à ce rôle dans notre société, dans notre entourage et même avec les membres de nos familles proches. En fait, la pression peut même venir de nos propres parents. Vous rappelez-vous l’âge que vous aviez lorsque vos parents ou vos proches ont commencé à vous parler de bébés ?

De manière plus personnelle, la décision de faire retirer mes trompes est venue suite à un parcours difficile en fertilité. L’expérience de la maternité a été un parcours de douleurs et de souffrances autant physiques que mentales pour moi et pour mon partenaire. Finalement, il s’est terminé avec la résilience. Après quatre ans de tentatives durant lesquelles nous avons vécu six fausses couches (deux grossesses ectopiques) et des traitements de fertilité, j’ai fait le choix, mon choix, que la maternité biologique n’était pas pour moi. Un concours de circonstances a fait en sorte que mes trompes furent retirées en janvier 2022. Je suis maintenant stérile. Et je me sens enfin sereine. Personnellement, ce n’est pas pour ne pas vivre l’expérience de la parentalité, nos enfants arriveront à nous par un autre chemin un peu plus long simplement via la banque mixte. Et vous savez quoi, c’est tout aussi excitant.

Pensez-y avant de juger…

Stéphanie Dumas

Seule, dans le noir – Texte : Audrey Boissonneault

L’écho de tes sanglots résonne dans la pièce, un peu comme ta respiration qui court après l’

L’écho de tes sanglots résonne dans la pièce, un peu comme ta respiration qui court après l’oxygène. L’hyperventilation se fait entendre dans la chambre. Seule, tu sais que c’est une des seules fois où tu peux te permettre de « tomber ». Le visage boursoufflé, les mains tremblotantes, le sifflement qui peine à passer au travers de tes bronches. Tu perds quelques secondes à décoller tes paupières ; dans le noir et seule, tu les refermes, aussi, fort.

Les palpitations qui se démènent à sortir de ton corps, les étourdissements qui s’en échappent, les mains accrochées aux couvertures, afin de pouvoir camoufler ta douleur. Tu te répètes à mainte reprise : respire, doucement, prends une grande respiration…

Les mots se chevauchent dans ta tête. Aucune phrase nette n’arrive à se former, les syllabes et les consonnes se mêlent les unes dans les autres. Tu sais qu’à nouveau, tu es prise dans cette attaque de panique, seule dans le noir. Personne ne te voit, personne n’a conscience du mal-être que tu vis. Parce que tu sais que c’est beaucoup plus facile de se faire aimer dans la lueur du jour qu’en pleurant à genoux, dans la salle de bain. Parce que c’est beaucoup plus facile de se faire aimer lorsque nous sommes tout ouïe que lorsque nous sommes au bord du gouffre.

Je me questionne, par moment, sur le pourquoi. Pourquoi j’ai aussi peur qu’on me voie de cette façon ? Pourquoi ai-je l’impression que je réagirais d’une différente façon en voyant un de mes proches ? Pourquoi suis-je plus inquiète pour eux que pour moi ? Pourquoi ai-je l’impression de manquer d’air ? Pourquoi ai-je aussi mal ? Pourquoi ai-je aussi peur ?

Je fais de mon mieux pour sortir ces pensées qui remplissent mon esprit. Chacune d’elles m’étourdit, ma respiration se fait si vite et pourtant, elle peine à me remplir. Mot pour mot, j’arriverais à décrire les détails des sensations qui me bouleversent, mais le serrement au niveau du cœur me rappelle ma solitude, dans la noirceur de la pièce.

Audrey Boissonneault

 

La charge mentale des mères — Texte : Audrey Léger

Depuis la naissance de votre premier enfant, votre cœur a explosé. C’est avec tendresse, bonheur

Depuis la naissance de votre premier enfant, votre cœur a explosé. C’est avec tendresse, bonheur et amour que vous dites au papa « c’est bon, j’m’en occupe » dès que votre poupon chigne, se réveille, mouille sa couche ou qu’il a faim. Vous cuisinez de bonnes purées maison avec passion et vous magasinez des petits kits tendance avec enthousiasme. « C’est bon j’m’en occupe ! »

Vous vous prendrez la tête pour lui trouver la meilleure garderie parce que vous êtes la mieux placée pour savoir ce qui est nécessaire pour votre enfant chéri. Puis, sans hésiter, vous vous absenterez du travail pour toutes les mauvaises nuits, otites, fièvre, et vous serez dans une clinique au premier symptôme inhabituel.

Viendra ensuite le deuxième bébé. Et vous recommencerez avec autant d’amour. Le papa, il est où dans l’histoire ? Les enfants et vous, vous avez l’impression de vous autosuffire. De toute façon, vous êtes capable de tout gérer toute seule. Le papa, lui, il est là. Il attend que vous soyez prête à lui laisser une petite place. Puis, commencent les rendez-vous dentiste, optométriste, orthophoniste ou autre spécialiste et finalement, la rentrée scolaire. Les rencontres, les courriels puis les devoirs, les leçons, les soupers, la routine. Le papa essaie d’aider, mais les enfants veulent maman, évidemment. Mais maman, elle, est fatiguée, brûlée, déprimée. Elle a tout donné.

Les enfants ont maintenant 6 et 8 ans et elle voudrait « tirer sur la plug ». Maman est hors service, merci de communiquer avec l’autre responsable. Puis, vous continuez à replier leurs petits vêtements dans leurs tiroirs et à faire le « switch » aux changements de saison en vous disant : « pas de danger que papa s’en occupe pour une fois ». Vous êtes soudain amère. Vous le blâmez. Dans votre tête, les termes du contrat ont changé : « La responsabilité des enfants, c’est 50/50 ! » Oups !

De grâce mes chères petites mamans, laissez la moitié de toutes les responsabilités au papa dès la naissance. Il est en mesure de vous aider et de vous soutenir. Ne lui fermez pas la porte parce qu’un jour, les enfants seront grands et quand vous direz finalement « Go papa, c’est ton tour ! », c’est toute la structure familiale qui éclatera. Faites-vous le cadeau d’être une équipe 50/50 le plus tôt possible.

Respectueusement,

Audrey. sans. artifice

Tumeur, au figuré – Texte: Audrey Boissonneault

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Photo de Akshay ES sur Pexels.com

Te rappelles-tu son regard ? Au travers de la couleur de ses pupilles, l’on pouvait apercevoir une histoire, un livre ou même un chapitre amorcé, mais non terminé. Te rappelles-tu le sourire qui illuminait son teint pâle ? Te rappelles-tu les couleurs qui se propageaient dans ses traits de personnalité ?

Je vois, encore, ton ombre. Un peu partout, je t’imagine avec moi. J’entends ta voix m’affirmer que je ne choisis certainement pas la bonne voie. Quand je ferme les yeux, j’arrive à percevoir chaque trait qui t’appartenait. Lorsque je fixe ce point aussi, celui qui est droit devant moi. Ma vision s’embue par les larmes qui s’empressent de rouler sur ma peau déshydratée. Brusquement, ma main les secoue loin de leur origine, avant que mes yeux se referment, fortement.

La chaleur qui se propage, tout d’abord à l’intérieur de mes jambes, avant de s’attaquer à la moitié supérieure de mon corps. À la même vitesse, la colère se démène entre mes organes. Ma rage contre toi, moi ou simplement la vie en général ? Ma rage de vive. La vérité, c’est que tu es dur à suivre, un centième de secondes et ça y est : t’es déjà ailleurs. Tu ne t’en es jamais pris à moi, radicalement. Cependant, 152 nouveaux diagnostics par jour, ce qui équivaut à plus ou moins 55 600 cas par année. Alors que chaque 24 minutes, quelqu’un décède par ta faute. On en compte 61 en l’espace de 24 heures.

CANCER | N.M.

  • AU FIGURÉ
    Ce qui ronge, détruit.
  • PROVENANT DE LA FONDATION QUÉBÉCOISE DU CANCER.
    « Lorsque les cellules se multiplient de façon anormale dans un tissu sain, cela mène à la formation d’une masse appelée tumeur. Il existe deux types de tumeurs, les bénignes et les malignes ou cancéreuses. »

Je n’arrive pas à comprendre le pourquoi du comment. En fait, on restera avec nos questions sans réponse, avec nos peurs, j’imagine ? J’aimerais juste te prendre, t’arracher tous les droits que tu as volés et que tu gardes en réserve pour ta prochaine victime. J’ai de la chance de ne jamais être tombée face à face avec toi, mais j’en connais plusieurs qui ont fait partie des calculs, des décès, et quelques-uns auront été dans les statistiques pendant quelques années. D’autres auront été en rémission, puis il y a ceux à qui tu as arraché la vie.

ARTWORK BY: @sreejithpa

Pourtant, j’ai l’impression que si l’on devait te décrire, je n’utiliserais aucune des définitions que l’on voit ci-dessus. T’avoir dans nos vies, de proche ou de loin, c’est perdre pied. C’est te regarder couler dans les systèmes et dans les organes de chaque personne que l’on côtoie. C’est facile de te repérer chez nos pairs. Tu laisses ta trace, t’aimes qu’on te remarque. Tu es collant, fatigant pis tu ne lâches jamais l’affaire. Je n’aurai jamais de réponse à mes questions, je vais vivre avec, faut croire. Je te demande une affaire, d’habitude je ne supplierais jamais quelqu’un ou quelque chose que je hais, mais avec toi, je vais prendre une chance. Tu m’en as déjà enlevé, tu as déjà fait assez de mal. Je veux juste que tu prennes du recul, que tu t’éloignes puis que t’arrêtes de t’appuyer sur 152 personnes chaque jour, parce que sincèrement, tu n’es pas seul à avoir besoin de t’appuyer pour te reposer.

Juste va t’en, c’est ton tour, maintenant.

 

Audrey Boissonneault

 

 

Tu as choisi de rester — Texte : Stéphanie Dumas

Tu as choisi de rester avec moi. C’était il y a presque deux ans. Nous venions de vivre une autre

Tu as choisi de rester avec moi. C’était il y a presque deux ans. Nous venions de vivre une autre déception avec un arrêt de grossesse. Nous avions traversé une nuit atroce durant laquelle j’avais dû accoucher d’un petit bébé de neuf semaines avec toi à la maison. Nous avions aussi appris que bébé était trisomique.

Je t’ai annoncé que pour moi, c’était assez. Je ne voulais plus continuer les traitements de fertilité ni être enceinte. Plus jamais ! Pour moi, grossesse rimait maintenant avec douleur, angoisse et tristesse. Ma tête et mon corps étaient trop blessés.

Pour moi c’était terminé. Cette certitude était venue naturellement. J’avais fait le deuil de la maternité biologique. Par contre, pour toi, cette nouvelle était plus difficile. Tu espérais encore. Je t’ai laissé le temps de digérer la nouvelle. Je t’ai également dit que si tu désirais partir et fonder une famille avec une autre femme, je comprendrais. Pourtant, tu as décidé de rester. J’ai quand même compris que cette décision t’a demandé du travail sur toi. Je l’ai ressenti au fil des semaines.

Les mois ont passé. Nous avons débuté ensemble le processus de la banque mixte. C’était un grand travail intérieur pour toi de te préparer à vivre cette expérience. Mais nous avons vécu ce processus ensemble. Nous nous sommes préparés ensemble.

Maintenant que coco 1 est à la maison, tu m’impressionnes avec ton implication et ton ouverture avec cet enfant. Nous nous adoptons mutuellement. Nous créons nos liens. Mon cœur est si heureux de vous voir rigoler ensemble comme s’il avait toujours été là et que tout ça allait de soi.

Mon homme, notre histoire me fait voir que les liens du cœur sont plus forts que les liens du sang.

 

Stéphanie Dumas

La maternité de cœur — Texte : Stéphanie Dumas

Il existe plus d’une manière d’expérimenter la maternité et la parentalité. Ici, tout a comm

Il existe plus d’une manière d’expérimenter la maternité et la parentalité. Ici, tout a commencé suite aux traitements de fertilité qui n’ont pas mené à la naissance d’un bébé malgré de multiples tentatives et deux grossesses naturelles en cinq ans.

C’est à ce moment que le parcours de la banque mixte a débuté. La parentalité de cœur débute par des dizaines et des dizaines de feuilles à remplir et une séance d’informations sur l’aventure que nous déciderons peut-être de vivre. C’est un peu comme un premier trimestre sans maux de cœur. Par contre, il peut y avoir des petits maux de tête face à tous les éléments à compléter et les démarches à entreprendre afin de procéder à l’ouverture de notre dossier.

Ce processus vers la parentalité est parfois semé de doutes face à l’aventure que nous aurons à vivre. Serais-je capable de surmonter les obstacles avec cet enfant qui aura une blessure à son petit cœur ? Cet enfant qui aura peut-être vécu déjà tellement de choses. Il y a par contre une certitude et c’est que je pourrai l’aimer.

Au fil des rencontres d’évaluation, des lectures et des journées de sensibilisation qui nous préparent à l’arrivée de cet enfant se dessinent cet enfant et son arrivée dans notre foyer. Cet enfant qui aura un passé et qui viendra avec ses défis et sa normalité adoptive. Cet enfant au parcours différent nous fera vivre des choses que nous ne pensions pas vivre et nous poussera à donner le meilleur de nous. Il nous retranchera aussi parfois dans nos limites personnelles.

Une chose est toutefois sûre, c’est que dès que nous apercevons cet enfant pour la première fois, il a déjà sa place dans notre cœur.

Stéphanie Dumas

Ce que je dirais à l’adolescente que j’étais – Texte : Audrey Boissonneault

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J’me suis souvent demandé ce que je dirais à la jeune adolescente qui était à ma place, il y a quelques années.

J’ai trop souvent essayé de prendre exemple sur certaines personnes n’ayant pas la même façon de penser que celle que je suis aujourd’hui.

Alors, si je pouvais retourner en arrière, je me donnerais corps et âme pour que tu puisses lire la lettre qui suit.

 

Ma belle adolescente,

Comment vas-tu ? Et s’il te plaît, ne me réponds pas comme ta génération, avec un p’tit air blasé. Je le sais que tu essaies de prouver à tous que t’es correcte pis que t’es sortie sans aide de ta dépression. Tu le sais que t’as le droit d’avoir mal ? Tu le sais que t’as le droit de vivre ces émotions-là et que tu ne dois rien à personne ? Fille, il y a une seule certitude que tu peux avoir et c’est que la seule personne qui sera présente jusqu’à la fin, c’est toi. Seulement toi. Si t’es même pas capable de te rendre heureuse et sereine, qui va le faire ?

Parce qu’au fond, ta seule et authentique meilleure amie, c’est toi. Tu as des personnes exceptionnelles à tes côtés, sincèrement, mais n’oublie pas celle que tu es pour leur plaire. Tout comme les humains qui t’entourent, t’as eu tes bas et tes hauts. Trop souvent, tu continues à t’entêter à courir après plusieurs, alors qu’ils ne méritent même pas un coup d’œil.

De nos jours, tout ce qu’on fait c’est d’attendre : on attend de finir nos années au primaire pis ensuite on rêve à notre bal de finissante et à notre diplôme. On attend de tomber en amour pis d’être entourée par des amis incroyables. On attend de commencer le cégep, on attend à la dernière minute pour étudier pour nos examens. On attend après chaque événement. La première chose à laquelle on pense le matin est l’envie de se recoucher le soir même. On attend au lieu de profiter et de vivre. On attend que nos amitiés toxiques prennent un autre sens au lieu de les éliminer directement.

Nous avons si peur de décevoir les gens qui nous entourent, qu’on dit oui, toujours et sans arrêt. On s’en rend malade. On est méchant dans nos paroles, on arrête d’essayer de comprendre, on fait juste entendre ce qu’on veut. C’est plus facile de mettre la totalité des remords sur l’autre que d’assumer les siens. Alors, avant de passer à autre chose, je vais accepter mes erreurs.

L’adolescente d’hier n’est certainement plus la même que demain. Je n’ai jamais sous-entendu que j’étais la perfection incarnée ni que ma communication était impeccable. Je n’ai pas toujours su trouver les mots justes, j’ai été injuste, oui. En tant que jeune adulte qui se cherchait énormément, ça équivaut à être prise dans un trou noir, ne rien voir, mais absolument vouloir sortir. Donc tu essaies de prendre un chemin sans savoir si c’est le bon. Rien ne justifie mes erreurs, mais je ne suis pas seule. Plus maintenant, je me suis longtemps remémoré tes mots crus. Ils m’ont laissé un goût amer si longtemps. J’me suis tant posé de questions dans les derniers mois ! Des thérapeutes j’en ai vu aussi. Je me suis attaqué le cœur en relisant chacune de tes phrases. Tu sais, je pense qu’il serait temps que tu te regardes aussi dans le miroir, parce que plus jamais je ne m’excuserais pour ce que tu as voulu entendre. Je me pardonne et je crois qu’il serait temps que tu le fasses aussi, parce que désormais, c’est derrière moi.

Ma jeune adulte, j’peux te promettre que tu vas te trouver, malgré chaque chemin sombre. Tu vas tellement grandir au travers de ça, tu vas apprendre à ne plus aller vers ce genre de personnes, car vous êtes toxiques l’une pour l’autre. Alors, pardonne-toi ma belle, prends une grande respiration et ferme le livre. C’est le temps d’en ouvrir un autre.

Un pas et une erreur à la fois, tu vas te trouver. J’te le promets et je suis fière de la personne que tu deviens.

Audrey Boissonneault

 

Nos matins différents — Texte : Nathalie Courcy

Un jour, j’ai fermé mes yeux et j’ai imaginé des matins différents. Des matins sans « dép

Un jour, j’ai fermé mes yeux et j’ai imaginé des matins différents. Des matins sans « dépêchez-vous », sans triple réveil pour le même enfant, sans retard, sans palpitations cardiaques, sans boucane qui sort par les oreilles. Des matins en douceur, avec du temps pour lire et pour se coller, du temps pour relaxer, du temps pour se dire des mots d’amour au lieu des mots d’urgence.

Ce jour-là, j’ai osé croire que ça se pouvait. J’ai eu le courage de me demander ce que moi, j’apportais dans nos matins de fous, et ce que je voulais apporter dans nos matins doux.

J’ai eu le courage d’ouvrir une discussion au sommet avec mes enfants. Faire le point sur ce qu’on ne voulait plus et surtout sur ce qu’on voulait désormais. Sur nos bons coups, aussi. Personne n’a obstiné, tout le monde a contribué. Des idées, des propositions, des échanges. C’est ça, la famille ! Avec beaucoup d’amour.

Les ajustements étaient mineurs : un cadran, une façon différente de réveiller un enfant, un mot code qui remplace les mots déclencheurs de mauvaise humeur, une heure de réveil personnalisée. Mais plus que tout, c’est la prise de conscience qui a tout changé. On voulait tous commencer nos journées du bon pied et partir de la maison avec le cœur rempli plutôt qu’avec le cœur à sec.

Rapidement, les changements se sont fait sentir. Je suis une fille de matin, c’est là que j’ai le plus d’énergie. Je prends le temps de méditer au lit, même de faire quelques étirements avant de me lever. Parfois, je mets de la musique pendant que je fais les lunchs. Mes plus jeunes s’occupent de leurs collations. Ma plus vieille fait son repas la veille. On a ajouté certains repas du traiteur pour diminuer mon écœurantite de faire des sandwichs et de remplir des thermos. Mes garçons se préparent à leur rythme, ils lisent et jouent tranquillement. J’accepte que mes filles montent à la dernière minute parce qu’elles sont responsables. On a le temps de lire, de se coller, de se dire des mots d’amour. Et tout le monde part à l’heure, l’âme en paix. C’est-ti pas beau ? Je m’ennuie de tous ces matins où mes poussins venaient me rejoindre dans le lit, mais j’adore nos nouvelles routines matinales.

Je suis plus du genre solution que du type problème. Si un problème existe, c’est qu’il a des solutions, mais la première étape, c’est toujours ben de prendre conscience du problème, de le nommer et d’imaginer ce qu’on veut à la place. Et moi, je veux du doux.

Et vous, quelle routine avez-vous réussi à changer ou à améliorer dans votre vie quotidienne ? Ça pourrait donner des idées à d’autres… et à moi !

Nathalie Courcy

 

Comment tu as fait pour garder le sourire ? Texte : Nancy Tremblay

Maudit cancer ! Sérieusement, le cancer, c’est une atrocité. Non mais on va se dire les vraies

Maudit cancer ! Sérieusement, le cancer, c’est une atrocité. Non mais on va se dire les vraies affaires ! Pourquoi ça existe cette foutue maladie au juste ? Personne ne mérite d’être malade et surtout, personne ne mérite de souffrir pour faire sortir de son corps un parasite qui risque de tuer, non ? Respect, et ce, à jamais, à tous les combattants et à toutes les combattantes de cette horrible maladie. D’ailleurs, vous méritez le respect de tous !

On dit souvent que les gens qui sont atteints d’une maladie grave trouvent la force pour se battre afin de demeurer en vie. « Oh ! Il est vraiment fort, il va s’en sortir ! Quelle force de caractère ! Son courage va le garder en vie ! » C’est vrai, quelque part, que lorsqu’on affronte une situation extrêmement difficile dans la vie, on va puiser au plus profond de nous une bravoure qui nous était encore inconnue. Mais il y a des personnes qui ressortent du lot. Il y a des personnes qui réussissent à trouver du positif à travers une débandade de mauvaises nouvelles. Ma belle-sœur fait partie de ces êtres d’exceptions. Hey la belle-sœur ! Comment tu as fait pour garder le sourire ? Comment tu as fait pour ne pas t’effondrer malgré le cauchemar que tu vivais ? Honnêtement, je crois que ta force de caractère dépasse la normalité.

Ma belle-sœur a reçu un diagnostic de cancer du sein en septembre 2019. Jusque-là, son histoire ne sort pas de l’ordinaire. En effet, selon la Société canadienne du cancer, deux Canadiens sur cinq seront atteints d’un cancer au cours leur vie. Ouf ! C’est une statistique qui donne froid dans le dos, n’est-ce pas ? L’annonce de la mauvaise nouvelle a évidemment créé une onde de choc pour ma belle-sœur et pour toute la famille. Contre toute attente, elle s’est rapidement mise en mode : j’ai le cancer, je dois faire avec. Quelques semaines après l’annonce, la grosse machine s’est mise en branle. Chimiothérapie, radiothérapie et opération au menu, pour la prochaine année. Un menu qui, on va se le dire, n’est pas attrayant pour deux sous.

J’ai accompagné ma belle-sœur à quelques traitements de chimiothérapie. Je me souviens de la première fois, entre autres. Elle m’a fait visiter le centre d’oncologie de l’hôpital. Elle m’expliquait, tout bonnement et avec un calme déconcertant, qu’elle avait une carte d’accès et un casier pour déposer ses effets personnels. Je crois que la visite était importante pour elle car elle savait, tristement, que cet endroit serait sa deuxième maison, pour quelque temps. Elle était résignée et prête à se battre. Je crois également qu’elle essayait de nous rassurer en disant qu’elle allait recevoir de bons soins et qu’elle était entre bonnes mains à cet endroit.

Tout au long de notre présence à l’hôpital, elle gardait le sourire ! Comment c’est possible de garder le sourire quand tu t’en vas de te faire injecter un traitement qui va te rendre malade ? Toi, tu souriais et moi, j’étais effrayée. J’avais peur pour toi. « Es-tu correcte » ? Qu’elle me demande, après l’installation de son soluté de chimiothérapie. « Pardon ? TOI, es-tu correcte ? Pourquoi tu t’informes de moi ? », que je lui demande. « Je le sais, que tu n’aimes pas les hôpitaux et encore moins les aiguilles », qu’elle me dit. « Je ne veux plus que tu t’inquiètes pour moi, je suis là pour toi ! On peut-tu se concentrer sur toi svp ? Après tout, c’est toi la cancéreuse », que je lui dis. On a pouffé de rire. Comment tu as fait pour pouffer de rire ? Le nombre de fois où je me suis dit qu’à ta place, je serais effondrée en petite boule dans un lit. Toi, tu acceptais ta maladie et tout l’enfer qui allait s’en suivre avec un moral d’acier. J’étais tellement impressionnée par ta force de caractère et ton énergie. Voyons donc la belle-sœur, tu allais prendre ta marche tous les jours pour garder la forme et le moral, malgré tes nausées.

En décembre 2020, ma belle-sœur a été déclarée en rémission après plusieurs traitements de chimiothérapie, de radiothérapie, des embûches, des souffrances terribles et une opération pour enlever la tumeur. ENFIN qu’on se disait tous ! Mais non, PAS ENFIN finalement ! Comme si ce n’était pas assez, l’univers a décidé, injustement, qu’elle n’avait pas terminé d’en baver. On lui a refilé une récidive avec en prime, tenez-vous bien, un nouveau cancer. Le cancer inflammatoire du sein. Je me souviens de son appel, suite à cette annonce terrible. Je pleurais. Oh ! Mais pas elle ! Elle me racontait en détail les étapes à venir pour elle. Jamais, elle n’a fait allusion à ses chances de survie. Comme si la guérison était une évidence pour elle. Elle m’a dit : « Je suis vraiment tannée, mais je n’ai pas le choix, on repart ». Comment tu as fait, pour accepter l’inacceptable ? Encore une fois, une série de chimiothérapie l’attendait et une deuxième opération pour tout retirer et reconstruire. Je sais que vous n’allez pas me croire, mais ma belle-sœur a eu de l’infection suite à son opération. Selon le chirurgien, il y avait seulement 1 % de chance que cela survienne.

Ma belle-sœur, tu as gagné le gros lot à la loterie du cancer, on dirait bien. Comment tu as fait pour garder le sourire après ta troisième opération ? Tu sais, celle où ils ont dû te retirer le sein qu’ils avaient minutieusement reconstruit juste pour toi quelques mois avant ? Et ce n’était pas encore terminé ! Oh que non ! L’infection t’a suivie pendant plus de six mois. Tu as eu une machine accrochée à ton corps pendant des semaines pour drainer l’infection. Et comme si ce n’était pas assez, après tout le calvaire vécu, ils ont dû, encore une maudite fois, te réopérer pour enlever toute l’infection. Comment tu as fait pour garder le sourire, suite à cette quatrième opération ? Sérieux, cette force mentale incroyable dont tu as fait preuve au cours des deux dernières années et demie dépasse l’entendement. À travers cette tempête, tu devais réconforter tes filles, car tu étais encore une maman, une conjointe, une fille, une amie. Tu as réussi à jouer tous ces rôles avec brio, malgré ce foutu cancer.

Ma belle-sœur, tu as peut-être perdu un sein et bien plus encore, mais tu as gagné ta bataille contre ce maudit cancer et de surcroit, tu as gagné l’admiration et le respect de tous ceux qui t’aiment et qui t’entourent. Et surtout, tu n’as jamais perdu ton sourire notoire. Tu es tellement inspirante ! Merci pour cette belle leçon de vie !

À tous les combattants, pensez à Julie et essayez de garder le sourire pour mieux guérir. Et à toi, ma belle amie, ta maman Francine a été une combattante exceptionnelle. Je sais, comment elle était précieuse à tes yeux !

Nancy Tremblay

L’arrivée des Opossums: mon dernier coup de cœur – Texte: Joanie Fournier

J’ai été éducatrice à l’enfance pendant longtemps. Je me passio

J’ai été éducatrice à l’enfance pendant longtemps. Je me passionne pour la littérature jeunesse depuis encore plus longtemps. Je collectionne les albums pour enfants et j’en ai plus que mes bibliothèques ne peuvent en contenir. À mon sens, l’amour de la lecture restera à jamais le premier pas vers la réussite scolaire de nos enfants. Les livres leur ouvrent un monde rempli de surprises, de folies, de grandes aventures et de morales marquantes.

Les livres nous font vivre toutes sortes d’émotions! J’ai éclaté de rire la première fois que j’aie lu le livre De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête ou encore Pétunia, princesse des pets. Comme plusieurs, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en racontant à mes enfants Je t’aimerai toujours. Je me sens nostalgique quand je revois les classiques de mon enfance, comme La soupe aux sous. Je me revois encore sur mon pupitre de deuxième année en train de le lire… Les livres nous marquent et forgent nos apprentissages. Nos librairies cachent tellement de petits trésors…

Mais cette année, j’ai fait une nouvelle découverte! Je suis tombée par hasard sur un auteur surprenant… et je pense sincèrement que son parcours mérite d’être connu. L’auteur dont je veux vous parler se nomme Keenan Poloncsak. J’ai appris qu’il avait un petit atelier de reliure à l’ancienne et qu’il reliait lui-même ses propres livres pour enfants! Un vrai travail de moine… Il est à la fois l’auteur du livre, son illustrateur et son éditeur. Il relie chacun de ses livres à la main, un à un. Et pour couronner le tout, ses livres pour enfants sont multilingues. Pour être honnête, j’ai été tellement impressionnée par la qualité de son travail que j’ai poussé mes recherches un peu plus loin…

J’ai appris qu’il avait toujours été passionné par le dessin et qu’il a commencé à dessiner ses propres bandes dessinées en 2007. Deux ans plus tard, il écrivait et illustrait son premier livre bilingue pour enfant : Rufus le Chat. Il a ensuite choisi de se spécialiser dans la reliure et la réparation de livres anciens. Il a cumulé des expériences enrichissantes, entre autres auprès de la présidente de l’association des relieurs du Québec. Il est ensuite devenu l’apprenti de Laura Shevchenko, à l’atelier La Fille du Relieur, Smith’s Falls Bookbinding, qui lui a légué son atelier à Montréal en 2020. Il habite à Montréal, tout près de son atelier. Petit fait historique : situé quelque part entre le fleuve et la rue Sainte-Catherine, et entre le Vieux-Montréal et le quartier Hochelaga, ce quartier de Montréal appartient à l’ancien faubourg Québec et portait, dans la culture populaire, le surnom du « Faubourg à M’lasse ». C’est de là que vient le nom de l’atelier de Keenan Poloncsak : Le Relieur des Faubourgs.

Voyant que je m’intéressais à son travail minutieux, Keenan Poloncsak m’a généreusement fait découvrir son quatrième livre jeunesse : L’Arrivée des Opossums. J’ai été agréablement surprise par la qualité du livre: relié à la main, finement illustré, accessible pour les enfants et écrit en quatre langues! Pour chaque illustration, on peut retrouver une phrase de l’album écrite en français et traduite sur la même page en anglais, en hongrois et en farsi. Quelle belle façon de sensibiliser nos jeunes enfants à différentes langues! En écrivant ce roman, on constate que l’auteur a voulu informer les enfants sur l’arrivée relativement récente de l’opossum sur notre territoire québécois. En effet, le petit marsupial vient du sud des États-Unis et monte de plus en plus vers le nord.

Comme je le disais, Keenan Poloncsak auto-publie ses livres, de la première étape de la conception jusqu’à son expédition, et il n’utilise que des matériaux faits au Canada. Je me serais attendue à un prix exorbitant, sachant tout le travail que cela représente. Pourtant, le livre se vend sur son site internet pour une trentaine de dollars seulement. Il est donc sensiblement au même prix que tous ceux que nous retrouvons en librairie. Les livres de cet auteur sont disponibles dans plusieurs bibliothèques du Québec, mais son souhait le plus cher est qu’un maximum d’enfants de la région puissent en profiter. De ce fait, il propose également des lectures pour les bibliothèques, les écoles et les services de garde éducatifs à l’enfance.

C’est donc avec plaisir que je partage cette découverte avec vous. Personnellement, mes enfants ont beaucoup apprécié la lecture de L’arrivée des Opossums. Le livre a suscité de belles réactions et entraîné des discussions sur les sujets de l’immigration, de l’intimidation, du rejet, de la mort, et même de l’adoption. Je pense qu’il peut facilement être utilisé comme déclencheur pour des sujets plus délicats. Et mon cœur de maman était si fier de voir mes petits poser tant de questions sur les langues écrites dans le livre. Je pense qu’il s’agit d’un excellent moyen de les sensibiliser aux autres cultures et aux différentes calligraphies.

Finalement, je salue bien humblement cet auteur talentueux, qui mérite amplement que son travail soit partagé et lu par des milliers d’enfants. Je continue d’être fascinée par nos artisans locaux et je trouve important de se rappeler tout le talent qui se cache tout près de nous. Je ne gagne absolument rien à parler de son œuvre, je trouve seulement que son travail gagne vraiment à être connu.

Joanie Fournier

P.-S. Voici le lien vers le livre en question.

Ces grands-mamans si précieuses — Texte : Marie-Nancy T

J’ai toujours pensé que les grands-parents jouaient un rôle extrêmement important dans le parco

J’ai toujours pensé que les grands-parents jouaient un rôle extrêmement important dans le parcours de vie d’un enfant. C’est vrai que le lien qui unit les grands-parents à leurs petits-enfants nait d’une complicité profonde et hors du commun. Avez-vous déjà remarqué les yeux de vos parents ou de vos beaux-parents lorsqu’ils regardent votre enfant ? Ou les yeux de vos propres grands-parents lorsqu’ils vous regardent, s’ils sont toujours présents ? Avez-vous déjà analysé le regard que vous portez sur vos petits-enfants, vos « précieux » ? Nous pouvons voir de la fierté, évidemment, mais aussi de l’adoration. C’est fort et puissant ça, de l’adoration !

J’ai toujours su que ma grand-mère était précieuse à mes yeux et qu’elle occupait une place importante dans mon cœur. Je l’ai réalisé encore plus, l’an dernier, lorsqu’elle nous a quittés. Lorsque grand-maman est décédée, j’ai eu l’impression, en quelque sorte, que c’était la fin d’une époque. Quand on y pense, le tronc de chaque famille prend racine dans l’identité des grands-parents. C’est d’eux que nous viennent nos valeurs. C’est souvent auprès d’eux que nos plus beaux souvenirs d’enfance se sont créés. Avouez qu’ils ont cette capacité, les grands-parents, d’être des générateurs de souvenirs mémorables. Vous savez, le souvenir d’entrer chez nos grands-parents et de sentir l’odeur des petits plats que seules les mamies peuvent nous cuisiner ? Ou le souvenir des rassemblements familiaux où l’on était tous entassés dans les maisons trop petites de nos grands-parents ? Ou encore, les innombrables moments doux partagés avec eux lors d’une soirée pyjama ?

Je crois que lorsque ma grand-mère est décédée, j’ai eu peur, en plus de vivre le deuil de son départ, que ma famille ne soit plus jamais la même sans elle. Ça démontre l’importance qu’elle avait à mes yeux ! Ma grand-mère était l’âme et l’épicentre de notre famille. C’est souvent le cas, pour chaque famille en fait. La mamie, c’est le roc, le noyau de la gang, la rassembleuse, celle sur qui on peut toujours compter. Savoir qu’elle ne serait plus jamais présente pour jouer tous ces rôles m’effrayait quelque part.

Ma grand-mère, je lui serai à jamais reconnaissante, car grâce à elle, j’ai pu m’épanouir au sein d’une famille unie, une famille qui accepte tout le monde avec ses qualités et ses défauts et qui aime, sans jugement. C’est mamie qui nous a inculqué et transmis toutes ces belles valeurs et cette bienveillance que nous avons les uns envers les autres. Tout ça, c’est son œuvre à elle ! Ma grand-mère, elle avait cette force incroyable pour une femme de sa génération de ne pas juger les gens, d’être ouverte d’esprit et de nous encourager malgré nos erreurs. Elle était une grande dame et un être d’exception.

C’est pour toutes ces raisons, et bien d’autres, que nos grands-mamans si précises sont difficiles à laisser partir. En fait, je suis maintenant convaincue qu’il est impossible de les oublier et c’est parfait ainsi. Il faut les laisser vivre à travers nos souvenirs. En réalité, les mamies ne meurent jamais. Quand on y pense, elles continuent de vivre en nous. Je trouve réconfort en me disant que même si ma grand-mère n’est plus présente physiquement, elle fait encore partie de moi. Elle est immortalisée, en quelque sorte, dans mon âme et dans ma mémoire émotionnelle. Il suffit de se remémorer tous les moments passés avec nos grands-mères, de se rappeler leur voix douce et aimante ou les odeurs de leur maison pour les faire revivre. Pour garder ma grand-mère vivante, je tente tant bien que mal d’honorer sa mémoire en essayant de transmettre, à mon tour, ses valeurs et ses accomplissements à mes enfants. Et qui sait ! Peut-être qu’un jour, j’aurai l’immense privilège de pouvoir revivre moi aussi, à travers mes petits-enfants. Ainsi va la vie, comme on dit.

Lorsque ma grand-mère était vivante, la voyant de plus en plus vieillissante, j’ai développé cette crainte qu’elle ne me reconnaisse plus et qu’elle oublie qui j’étais. Je crois que c’était trop difficile de penser que le lien fort qui nous unissait ne serait plus jamais le même. Je me souviens que vers la fin de sa vie, je ressentais parfois un doute avant de lui téléphoner. J’avais cette inquiétude qu’elle me demande : « Qui es-tu ? » Ou qu’elle oublie ma voix ou encore bien pire, mon nom. Un peu comme dans la chanson « Ficelles » d’Ingrid St-Pierre, qui dit : « mais n’oublie pas mon nom ».

En tout cas, moi, je ne t’oublierai jamais grand-maman, et surtout pas ton nom !

Merci à ma mère et à ma belle-mère d’être des créatrices de souvenirs et encore bien plus pour mes enfants. Votre rôle est si précieux.

Marie-Nancy T