Il était une fois l’anxiété
Il était une fois, dans un village éloigné, une maman qui venait de donner naissance à une magnifique petite fille. Sa maman et son papa lui avaient fait don de plusieurs qualités uniques, qui feraient d’elle plus tard une femme extraordinaire. Cependant, sans s’en douter, sa maman lui donna aussi un cadeau empoisonné qui sèmerait sur son parcours plusieurs embûches.
Même bébé, la petite Jillian n’était pas comme les autres. Tout changement dans sa routine réveillait en elle le monstre de l’anxiété. Elle refusait de boire son biberon si elle n’était pas dans un lieu connu et sécurisant. Dormir à l’extérieur de la maison était carrément impossible, et si ses parents s’y risquaient, le retour à la maison était extrêmement pénible. La petite princesse pleurait sans arrêt et elle finissait par s’endormir d’épuisement dans les bras de sa maman.
En grandissant, le monstre prit de plus en plus de place. Jillian fut confrontée à des peurs, beaucoup trop de peurs. Les crises de panique firent leur apparition. Tout pouvait les déclencher. Un chien rencontré lors d’une promenade, une mascotte lors d’un événement, un chat chez une amie, un bruit trop fort, un camion de pompier… La liste était sans fin.
C’est là que le papa et la maman décidèrent de consulter le sage du village, pour aider la petite princesse qui anticipait désormais toutes les sorties à l’extérieur de la maison. Plusieurs rencontres furent nécessaires pour aider la petite fille à affronter ses peurs. Il y eut de l’amélioration. La petite princesse se donnait des défis, de petits défis, qu’elle réussissait. Elle reprit confiance en elle.
Le monstre, qui se sentait presque vaincu, devint plus sournois. Il se mit à jouer dans la tête de la fillette. Désormais, elle n’avait plus peur de choses physiques, mais bien des trucs que le monstre laissait dans sa tête. À huit ans, elle recommença à avoir peur de se séparer de sa mère, parce qu’elle craignait qu’elle ne revienne pas. Le monstre semait une petite graine et l’imagination de Jillian faisait le reste. Elle se fabriquait des idées et anticipait toutes les sorties, qu’elles soient familiales ou seules. Des maux physiques apparurent : maux de cœur, maux de ventre, brûlures d’estomac, insomnie et crises de panique furent de retour. Tout changement à la routine familiale donnait au monstre une petite graine à semer.
Même l’école devint un endroit où la petite princesse ne se sentait plus bien. Elle s’était mis en tête qu’elle devait être plus que parfaite. Un reproche d’un professeur activait le monstre. Le reste de la journée était synonyme d’angoisse. Un soir, la petite princesse arriva à la maison en larmes, paniquée. Elle dit à sa mère qu’elle ne serait pas fière d’elle, qu’elle avait eu un très mauvais résultat. La maman paniquée demanda à voir le résultat. La petite sortit la feuille en tremblant. Lorsque sa mère vit le résultat, elle eut envie de pleurer : 90 %. La maman venait de se rendre compte que la petite princesse se mettait beaucoup trop de pression. Elle en parla avec le papa et ils décidèrent qu’il était grand temps de retourner voir le vieux sage du village.
J’aimerais vous dire que cette histoire se termine par : « La petite princesse vécut heureuse et le monstre disparut », mais ce n’est pas le cas. La petite princesse doit encore travailler très fort pour être plus forte que le monstre. Elle apprend des trucs pour l’aider. Mais le monstre est toujours là, bien caché, et il profite de chaque moment de faiblesse pour refaire surface.
Mélanie Paradis