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Un homme de dos tenant une bouteille donne une fleur à une femme triste

À toi – Texte : Eva Staire

Quand on s’est rencontrés, je me suis ouverte à toi. Je t’ai r

Quand on s’est rencontrés, je me suis ouverte à toi. Je t’ai raconté mes dernières fréquentations qui soit me cachaient qu’ils étaient mariés et avaient des enfants, soit qu’ils menaient une double vie, soit qu’ils étaient des drogués explosifs. Je t’ai dit que désormais, je souhaitais trouver une personne honnête et équilibrée pour marcher à mes côtés pendant que je me reconstruisais. 

Tu m’as parlé de ton passé. De tes années à enchaîner les filles une derrière l’autre, soir après soir, pour te venger d’une ex-femme qui t’avait trompé. De tes soirées à boire dans un bar et à ramener n’importe quelle fille que tu jugeais « potable ». 

Mais tu m’as aussi raconté tes années de thérapies. Tes mois à réfléchir et à travailler sur toi pour devenir une meilleure personne et te déprogrammer de cet homme que tu étais devenu. Tu étais alors prêt à t’engager avec moi. Pour une relation saine, honnête, douce et belle. Et c’était le cas. 

Ta petite manie de boire un peu trop souvent et même à t’ouvrir une bière à 9 h le matin me titillait un peu. Mais selon toi, c’était ton petit péché mignon. Comme moi, mon verre de vin après le travail. 

Tu disais que j’étais spéciale. Qu’enfin, tu avais trouvé une femme qui t’enlevait le goût de retourner sur les sites de rencontre. Que tu étais enfin heureux et bien avec une seule femme. J’avais été trompée deux fois dans l’année précédente. Mon cœur brisé commençait enfin à ressentir un peu de bonheur. Quand j’étais avec toi. Toi avec mes enfants, moi avec tes enfants, nos enfants ensemble, moi avec tes parents, toi avec ma famille. C’était beau, c’était doux, c’était vrai. J’avais retrouvé l’amour. Et je te faisais confiance. 

Même si plusieurs me disaient de rester sur mes gardes. Même si ta famille ne se gênait pas pour parler de tes nombreuses conquêtes devant moi. Tu m’avais dit avoir terminé ta thérapie avec succès et ne plus avoir envie de vivre cette vie-là. Et je te croyais.

Tu m’as détruite. Je n’ai même pas été capable d’avoir de peine. J’avais juste pitié de toi. Quand cette fille t’a écrit un message pendant qu’un film jouait sur ton téléphone et que tu t’étais endormi, j’ai juste souri. Encore plus lorsque j’ai réalisé qu’il n’y en avait pas une, mais plusieurs qui passaient par ton lit quand nous n’étions pas ensemble. Je me suis juste dit : « encore une fois »…

Mais tu vois, cette fois, je n’ai pas commencé à me flageller. Je ne me suis pas détruite en cherchant ce que j’avais fait pour te pousser à jouer avec moi. Parce que je savais que je n’avais rien fait. Je te faisais confiance, je t’aimais et nous étions bien quand nous nous voyions. 

La femme de ta vie, comme tu m’appelais, venait de réaliser que le problème, c’était toi. Et j’avais pitié de toi. J’avais pitié de ta fille qui pensait que c’était normal de voir des filles différentes chez papa. Ou que son papa parlait régulièrement avec d’autres filles en cachette de sa blonde. J’ai pitié pour elle parce qu’elle va grandir avec cette image de la femme et elle fera partie de ces femmes jouets plus tard. L’image d’elle-même est en train de se solidifier avec ce que tu lui montres. Elle entre dans l’adolescence avec l’image d’un homme qui s’amuse avec les femmes et les jette aux poubelles le lendemain.

Fais-toi soigner. Pour ta fille. Pour la petite fille qu’elle est. Pour la femme qu’elle deviendra. Pour les hommes qui joueront avec son cœur et son corps. Fais-le pour elle.

De mon côté, je vais bien aller. Parce que je sais que je ne suis pas le problème. Et que de toute façon… entre une douzaine de bières le soir ou une douzaine de filles dans ton lit, je n’avais clairement pas ma place. 

Je te souhaite sincèrement de guérir. Parce qu’une femme n’est pas un jouet. Et parce que mis à part tout ça, t’es un homme vraiment bien.

Eva Staire

Une femme et un homme de dos saluent avec leurs chapeaux dans une voiture.

Cute comme une Prius 2018 – Texte: Liza Harkiolakis

Il y a quelques mois, je discutais avec un ami célibataire. Je lui demandais comment il allait
Il y a quelques mois, je discutais avec un ami célibataire. Je lui demandais comment il allait, s’il rencontrait des femmes intéressantes, s’il savait ce qu’il cherchait, quels étaient ses critères et blablabla.
Quelques minutes après le début de nos échanges, il m’a dit qu’il cherchait le package complet : une femme aussi belle de l’intérieur que de l’extérieur, « une Mercedes inside and out » qu’il a dit. Ça m’a fait rire.
On a jasé encore un peu, puis on a changé de sujet.
Sur le chemin du retour, j’ai repensé à ce qu’il m’a dit. Sur le moment, je ne l’ai pas réalisé, mais ça m’a quand même ébranlée, car je suis célibataire aussi. Le truc, c’est que si, à un moment donné dans ma vie, j’ai pu me rapprocher de la Mercedes-out, j’en suis maintenant rendue bien loin. J’ai vieilli. J’ai grossi, j’ai ridé, j’ai ramolli.
Je ne doute pas de la valeur de ce qu’il y a à l’intérieur de moi, mais côté extérieur, je ressemble davantage à une Prius 2018 qu’à une Mercedes de l’année. J’ai eu mes moments de gloire, mais je ne suis clairement plus le modèle sport qu’on expose au Salon de l’auto. C’est la vie, vous me direz? Ouais, je sais.
Ce qui m’a secouée, c’est réaliser que mon ami n’est pas original. Beaucoup d’hommes, gentils, intelligents et pas complètement superficiels, cherchent ce modèle de beauté. Lorsqu’on s’en éloigne, on est confronté à son image et à cette réalité pas toujours facile à accepter. Tout le monde a besoin d’être désiré. À partir de là, on a deux choix. On essaie de transformer notre apparence pour tenter de rester dans la game et se rapprocher de ce qui est considéré comme beau et attirant, ou on lâche prise.
Lâcher prise ne signifie pas qu’on se néglige ou qu’on arrête de se soucier de son image ou de ce qu’on projette. Lâcher prise, c’est faire la paix avec soi, avec son corps, avec ce qu’on pense devoir être pour plaire et susciter le désir. C’est aussi accepter qu’on ne peut pas faire l’unanimité. C’est percevoir les « rejets » ou le non-intérêt comme un passage obligé qui nous rapproche de ce qu’on souhaite vraiment : être aimé pour qui on est et en totalité.
À partir de ce moment, on attire davantage celui ou celle qui nous regardera avec désir sans avoir besoin de nous disséquer au pouce carré. Celui ou celle qui aura le droit de préférer un ventre plat ou des fesses plus fermes, mais qui ne sera jamais freiné dans son élan par un peu de gras de dos ou de côté. Quelqu’un de suffisamment bien avec son propre corps pour que le nôtre ne deviendra jamais un répulsif ou un problème à régler.
Ce lâcher-prise vient aussi avec un certain deuil à faire et avec moins de « match » ou d’opportunités de rencontres. Ça aussi, il faut le savoir et l’accepter. Ce choix vient avec de nouvelles réflexions, de nouveaux critères de sélection, de nouveaux filtres et de nouvelles définitions. Personnellement, je ne suis pas encore là, mais j’y aspire. Je process lentement, mais sincèrement.
Une étape à la fois. Une prise de conscience à la fois. Une application de dating à la fois. Une rencontre à la fois… « Prius 2018, sièges chauffants, démarreur à distance, pas mal de millage, mais encore bonne pour de longues années, cherche Forester, Tucson ou Corolla dans les mêmes années, quatre roues motrices, pas pire propre et, idéalement, pas trop poqué.
Liza Harkiolakis

Et puis un jour, nous sommes redevenus deux à Noël ー Texte: Mylène Groleau

Nous avons, mes filles, mon mari et moi, au fil des ans, créé des

Nous avons, mes filles, mon mari et moi, au fil des ans, créé des traditions entourant les festivités de Noël ainsi que pour accueillir les nouvelles années. Ces moments de réjouissances que, désormais, nous contemplons avec de plus en plus de nostalgie. Mais aussi avec la fébrilité d’envisager les futures célébrations auxquelles s’ajouteront, nous le souhaitons, de nouveaux membres à notre famille.

À chaque début de décembre, nous retrouvons ce qui entoure les préparatifs. Passant de la décoration de la maisonnée au menu à planifier. Puis, s’émouvoir de revoir, au creux des boîtes de rangement, des bricolages confectionnés jadis par les petites mains de mes enfants. Des cartes remplies d’amour avec une calligraphie fraîchement apprise. Chacune des décorations qui prennent place dans l’arbre est, pour moi, synonyme d’un souvenir heureux. 

Les réceptions avec la famille, les cousins, les oncles et tantes, papi, mamie et grand-maman partie trop tôt. Le passé qui rejoint le présent. Les rires, les repas copieux. La musique en arrière-plan. Les odeurs de plats sortant du four avec les épices typiquement décembre.

La féérie du père Noël. Ces lettres acheminées directement au Pôle Nord. Les lutins coquins. Les yeux illuminés par autant de magie. Les étoiles dans les yeux des enfants au réveil en découvrant le pied de l’arbre garni de cadeaux. J’ai des souvenirs enfouis en moi.

Et puis…

Puis un jour, mes enfants ont grandi. Ou nous avons vieilli. Les enfants ont cessé de croire peu à peu au père Noël. Pour ma part, mes filles ont rencontré des hommes formidables. Elles ont élargi leurs traditions entourant les fêtes. Mon conjoint et moi avons vu l’inconfort les habiter, chacune à tour de rôle, de ne pas pouvoir être présente certains jours de nos traditions et ça, c’est pleinement correct. 

Petit à petit, elles vont instaurer des traditions qui compteront pour elles. Créer des souvenirs. Leurs souvenirs. Meubler les boîtes de rangement de bricolages et de décorations importantes pour elles.

Nous allons apprécier les moments de plus grande qualité mais en moins grande quantité. Leur présence se gravera dans nos instants les plus précieux. Noël et le Nouvel An se feront plus silencieux, mais nous serons deux. Nos deux cœurs comblés par ces années à courir et à remplir les cases du calendrier des deux semaines de vacances. Dorénavant, nous profiterons de ces moments où mes filles seront toutes avec ceux qu’elles auront choisis.

Et puis, puisque tel est votre désir, nous agrandirons la table pour accueillir de nouveaux petits êtres qui métamorphoseront nos traditions. Revisiter à nouveau cette magie et créer de nouveaux moments.

Bref, malgré les aléas de la vie, et bien que nos enfants se font plus rares aux événements familiaux, malgré nos moments plus tranquilles, il y a aussi ces instants de souvenirs qui nous tiennent en vie. Ces instants qui vous ont vus grandir. Qui nous ont vus vieillir. 

Maintenant, papa et moi profitons de nos souvenirs pour meubler nos soirs de fêtes en sachant que vous êtes bien entourées. Que les traditions que vous instaurez seront aussi importantes que celles que nous avions élaborées. 

Nous ne sommes jamais seuls lorsque nous avons nos souvenirs que vous nous avez permis de créer. 

Merci mes enfants. Merci mon amour.

 

Mylène Groleau

Le Gros positif de la non-monogamie – Texte: Roxy Ka

Le polyamour, c’est un mode de vie, c’est une façon de penser.

Le polyamour, c’est un mode de vie, c’est une façon de penser. C’est un mode de vie où la jalousie est gérée autrement. Où l’on ne se sent pas coupable d’éprouver des sentiments qui se situent entre l’amitié et l’amour pour plusieurs personnes. As-tu déjà été en couple, tu sors avec tes chums dans un bar, t’es assise et bang! Ta tête divague, ton imagination part et tu t’imagines en train de baiser la belle rousse assise sur le bord de la table d’à côté. 

Pis après, tu te sens mal en esti d’avoir pensé à ça! Parce que dans un couple monogame, t’es pas censée de penser de même! 

As-tu déjà donné un câlin à quelqu’un et ressenti un choc dans ton corps, partant de ton bas-ventre et te parcourant les tripes, te nouant la gorge, tu te décolles vite en criss parce que tu veux pas ressentir ce genre de sentiments pour quelqu’un d’autre que ton partenaire de vie.

J’ai exploré le polyamour. J’ai aimé deux personnes à la fois. Je me suis permis de laisser aller mon cœur pour deux êtres en même temps. Je sais que c’est possible. 

J’ai exploré le couple ouvert (non monogame = du sexe pour du sexe en dehors du couple ou en couple avec d’autres). Je sais que baiser à plusieurs, c’est fucking bon. Je sais que je suis crissement voyeuse, pis tu vas peut-être me traiter de fuckée, mais regarder celui/celle que j’aime faire jouir une autre personne me procure une jouissance vraiment intense! Je suis super fière de voir ma/mon partenaire de vie arriver à faire jouir quelqu’un d’autre que moi pis voir quelqu’un d’autre jouir, ça m’excite en criss. 

Ces deux modes de vie là ont un point en commun : la confiance.

Ça ouvre la communication, le dialogue, les conversations franches, ça travaille le moi, l’intérieur, ça amène à se poser des questions sur soi, à travailler sur soi-même. Pis surtout, on se rend compte que la jalousie, ça va loin. Ça va très loin. La jalousie, c’est négatif, c’est sournois, ça surprend. Et surtout, c’est ancré dans nos mœurs, dans notre société.  

Personnellement, j’ai réalisé qu’à cause des gens que j’ai côtoyés et de mon enfance, aux parents qui m’ont éduquée, je pensais, par réflexe, que les gens étaient mal intentionnés. Mon premier réflexe était de me méfier de tous. Parce que je n’avais pas confiance. Tout simplement… Le jour où j’ai compris ça, tout a déboulé pour moi. Le travail a commencé. 

J’ai appris à faire confiance. Quand tu fais confiance en ton partenaire de vie, tu fais confiance que ce qu’il dit est la vérité, tu fais confiance qu’il sait ce qu’il fait, du moins, qu’il t’en parle, et de cette façon, t’as la conscience tranquille que tu peux cheminer. 

La jalousie descend d’un cran. Et la magie opère! Tu deviens content pour l’autre. Et ça, c’est le plus beau sentiment ever! Fuck que moi dans ma vie, jusque-là, je n’étais pas souvent contente pour le bonheur de mon partenaire. C’est con hein? Je viens de loin! Je n’étais pas contente qu’il vive une joie sans que j’en fasse partie. C’est affreux quand je me relis! Ben c’est ça. Pis c’est de même que ça se passe pour beaucoup de couples monogames traditionnels. La jalousie c’est large. C’est pas juste : tu « cruises », t’as pas le droit. Non non, ça peut aller jusqu’à : t’as pas le droit d’être heureux si tu partages pas ce bonheur avec moi.

Si je reviens au terme « polyamour ». Je disais donc : le polyamour, c’est se donner le droit d’avoir plusieurs personnes qui occupent la place entre amitié et amour en même temps dans notre vie. Ça fait aussi en sorte que nos amours redeviennent des amis dans la douceur, sans drame, sans coupure, juste tout doucement. Ça fait qu’on peut coller nos amis, se coller en cuillère en écoutant un film, le prendre sur ses genoux et leur flatter les cheveux. Ça fait qu’on peut voyager avec qui on veut sans rendre de compte à personne, on peut aller au cinéma avec une ex, on peut parler des heures au téléphone avec qui on veut. Et surtout, on peut parler de tout ça, on peut partager de vive voix, parfois à travers des affrontements, des pleurs, de la colère, mais souvent, de la douceur, de l’accueil et de la bienveillance, ces beaux moments avec son partenaire de vie. Tout ça, ça ne se fait pas quand tu es dans un couple monogame traditionnel. 

Quand j’étais en couple avec le père de mes enfants, jamais je n’aurais osé penser pouvoir écouter un film collée avec un de mes amis! En couple polyamour, oui. 

Être ouvert dans sa relation avec son partenaire de vie apporte de la douceur quand on a trouvé la bonne formule pour les deux. 

Roxy Ka… Ça c’est Mon expérience personnelle. Ce sont Mes définitions de couple polyamoureux vs couple non monogame vs couple monogame. C’est d’où Je viens, c’est Mon parcours. 

Roxy Ka

 

Une aiguille dans une botte de foin : parce qu’il vaut mieux en rire! Texte: Solène Dussault

Il y a plusieurs sortes de célibataires, de couples, d’amour. Je

Il y a plusieurs sortes de célibataires, de couples, d’amour. Je suis de celles qui cherchent un partenaire de vie, de projet. Un amoureux. Oui, je regarde les hommes à l’épicerie et en randonnée. Non, mes amies n’ont personne à me présenter. Ce n’est pas une mince tâche, aujourd’hui, de rencontrer. La phrase qui m’énerve le plus, lancée par des gourous de l’amour : ce que tu cherches te cherche aussi. Oui, mais non… Pas pantoute! 

Incursion dans la tête d’une femme célibataire…

Feuilleter le catalogue

À cette étape, les fous rires et les « ben voyons » sont souvent au rendez-vous. Je regarde plusieurs descriptions, présentations, photos, alouette. J’en vois de toutes sortes et bien franchement, ça s’arrête souvent là. T’sais moi, le lover des animaux, en égoportrait avec un singe sur la tête ou des perroquets en équilibre sur les bras, ça m’allume zéro. Le summum c’est lorsque son pitou, qui prend plus de la moitié de la photo, lui lèche allègrement le visage. On va se le dire, champion : une langue de pitou qui a exploré toutes les parties de ton anatomie avant qu’on embrasse goulûment, ça me lève le cœur. Oui j’ai l’imagination fertile. Et c’est moi qui vais t’embrasser après qu’il soit passé avant moi? Non merci, ça ne le fera pas. 

L’échange de textos

On s’envoie un cœur, il y a un minimum d’attirance. Débutent alors des échanges par écrit. Doux Jésus !!! Certains sont bourrés de fautes ou alors il y a un point entre chaque mot. Parfois, le candidat potentiel répond par oui ou par non (le monologue sera de courte durée). Souvent, il ne répond pas du tout. Certains, plus tenaces que d’autres, entretiennent des échanges interminables et n’ont pas le courage de proposer une vraie « date ». Et il y a ceux qui se gardent une porte de sortie. Tu sais bien qu’ils ont liké 15 filles et n’ont pas l’intention de toutes les voir. Ceux-là rebondissent le samedi soir à 21h, te demandant « qu’est-ce que tu fais ce soir »? Heille l’ami, je suis en pyjama et je sirote mon vin rouge. Tu ne débarqueras pas ici et je ne ferai pas une heure de route dans une tempête de neige pour aller te faire des yeux doux ou tout ce que tu imagines…

La rencontre

Il faut se lever de bonne heure, car la vie nous réserve souvent des surprises et je vous jure qu’elles ne sont pas toutes belles! On se donne rendez-vous pour une marche : il arrive soit en retard, soit avec sa montre ultra performante qui bipe tout le long pour l’informer de ses battements cardiaques. Ah non! Il a déjà les bottes pleines de neige ou il veut à tout prix me raconter l’incident qui l’a privé de deux doigts de sa main droite. C’est sans compter que son physique est zéro représentatif de ses photos. Je fais le saut lorsque je m’attends à croiser un 5 pieds 10 mais qu’il a menti sur sa grandeur. Ou encore que ses photos datent de Mathusalem et qu’il est méconnaissable. On décide plutôt de se voir pour un verre dans un sympathique bistro? Il passe son temps à texter ou à me couper la parole. Combien de fois me suis-je sentie la mère ou la psy? Non, ne me parle pas toute la soirée de ton ex, j’ai zéro intérêt. Pendant qu’on jase, le hamster tourne quand même un peu : « Est-ce que j’aurais le goût de l’embrasser ce soir, demain ou la semaine prochaine ? » Si je me réponds que non, ce sera tout. Et je vais l’informer que je ne donnerai pas suite à nos échanges (souvent par texto, ça me donne plus de courage).

La rencontre (bis)

La première rencontre s’est passée pas si pire et je pense qu’il y a un certain potentiel pour qu’on se revoie. Il m’a donné plein de bines sur l’épaule lors de la première rencontre. Je me dis que c’est parce qu’il était gêné et inconfortable. Ben non, toi! Il met le gaz au fond et recommence son manège. Je suis une femme et je veux de la délicatesse. Tu ne vas pas commencer à me traiter comme ta best body du baseball du mardi soir. C’est quoi ça ?!?!?!? De mon côté, j’investigue un peu en lui demandant avec légèreté ce qui le drive, le motive, alouette. Je veux voir s’il y a un potentiel et découvrir ses qualités. Aime-t-il les sushis, les voyages, le sport? Non, lui, c’est la chasse, la pêche ou la moto. Le gars se cherche souvent une fille qui va partager SES passions. Il veut une partner d’activités. Dès que je m’affirme ou que je partage ce que j’aimerais, soit il se met à suer à grosses gouttes, soit il me dit qu’il ne cherche rien de compliqué ou de sérieux, ou pire, il fait mine de se lever et de quitter le rendez-vous. On passe au prochain appel.

Retour à la case départ

Et à travers tout cela, il y a plusieurs fêtes de Noël où je mange ma fondue toute seule, en écoutant la musique qui me plaît. Il y a ces nuits où je dors en étoile dans le lit, en prenant tout l’espace. Souvent, j’observe les gens en couple, ceux qui patinent main dans la main ou qui ont encore du plaisir à souper ensemble au resto. Oui, j’aimerais partager ces moments avec un amoureux. Oui, j’aimerais vraiment croiser un homme merveilleux et faire un bout de chemin avec lui. Mais pas à n’importe quel prix. C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.  

Solène Dussault

 

La mémoire du coeur – Texte : Marie-Ève Massé

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Je suis préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD. Une institution comme les autres qu’on appelle « milieu de vie » mais qui a, malgré tous nos efforts, malheureusement la froideur d’un hôpital. Nous nous efforçons, jour après jour, d’y répandre toute la douceur et tout l’amour du monde, mais la solitude et l’odeur des médicaments sont difficiles à chasser quand elles résonnent entre les murs. Parfois, certains résidents ont l’immesurable chance d’avoir la visite de gens qu’ils aiment. Ils les aiment au travers de la maladie et de la souffrance. C’est tellement touchant de voir leur sourire s’éveiller comme d’un long sommeil, leurs yeux briller silencieusement. Je sais que la démence est difficile à affronter pour l’entourage, la mémoire s’effrite lentement jusqu’à ce que la personne n’arrive plus à se rappeler votre nom ou le rôle que vous avez occupé dans sa vie. Mais la présence de ces personnes aimées reste tellement importante… plus qu’elles ne peuvent l’imaginer. Silencieux témoin des miracles qu’a sur eux cette présence, je suis toujours touchée, souvent émue, de voir leur amour percer leur regard.

Je travaille justement avec un résident que j’aime particulièrement. Un peu perdu à cause de la démence, il reconnait de plus en plus difficilement ce qui se passe autour de lui et il entre en communication de moins en moins. Ses enfants vivent loin et sa femme prend également de l’âge. Les visites se font rares pour lui. Sa conjointe lui a offert un chien en peluche récemment. Ce matin, à son réveil, il était vraiment fier de me le présenter et tentait de m’expliquer qu’il l’a nommé Gustave et qu’il le place toujours dans le coin de son lit, comme ça il ne dort plus seul, que sa conjointe est comme un peu là. Il a de moins en moins de mots dans lesquels piger pour construire ses phrases, mais il y mettait toute la passion possible pour arriver à m’expliquer la place de Gustave dans son quotidien. Une fois le repas du midi achevé, sa belle est justement venue le visiter. Il était tellement heureux de la voir, c’était bouleversant. Je me suis arrêtée un instant pour la saluer, pour souligner l’importance de sa présence et à quel point il était heureux de la voir. Je sais qu’il a de la difficulté à exprimer ce qu’il ressent et je trouve important d’essayer de le transmettre un peu pour lui. Elle me raconte comment elle s’ennuie et trouve la maison vide depuis qu’il ne vit plus avec elle. Elle me raconte la monotonie de son quotidien et le vide de sa solitude. Mon boulot est de m’occuper de mes résidents, mais il n’est pas rare que ce soit aussi de tendre la main à leur entourage l’espace d’un instant. Je l’écoute, n’ayant que ça à lui offrir pour alléger sa souffrance, de l’empathie. Au travers de la brume de ses idées qui s’est éclaircie en voyant sa conjointe arriver, il m’a soufflé :

— 66 ans de mariage, ma petite. Je suis tellement chanceux…

Cet homme dort généralement beaucoup, parfois je me demande s’il est vraiment fatigué à ce point. Avant la covid, il passait une partie de ces nuits debout avec moi, on regardait la télé ou il lisait un grand livre sur l’histoire. On jasait un peu, il me parlait, les yeux brillants, des trains qu’il conduisait quand il était plus jeune, des enfants, de l’anglais qu’il avait appris sur le tas à force de voyager. Il me racontait la langue amérindienne qu’il avait regretté ne pas avoir pris le temps d’apprendre quand il travaillait près de la réserve. Mais depuis quelque temps, je le croise aux repas ou lors des soins mais sinon, il dort tout le temps. Aujourd’hui, il est resté éveillé. Tout l’après-midi, il l’a passé avec elle. Le cœur un peu lourd, j’ai réalisé qu’il dort constamment peut-être juste par ennui. On fait notre possible, mais on n’arrivera jamais à remplacer leurs êtres aimés.

Au moment de partir, je les vois du coin de l’œil se dire au revoir près de l’ascenseur. Moi, je m’affaire auprès d’un autre résident, puis mon regard revient à lui. Il est là, la marchette devant lui, fixant son reflet dans la porte de l’ascenseur fermée.

Je m’approche de lui et mets doucement ma main sur son épaule.

— Qu’est-ce que vous faites ?

— Je suis allée reconduire ma femme.

— Oh ! Vous êtes galant !

— Oui.

— Venez, on va retourner dans la salle commune.

Il acquiesce et on marche lentement et en silence en écoutant le claquement de sa marchette qui accompagne ses pas. Je vois une grosse larme couler sur sa joue. Je m’arrête, passe un bras derrière ses épaules.

— Vous pleurez ? Ça ne va pas ?

— …

— Qu’est-ce qu’il y a, mon homme ?

— Je l’aime tellement…

Quoi répondre à ça…

Nous sommes allés la saluer dans la fenêtre donnant sur le stationnement. Il a attendu longtemps, trop pour ses jambes tremblantes. Posté là, debout entre deux fauteuils vides, il a attendu jusqu’à voir la belle tête blanche qu’il aime tant marcher vers le véhicule d’un pas assuré. Et il a attendu qu’elle trouve ses clés au fond de sa sacoche. J’ai espéré fort qu’elle se retourne, mais en voyant la voiture démarrer, j’ai lâché prise.

— Venez.

— Attends.

On regarde la voiture s’éloigner, puis je vois une main délicate saluer par la vitre du côté conducteur. Il a renvoyé le salut, un sourire fier au visage. De la fierté de l’homme qui ne pleure pas, celui à qui on a appris à se tenir droit malgré les remous. Puis, en marchant vers la salle commune, il a pleuré dans mes bras un bon moment. Laissant enfin place à toute la peine du monde…

« Je l’aime tellement. »

Ces moments-là sont tellement importants, mais parfois, la séparation est déchirante…

L’âge et la maladie font que la mémoire s’effrite comme un arbre à l’automne perd ses feuilles au gré du vent. Mais saviez-vous que la mémoire émotive, elle, ne meurt jamais ? Que même si, un jour, les personnes que vous aimez n’arrivent plus à se souvenir de votre nom ou du rôle que vous avez, elles se rappellent l’amour que leur inspire votre présence ?

La mémoire se dissipe telle une cuillère de sucre dans un verre d’eau, mais l’amour reste fleurissant et éclatant à jamais.

Marie-Ève Massé

Le véritable amour – Texte: Arianne Bouchard

Je suis une incorrigible romantique et j’ai de la chance, car j’

Je suis une incorrigible romantique et j’ai de la chance, car j’ai rencontré l’amour de ma vie. Comment je le sais ? Ces choses-là, tu le sais c’est tout. À la seconde où il est entré dans ma vie, j’ai su que plus rien ne serait jamais pareil. Les couleurs étaient plus vives et le soleil rayonnait autant que moi-même à la simple vue de mon Roméo. Je ne me suis jamais posé la question. Je le sens dans mes tripes, depuis le début. Dès que je l’ai rencontré, je l’ai aimé. J’ai appris à le connaître et je suis à nouveau tombée amoureuse. Certes sa beauté a attiré mon œil, mais c’est sa personnalité qui a capturé mon cœur. Je le sentais du plus profond de mon être : c’est ce gars-là que j’allais épouser, lui, mon véritable amour.

Le véritable amour, c’est un gros risque à prendre. Offrir son cœur, son âme et tout donner en espérant que ça suffise. Ça n’a rien à voir avec une personne avec qui tu veux faire ta vie, non. Au contraire, c’est plutôt une personne sans qui tu ne peux pas la faire. Tu l’aimes tellement que dans une certaine mesure, c’est douloureux. Ça fait mal de s’imaginer sans lui. Son toucher, sa présence, ça te manque instantanément lorsqu’il s’éloigne de toi. Il te chavire et te fait perdre pied comme personne. Son rire et sa douceur te chavirent le cœur. Quand tu penses à lui, c’est davantage que quelques papillons dans le ventre, c’est littéralement un insectarium ! T’as le souffle coupé chaque fois qu’il t’embrasse et cette sensation douce-amère chaque fois que ses lèvres quittent les tiennes. T’as l’impression que si tu ne pouvais jamais plus l’embrasser, c’est simple, t’en mourrais. Bien sûr, tu veux passer toute ta vie avec lui alors t’essaies de pas trop y penser, mais quelquefois… ben t’y penses pareil !

Et s’il ne t’aimait plus ? Oh que ça fait mal cette simple pensée… Tu l’aimes tellement ! La question ne se pose même pas. Tout ce que tu veux, c’est son bonheur, même si ça ne t’inclut pas. Tu serais prête à le laisser partir, tout en espérant que vous resteriez suffisamment en bon termes pour qu’il ne sorte pas définitivement de ta vie, si jamais c’était le cas. Oui, tu y penses, car toute ta vie, tous les livres que tu as lus, tous les films que tu as vus, toutes les chansons que tu as écoutées t’ont mis ça dans la tête : toutes les histoires d’amour ont une fin heureuse. Quel mensonge ! Le véritable amour ne connaît jamais de fin. Vous passerez vos vies ensemble et même au-delà, car même la mort n’empêche pas deux cœurs de s’aimer. Le véritable amour, c’est maintenant, c’est plus tard, c’est toujours.

Arianne Bouchard

 

L’essentiel, c’est d’être aimé – Texte : Arianne Bouchard

Paul Éluard a dit un jour « Il faut peu de mots pour exprimer l’essentiel ». Comme vous ave

Paul Éluard a dit un jour « Il faut peu de mots pour exprimer l’essentiel ». Comme vous avez appris à me connaître au fil de mes articles, je ne suis pas une femme de peu de mots. Pourtant, je suis totalement d’accord avec lui. Pour moi, l’essentiel se résume ainsi : l’amour.

L’amour, celui passionnel qui n’a rien de chaste comme celui que tu partages avec ta famille ou tes amis. L’amour comme celui qui te tient au chaud en hiver. L’amour comme celui qui te fait perdre totalement la tête et dire des choses ridicules comme « oui, j’ai vraiment envie de me faire un marathon Star Wars » quand bien même tu sais au fond de toi que l’expérience sera longue et pénible. Malgré tout, pour cet amour, pour cette personne si chère à ton cœur, tu donnerais tout pour la voir sourire, pour lui faire plaisir et pour passer les prochaines heures dans ses bras, même quand tu sais pertinemment qu’après cinq minutes, vous allez tous les deux être inconfortables et courbaturés. L’amour, le vrai, que tu ressens au fond de tes trippes, celui qui fait mal, comme une douleur omniprésente. Celui qui te laisse une sensation douce-amère quand tu as l’impression que tu en mourrais si tu ne l’embrassais plus jamais.

L’amour de ta famille, divisé en plusieurs catégories en commençant par l’amour vache. Cet amour brut de décoffrage comme celui que te prodigue ta famille à coups de compli-mardes, par exemple quand ta petite sœur te dit que « t’es belle pour une grosse ». L’amour inconditionnel qui fait que d’année en année, qu’importent les disputes, les vacheries et à quel point tout le monde se tombe respectivement sur les nerfs, vous vous retrouvez tous à Noël. L’amour complice comme quand tes sœurs et toi, vous commencez à déblatérer à quel point vos parents sont bien trop « parents » à votre goût. L’amour fraternel, quand tu arrives à un âge où tu arrêtes de voir tes frères et sœurs comme des plaies, pour finalement les considérer comme des amis.

L’amour amical d’un meilleur ami, toujours là pour toi, pour le meilleur et pour le pire, peu importe l’heure du jour. Cet amour qui te permet de continuer à avancer quand tout s’écroule autour de toi, parce que tu sais que tu auras toujours cet ami qui veille sur toi et qui assure tes arrières. Cet amour que les autres ne comprennent pas toujours. Vous êtes tellement complémentaires et essentiels l’un pour l’autre que ça en laisse ton psychologue perplexe. La cerise sur le sundae, c’est que si tu es ami avec une personne de ton orientation sexuelle, vous êtes forcément amoureux, selon les autres. Vous ne pouvez pas être si proches et si chastes selon eux. Comme si on pouvait bien s’entendre avec une personne uniquement en étant sexuellement incompatibles, alors qu’en réalité, on s’entend bien avec une âme indépendamment de son sexe ou de son orientation.

Bon bien évidemment, je ne vis pas que d’amour et d’eau fraîche ! Comme tout le monde, j’ai besoin de sécurité, de nourriture et d’un toit, mais je pourrais me contenter du minimum, du moment que je suis aimée de part et d’autre, ça me suffit.

Comme cette magnifique chanson des Beatles le résume si bien : « All you need is love ».

Arianne Bouchard

Le premier amour – Texte : Arianne Bouchard

Le premier amour, c’est quelque chose d’unique, de doux et de spécial. On ignore encore tout de

Le premier amour, c’est quelque chose d’unique, de doux et de spécial. On ignore encore tout des chagrins de ruptures et on croit encore aux fins heureuses. On a lu tellement de contes de fées qu’on pense à tort que dès qu’on rencontre quelqu’un, c’est notre prince, le bon, le premier et le dernier. Surprise, surprise : la vie n’est pas un conte de fées et il se pourrait donc que le chemin vers ce bonheur tant espéré soit plus long et beaucoup plus périlleux que celui emprunté par Cendrillon, qui n’a eu qu’à perdre sa chaussure pour trouver l’amour.

Le premier amour, c’est une nouvelle aventure dans les tranchées de nos cœurs purs et enlacés. Neil Armstrong a fait les premiers pas sur la lune et lui s’apprête à faire le premier pas vers notre cœur. Que de douceur ! Ce que l’on croit, du moins.

Pourtant, le premier amour est dépourvu de toute expérience et donc par définition, il est un peu maladroit. On ne se sait pas comment se comporter, alors on est toujours un peu timide ou à l’inverse, on est trop fusionnel. Dans tous les cas, on aime un peu tout croche, un peu trop fort, un peu trop pas assez et un peu trop mal.

Et puis le premier amour, on ne l’oublie jamais. C’est lui qui établit la base des prochains. Si ça se passe bien, on deviendra optimiste pour la suite et peut-être même un peu romantique sur les bords. À l’inverse, si ça se passe mal, si on est trompé, blessé ou mal aimé, ça laisse des cicatrices permanentes pour la suite. Méfiance deviendra une colocataire dont on n’arrivera malheureusement pas à se débarrasser, peu importe nos efforts. C’est facile de dire qu’il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier, mais rien n’est tel qu’un cœur blessé. On n’oublie jamais rien, on y pense juste moins.

On a beau avoir vu des tonnes de comédies romantiques, on n’est jamais préparé à tomber amoureux. C’est soudain et accidentel, comme tomber de vélo. Parfois, la chute est douce et d’autres fois, la chute est plus rude et douloureuse. Malgré tout, peu importe comment on vit la chute, si on veut continuer d’avancer, il faut remonter en selle, prendre son courage à deux mains et continuer d’avancer.

La seule chose à faire est donc de vivre chaque amour comme s’il était à la fois le premier et le dernier.

Arianne Bouchard

Tu me manques, mon homme – Texte: Joanie Fournier

La vie va vite. Trop vite. Une fois embarqué sur les rails, le train fonce à toute vitesse. La rou

La vie va vite. Trop vite. Une fois embarqué sur les rails, le train fonce à toute vitesse. La routine, les enfants, nos jobs, nos projets. Les enfants arrivent, on essaie de profiter d’eux. Ils poussent, ils grandissent, ils courent vers leur avenir. On court derrière eux, comme pour attraper au vol chaque souvenir avec lequel on peut s’emplir le cœur. On nous répète depuis le premier jour que ça va vite, mais on a à peine le temps de cligner des yeux pour le réaliser.

Les jobs s’enchaînent, les postes se succèdent, les défis continuent de pleuvoir. Pleuvoir tellement que parfois, les mers se déchaînent et qu’on rame de plus en plus fort pour survivre. On prend plus de dossiers, on croule sous les piles. On n’a pas le temps de tout faire, mais on continue d’accepter d’en faire plus. Parce que la vie, elle, elle coûte de plus en plus cher et qu’il faut comme en prendre toujours plus pour y arriver…

Les projets continuent de grandir, les rêves grandissent dans nos têtes. On veut voyager, on veut plus d’espace, on veut changer d’air. On veut démolir, agrandir, rénover et bâtir. Quand un projet se termine, un autre commence, comme le coq qui chante chaque matin. C’est plus fort que nous. On en veut toujours plus.

Le temps file. Les années passent. C’est facile dans cette course de s’effacer, de s’oublier. On a l’impression souvent que la vie parentale n’est qu’un grand marathon. Personne ne part en même temps, personne ne termine sa course au même moment et chacun a sa vitesse. Mais on court tous. Derrière nos enfants pour les encourager. Avec nos enfants pour prendre le temps de jouer. Devant eux pour les amener à se surpasser.

Parfois, dans cette course effrénée contre la montre, nos regards se croisent, mon homme, et le temps se fige un instant. Juste quelques minutes où on ne pense plus au cliquetis du chronomètre de nos vies. Je vois dans tes yeux que tu es aussi à bout de souffle. Je sens ta bouche qui m’appelle et qui nous hurle de prendre le temps. Je sens nos corps qui se manquent l’un à l’autre. Dans quelques années, nous regarderons le parcours derrière nous et réaliserons que nous avons franchi la ligne d’arrivée sans même nous en apercevoir. Nous chercherons des bribes de souvenirs de cette vie trop rapide.

Tu me manques, mon homme. Je m’ennuie du temps où on se contentait de dormir sur un matelas sur le sol, dans un tout petit appartement. Je m’ennuie du temps où on soupait avec des céréales parce que c’était tout ce qu’on pouvait se permettre, mais que ça nous suffisait. Je m’ennuie du temps où on passait nos nuits à rire, à parler et à se chercher. Je m’ennuie du temps où plus rien autour de nous deux n’avait d’importance.

Je pense que c’est normal. De courir après le temps. De se remémorer le temps où nos seuls soucis n’avaient en fait rien de sérieux. Ce serait si naïf de penser que vivre minimalement nous ramènerait dans ce temps-là. Parce qu’on a vieilli, changé, évolué. Une fois qu’on a appris à courir, c’est si difficile de ralentir sa cadence.

Pourtant, il va bien falloir arrêter le temps. Mettre nos vies sur pause. Confier nos enfants. Refuser de gros dossiers. Arrêter de rénover. Et prendre le temps de se retrouver. Parce que c’est si tendre d’arriver à s’ennuyer, mais il faut se souvenir des raisons qui faisaient qu’on courait ensemble. Parce que si on ne prend pas le temps de croiser nos regards, d’écouter nos corps qui s’appellent et de se rappeler combien on s’aime, on aura couru tout ce marathon pour rien. Un jour, on sera retraités. Les enfants auront quitté le nid et la société n’aura plus besoin de nous. Mais je veux sentir qu’on sera toujours unis, côte à côte, de l’autre côté de la ligne d’arrivée.

Joanie Fournier

Les fins heureuses – Texte : Arianne Bouchard

Quand j’étais petite, comme la plupart des enfants, je lisais religieusement des contes de fées.

Quand j’étais petite, comme la plupart des enfants, je lisais religieusement des contes de fées. J’avais beau lire et relire les mêmes histoires sans cesse, jour après jour, j’étais toujours émerveillée quand arrivait la fin heureuse. Parce que c’était toujours ça, une fin heureuse.

Et puis j’ai grandi.

J’ai malgré tout continué de lire des contes de fées, mais j’ai été forcée de réaliser que tout cela n’était que de belles histoires pour aider les enfants à s’endormir tranquillement le soir. Dans la vraie vie, on se rend vite compte que le bien ne triomphe pas toujours et que chaque prince ne trouve pas forcément sa princesse.

Dans la vraie vie, on croise bien souvent des pirates, si on peut qualifier ainsi tous les gens peu recommandables de ce bas monde. Le prince, même si on le croise, ne nous remarque pas toujours au premier regard comme dans un coup de foudre et parfois même, il ne nous remarque jamais. Dans la vraie vie, il suffit de bien plus que de perdre sa chaussure à une soirée pour retrouver son prince destiné. Petit conseil : ne pas perdre votre chaussure du tout en fait, car dans le monde dans lequel on vit, un inconnu ne fera pas le tour du monde ni même du village pour vous la rendre, et elle sera perdue à tout jamais. Dans la vraie vie, prisonniers de la plus haute tour, on le restera, car personne ne viendra nous sauver, déjà qu’on a trop la flemme d’ouvrir la porte à notre Uber Eats quand il arrive. Dans la vraie vie, les gens ne tomberaient pas amoureux de la Bête pour sa forte personnalité, son charisme sous-jacent et sa tendresse enfouie, non. La Belle serait probablement plutôt une arriviste plus intéressée par son château et ses richesses, que de vraiment découvrir qui se cache derrière cette apparence peu flatteuse. Au final, elle ne le remarquerait pas et elle vivrait sa vie dans le déni, comme toutes ces filles et leur « Papa en sucre ».

Dans notre réalité, j’ai beau parler aux oiseaux, ils ne me répondent pas. De plus, j’ai horreur des souris, alors quand bien même elles voudraient me confectionner une jolie robe, elles ne seraient pas les bienvenues chez moi. Je serais également prête à parier que si j’embrasse un crapaud, ce n’est pas un prince que je vais trouver, mais fort probablement toutes sortes de maladies.

Et pourtant, je continue de lire des contes de fées et d’écouter des films de princesses en espérant qu’à force d’y croire, ça devienne vrai. Je ne suis pas idiote, seulement un peu rêveuse. Et puis peut-être que Walt Disney avait raison quand il a dit que « le meilleur moyen de réaliser l’impossible, c’est de croire que c’est possible ».

Je voudrais tellement que l’amour puisse bel et bien rompre toutes les malédictions et qu’ensemble nous trouvions la force et le courage des preux chevaliers, pour prendre les devants, stopper les guerres et faire régner la paix autour de nous. J’espère qu’à force d’y croire, on pourra rétablir les fins heureuses.

Oui, j’ai grandi, mais j’ai toujours mon cœur d’enfant même si au travers de mes aventures dans le monde d’adulte, j’ai perdu mon innocence et que j’ai croisé la route du mal trop de fois pour faire comme s’il n’existait pas, comme je l’ai fait avec les monstres sous le lit. Et pourtant, même après avoir croisé le mal tant de fois, je ne peux pas m’empêcher de voir le verre à moitié plein et d’avoir foi en l’avenir. J’ai confiance en moi, j’ai confiance en ceux que j’aime et même si je ne peux pas fermer les yeux sur les atrocités qui se passent chaque jour, j’ai espoir qu’un bon jour, les querelles cesseront et que nous pourrons vivre tous ensemble en harmonie. Dites que je suis stupide, mais dans la vie, j’ai appris à toujours viser la lune, pour toujours au moins retomber parmi les étoiles !

Mais bon, même si la vie n’est pas tout à fait un conte de fées et que je ne suis pas vraiment une princesse, j’ai trouvé mon prince et je compte bien avoir ma fin heureuse.

Arianne Bouchard