Le petit retient

J’ai une amie, qui est aussi collaboratrice pour ce blogue, qui nous a demandé récemment dans un de ses textes si cela nous arrivait d’arrêter de nous poser des questions. Si nous devions écouter la raison ou le cœur… le combat entre ces deux protagonistes de notre vie est parfois bel et bien sans merci!

Personnellement, j’ai le combat contraire. Moi je suis une impulsive née. Une éternelle fonceuse à tête baissée. Rien n’est à notre épreuve, nous pouvons tout surmonter et dans l’échec, nous sommes encore gagnants d’expériences uniques qui, au final, nous auront fait grandir.

Je suis de ceux qui partiraient baluchon au dos, pouce levé vers le ciel là où la vie les mène. D’ailleurs, je l’avoue, je l’ai bel et bien déjà fait.

Je visite un endroit que j’aime, je veux y revenir, parfois même m’y établir. Je suis une globe trottine qui n’a pas eu l’occasion de réellement voyager. Mais en mon âme, je suis allée partout. Malgré que je ne sois pas allée bien loin en réalité.

Si cette amie collaboratrice angoisse devant les changements, moi j’angoisse à passer à l’idée de passer à côté de quelque chose que j’aurais pu ou dû vivre. Ne dit-on pas que nous n’avons qu’une seule vie à vivre? Alors je veux la vivre à fond, du moins en ai-je l’intention.

Bien entendu, être mère de trois jeunes enfants me « calme » dans mes élans. Mon époux est un homme plus terre à terre que moi. Je le tire vers les aventures et le mouvement, il me ramène à la réflexion.

Alors je réfléchis.

Je réfléchis à… comment le convaincre! Ha ha ha!

L’année dernière, je suis allée à l’Île du Prince Édouard pour la première fois de ma vie. Ce fut un coup de foudre instantanément!

Les insulaires (habitants de l’île) m’ont charmée autant que la mer, les plages, les villes, les valons, les lupins et l’air salin!

De retour de vacances, je n’ai pas passé UN SEUL jour de l’année qui a suivi sans avoir au minimum une pensée pour cette île. Celle qui en mon cœur je baptisais MON île! À m’écouter, nous y serions installés depuis plusieurs mois déjà ou nous n’en serions pas bien éloignés.

Nous y sommes retournés il y a quelques semaines après une année entière à attendre et je l’aime toujours autant! Mais je vous avoue que mon plus grand amour de l’endroit est l’océan.

Je comprends les réticences de mon époux, même si je ne les partage pas complètement. J’ai confiance en nous et je crois qu’à l’âge qu’ont les enfants, ça serait le meilleur temps pour un si grand changement. Si demain, il me dit : « Nous partons! », soyez certains qu’après m’être assurée qu’il le pense vraiment et qu’il ira jusqu’au bout, je serai la première à tout organiser!

Mais les décisions de ce genre se prennent à deux. Je comprends et j’accepte.

Mais j’angoisse parfois. Sur ce que nous manquerons à rester où nous sommes. J’angoisse en pensant à la perte de ces nombreuses expériences que les enfants auraient vécues, « si ».

J’angoisse devant la très grande probabilité de regret de n’avoir « pas essayé », moi qui essaie toujours.

À quel moment sommes-nous satisfaits de ce que nous avons?

À quel moment cessons-nous de regarder les nouvelles possibilités?

À quel moment l’appel de bouger s’estompe-t-il pour nous laisser profiter pleinement de la vie?

J’aime notre maison. J’aime beaucoup de notre ville. J’aime l’école des enfants. J’y aime aussi bien des gens. Mais…

Pardonne-moi mon cher et tendre époux. J’aime ce que tous nos sacrifices nous permettent, j’aime ce que tu nous offres, n’en doute jamais une seconde. Mais je crois que j’aurai toujours cette angoisse.

Celle de prendre racine là où la terre n’est pas mienne. Ou la terre que je ne sens pas être mienne.

Celle de passer à côté. Celle d’oublier de voir, entendre, sentir, goûter… Celle que les rêves ne deviennent pas toujours réalité.

J’aime ma réalité. Est-ce mal que, parfois, le rêve s’en éloigne pendant quelques instants plus ou moins grands?

Vous, à quoi rêvez-vous?

Simplement, Ghislaine



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