Ce que je dirais à l’adolescente que j’étais – Texte : Audrey Boissonneault

J’me suis souvent demandé ce que je dirais à la jeune adolescente qui était à ma place, il y a quelques années.

J’ai trop souvent essayé de prendre exemple sur certaines personnes n’ayant pas la même façon de penser que celle que je suis aujourd’hui.

Alors, si je pouvais retourner en arrière, je me donnerais corps et âme pour que tu puisses lire la lettre qui suit.

 

Ma belle adolescente,

Comment vas-tu ? Et s’il te plaît, ne me réponds pas comme ta génération, avec un p’tit air blasé. Je le sais que tu essaies de prouver à tous que t’es correcte pis que t’es sortie sans aide de ta dépression. Tu le sais que t’as le droit d’avoir mal ? Tu le sais que t’as le droit de vivre ces émotions-là et que tu ne dois rien à personne ? Fille, il y a une seule certitude que tu peux avoir et c’est que la seule personne qui sera présente jusqu’à la fin, c’est toi. Seulement toi. Si t’es même pas capable de te rendre heureuse et sereine, qui va le faire ?

Parce qu’au fond, ta seule et authentique meilleure amie, c’est toi. Tu as des personnes exceptionnelles à tes côtés, sincèrement, mais n’oublie pas celle que tu es pour leur plaire. Tout comme les humains qui t’entourent, t’as eu tes bas et tes hauts. Trop souvent, tu continues à t’entêter à courir après plusieurs, alors qu’ils ne méritent même pas un coup d’œil.

De nos jours, tout ce qu’on fait c’est d’attendre : on attend de finir nos années au primaire pis ensuite on rêve à notre bal de finissante et à notre diplôme. On attend de tomber en amour pis d’être entourée par des amis incroyables. On attend de commencer le cégep, on attend à la dernière minute pour étudier pour nos examens. On attend après chaque événement. La première chose à laquelle on pense le matin est l’envie de se recoucher le soir même. On attend au lieu de profiter et de vivre. On attend que nos amitiés toxiques prennent un autre sens au lieu de les éliminer directement.

Nous avons si peur de décevoir les gens qui nous entourent, qu’on dit oui, toujours et sans arrêt. On s’en rend malade. On est méchant dans nos paroles, on arrête d’essayer de comprendre, on fait juste entendre ce qu’on veut. C’est plus facile de mettre la totalité des remords sur l’autre que d’assumer les siens. Alors, avant de passer à autre chose, je vais accepter mes erreurs.

L’adolescente d’hier n’est certainement plus la même que demain. Je n’ai jamais sous-entendu que j’étais la perfection incarnée ni que ma communication était impeccable. Je n’ai pas toujours su trouver les mots justes, j’ai été injuste, oui. En tant que jeune adulte qui se cherchait énormément, ça équivaut à être prise dans un trou noir, ne rien voir, mais absolument vouloir sortir. Donc tu essaies de prendre un chemin sans savoir si c’est le bon. Rien ne justifie mes erreurs, mais je ne suis pas seule. Plus maintenant, je me suis longtemps remémoré tes mots crus. Ils m’ont laissé un goût amer si longtemps. J’me suis tant posé de questions dans les derniers mois ! Des thérapeutes j’en ai vu aussi. Je me suis attaqué le cœur en relisant chacune de tes phrases. Tu sais, je pense qu’il serait temps que tu te regardes aussi dans le miroir, parce que plus jamais je ne m’excuserais pour ce que tu as voulu entendre. Je me pardonne et je crois qu’il serait temps que tu le fasses aussi, parce que désormais, c’est derrière moi.

Ma jeune adulte, j’peux te promettre que tu vas te trouver, malgré chaque chemin sombre. Tu vas tellement grandir au travers de ça, tu vas apprendre à ne plus aller vers ce genre de personnes, car vous êtes toxiques l’une pour l’autre. Alors, pardonne-toi ma belle, prends une grande respiration et ferme le livre. C’est le temps d’en ouvrir un autre.

Un pas et une erreur à la fois, tu vas te trouver. J’te le promets et je suis fière de la personne que tu deviens.

Audrey Boissonneault

 



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