Côtoyer la dépendance

Avoir un proche qui souffre de dépendance est une des choses les plus difficiles qui soient. Pourquoi eux/elles? Comment se fait-il qu’ils en soient rendus là, si creux dans leurs déboires? Comment ont-ils pu se rendre si loin, sans qu’on s’en rende compte?

 

Beaucoup de questions qui demeurent sans réponse. Par contre, une chose est certaine, c’est qu’on ne peut pas tous les sauver, s’ils ne veulent pas s’aider eux-mêmes. Le plus difficile est de voir quelqu’un que nous aimons profondément se détruire et d’être impuissant.

 

Je me demande ce qui est le pire, vivre avec une dépendance ou côtoyer quelqu’un qui est « accroc ». Souvent, pour eux tout semble normal, il n’y a jamais rien de grave, ils ne se rendent pas compte qu’ils font du mal autour d’eux; et « du mal », le mot est faible. Des nuits d’insomnie, d’inquiétude, des crises d’angoisse, des journées à pleurer, se poser constamment des questions, et j’en passe : voilà plusieurs symptômes ressentis lorsque nous aimons une personne dépendante.

 

Des nuits entières à se demander si ce n’était pas aujourd’hui « la journée » où on ne le reverrait plus jamais. Des journées entières avec une boule dans le ventre au travail à se demander ce qu’on a manqué pour ne rien avoir vu venir. Tellement souffrant de ne pas pouvoir les soulager seulement un petit instant, de leur enlever tout ce mal qu’ils ont.

 

« Il n’y a rien là », « Tu t’en fais pour rien », « Ça fait des mois que je n’ai pas consommé »… je ne compte même plus toutes les fois où j’ai entendu ces phrases. Au début, on les croit, car on s’accroche au moindre espoir. Mais au fil du temps, on réalise bien que les mensonges font partie de leur vie, et qu’ils parviennent même à se croire dans leurs histoires.

 

Puis, ils se mettent à appeler en pleurant qu’ils n’ont plus un sou (parce qu’ils ne rentrent pas travailler), qu’ils n’ont rien à manger et qu’ils ont faim, qu’ils sont désolés de tous les dégâts qu’ils causent, et que le monde serait bien mieux sans eux. Ces mots sont suffisants pour nous faire rechuter dans notre cheminement du lâcher-prise. Mais au fond d’eux, ils savent très bien comment manipuler les gens et à qui s’adresser, qui sont les plus faibles.

 

Comment arriver à se détacher de tout ça et à mettre en place le fameux « lâcher-prise »?

Il s’agit d’un travail et d’un combat de tous les jours. J’ai appris avec le temps que si les personnes dépendantes ne veulent pas s’aider, on n’y peut rien. Pour ceux qui n’ont pas le moindre remords, perdre le contrôle de leur vie et de leurs émotions est quelque chose de terrible. Les aimer malgré leurs dépendances est tout ce dont ils ont besoin.

 

Lorsqu’on paie pour eux, ça ne les aide pas. Ils ont toujours une sortie de secours, donc ils n’apprennent jamais. Il vient un moment dans la vie où nous devons choisir entre eux ou nous. Nous devons les diriger vers les bonnes ressources, et s’ils ne veulent pas s’aider, et bien nous n’y pouvons rien.

 

Même si nous les aimons de tout notre cœur et que nous voulons leur bien, ils font leurs propres choix et prennent leurs propres décisions. Il n’en revient qu’à eux de faire de meilleurs choix de vie. Lâcher prise ne veut pas dire leur souhaiter du malheur ou les aimer moins, cela veut seulement dire qu’on a décidé de penser à nous, à notre bien-être avant celui des autres.

 

La meilleure chose que nous pouvons faire pour les aider, est de les aimer du plus fort qu’on peut et de leur dire qu’ils méritent d’être heureux eux aussi. Que nous serons toujours là pour eux, mais qu’il y a des choses que nous ne sommes pas en mesure de faire.

 

La vie vaut la peine d’être vécue «  sobrement » et il faut se rappeler que chaque jour, le soleil se lèvera à nouveau.

 

 

Vanessa Lamoureux



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